Le Messager

Telle une ombre furtive, Saevus Yaxley s'était éclipsé aussi vite et discrètement qu'il était apparu. Avant même que Cyrius n'ait le temps de réagir, de lui dire de faire également très attention à lui mais aussi et surtout avant qu'il n'ait eut l'opportunité de lui poser cette dernière question qui lui brulait les lèvres, depuis que Victor Yaxley avait semé le doute dans son esprit. L'homme avait disparu, mettant ainsi fin à cet entretien qu'il avait lui-même réclamé. Jugeant inutile de s'attarder davantage dans ce bouge, Cyrius prit ses affaires, laissa quelques billets pour les consommation et s'en alla à son tour.

Durant tout le trajet du vol qui le ramenait à New-Phoenix, le journaliste ne cessa de penser à tout ce que lui avait dit Saevus : ses mystérieux projets, son soutient inébranlable envers le Président, sa certitude quand à la survie de Heel, ce message qu'il lui avait demandé de communiquer via le journal, mais également ses remarques quand à ses écris. Cyrius n'appréciait guère que l'on se permette de juger et de critiquer son travail car il estimait n'avoir nul besoin de se remettre en question, pourtant malgré lui, les paroles de Yaxley ne cessaient de lui revenir à l'esprit, le harcelant et l'agaçant telle une mouche de coche insupportable.

Où était parti Yaxley ? Qu'avait-il donc de plus important à faire que de voir un médecin, et de retrouver les siens qui ne cessaient de se faire un sang d'encre pour lui depuis son enlèvement ? A première vu on pourrait penser que Yaxley avait été tellement traumatisé par tout ce qu'avait du lui faire endurer les Inquisiteurs qu'il en était complétement perturbé et de ce fait, agissait de manière totalement irréfléchi, mais ce n'était pas du tout l'impression qu'il lui avait donné. Que préparait-il ? Ce n'était pas un quelconque traumatisme, son état ou encore la sensation de se sentir diminué qui l'empêchait de rentrer chez lui, c'était autre de chose. Etait-ce en rapport avec la sécurité du pays ? Au sujet de l'avenir du Nouveau-Monde ? Il ne voyait pas vraiment ce qu'il pouvait faire surtout dans son état, mais s'il y avait bien une chose qu'il avait appris durant toutes ces années, c'était de ne surtout jamais sous-estimer un Yaxley, et encore moins Saevus Yaxley.
Si Saevus Yaxley avait de mystérieuses missions à accomplir de son coté qu'il aurait payé cher pour en découvrir la teneur, mais lui-même avait du travail à accomplir avant de devoir s'envoler pour Washington où sa présence était requise, et si c'était suffisamment important, au point de ne pas rentrer auprès des siens immédiatement alors il en entendrait très vite parler.

Si tôt qu'il eut quitté l'aéroport de New-Phoenix, Cyrius transplana jusqu'au journal où il commença à rédiger son article. Le jour se levait timidement et il n'avait pas dormi de la nuit, mais il était bien trop excité pour rentrer chez lui et dormir. Une fois qu'il eut terminé son article il alla trouver le rédacteur en chef afin de s'assurer qu'il aurait bien la une du journal pour son article. Ce dernier ne fut guère difficile à convaincre car tout ce qui avait attrait à Saevus Yaxley était très vendeur depuis l'affaire de Washington. Mais lorsqu'il prit connaissance de la teneur de l'article la une lui en fut d'autant plus assuré. Ces détails réglés, il retourna dans son bureau pour téléphoner tranquillement à Priscus afin de le prévenir de son arrivée en début d'après-midi, s'empressant de rajouter qu'il désirait qu'il réunisse pour lui tous les membres de sa famille car il avait des informations très importantes à leur communiquer. Puis sans en dire plus il raccrocha et alla imprimer un exemplaire de la futur mise en page du USA Today qui sortirait demain. En pleine page on y verrait la photo de Saevus Yaxley qui faisant la une du journal comme il l'avait souhaité. Encore. Jamais l'homme politique n'avait autant fait parler de lui que ces derniers mois. Même lorsqu'il était au plus bas et qu'il était devenu la personne la plus hait du monde entier, il continuait de fasciner. Lâchant un soupir, il replia l'exemplaire qu'il glissa dans la poche intérieur de sa veste en cuir et rentra chez lui pour se doucher et se changer avant de se diriger vers les Tours Yaxley.

Cyrius avait décidé de se rendre au coeur de New-Phoenix à pieds. Cela faisait une petite trotte depuis son appartement, et il aurait très bien pu s'y rendre en transplanant mais il voulait laisser le temps à Priscus de réunir sa famille tranquillement, et puis surtout, lui-même avait besoin d'agencer ses idées pour savoir comment il allait leur annoncer tout ce qu'il avait à leur révéler. Cela n'allait pas être facile. Comment expliquer à des personnes, des proches dont les dernières semaines n'étaient synonymes que d'angoisses et inquiétudes pour une personne qu'ils aimaient, que cette même personne l'avait contacté pour lui parler, à lui et lui seul. Que cet homme blessé dans sa chaire et ébranlé psychologiquement malgré lui, même s'il tentait de le dissimuler, ne comptait pas rentrer auprès des siens pour le moment. Que celui pour qui ils ne cessaient tous de s'angoisser, pour qui ils avaient pleuré semblait indifférent à leur inquiétude ? Comment expliquer à son meilleur ami qu'il n'avait pas pu le mettre dans la confidence, surtout lorsque le meilleur ami en question s'appelait Priscus Yaxley. Bonjour la mission suicide ! S'il ignorait quelle serait les réactions de Hères et Lyra, il pouvait par contre déjà très bien entendre Priscus lui brailler des reproches tout à fait légitime, sur le fait qu'il aurait dû le prévenir et le laisser venir avec lui, lui assurant que lui aurait bien sur été capable de ramener son père non pas à la raison, mais à la maison, auprès d'eux à New-Phoenix.

Bordel ! Quelle sale journée !

Le chemin qui l'amena jusqu'à destination lui paru bien trop court pour une fois et il se retrouva beaucoup trop vite à son goût dans le magnifique salon des Yaxley qui l'attendait tous de pieds ferme. Une certaine gravité mais surtout une grande inquiétude pouvait se lire sur le visage fermé de chacun d'entre eux. Rien d'étonnant à cela, il n'était pas dans ses habitudes de demander une telle réunion. Etait également présent à cette petite réunion pour son plus grand étonnement, Stevens, le nouveau chef de la sécurité de Hères. Au début, dès qu'il l'eut aperçut, il avait songé que l'homme allait se retirer dès son arrivée, mais le fait qu'il ne bougea pas d'un iota et qu'il patientait au même titre que ceux qu'il avait convoqué, il comprit qu'il n'avait aucune intention de partir et qu'il resterait tout le temps que durerait cette petite réunion. A vrai dire, il ne savait pas trop ce qu'il faisait là, et bien que ça le surprit sur le coup, ça présence ne le dérangeait pas plus que ça. Debout devant eux, la main droite refermée sur son poigné gauche devant lui, il les salua d'un léger signe de tête.

- Merci à vous d'avoir consentit à me recevoir aussi vite. Tout d'abord cessez de vous inquiéter, je n'ai aucune mauvaise nouvelle à vous annoncer, tout va bien, alors détendez-vous.

Vu leur mine soucieuse, c'était la première chose que Cyrius désirait faire : les rassurer. Toutes ces personnes avaient suffisamment souffert jusqu'à présent il était inutile de faire durer inutilement et cruellement leur supplice. Et maintenant c'était l'heure du grand plongeon ! Il allait devoir se montrer bref, clair et concis.

- Je rentre tout juste à New-Phoenix. Je viens de voir Saevus. Il m'avait donné rendez-vous dans une petite ville perdue situé en territoire indépendant. Inutile de le chercher, il n'est pas rentré avec moi, leur dit-il en repérant des regards à l'affut. Il va bien. Il avait les traits tirés mais franchement en-dehors de ça, il semble avoir récupéré assez rapidement. Il m'a demandé de vous rassurer à son sujet. Vous ne devez pas vous inquiéter pour lui, il ne peut pas rentrer pour le moment, il a des choses à faire avant, ne me demandez pas quoi, il ne m'a pas mis dans le secret. Tout ce que je sais se trouve là-dedans

Cyrius déplia l'exemplaire de l'article qu'il avait rédigé et qui paraitrait demain, et la tendit à Hères qui s'en empara pour la lire avec avidité.

- Cela paraîtra demain à la une du USA Today.

   

   

Le messager

Le Messager

Depuis la conférence pour la paix, les choses allaient de mal en pis et il avait fallu que son père se fasse kidnapper par une bande de cinglés fanatique qui osait prétendre qu'ils travaillaient pour une juste cause. En se rendant chez sa véritable mère, Priscus avait fait la connaissance de Jordan qui se trouvait être un membre de cette organisation de malade. Ses méthodes lui avaient montré qu'ils étaient loin d'être des petits rigolos. Il faut dire que certain sorcier non plus. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait réussi à se faire prendre en otage par des sorciers qui cherchaient des moldus. Il voulait bien que son visage soit plutôt moins connu que les autres membres de sa famille, mais il pensait sincèrement que ces sorciers-là étaient probablement les plus stupides qu'il ait jamais eu. Jordan s'en était débarrassé aussi rapidement que quelqu'un écarte une mouche indésirable. Si cela était les méthodes habituelles des Inquisiteurs, il y avait de quoi s'inquiéter pour la sécurité de tous les sorciers et plus particulièrement de son père. D'autant plus que leur manière de bloquer la magie était drôlement efficace. Il en avait fait les frais. Si Jordan n'avait pas cru qu'il était un simple moldu, il aurait certainement terminé comme Marie. Même pour un sorcier qui avait grandi chez les Partisans du Nouveau Monde et qui était habitué à vivre avec les moldus en presque harmonie, se retrouver tout d'un coup privé de magie, même pour un temps court, c'était une expérience assez traumatisante. Priscus ne voulait pas savoir ce que cela était sur une longue durée voir pour toujours.

Dans le même temps, son frère ainé avait repris le pouvoir pour le compte de la famille Yaxley, non sans de nombreuses protestations de la part des habitants de New Phoenix, mais aussi de tous ceux des territoires des Partisans du Nouveau Monde. Il n'y avait pas qu'eux. Pourtant, ce n'était pas comme si Héres n'avait pas quelques différences de style que leur père. Il avait certes été façonné et avoir appris son rôle auprès de leur géniteur, mais il avait bien sa vision des choses. Priscus et Héres n'avaient jamais été très proche. Si le premier était plutôt bon garçon qui suit les désirs de ses ainés, le second, en la personne de Priscus, était plutôt du genre sale gosse qui n'écoute jamais rien. Il avait d'ailleurs plus souvent passé du temps en dehors de la maison que de-dans. Il s'était toujours caché derrière les mensonges de son père pour justifier ses actions. Maintenant que la plupart des vérités étaient exposées, il était plus difficile de jouer sur cette corde.  D'autant plus que son frère ainé semblait vouloir lui faire confiance et l'impliquer davantage alors même que rien ne lui prouvait que Priscus ferait ce qu'on lui demanderait. Il lui avait demandé d'y réfléchir et il l'avait fait en quelque sorte. Cependant, il était toujours dans le flou. Le sorcier n'était pas certain que s'impliquer dans les petites histoires de sa famille étaient véritablement ce qu'il souhaitait, mais il ne voulait pas laisser tomber Héres. Il avait bien besoin d'alliés.

Il en était à ses réflexions, dans sa chambre d'enfant, qui n'avait guère changé du fait de ses trop nombreuses escapades, quand il reçut un coup de fil de son meilleur ami, Cyrius. Leur conversation téléphonique ne fut pas bien longue. Le journaliste avait une demande particulière pour lui. Il s'agissait de contacter les membres de sa famille, car il avait des informations importantes à leur communiquer. Cela éveilla un instant l'intérêt de Priscus et lui permit de mettre de côté ses propres soucis personnels et ses réflexions épineuses. Quand il raccrocha, Priscus décida d'aller rejoindre son frère dans son bureau pour le prévenir. Le jeune homme avait évité son ainé parce qu'il en était toujours à débattre de leur dernière conversation. Il pesait le pour et le contre et n'arrivait pas à sortir une conclusion satisfaisante. Quand il finit par entrer dans le bureau d'Héres, il n'hésita pas un instant à lui expliquer les raisons de sa venue, pour qu'il ne se fourvoie pas sur ses intentions. Il vit à sa tête, que ce dernier ne s'était pas attendu à cela. Dès qu'il eut obtenu de Héres qu'ils reçoivent Cyrius, il partit recherche sa mère de cœur. Priscus n'était pas certain que de nouvelles révélations seraient une bonne chose pour elle. Cependant, la maintenir dans l'ignorance était encore pire. Il valait mieux oublier les mensonges dans la famille Yaxley. Ça se terminait toujours mal.

Il ne fallut pas longtemps pour que tous les membres de la famille Yaxley restant à New Phoenix et le nouveau garde du corps de son frère soient réunis dans une seule pièce afin de rencontrer Cyrius.  Il était plutôt cérémonieux dans sa manière de débuter ce qu’il avait à dire ce qui voulait dire que c’était loin d’être quelques informations agréables à entendre. Priscus attrapa la main de sa mère de cœur pour à la fois la rassurer et se rassurer lui-même. Il sentait que cela n’allait pas être une réunion de tout repos… comme toutes les réunions auxquelles  il avait dû assister ces derniers temps. Même si Cyrius leur avoua qu’il ne fallait pas s’inquiéter, Priscus avait pris l’habitude de s’attendre au pire depuis quelques temps. Le reste de son discours fut simple et concis. De toute évidence, il avait fait la rencontre de leur père. Comme à son habitude, il ne faisait jamais rien comme tout le monde. Ce n’est pas comme i leur père n’avait jamais fait les choses comme les autres. Il avait son propre chemin, son propre style et ses propres aspirations dont il ne faisait pas toujours part. De plus, il était à présent libre, mais toujours pas rentré au bercail, ce qui malgré les affirmations de Cyrius, était loin d’être si rassurant que cela. Le journaliste leur dit que tous ce qu’il avait appris de leur père se trouveraient dans son journal et il leur tendit le futur numéro du USA TODAY.

Priscus aimerait dire qu’il était capable de prendre la chose avec calme comme Héres, mais calme et Priscus n’allait pas ensemble. Il essayait de se retenir de fulminer, mais il était fort à parier que tous les membres de sa famille pouvaient déjà le sentir. Il le connaissait bien. Comme d’habitude leur père préférait faire ses petites affaires loin de sa famille et il fallait l’attendre alors même que tous se rongeaient les sangs à savoir ce qui lui arrivait. Il vit Héres serrer la main de leur mère et lui jeter un regard avant de lire le journal tendu par Cyrius. Lorsqu’il eut terminé, le sorcier s’en empara alors et parcouru rapidement les lignes du journaliste avec les citations de leur père. On le retrouvait bien là dans les tournures de phrases. Ce qu’on lisait était loin très loin d’être rassurant. Est-ce que Cyrius était certain de savoir ce que le mot rassurant voulait dire ? Ou bien il s’était cogné un peu fort la tête en rentrant et il en avait oublié la définition. Pendant, ce temps-là le  son frère s’enquit de Zach Heel, l’autre sorcier qui avait été capturé par les Inquisiteurs qui pensaient avoir à faire à son frère ainé. Priscus entendit à peine la question parce qu’il était trop pris à sa lecture et à s’empêcher de se mettre en colère. Elle était toujours là, cette vieille compagne, tapie au fond de lui et prête à jaillir à la moindre contrariété. Comme toujours, son père était tout à fait capable de le rendre dingue. A croire que leur relation se résumait à cela. Pourtant, il s’en faisait pour lui, mais la colère était parfois plus forte que la raison.

Stevens prit la parole pour la première fois pour répondre aux interrogations de Héres sur le jeune Zachary Heel, tandis que Priscus refermait le journal et le tendait à sa mère pour qu'elle puisse à son tour prendre connaissance de ce qui était écrit de-dans. Il affirma que s'il gardait toujours vivant leur dernier prisonnier c'était probablement pour une bonne raison. Priscus ne voyait pas vraiment pourquoi. Ce n'était pas comme s'il était quelqu'un de particulièrement important chez les Partisans du Nouveau Monde. C'est par le journal pour lequel travaillait Cyrius qu'il avait appris qui il était et le fait qu'il était lié à l'ambassadeur des Mages Fondateurs à New Phoenix. Son métier et son parcours n'en faisait pas un personnage imminent. Cependant, ça ne l'étonnait pas que Héres s'interroge. Il était tellement dévoué à sa nouvelle fonction que ça lui semblait être normal que son ainé s'interroge à son sujet. Les propos de Stevens avaient du sens, mais vraiment il n'y avait probablement aucune raison particulière  pour laquelle il était toujours vivant. Qui comprenait comment marchait les Inquisiteurs ? Ils avaient leur façon particulière de voir le monde, coincé dans leur petit monde perdu entre l'inquisition espagnole et le procès des sorcières de Salem.

« Je ne veux pas être sans-cœur mais s’il le garde prisonnier ça peut être pour une toute autre raison que celle de se servir de lui contre les sorciers peu importe leur allégeance. Ils ont probablement d’autres plans pour lui qui consiste à ce qu’il reste au Bastion. » Finit-il par dire.

Héres fini par poser la question que tout le monde, dans la pièce devait se poser… Enfin au moins les membres de la famille Yaxley. A savoir pourquoi leur père n’avait pas pu venir lui-même leur dire qu’il était encore vivant, quoi que sincèrement diminué à en lire le journal, et qu’il est décidé de passer  par Cyrius pour leur faire savoir à eux et au reste du monde qu’il allait bien.

« Je ne vois pas en quoi ça te surprend, Héres. On ne peut pas dire que notre père ait vraiment eu l’habitude de nous tenir au courant de son agenda personnel. Le mensonge et les secrets, c’est un peu la recette habituelle de notre père. » Répondit Priscus avec un peu d’aigreur. «  A croire que son séjour chez les Inquisiteurs étaient de petites vacances sans incidence.  Pourquoi s’inquiétez, en effet. J’aime particulièrement la formule «dépossédé de ses pouvoirs magiques » ça donne véritablement envie d’aller se balader aux Etats-Unis avant d’aller se rendre aux autorités sans passer par la case famille. Non vraiment père a le sens de l’a-propos.»

Ils s’étaient tous très inquiété pour lui et au final, ils ignoraient toujours où se trouvait leur père et ses agissements. Priscus
n’avouerait jamais qu’il aurait souhaité que leur père essaie de venir les voir avant de mettre ses petites combines en priorité. Après tout, il était le fils ingrat. Il se demandait pourquoi sa véritable mère ne lui avait pas donné plus d’informations. Les Mages fondateurs étaient ceux qui avaient réussi à obtenir la libération de leur père… Décidément, être le fils de deux personnes de pouvoir, c’était vraiment pas une chose facile. Ses parents semblaient s’être bien trouvés dans leur manière de faire.

Le Messager

 

Comme il s'y était attendu, la famille Yaxley au grand complet restait interdite devant la décision du patriarche de ne rentrer chez lui, auprès d'eux pour le moment. Comment auraient-ils pu comprendre ? Lui-même ne comprenait absolument pas pourquoi Saevus refusait de rentrer chez lui, auprès des siens. Cyrius ignorait le climat dans lequel toute la famille avait baigné depuis la grande révélation, mais il se doutait que Saevus n'était pas en odeur de sainteté auprès des siens, et il ne pouvait absolument pas les en blâmer. Saevus n'aurait jamais du cacher une telle information que ce soit à la population et surtout à sa famille. Par décence, et bien qu'au fond de lui, il en mourrait d'envie, il avait soigneusement évité le sujet avec Priscus, préférant laisser son ami s'en ouvrir à lui s'il le souhaitait, sans être incité à le faire. Après tout, s'il venait chez lui, c'était surtout pour oublier tout ce cirque pas pour en parler pendant des heures. Ils avaient un peu abordé le sujet bien sur, c'était inévitable, mais jamais en profondeur, juste en surface, ce qui faisait que Cyrius savait très peu de choses sur les affrontements qu'il y avait du avoir entre ces murs. Que s'était-il réellement passé ? Les mots prononcés ici avaient-ils été si durs que Saevus ne réalisait pas à quel point sa famille se faisait du soucis pour lui ? Ses fils avaient beau être des hommes à présent, il n'en demeurait pas moins qu'ils s'inquiétaient pour lui, et qu'ils tenaient à lui, car quelque soit leur différents, quelque soit ce que Saevus avait pu faire par le passé, il n'en demeurait pas moins leur seul et unique père et époux. Pensait-il vraiment qu'ils le détestaient ou cherchait-il tout simplement à leur donner une bonne leçon ? Ce serait bien dans son tempérament mais s'il voulait être honnête avec lui, ce n'était pas du tout l'impression que Saevus lui avait donné.

Non décidément il n'arrivait pas comprendre pourquoi Saevus les tenait tellement à l'écart. Etait-ce pour les protéger ? Cela pouvait se justifier en effet, mais dans ce cas il avait tort. Ce n'était pas en mettant à l'écart de sa vie les gens qu'il aimait qu'il les protègerait. Une part de lui, après avoir revu Saevus depuis son enlèvement et les épreuves qu'il avait traversé, avait envie de croire que le leader déchu ne pouvait pas rentrer auprès des siens pour le moment car il avait quelque chose à faire d'essentiel pour ramener la paix dans les territoires du Nouveau-Monde, mais dans le fond, il n'y croyait pas vraiment. Que pourrait-il bien faire pour ramener la paix aujourd'hui, qu'il n'aurait pu faire avant qu'on ne lui retire tous ses pouvoirs ? Il avait beau y réfléchir et tourner cette question dans tous les sens, rien ne justifiait que l'on reste volontairement éloigné de sa famille et de tous ceux que l'on aimait, surtout lorsque votre femme était enceinte...
Il ne le comprenait pas, en réalité, personne ne le comprenait...

Préférant garder ses observations personnelles pour lui-même plutôt que de jeter de l'huile sur le feu, Cyrius ne pipa mot, préférant de loin, observer les réactions des uns et des autres. Les deux fils de Saevus, qui n'étaient pourtant pas très proches possédaient le même instinct protecteur envers leur mère dont ils prirent chacun une main dans un soutient silencieux. Le regard du cubain glissa sur Hères, l'ainé de la famille qui parcourait avec avidité l'article qu'il avait rédigé et qui paraitrait dès demain en première du US Today.

Hères.... son regard noir ne le quittait pas des yeux une seule seconde. La dernière fois qu'ils s'étaient vu, ils se trouvaient ici, entre ses murs pour une interview... Depuis qu'il avait interviewé Victor Yaxley, Cyrius ne cessait de se demander s'il n'avait effectivement pas été victime d'un des sortilèges interdits. Si oui, pourquoi ? Que lui avait-on fait faire ? Seul Hères pouvait désormais répondre à cette question, et Cyrius se jura que si Saevus avait osé faire ça pendant qu'Hères l'avait regardé faire sans moucheter, il lui casserait la figure, garde du corps ou pas.
Loin de se douter des méditations internes de Cyrius, l'héritier lisait son article en diagonal, marmonnant dans sa barbe les citations tenues un peu plus tôt par son père. Son intérêt se focalisa alors sur quelque chose de complétement inattendu pour sa part car jamais Cyrius ne se serait attendu à voir Hères réagir comme il le faisait à cette nouvelle. Si les paroles prononcées par son père avait été balayé avec le reste, le fait de découvrir que le jeune frère de Benjamin Heel soit toujours vivant l'avait littéralement apostrophé. D'ailleurs la surprise lui avait fait lâché une certaine familiarité lorsqu'il prononça le surnom que ses proches utilisait pour parler de lui. Heel était donc un proche de Hères ? Il l'ignorait, même s'ils avaient approximativement le même âge, de ce qu'il en savait, les deux hommes n'avaient pourtant rien en commun...

- Il faut croire, répondit-il a sa question concernant Heel qui le déroutait un peu. En tout cas ton père semble en être convaincu. J'ignorais qu'il s'agissait de l'un de tes proches, car il est évident que ce Heel n'est pas inconnu pour toi compte tenu de ta réaction. Qui est-ce au juste ?

La curiosité l'avait emporté sur la retenue mais le soulagement d'Hères fut très rapidement douché par l'intervention de son nouveau garde du corps lorsque ce dernier prit la parole. A l'en croire, et il savait de quoi il parlait puisque l'homme était un ancien de l'inquisition, si Heel était toujours vivant ce n'était pas sans raisons et de ce point de vu là, Cyrius était d'accord avec lui. Sauf qu'il ne voyait vraiment pas en quoi un gardien de dragon sans la moindre influence pouvait s'avérer utile dans leur combat. Son frère avait beau être un ambassadeur à New-Phoenix et détenir un poste clé auprès des Mages Fondateurs, il n'avait pas bougé le plus petit doigt en faveur de son jeune frère depuis son enlèvement et rien ne laissait supposer qu'il le ferait. Miser sur Zachary Heel pour faire plier Benjamin Heel lui paraissait du coup peu probable, d'ailleurs, il se demandait bien pourquoi Benjamin Heel ne réagissait pas. Saevus lui avait confié que les deux frères ne s'entendaient pas, mais quand même... Hères et Priscus non plus ne s'entendaient pas, ils n'étaient pas un modèle de fraternité, pourtant il savait que si l'un se retrouvait dans la situation de Heel, l'autre n'hésiterait pas à remuer ciel et terre pour le sortir de là.

La remarque de Priscus qui n'avait pas encore une seule fois pris la parole depuis son arrivée, attira toute son attention, lui faisant hausser les sourcils, signe de son intérêt. Le jeune homme venait de soulever un point auquel personne n'avait pensé, peut-être bien avait-il raison. Peut-être le gardaient-ils prisonnier pour une autre raison que celles qui leurs paraissaient si évidente. Une raison qui leur échappait pour le moment parce qu'il ne voyait que l'arbre qui cachait la forêt. Le soucis est qu'il la cachait tellement bien que même lui, ne voyait vraiment pour quelle raison les Inquisiteurs avaient préféré gardé au Bastion un illustre inconnu plutôt que Saevus Yaxley. Quelque chose leur échappait et il donnerait cher pour savoir ce dont il pouvait bien s'agir.  

- Peut-etre bien admit-il, mais dans ce cas j'aimerai vraiment la connaître cette raison. Mais sans vouloir être pessimiste rien n'indique que les Inquisiteurs ont l'intention de le relâcher, fit-il avant de répondre à Hères en ce qui concernait les intentions de leur père. C'est ce qu'il m'a dit en effet, il ne compte pas rentrer dans l'immédiat. Je suis désolé, fit-il sincèrement à l'adresse de Lyra avant de reposer son regard sur l'ainé des Yaxley pour poursuivre. Il ne m'a pas confié ses plans il voulait juste que j'écrive cet article et que je vous rassure en ce qui le concernait. Je pense qu'il savait que cela aurait plus d'impact si je le voyais les yeux dans les yeux que s'il était passé par autre moyen de communication

La remarque cinglante de Priscus à l'encontre de leur père, qui suivit sa réponse ne leur surprit pas, bien au contraire, ce qui était plutôt surprenant c'était le temps qu'il lui avait fallut pour enfin sortir toute sa verve à l'encontre de son géniteur. Cyrius l'avait connu beaucoup plus rapide et virulent, était-ce par égard envers sa mère de coeur qui était enceinte ou serait-ce que les derniers événements avaient fait mûrir plus rapidement qu'ils n'auraient du son meilleur ami. Peu importait en fait, seul comptait le résultat : Priscus grandissait et puis Cyrius savait pertinemment que derrière toute cette colère et cette hargne se dissimulait en réalité beaucoup d'inquiétude. Il n'était pas sans ignorer que Priscus et son père étaient très souvent à couteaux tirés et qu'ils s'affrontaient régulièrement mais il n'en demeurait pas moins que l'un comme comme l'autre s'aimaient sincèrement. D'ailleurs, s'était connu, on ne se disputait jamais avec une personne qui vous laisse complétement indifférente ou dont on se moque alors qu'avec les gens qu'on aime, c'est très différent.
Jugeant plus sage de ne pas intervenir, afin d'éviter que Priscus ne se serve de lui comme excuse pour laisser éclater sa colère, Cyrius ne rétorqua rien. De toute manière, son ami ne s'adressait pas à lui, mais à son frère.

   

   

Le messager

Le Messager

Priscus n’aimait pas être considéré comme un garçon turbulent et désobéissant, mais il se complaisait parfois dans le fait de ne jamais garder les choses pour lui quand elles méritaient d’être dites. Non pas qu’il ne soit pas capable de faire preuve de diplomatie ou de compréhension. Simplement son attitude rebelle lui permettait de ne pas se sentir obligé de faire attention à ne pas heurter la sensibilité de certain. Il était d’une nature indolente qui aimait les plaisirs simples, mais tout en tenant compte des dures réalités du monde. La contradiction était son pain quotidien et bien qu’il fût capable de l’admettre, il n’aimait pas qu’on le lui rappelle. Il tournait toujours ses contradictions dans sa tête et ses réactions en étaient toujours affectées. Si ce n’étaient pas les contradictions, il s’agissait de sa colère ancienne et vieille compagne qui l’avait toujours mal conseillée, mais qui lui avait souvent permis de s’en sortir. Son père était celui qui en avait subi plus souvent les foudres que quiconque. Cependant, il était difficile d’avoir le dernier mot avec Saevus Yaxley, d’autant plus quand on le petit mouton noir de la famille et qu’on a tendance à fuguer dès qu’on n’est pas content. Il lui manquait se père qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui malgré ses mensonges, restait la figure qu’il avait envie d’impressionner.

Le sort de Zachary Heel semblait être tout de même lié à la puissance politique des Partisans du Nouveau Monde, car il en était un des membres et pour que Héres continue de regagner la confiance de ses citoyens qui se sentaient trahi par leur famille, sauver la vie de cet homme, serait un grand pas en avant. Les Partisans du Nouveau Monde verraient peut-être son frère ainé d’un meilleur œil s’il leur prouvait qu’il avait à cœur de protéger chacun d’entre eux. S’interroger sur son sort avait donc du sens et le fiat de savoir qu’il était encore en vie pouvait être un vrai soulagement pour Héres. Ce qu’il n’hésita pas à faire savoir d’ailleurs. Priscus fut surpris de l’entendre en parler comme d’un ami. Il est vrai qu’il n’était pas vraiment proche de son frère, cela pouvait aisément expliquer qu’il n’en sache rien. Sauver le jeune Zachary Heel devait donc représenter pour son frère un défi supplémentaire. Si on avait capturé Liam ou Cyrius, Priscus aurait été prêt à tout pour les sortir de leur prison. L’amitié était sacrée et il fallait en chérir les apports. Un ami ne devait pas croupir dans les geôles de cinglés terroristes persuadés que leur cause a du sens dans ce monde. Vu ce qu’ils avaient fait à leur père, il était fort à parier que le sort de Zachary Heel, n’allait pas s’arranger. Il avait peut-être Héres comme ami mais c’était peut-être loin d’être suffisant pour survivre.

Son frère n’était pourtant pas stupide, avec la remarque que Priscus fit et celle que son garde de corps lui donna, il savait que si jamais Zachary Heel retrouvait le chemin de New phoenix, il ne serait pas tout à fait le même. Même si les Inquisiteurs ne lui retiraient pas ses pouvoirs, la souffrance morale et physique pouvait le rendre instable. Priscus savait que les Inquisiteurs n’étaient pas des enfants de cœur et chaque mois, ils prouvaient d’autant plus leur inhumanité. En tout cas ce qui était certain c’était que Héres était prêt à tout pour obtenir la libération de Zachary Heel. Le ton qu’il employa pour le faire savoir montrait qu’il commençait véritablement à devenir un animal politique à l’image de ce que leur père resterait. On aurait dit que le vêtement un peu serré de l’héritier Yaxley commençait à se détendre et que Héres prenait de l’assurance dans son rôle de représentant des Partisans du Nouveau Monde. Priscus se demanda un instant ce qui se passerait quand leur père finirait par revenir. Il l’imaginait mal laisser le trône à son fils. C’était une chose que Héres devrait prendre en compte. Certains hommes étaient faits pour être des chefs et ils avaient du mal à vivre sans le manteau de commandants. Priscus avait testé la politique en tant qu’ambassadeur des Partisans pendant la Convention pour la Paix. Une idée lui vint tout d’un coup.

« Tu devrais utiliser les contacts que nous possédons à la maison blanche. Tous le monde sait que Jewel De Silva a des liens avec les Inquisiteurs. Rappelle-lui qu’en sa qualité d’Indépendante, elle doit s’impliquer et faire passer ton message aux bonnes personnes chez les Inquisiteurs. Les Indépendants et le gouvernement des Etats-Unis n’ont déjà pas fait grand-chose pour notre père, mais peut-être était-ce plus par manque de volonté du fait des révélations récentes sur notre famille. Il n’y aucun cadavre dans le placard de Zachary Heel qui devrait les retenir de s’impliquer. » Avança Priscus.

Il avait eu l’occasion de rencontrer l’ajointe du cabinet de la Maison Blanche pendant la Convention pour la Paix et après avoir échangé quelques propos avec elle, il avait trouvé ses idées intéressantes. Dommage qu’il s’agissait encore plus de paroles que de véritables actes puisque la Maison Blanche avait prouvé son incompétence à aider leur père et les différentes populations de ce pays en laissant des terroristes faire la loi. Ca ne l’avait déjà pas mis dans de bonnes dispositions car sa colère était ravie de se nourrir de ses désillusions et de ses regrets. La colère n’avait fait qu’exploser en lisant le journal pour lequel travaillaient son meilleur ami et la question qu’Héres avait posé tout haut, mais que chacun avait dans l’esprit. Dire que sa mère lui avait caché tout ça. Il n’arrivait pas à croire que ses deux parents puissent recourir aussi souvent aux mensonges et aux non-dits. Il estimait être suffisamment âgé pour qu’on cesse de le dorloter comme un enfant. Héres lui répondit et presque par habitude Priscus se braqua devant son ton plein de bon sens. Il n’en avait rien à faire d’être en public. Stevens ne comptait pas : un garde du corps n’a rien à juger et il n’allait pas sauter à la tête de Héres donc nul besoin de ses services. Quant à Cyrius, c’était son ami donc il n’avait pas besoin de faire semblant devant lui et Lyra sa mère de cœur qui ne le jugeait presque jamais malgré qu’il soit quelqu’un d’assez difficile à vivre.

« Je me fiche bien de la foule Héres. Je n’ai pas la fibre politique de la famille. Tout le monde le sait, ce n’est pas un secret. Ça ne me gêne pas d’être le cancre dans ce domaine. J’aurai simplement aimé revoir mon père qui a été torturé par ces cinglés d’inquisiteurs avant que les autorités ne l’envoient dans une autre cellule pour avoir caché les crimes de notre famille. » Répliqua Priscus en contenant avec difficulté sa colère, mais aussi sa peur et un peu de son amour pour ce père difficile avec qui il avait une relation conflictuelle.

Franchement que son père ait prit le temps de faire une interview avec Cyrius plutôt que de passer voir sa famille, prendre des nouvelles de ses fils et de sa femme qui portait ses enfants à venir, aurait été tout de même plus important. Ca n’avait pas de sens. Héres semblait penser que leur père semblait préparer quelque chose et il l’en interrogea sur ce sujet. Priscus quand à lui pensait plutôt qu’il allait devoir prendre contact avec sa mère pour tenter d’en savoir plus. Après tout si les Mages Fondateurs étaient à l’origine du sauvetage de leur père alors, elle devait avoir plus de renseignements sur le sujet que Cyrius. Priscus doutait que son père ait discuté de cela avec ce dernier. Ca ne lui ressemblerait pas. Il avait un don pour la manipulation des informations et de ne donner que ce qu’il estimait nécessaire. Dans ses propres plans, il oubliait qu’il avait une famille qui s’interrogeait et restaient dans le noir. Ce n’était pas une chose facile à vivre. Ca le rendait dingue en vérité. Priscus pensa qu’il valait mieux qu’il garde son calme, car sa colère risquait de lui faire dire des choses ingrates et malheureuses. Il reprit la main de sa mère de cœur lui donnant par son contact autant qu’elle pouvait lui en offrir. Cela ne devait pas non plus être simple pour elle. Toute cette situation n’était pas bonne pour les jumeaux.

Le Messager

  Cyrius ne put s'empêcher d'arquer un sourcil de surprise en découvrant le lien d'amitié qui unissait Hères à Heel. Non pas que Hères ne puisse avoir des amis mais il était surprenant qu'il compte parmi son entourage une personne aussi peu influente qu'un gardien de dragons, mais surtout le frère d'un farouche opposant des Partisans du Nouveau-Monde. Benjamin Heel, qui n'était autre que le représentant des Mages Fondateurs sur leur territoire avait les dents si longues qu'il en raillait le parquet. C'était un ambitieux et depuis la débâcle de Saevus lors de la Conférence pour la Paix, il n'avait cessé de prendre de l'importance dans la place politique. De plus, Cyrius avait de bonnes raisons de la soupçonner d'être plongé jusqu'au cou dans le trafic de sang de vampire. Il en avait la position et l'influence. A cause des derniers événements il avait du mettre son enquête en stand-by, mais il n'y renonçait pas pour autant, bien au contraire.
Sa curiosité journalistique s'interrogeait, comment et où s'étaient-ils rencontrés ? Peut-être bien à l'Institut Yaxley, il avait lu que Heel avait étudié pendant 4 ans à Salem avant d'être transféré à Yaxley pour les trois dernières années, un parcours atypique. Même s'il était un an plus jeune que Hères, ils avaient surement du sympathiser à cette époque parce qu'il ne voyait vraiment pas comment ils auraient pu se rencontrer autrement. Il doutait fort que Yaxley senior approuverait cette amitié s'il avait été mis dans la confidence. Une chose était sur en tout cas, Hères était bel et bien déterminé à le retrouver et à tout mettre en oeuvre pour le retrouver sain et sauf, malgré tout, le nouveau leader ne se montrait pas naïf et prit en compte à la fois les remarques de son garde du corps et de son frère. C'était faire preuve d'une certaine maturité imposé par sa nouvelle position que de ne pas s'indigner devant de tels propos, Priscus et lui-même, auraient rejeté en bloc la mise en garde de Stevens, mais pas Hères, parce qu'il avait parfaitement conscience de son nouveau statut, de son nouveau rôle et il ne pouvait plus se permettre d'agir inconsidérément en écoutant plus ses émotions que sa raison

Chose que n'était décidément pas prêt à faire Priscus même si ce dernier fit preuve de modération dans ses propos à l'encontre de Saevus. Cyrius l'avait déjà connu beaucoup plus virulent, peut-etre était-ce du à la présence de Lyra qui avait toujours su canaliser l'énergie de son petit dernier, car après tout, même si Priscus n'était pas son fils biologique elle ne l'avait jamais traité différemment. Le regard réprobateur d'Héres à son jeune frère amusa légèrement Cyrius qui évita de le montrer ouvertement. L'ainé de la famille pensait-il réellement qu'il pourrait ainsi museler son frère ? d'un simple regard ? Il en faudrait bien plus pour l'empêcher de partager le fond de ses pensées. Lorsque le nouveau Leader l'appela par son nom, Cyrius porta son regard sur lui, arraché à ses réflexions internes.

- De rien, même s'il ne me l'avait pas demandé je serais venu vous informer par amitié envers votre famille. Pour ce qui est de ses intentions vous le connaissez bien mieux que moi, Saevus ne m'a confié que ce qu'il avait décidé de me dire. Je ne sais ni où il est parti ni ce qu'il compte faire, mais il semblait très déterminé à mener ses projets à bien et le plus discrètement possible.

Cyrius avait espéré que Saevus détenait encore dans sa manche une carte majeur qui lui permettrait de ramener la paix sur leur territoire mais plus il y pensait et moins il y croyait. Si c'était le cas c'était ici, à New-Phoenix qu'il serait rentré. Il ne voyait vraiment ce qui pourrait arranger les choses pour les Partisans qui se trouve en-dehors de leur territoire. Dans ce cas qu’est-ce qui était plus important pour l’ancien leader que de retourner auprès des siens ? Retrouver sa magie ? Oui mais la réponse restait la même, les meilleurs laboratoires de recherche se trouvaient ici, dans cette tour, et était dirigé par une main de maitre par la femme de son bras droit, Héra Rookwood. Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il ne voyait vraiment pas ce qui pouvait pousser Yaxley à « faire du tourisme » dans le pays. D’autant plus que dans sa position actuelle et sans ses pouvoirs, s’était totalement inconsidéré.
Devait-il faire quelque chose pour les Mages Fondateurs en échange de leur intervention pour leur libération ? Cela pourrait effectivement se tenir, aucun d’eux ne faisait jamais rien gratuitement. Quelque part, Cyrius se disait qu’il aurait du rester avec Yaxley, qu’aurait donc pu faire un ancien sorcier privé de ses pouvoirs pour l’en empêcher ? Absolument rien. S’il n’avait pas eut cette convocation à la Maison-Blanche il aurait surement essayé de rester avec l’ancien Leader, mais il avait lui-même des obligations auxquelles il ne pouvait se dérober, comme son entretien avec De Silva.  D’ailleurs, le fait que son nom fut prononcé par son meilleur ami le sorti de sa torpeur. Depuis quand Priscus lisait-il dans les pensées ? C’était nouveau ça. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres en l’entendant prononcer ces quelques mots. Le cadet de la famille Yaxley prétendait ne pas posséder la fibre politicienne de la famille Yaxley pourtant ses réflexions et ses paroles le démentaient totalement.

- Je dois me rendre à la Maison-Blanche demain, j’ai rendez-vous avec De Silva justement, je lui en toucherais deux mots également. Je ne manquerais pas de lui parler de l’inactivité du Gouvernement pour libérer votre père et de ses liens avec les Inquisiteurs. On ne peut pas se prétendre Indépendant quand on a épousé un Inquisiteur mort au combat.

Jewel De Silva. Il avait parfaitement fait ses classes dès qu’il avait reçu sa convocation. Il la connaissait déjà, car une femme comme elle dans le paysage politique de leur pays ne passait pas inaperçue, il lui était impossible d’ignorer qui elle était. Comme toute personne liée à des Inquisiteurs que ce soit de près ou de loin, il s’en méfiait car même s’il on prétendait le contraire, une personne ne peut pas vous séduire si vous ne partagez pas un minimum ses idées. Or elle avait été marié pendant quelques années à l’un d’entre eux et pas n’importe qui, le meilleur ami de Camila Barbosa. Camila Barbosa, dire que la fille avec qui il avait passé 3 nuits de rêve n’était autre que la Grande Inquisitrice en personne. Son véritable visage était tellement différent de ce qu’elle avait prétendu être. Son regard se posa sur Stevens. Comme Hères pouvait-il faire confiance à un ancien de l’Inquisition pour assurer sa protection ? Il est vrai qu’il était le mieux placé pour savoir comment contrer ses anciens compagnons mais n’était-ce pas un peu trop beau ? Etait-il vraiment digne de confiance ? C’est ce que semblait penser Hères en tout cas… Mais lui, était-il prêt à confier la vie de son meilleur ami et de sa mère de cœur à cet homme ?

Loin de toutes ces considérations, Cyrius écouta Priscus lancer son cri du cœur. Son père l’avait déçu, une fois de plus. Pourtant malgré toutes leurs divergences d’opinions, et les nombreux affrontements que le père et le fils avaient connus, Priscus n’en restait pas moins un fils qui tenait à son père et plus que la colère s'était l’inquiétude et la frustration qu’il laissait parler. Il y avait ce sentiment d’abandon et de déception que Cyrius pouvait parfaitement sentir émaner de son ami. Il avait envie d’être là pour Priscus, mais que dire en présence de sa famille ? Il n’y avait pas que Priscus qui devait se sentir abandonné, c’était un sentiment probablement commun aux trois Yaxley présent dans cette pièce. Lyra passa sa main sur son ventre rebondit sans dire un mot. Elle n’avait pas ouvert la bouche depuis le début de cette réunion, préférant garder pour elle le fond de ses pensées, mais elle ne devait pas en penser moins que ses fils. Peut-être était-il préférable qu’il les laisse en famille à présent qu’il leur avait dit tout ce qu’il savait.

- Je vais vous laisser, si j’en apprends plus je ne manquerai pas de vous en informer.  

Il salua Hères d’une poignée de main, embrassa Lyra qu’il affectionnait tout particulièrement avant de s’arrêter devant Priscus

- Tu sais où me trouver, murmura-t-il discrètement dans une tape amicale à son meilleur ami

Priscus savait que s’il voulait venir vociférer librement, parler ou boire tout simplement il serait là pour lui. Ce n’était pas pour rien si Liam et lui avait un double des clés de son appartement au même titre que sa sœur Vanessa. Ça porte leur serait toujours ouverte dans les bons comme dans les mauvais moments. Son regard se posa ensuite sur le nouveau chef de la sécurité mais sa méfiance et son ressentiment pour ce que cet homme avait été par le passé l’empêcha de le saluer

(Si vous avez des choses à lui dire vous pouvez le retenir, sinon il s’en va)