Armand R Altaïr  ϟ Métier : Prêtre ϟ Âge : 35 ans ϟ Race et sang : Sorcier ϟ Particularité : ϟ Statut civil : Célibataire devant l’Éternel, mais amoureux perpétuel  ϟ Messages : 1611 ϟ Date d'inscription : 02/03/2016 ϟ Disponibilité RP : 1x semaine ϟ Célébrité : Arthur Davill ϟ Crédits : aucun  | | Sujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand 02.10.17 20:32 | |
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 In the Court of the Crimson King
Les pupilles de l'exorciste s'étaient fortement dilatées, laissant à peine deviner ses iris d'un vert tendre. L'obscurité dans cet endroit oublié de tous, avait quelque aspect liquide. C'était comme si elle suintait des parois creusées par la patte d'une créature inconnue. De nombreuses empreintes marquaient la terre en sillons parallèles, laissant imaginer des mains larges comme celles des ours, avec six grandes griffes plus épaisses que des doigts humains. Il avait l'impression d'être dans le terrier du monstre, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement du ventre de la bête. Attendant dans l'obscurité, il dialoguait seul avec sa conscience, se posant lui même des questions à voix haute pour éviter d'affronter celle qui lui causait le plus de mal : mais pourquoi est ce qu'il était venu de jeter dans un gouffre pareil ?
Alors qu'il examinait les pierres à nues qui formaient l'entrée du tunnel, il sentit quel chose frôler sa cuisse. Il poussa un glapissement horrifié, et recula d'un bond. Il scruta l'eau trouble, la panique lui faisant distinguer des monstres et des serpents. Pourtant ce qui lui restait de rationalisme dans son esprit tentait de lui faire garder le contrôle. Si quelque chose nageait dans cette eau, et si cette chose avait des intentions hostiles à son égard, elle avait eut l'occasion de l'attaquer depuis longtemps. De plus il n'était pas aberrant d'imaginer que des algues s'était probablement développées dans ce fond d'eau croupie, tout comme les nombreuses mousses et moisissures le faisaient sur les parois humides.
Une lumière tremblotante fini par apparaître au dessus de lui, et il retrouva espoir. Marten arrivait, et même si le moment de sortir de ce bourbier n'était pas encore arrivé, il était néanmoins heureux de savoir un compagnon à ses côtés. Avançant à grande peine dans l'eau boueuse qui lui montait jusqu'à la taille, il se rapprocha de la liane et aida Marten à descendre. Celui ci poussa une exclamation en entrant dans l'eau froide qui le fit sourire. Bien sur il n'avait aucune idée de ce qu'était une « Ki'boîte », mais au vu du cri qui lui avait échappé, il avait l'intuition que c'était quelque chose situé probablement en dessous des hanches et au dessus des genoux.
Maintenant son ami par les épaules jusqu'à ce qu'il trouve son équilibre, Armand était tellement terrifié qu'il s'avérait étrangement chaleureux. Lui qui d'ordinaire rappelait continuellement au docteur quelle était la distance convenable en société, cette fois ne se déroba pas à son accolade. Il faut dire qu'avec la frousse qu'il s'était tapé, il n'était pas contre un câlin d'encouragement.
Le Docteur Largecape souleva la lampe, et se mit à scruter l'espace autour de lui. Puis il sembla se figer et lui désigna quelque chose qui flottait à la surface de l'eau. C'était comme une pellicule iridescente, qui ondulait au moindre de leurs mouvements à la façon d'une flaque d'huile. La lumière de la lampe révélait sa présence de façon ténue, par un simple miroitement anormal de cette matière qui semblait bien plus grasse que l'eau. En plus de son étrange texture, elle avait également une coloration subtile, jaspée de mauve, de jaune et de bleu. On aurait dit une flaque de pétrole, mais le docteur était formel, cette chose n'appartenait pas à notre monde. Elle était notre monde, ou plutôt un petit morceau d'espace temps mis à nu par la rencontre de plusieurs plans. Ces forces immenses entraient en collision à cet endroit précis, se déformant jusqu'à probablement finir par rompre. Marten n'exagérait absolument pas le danger que cela représentait de se trouver ici. D'un instant à l'autre la rupture pouvait avoir lieu, dans une seconde ou bien dans mille ans, personne ne pouvait l'estimer. Ils se trouvaient au cœur de la réaction, et ils n'avaient qu'à tendre la main pour être définitivement annihilé dans le ventre de l'espace.
Réalisant soudainement ce à quoi il avait affaire, Armand se signa, et reporta son attention sur le docteur, tout en gardant la flaque irisée dans un coin de sa vision. Marten lui parla des signes qu'ils avaient aperçu sur les parois, et de celui en forme d’œil qui était apparu sur le plancher, plusieurs mètres au dessus de leurs têtes. L'exorciste ignorait tout des Tahines et du Parler-Moins, seul l'évocation du Roi lui était vaguement familière. Il l'avait déjà entendu le terme de Roi en Rouge, désignant une créature aussi ancienne que maléfique. Pensait il que le Roi puisse être le Diable incarné ? Absolument pas, mais les Sept Cercles de l'Enfer étaient peuplés de nombreux démons, et leur hiérarchie aussi complexe qu'obscure ne lui était pas inconnue. Il pouvait parfaitement s'agit d'un des lieutenants infernaux dissimulé sous un autre nom, ce qui n'en restait pas moins une mince affaire. Tout comme il pouvait très bien s'agit de complètement autre chose. Ses connaissances des mondes kabbalistiques lui avaient apprit qu'ils n'étaient pas les seuls êtres doués de conscience à évoluer entre le Ciel et l'Enfer.
« Parlez moi des Tahines docteur... »
Quelles pouvaient être ces créatures qui avaient tracés ce langage immonde ? Pétrit par l'envie d'en savoir plus à leur sujet il mit de côté sa peur. Ces symboles obscures il ne les découvrait pas pour la première fois hélas, ils étaient littéralement sortit de sa plume au cours de cette nuit. L'image de ses doigts froids crispés autour de l'arme à feu lui glaçait le sang. Il n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé pendant la nuit, ni de ce qui avait pu le pousser à tenter de se donner la mort. Mais au vu des hiéroglyphes qu'il avait lui même tracé sur la table, il y avait eut un dialogue. Pendant son inconscience il avait été capable de converser dans ce langage inconnu, à moins qu'il n'ait fait que de retranscrire ce qu'une force obscure lui avait dictée. Il ignorait parfaitement de quoi il s'agissait, mais il se doutait que ça avait du troubler sa conscience au plus haut point pour l'amener vers ce geste de désespoir.
Marchant derrière son compagnon, Armand était attentif à tout ce qu'il lui racontait. Non seulement le sujet l'intéressait au plus haut point, mais également parce qu'il y avait ce sifflement insidieux qui murmurait par dessus son épaule. La tentation de se retourner était très forte, mais il y résista. Il savait que rien de tout ceci n'était réel, et la force de sa conviction était son seul salut. Après tout il était un exorciste chevronné et connaissait les pièges les plus grossiers de l'esprit.
Le récit que lui conta Marten lui parla totalement, du fait qu'il rejoignait parfaitement ses propres convictions et ses propres connaissances. Bien entendu les noms qu'il donnait aux choses étaient différents, mais les fondements de l'histoire ne lui étaient pas inconnus. Elle était peuplé de monstres et de démons, et du chaos originel apparaissait Dieu, plaçant son trône au milieu de l'univers, apportant lumière et protection à chacune de ses créations. La Tour dont parlait Marten trouvait un écho dans ce qu'un théologien comme Armand nommait le Trône de Dieu. Il était à la fois le pilier de l'univers et le centre du Septième Ciel, et les Rayons émanant de lui étaient la voûte et l'ossature du monde connu et inconnu. Gan était certainement le nom qu'il donnait au Créateur, et même si cette désignation ne lui était pas familière, il ne pouvait qu’acquiescer.
« Croyez bien que ce n'est pas la première fois que j'entends des démons qui susurrent dans les ténèbres. Leur appel n'a aucune prise sur ma volonté. Dieu nous protège et nous accompagne. »
Et pourtant, il avait toujours en tête ce qui s'était passé cette nuit. Et la perspective de revivre ça l'effrayait. Les murmures se firent plus fort au fur et à mesure qu'ils avançaient dans le boyau étroit. Conscient qu'il tremblait, Armand glissa sa main dans celle de Marten. Il sentait cette présence maléfique le faire chanceler et il se mura dans la prière, récitant à mi voix des litanies en vue de leur protection.
Ils parcoururent une distance qui lui sembla étrangement familière, et se retrouvèrent dans une pièce maçonnée étrangement à sec. Il avait remarqué un léger dénivelé dans le tunnel, confirmé par la baisse du niveau d'eau. Cette pièce là était certainement à un mètre plus haut que le niveau du puits, ce qui expliquait pourquoi le sol n'était pas recouvert d'eau. Toujours trempé jusqu'à la taille, Armand regarda avec tristesse la coloration grise qu'avait formée l'eau sale sur sa bure immaculée. Puis il cessa de faire fi de son apparence désormais ruinée, et observa l'espace autour de lui. La pièce était surplombée de voûtes de pierres, et le sol couvert d'une mosaïque polychrome. Il n'arrivait pas à voir les motifs crées par l’agencement des tesselles, mais il se dit d'en nettoyant la boue avec une brosse, il aurait vite fait d'en rendre la lecture possible. Puis il leva sa baguette vers le plafond, pour éclairer la voûte. Un stuc maladroit recouvrait les pierres, s'effritant par plaques entières. C'était d'ailleurs probablement ces débris qui s'étaient changés en boue à cause de l'humidité et avait salis le sol. Par endroit l'enduis affichait des restes de coloris bleu, parsemé d'étoiles à cinq branches à la manières des tombeaux égyptiens. Cet endroit n'avait plus du tout l'aspect d'un terrier hostile comme l'était le fond du puits. C'était un lieu ancien, mais toujours habité par une présence réconfortante. Laissant ses yeux couler sur la pierre qui marquait le centre de la salle, l'exorciste fit un signe de croix.
« Docteur, les dimensions de cette salle et la distance que nous avons parcouru me sont familières. Je pense que nous sommes dans une chapelle basse, directement en dessous de l'autel de Santa Conception. »
Il désigna le plafond, comme désireux de toucher une vérité qui lui échappait. Ce lieu lui apparaissait comme une infra monde, un monde à l'envers. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il s'agissait d'un monde maléfique. C'était comme un miroir, un reflet de la réalité crée par la compression du temps et de l'espace. La tramée était apparue ici, dans ce plan issus du leur mais avec des incohérences qui en faisait un endroit biscornu et sordide. Sans doute n'était il pas non plus incohérent de penser que ce monde était un mélange aberrant de sa réalité et de plusieurs autres. Ça expliquerait les hiéroglyphes en Parler-Moins, et les éléments d'architecture étranges et anachroniques de ce lieu. La tramée de l'univers était à vif, et là il avait le sentiment qu'ils se trouvaient dans l'épicentre d'une explosion du tout cosmique.
La voix de Marten résonna dans son dos, lui sommant de partir. Sans doute la transpiration qui coulait sur son visage blême avait trahit son état d'esprit. A l'intérieur, et pourtant malgré son sang froid, Armand avait l'impression de vive un profond bouleversement. Une pensée s'était mise à fleurir, donnant naissance à une question, une question tellement atroce qu'il palpitait de peur rien qu'en envisageant la réponse.
« Docteur... d'où vient l'eau ? »
Il le regarda, une lueur de folie étincelant dans ses yeux verts, ses pupilles à présent totalement rétractées. Il répéta, sa question une nouvelle fois, la peur le faisant monter d'un ton.
« L'eau qui sort à la surface... D'où vient cette putain d'eau Marten ?! » Il se sentit d'un coup fébrile.
Ici, en plein milieu du désert et loin de la moindre habitation, comment pouvait il avoir de l'eau courante ? En presque dix ans qu'il vivant ici il n'avait jamais pensé à cela, et aujourd'hui un tel manque de bon sens lui donnait des vertiges.
L'huile qui perlait des murs, cette eau à son robinet qui ne lui avait jamais fait défaut même pendant les pires épisodes de sécheresse qui avaient frappés la région... Jamais il ne s'était demandé d'où est ce qu'elle provenait. Et au contraire, en toute innocence il en avait bu, s'était lavé avec, la laissant s'infiltrer dans son organisme pendant dix longues années. Un puissant sentiment de dégoût lui plia les entrailles, et tout en se retenant à l'autel il lutta contre un violent haut le cœur qui menaçait de le faire vomir. Comment est ce qu'on pouvait être aussi con ? Avec ses sortilèges et ses pentacles il avait eu l'impression d'avoir un cocon autour de lui, et jamais n'avait imaginée que la corruption s'était infiltrée en lui de cette façon.
Les bourdonnements monstrueux brouillaient sa raison, et il lui fallut s'appuyer sur Marten pour ne pas perdre connaissance. Ses observations étaient en partie erronées, le mal ne provenait pas seulement du sol, ou du moins ce n'était pas tout. Il circulait par l'eau souillée de tramée, qui s'infiltrait à travers chaque couche de sable, ouvrant le passage aux gouhles des autres plans, érodant les os des défunts du minuscule cimetière qui entourait l'église, s'insinuant jusqu'à son propre organisme.
Un besoin viscéral de sortir d'ici le saisi, et comme prit de panique il supplia son compagnon de quitter ces lieux. Traverser à nouveau le couloir inondé fut une épreuve, mais les mâchoires serrées il parvient à lutter contre son dégoût et à rejoindre la liane qui l'aida à remonter vers la lumière. Dès lors il ne ressentait plus la peur de tomber, et il grimpa à toute allure, ne prêtant aucune attention à son asthme qui enflammait ses poumons. Seul l'adrénaline le portait, et le besoin vital de sortir de ce trou. Quitter cet endroit malsain et nettoyer tout son corps de cette corruption abjecte qui le souillait. Il avait l'impression de s'être empoisonné, et cette pensée horrible lui tournait la tête.
Chancelant au bord du puits, il tendit la main à Marten pour l'aider à s'en extirper, puis il se laissa aller à son besoin de retrouver la lumière. Il marcha rapidement vers l'entrée et sortit au dehors, sous le soleil écrasant du Nouveau Mexique. Il ne se retourna qu'une fois la route goudronnée traversée, et contempla avec dégoût la silhouette blanche de Santa Conception. Les ardents rayons du soleil lui donnaient l'impression de se trouver au milieu d'un brasier, mais Dieu merci il était vivant. |
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