La réaction de Cyrius envers ma réponse complètement clichée et typique à en mourir ne se fit pas attendre. Bien sûr, il mesurait ses propos, mais cela montrait parfaitement qu'il n'avait bien sûr pas cru un seul mot sur ce que je venais de dire. De toutes manières, l'un comme l'autre, tout le long de l'entretien, nous ne faisions que jouer à sembler le plus honnête possible ; il mentait probablement un peu moins que moi, car on pouvait voir assez clairement ce qu'il pensait réellement – alors que je doute que le contraire soit vrai. Quoique je dise, il sera toujours convaincu de ma culpabilité, le laissant paraître de temps en temps ; entre autres, avec ce qu'il venait de me dire. Bien sûr, dire que l'on ferait telle ou telle chose ne voulait pas forcément dire que ce serait ce que l'on ferait si l'on faisait face à la situation. Il n'y avait rien de spécial à en dire de ma part, je me contentais donc d'un haussement d'épaules.

Tout simplement, parce qu'il n'avait pas tort. Il était véritablement intelligent et c'était pour cela qu'il allait falloir que je fasse tout mon possible pour l'éliminer ; pas littéralement, bien sûr. Mais, je devrais me montrer encore plus tactique qu'aujourd'hui pour lui donner tort, et ça n'allait pas être une chose facile, contrairement à d'autres. D'autres, qui, après m'avoir rencontré plusieurs fois, s'étaient mis à douter. Je savais que Fernandes n'était pas si aveugle mais à vrai dire, autant j'avais été plutôt irrité par ce fait avant même de le rencontrer, je m'étais mis à trouver cela véritablement intéressant au fil de notre discussion.

Lorsqu'il se mit à me poser des questions sur le fait que je me rappelais de l'affaire sur la première victime de la Goutte du Diable, je me redressais légèrement, réalisant que j'avais partiellement commis une erreur ; partiellement, parce que, bien que cela pouvait paraître comme des questions auxquelles je pouvais difficilement répondre sans m'enfoncer un peu plus, ce n'était en fait pas si mauvais que ça paraissait.

« J'agis ainsi lorsque les circonstances le justifient. Mais, disons que, lorsque les journalistes aiment bien lier cet événement en pensant que c'est une des raisons de ma culpabilité, oui, je ne peux que m'en rappeler. »

Je ne répondais rien de plus, tout simplement parce que de toutes manières, que j'ai répondu à cette question ou non n'aurait rien changé. J'avais presque le même air de défi qu'il arborait, tout simplement parce que je savais que cela ne lui suffirait jamais pour trouver ne serait-ce qu'une véritable piste pour me démasquer. Un simple fait comme celui-ci n'était pas un bon début pour essayer de trouver quoi que ce soit ; je ne pensais d'ailleurs pas que c'était pour ça qu'il avait commencer à s'intéresser à mon cas. Il avait probablement une meilleure raison, que j'aurais aimé connaître, même si je n'allais en fait jamais la connaître.

Me levant à mon tour je serrais la main qu'il me tendait ; que de faux-semblants, cachés par de la simple politesse... Je souriais légèrement à la question qu'il me posait. Si je refusais, il n'allait que penser encore plus que je n'étais pas innocent. Tandis que, l'amener à visiter les locaux de l'entreprise pourrait se révéler être bien plus intéressant, et un challenge que j'étais prêt à relever.

« Ce fut un honneur de vous rencontrer », j'avais maintenant un ton tellement lisse et poli que cela changeait presque complètement du ton que j'avais employé auparavant « et bien sûr, j'accepte votre demande, je vous recontacterais lorsque j'aurais le temps de vous montrer tout cela... Et en fonction de vos propres disponibilités également. Au plaisir de vous y voir. »

Sur ces paroles, je quittais son bureau, me disant que notre prochaine rencontre allait probablement être encore plus intéressante que celle qui venait de se passer.

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