Des couleurs s'entremêlaient sous les coups de son pinceaux, du orangé venant éclairer les couleurs sombres du ciel qu'elle avait peint partiellement. Depuis son arrivé à Santa Fe, Alice avait passé le plus clair de son temps à peindre. Lorsqu'elle ne peignait pas, elle dormait ou encore elle retournait à New-Phoenix pendant quelques heures ou quelques jours pour ensuite revenir ici dans cette ville où la plupart des rares personnes en qui elle avait confiance se trouvait. Elle n'avait pas encore complètement oublié l'horreur qu'elle avait vécu un peu plus tôt après avoir été enlevé et ennuyée en direction des fermes à vampire, un endroit où elle serait surement entrain d'être vidée de son sang si elle n'avait pas faire la rencontre de cette merveilleuse jeune femme. Sachant qu'elle tout comme Cyrius et même le père Altaïr étaient ici à Santa Fe, elle n'avait pas envie de partir.

Ce soir, elle regardait les gens qui déambulaient devant elle dans ce parc et elle s'inspirait d'eux. Elle trouvait ses humains particulièrement fort, après tout, il devait être difficile de continuer de vivre normalement quand nous étions aux centre de plusieurs conflits. Elle voulait trouver l'image parfaite à représenter sur le mur qui serait le théâtre sa repentance. Elle voulait exprimer le passage de la bible qu'elle avait choisit avec l'attachant Padre en le rendant encore plus fidèle à sa ville, à ses croyants. Son besoin de qualité la forçait à prendre son temps avant de commencer, mais heureusement pour elle, la nuit était belle et la température plus que clémente, elle ne pouvait rien demander de mieux pour peaufiner son idée.

Absorbée par ses observations et les coups de son pinceaux, son attention fut dérangée uniquement lorsqu'une odeur inhabituellement familière lui parvenait. Fermant les yeux, elle se sentait prolongée dans années en arrière.

« Alice ! »

Le bruit de ses pas lui parvenaient derrière elle, mais elle courait pour se cacher, ses éclats de rire trahissant sa position, mais elle n'y accordait aucune attention. Finalement, trouvant un coin du jardin où elle serait à "labrit" elle s'y faufilait et écoutait avec un sourire le bruit de pas qui lui parvenait de plus en plus fort.

« Pensiez-vous vraiment ma chère Alice que cette cachette suffirait à ce que je ne puisse vous retrouver ? »

Tournant la tête, son regard s'accrochait à celui d'Edouard et elle ne parvenait pas à le soutenir longuement, le baissant complètement gênée pour ensuite répondre en haussant les épaules innocemment.

« C'est au contraire afin de pouvoir vous retrouver que je me suis enfuie de cette fête. »

Elle jouait avec les mots, mais elle savait qu'il comprendrait où elle voulait en venir. C'était la deuxième fois seulement qu'elle passait du temps en sa compagnie et pourtant déjà elle était complètement sous son charme. En un seul regard, il avait fait disparaitre les craintes qu'elle avait de se retrouver fiancée à un homme qu'elle n'avait jamais rencontré, en un seul regard il avait su capter son attention et elle était certaine que jamais il ne la perdrait. La seule chose qu'elel trouvait véritablement dommage était de ne pas pouvoir passer du temps seule avec lui afin d'apprendre à le connaître, elle n'en pouvait plus de faire la discussion sur des sujets choisit pas leur famille, elle avait envie d'en savoir plus à propos de lui. Prenant place près d'elle, le temps sembla filer à vive allure. Absorbée par ses mots, par lui, par son odeur qui faisait enflammée ses joues tant elle lui était agréable... C'est à ce moment alors qu'ils devaient retourner près des autres avant que leur absence ne soit trop remarquée qu'il se penchait afin de l'embrasser et que le monde entier cessait de tourner autour d'elle. Un baiser chaste et qui pourtant devint inoubliable, se reculant doucement, il lui murmurait avant de partir.

« À bientôt Alice. Nous nous reverrons bientôt j'en suis certain, deux âmes soeurs ne peuvent être séparés bien longtemps. »

Et il avait dit vrai... Ils s'étaient revus fréquemment par la suite, jusqu'à ce que le destin en décide autrement et l'arrache à elle. Perdue dans ses songes, elle ne réalisait que bien plus tard que cette odeur était impossible, tout abord parce qu'elle était altérée par une autre odeur ajoutée bien plus moderne, mais aussi parce que personne d'autre que son aimé ne la possédait... Personne d'autre que...

Se retournant, elle le remarquait immédiatement et dès que leurs prunelles se croisaient, elle sut qu'il venait vers elle. Elle aurait sans doute pu fuir comme elle l'avait fait la dernière fois, mais ses jambes semblaient avoir décidé du contraire. Plus il approchait, et plus elle pouvait réentendre ses paroles. Sorciers, Vampires, Loup-garous, toutes ces créatures magiques prennent une apparence humaine afin de mieux nous tromper mais elles n'ont plus rien d'humain. Ce sont des aberrations de la nature qui ne devraient même pas exister.   Il avait raison, parfaitement raison. Elle était un monstre, une aberrations de la nature de laquelle il ferait mieux de ne pas s'approcher. Il était certain que si elle avait encore eu un coeur, il aurait raté un battement maintenant qu'il n'était plus qu'à quelques mètres d'elle.

« James... Bonsoir. »

Ne pas l'appeler Edward lui avait demandé quelques fractions de secondes de réflexion. Elle se doutait qu'il voudrait des précisions sur sa fuite lors de leur dernière... enfin lors de leur seule rencontre, mais de voir le dégoût et la haine que lui inspirait sa race avait été déjà suffisant, elle ne voulait pas voir ce qui traverserait son regard s'il découvrait qu'elle était l'un d'eux.

L'avoir ainsi à quelques pas devant elle lui rappelait à quel point son bien aimé était séduisant. Elle se demandait parfois si sa mémoire lui jouait des tours, après tout ces souvenirs étaient maintenant âgés de plusieurs siècles, mais elle était certaine de ne pas se tromper. Elle avait après tout sa peinture pour lui rappeler. Elle était absolument certaine qu'ils avaient cette même large mâchoire et le moindre détail qui y naissait lorsqu'elle se retrouvait contracté par l'un de ses irrésistible sourire. Si l'opportunité de vérifier lui était présentée, elle serait prête à gager que le blond légèrement cendré de leurs cheveux étaient exactement le même et lorsqu'elle s'accrochait à ses prunelles, elle ne pouvait pas s'empêche de se demande si comme son bien aimé le bleu de son regard changeait légèrement de tête en fonction de son humeur. Ses pensées roulaient à vive allures et pour une rare fois elle pouvait remercier ses facultés vampirique car nul doute que si elle avait été humaine, James aurait pu réaliser que son esprit était ailleurs.

Le saluer était la seule chose qu'elle était capable de faire. Elle avait cru qu'en ne retournant plus en sol inquisitorial elle n'aurait plus à recroiser ce fantôme de son passé et pourtant, maintenant qu'elle était à des centaines de kilomètre du lieu où il vivait elle le voyait à nouveau. L'entendre lui dire qu'il croyait être suivi aurait très certainement fait rater un battement à son coeur s'il avait toujours été fonctionnel. S'il était vrai qu'elle s'était rendu à Bâton-Rouge spécialement dans le but de feinter une rencontre fortuite, en ce moment elle n'était clairement pas coupable. James dû rapidement remarquer son trouble car il ne la laissa pas chercher davantage une excuse, lui précisant qu'il faisait de l'humour et plaçant sa main contre son épaule. Un léger touche qui l’électrisa et duquel elle s'éloigna rapidement afin qu'il n'est pas le temps de trop s'attarder sur la température anormalement basse de son corps. La taquinerie qu'il lui adressait ne faisait d'ailleurs que renforcer sa gêne, mais il lui permettait également de retrouver son sourire. Un sourire timide alors qu'elle baissait le regard en direction du sol. Lorsqu'elle était avec lui, elle ne pouvait qu'être charmer et avoir envie de le séduire à son tour. Une envie qu'elle taisait en se répétant qu'il n'était pas Edward et ce même si elle mourrait d'envie de croire qu'il était revenu pour elle.
 
« Ce n'est pas ça... »

Répondait-elle simplement, refusant de lui mentir, mais incapable de lui dire la vérité. Elle l'avait vu et l'avait senti se rapprocher d'elle, son agréable odeur lui chatouillant encore davantage les narines afin de regarder sa toile en devenir.

« Il s'agit d'un simple gribouillis. »

Annonçait-elle espérant qu'il change d'idée et n'y porte pas trop attention. Cette toile n'était que l'une des nombreuses pratique qui lui permettrait bien absorber l'essence même de cette ville et de la charmante Église du père Altaïr avant de se lancer dans sa véritable oeuvre. Elle ne s'était pas attendu à ce que quelqu'un la regarde, encore moins lui et elle était heureuse de l'avoir précisé en l'entendant qualifier le tout de "pas mal" Elle ne put d'ailleurs pas s'empêcher de le regarder étrangement alors qu'il l'informait blaguer à nouveau. Il faut dire qu'elle n'avait pas l'habitude de ce genre d'humour et encore moins du léger coup de coude qui l'accompagnait. Elle tenta de masquer sa surprise en riant à son tour, il ne savait après tout pas, qu'elle venait d'une autre époque.

« Merci... mais ce n'est rien de bien important. Je peins un peu n'importe quoi jusqu'à ce que l'idée parfaite me vienne pour mon projet. Ce n'était pas pour ça au départ que je suis venue ici, mais c'est pourquoi je reste plus longtemps. Si vous restez un moment vous aussi et que ça vous interesse, vous pourrez allez visiter l'Église de l'immaculée conception un peu plus loin à la sortie de la ville. C'est là que va apparaître ma fresque. »

Ça avait été plus fort qu'elle, le fait qu'il apprécie ainsi même la plus simple de ses peintures lui avait fait plaisir et se laissant emporter, elle n'avait pu s'empêcher de lui dire où aurait le plaisir de peindre et d'être... en quelque sorte... exposée. Pourtant elle réalisait bien vite son erreur, bien qu'elle avait envie de passer du temps avec lui et d'apprendre à le connaître, à comprendre qui il était et pourtant il avait tout de l'unique amour de sa vie et de sa mort, elle savait qu'elle devait le tenir loin d'elle.

« Je vais pas fuir, mais il vaut néanmoins mieux que vous continuez votre chemin. »

Alice savait qu'il demanderait sans aucun doute plus de précision et pourtant elle savait également qu'elle ne pourrait lui en donner aucune. Elle avait refuser l'idée même de lui mentir, mais la vérité n'était toujours pas devenue une option. Elle n'avait pas envie d'avoir à lui dire qu'elle était un monstre, non pas qu'elle ne l'assumait pas car à ce niveau elle le savait parfaitement, mais parce qu'elle n'avait pas envie de voir le regard qu'il lui adresserait lorsqu'il connaîtrait la vérité ni d'entendre ce qu'il pourrait avoir à lui dire. La dernière fois qu'elle avait avoué sa nature, tout c'était bien passé mais c'était uniquement parce que le père Armand était un homme d’exception. Elle savait déjà ce que James pensait d'elle et des siens... mais il ne l'avait jamais dit à son encontre directement et elle ne voulait pas l'entendre non plus.

« Vous êtes très aimable James et faire votre connaissance a été un réel et sincère plaisir, mais il vaut mieux que vous vous teniez éloigné de moi. »

Alice lui avait parlé de sa galerie d'art ainsi que son intérêt pour la peinture, mais c'était un domaine qui ne lui parlait absolument pas. Comme tout le monde, il était époustouflé par les talents que certains portraitistes faisaient dans la rue en 10 minutes chrono montre en main, certains étant plus doués que d'autres mais ses rapports avec l'art s’arrêtaient là. Hormis dire « j'aime », « j'aime pas », ses maigres connaissances sur le sujet ne lui permettait pas d'argumenter plus en avant sur les raisons qui le faisait apprécier ou non tel ou tel dessin. Il était bien incapable de dire si ce qu'il regardait était une oeuvre d'art ou une croute. Aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais été friand des musées. Admirer des tableaux ou de vieilles reliques d'un ancien temps qui ne lui parlaient pas pendant des heures n'était absolument pas son trip aussi fuyait-il la plupart des musées classiques depuis toujours. Le seul souvenir qu'il en gardait était lors de ces sorties scolaires qui avaient l'avantage de lui faire perdre une demi-journée de cours voir au mieux une journée entière mais qui étaient ennuyantes à mourir et durant lesquels il attendait que l'heure passe en chahutant avec ses camarades de classe. Quand aux galeries d'art, c'est bien simple, il n'y avait jamais mis les pieds. Alice était la première artiste qu'il connaissait et encore, le verbe connaître dans le cas présent était un bien grand mot, mais pour elle, il pouvait bien essayer de faire un effort.
Il se demandait si la délicatesse et se caractère introverti qui émanait d'elle n'était pas en réalité propre à sa sensibilité d'artiste.
Il n'avait pu s'empêcher de la trouver attendrissante lorsqu'une expression de stupeur se peignit sur son visage face à sa boutade concernant la toile qu'elle était en train de peindre, et il n'avait pas eu le coeur de la faire marcher plus longtemps, la rassurant presque aussitôt en lui certifiant que sa vision de la ville de Santa Fe était des plus réussie. Visiblement soulagée, la jolie rousse se mit à rire avec lui. Elle avait qualifié son dessin de gribouillis mais de point de vu, elle ne devait pas savoir ce qu'était réellement un gribouillis, parce que si ça pour elle, ce qu'elle était entrain de peindre équivalait à du griffonnage alors il n'imaginait même pas ce qu'allait donner le rendu finale. La modestie était-elle une qualité propre aux véritables artistes ? A croire.

- Un projet ? Tu peux m'en dire plus ? S'intéressa-t-il

C'est ainsi que la jeune femme lui révéla qu'elle avait été retenu pour peindre une fresque dans une église de la ville, ce à quoi il ne put retenir une exclamation admirative.

- Ouaaaahh ! Le nouvel Michel-Ange est parmi nous. Tu vas voir que dans quelques années, les gens viendront dans ce trou perdu juste pour admirer ta fresque et ton nom sera sur toutes les lèvres, j'en doute pas une seule seconde. En tout cas c'est un sacré travail dis-moi. Du coup comment ça va se passer ? Tu vas fermer ta galerie ? Tu vas t'installer ici ? Ça va te prendre quoi 2 ou 3 ans ? Plus ?

Peindre un tableau pour un artiste pouvait prendre un certain temps, mais une fresque entière pour une église, il n'imaginait pas le travail de longue haleine que c'était. Il se rappelait vaguement de ses connaissances scolaires à ce sujet mais il lui semblait que ce genre de chose ne se faisait pas en quelques mois. Toutefois la perspective de la savoir ici, à Santa Fe, au coeur même de ce conflit opposant pro-moldus et Cercle n'était pas réellement pour le rassurer car bien que tout paraissait calme en apparence tout pouvait basculer en un rien de temps en un bain de sang. Il avait beau ne pas connaître Alice depuis très longtemps, ne pas la connaître du tout même, il n'aimait pas l'idée de la savoir seule ici. Il s'inquiétait déjà pour Arizona voici qu'à présent il n'allait pas pouvoir s'empêcher de s'inquiéter pour Alice

- D'ailleurs comment tu as eu ce boulot ? T'es si connue que ça ?

La question pouvait paraître insultante surtout si elle était une célébrité dans son milieu mais il n'en pensait rien. D'une part, même si elle possédait déjà sa propre galerie d'art, elle était beaucoup trop jeune pour s'être déjà fait une renommée à moins qu'elle ne fut une enfant précoce. Dans tous les cas, il était prêt à parier qu'elle ne lui tiendrait pas rigueur de sa question, et c'est le sourire aux lèvres qu'il l'entendit lui révéler où elle allait peindre cette fresque.

- Ça veut donc dire que c'est là-bas que je te trouverais ?

Il avait posé quelques jours pour venir auprès d'Arizona et s'assurer que sa cousine allait bien et ne risquait rien, mais à présent, il savait ce qu'il allait pouvoir faire pendant les longues heures de travail de la belle trentenaire. Pourtant la réaction d'Alice fut très loin de celle qu'il avait escompté. Alors qu'il pensait la voir rosir légèrement en lui adressant un sourire timide face à sa petite boutade sur la sa fuite de la dernière fois, il n'en fut rien. Et bien que cette fois elle lui certifia qu'elle ne s'enfuirait plus, ce dont il ne doutait pas ne serait-ce qu'à cause de la présence de son chevalet et de tout son matériel de peinture qui risquait fort d'être encombrant pour favoriser la moindre fuite, c'est à lui qu'elle demanda de passer son chemin.

- Quoi ? Lâcha-t-il avec surprise, peinant à croire ce qu'il venait d'entendre

Jusqu'à présent le contact passait plutôt bien entre eux, du moins c'était en tout cas la sensation qu'il avait. Pourtant, alors qu'il avait la possibilité d'apprendre à la connaître un peu mieux, elle le congédia poliment. Si encore elle lui avait donné une raison valable, mais ce qu'elle lui disait n'avait aucun sens. En quoi serait-il préférable qu'il se tienne éloigné d'elle si elle appréciait sa compagnie ?

- Je pense Alice que je suis assez grand pour savoir ce qui est bon pour moi ou non. Pourquoi penses-tu qu'il est préférable que je me tienne éloigné de toi ?

Les sourcils légèrement fronçait il essayait de comprendre ce qui se cachait derrière ce visage angélique. Il était certain qu'elle n'était pas en cause directement, mais plutôt indirectement. Son entourage ? Fréquentait-elle quelqu'un de dangereusement possessif ? Etait-elle battue ? Ce qui expliquerait cette si grande réserve qui se dégageait d'elle.

- Alice qu'est-ce qui se passe ? De quoi as-tu peur ?

Alice ne pouvait s'empêcher de rire légèrement alors que James mettait la lumière sur son projet avec des termes qu'elle n'oserait jamais même imaginer utiliser. Elle ne savait pas combien de temps ça allait lui prendre, elle peinturait plus vite que les humaines, c'était certain, mais elle savait aussi qu'elle en aurait pour de nombreuses semaines.

«  En tout cas, s'il faut engager quelqu'un pour attirer les gens dans l'Église, je penserai à vous. » Riant doucement pendant quelques secondes, elle ajoutait. « Je compte garder ma galerie même si effectivement elle sera très peu ouverte pour une durée indéterminée. J'ignore combien de temps cela va me prendre, je mettrai tout simplement le nécessaire. »

Il y avait un enthousiasme pour son travail dans sa voix qui lui aurait très surement étreint le coeur s'il était toujours intacte. Elle était bien loin d'avoir atteint les capacités qu'elle possédait aujourd'hui lorsqu'Edward vivaient toujours, mais elle se rappelait à quel point il se faisait encourageant envers son travail. À quel point il tentait de la faire gagner en confiance et tentait par tous les moyens de lui trouver les ressources nécessaires pour qu'elle puisse continuer de peindre. Tout était après tout tellement plus difficile d'accès il y a des centaines d'années. James la replongeait dans des souvenirs qui bien que follement lointain, n'était pas complètement dissipés. L'entendre lui demander si elle était connue lui tira un nouveau rire, non elle n'était pas connue et bien qu'elle voyait cette opportunité comme une bénédiction, elle n'oubliait pas qu'à la base il s'agissait pour elle d'un moyen pour se faire pardonner du seigneur.

« Je suis croyante. C'est ça qui m'a mené à l'Église ou j'ai rencontré un charmant prêtre qui m'a offert sa confiance ainsi qu'une opportunité inespérée pour une artiste comme moi. Je suis loin d'être connu »

Est-ce qu'elle avait envie de le revoir ? Oui... parce qu'il demeurait un mystère qu'elle aimerait pouvoir déchiffrer. Elle avait du mal à croire que cette ressemblance n'était qu'une coïncidence. Peut-être était-ce sa mémoire qui lui jouait des tours avec toutes ces années, mais lorsqu'elle plongeait son regard dans le sien, elle avait véritablement l'impression que c'était Edward qu'elle regardait. Un regard qu'elle n'avait d'ailleurs pas envie de quitter même si son tempérament anormalement timide la forçait à le faire. C'était sans doute sa tête qui lui jouait des tour, mais dans ses yeux elle avait l'impression de regagner une certaine forme d'humanité. Elle était consciente que c'était impossible, mais comme pour tant d'autres phases de son immortalité son esprit lui prouvait qu'il pouvait encore la surprendre. Pourtant, malgré tout ça, elle savait qu'ils ne devaient pas se revoir. Elle n'était pas humaine et il n'aimait pas son espèce chose qu'elle pouvait parfaitement comprendre, mais même s'il avait le droit de savoir, elle voulait égoïstement qu'il conserve une autre image d'elle.

« Tu le penses parce que tu ne sais pas tout James... »

Elle voulait partir et pourtant, quelque chose en elle lui disait que maintenant qu'il savait où il pouvait la trouver il ne se conterait pas de l'écouter sagement. Lui retournant de nouvelle question, elle se reculait d'un pas tout en cherchant quoi répondre sans avoir à lui dire toute la vérité. Le voyant insister, elle lui répondait avec une grande sincérité qui la surpris.

« De ma véritable nature. De ta réaction quand tu le réaliseras. De tellement de choses dont je ne devrais normalement pas être apeurée. »

Parce qu'elle était vampire et que normalement, elle ne devrait pas être aux prises avec tous ces questionnements et ces craintes. Peut-être avait-il compris là où elle allait en arriver, peut-être que non et que ces indices lui semblaient précis uniquement pour elle, mais dans tous les cas elle savait. Elle savait que même si elle n'en avait aucune envie, même si elle redoutait de souffrir de sa réaction, elle n'avait pas le choix car quelque chose lui disait plus en plus qu'il ne la laisserait pas disparaitre aussi facilement. Comme s'il sentait lui aussi ce lien encore inconnu qui les unissaient. Tendant sa main vers lui, elle lui laissait l'occasion ou non de la toucher afin qu'il puisse réaliser à quel point ses mains gelées n'avait rien à voir avec la petite brise qui soufflait.

« James... Je suis l'une de ces aberrations de la nature. » avouait-elle en reprenant l'expression qu'il avait utilisé lors de leur première rencontre et qu'elle n'avait pas pu oublier. « Je suis un vampire. »

Le projet qui occupait présentement Alice la rendait heureuse cela se reflétait sur son visage aux traits si parfaits. Elle resplendissait littéralement, lorsqu'elle évoquait son projet avec lui, son doux sourire s'agrandissait et ses yeux pétillaient de bonheur et en cet instant, James se dit qu'elle n'aurait pas pu être plus belle. Bien qu'elle en aurait parfaitement été en droit, elle paraissait n'éprouver aucune fierté particulière à avoir décroché ce travail qui pourtant, était une reconnaissance de son talent. Loin d'être exalté comme aurait pu l'être n'importe qui, elle éprouvait juste un immense bonheur et c'était probablement ça qui différenciait Alice de toutes les autres personnes qu'il connaissait. Les gens étaient généralement dévoré d'ambition, ou alors ils recherchaient la reconnaissance, sans oublier ceux qui ne faisaient que leur taff tout en regardant le temps passer en espérant que cela se termine avant même d'avoir commencé parce qu'il fallait bien payer les factures. Alice était différente, il émanait d'elle une authenticité rare et vraie qu'il n'avait encore jamais l'occasion d'observer chez qui que ce soit d'autres. Il n'y avait aucune fierté, aucune arrogance, aucun but caché dans ce qu'elle faisait, il n'y avait juste qu'un bonheur simple, flagrant et sincère de faire ce qu'elle aimait. Très peu de personne avait la chance de pouvoir exercer un travail qu'ils aimaient et même lorsque c'était le cas, trares étaient étaient ceux qui avait la chance d'en vivre ou qui connaissaient une telle opportunité. Alice avait décidément beaucoup de chance mais au fond de lui, il sentait que c'était amplement mérité

- Ça ne saurait tarder, lui assura-t-il dans un sourire charmeur alors qu'elle lui affirmait être encore loin d'être connue.

Il n'en doutait pas, après tout, elle était encore très jeune. Même s'il ne connaissait pas son âge exacte, cela se voyait sur les traits de son visage et vu l'immense talent qu'elle possédait déjà, il ne doutait pas que ses pairs finissent un jour par s'en rendre compte à leur tour.
Ce prêtre en tout cas avait eu du nez en confiant un tel chantier à une artiste aussi jeune mais cela faisait partie du charme d'Alice, lorsqu'on la rencontrait on ne pouvait qu'être conquis et avoir envie de la soutenir de quelque manière que ce soit. L'entendre lui dire qu'elle était croyante le fit sourire car comme toujours lorsqu'elle disait ou faisait quelque chose, il se dégageait d'elle une pureté qu'il ne pensait pas découvrir un jour chez quelqu'un. James aussi était croyant, mais sa foi provenait plus de son éducation que d'une réelle conviction religieuse.
Plus il passait de temps en sa compagnie et plus il avait envie d'en apprendre sur elle. Pourtant, à chaque fois qu'il avait la sensation que tout se passait bien entre eux, qu'ils étaient reliés par une connexion invisible et inexplicable, elle finissait par le repousser. La première fois elle avait disparu soudainement en l'abandonnant subitement dans ce parc qu'elle voulait voir, et voilà qu'à présent elle recommençait, non pas en prenant ses jambes à son cou, mais en lui conseillant de rester éloigner d'elle. Pourquoi faisait-elle ça ? De quoi avait-elle peur ? Vivait-elle avec un petit ami jaloux et possessif ? Quelqu'un qui lui faisait peur ?

- Alors dis-le moi ? Qu'est-ce que je ne sais pas ? L'encouragea-t-il en plongeant son regard dans le sien pour l'inciter à se confier et à s'ouvrir à lui en lui confiant cette peur qui la tenaillait.

La voyant instaurer une distance entre eux en se reculant d'un pas, il leva un regard interrogateur sur elle. Que craignait-elle donc ? Alice lui paraissait perdue, nerveuse et hésitante, qu'est-ce qui pouvait l'effrayer autant ? Etait-ce de lui qu'elle avait peur ? Cherchant à l'encourager ses yeux s'agrandir de surprise alors qu'elle évoquait sa « véritable nature ». Le sourire de James s'effaça presque aussitôt et il sentit son sang se glacer. Avait-il à faire à une sorcière ? Après tout, elle lui avait dit elle-même vivre à New-Phoenix cette ville aberrante qui se prenait pour le fer de lance de la modernité, cette ville qui cherchait à ne faire plus qu'un avec le monde ordinaire et le monde magique, comme si deux opposés pouvaient s'unir pour offrir quelque chose de beau et de meilleur. Il n'y avait bien que les imbéciles pour croire cela. Une ville dont les beaux discours n'étaient qu'un mirages et dont les fondations n'étaient autre que le sang versé par les milliers de californiens, dont sa mère, que les Yaxley et les Rookwood avaient sacrifié afin d'éviter d'être extradé dans leur pays pour répondre des crimes qu'ils avaient déjà commis en Angleterre aux cotés de celui qui se faisait appeler Lord Voldemort. Cette ville ne devrait même plus exister, pas après toutes ces révélations en tout cas. On aurait du la détruire ou du moins détruire les fameuses Tour Yaxley, symbole vivant de cette déchéance, quand aux Yaxley eux-mêmes, ils mériteraient de ne plus avoir le droit d'occuper des fonctions aussi importantes. Il n'était pas le seul à le penser puisque le politicien Benjamin Heel avait tenu plusieurs conférences de presses à ce sujet, et il en allait de même pour certains républicains et même démocrates. Pourtant les Yaxley et les Rookwood continuaient de régner sur les Partisans du Nouveau-Monde sans être inquiété ! Marshall n'était qu'un pantin, quand à Camila elle n'avait rien d'un Leader, il était plus que temps que son père s'empare du pouvoir et que le changement vienne. Mais alors dans ce cas, si Alice était véritablement une sorcière comme elle le sous-entendait, que faisait-elle au Bastion ? Cela n'avait aucun sens...
Cela n'avait aucun sens mais ce n'était pas impossible pour autant, après tout, il avait bien rencontré Cinder alors qu'elle se trouvait en territoire inquisiteur. Constatant qu'Alice tendait sa main diaphane vers lui, il leva un regard perdu sur elle tout en fronçant les sourcils. Il ne comprenait plus ce qu'elle cherchait. D'un coté elle instaurait une certaine distance entre eux et voilà qu'à présent, elle désirait se rapprocher ? Etait-ce un piège ? Il sentait une certaine une méfiance poindre de sa part, c'est pourquoi il hésita durant un instant à prendre cette main qu'elle lui tendait. Cependant le doux visage d'Alice et les bons moments qu'il avait passé en sa compagnie eurent raison de sa réticence, quoi qu'elle ait à lui dire, cela ne pouvait pas être si terrible, du moins, il l'espérait. Prenant sa main dans la sienne, il fut surpris par la froideur qui s'en dégageait. La fraicheur de la nuit s'était levée et la température avait sérieusement décliné par rapport à celles, secs et arides qu'il y avait en journée, mais cela n'expliquait pas pour autant pourquoi la belle artiste était sur le point de tourner en glaçon. Alors qu'il s'apprêtait à lui demander si elle se sentait bien, la jeune femme le devança en l'informant qu'elle était une aberration de la nature. Quelle étrange manière de se  définir, pourquoi disait-elle ça ? L'incompréhension la plus total se lisait sur son visage. Il était perdu et ne comprenait absolument pas où elle voulait en venir ni surtout pourquoi elle lui disait ça

- Qu'est-ce qu....

Craignait-elle de perdre le peu de courage qu'elle avait si elle ne lâchait pas le morceau immédiatement ? Probablement. Avant même qu'il n'eut le temps de terminer sa phrase, elle lui révéla dans un sourire désenchanté... l'impossible.  James resta durant un instant interdit, comme si l'information qu'elle venait de lui communiquer refusait de monter jusqu'à son cerveau. Alice... un vampire ? C'était complétement ridicule pourtant ça ne le fit pas rire bien au contraire, ce simple mot le saisit d'épouvante et James eut du mal à contenir le mouvement de recul que cette seule évocation lui inspirait. Lâchant brusquement sa main, ce fut à son tour de se reculer d'un pas, sans la quitter du regard, cherchant à savoir si elle cherchait à le tester en lui racontant un bobard digne des pires films d'épouvante où si au contraire, elle était sincère... non, cela ne se pouvait, l'idée en elle-même était complétement ridicule.

- Tu m'as bien eu, se reprit-il en se forçant à rire, légèrement contrit. J'avoue j'ai marché pendant quelques secondes, mais c'est bon à présent tu sais ce qu'on dit, ce sont les blagues les plus courtes qui sont les meilleures

Mais Alice ne riait pas et James se mit à l'observer plus en détail, essayant de voir au-delà de ce qu'elle avait bien voulu lui montrer jusqu'à présent. Sa peau parfaite semblait avoir été modelé dans de la cire, seul son regard brillant qui le fixait avec intensité trahissait cette parcelle de vie qui l'habitait. Jusqu'à aujourd'hui, chacune de leurs rencontres s'était déroulée durant la nuit, quand aux manières et à l'attitude d'Alice, il les avaient toujours mis sur le compte d'une éducation trop stricte mais en réalité, ils venaient d'un autre temps, d'une autre époque. Plus il y réfléchissait et plus la vérité, qu'il refusait d'accepter s'imposait à lui

- Je ne te crois pas, articula-t-il dans un murmure avant que la vérité ne se reflète dans son regard. Un vampire ?! Répéta-t-il horrifié

James était complétement assommé, il peinait à retrouver ses esprits et pourtant la vérité était là, sous ses yeux, Alice n'appartenait plus au monde des vivants. Cette fille douce et talentueuse qui l'avait charmé n'était en réalité qu'une repoussante créature assoiffée de sang... Reculant à nouveau d'un pas, ses yeux se remplirent de détresse

- Tu m'as menti ?Toute cette histoire sur ton fiancé auquel je ressemble soi-disant et cette invitation à me montrer son portrait.... mais quel idiot je fais ! Comprit-il sidéré en passant sa main dans ses cheveux avant de relever son regard sur elle pour laisser place à la colère. Tu t'es bien fichu de moi ! Réalisa-t-il en battant l'air de sa main dans un grand geste désordonné.

Qu'il s'était montré stupide ! Lui qui pensait qu'elle avait inventé cette histoire de ressemblance de toute pièce comme excuse pour l'approcher alors qu'en fait, tout ce qu'elle désirait c'était le bouffer. Que se serait-il passé s'il s'était élancé à sa poursuite l'autre soir au Bastion ? L'aurait-elle entrainé dans un coin sombre pour le vider de son sang ?

- Ne t'approche plus jamais de moi est-ce que c'est clair ?! Lui ordonna-t-il furieux en la menaçant du doigt, plus jamais ! Je ne veux plus te voir !

Et dans un mouvement d'humeur, il donna un coup de pied dans le chevalet qui se replia et tomba sur le sol, entrainant avec lui le magnifique tableau qu'elle était entrain de peindre. Indifférents aux regards courroucés que pouvaient lui lancer certains passants qui avaient assisté à la scène, James enfonça ses mains dans les poches de son pantalon, et tourna les talons s'interdisant de lui accorder un dernier regard alors qu'il devinait que quelqu'un était venu aider ce monstre. Il se sentait trahit et se constat le mettait en colère et quand il était en colère il pouvait se montrer aussi cruel et blessant que son père. Se défouler sur elle n'avait cependant en rien arrangé à sa peine, c'était même tout l'inverse, puisqu'il se sentait encore plus mal. C'était probablement l'amer goût de la trahison qui lui retournait l'estomac de cette manière, sans le moindre doute

Alice ne savait ce qui exactement l'avait entrainé à faire part d'honnêteté, à avouer sa véritable nature en sachant très bien à l'avance la réserve qu'il avait en sa race et qu'elle pouvait parfaitement comprendre pour partager cette méfiance. Peut-être était-ce aussi par ce regard, cette étincelle qui brillait dans ses prunelles qu'elle aurait pu reconnaître entre milles, celle qui la plongeait dans une époque lointaine pendant laquelle son coeur battait encore et où les sentiments qui l'animaient pouvaient être compris et véritablement vécus. Elle se souvenait encore de cette complicité, de cette confiance aveugle qu'elle avait envers Édouard. Un souvenir qui l'avait sans aucun doute guidé dans cet aveu, une révélation qu'il ne sembla d'abord par comprendre. Ne le laissant pas la questionner, elle avait dévoilé pleinement sa véritable nature. L’impassibilité dont il faisait preuve au départ lui laissa faussement croire pendant un moment que malgré sa crainte envers ces créatures, peut-être parvenait-il à faire la séparation entre elle et eux dans son esprit. C'est en sentant sa main quitter la sienne qu'elle réalisa que cette ouverture qu'elle pensait déceler chez lui n'était en réalité que le choc que la nouvelle avait apportée chez lui. Du moins jusqu'à ce qu'il ne retrouve complètement le fil de sa pensé et la lâche brusquement, s'éloignant d'elle.

« J'aimerais que ce ne soit qu'une plaisanterie, mais ce n'est pas le cas. »

Malgré tout, il continuait de ne pas la croire et si elle était d'une certaine façon touchée de voir qu'il n'aurait jamais pu le deviner simplement en la regardant et en la côtoyant, la haine qu'il avait à l'égard des autres de son espèce, elle était virulente. Au delà de la haine, c'est sans doute percevoir la peur dans son regard qui la troubla le plus. James comprenait enfin, mais ne s'arrêtant pas aux faits, les mots qu'il lui cracha lui firent comprendre à quel point sa vision était encore plus sombre que la réalité. Elle savait ses mots sans doutes influencés par ce flot d'émotions néfaste qu'il devait ressentir à son encontre, mais cela ne les rendait pas pour autant facile à accepter. Elle aurait pu rester silencieuse, elle aurait dû même car peu importe ce qu'elle dirait il risquait de ne pas être prêt à l'entendre et pourtant, elle tenta quand même de lui relater les faits.

« Il est vrai que je t'ai caché ma nature lors de notre première rencontre, mais je ne t'ai jamais menti. »

Sa colère était palpable et ses paroles comme ses gestes lui laissaient croire qu'il n'avait sans doute pas entendu ce qu'elle venait de dire. Ou peut-être que si, mais qu'ils étaient sans importance maintenant qu'il savait véritablement de qui ils provenaient. Elle ne pouvait ressentir le moindre ressentiment à son égard, elle comprenait parfaitement pourquoi il agissait ainsi désormais avec elle, convaincue qu'elle ne méritait pas mieux de toute façon. Elle regrettait de s'être montrée plus exploratrices que les années précédentes, être plus rangée et discrète lui réussissant beaucoup mieux. C'était sa place après tout, recluse et le plus loin possible de ce monde auquel elle ne pouvait que nuire. Si seulement, elle avait le pouvoir de faire cesser tout ça, d’élimer elle-même cette menace qu'elle représentait, mais Gideon l'en empêchait. Immobile, elle avait accueilli à nouveau cette haine qu'il lui lançait. Acceptant ses paroles comme une vérité divine qui ne cesserait jamais de la rattraper, effaçant en une fraction de seconde ce qu'on véritable serviteur de dieu était parvenu à faire comme cheminement en de nombreuses heures. Le regard sur ce doigt qu'il pointait vers elle, Alice avait simplement hocher de la tête. Rien de ce qu'elle aurait pu dire n'aurait pu le convaincre qu'elle n'avait jamais cherché à lui nuire de la moindre façon. Elle n'avait pas sa place ici et en cet instant, elle avait de nouveau la preuve qu'elle n'avait sa place nul part car ses mots prononcés pas le reflet identique de son regretté bien aimé avaient un poids incomparable. Elle avait vu son mouvement et bien qu,elle aurait eu facilement le temps nécessaire pour l'en empêcher, elle n'avait rien fait. Alice ne pourrait pas son regard sur le chemin vers son salut qui s'effondrait contre le sol, irrécupérable. Elle n'avait d'attention que pour l'homme qui s'éloignait d'elle, disparaissant rapidement de sa vue pour ce qui serait sans doute leur dernière rencontre. Les voix autour d'elle était tout ce qui l'empêchaient de laisser jaillir les larmes de sang qui s'était amasser dans ses yeux, menaçant de s'écouler contre ses joues et de laisser leur sillon carmin. Consciente qu'elle ne les verrait plus jamais, elle s'était enfouie, la brise occasionnée par sa sortie rapide ébouriffant les cheveux de certains d'entre eux. Rapidement, elle avait atteint le havre du Père Altair où elle n'avait pu s'empêcher de laisser une note. Elle ne voulait pas qu'il s'inquiète pour elle, il était temps qu'elle règle tout une fois pour toute et même si pour le rassurer elle avait mentionné la possibilité qu'elle revienne, ce n'était pas son intention.

Quittant Santa Fe, tous les arrêts qu'elle dû faire pour s’habiter du soleil s'étaient fait dans la plus grande discrétion. Elle ne voulait voir personne, cesser d'exister. Ce n'était même plus la crainte de tomber une troisième fois sur ces chasseurs de vampires qui forçait à agir ainsi, c'était désormais uniquement le désir de disparaitre. Si New-Phoenix n'avait pas été à l'opposé de son chemin, peut-être serait-elle arrêté le voir une dernière fois avant de rejoindre Gideon.. Mais c'était plus facile ainsi. Il serait peut-être parvenu à la faire changer d'idée, à la sauver à nouveau de ce destin qu'elle souhaitait pour elle-même et qu'elle avait enfin le courage de débattre avec la seule personne qui avait un contrôle sur lui. Elle ne savait même pas de toute façon pourquoi elle avait une pensée pour lui.. et puis comme pour tous les autres, il était mieux loin d'elle.

Rejoignant enfin Boston, Alice n'avait pu s'empêcher de se sentir désorientée. Elle ne connaissait pas cette citée et bien que le côté vieillot et ancien lui plaisait et l’apaisait, elle ne s'y sentait pas à sa place. Elle n'appartenait à aucun monde. Déambulant dans les rues, suivant les indications vers le domaine du Roi des Vampires où elle savait pouvoir le trouver, elle n'eut pas le temps de gravir le seuil de l'imposante demeure qu'une voix qui lui était inconnue appela son prénom. Se retournant dans la direction, une femme portant une robe des plus révélatrices apparaissait sous ses yeux.

« Suis-moi... Tu ne me connais pas c'est normal... Mais ton créateur m'a déjà parlé de toi. Il est sorti, mais je vais te tenir compagnie jusqu'à son retour. »

Comment pouvait-elle la connaître ? Ça elle n'en avait aucune idée. Le seul fait que Gidéon ait déjà parlé d'elle à quelqu'un la prenait pas surprise, du moins autant que de se faire reconnaître. Hésitante, elle avait finalement choisit de la suivre. Après tout, elle ne connaissait personne ici et si elle sautait dans la gueule du loup, alors elle le ferait à pieds joints, prête à être délivrée.

« Au fait, on m'appelle Milady. »