Les journées et les soirées se ressemblaient toutes depuis quelques temps. Depuis que notre reine avait été enlevée, je sentais la famille royale désuni et peut être même en crise. Je faisais confiance à Regina, Jaroslav et Ilaria pour régler leur problème mais je ne pensais pas avoir aidé à calmer les tensions. Si la princesse habituellement se confiait à moi, là j'avais tout gâcher. Elle ne me parlait plus depuis qu'elle avait très bien capté que je voulais tuer son copain ou je ne sais pas quoi. Enfin ça passerait. Laissons le temps au temps comme on le dit si bien. Du coup je n'avais plus vraiment de nouvelles du manoir depuis une semaine. De plus Camille n'était pas trop présent à la maison. Bon il me demandait des choses étranges par sms mais ça c'était une histoire autre.

Ce soir là je ne travaillais pas à l'hôpital. J'avais fait plusieurs jours de garde et je devais me reposer. Enfin, disons que je ne pouvais pas sur mon contrat travailler plus de cinq jours d'affilé. Donc ce soir là je ne me travaillais pas mais j'avais décidé d'aller voir Darya. Je passais la voir tous les jours mais cette nuit là je voulais la passer avec elle. J'avais trouvé Darya dans un état déplorable après sa transformation et maintenant j'avais à cœur de l'aider. Elle n'était pas mon infant mais c'était tout comme. Je ne voulais pas qu'elle reste seule et comme je ne pouvais pas compter sur mon petit garnement pour m'aider. Du coup je préparais un panier avec plein de poches de sang dedans puis quand la nuit me le permit, je sortais de mon appartement pour me rendre chez Darya. J'avais une clé de chez elle mais comme à chaque fois que j'allais la voir je toquais trois fois à sa porte. J'ouvrais ensuite la porte et je pénétrais dans l'appartement.

« Bonsoir Darya. »

Je fermais la porte de son appartement et je m'avançais. La nuit était tombée mais visiblement Darya n'avait pas encore ouvert ses volets. Il ne fallait pas qu'elle reste enfermée dans son appartement surtout la nuit. Je savais qu'elle avait peur de faire du mal aux autres et je me demandais bien encore quel genre de monstre pouvait transformer quelqu'un à notre époque. Je lui souriais avant de lui tendre des poches de sang.

« Tiens. »

Je me faisais un point d'honneur à ce qu'elle n'ait jamais faim. La faim était quelque chose d'horrible pour nous mais je savais que quand elle était contrôlée on pouvait plus réfléchir. Je la regardais manger avant de jeter un coup d'oeil à l'appartement. S'il n'y avait pas eu Camille à la maison, je lui aurais dit de venir vivre chez moi immédiatement. Je n'aurais pas trouvé cet appartement juste au-dessus du mien. Je me sentais un peu idiot de ne pouvoir l'aider plus. M'asseyant à ses côtés je l'observais. Elle avait toujours les traits tendus.

« Comment te sens-tu aujourd'hui ? »

Je savais que c'était une question étrange pour un vampire mais elle apprendrait avec le temps que je ne posais pas ce genre de question juste pour parler. Je ne parlais jamais pour rien dire. Je tenais vraiment à l'aider plus qu'elle ne pourrait jamais le penser. J'avais vécu ce qu'elle vivait actuellement et sans Lucy je n'aurais jamais pu m'en sortir et pourtant j'étais là debout et je m'en sortais plutôt bien. De plus elle verrait qu'avec le temps on oublie ce qu'il y a de mauvais dans notre vie. Mais ce soir là j'espérais pouvoir aider Darya. Je voulais qu'elle puisse s'entrainer et qu'elle ne perde pas la main alors j'allais être son cobaye.

« J'ai une chose pour toi. »

Je sortais de ma sacoche un kit de suture complet. C'était une chose qui nous rapprochait tous les deux : la médecine. J'espérais qu'un jour elle puisse travailler avec moi à l'hôpital mais il faudrait pour cela attendre de nombreuses années, qu'elle puisse contrôler sa soif. Je me demandais si elle y arriverait. J'avais moi même mis du temps avant de trouver une voie dans laquelle je me sentais bien. Au début de ma vite vampirique j'étais assoiffé de sang et le champ de bataille avait pu m'aider à calmer mes pulsions meurtrières mais pour le moment il n'y avait pas de guerre – pourvue que cela dure ! - et je me devais de trouver un moyen de l'aider.

« Veux-tu t'entrainer à faire des sutures ? »

J'attendais qu'elle me donne son aval puis je me penchais pour sortir un scalpel de ma sacoche. Je souriais à Darya avant de relever ma manche et de faire une plaie dans mon bras. Le sang vampirique n'a pas la même odeur que le sang humain et du coup il est « à mon nez » mon fort et moins appelant. Je lui tendais mon bras pour qu'elle puisse me faire des points de suture.

J’avais fait la nuit dernière des recherches sur les vampires. C’était une lubie du moment, au delà de toutes les questions que je pouvais poser à Richard, j’avais besoin de savoir, de comprendre comment des êtres comme cela ont pu durer dans le temps, pourquoi ils n’ont pas été chasser dés que les humains en avaient l’occasion. Pourquoi nous n’en avions pas entendu parler avant les changements survenus. J’étais une paria, pas pour les autres quoique apparemment les choses évoluaient mais je devais rester chez moi toute la journée attendant que le soleil se couche. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’aimais voir un levé de soleil, jusqu’à en être privé. J’y avais pensé que dernièrement parce que je sentais une étape de plus. J’apprenais à contrôler ma soif et mes pulsions, j’étais un monstre, je vivais grâce au sang d’humain et pourtant j’évoluais… Les années ne filtraient plus sur moi et j’arrivais à voir une évolution. Quelle ironie ?

Assise dans le noir, j’attends. Je suis réveillée depuis quelques heures et je fixe en face de moi le tableau alors que je suis obnubilé par le son qui m’entoure. Assourdissant et tentateur. Je résiste, encore une fois j’en ai assez de résister. Je résiste tout le temps. Pour ma faim, pour mes pulsions, pour mon avenir, pour mes envies, pour mes besoins, pour ma fille… Ma fille. Les souvenirs ne sont pas les mêmes j’ai besoin de la voir, j’ai besoin. Mais je ne sais pas si je pourrais rester calme, si je n’aurai pas envie de la tuer. En réalité, les vampires sont des créatures sans logiques, je devrais me laisser submerger par la facilité de ma condition et tuer sans relâche. Richard me sort de mes songes, lorsqu’il apparaît près de moi. J’ai envie de lui sauter à la gorge, pas lui… Non, à la vue des poches qu’il a dans les mains. J’ai besoin de me nourrir, mais je dois contrôler cette envie. En réalité, rien ne m’interdit de me nourrir comme une mal propre. Seul Richard en sera le témoin, Richard qui a vu le pire de moi. Je prenais la première poche avant de la boire enfin. Le sang était chaud et délicieux, il coule dans mon corps rapidement et je sens la frénésie me prendre, j’en veux toujours plus.

Mon esprit s’étire et le besoin de sang est moins, envahissant. En apparence je suppose. Je l’observe enfin, il s’inquiète pour moi, je ne comprendrais jamais assez pourquoi.

« Comme la dernière fois. »

Aucun changement, pas la peine de lui dire ce que j’ai fait, ni pourquoi. Il n’a pas besoin de savoir, je ne veux pas qu’il m’en empêche. Ma vengeance n’appartient qu’à moi, il n’a pas besoin d’en savoir. Je regarde sa sacoche et je ressens une certaine satisfaction à l’idée de retoucher des bistouris et autres outils pour soigner, mais j’ai un mouvement de recul. Je vais devoir résister encore, encore. Et je suis lasse de ça. Je savais que j’étais incapable de soigner quelqu’un, j’aurai trop vite fait de le tuer sur le champ, soulageant ses souffrances, mais lui otant la vie. Je fais un mouvement de la tête, résignée, avant de le regarder faire. L’odeur arrive à mon nez, moins tentatrice que celle de la poche que je viens de vider, mais réellement. Je regarde le sens, cherchant à puiser dans je ne sais quoi. Je n’arriverai jamais à être comme lui, certes il a bien trop d’année derrière lui, mais il est bien plus sage que je ne le suis. Je fermais les yeux, okay… Je prenais le fils ainsi que l’aiguille. Je me concentrais sur l’action avant d’approcher mon aiguille vers son bras. Piquer, retirer, faire le point, recommencer. Je me répétais les mots.

« Tu perds ton temps avec moi Richard. »

Je relevais la tête vers lui, afin de croiser la lueur de surprise dans son regard.

« Tu souhaites je ne sais quoi avec moi, mais nous savons tous les deux, que je n’y arriverais pas. J’ai envie de te vider de ton sang et toutes les personnes se trouvant dans le kilomètre environnant. Honnêtement je ne réussirait jamais à redevenir… ça. »

Je montrais mes mains alors que je tâchais de me concentrer sur la discussion plus que sur le sens sur mes mains. Son sang, l’odeur du sang…

« Tu n’as vraiment rien d’autre à faire ? »

L'appartement était dans la pénombre et rien n'avait jamais bougé par rapport à la dernière fois. Il n'y avait pas d'âme dans cet appartement et ça me peinait un peu.

« Comme la dernière fois. »

Je me doutais que tout n'irait pas bien d'un coup mais j'avais quand même espérait un peu de positif. Je me demandais alors si mon idée était une bonne chose. Peut être que je voulais brûler des étapes trop rapidement avec elle et pourtant je me sentais dans mon droit.

« Tu perds ton temps avec moi Richard. »

Mon regard croisa le sien.

« Je ne suis pas d'accord. »

Elle n'arriverait jamais à me détourner de mon objectif avec elle. J'avais vraiment besoin de l'aider. Peut être que j'étais trop altruiste pour un vampire mais avec le temps les sentiments et l'humanité reviennent. Je ne pouvais pas la laisser sombrer dans la folie. La folie mène à faire des choses qu'on ne veut pas notamment abandonner les siens comme Lucie l'avait fait pour moi.

« Tu souhaites je ne sais quoi avec moi, mais nous savons tous les deux, que je n’y arriverais pas. J’ai envie de te vider de ton sang et toutes les personnes se trouvant dans le kilomètre environnant. Honnêtement je ne réussirait jamais à redevenir… ça. »

Je souriais. J'avais pensé moi aussi pendant de nombreuses années que je n'y arriverais pas et pourtant au pire de milliers et milliers d'effort j'avais réussi alors je faisais confiance au temps pour avoir le même effet sur la toute jeune vampire.

« Avec le temps la soif s'apaise et tu pourras devenir ce que tu veux. Tu ne m'as jamais questionné sur mon passé mais il y a des choses dont je ne suis pas fier mais à force d'avoir été un guerrier ou un héros, je me suis rendu compte que le monde n'a pas besoin du soldat ou du sauveur, ce monde a besoin de docteur et c'est ce que tu es au fond de toi. Tu es une soigneuse et ça reviendra avec le temps. Avec ta permission je t'aiderais. »

Je ne pouvais que lui proposer cela. Je n'avais pas d'autre chose à lui offrir. Je ne pouvais pas faire le travail à sa place mais je pouvais l'accompagner dans cette démarche.

« Tu n’as vraiment rien d’autre à faire ? »

Un léger sourire apparut sur mes lèvres alors que je l'observais toujours faire les mouvements qui permettraient de réparer ma peau.

« Darya... Je ne suis là que pour t'aider mais si ma présence te dérange je peux te laisser pour ce soir. »

J'insistais sur le « pour ce soir » parce que je ne voulais surtout pas qu'elle pense que je la laisserai tomber. Je ne pouvais plus me détacher d'elle. Certes je ne voulais pas la brusquer mais elle devrait apprendre à composer avec ma présence à ses côtés. Je n'étais pas non plus son créateur mais je prenais à cœur de l'aider et de la conseiller du mieux que je pouvais.

« Mais je reviendrais demain parce que je t'aiderais. C'est encore trop récent pour toi mais tu apprendras avec le temps. Tu verras ce que je vois en Camille, en toi et en les autres vampires. »

Il n'y avait pas que des monstres sanguinaires en eux. Il y avait aussi des gens profondément humain même si l'humanité semblait les avoir quittés. Camille par exemple restait un enfant malgré tout. Il avait oui des côtés sanguinaires mais depuis que je le côtoyais j'avais pu voir une évolution du petit bonhomme. Il tendait vers le « bien » même s'il pouvait se montrer totalement cruel. Malgré tout je voyais du bon en lui tout comme j'en voyais dans notre roi ou tout autre vampire que je croisais. Et j'en voyais énormément en Darya. Je ne pouvais donc pas la laisser tomber loin de là.

« Tes points sont réussis mais tu dois être plus précise. Recommençons. »

Je prenais à nouveau le scalpel et je me faisais une entaille dans l'avant-bras avant de lui tendre à nouveau le bras. J'étais certain qu'elle allait y arriver. J'avais une totale confiance en elle.

Broyer du noir c’était quelque chose de récurent à croire que je pouvais ressentir les émotions humaines milles fois plus puissamment ou au contraire, ne plus rien ressentir, et arracher la tête du premier venu. Alors j’imagine que c’était ce qui m’était attendu. Vivre de cette manière. Je ne montrais pas agréable avec Richard, il en avait l’habitude. Voir mes sautes d’humeur, les contrôler et m’aider. Sans lui je ne serais plus rien, je lui dois tout mais parfois c’est pesant, de devoir tout à un être et n’apporter rien à ce dernier. Je ne lui donne aucune satisfaction même pas celle d’une femme à un homme. Piètre personne.

« Je ne suis pas d’accord. »

Le contraire m’aurait étonné. Richard n’était pas le genre de personne à fermer les yeux encore moins à écouter les autres lorsqu’il savait sa parole juste. Je ne sais si la mienne était juste, je constatais juste qu’il perdait de son temps quand il pouvait converser avec d’autres. Mon moral était sérieusement atteins, j’en étais consciente, en tout cas je le devinais mais j’étais lucide quand à l’avenir. Une fois ma vengeance faite, si ma fille ne voulait plus m’adresser la parole, je savais comment tout cela allait se terminer. Mais Richard ne devait pas le savoir.

« Avec le temps, la soif s’apaise et tu pourras devenir ce que tu veux. Tu ne m’as jamais questionné sur mon passé mais il y a des choses dont je ne suis pas fier mais à force d’avoir été un guerrier ou un héros, je me suis rendu compte que le monde n’a pas besoin du soldat ou du sauveur, ce monde a besoin de docteur et c’est ce que tu es au fond de toi. Tu es une soigneuse et ça reviendra avec le temps. Avec ta permission je t’aiderai. »

Je voudrais tellement le croire, il semble si sur de lui. Je l’observe silencieusement, pourquoi fait-il tout ça ?

« Cela semble si facile dans ta bouche. Tu as des siècles derrière toi, je n’ai qu’une décennie. J’ai déjà perdu une décennie et je suis toujours incapable de m’approcher de ma fille sans vouloir la tuer, alors qu’il s’agit de ma fille. Je ne connais rien d’elle. Rien, elle me croit morte. Je ne soigne pas… Je tue. Et j’ai envie de tuer. je ne sais ce que tu vois, mais moi je vois ma patience qui s’effrite. »

Je veux tout, tout de suite. A croire qu’il suffit de cela pour continuer. Peut-être devrais-je arrêter effectivement. Peut-être que tout cela ne sert à rien, que cette perte de temps n’est bénéfique pour personne. J’ose croire que ce soit ça qui me fait penser cela, mais j’ai bien peur que ça ne soit réellement le cas. Je ferme la bouche, et j’observe le bras que j’essaye de recoudre. Peut etre devrais-je rencontrer plus de gens comme moi, je ne suis pas la seule. Serais-je seulement capable de cela. Quand aurais-je une vie normale ? Certaines choses me manquent, l’envie… et tellement d’autre sentiment. Je penche la tête sur le côté.

« Darya… Je ne suis là que pour t’aider mais si ma présence te dérange je peux te laisser pour ce soir. »

« Têtu. »

Lançais-je si facilement entre mes lèvres. Il était têtu, j’avais bien entendu le pour ce soir, il ne comptait pas me laisser mais quelque part c’était rassurant. Que je sois détestable ou non, une personne exécrable, que je sois désagréable avec lui, méchante il finirait toujours par revenir. Il ne perdait pas espoir quand moi je ne voyais plus rien. C’était surement cette notion là qu’on attribuait au mot amitié. L’amitié était une chose que j’avais perdue, comme la confiance. J’avais fait confiance à ma famille, à mon mari. Et il m’avait tout pris. Je serrais les poings en pensant à lui. Ma vengeance, je devais me raccrocher à cela, le reste pouvait attendre patiemment.

« Mais je reviendrais demain parce que je t’aiderais. C’est encore trop récent pour toi mais tu apprendras avec le temps. Tu verras ce que je vois en Camille, en toi et en les autres vampires. »

« Tu as donc clairement besoin de lunettes. »

J’avouais plus légèrement comme si cela suffisait à apaiser les choses. Je continuais de le coudre comme pour effacer l’idée qu’il puisse s’en aller maintenant. Moi j’avais besoin qu’il reste, oui ce soir et tous les autres soirs, sa présence m’aidait à ne pas perdre la tête. Dans le cas contraire j’aurai fini morte dans un endroit ou j’aurai été une sauvageonne. Tant que je l’avais près de moi, je pouvais en apprendre toujours un peu plus et poser mes questions les plus indiscrètes.

« Tes points ont réussis mais tu dois être plus précise. Recommençons. »

Le sang envahissait encore mes narines et je prenais sur moi contre l’envie de me débarrasser de lui. Mais je repensais à tout le reste et je continuais. Piquant sa peau avec l’aiguille essayant de faire en sorte que ce ne soit pas un carnage. Pour me changer les idées sur le sang que j’avais sur les mains et qui envahissaient mon esprit, je relevais les yeux sur lui.

« Puisque tu sembles décidé à rester, j’ai mes questions. Toi grand maitre des bonnes paroles. » J’ironisais avant d’ajouter. « Un jour arriverais-je à retoucher un homme sans avoir envie de le vider de son sang. »

Mon regard plongé dans le sien, j’osais espérer qu’il comprenne le fond de mes paroles, curieuse je l’étais plus que tout je désirais savoir où étaient ses limites. Car finalement je ne connaissais pas tout de lui. Non, aucunement.

Je tentais de lui faire comprendre qu'il n'y avait pas que le mal en nous. C'était certes difficile les premières années mais bon on y arrivait tous donc elle y arriverait elle aussi. J'avais foi en elle. Je savais qu'elle ne me décevrait jamais.

« Cela semble si facile dans ta bouche. Tu as des siècles derrière toi, je n’ai qu’une décennie. J’ai déjà perdu une décennie et je suis toujours incapable de m’approcher de ma fille sans vouloir la tuer, alors qu’il s’agit de ma fille. Je ne connais rien d’elle. Rien, elle me croit morte. Je ne soigne pas… Je tue. Et j’ai envie de tuer. je ne sais ce que tu vois, mais moi je vois ma patience qui s’effrite. »

Je souriais posant une main réconfortante sur son épaule. Elle ne devait pas tout voir à mal. Elle y arriverait. Je croyais en elle.

« La patience t'aidera à approcher les gens que tu veux... Pour ta fille, je peux t'accompagner peut être... Que ça sera plus simple pour toi... J'ai moi aussi connu ceci avec mon fils... »

Je pouvais l'accompagner dans ce processus. Je savais la peine de ne pas pouvoir s'occuper de sa propre famille. J'avais vécu cela moi aussi alors je me devais de l'aider du mieux que je le pouvais. Après tout, c'était ça aussi être ami. Je lui souriais encore et je lui disais encore une nouvelle fois combien je croyais en elle.

« Têtu. »

Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres.

« Je n'ai pas que des qualités. »

Et  j'avais beaucoup de défauts que j'avais juste appris à bien cacher au fur et à mesure que les années avaient passées.

« Tu as donc clairement besoin de lunettes. »
« Techniquement jamais notre vue ne baisser... Oh c'était une blague. »

Et j'avais trouvé ma blague super drôle en plus. Je lui souriais. Il était rare de me voir faire un trait d'humour.

« Puisque tu sembles décidé à rester, j’ai mes questions. Toi grand maitre des bonnes paroles. Un jour arriverais-je à retoucher un homme sans avoir envie de le vider de son sang. »

Je prenais un air sérieux me demandant ce que je pouvais répondre à cela. Bien entendu qu'elle y arriverait mais j'étais certain que mes paroles ne lui suffiraient pas. Elle voudrait plus.

« Darya... Tu y arriveras mais ça prendra du temps... Après.. Darya tu... »

Cela ne servait à rien de lui parler plus. Il fallait que je lui fasse une démonstration. Je posais mes doigts sur son bras dans un mouvement doux.

« Tu ressens mes doigts sur ta peau. C'est plus fort que lorsque nous étions humain. Tu ressentiras plus de chose, plus de sensation, plus de plaisir... »

Je laissais mes doigts parcourir son bras lentement ressentant moi aussi un frisson le long de mon échine. Il paraissait que les loups avaient une plus grande capacité encore à sentir ce genre de choses mais il était déjà tellement difficile pour moi de me contrôler dans ce type de situation alors si je pouvais ressentir encore plus les choses... Je posais finalement ma main sur les siennes qui tentaient de coudre la plaie que me mettait faite pour son entraînement. Je plongeais mon regard dans le sien cherchant à percevoir quelque chose. C'était si étrange tout à coup. Je prenais une grande inspiration faisant taire cette petite voix qui me soufflait de mauvaises pensées.

« Que souhaites-tu réellement savoir Darya ? »

Je posais ma main sur son avant bras tout en ayant bien pris le soin de faire glisser mes doigts sur sa peau. J'avais appris quelques petits choses au cours de mes siècles d'existence et même si je n'étais pas un homme à femme à coucher à tout va, je ne pouvais pas ne pas avouer avoir moi aussi parfois des idées salaces. Puis sans que je ne sache pourquoi je me penchais vers elle, déposant mes lèvres contre les siennes dans un baiser ni fougueux ni passionné mais un baiser long rempli de tendresse. Je lâchais ses lèvres au bout de quelques secondes, glissant de nouveau mes doigts sur la peau de son avant-bras, me reculant d'elle mais pas trop quand même.

« J'espère que ceci Darya te prouve que tu pourras être avec un homme sans avoir envie de le tuer. »

J'étais certes un vampire mais je n'en restais pas moins un homme. Je m'étonnais même de ne pas voir Camille débarquer pour gâcher ce moment si hors du temps, ce qui était quand même un comble pour un vampire. Mon regard se posa de nouveau dans le sien attendant simplement.

Je n’arrivais pas à voir le bien dans tout ça, la bonne chose, je dirais même l’espoir. Il n’y en avait pas. Dix ans d’existence vampirique et j’étais toujours incapable de voir une « quelconque » évolution dans mon existence. J’avais soif continuellement, je voulais tuer tout le temps et je ne supportais pas les désagréments. Ma fille était la seule personne capable de me retenir, la seule dont j’avais véritablement besoin, hormis Richard et ses bons conseils, et j’étais incapable de la voir.

« La patience t’aidera à approcher les gens que tu veux… Pour ta fille, je peux t’accompagner peut-être… Que ça sera plus simple pour toi… J’ai moi aussi connu ceci avec mon fils… » Je soufflais, pas d’agacement, de fatalité.
« Elle me croit morte, mon ex mari a fait de moi à ses yeux un monstre, un mère capable de l’abandonner. Je ne crois pas qu’elle veuille ne serait-ce que me voir. »

Et je pouvais la comprendre, quelle mère abandonnerait sa fille ? Aucune, je ne l’ai pas fait, je l’ai mise en sureté même si à mes yeux Rory n’était pas digne de confiance, il ne ferait aucun mal à notre fille, sa fille… La mienne aussi. Elle me manquait, terriblement. Je soupirais, il pouvait se montrer tellement têtu, à croire qu’il voyait quelque chose dont j’ignorais l’existence.

« Je n’ai pas que des qualités. »
« Effectivement. »

Il était clair qu’il n’en avait pas. Cependant, je ne cherchais pas à en savoir plus le concernant. C’était mensonge, il avait cette allure d’homme trop sur de lui, cette sagesse qui m’enrageait la plupart du temps.

« Techniquement jamais notre vue ne baisse… Oh c’était une blague. »
« Ni de l’humour. »

Il n’avait pas ce trait de caractère ou du moins il le cachait. A moins que ce ne soit moi qui ne détectait pas encore la subtilité de son trait d’humour. Il n’y avait pas pour moi. Je savais que les lunettes ne servaient à rien pour les vampires, j’avais constaté ce changement, cette facilité de voir. Richard, clairement, aujourd’hui, m’agaçait. Je ne saurais dire pourquoi ? Son air paternaliste, ca façon de croire en mon existence là où moi je l’ignorais complètement. J’avais besoin de… je ne sais pas le chercher à vrai dire. Il voulait m’aider, je voulais l’embarrasser. C’était sans compter ses années d’expérience. Richard, dans tous les domaines serait toujours plus fort que moi.

« Darya… tu y arriveras mais ça prendra du temps… Après… Darya tu… »

Je quoi ? Il ne savait pas quoi dire ? Ce que je prenais pour un trouble n’en était pas. J’étais vorace, curieuse et étonnamment attentive à ses mots. Mes mains en suspension au dessus de sa plaie, je ne comprenais pas pour le moment. Ce que je prenais pour du trouble n’était qu’une réflexion de sa part. J’oubliais que j’étais la novice et lui l’homme expérimenté. L’homme. Richard n’avait jamais été percu comme un homme à mes yeux, certes il l’était mais je le voyais trop souvent comme la voix de la sagesse sur mon épaule me rappelant les principes de base du bon vampire. Je n’avais jamais laissé mon esprit vagabonder ailleurs.

« Tu ressens mes doigts sur ta peau. C’est plus fort que lorsque nous étions humain. Tu ressentiras plus de chose, plus de sensation, plus de plaisir… »

Je sentais ses doigts sur mon bras, de l’extérieur ce geste était surement anodin voir sans intérêt mais je ressentais tout, absolument tout et je fus troublée. Il sonda mon regard à la recherche de quelque chose, moi je ne vis que son visage, pour la première fois. Vraiment pour la première fois. Comment était-il possible de ressentir encore plus de plaisir ? Dans mes souvenirs le sexe avec Rory avait eu une saveur très agréable malgré la noirceur de son âme il avait été un bon amant. Mais n’ayant aucune comparaison possible, je ne pouvais en être certaine. Et ce souvenir s’estompait avec le temps, avec ma nouvelle vie. J’insufflais avec difficulté, j’oubliais ça, je vivais maintenant et cette main sur les miennes et son regard.

« Que souhaites-tu réellement savoir Darya ? »

Tout.
Eue-je seulement envie de dire, cependant le son ne passa pas ma gorge, bloqué. J’avais envie de répondre, de sortir une phrase sanglante qui m’aurait donné l’avantage. Quelque chose de fort ! Dans mon esprit c’est ce que je faisais, en réalité je fixais avec gourmandise sa lèvre ne me souvenant plus du jour où j’avais ressenti cela. Jamais jusqu’à présent, parce que c’était nouveau je présume. Un nouveau pan de mon existence s’ouvrait devant moi et j’avais soudainement envie d’en connaître plus. Obnubilé par sa présence, je ne voyais plus que son visage fin, ses lèvres bien faites et cette assurance qu’il avait. Lorsqu’il plongea ses lèvres contre les miennes je me surpris à gémir doucement, réveillant tout un pan interdit de mon existence. Il venait d’allumer quelque chose d’endormi et sans savoir pourquoi, enfin si… ce fut douloureux quand ses lèvres d’une extrême douceur quittèrent les miennes. Ce n’était pas assez. Ses doigts jouaient une nouvelle fois sur la peau brulante de mon avant bras, mon esprit embrumé.

« J’espère que ceci Darya te prouve que tu pourras être avec un homme sans avoir envie de le tuer. »

C’était particulièrement douloureux, la sensation que je ressentais en ce moment. On aurait pu appeler ça un manque, en quelques sortes. Il venait de me réveiller d’un sommeil profond et je ne pouvais pas quitter l’envie de recommencer.

« Tu… ne… tu… »

Pouvais pas faire cela, sans déboussoler tout ce en quoi je m’accrochais au quotidien. Je croyais que ma vie était vouée à l’envie du sang et la soif de mort mais en réalité il y avait ça. C’était une mauvaise idée que de chercher Richard, il était plus fort, trop fort. C’était une mauvaise idée de le remercier pour cette démonstration et reprendre ma couture de sa chair. Je n’étais pas sage, je n’étais pas humaine, je n’étais pas posée. Je n’étais pas un vampire ayant des siècles derrière soit de sagesse et d’expérience. Il avait allumé mon désir et je voulais y gouter une nouvelle fois, m’y plonger tête baisser. Richard en cet instant n’était plus le vampire paternaliste, fraternel qui m’avait sorti de mon cauchemar, il était le feu qui incendiait mon désir.

« Je n’ai pas envie de te tuer… »  Cette réalité était soudaine et frappante. « J’ai envie de te dévorer… »

Je lâchais enfin ce que j’avais dans les mains pour les laisser tomber, je poussais tout l’attirail pour le soigner et de la manière la plus présomptueuse qu’il soit je venais à me jeter sur lui, m’installant sur ses genoux sans cérémonial. Je laissais les regrets derrière moi, l’attirant par le tissu de son vêtement vers moi. Je ne fus pas aussi solennel que lui, je laissais la douceur et la tendresse pour plus tard, ma bouche fonça sur la sienne, ferme et désireuse espérant secrètement qu’il ne veuille me repousser. Il en avait tous les droits, il devrait le faire mais je n’avais pas envie. Mes mains appréciaient la sensation de ses cheveux lorsque je les glissais dans sa nuque, ma bouche cherchant le moyen d’imprimer chaque sensation. Je me plaquais contre lui, je n’étais plus une femme digne et respectueuse, je le voulais. Tout mon corps le voulait.

« Je veux tout ressentir plus. Les choses, les sensations, le plaisir… » Avouais-je entre deux gémissements lorsque ma bouche partie une nouvelle fois à l’assaut de la sienne.

Il était toujours difficile de voir une femme dans un tel état. C'était peut être mon côté chevalier qui me donnait envie de la réconforter ou tout simplement le fait que je l'appréciais beaucoup mais je me promettais de ne pas la laisser tomber. Je voulais l'aider et même si ça serait difficile je le ferais. Je n'avais failli à aucune promesse même à la plus idiote des promesses qui me faisait avoir cette folle à mes trousses.

« Elle me croit morte, mon ex mari a fait de moi à ses yeux un monstre, un mère capable de l’abandonner. Je ne crois pas qu’elle veuille ne serait-ce que me voir. »

Je baissais les yeux. Effectivement ça serait compliqué pour elle de revoir sa fille mais j'avais appris avec le temps qu'on pouvait obtenir tout ce qu'on voulait. Cependant je n'allais pas le lui dire. Je savais que ça l'énerverait plus encore si je lui disais de ne pas s'en faire. Il fallait que je change de tactique et elle m'en donnait l'occasion. Je lui expliquais qu'elle pourrait ressentir plus de choses, beaucoup plus si elle se faisait un peu confiance. J'allais même jusqu'à l'embrasser pour le lui prouver et même si j'avais surtout pensé ce geste comme une démonstration je ne pouvais nier que j'avais apprécié le baiser et que je n'étais pas contre une rallonge. Je la regardais frémir, je sentais son désarroi et même si j'étais un gentilhomme j'aimais la provoquer ainsi et lui faire ressentir des « émotions ». Il était temps de voir comment elle pouvait réagir à une stimulation pareil.

« Tu… ne… tu… » 

Je souriais en coin tout en continuant à faire glisser mes doigts sur sa peau. Il fallait peut être que je la laisse suivre ses instincts un peu plus souvent. Se contrôler tout le temps n'était pas forcément une bonne chose. Elle n'avait pas autant de siècle de contrôle que moi.

« Je n’ai pas envie de te tuer… J’ai envie de te dévorer… » 

Je souriais. C'était prévisible mais j'avais tout fait pour qu'elle arrive à ce stade. Je l'avais provoqué et je ne le regrettais pas du tout. Elle se précipita alors sur moi parce qu'il n'y avait pas d'autre mot et elle m'embrassa comme jamais on ne m'avait embrassé auparavant. Les femmes de cette époque avait une sexualité débridée que je n'avais pas encore expérimenté et je me disais que ce n'était peut être pas la meilleure des solutions que de le faire avec Darya ce soir mais je ne tenais plus. En m'embrassant de la sorte et en s'installant ainsi sur moi, elle me ramenait des siècles en arrière quand je n'étais qu'un tout jeune vampire moi aussi avide de sang et de défleurement. Elle lâchait mes lèvres et mes yeux se plongèrent dans les siens. Elle était déterminée et elle me plaisait :

« Je veux tout ressentir plus. Les choses, les sensations, le plaisir… »

Je la sentais frémir dans mes bras bien que pour le moment, je laissais mes bras ballant à côté d'elle me laissant plutôt faire. Je répondais tout de même à ses baisers avant de poser mes doigts sur ses lèvres.

« D'accord. »

Spoiler:

M’étendre sur ma fille n’est clairement ni l’endroit ni le moment. JE n’en avais pas la force, je voulais juste, d’un revers de la main mettre cela de côté. C’était mon but ultime renouer avec ma fille, mais c’était pour le moment impossible. Au delà de la force dévastatrice de son sang et de la menace que je représentais, je ne pouvais revenir dans sa vie, telle une fleur lui demandant de me pardonner les 10 années d’absence dans sa vie. Je détestais Rory pour cela, il m’avait prit ma fille, il avait gagné. Il gagne toujours.  Non, je ne voulais pas penser à ça, pas maintenant.

Richard me donna une occasion de ne plus y penser, pas pour le moment. Désireux de toujours m’apprendre plus, il me montrait combien je ne pourrais pas uniquement m’abreuver des hommes, qu’il n’y avait pas que la soif qui me tiraillait non, il pouvait y avoir l’envie. Clairement, je ressentais cette envie s’étendre dans tout mon être. C’était nouveau, rapide et intense. Surprenant, le terme correspondait parfaitement à l’état dans lequel je me trouvais désormais. Mon esprit ne fonctionnait plus correctement, j’étais comme tétanisée en réalité, non. Le terme ne reflétait absolument pas l’état dans lequel je me trouvais. C’était comme une frénésie, un besoin viscéral de le dévorer tout entier. Je ne savais pas vraiment ce qui me prenait et j’aurai surement du agir autrement. Ce n’était pas n’importe qui, pas n’importe quelle personne. Richard avait toujours été là pour moi dans les pires moments de ma vie et foncer sur lui telle une mante religieuse, n’était pas sain. Mais je ne pouvais pas faire autrement je n’y arrivais pas.

Mes lèvres dévoraient les siennes, avide qu’il me touche plus, qu’il apaise cette brulure dans mon corps, qu’il réveille tout un pan que je croyais mort depuis des années. Je ne manquais pas d’air pour l’embrasser, je ne manquais de rien, uniquement du toucher de sa peau contre la mienne. Mes mots sortirent naturellement, quittant le carcan de ma bouche pour glisser entre nous. Un refus immédiat de sa part aurait été douloureux, je sais, insupportable, bien évidemment, mais nécessaire. Notre amitié, ou ce lien que nous avions ensemble, ce profond respect que j’avais pour sa personnalité et sa patience risquait de voler en éclat ensuite. Je ne pouvais pas me permettre de le perdre, il était le seul point stable de ma misérable vie. Oui, nous aurions du mettre un point à cet échange, concluant sur le fait que oui, un jour j’arriverais surement à toucher un homme. Je ne voulais pas, je ne voulais pas que ça cesse aussi rapidement. A mesure qu’il répondait à mon baiser, je me sentais plus forte, plus sure de moi. Il me désirait tout autant que je ne le désirais à mon tour.

« D’accord. »

Spoiler:

Spoiler:

***

Le jour pointait le bout de son nez alors que j'avais Darya endormie dans mes bras. Cette nuit avait été la meilleure nuit de mon existence même si maintenant je me demandais ce qu'il allait se passer pour nous deux. Je ne regrettais en rien ce que j'avais fait avec Darya. C'était juste une question de morale qui venait de me traverser l'esprit : n'avais-je pas tout simplement profiter de la naïveté d'une jeune femme pour lui prendre sa vertu ? Je ne savais pas quoi en penser réellement mais je ne regrettais pas ce que nous avions fait. Mon regard se posa sur une Darya endormie et visiblement sereine ce qui n'était pas son état habituel. Je souriais tendrement en la regardant, la joue posée sur mon torse, puis je la déplaçais délicatement afin de ne pas la réveiller. Une fois qu'elle fut bien mise dans le lit, je me levais et je renfilais uniquement mon pantalon. Je me rendais alors dans la cuisine de ma protégée et je trouvais au passage au sol mon portable. Tout en dirigeant vers le réfrigérateur de la jeune femme, je constatais que mon diable de neveu avait été malade visiblement. Dans quel état allais-je trouver mon appartement ? Je ne préférais pas y penser pour le moment. Du coup je lui envoyais plusieurs textos pour savoir comment ça allait mais bien entendu le jeune Camille ne l'entendit pas de cette oreille et il me renvoya chez les grecs avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve !

Je soupirais alors devant le frigo avant de l'ouvrir et de me prendre une poche de sang. J'avais faim, beaucoup plus faim qu'habituellement. Je versais le contenu de la poche dans deux verres et, laissant mon téléphone dans la cuisine car je n'avais pas du tout envie de gérer un ado en crise, je retournais dans la chambre pour rejoindre ma délicieuse amie. Je posais les verres sur la table de chevet puis je me rallongeais à ses côtés, caressant doucement la peau de son dos dénudé car la demoiselle s'était tournée dans son sommeil. Je ne pus résister à l'envie d'embrasser son cou et le haut de son dos.

« Je ne voulais pas te réveiller... »

lui avais-je dit alors que je la sentais s'étirer dans le lit.

Mélange de songes et de réalité, je tente de laisser se sommeil me retenir, peu envieuse de me réveiller et de quitter les sensations qui m’habitent. Je ressens encore les mains de Richard sur moi, ses lèvres brulant ma peau, la sensation de son corps et le mien à l’unisson. Mon cœur bien mort ne peut renier la sensation intense que j’avais vécu durant ce moment. Ce moment, que nous avions partagé. Prise de frénésie, il avait sur me calmer et rendre ce moment unique. J’y avais une autre facette de ma condition, une autre envie. Ne jamais m’arrêter à explorer cette facette là. Mais parallèlement, j’étais désireuse d’en connaître plus sur le Richard que j’avais connu. Je ne l’aurai jamais pensé comme cela. Je ne pensais pas qu’il était ce genre d’homme, je ne savais pas ce que je pensais en réalité. Il s’était montré surprenant, doux… et incroyablement sexy. Il faut dire les choses.

Je sentis ses lèvres glisser sur ma peau, alors que je désirais encore rester là à me rappeler la volupté de son corps contre le mien, du plaisir décuplé que j’avais ressenti et l’aspect inédit de cette nouvelle envie… Recommencer. Le sang me ramena à la réalité du monde, l’odeur y était très intense envahissant mon esprit embrumé par le sexe et la sensualité.

« Je ne voulais pas te réveiller… »

Je commence doucement à m’étirer dans le lit, incapable de bouger plus de peur de rompre ce sentiment étrange qui parcourt mes veines. L’odeur du sang est soudainement mon obsession et je tente de calmer la fureur qui glisse sur moi. Je tente de m’apaiser et c’est ce qui se passe lorsque je me rends compte que Richard est près de moi et qu’il ne semble pas en colère. Son geste tendre sur mon corps, suffit à réveiller tous les délicieux souvenirs de la nuit que nous venions de passer ensemble. Je venais de passer une nuit entière avec Richard et je ne savais quoi en penser. Je redoutais d’affronter son regard, que les choses changent entre nous. J’avais besoin de lui, il avait été là dans les pires moments de mon existence, il m’avait trouvé et je ne voulais pas que ça cesse. A contrario je ne regrettais pas ce qui venait de se passer, comment le faire.

Me retournant pour lui faire face, je le regardais, le détaillant à outrance cherchant une colère, un regret de sa part. Il pourrait ressentir cela, quémandant de ma part que ce ne soit qu’une parenthèse, enchantée, de nos vies. Un sourire, timide, se logea sur mes lèvres alors que j’avais pour la première fois, l’impression de le voir réellement. De la colère et frustration que j’avais ressentie la veille, je me sentais prise d’un espoir nouveau. Ma vie ne serait finalement pas seulement remplie de haine et de soif. Il y avait ça, ce truc étrange que nous avions vécu. Je voyais encore sa bouche sur mon corps et j’avais beaucoup de mal à rester concentré sur cela, alors qu’il était si proche de moi.

« Etre réveillée comme cela, est plutôt agréable. »

Pour ne pas dire entièrement. Je me redressais légèrement, ne sachant pas trop comment me comporter avec lui. Mettre des mots sur ce que nous avions vécu était étrange et peut-être précipité. J’étais perdue entre deux sensations : en parler et mettre les choses au clair, rester dans cette bulle agréable de plénitude. Je me ramollissais sérieusement et je regardais avec gourmandise le sang qui se rappelait à moi de nouveau. Je grognais légèrement en prenant le verre pour le lui donner et le mien à porter à mes lèvres. C’était à la fois étrange et tellement naturel.

« Bon appétit. » Je me léchais la lèvre après avoir bu une énorme gorgée de ce sang. « Tu n’aurais pas du te rhabiller. La vue que je pouvais avoir était parfaite. »

Une petite pointe d’humour agrémenter d’une œillade sur son corps provoqua une hilarité qui ne me ressembler que moyennement. Je continuais de boire avant d’oser la question… celle qui ne fâche pas, mais l’inévitable.

« Allons-nous mettre des mots sur ce qui s’est passé cette nuit ? »

Je ne savais pas ce qu’il pensait de tout cela et j’étais effrayée à l’idée que ce soit une mauvaise erreur. Il ne semblait pas être du genre à s’enfuir, mais notre relation était importante, j’étais peu envieuse de changer cela, ou de le perdre. Non.

Je la réveillais doucement comme si elle était la personne la plus fragile au monde. Je la regardais s'étirer dans le lit et se tourner vers. C'était comme si un ange était venu sur terre pour moi. Je souriais tendrement.

« Etre réveillée comme cela, est plutôt agréable. »

Je souriais en coin. J'avouais que me réveiller à ses côtés m'avait fait du bien. J'étais contente qu'elle soit à mes côtés. Je n'avais jamais pensé à elle comme cela et maintenant que l'idée était dans mon esprit je me disais que ça serait une bonne chose qu'on se voit plus souvent.

« Ne me donne pas d'idée. »

Je lui souriais me retenant de l'embrasser. Ce ne serait pas gentleman que de faire ce type de chose. Je la regardais boire une gorgée de sang. Petite Darya

« Bon appétit. »

Je levais mon verre comme pour trinquer avec elle avant de boire le sang tranquillement. Je n'avais pas autant soif qu'elle mais il n'était pas nécessaire de lui rappeler qu'elle était un bébé tout le temps.

« Tu n’aurais pas du te rhabiller. La vue que je pouvais avoir était parfaite. »

Si j'avais pu rougir je l'aurai fait. Cependant je ne pouvais plus rougir, mais j'avalais de travers une gorgée de sang. Je reprenais mon souffle puis je lui souriais.

« Les femmes du vingt et unième siècle sont vraiment libérées. »

Oui en effet, personne ne m'avait jamais parlé ainsi. C'était étonnant mais à la fois plaisant. Je pourrais m'y habituer.

« Allons-nous mettre des mots sur ce qui s’est passé cette nuit ? »

Je lui souriais, puis je finissais mon verre. Je le posais sur la table basse avant de m'asseoir contre les coussins et de la regarder. Elle était une très belle femme, peut être la plus belle que j'avais jamais vu. Bon à vrai je n'avais pas non plus eu beaucoup de femme dans ma vie donc... Je me devais de répondre à sa question alors je lui disais avec conviction.

« Bien entendu. »

Je n'allais pas partir comme un voleur loin de là. J'avais plus envie de passer du temps avec elle qu'autre chose. Je posais mes doigts sous son menton et je relevais son visage vers le mien. Je lui souriais avec bienveillance et tendresse.

« Tu ne me perdras pas. Je serais là pour toi. De la façon dont tu voudras. »

Je la prenais dans mes bras et j'embrassais le haut de son front tout en la serrant doucement contre moi. Il y avait beaucoup de tendresse dans ma façon de faire avec elle. Je caressais doucement son bras et je me demandais ce que j'attendais vraiment d'elle. Depuis que je connaissais Darya elle prenait de plus en plus de place dans mon cœur mort et surtout dans mes pensées. Je me demandais si elle allait bien, ce qu'elle faisait et si je la verrai quand je rentrerai à la maison. C'était étrange comme façon de penser. Cela ne m'était pas arrivé depuis deux siècles peut être même plus.

« Ne me donne pas d’idée. »

Je souriais à ses mots, moi aussi je crois bien que je serais capable de m’habituer à ce genre de chose. Passé du temps avec lui, me réveiller et l’avoir à mes côtés. C’était surement la facette que j’avais le plus apprécié de ma vie de couple avec Rory. Ce sentiment de partager quelques choses avec l’autre, aimer, ne pas se sentir seule, être admirée. Maintenant, je savais que tout ça n’était que du vent et qu’il m’avait utilisé à des fins personnels bien sombres. Je ne désirais pas penser cela de lui, pas maintenant, pas en compagnie de Richard. Il faisait tellement pour moi, afin que je puisse me maitriser et me canaliser que je ne voulais pas le décevoir pas maintenant. Je buvais le sang, essayant de canaliser mes pulsions, en vain. J’avais toujours soif et l’activité que nous avions pratiqués ensemble, m’avait particulièrement ouvert l’appétit. Je lui faisais une petite boutade quand à mon plaisir personnel de le voir nu, je fus surprise de le voir recracher presque le contenu de son verre. Avais-je mentionné quelques choses que je ne devais pas. Je l’observais attentivement.

« Les femmes du vingt et unième siècle sont vraiment libérées. »

Je fronce les yeux un instant ne sachant pas s’il s’agit d’un compliment ou d’une critique. Je n’ai jamais été prude même avec Rory, j’avais toujours trouvé les relations sexuelles épanouissantes et importantes. Puis désormais, vampire je n’arrivais tout simplement pas à oublier toutes les sensations que nous venions de partager ensemble.

« Est-ce mal ? »

Demandais-je, en mordillant doucement ma lèvre. Il était très beau, vraiment beau et honnêtement, je ne pensais pas me lasser de la vue de son corps entièrement nu. Non, ce fut bien trop court à mon humble avis. J’étais tout de même un peu anxieuse à l’idée de parler de ce que nous avions fait. En aucun cas, je ne regretterai mon choix, mes actes, cette folie, cette parenthèse délicieuse, mais je devais admettre être complètement pétrifiée à l’idée que les choses puissent changer. Il était ma stabilité dans ma misérable vie, je ne voulais pas prendre le risque de le perdre, jamais.

« Bien entendu. »

Il m’obligea à relever la tête vers lui, croisant son regard. Une multitude d’idées fleurissait mon esprit ne sachant trop comment les analyser toutes sans prendre la fuite. J’aimais prendre la fuite, refuser la vérité, refuser ce qui fait mal, ne pas accepter ce que je suis, éviter d’en parler. Bouillonner quand rien ne fonctionne comme je le désire. Tout en moi me rappelait la condition dans laquelle je vivais. Je devrais surement fuir, mais face à Richard, c’était plus complexe. J’avais aimé ce qui s’était passé entre nous et je n’étais pas certaine de vouloir mettre fin à cela. Mais je ne voulais pas perdre l’ami précieux que j’avais. Il était le seul, le seul à pouvoir m’aider, à me supporter sans jugement ou crainte, alors bon.

« Tu ne me perdras pas. Je serais là pour toi. De la façon dont tu voudras. »

Ses paroles ne me choquèrent pas, elles me surprirent en réalité. Je ne m’attendais pas à entendre cela de lui. Quelque part j’aurai aimé qu’il prenne la décision, vers quoi notre relation pouvait bien tiré, il me laissait le choix, et je paniquais légèrement. Quel choix, avais-je ? Mon corps tout entier était partagé en deux. La volonté de reprendre le cours de ma vie, ne rien changé, ne rien craindre, et la folie douce et agréable d’essayer quelque chose de nouveau. Richard me prit dans ses bras et ce fut très difficile pour moi de ne pas me laisser déconcentrer par ce geste. Mon corps tout entier se réveillait enfin et je n’avais qu’un souhait gouter à chaque parcelle de son corps, sans jamais regretter quoique ce soit.

« Je ne sais encore ce que je désire. » J’inspirais avant de me redresser légèrement. Mon pouce vint caresser le contour délicat de sa lèvre. « Mon corps sait exactement ce qu’il désire. » Mes mains caressaient ses bras remontant sur le haut de ses épaules, je descendais doucement avant de relever les yeux vers lui. « Hier soir, c’était… au delà de ce que je pouvais imaginer. J’ai envie… » Je touchais de nouveau ses lèvres. « … Mais, j’ai aussi devant moi un ami très cher qui est pour moi, un pillier dans mon existence… Je ne sais que… répondre. »

Je ne voulais pas répondre d’ailleurs, mais je voulais entendre son avis, parce qu’il était pour moi, bien plus important que le reste. S’il voulait être ce que j’attendais, ne désirait il pas quelque chose de ma part, n’importe quoi ? J’étais bien curieuse de connaître le fond de sa pensée, même s’il ne se livrait pas aussi facilement.

« Et toi ? Tu dis vouloir ce que je désire, mais que désires tu toi, qu’en penses tu ? Pourquoi, avoir céder à cette fougue que je t’ai fais subir ? » Et ça… à mes yeux ça n’avait aucun sens, aucun.

« Est-ce mal ? »

Je lui souriais et je me penchais vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres tendrement. Je profitais de cet échange. Je lâchais ses lèvres et je passais mon pouce sur sa joue tout en lui souriant.

« Non au contraire. »

Ce n'était pas une mauvaise chose. C'était étonnant mais pas mauvais. Je lui demandais ensuite ce qu'elle voulait vraiment. C'était la seule chose qui comptait.

« Je ne sais encore ce que je désire. »

Ce qui était tout à fait normal.

« Mon corps sait exactement ce qu’il désire... Hier soir, c’était… au delà de ce que je pouvais imaginer. J’ai envie… Mais, j’ai aussi devant moi un ami très cher qui est pour moi, un pillier dans mon existence… Je ne sais que… répondre. »

Je souriais. Je la comprenais. Ce n'était pas évident de mettre des mots sur ce qu'on pensait réellement. Je la serrais dans mes bras tendrement. Mes doigts caressèrent son dos tendrement. Des moments comme cela je n'en avais pas vécu beaucoup c'était pour cela que je voulais en profiter un maximum.

« Et toi ? Tu dis vouloir ce que je désire, mais que désires tu toi, qu’en penses tu ? Pourquoi, avoir céder à cette fougue que je t’ai fais subir ? »

C'était une bonne question. Je prenais quelques instants pour la réflexion. Finalement c'était évident.

« J'avais très envie de faire l'amour hier soir. »

C'était la pure vérité. J'avais eu envie d'elle et j'avais simplement succombé à la tentation.

« Je me rends compte que ce n'est pas très galant de dire cela. Je te prie de m'excuser. »

Je souriais maladroitement. J'étais toujours une personne honnête bien trop honnête par moment. Je tentais de travailler sur cet aspect de ma personnalité mais je n'y arrivais pas forcément. Cela se confirmait aujourd'hui et ma franchise était surement de trop. Aucune femme ne voulait entendre qu'on avait juste eu envie de faire l'amour. Il fallait souvent plus pour que les femmes se donnent. Des sentiments par exemple. Darya avait-elle des sentiments pour moi ? Cette question s'imprima dans mon esprit et elle ne le quitterait pas pendant un long moment.

« Tu ne m'as rien fait subir. Si je n'avais pas voulu je serai parti. Ce que je veux avant tout c'est ton bonheur. Je serais à tes côtés de la façon qu'il te plaira. Ma vie me plait et je suis heureux. J'ai des amis, une famille. Tu es avec moi. Quoi demander de plus. »

C'était aussi simple que cela dans ma tête. Même si je faisais des erreurs comme tout à l'heure avec Camille je me sentais heureux. Cette vie me convenait et je savais que de toutes les façons je ne pouvais rien faire pour empêcher qu'elle se déroule comme elle devait se dérouler. De toutes les façons nous n'avions pas notre destin en main. C'était le créateur qui décidait de tout pour nous.

Je ne savais pas si c’était mal d’exprimer directement tout ce que je ressentais. Il s’agissait surement un nouveau point de ma condition, ne rien cacher, ne rien omettre, vivre pleinement les choses. Moi en tous les cas, je vivais les choses de cette manière sans me perdre dans tout. Absolument pas. Il s’approcha de moi, déposant un baiser sur mes lèvres. L’effort fut insupportable, ne pas me jeter sur lui comme une bête affamée. Ne pas lui dire, lui avouer combien, je voulais tellement plus. Je rouvrais doucement les yeux alors que je sentis son pouce sur ma joue. Comment se faisait-il qu’en dix ans je n’ai pas ressenti une seule fois cette attraction naissante pour lui. Je voulais embrasser ce pouce, et tellement plus encore que je n’ose penser. Mon esprit divague beaucoup trop.

« Non au contraire. »

Il me prit dans ses bras, il m’écoutait attentivement. Réfléchissait à comment dire les choses quand moi, tout se bousculait dans mon esprit. J’avais eu cette agréable sensation d’être exactement à l’endroit où je devais être. J’étais à l’endroit où je me sentais le mieux. Je n’avais pas vécu pareil sentiment depuis très, très longtemps et je ne pensais pas possible que cela puisse se produire de nouveau. Pourtant c’était exactement le cas et je me sentais étrange. Comme si je ne méritais pas cela, comme si demain quand la vie aura reprit son cours, les choses redeviendront comme avant, comme si je n’avais pas le droit à ce bonheur. C’était déroutant comme sensation. J’appréhendais les mots de Richard, il avait pu faire acte de dévotion, donnant son corps pour m’exprimer les choses, sans pour autant apprécier à la même valeur ce que nous venions de faire ensemble.

« J’avais très envie de faire l’amour hier soir. »

Etrangement, je ne fus pas outré de l’entendre me dire cela. Bien au contraire, un sourire tenta de s’échapper de mes lèvres, appréciant les mots posés. J’avais eu très envie de lui et il n’avait pas fait cela par sacrifice. Par chevalerie, non, il l’avait fait parce qu’il avait eu envie de moi. Juste moi, ma petite personne et rien d’autre cela comptait pour moi. Enormément.

« Je me rends compte que ce n’est pas très galant de dire cela. Je te prie de m’excuser. »

Et je compris à cet instant que nous étions deux êtres, de deux mondes diamétralement différent. Il s’excusait de me dire ce qu’il ressentait quand moi j’étais un vrai moulin à parole, sans filtre, sans rien de tout cela. Je ne sais si cela devait être effrayant ou fascinant de faire ce constat. Il était d’un autre temps, où la chevalerie devait être encore de ce monde, où il avait du apprendre à séduire une femme, à lui faire la cour. Quand moi j’avais cédé dans les bras d’un homme sans scrupule. Oui, nous étions de deux mondes complètement différents et je ne savais si cela pouvait perdurer, fonctionner ou bien avoir un quelconque sens. Il avait toujours été un ami, mais je me sentais obligée de lui dire, une forte envie d’écraser mes lèvres contre les siennes pour chasser cette expression sur le visage.

« Non. »

Mon non fut assez catégorique, je ne pouvais dire ou faire autrement que cela. Non, je ne l’excusais pas.

« Tu n’as en aucun moment besoin de le faire. C’est très flatteur… De savoir que tu en avais aussi envie. C’est la première fois qu’un homme a envie de moi, comme cela… »

Je me montrais, exprimant le monstre que j’étais. C’était le premier homme également dont je n’avais pas vraiment envie d’arracher la gorge pour le vider de son sang, ça jouait énormément dans la balance, j’en étais persuadée désormais. Mais quoiqu’il en soit, j’appréciais la sensation qui glissait en moi, me répétant, pour me rassurer surement… différent mais qui s’entend à merveille… Différent mais attiré. Les deux côtés d’un aimant.

« Tu ne m’as rien fait subir. Si je n’avais pas voulu je serai parti. Ce que je veux avant tout c’est ton bonheur. Je serais à tes côtés de la façon qu’il te plaira. Ma vie me plait et je suis heureux. J’ai des amis, une famille. Tu es avec moi. Quoi demande plus. »

Du sexe. Intérieurement, je riais à cette pensée saugrenue. J’avais l’esprit embrumée encore par ce qui venait de se passer et je ne voyais pas les choses autrement que par cet acte physique entre lui et moi. Je devais prendre du recul mais je n’étais pas comme cela, pas assez expérimenté pour tout cloisonner aussi bien que lui.

« Je ne sais comment tu fais Richard. Après ce que nous avons fait hier soir, j’ai du mal à cloisonner les choses, savoir ce que je désire. »

Ma main vint tendrement caresser le contour de son visage, de ses lèvres, de sa mâchoire. J’inspirais fortement, ressentant chaque sensation 100 fois plus intensément que la veille encore. Je fermais mes yeux pour lutter contre l’envie de lui sauter dessus et d’arracher ce qu’il portait. Il était tendre quand moi j’étais sauvage… c’était trop intense… mais très vivifiant.

« Il me faut du temps, surement. Le temps d’avoir les idées claires sur ce que je désire, sans être prise dans ce tourbillon d’émotion et de sensation. Sens-tu cela ? » J’ouvrais les yeux pour croiser son regard. « Ce crépitement ? Le sens-tu avec tout le monde ? »

Oui, il fallait du temps pour savoir si tu voulais de lui, un ami ou plus, cependant… tu savais que Richard, ne pouvait quitter ton existence, plus maintenant. Non.

« Tu n’as en aucun moment besoin de le faire. C’est très flatteur… De savoir que tu en avais aussi envie. C’est la première fois qu’un homme a envie de moi, comme cela… » 

Je la regardais sans comprendre. Quel homme serait assez fou pour ne pas avoir envie d'elle même en étant vampire ? Elle était attirante, animale et tellement libérée. Non, je ne comprenais pas ce qu'elle venait de me dire mais je ne relevais pas. D'un côté cela me plaisait d'être le premier.

« Je ne sais comment tu fais Richard. Après ce que nous avons fait hier soir, j’ai du mal à cloisonner les choses, savoir ce que je désire. »

Je riais. C'était rare de m'entendre rire. J'avais toujours beaucoup de retenu mais cette fois ci elle m'avait surprise.

« ça c'est parce que tu es encore un bébé vampire. »

Je le pensais vraiment. Elle apprendrait à se contrôler avec le temps. Elle verrait et j'espérais être à ses côtés quand elle verrait qu'elle n'avait pas à avoir peur de tout cela, que tout se passerait bien au final.

« Il me faut du temps, surement. Le temps d’avoir les idées claires sur ce que je désire, sans être prise dans ce tourbillon d’émotion et de sensation. Sens-tu cela ? Ce crépitement ? Le sens-tu avec tout le monde ? »

Je souriais tendrement. Il n'y avait qu'elle pour posait ce genre de questions. Elle me faisait penser à Lena. Elle était forte en apparence mais tellement fragile au final. C'était cela que j'aimais en Lena et aussi en Darya. Je pouvais jouer les chevaliers servants avec elle sans aucune honte parce qu'au fond c'étaient ce qu'elles attendaient.

« Non. Je ne le sens qu'avec toi. »

Je ne pouvais pas mentir. De toutes les façons ça n'était pas dans ma nature de ne pas dire ce que je pensais au moment voulu.

« Cela fait bien presque deux siècles que je n'ai pas ressenti ce que je ressens là. De là à définir totalement ce que je ressens je ne peux pas te le dire. »

Je me redressais dans le lit et je caressais son visage du bout de mes doigts. Je la trouvais vraiment magnifique et encore plus maintenant.

« Voyons nous demain si tu veux bien. Nous y verrons plus clair. »

J'attendais son aval avant de l'embrasser une nouvelle fois et de la laisser. Je devais m'occuper de mes affaires et notamment de retrouver le petit garnement qui semblait très en colère après moi. Cependant je sentis une légère tristesse de la laisser. Je ne pouvais bien sur pas faire autrement mais peut être qu'au final elle était plus importante que ce qui était prévue à la base entre elle et moi.