Saevus ajusta le nœud de sa cravate devant le vaste dressing de ses appartements, terminant de parfaire son allure. Toujours à la recherche de perfection, il passa une main dans ses cheveux pour ajuster une mèche rebelle. Quand son reflet le satisfit enfin, il quitta le dressing pour rejoindre le salon où l’attendait son fils arrivait quelques minutes plus tôt. Le journaliste et le photographe n’avaient pas encore passé la porte des appartements du Leader du Nouveau Monde.

Yaxley entre dans l’immense pièce baignait par la lumière du soleil grâce aux baies vitrées autour d’eux. L’homme arrêta devant le fauteuil s’occupait son héritier et observa d’un oeil critique sa tenue. Il n’aimait pas du tout la cravate que son rejeton avait choisi. Merlin et Morgane, Héres avait encore quelques progrès à faire en matière d’harmonie des couleurs et des coupes.

«Lève toi» lança doucement Saevus. Il n’avait pas osé le ton mais l’ordre était évident. Yaxley claqua des doigts et la cravate actuelle de son fils disparut, Il claque une nouvelle fois et une nouvelle trouva sa place dans la main du Leader. Saevus la posa sur la poitrine de son fils. Il laissa échapper une légère moue satisfait et entreprit de refaire le noeud de cravate de son fils lui même. «Ne bouge pas.»

En moins d’une minute, la cravate trouva sa place autour d’un cou du garçon et Saevus recula d’un pas pour contempler sa touche personnelle. «Parfait.» lâcha-t-il avec un sourire. Puis il prit place dans le fauteuil à côté de celui de son fils après avoir libérer un bouton de son costume pour ne pas l’abîmer. «Tu devrais te remettre au sport, Héres, tu vas finir par flotter dans ton costume grand tailleur.» taquina le patriarche.

Saevus lança un tempus d’une mouvement du poignet. Le journaliste et le photographe devraient être présents dans moins de cinq minutes. «Nerveux ?» interrogea le père en observant le fils après tout, l’héritier allait faire sa toute première interview.

Assit dans un fauteuil confortable du salon, Héres tapait discrètement du pied sur le sol, visiblement anxieux. Il n’entendit pas arriver son père qui apparu subitement dans son champ de vision. Son œil critique indiquait clairement qu’il n’approuvait pas sa tenue. Lorsqu’il lui demanda de se lever et qu’il changea sa cravate, le jeune homme se fit une note à lui-même : ne plus jamais choisir de cravate à motif.

Son paternel se rassit, satisfait des changements opérés sur son fils et Héres suivit le mouvement. Cependant, il lui fit une dernière remarque sur son poids. Oui, c’est bon, l’héritier était au courant qu’il n’avait pas une carrure d’athlète. Il avait maigrit ces derniers mois, ne trouvant plus l’appétit entre les études, les cours personnels de son père et le travail que ce dernier lui donnait progressivement. Il n’allait pas s’en plaindre, sauf peut-être quand on le taquinait sur sa maigreur peu impressionnante.

- Quand donc trouvez-vous le temps pour vous entretenir ? Demanda t-il, admirant en biais la carrure du leader.

Héres recommença son jeu de pied et son père lui demanda dès lors, à juste titre, s’il était nerveux. C’était sa première interview, qui plus est devant le meilleur ami de son frère, Cyrius. Il avait peur de commettre des impairs, se sentant néanmoins rassuré par la présence de son père à ses côtés.

-Oui, avoua-t-il. Je gère à la perfection ma diction. Cependant… je sais que chaque mot compte dès que j’ouvre la bouche, mais j’ai bien l’impression que face à un journaliste…Il ira me chercher mon petit défaut. Pensez-vous que cela soit une bonne chose que de connaitre son interviewer ?

Il fronça les sourcils et regarda le leader. En réalité, il était surpris de réaliser qu’il n’avait jamais entendu l’opinion de ce dernier sur Cyrius. Evidemment, professionnel comme il l’était, Héres était certain qu’il parlerait du journaliste et non pas du meilleur ami de son cadet. Mais peut-être qu’il laisserait entrevoir, consciemment évidemment, par une légère intonation ce qu’il pensait vraiment de Cyrius en tant qu’ami de Priscus.

Saevus se tourna vers son fils quand celui ci lui demanda comment il faisait pour s’entretenir avec tout le travail qu’il avait à faire pour les jours.

«C’est très simple en vérité. Je dors cinq heures par nuit.»

Yaxley dormait en effet très peu et ceci depuis de nombreuses années. Il ne comptait plus les potions de vitalité qu’il ingurgitais pour tenir le coût. comme le reste, c’était le prix à payer pour conserver sa place de Leader. Son père disait toujours qu’ils auraient tout le temps de se reposer quand ils seraient morts et enterrés.

«Détends toi, Héres. Ce n’est qu’un jeux après tout...» lança simplement le Leader «Nous entretenons notre image et eux ils sont leur papier. Et ne t’inquiète pas, il n’ira pas te chercher de défauts fils... Ce journal est en partie financé par la Tour.»

Et quand Saevus disait en partie c’était en fait à plus de quatre vingt pour cent. Bien sûr le leader laissait de temps à autre passer quelques informations moins heureuse sur lui, histoire de faire quelques mea culpa. Le public adorait cela. Le grand chef qui avouait qu’il était capable de faire des erreurs exactement comme n’importe quel être humain.

«Il vaut mieux commencer avec une personne que l’on connaît, mon fils.»

Yaxley regarda son fils avec un regard amusé. «Ca va bien se parler. Si une question te gène, détourne la... Tu m’as souvent observé devant les journalistes... tu saurais t’en inspirer, j’en suis sûr.»

Comment dormir si peu pouvait réellement faire garder la forme à son paternel ? Quand Héres ne dormait pas assez, il ressemblait tout simplement à une loque : le visage terne, d’énormes cernes violacés sous ses yeux et une mauvaise humeur perceptible. Ses camarades en avaient souffert lors des examens. Néanmoins les études lui avaient permit de pouvoir réduire ses heures de sommeil tout en étant disponible le matin : de neuf heure, il était passé à six heure et demie. Tout compte fait, il n’avait pas un si grand retard à rattraper face à son père !

« Ce n’est qu’un jeu ». Oui, peut-être mais il aurait aimé avoir une partie pour du beurre avant ! Histoire d’être en pleine connaissance des détails sordides des règles du jeu… Cependant lorsque le leader lui rappela quelque chose qu’il savait pourtant déjà, c’est-à-dire que le journal était en partie financé par la Tour, il fut soulagé.

-Ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut que je fasse mauvaise impression.

Il se frotta ses joues, toutes lisses et sans aucune coupure, ce dont le vieil adolescent en lui ne pouvait s’empêcher d’être plutôt fier et se racla de nouveau la gorge.

-Vous avez raison, je crois que Cyrius et son visage familier va me mettre en confiance.

Il l’espérait du moins ! Et si c’était tout le contraire qui se passait ? Son père, malgré sa nervosité, semblait s’amuser. Ce simple fait permit de faire redescendre de nouveau la tension de cran (qui restait tout de même plus élevé que la normale) car ca signifiait que le stress était quelque chose de normal. A vrai dire, il avait eut peur que son père ne voit là dedans un signe de faiblesse. Et puis, le leader avait raison, il avait souvent observé son père face aux journalistes, admirant son aisance, ces tournures de phrases intelligentes et claires, la petite touche d’humour pour détendre l’atmosphère et pour montrer son côté humain… C’était de lui qu’il tirait sa rhétorique après tout, et non du Professeur Tournebille qui avait de bonnes bases mais qui était incapable d’enseigner la passion à ses élèves, lui-même l’ayant perdu avec l’âge.

-Oui il est vrai que vous êtes d’une grande source d’inspiration pour moi…murmura son ainé, un peu perdu dans ses pensées, ne prenant pas la peine de le regarder pour lui répondre, les yeux fixés sur la porte.

Sentant son erreur, le jeune homme se redressa pour retrouver une position bien droite et lança, les yeux pourtant toujours fixés sur la poignée dorée.

-Ne vous inquiétez pas Père, je ne le quitterai pas des yeux.

Adossé contre le mur en brique, ses longues jambes croisées devant lui, Cyrius inspira une nouvelle bouffé de nicotine, dans un geste qui trahissait son agacement, lorsqu'il aperçut enfin une camionnette noir se diriger vers lui pour se garer. Il était temps ! Jetant le reste de sa cigarette sur le trottoir, il se dirigea vers le chauffeur le pas menaçant et le regard assassin

- Tu as mis le temps ! Où étais-tu passé ?!!!

- Désolé vieux, un problème de dernière minute mais c'est bon tout est réglé. Lui assura-t-il en descendant du van

- Si tu ne t'étais pas pointé à l'heure, crois bien que ton problème de dernière minute n'aurait été rien comparé à l'enfer que je t'aurais fait vivre !

Et lorsque l'on connaissait le journaliste, ce n'était pas des paroles en l'air qui venaient d'être prononcé. Les deux hommes déchargèrent la camionnette et prirent le matériel photographique utile au photographe puis ils pénétrèrent dans la tour, où ils déclinèrent leurs identités. On leur donna un laisser passer, puis on les conduisit jusqu'au lieu de rendez-vous où les attendaient les deux politiciens : Saevus Yaxley et son Heres Yaxley. Respectivement le père et le frère de son meilleur ami. Mais aujourd'hui il n'était pas en ces lieux en tant que Cyrius Fernandes l'ami de Priscus mais en tant que Cyrius C. Fernandes, le journaliste, venu passer une interview, avec un des plus grand leader du monde politique actuel. Et lorsqu'il s'agissait de son travail, Cyrius savait parfaitement faire la part des choses

- Messieurs, merci de nous recevoir, fit-il en échangeant une poignée de main avant de prendre place face aux deux hommes. Jolie cravate Heres, remarqua-t-il en croisant ses jambes.

Un dictatophone apparut sur la table par magie et Cyrius leur expliqua la procédure

- Pendant que Don installe son matériel nous allons commencer l'interview, ensuite on prendra des photos de vous deux, le père et le fils mais aussi le présent et l'avenir. Si cela vous convient, nous allons commencer.

Claquant des doigts Cyrius mit en route le dictatophone tout en s'installant confortablement dans son fauteuil. Il introduisit la bande d'enregistrement en donnant la date et le nom des trois intervenants, puis commença en attaquant directement sur le vif du sujet en fixant les deux hommes sans baisser un seul instant son regard

- Le sommet de Washington est actuellement au coeur de toutes les discussions, comment vit-on cet événement lorsque l'on est un des protagonistes majeur de ce qui pourrait être un tournant décisif dans l'Histoire de notre pays et de nos communautés ? Demanda-t-il en fixant Seavus

Puis, se tournant vers Heres, il enchaina

- Je sais de source sur que vous ne ferez pas parti du voyage, et ce, au profit de votre cadet, quelle en est la raison ? N'est-ce pas à vous, l'héritier d'être présent alors qu'une page importante de notre Histoire est entrain de s'écrire ? Comment vivez-vous cette mise à l'écart ?

La secrétaire conduit le journaliste et son photographie jusqu’au salon de l’appartement du Leader du Nouveau Monde. Après un échange de poignées de mains aussi viriles que chaleureuses, le journaliste entra discrètement dans le vif du sujet après avoir féliciter Héres pour sa cravate.

Le sommet de Washington est actuellement au coeur de toutes les discussions, comment vit-on cet événement lorsque l'on est un des protagonistes majeur de ce qui pourrait être un tournant décisif dans l'Histoire de notre pays et de nos communautés ?

Cyrius avait l’art de mettre ses sujets d’interviews à l’aise dès le départ mais Saevus était depuis longtemps habitué à ce petit jeu. Yaxley sourit au jeune journaliste, prit quelques secondes de réflexion avant de répondre.

«Le Nouveau Monde a toujours compté parmi les éléments actifs de la Convention pour la Paix. L’idée de cet événement est née d’une envie conjointe des partisans et du gouvernement moldu américain. Nous voulions favoriser le dialogue entre les différences communautés magiques et non magiques. Aujourd’hui, plus que jamais, cette convention jouera ce rôle et les Partisans du Nouveau Monde travaillent d’arrache-pieds pour préserver la paix. Alors si vous vous demandez comme je vis la venue de cette événement : avec beaucoup de confiance, un peu d’impatience et une once d’excitation.»

Après sa réponse, Saevus se tourna vers son fils pour écouter ce qu’il allait convier au journaliste. Cyrius savait frapper là où çà faisait mal. Le Leader n’était pas sûr que Héres avait fini de digérer sa discussion de confier à Priscus le rôle d’ambassadeur à la place de son héritier en prix. Mais Saevus ne regrettait en rien cette décision.

Ces deux fils ne le percevaient pas encore mais le père mûrissait pour eux de très grands projets. Mais ces derniers ne pourraient exister que si les deux garçons comprenaient qu’il avait beaucoup plus à gagner à travailler du concert. Plus que doués, ils seraient tous simplement invincibles et Saevus n’aurait plus jamais à s’en faire pour leur avenir quand son temps serait voulu...

Le journaliste et le photographe arrivèrent et serrèrent les mains des deux Yaxley. Il ne put s’empêcher de sourire lorsque Cyrius fit une remarque sur sa cravate. Du coin de l’œil, il cru même apercevoir la bouche de son paternel tressaillir. Cette simple croyance le rasséréna et il écouta les explications avec une grande confiance.  Il allait gérer ça, comme il gérait tout ce qu’il entreprenait depuis que son père lui montrait la voie. Et aujourd’hui, ce dernier était juste à côté de lui.

La première question lui était naturellement adressée. Intentionnel ou non de la part du journaliste pour peut-être le mettre en confiance, Héres apprécia de voir une dernière fois son père à l’œuvre avant de devoir lui-même se prêter à l’exercice. La réponse installa le contexte que l’héritier prit soin de graver dans son esprit pour effacer tous sentiments personnels face aux conférences de Washington : la Convention se dressait pour la Paix aux Etats-Unis.
Cyprien était décidément un excellent journaliste, n’ayant pas peur d’appuyer sur les points sensibles. Voilà ce qu’Héres se disait quand la question de savoir les raisons de son absence aux conférences lui fut adressée.

-C’est exacte, je resterai ici, à New Phoenix.

Faire des pauses entre ses phrases. Respirer. En réalité, les conseils de ses professeurs de rhétorique n’avaient même plus besoin de tourner dans sa tête. Cela venait déjà tout seul depuis quelques années déjà mais Héres fut heureux et soulagé de constater que c’était pareil face à un journaliste. Et puis, le fait d’avoir tiré les choses au clair avec son père aidait aussi à avoir un exposé précis.

-La raison est toute simple : j’ai un rôle à jouer ici, tandis que mon frère a le sien à jouer à Washington.

Le jeune homme continua sa réponse, tout en gardant les yeux fixés sur ceux de son interviewer.

-Je suis l’héritier certes, mais n’oublions pas que Priscus est lui aussi un Yaxley. Et que donc par conséquent, il sera présent dans le paysage de notre politique.

Ca, c’était un pic pour son frangin. Une manière détournée de le faire enrager : en effet, associer Priscus et « notre politique » dans la même phrase n’allait certainement pas plaire à son cadet. Seul ce dernier se rendra compte qu’Héres l’avait fait expressément à son intention.
Dévier ses sentiments de jalousie fut d’autant plus aisé avec cette balle déjà lancée. En réalité, il aimait ça.

-J’aurai évidemment été fort honoré de faire le déplacement. Ces conférences promettent d’être palpitantes et importantes pour notre pays. Néanmoins, mon rôle se cantonne à rester ici et j’en suis satisfait.

Bam, mensonge avec un sourire dévastateur. Il y prenait vraiment gout jusqu’à ce qu’il se souvienne que Cyrius était le meilleur ami de Priscus… Et qu’il avait involontairement fait part de sa frustration à son frangin. Il espérait donc qu’ils ne se verraient pas avant que le journaliste n’imprime son article.

Comme toujours lorsqu'il s'agit de rencontrer Saevus Yaxley, l'homme dégageait une assurance, une prestance et un charisme indéniable. Il n'était pas de ces hommes qui se laissait facilement impressionner et encore moins démonter. C'était un homme habile et redoutable à qui onne faisait pas dire ce qu'il ne voulait pas dire. Un homme pour lequel, Cyrius avait beaucoup de respect. Détendu, l'homme répondit à sa question de manière détendu. C'était la réponse formulée d'un dirigeant sur de lui, qui n'avait absolument aucun doute quand à l'issu de ce sommet.

Héres quand à lui n'avait pas encore acquis l'aisance et l'assurance que son paternel avait obtenus avec les années, mais ça viendrait. Héres était un Yaxley, et ça se voyait. Là ou d'autres pourtant plus âgés et avec plus d'expériences auraient pu perdre leurs moyens, lui n'avait pas été déstabilisé par sa question alors qu'il l'avait attaqué de front et d'entrée de jeu. Héres murissait, il gagnait en assurance avec le temps. Il était resté calme, posé et pour un peu, il était presque convaincant.

Le journaliste esquissa un léger sourire amusé devant la remarque du jeune homme concernant le rôle qu'allait devoir jouer Priscus tôt ou tard dans le paysage politique. Son ami se donnait des airs de dilettante que les obligations ennuyaient à mourir, mais Cyrius le connaissait comme personne. En réalité Priscus avait l'esprit de contradiction surdeveloppé. Quand on lui disait de faire une chose, il faisait exactement l'inverse. C'était un esprit libre qui n'en faisait qu'à sa tête et qui, lorsqu'on ne le connaissait pas, pouvait donner l'impression de n'être qu'un enfant gâté qui ne s'intéressait à rien si ce n'était à dépenser son argent sans compter en profitant du confort qu'il lui offrait. Mais les gens avaient tort, Priscus était beaucoup plus que ça, c'était un homme très brillant, auprès duquel il voulait se tenir car il était persuadé qu'il pouvait accomplir de grandes choses et surpasser son père lui-même, ce qui n'était pas rien. Priscus était un homme qui, plus que tout adorait relever des défis et la politique dans ce domaine, ne pouvait que répondre à ses attentes.

Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de Cyrius lorsque l'ainé des Yaxley prétendit être parfaitement satisfait de son sort. Etre contraint de rester à New Phoenix pour gérer les affaires de la ville au lieu d'être un des acteurs principaux de cette conférence historique ? Il voulait réellement lui faire avaler ça ? Héres avait beau paraître détendu et confiant, il n'en croyait pas un mot, ou alors, l'homme manquait cruellement d'ambition, ce dont il doutait fortement.

- Vraiment ? Qui cherchez-vous à convaincre vous ou moi ?

Il ne s'agissait pas réellement d'une question, mais plutôt une manière de faire part de son scepticisme quand à cette réponse toute faite. Il ne s'attendait évidemment pas à ce que Héres lui confit sans retenu le fond de sa pensée et ses réels états d'âmes quand à ce sujet, surtout pas en présence de Yaxley Senior. Le regard azuré du journaliste glissa sur le patriarche. Qu'avait donc ce vieux singe en tête ? Pourquoi choisir Priscus à la place de Héres ? L'homme n'agissait jamais sans raison, mais lui tirer les vers du nez relevait de l'épreuve de force...

-Il est indéniable que le Nouveau monde est probablement le parti qui s'investit le plus pour la paix, à ce sujet, vous prêchez un convertit, sourit-il. Toutefois, pour la première fois depuis que cette Convention existe, les inquisiteurs seront présents, qu'est-ce que cela vous inspire ? Demanda-t-il à Saevus. Certains de nos concitoyens et hommes politiques comme le représentant Heel, assimilent ce gouvernement extrêmiste à des terroristes, qui, à les écouter, n'aurait pas le droit à la parole.

Un brouhara provoqué par Don qui venait de faire tomber le trepied, interrompit Cyrius qui lui jeta un regard courroucé par dessus son épaule. Mais qu'est-ce qui lui prenait aujourd'hui ?!!

- Excusez-moi, fit le photographe confus

Cyrius ne répondit rien, mais il avait intérêt à se faire oublier jusqu'à la fin de l'interview. Lâchant un soupire, il reprit

- Pensez-vous réellement qu'une entente est possible entre les représentants du Nouveau Monde et des Mages Fondateurs avec les représentant des Inquisiteurs ? Et vous Héres ? Demanda-t-il en posant son regard cette fois sur le jeune homme, quel est votre avis sur la question ?

Saevus se prenait au jeu avec facilité car il n’en était pas à son coups d’essai. Mais son fils montrait quelques petits difficultés même si ces réponses avaient un certain mérite. Seulement le Leader du Monde n’aurait pas choisi certains mots pour exprimer. Des mots qui en disaient longs sur sa véritable façon de penser et laisser croire qu’il n’était pas trop heureux de son sort comme le terme «être cantonné»

Le journaliste bien sur le remarqua et lança une remarque qui fit hausser légèrement le sourcil de Saevus. Le Leader décida de placer un commentaire. «La vie de notre ville ne va pas s’arrêter durant cette convention Monsieur Fermandes. Des millions de concitoyens attendent de leur dirigeant qu’ils restent à leur écoute et prêts à répondre à toutes éventualités. Quels leaders serions-nous si nous les délassions complètement une dizaine de jours ? Mon fils sera à la tâche et accomplira son plus grand devoir envers le peuple. Je ne vois rien de dommage ou de désobligeant dans cela, et vous ?"

Les yeux du Leader percèrent celui du journaliste que Yaxley cherchait à remettre à sa place. Cyrius aimait chercher la petite bête. C’était un défaut de jeunesse qu’il apprendrait à corriger avec l’âge s’il ne voulait pas finir comme «gratteur» de feuille de chou dans un magazine people à scandale. Bien sûr, le journaliste aimait taquiné mais leur rôle était de mettre en relief la vérité et non de prendre uniquement du plaisir à botter en touche. Ils devaient comprendre toutes les faces d’un problème pour en tirer la sublime moelle.

Cyrius finit par lui poser une nouvelle question. Saevus s’attendait à celle-ci. Elle était évident. Il avait ouvrir la bouche pour répondre quand le journaliste accompagnant Fernandes laissant tomber son trépied attirant l’attention de l’assistance. Le photographe s’excusa et ramassa son matériel. Yaxley observa quelques instants. Quelque chose le dérangeait chez le moldu. Il était particulièrement nerveux. Mais Saevus décida de feindre de l’ignorer pour répondre à la question de Cyrius.

«Je ne partage pas les opinions de Heel. Il ne fait que... diaboliser les Inquisiteurs et en leur interdisant la parole, il ne fait que les rendre plus forts et plus fascinants pour les indécis. Entendons nous, je ne cautionne en rien leur action. Leur violence envers les sorciers est une infamie parce qu’ils osent s’attaquer à des familles magiques entières innocentes. Cependant, ils représentent une part non négligeable de notre population. Il ne s’agit pas d’une groupuscule de fanatique. Ils ont trouvé un passe dans le coeur du peuple moldu. Il est donc important d’ouvrir le dialogue, de parler avec eux et de comprendre leur fonctionnement et leur idéologie, leur montrer que les créatures magiques ne sont pas des monstres... Je ne sais pas si un jour tous les créatures magiques et non magiques vivront en harmonie. Je ne crois pas au utopie mais je ferais tout pour préserver ce pays de la guerre et seul le dialogue pourra nous le permettre...»

Héres fronça les sourcils. Décidément, le journaliste ne se laissait pas berner par son semblant d'assurance. Avait-il donc déjà parlé avec Priscus ? Et puis, même s'il ne l'avait pas fait, à force de fréquenter son frère, Cyrius aurait tout à fait été capable que de comprendre par lui-même que la décision paternel ne plairait pas vraiment à l'ainé.

Il pencha légèrement la tête vers la droite, sans jamais lâcher le regard de son interlocuteur.

-Convaincre? Je ne veux convaincre personne. Ni vous, ni moi.

Il lui fit un petit sourire charmeur, pour la forme, bien qu'au moins trois personnes sur quatre présentes dans cette pièce savaient pertinemment qu'Héres n'en croyait pas un mot. Néanmoins, il avait à présent comprit et accepté la décision de son père. Alors même s'il était forcément déçu de ne pas participer à ces conférences historiques, il n'était plus fâché comme un adolescent têtu.
De toute façon, Saevus remit le journaliste à sa place avec une remarque dont l'amabilité tranchait avec ses yeux glacials.
Observant son père en biais, son fils ne put qu'être impressionné, sachant déjà que Cyrius n'allait plus insister sur ce sujet délicat.

La conversation, momentanément interrompue par la maladresse du photographe reprit de plus belle lorsque le journaliste mentionna les Inquisiteurs qui seront également de la partie. Son père répondu, une nouvelle fois superbement à la question. Tellement parfaitement d'ailleurs qu'Héres se demandait ce qu'il allait pouvoir ajouter.

-Il n'est pas surprenant que je partage le même avis que mon père, déclara t-il, le premier vrai sourire de l'interview se peignant sur ses lèvres. Pour préserver la paix, nous devons forcément faire des compromis. Or, un compromis n'en est pas véritablement un si une partie adverse n'est pas présente. Cela relève simplement du bon sens. Si nous voulons être respecté, nous nous devons de les respecter nous même.

Il se grata distraitement le front et ajouta, pensif:

-Nous aurons encore longtemps des vues différentes, voir carrément opposées entre Inquisiteurs, Mages Fondateurs et Nouveau Monde. Je reste pourtant persuadé que nous pouvons continuer à vivre ensemble.

Comme il était à prévoir, la remarque quelque peu déplacée qu'il avait formulé à l'encontre de Héres avait déplu au Leader du parti qui, rien de plus normal, était intervenu avec diplomatie mais fermeté.
Lorsque Saevus Yaxley lui demanda s'il considérait que s'occuper de leurs concitoyens était quelque chose de dommageable ou désobligeant, le regard qu'il lui lança en cet instant était on ne peut plus explicite.
C'était comme si Cyrius se retrouvait avec l'épée de Damoclès suspendu au-dessus de sa tête prête à s'abattre sur lui au moindre faux pas, à la moindre parole malheureuse. Cyrius n'était pas de ces hommes qui se laissait facilement impressionner, mais Saevus Yaxley n'était pas n'importe qui. C'était un homme de pouvoir, un homme impressionnant, et un homme qu'il respectait. D'ailleurs, il n'avait rien contre Héres non plus, mais c'était toujours plus fort que lui, il fallait qu'il teste continuellement les limites et qu'il puisse voir jusqu'où il pouvait aller. Là, il venait de franchir une ligne.

- Moi non plus, Monsieur, moi non plus. Répondit-il sans faillir.

Il soutenait le regard de fer de Saevus, non pas en signe de provocation, car lui manquer de respect n'était certainement pas ce qu'il désirait, mais à l'inverse baisser le regard c'était se soumettre

Si ce n'était l'intervention désobligeante et absolument inapproprié de Don, Cyrius apprécia sincèrement le discours que tenait le Leader du Nouveau Monde sur les inquisiteurs. Personnellement, le journaliste ne les portait pas dans son cœur, et honnêtement si leur parti pouvait être dissous et ses membres emprisonnés pour haute trahison, il serait le premier à s'en réjouir, mais Yaxley avait raison. Agir comme Heel le faisait, en les diabolisant, et en les pourchassant ne servait qu'à servir leur cause puisque cela en faisait des martyrs. C'était aberrant mais c'était un fait. Les inquisiteurs s'en prenaient à des gens dont le seul crime était d'être nés sorciers. La violence de leurs actes était révoltante et si les sorciers avaient le malheur de répliquer, ils étaient pointés du doigts et accusé de persécution. Les gens avaient la mémoire courte, ils oubliaient bien vite ce qui les arrangeait lorsque cela ne les concernait pas.
Lorsque Saevus confirma qu'il n'était pas un utopiste qui croyait au meilleur des mondes, mais qu'il ferait toutefois tout son possible pour préserver ce pays de la guerre, Cyrius ne pu s'empêcher d'approuver d'un signe de tête.

- Je vous souhaite d'y parvenir et de faire entendre raison à ces gens mais sans vouloir être pessimiste ce n'est pas gagné.

Cette fois c'était l'homme qui avait laissé place au journaliste. Puis son regard se posa sur le jeune héritier qui répondit à son tour à sa question, comme il le lui avait demandé. Il compatissait pour Héres, passer derrière son père n'était pas chose aisé, mais le jeune héritier était confiant et Cyrius pouvait déceler en lui un certain idéal encore intact.

- Vos propos à tous les deux sont honorables et je suis d'accord avec vous Mr Yaxley lorsque vous dites que ces personnes représentent une part non négligeable de notre population, une part que l'on ne peut pas ignorer, et dont il fait tenir compte cependant.....

- Exactement ! Intervint à son tour Don

Cyrius se retourna en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qui lui prenait d'intervenir ainsi et de les interrompre en plein milieu d'une interview ? Il n'était pas lui-même depuis tout à l'heure.

- A vrai dire, je vous trouve très arrogants vous autres les sorciers, vous puez la suffisance avec votre certitude d'être supérieur aux gens de mon espèce. Vous nous prenez de haut, mais vous devriez trembler parce que sans votre magie, vous n'êtes plus rien...

Cyrius se leva aussitôt de son fauteuil et se plaça devant les deux Yaxley, ni l'un ni l'autre ne devaient mourir. Surtout pas, ce serait une perte bien trop importante pour leur communauté.

- Tu n'es pas Don, j'aurais du le comprendre plus tôt, grogna-t-il entre ces dents

Bon sang ! Il s'était fait avoir comme un imbécile et avait introduit un criminel auprès de l'homme le plus important de ce pays. Comment avait-il pu être aussi stupide ?!

- Une nouvelle ère va débuter avec ce sommet de Washington, mais elle va commencer dès à présent avec la disparition du Leader du Nouveau Monde. J'ai activé mon bouclier anti-magie, vous ne pouvez rien contre moi, par contre moi, je vais faire disparaître cette immonde tour dans un joli feu d'artifice et nous serons aux premières loges tous les 4, les informa-t-il en lançant un compte à rebours de moins de quatre minutes

Il était triste de pense qu’on était déjà trop vieux pour s’étonner de certaines choses et pourtant c’était le cas de Saevus au moment précis où le photographe prit la parole pour insulter la race sorcier.

Yaxley se tourna vers lui et le dévisagea : un inquisiteur. Sa armure devait avoir un filtre de persuasion ou une camouflage métamorphique. Saevus en avait entendu parlé mais il n’en avait jamais encore croisé jusqu’à aujourd’hui.

Le Leader de Nouveau Monde aurait hâte de démonter cette merveille pour en comprendre le fonctionnement, s’il n’était pas présentement en danger de mort. Cyrius, cette tête brûlée, se mit en eux et le terroriste.

Le Maire de New-Phoenix n’avait même pas frémi. Même s’il craignait pour sa vie comme tout à chacun, il avait appris depuis longtemps à contrôler sa peur pour maîtriser la situation et trouver un moyen de s’en sortir, surtout qu’il y avait présentement son fils dans l’équation et accessoirement les vingt trois mille employés de son entreprise travaillant dans la tour principale que l’anti-sorcier menaçait de faire exploser.

Il parla d’une bombe qui devait être dissimuler dans l'établissement. Saevus s’étonna que les scanner du système de sécurité n’est pas détecté l’engin et signalé. Franchement, il allait de déception en déception à ce niveau. Il se dit que tout était à revoir.

En quatre minutes, il n’aurait jamais le temps de faire évacuer la tour. Cependant le Leader avait plus d’un tour dans son sac à malice. discrètement il appuya sur un bouton sur sa montre. Il appela à lui son secrétaire dont la particularité n’était pas uniquement de taper extrêmement vite à la machine. Elle était également une créature de la nuit.

Elle avait une simple consigne : neutraliser sans tuer...

Héres débutait dans le milieu des affaires même s'il était, pour ainsi dire, né dedans. C'était donc pour lui une première que de se voir directement menacé. Il se leva d'un bond en comprenant la véritable identité du photographe, touché de voir Cyrius se mettre devant eux, dans un geste de protection aussi beau qu'inutile.
En effet, le corps du journaliste ne serait d'aucun rempart face à une bombe. Et c'est ce que l'Inquisiteur disait avoir. La haine profonde dans le regard de ce dernier lui fit comprendre de la dangerosité de la situation. Héres leva le bras vers lui dans un mouvement d'apaisement. Mais en réalité, il ne savait vraiment pas ce qu'il fallait faire.

C'est donc avec soulagement qu'il vit arriver Orflaith, secrétaire mais également garde du corps de son père. Sa présence avait toujours eut don de l'apaiser et malgré la tension présente dans la pièce, ce fut encore le cas aujourd'hui. L'héritier baissa mollement son bras et força Cyrius à reculer de quelques pas.
Il avait raison car la vitesse avec laquelle passa Orflaith devant eux l'aurait probablement fait basculer. Elle maitrisa sans difficulté le fauteur de troubles et tous les regards se portèrent vers celui ci, attendant de voir ce qu'il allait répondre s'il le faisait un jour. En tout cas, Héres, malgré la boule au ventre qu'il comprendrait plus tard que c'était de la peur, avait confiance.

(hrpg : désolée c'est très court :/)

Dire que Cyrius était devenu blême était un euphémisme, il était littéralement devenu livide, en découvrant que cet homme avait carrément introduit une bombe dans l'immeuble. Non content de vouloir assassiner l'homme le plus influent du Nouveau Monde, ainsi que son héritier direct, il menaçait également toutes les personnes sorciers ou moldus qui travaillaient ici. Des dommages collatéraux ? Absolument pas, ce serait plutôt la cerise sur le gateau, un attentat à titre d'exemple sur ce qui arriverait non seulement à tous les sorciers mais également à tous les moldus qui les soutiendraient. Pour cet homme, dans cette tour, il n'y avait aucun innocents, ils étaient tous coupables.

C'est alors que surgit de nulle part, Orflaith, la secrétaire particulière de Yaxley pénétra dans la pièce. Priscus lui avait déjà parlé d'elle, il connaissait ses fonctions de garde du corps, mais la voir à l'oeuvre était tout simplement saisissant. Il n'avait pas immédiatement comprit comment et pourquoi, mais il avait sentit Hères le tirer vers l'arrière, ce ne fut qu'en voyant Orflaith à l'oeuvre  qu'il comprit qu'il aurait gêné le passage.
La vampire maitrisa l'inquisiteur avec force et rapidité. Puis lorsqu'elle comprit la danger qui les menaçait tous elle le retourna, et plongeant son regard dans le sien lui demanda son prénom. Surprit, Cyrius l'observa faire, mais son étonnement se fit grandissant lorsqu'il constata que ce dernier répondit à sa question

- Bradley Wilson

Et lorsqu'elle lui demanda où était la bombe, Cyrius n'entendit pas la réponse qu'il avait formulé et qui était « avec moi », parce qu'il en était venu à la même conclusion. Son cerveau réfléchissait à vive allure depuis tout à l'heure. Si le faux Don avait planqué une bombe dans l'immeuble où l'avait-il planqué ? Il était persuadé qu'elle été ici, dans ses affaires. Il ne l'avait pas quitté des yeux depuis qu'ils étaient entrés ensemble dans le bâtiment, et il ne l'avait pas vu se séparer de la moindre affaire. Quand à l'hypothèse qu'il soit venu la veille pour la déposer, elle ne tenait pas la route, parce qu'il connaissait le service de sécurité de Yaxley, ils ne seraient jamais passé à coté d'une bombe déposé dans les locaux pendant 24h. Il s'était donc précipité sur le sac en toile, pensant y trouver la bombe mais ne vit rien d'autre que du matériel de photographie. Idem dans le second sac. Bon sang ! Où était-elle ? La peur lui tenaillait le ventre, il devait trouver cette fichue bombe. Son regard se posa alors sur l'appareil photo. Seul élément soigneusement déballée et installé au centre de la pièce. Il se leva et aperçu à la place de l'écran le minuteur affichant 2:30

- Elle est là ! S'exclama-t-il en se reculant comme s'il allait lui exploser à la figure

Réaction ô combien stupide réalisa-t-il aussitôt. Qu'il soit à 2cm ou à 1 m lorsque la bombe explosera, cela ne ferait pas grande différence pour lui. S'avançant à nouveau vers le compteur où les secondes s'égrenaient impitoyablement, il se tourna vers Orflaith

- Comment on la désamorce ? Demanda-t-il en lui jetant un regard dans lequel on pouvait lire son angoisse.

2: 15