Les draps de Natalia Oldman étaient tout froissés et pour cause : son hôte se débattaient avec ceux ci, s'emmêlant encore plus, sortant un pied, essyant de sortir un bras.
Gémissant dans son sommeil, son front dégoulinant était plissé, de toute évidence d'effroi.
La panique était trop grande pour la tenir encore longtemps endormie.
Il était encore bien tôt, cinq heure trente du matin, mais l'officier n'avait pas trouvé rapidemment le sommeil. Comme toujours lorsqu'elle était seule.

Enfin, mais était-ce vraiment une délivrance ?, un sursaut plus violent que les précédents la réveilla. Elle se redressa brusquement, cherchant l'air qui lui manquait tant.

Elle venait de revivre son dernier combat dans l'armée inquisitoriale. Du moins, la dernière bataille où son rôle avait été plus grand que celui de la défense et de l'observation.
Ce soir là, il faisait très chaud. Natalia préférait toujours le froid pour se battre mais on ne choisit pas toujours son moment dans les guerres. Son long sabre aiguisé brandit, elle courait avec les autres, son bouclier anti-magie la protégeant des baguettes des sorciers.
Sur son passage, elle donnait le plus de coups possibles, sa lame fendant l'air dans un bruit que même le tumulte des cris d'un champ de bataille ne pouvait couvrir. Ou était-ce peut-être seulement parce qu'elle avait l'impression d'être née avec ce bruit rasssurant dans les oreilles...
Une chevelure noire au vent devint sa cible, parce qu'il venait de soulever un rocher pour le précipiter sur un de leurs soldats. Elle hurla, suffisement fort pour qu'il se retourne et voit son visage rageux alors qu'elle lui enfonçait son sabre dans le ventre.
C'était un gamin, d'à peine vingt ans.
Ses yeux noisettes, éclairés par la lumière d'un feu proche, devenirent vitreux tandis qu'il tendait veinement une main vers elle, tombant à genoux.
Hypnothisée, elle se rapprocha de sa victime et observa la vie quitter son corps.
Sans comprendre réellement pourquoi, elle s'effondra à ses côtés. Les siens devaient penser qu'elle venait d'être touché par un maléfice quelconque ayant percé son bouclier...
Mais ce n'était pas ça.
Le nez dans la terre arride et sèche, elle réalisa pourquoi une si vive douleur la clouait au sol. Le gamin avait le regard que son fils aurait pu avoir...
Et à présent, Cale et Julia la fixaient d'un air réprobateur. "Qu'est ce qu'ils t'ont fait Maman?" Leurs visages grandissaient tout en s'éloignant d'elle.
Inévitablement, Natalia se réveillait lorsque ses deux enfants murmuraient tristement "Mais qui es tu ?"

Comme à chaque fois en se réveillant, la jeune femme était secouée de sanglots. Perdue, respirant difficilement, une douleur suraigue l'a saisit brutalement, comme à chaque fois qu'elle ouvrait les yeux et se rappelait que ses enfants n'étaient plus de ce monde.

Septimus avait passé la nuit en compagnie de Natalia. Il profitait généralement de ses invites obligatoires dans la petites casernes autant de la ville pour passer ses soirées de libre avec l’officier instructeur Oldman. Parfois quand ils avaient une permission commune. Il restait toute la journée ensemble. Hopkins disait qu’il partait se ressourcer dans la nature ce qui était vrai dans la pensée. Maintenant, la vue d’un couché de soleil ne lui faisait plus aucun effet. Mais le sexe : cela avait encore des effets positifs sur son humeur. Un homme reste un homme.

Natalia était une femme de son âge, veuve par deux fois et rudement marqué par les épreuves de la vie. Ils se ressemblaient par bien des aspects. Ils n’avaient pas besoin de beaucoup parler pour se comprendre. Un simple regard ou un silence parlaient toujours plus que tout le reste. Ils se fréquentaient depuis maintenant presque six ans. Le temps filait tellement vite. Ils s’étaient rapprocher à peine trois mois après la mort de Cécilia. Septimus ne recherchait rien et Natalia non plus. Elle venait de perdre son deuxième époux. Il y avait juste le désir de retrouver un peu de tendresse et de chaleur humaine. La souffrance les avait rapproché et ensemble ils avaient surmonté le deuil. Au début Septimus se sentait coupable. Il avait l’impression de trahir la mémoire de son aimée. Mais il comprit rapidement qu’il n’aimait pas Natalia. Il voulait juste être avec elle.

Septimus s’était levé très tôt ce matin comme à son habitude. Natalia dormait encore. Il avait remué toute la nuit, perturbant le sommeil de son partenaire. Hopkins était dans la cuisine en train de se servir un café pour chasser sa mauvaise nuit. Il entendit alors les gémissement et l’agitation redoublée de sa compagne. Il se dirigea dans la chambre se doutant que Natalia se débattait comme un cauchemar.

Silencieux comme un char, Septimus entra dans la pièce et découvrit la jeune femme en sanglot. « Natalia… » murmura gentiment le lieutenant. Puis il marcha vers le lit et s’assit sur le bord avant d’attirer son amie comme lui. Il ne dit pas. Septimus n’était pas doué pour consoler les autres. Il savait juste être la…

Comme toujours, les bras de Septimus finirent par la calmer.
La douleur était encore présente, après tout, elle ne la quittait jamais, mais c'est seulement la nuit qu'elle devenait visible aux yeux de tous.
Calant sa respiration sur celle de l'homme qui la maintenait à flot, son coeur reprit une allure plus normale.
Elle ne s'excusa pas de ses pleurs en essuyant ses larmes et son nez qui coulait d'un revers de main. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Combien de fois avait-il été là pour calmer ses tremblements ? Septimus était le seul avec son frère et sa mère à l'avoir vu pleurer toujours autant la mort de l'homme de sa vie et de ses deux enfants.Pour Henry aussi le coup avait été rude. Elle ne l'aimait pas comme elle avait aimé Xavier mais... elle l'avait sincérèment aimé, d'un amour différent peut-être oui.
C'était certainement pour celà qu'elle se refusait tous sentiments envers le chef de l'armée.

Se retournant vers lui, elle lui fit un petit sourire pour le remercier. Au fond de ses yeux, elle vit leurs ébats de la veille et sentit une petite boule de chaleur au creux de son ventre.
Vivre n'était plus douloureux lorsqu'elle était dans les bras d'un homme. Vivre devenait même on ne peut plus agréable avec Septimus. Malheureusement le plaisir disparaissait bien trop vite tandis que les souvenirs revenaient l'accaparer.

-Tu sembles soucieux, remarqua t-elle en se détachant un peu de lui.

Ce n'était pas elle qui lui faisait froncer les sourcils car elle savait qu'il savait qu'elle n'irait jamais mieux. Il n'y avait pas à s'inquiéter de son état stationnaire, il fallait juste être présent et il l'avait compris mieux que personne.
Si Natalia voulait connaitre les tracas de Septimus c'était pour le soulager un peu de la solitude qui le pesait comme à elle, mais aussi pour chasser cette vision du dernier homme qu'elle avait tué.

Septimus attendait que sa compagne reprenne pied. Il n'avait que cela à faire : la soutenir et attendre. Bientôt; mes larmes cessèrent de couler le long des joues de Natalia et ses sanglots se firent de plus en plus silencieux. Le lieutenant finit par se détacher doucement du corps de sa compagne.

L'odeur de café envahit peu à peu la chambre. Dehors, il faisait encore nuit et la plupart des habitants de bâton-rouge étaient encore plongés dans un sommeil profond, au chaud dans leur lit, solidaires ou en couple.

Natalia finit par lever les yeux sur lui et le dévisagea. "Tu sembles soucieux" déclara son amante avec gravité . Septimus se contenta d'un maigre sourire et d'une vague réponse. "C'est juste la convention qui approche..." Il prit le menton de sa campagne et essuya les sillons humides qui manquaient les joues claires. Puis il se leva. "J'ai préparé le petit déjeuner et il y a du café." Sans attendre de réponse. Il se dirigea vers la cuisine où la table était déjà dressé. il y avait du pain frais et du café, du beurre et de la confiture.

Septimus se mit à table et entreprit de se faire une tartine à la confiture de fraise. il savait qu'il n'avait pas répondu honnêtement à la question de Natalia mais il lui fallait toujours un peu de temps pour se confier quand il était disposer à le faire. Après six ans d'une vie partagée, c'était bien sûr plus facile mais pas automatique, pas pour Septimus. Il but une gorgée de café et mordit dans le pain. machinalement il consulta sa montre. Il devrait quitter la demeure dans une vingtaine de minutes. Le lieutenant était un bourreau de travail. Il ne semblait vivre que pour cela...

La réponse de son amant ne la convainquit pas vraiment. Mais si Spetimus voulait parler, il parlerait de lui-même. Les questions avaient plutôt tendance à ce qu'il se renferme sur lui-même, comme une huitre.
Certes, la convention approchant à grand pas était un évènement capital et dangereux. Natalia ne faisait pas partie de la délégation inquisitoriale et c'était peut être mieux ainsi : la haine féroce qui la traverserait lorsqu'elle croiserait des Mages Fondateurs pourrait lui donner des envies de meurtres. Et ses envies lui donneraient inévitablement d'horribles remords.
Mais il n'y avait pas que ca qui taraudait Septimus. Alors qu'il essuyait doucement ses joues humides, elle décida d'entrer dans son jeu, espérant que le véritable tracas apparaitrait dans la suite de la conversation.
Il se leva et se dirigea vers la cuisine en l'informant qu'il avait déjà préparé le petit déjeuné. Il était encore tôt mais aucun d'eux ne dormaient jamais énormément. Et puis, elle avait apprit à apprécier ses petits moments à l'aurore avec lui. C'était tellement plus vivable en étant à deux.

-Je te l'ai déjà dis, mais si tu veux que je te décharge de la paperasse...

Parce que oui, les déplacements des membres les plus importants de leur groupe entrainaient une tonne de dossiers administratifs traitant des transports, des primes, de l'hotel, de la sécurité des membres et de la sécurité du staff de sécurité...

Elle prit une grande bouffée d'oxygène et se leva, enfilant son petit peignoire pour ne pas prendre froid.
Elle alla le rejoindre et s'assit en face de lui. Se servant un tasse de café, elle le regarda prendre une bouchée de sa tartine. Elle n'avait pas faim mais elle s'obligea à se prendre un morceau de pain qu'elle tartina elle aussi de confiture.
Lorsqu'il regarda sa montre elle sourit.
C'était un véritable bourreau de travail et c'est ce qui lui faisait apprécier d'autant plus sa présence. Son temps était précieux et il acceptait d'en passer un peu avec elle.

-Qu'est ce qu'il y a de prévu aujourd'hui ? Demanda t'elle en croquant sans enthousiasme dans sa tartine.

Elle, elle avait ses cours qui commencaient à neuf heures, elle avait du temps à tuer avant et était donc très sérieuse lorsqu'elle avait proposé son aide pour la paperasse. C'était mieux de s'occuper. Et puis, même si elle n'allait pas à Washington, elle aurait au moins l'impression d'avoir un peu son utilité ici.

Septimus termina sa tartine de pain et but sa tasse de café. Il n'avait pas vraiment faim non plus mais n'aimait pas rester le ventre vide quand une grosse journée l'attendait. Avec toutes les réunions, passages en revue et préparatifs, il n'était pas certain de trouver un instant pour se nourrir avec ce soir.

"Je dois passer à la caserne et assiste à quelques réunions" dit il calmement.

Et c'était sans compter sur les dossiers et rapports qu'il devait remplir pour l'administration. C'était bien ce qu'il détestait le plus dans ses responsabilités. Camila avait tenté de lui trouver un secrétaire pour l'aider de cette tâche mais aucun des candidats ne restait bien longtemps à ce poste. Soit Septimus finissait par les renvoyer, soit ces derniers demandaient leur mutation. Le lieutenant avait beaucoup de qualités mais il pouvait être très difficile à vivre au quotidien. Il haussa les épaules.

"je sais que tu ne demandes qu'à m'aider mais je n'ai pas envie que tu me quittes."

Sans prévenir, il prit la main de l'officier instructeur et la caressa du pouce. Septimus n'avait pas avare en gestes tendres tant qu'ils se faisaient dans l'intimité.
"Tu fais de plus en plus de cauchemars Natalia... Tous les fois ou je suis venu ces dernières semaines , je t'ai retrouvé tremblantes et en sueur dans ton lit."

Hopkins s'inquiétait pour sa compagne. il savait reconnaître des symptômes d'une dépression et Natalia les avait tous.

"Tu devrais peut être consulter..."

Septimus avait le pasteur pour gérer ses angoisses et interrogations. Le lieutenant ne savait pas comment après tants d'horreurs vécus, il était parvenu à conserver une certaine forme de foi. Ce fut Cécilia qui l'emmena pour la première fois dans une église. Elle était pratiquante depuis qu'elle avait fondé l'Inquisition. Apres sa mort, Septimus avait continué à assister à l'office dès que son emploi du temps le permettait. Il parlait aussi à Anthony de ses nombreuses interrogations. C'était cela sa thérapie.

Natalia sourit tendrement lorsqu'il lui avoua qu'il ne voulait pas qu'elle le quitte. Il est vrai qu'il ne gardait jamais bien longtemps une secrétaire.
Mais comment pourrait-il seulement imaginer ne plus l'avoir dans sa vie ? Il avait été là, toujours en retrait mais là tout de même. Il était sa bouée, son instinc de survie. Il se saisit de sa main et la caressa doucement avec son pouce.
Il était si doux avec elle et elle avait apprit à aimer ces petites intententions qu'il avait pour elle. Beaucoup serait surpris de voir sa tendresse. Mais Natalia s'estimait chanceuse que d'être habitué à ce tout autre homme.
Lorsqu'il lui fit part de ses inquiétudes, elle serra un peu sa main et la porta à ses lèvres tout en la faisant froler sa joue.
Cette main qui avait tué, ordonné des attaques, des massacres, mais aussi... qui savait comme personne les endroits secrets qui la faisaient frémir.

-Septimus, nous en avons déjà parlé.

Ho que oui. Pas assez souvent pour qu'elle ne le juge indélicat mais quelque fois néanmoins. C'était pourtant seulement la deuxième fois qu'il mentionnait qu'elle devrait consulter. La première était juste au début de leur relation où il devait avoir été surpris de la voir si brisée dans l'intimité.

-La douleur me permet de tenir.

Elle frissonna. Jamais elle ne se remettrait de ce crash d'avion. Et même, elle ne voulait pas s'en remettre.

-Elle est le témoin qu'ils étaient un jour plein de vie.

Elle ferma les yeux et déposa leur main sur la table, sans lâcher celle de son amant.
Si leur absence la détruisait, elle n'aurait pas accepter qu'il en soit autrement. Lorsqu'on perd ses parents on est orphelin. Si c'est son mari, on est veuf aussi douloureux que celà peut être. Mais lorsqu'on perd un enfant, il n'y a pas de mot car ce n'est simplement pas dans la logique des choses.

-Et puis, je t'ai toi. Et je n'ai même pas besoin de te payer, dit-elle en essayant de reprendre son sourire qui avait disparu lorsqu'elle avait mentionné sa famille.

Le regard de Septimus se perdit dans le vague. Il ouvrit lentement la bouche et répliqua :

"Quand je pense à Cécilia ou à Charlotte, ce que j'ai vécu avec elles, je ne ressens aucune douleur. (Septimus reporta son attention sur sa compagne) Tu as le droit d'être triste, de trouver leur disparition injuste -elle l'est - Tu peux trouver des difficultés à faire ton deuil et vouloir les venger - Ils méritent d'être venger. (Septimus marqua une pause. Sa main libre rejoignit celle ou était déjà enformée les doigts fins de Natalia) Mais tu ne dois pas transformer leur souvenir en douleur, Natalia, ni en cauchemar. Pense à eux de leur vivant et non de leur mort. Alors ils ne seront plus une blessure mais un baume sur ton quotidien..."

Le silence s'installa dans la demeure à peine perturber par les bruits de la ville qui sortait doucement de sa torpeur.

Une mélodie retentit dans l'oreille droite de Septimus. Elle provenait de l'écouteur lié au téléphone portable du lieutenant et ne pouvait être entendu que par lui. Septimus leva la main et prit l'appel en tapotant doucement sur l'oreillette.

Hopkins ? (Une voix presque inaudible pour Natalia se fit entendre dans l'écouteur) Ou ça ? J'arrive.

Septimus décrocha et se tourna vers son amante.

- Ils ont retrouvé Anthony Costa ou du moins ce qu'il en reste dans le désert... Son corps porte des marques évidentes de torture."

L'officier Costa était une vieille connaissance de Natalia et Septimus. Il était entré dans l'Inquisition la même année que la compagne du Lieutenant. Ce fut en son temps un excellent soldat mais comme beaucoup de ses camarades, il trimballait un lourd passé, une vie détruite par les sorciers. Il avait rejoint l'armée inquisitoriale dans l'espoir de venger les siens. Mais les événements n'allaient pas assez vite pour Costa et il avait fini par envisager de faire cavalier seul. Septimus avait tenté de le dissuader mais un matin, les officiers annoncèrent sa disparition. Hopkins avait renoncé à poursuivre Costa pour désertion. Anthony ne les avait pas quitté pour les trahir...

"Je dois aller sur place..."

Il se servit un nouveau café et le but en quelques gorgées.

"Je rentrerai tard mais j'ai envie de passer une nouvelle nuit avec toi si tu veux bien."

Natalia observa son compagnon se perdre dans ses souvenirs. Seul lui, et lui seul avait le droit de lui dire des choses comme ça. Si d'autres s'y seraient risqué, elle aurait piquer une colère aussi subitement que la foudre tombant devant une maison.
Il avait le droit parce qu'il avait souffert lui aussi. Comme elle, il avait perdu par deux fois les femmes qu'il aimait. Y'a de quoi traumatiser n'importe qui et tout deux le savaient mieux que personne.
Elle frissona lorsqu'il joignit ses deux mains sur la sienne.

-Le problème, c'est que je n'y arrive simplement pas. On me dit que je ne fais aucun effort. Mais tu sais combien j'en fais pour seulement rester active socialement.

C'était vrai, il aurait été tellement plus facile de rester chez soi, dans son lit à regarder un vieux film. Mais chaque matin, elle se levait, s'apprêtait et se mettait son masque de dureté qui devait être le sien pour être un si bon instructeur.
Sa voix ne fut plus qu'un murmure lorsqu'elle continua.

-Les rires de Cale ou Julia...Leurs bêtises. Je peux encore en sourire mais...directement vint cette vérité sourde.

Elle lui serra doucement la main, le coeur battant d'avoir pronnoncer le nom de ses enfants disparus.

-Je t'admire tu sais.

Elle n'avait aucune idée de comment il parvenait à faire celà.
Septimus leva la main et répondit soudainement à un appel. Il avait ce nouveau système qui permettait au seul utilisateur d'entendre la sonnerie.
Patiemment, Natalia l'écouta, sachant qu'à l'heure qu'il était, celà ne devait pas être une mauvaise nouvelle.

En raccrochant, son amant lui apprit effectivement le décès d'un ancien officier, ami de longue date d'Henry, son deuxième mari.
Sa mort ne fut pas un choc pour elle car ce dernier avait décidé depuis quelque temps de faire cavalier seul et Natalia avait dès ce moment, fait son deuil. C'était une pure folie par les temps qui couraient... De toute façon, la douleur de la perte de sa famille était bien trop grande que pour que quelque chose d'autre ne la touche véritablement.

-C'était un excellent soldat et un ami fidèle, murmura t'elle à mi voix. Je regrette sincérement sa mort.

Le pire c'était les traces de tortures...Les sorciers avaient une sacré réputation de personnes plus cruelles les unes que les autres. Les Inquisiteurs rendaient bien leur pareil mais c'était eux qui avait comméncé...Ou pas.

Elle le regarda se servir une deuxième tasse de café, précisant inutilement qu'il devait se rendre sur les lieux. Pour toute réponse à sa demande, elle se leva et s'installa sur ses genoux en passant tendrement une main dans ses cheveux.
Septimus n'était pas si dur qu'il ne le laissait croire et la mort d'un soldat ayant servit sous ses ordres restait toujours quelque chose de personnel pour lui.

-Je t'attenderai.

Puis elle lui embrassa doucement les lèvres, sa main sur sa joue.

-Fais attention à toi.

Tous les deux savaient ce que valait une vie. Et tous les deux étaient bien conscient de la fragilité de celle-ci. Si quelque chose devait lui arriver...Elle irait probablement suivre les traces de ce pauvre Costa. Elle lui fit un petit sourire et se releva en se dirigeant vers la salle de bain.
Parfois il venait la rejoindre, d'autre fois, elle retrouvait la cuisine vide.
Il ne faut pas s'attacher aux gens, c'est peut-être pour ca que tous les deux évitaient souvent les scènes des au revoirs.

La journée fut longue comme celle d' hier et d'avant hier. En fait Septimus n'avait pas le souvenirs d'avoir eu une quelconque journée de travail inférieur à quinze heures de boulot depuis presque deux ans.

Lorsqu'il arriva chez Natalia, il était vingt trois heure passée. Il ouvrit la porte en se servant du passe électronique que la jeune femme lui avait confiait quelques mois après le début de leur relation. Hopkins ne lui avait pas donné le sien car ils ne voyaient jamais dans les quartiers du lieutenant. C'était bien trop risqué.

La lumière de l'appartement était tamisée et l'holiovision dégageait une lumière douce et bleutée sur le salon. Septimus referma la porte d'entrée et s'avança dans la pièce principale. Il trouva rapidement Natalia, en chemise de nuit endormie sur le canapé. Hopkins contenta un instant le visage paisible de sa compagne. Il regarda la poitrine féminine se soulevait et s'abaissa au rythme de la respiration calme. Natalia émettait un léger ronflement à chaque inspiration. Septimus sourit et s'assit sur le rebord du sofa. Il défit en silence son ceinturon et retira ses bottes renforcées. Il se débarrassa du reste de ses vêtements pour ne conserver que son boxer noir. En prenant soin de ne pas être trop brutal, il s'allongea à côté du corps assoupi. Le canapé était profond si bien qu'ils parvenaient à y tenir tous les deux, en se collant étroitement l'un contre l'autre. Hopkins s'installa confortablement et encercla Natalia de ses bras pour la maintenir contre lui. Ainsi, il avait le nez enfoui dans la tignasse blonde et pouvait humer l'odeur de shampooing qui s'en dégager.

Puis la bouche du lieutenant trouva son chemin vers la gorge et la nuque de Natalia. Chaque baiser était tendre et douce, calculé pour ne pas le tirer trop vite de son sommeil. Malgré le journée épuisante qu'il venait de passer, Septimus sentait monter en lui un désir terrible pour le corps de cette femme assoupie. Les mains du lieutenant entreprirent de caresser Natalia, d'abord au dessus puis en dessous de la chemise de nuit. Hopkins faisait preuve d'une incroyable délicatesse. Mais rapidement, il n'y tint plus. Et après s'être débarrasser de son boxer, Septimus souleva doucement l'une des jambes de Natalia. Il écarta le bout de tissu satiné qui faisait barrage à son objectif. Puis lentement, sans accru, il s'insinua en elle...

A cet instant; il ne put retenir un râle de satisfaction. Il embrassa tendrement sa compagne alors qu'il bougeait en elle, conscient qu'elle n'allait pas tardé à se réveiller.

Ce n'était pas la première fois qu'il prenait possession du corps de Natalia assoupi. Mais il ne pouvait résister à cette vision paisible et angélique qu'elle offrait quand elle était plongée dans la torpeur. C'était un moment de paix qu'il ne pouvait que saisir. Mais s'il se montrait bien sûr des plus tendres dans ces moments pour ne pas blesser sa compagne, Septimus avait parfois un peu honte de ce comportement car elle le rapprochait de Charles Hopkins. Avant d'être jeté dehors, il avait assisté à une scène terrible malgré lui, une nuit dans la demeure familiale ou il ne trouvait pas le sommeil. Il avait aperçu son père quittait la suite parentale pour se diriger vers la chambre d'une de ses jeunes sœurs Katerine. Septimus avait suivi Charles curieux de savoir ce qu'il tramait. Ce que le jeune homme qu'il était avait vu dans l'entre bâillement de la porte lui avait donné la nausée. Il avait tourné les talons et s'était enfui. Il avait vomi tout le contenu de son estomac dans les toilettes et n'avait pris la décision de ne plus jamais quitter sa chambre la nuit désormais. Merlin, Katerine n'était encore qu'une gamine.

Natalia était rentrée vers vingt heures chez elle, son dernier cours se terminant à 19h30.
La journée s'était plutôt bien déroulée. La jeune recrue Thomas avait pulvérisé un record ce qui la rendait toujours très fière. Le jeune homme de dix-sept ans seulement avait été accepté dans les rangs de l'armée inquisitoriale pour ses talents de combats exceptionnels. A vrai dire, il fallait encore l'aider à maitriser la technique car il manquait de finesse. Mais aujourd'hui il avait progressé comme jamais, la hargne dans son regard.

Pour une fois, elle avait faim en franchissant le seuil de sa porte et décida de se commander un chinois.
Elle se prit un bon bouquin en entamant son repas mais s'endormit plutôt vite, épuisée par sa nuit de cauchemars et sa journée de travail.

Son sommeil était sans rêves.
Ce qui la réveilla ne fut donc pas de terribles images. Ce fut un orgasme.
Le plaisir intense la tira des bras de Morphée. Un corps chaud était allongé le long du sien et elle ne du pas ouvrir les yeux pour comprendre qui était en train de se mouvoir en elle.
Lachant un grognement de plaisir, elle répondit aux baisers de son amant, se retournant sur le dos pour avoir une position plus agréable.
Ce n'était pas la première fois que Septimus la réveillait de la sorte. Si pour beaucoup celà pouvait pararitre bien pervers que de commencer à faire l'amour sur une personne endormie, Natalia devait admettre qu'elle aimait ca.
Elle avait connu bien des choses dans ce domaine mais c'était lui qui lui avait fait expérimenter la chose.
Glissant sa main sur le dos de son amant, elle lui griffa la peau tout en se cabrant.
Elle ne savait où il trouvait l'énergie nécessaire après ses longues journées et pourtant en la voyant à présent éveiller, il accéléra la cadence.
Etouffant ses cris par ses baisers, Natalia encercla sa tête de son bras, la poussant vers la sienne malgré leur proximité déjà évidente. Elle avait besoin de le sentir encore plus près, c'est ce qu'elle aimait le plus dans le sex : deux corps se touchant.
Encerclant dès lors sa taille avec ses jambe, elle fut satisfaite de le sentir entrer encore plus profondément en elle.

Lorsqu'ils eurent fini, elle maintint sa tête sous son bras, la serrant contre ses seins, reprenant petit à petit son souffle.
Doucement, elle relacha son étreinte et fit des petits ronds du doigt sur ses fesses fermes. Ha qu'est ce qu'elle aimait son derrière musclé... Elle ne se lassait jamais de le caresser.

-Bonne journée ? Mumura t'elle sensuellement en se glissant sur le côté pour lui faire face, tout en gardant sa main sur son fessier.

Le sexe était le meilleur antidépresseur connu aux yeux de Septimus. La jouissance lui procurait une profonde satisfaction et il ne sentait toujours plus apaisé après avoir fait l’amour. Natalia finit par se réveiller et rapidement leur ébat montrèrent en intensité. Elle lui griffa le dos alors qu’il s’enfonça en elle avec force. Ils étaient toujours plus proche, toujours plus encastrés l’un dans l’autre, jusqu’à ne plus faire qu’un.

La délivrance vint encore et Septimus se laissa aller contre le corps de sa compagne. Confortablement installé entre les seins de Natalia, il se remémorait sa journée de travail. Il sourit tristement à la question de son amie. «Longue journée. corrigea t-il. J’ai identifié le corps dans le désert. C’était bien Costa... s’il n’avait pas eu ce tatouage sur le poitrine, je ne l’aurais pas reconnu...»

Septimus se revoyait marchant dans le désert, vers la forme blanche étendue au milieu du sable. Les soldats avait recouvert le cadavre d’une bâche blanche qui renvoyait les rayons du soleil. Elle brillait comme un étrange spectre rampant ou une larve luisante.

Le lieutenant souleva la tenture et découvrit ce qu’il restait de Costa. Il avait l’habitude des cadavres. Il avait passé des heures dans les tranchées de Boston avec pour seul compagnie les macabés et les rats. La vue de la mort n’était rien comparée à l’odeur. Anthony était resté assez longtemps sous le soleil pour que son corps commence à gonfler...

Septimus chassa cette pensée et caressa les cheveux de sa compagne. «j’ai faim... ce te dérange si je commande un chinois ?» Hopkins ne connaissait qu’un seul type de restaurant capable de reste ouvert toute la nuit. Ce n’était pas qu’il raffolait de la cuisine asiatique mais il n’avait pas envie de faire la cuisine ou de déranger Natalia.

Natalia se mordit la lèvre, confuse.
Après avoir été réveillée de façon si intense, elle avait oublié le sort de ce pauvre Costa.  En apprenant que sans son tatouage, Septimus ne l'aurait pas reconnu, elle grimaca. Celà avait du être horrible pour lui. Perdre un homme était plus dur qu'on ne pouvait le penser, même si ce dernier n'était plus dans vos rangs.

-Je suis désolée, je...j'avais oubliée, murmura t'elle en caressant tendrement le corps de son amant.

Costa avait été un redoutable soldat, tellement semblable à Henry. C'est d'ailleurs depuis la mort de ce dernier qu'il avait un peu disjoncté. Les deux hommes étaient amis de longue date et Costa n'en s'atait jamais complètement remit de sa mort.
Au fond, son écart que la justice appelait désertation, Natalia le comprenait si bien. La haine pouvait revenir brusquement quand on perdait si injustement un proche. Elle s'insinuait en vous silencieusement, toujours insoutenable mais également, toujours présente. Et puis un jour, elle vous pétait à la figure et vous n'aviez plus qu'une idée fixe : tuer, tuer pour les venger. Oui, Natalia avait connu tout ca. Elle avait juste eu plus de chance que Costa qui s'était fait capturer. Certainement parce qu'elle avait encore des gens pour veiller sur elle : sa mère. Son frère. Et Septimus bien sûr.
Ils étaient le peu de structure qui maintenait sa vie de complètement s'éffondrer.

-Est-ce qu'il avait de la famille ? Demanda t'elle, se souvenant d'un homme coureur de jupons.

Elle pensa à sa pauvre mère, eput-être encore vivant. Costa était toujours en âge d'en avoir une. Le coeur de Natalia se serra. Perdre un enfant...Il n'y avait pas de mot pour y faire face.
Elle se remémora de ces images en direct des crashs d'avion et puis ce coup de fil terrible d'une quelconque autorité...

Son amant lui demanda s'il pouvait commander un chinois ce qui la fit ramener au présent et lui arracha un sourire.
Elle aimait tant ne pas être seule. A deux on ne pouvait ruminer sa peine, il fallait toujours continuer à avancer.

-Bien sur que non. Je m'en suis prit un il y a quelques heures, je te conseille le numéro 22. Sinon, il me reste une sauce bolognèse au congel, il me suffit de la faire réchauffer.

Elle avait dit celà sur un ton léger car elle savait qu'il ne voulait pas s'imposer pour elle. Et si elle savait qu'il n'était pas si fan que ca du chinois, elle savait aussi qu'il rafolait de sa fameuse sauce...