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 In the Court of the Crimson King - PV Armand

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Marten Largecape
Marten Largecape

In the Court of the Crimson King - PV Armand Giphy

ϟ Métier : Chercheur en nanomagie ϟ Âge : En vrai ? 283 ans mais chut... ϟ Race et sang : Sorcier de sang-mêlé ϟ Statut civil : Veuf

In the Court of the Crimson King - PV Armand Giphy

ϟ Messages : 159 ϟ Date d'inscription : 27/04/2016 ϟ Disponibilité RP : 1x / mois ϟ Célébrité : Dominic Monaghan ϟ Pseudo : Oreste ϟ Crédits : Tumblr

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MessageSujet: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty02.12.16 15:10



"In the court of the Crimson King"


Avec Armand






Marten avait reçu le texto d’Armand il y a quelques jours déjà. Il avait fait son possible pour arriver le plus vite possible, mais l’église du prêtre n’était pas tout près de New Phoenix et il avait dû se battre bec et ongle pour obtenir quelques jours de congés. Et au final, il avait perdu.

Hera Rockwood le fascinait. Elle lui rappelait Mme Clothilde, de la Nouvelle-Orléans, qui lui avait laissé une trace indélébile de la véritable signification du mot « dominatrice ».

En l’échange de cette faveur, Marten avait promis à sa patronne qu’il travaillerait pendant toute la durée de son absence, permettant de faire passer ce petit pèlerinage occulte en… déplacement professionnel.  En outre, il lui avait dit qu’il ne « reviendrait pas les mains vides ».

Le voyage fut éprouvant : une grève bloquait les vols jusqu’à Santa Fe. Il du donc prendre un vol dans un affreux DC-8 jusqu’à Victorville. Là, un taxi l’emmena jusqu’à « El Mirage », une longue avenue poussiéreuse que le chauffeur qualifiait de « calle del diablo ». Marten tenta bien de faire un trait d’humour en lui demandant s’il ne s’agissait pas plutôt de « culo del diablo », mais le chauffeur ne rit point. Il se contenta de lui demander 50$ (!!) et de le déposer, là, au milieu de nulle part.

Il vérifia sa localisation sur son téléphone, et vit qu’il lui restait plus de 20km à parcourir. Il était 9h50 et la chaleur était déjà étouffante, sans parler du sable poussiéreux qui rongeait déjà son impeccable costume sur mesure. Marten avait dit à Armand qu’il serait là à 10h, et il mettait un point d’honneur à ne jamais arriver en retard.

Marten prit alors une décision difficile. Il allait transplaner. Il
devait
transplaner.
Il posa sa valise par terre et posa dessus sa petite boîte en plastique dans laquelle son rat dormait grassement, assommé par la chaleur et sans doute l’inamabilité du chauffeur de taxi. Une fois ses deux mains libres, il fouilla dans sa besace et en sorti un objet long, enroulé dans un tissu à fleurs, chargé d’années et de souvenirs. C’était sa baguette, puissant et impitoyable artefact qu’il avait autant fuit que craint.

Il la déballa soigneusement, le temps comme suspendu autour de lui, et déroula le tissu. Cette baguette était magnifique et cela faisait des années – des décennies ! – que Marten ne l’avait pas vu. A son contact, il fut parcouru d’un frisson glacé. Friture se redressa et commença à gratter dans son Tupperware au couvercle percé de trous.

Marten parcouru délicatement des doigts la forme ô combien symbolique de sa baguette. Il en effleura les créneaux tournoyants dans une spirale infinie, son index en frôla le sommet, presqu’à regret, et il fut frappé d’une vision.

Il vit la cour, il vit un trône débile. Les ruines rampantes de la cité, et une femme-démon nue qui parle avec le vent. Il vit un loup, un aigle, une tortue, un chien, un poisson et un éléphant. Il vit une rose, une clé, une porte. Il vit le tout, il vit 19.

Il n’avait pas eu ce genre de visions depuis très longtemps, et aussi désagréables qu’elles étaient, ces instants précieux lui procuraient une sorte de satisfaction quasi-charnelle.

Il agrippa fermement sa badine, cala Friture sous son bras et reprit sa valise dans la main gauche. Il accomplit un imperceptible mouvement de poignet et disparu.

En se concentrant sur l’adresse qu’il avait reçu, l’image d’Armand et le souvenir de son odeur, il parvint à se guider jusqu’à l’église de l’Immaculée Conception. Il prit un instant pour sourire et arriva enfin. Il détestait transplaner, vraiment. Complétement brouillé, il mit cinq bonnes secondes avant d’être sûr d’avoir les pieds sur le sol, et à peine le temps de voir qu’il était sur le perron de l’église, il fut pris d’un haut-le-cœur aussi violent qu’imprévisible et vomit, plié en deux, alors que la porte s’ouvrait.

Décidément, ces vacances s’annonçaient merveilleuses et bucoliques.
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Armand R Altaïr
Armand R Altaïr

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ϟ Métier : Prêtre ϟ Âge : 35 ans ϟ Race et sang : Sorcier ϟ Particularité : ϟ Statut civil : Célibataire devant l’Éternel, mais amoureux perpétuel

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ϟ Messages : 1611 ϟ Date d'inscription : 02/03/2016 ϟ Disponibilité RP : 1x semaine ϟ Célébrité : Arthur Davill ϟ Crédits : aucun

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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty12.12.16 16:14


   

In the Court of the Crimson King






Agenouillé devant l'autel, les mains jointes et les paupières closes, le prêtre était plongé dans une profonde méditation. Il s'était levé bien avant le jour, et avait vu les premières lueurs de l'aube rougeoyer à travers les volets de bois, donnant à la nef des allures de brasier incandescent. Les épais volutes d'encens s'élevaient, conférant une odeur capiteuse et suave à l’atmosphère de ce lieu impie.  Plongé dans le jeûne depuis la veille, l'exorciste laissait son organisme inhaler de cette fumée entêtante et se nourrir de son antique magie.

Son esprit était un immense et insaisissable vide, abandonné à la contemplation des énergies multiples et anormales qui le traversaient. Cet endroit perdu au milieu de nul part était un véritable mystère. Pourtant il avait bien fini par se rendre à l'évidence. Ces nombreuses années d'enquêtes lui révélaient qu'il n'y avait ici ni démon ni fantôme. La vérité était bien plus trouble. Tout provenait du sol. Il y avait sous ses pieds un immense nœud d'énergie mystique qui irradiait, créant et attirant des anomalies. Observer cet épanchement occulte au dedans de son organisme, demandait d'utiliser les yeux de son âme. C'était comme percevoir à travers l'obscurité la plus profonde ou la lumière la plus crue. C'était aller au delà de ses facultés naturelles, et sonder l'abîme de son esprit pour espérer y puiser une insaisissable réponse.

Plongé dans sa transe méditative, Armand se sentait comme extérieur à son propre corps. Il n'avait plus de notion du temps, et ignorait s'il s'était écoulé des heures ou des minutes. Il ne ressentait ni la faim, ni les courbatures qui lui comprimaient les genoux, et qui en temps normal lui auraient causés des douleurs insupportables. Là il était calme, apaisée. Il évoluait dans un grand espace, où son esprit éveillé se livrait à un puissant et intense sentiment de plénitude. Les énergies le berçaient, comme des vagues impalpables qui ballottaient son âme, l’entraînant au gré des courants. Décrire ses sensations c'était comme donner des couleurs aux sons, rien n'était facile à exprimer. Petit à petit il avait apprit à lâcher prise, et désormais arrivait à s'abandonner aux mouvements lancinants des énergies cosmiques. Pourtant il avait beau laisser son esprit vagabonder dans les remouds du flux énergétique, il avait l'impression que celui ci le ramenait lentement vers les rivages de sa conscience. Progressivement il s'éveillait, et ce merveilleux sentiment de plénitude s'estompait comme un rêve qui s'enfuit. Il retrouvait petit à petit l'usage de ses sens, et c'est l'odorat qui réapparu le premier. Le parfum entêtant de l'encens servait de transition entre les réalités, s'élevant vers les Dieux et traversant les sphères de la conscience.

Il ouvrit lentement les yeux, pour ne pas être éblouit par l'intense lumière qui baignait l'église à cette heure avancée de la matinée. Le prêtre se signa plusieurs fois respectueusement devant l'autel, quand soudain un craquement sonore familier brisa le silence. Quelqu'un venait de transplaner non loin, et avec peu d'élégance si on se fit au volume sonore élevé du bruit. Armand sursauta, il posa la main au sol pour s'aider à se relever, et en poussant sur ses genoux il réalisa qu'il ne ressentait plus ses jambes et s'affala mollement sur le parquet en étouffant un couinement pitoyable. Pas étonnant d'avoir des fourmis quand on reste prostré dans la même position pendant des heures. Il grimaça de douleur. En même temps la mauvaise circulation du sang avait son rôle à jouer dans une transe réussie. Après s'être un peu frictionné les mollets, et en supportant les crispations qui lui meurtrissaient la chair, il réussi à se relever en s'appuyant sur un banc. Certes il n'était pas on ne peut plus glorieux à cet instant, mais heureusement personne n'avait là pour assister à sa gamelle.

Une fois debout il lissa soigneusement sa bure, chassant le vilain plis que sa posture contrainte avait formé sous son ventre. C'est ça le problème avec le lin, suffit de le regarder pour qu'il se froisse. Pestant à mi voix dans un italien soutenu, il ajusta sa ceinture pour être sur que son vêtement soit correctement disposé. Les occasions de le porter n'étaient pas fréquentes ici, et il se devait de le faire avec toute la digité qu'incombait cet habit sacré. C'était celui des frères de la Coupe, ou de la Cinquième couleur si c'était ainsi que Marten désirait les appeler. Peut importe, leurs noms étaient multiples et troubles, à l'images des mythes et des mystères qui les entouraient. Leur réputation était inégale, oscillant entre négation de leur existence et émerveillement devant leur savoir faire et leur puissance. Depuis tout jeune Armand avait été préparé par sa mère pour porter à son tour cet habit. Et il avait beau penser qu'il avait été totalement libre de ses choix, rien n'était moins sur.  Dans sa branche maternelle il y avait toujours eu des hommes secrètement au service de l'Ordre, et en tout innocence Lisa avait avancé ses pions en y plaçant son aîné.

Glissant ses doigts sous son capuchon il remit en place la longue écharpe rouge brodée de roses à cinq pétales, qui se croisait sur sa poitrine avant d'entourer ses hanches. C'était ce même habit qui avait donné une frayeur atroce à a vilaine petite pécheresse qui était venue fureter secrètement dans son armoire. La petite fouine n'en avait rien laissé paraître à son compagnon coyote, mais elle était bien connue de ceux qui portaient ces fleurs à cinq pétales, et en tout sincérité elle avait parfaitement raison d'en avoir peur.

Traversant la nef aussi rapidement que pouvaient le permettre ses jambes endolories, Armand tira le double battant de la porte de l'église, et se retrouva nez à nez avec une vision qui acheva de le faire descendre totalement des méandres éthérés de sa méditation. Le pauvre Docteur Largecape était à quatre pattes sur le plancher du porche, vomissant ses tripes. Sérieusement, pourquoi par le ciel ne pouvait il jamais apparaître de façon normal et digne ? S'il espérait lui faire des palpations malvenues en puant le vomi, il se mettait le doigt dans l’œil. Pourtant Armand était une bonne âme, et sa bienveillance naturelle supplanta son dégoût. Il se pencha pour aider le brave homme, et l'aida à s'asseoir sur le banc tout proche.


« Docteur... Vous avez pris un coup de chaud ? Ça va aller, je vais vous chercher un verre d'eau. Je ne vous fait pas entrer, l'intérieur est encensé et ça pourrait vous donnez davantage mal au cœur. »


Il se leva, et revient rapidement avec un grand verre d'eau fraîche.


« Voilà. Nestor ? Pourriez vous venir nettoyer je vous pris ? »

Une serpillière bien connue de nos lecteurs traversa la nef en ondulant sur ses poils à la manière d'un poulpe, suivi d'un seau rempli d'eau savonneuse bondissant joyeusement sur ses quatre petites  protubérances en plastique qui lui servaient de pattes. En voyant la magnifique flaque de vomi répandue là par les bons soins du Dr Largecape, Nestor lui jeta un regard mauvais qui signifiait quelque chose comme :
« T'as fait chier la mauvaise serpillière hombre ! » Puis rappelé à l'ordre par un geste de son maître, il se mit à nettoyer en ruminant intérieurement ses sombres projets de vengeance.

« Vous sentez vous mieux ? Cet endroit est infernal, ça m'a prit des années avant de m'habituer à la chaleur. »
Armand baissa son capuchon, et adressa un sourire amicale au sorcier. « Je vous ferais la visite quand vous vous sentirez parfaitement bien, ne prenons aucun risques. Et puis nous ne sommes pas pressé. »


Dernière édition par Armand R Altaïr le 27.01.17 17:49, édité 1 fois
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Marten Largecape
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty15.12.16 18:34



Marten se remit bien vite de ses émotions, et remercia sincèrement Armand pour son aide et sa sollicitude.
Effectivement la chaleur était étouffante, et maintenant qu’Armand lui avait fait remarqué, Marten fut pris d’une soudaine envie de se mettre à l’abri, comme si sa vie était en danger et qu’il devait fuir ce démon de chaleur.
Il se pressa de rentrer sa valise, et bien sûr Friture, qui avait l’air de plutôt bien s’accommoder de la chaleur, ce qui ne le surprit pas vraiment : son gros rat adorait se faufiler derrière le frigo, là où il fait bien chaud.

L’intérieur de l’église fit forte impression à Marten. Il ressenti tout de suite une énergie forte et sombre, comme un souffle qui dort. Il intuita qu’il n’était pas venu pour rien, loin de là.

Un fois ses affaires à l’intérieur, il reporta son attention sur Armand, déjà vêtu d’une toge, comme un élève lèche-bottes qui lève la main avant même que la question ne soit posée.

Je vais bien mieux, merci beaucoup. Si ça ne te dérange pas, j’ai apporté quelques vêtements car je présume que nous en aurons pour plusieurs jours. Par contre je déteste dormir sur les sofas, il me faut un vrai lit, si possible deux places car j’aime me sentir à l’aise, mais je ne sais pas vraiment si les prêtres ont des lits deux places en fait… Mince… Et ne t’en fais pas pour Friture, mon petit chose-rat: il fera ses besoins dans sa boîte et se satisfera pleinement d’un espace exigu ou en hauteur, comme l’autel ou le confessionnal. Oh et je déconne, c’est un gros rat normal. Ahah…

Sa petite nausée était passée, et Marten était à nouveau en pleine forme. Il fit quelques pas le long de l’allée et poussa un long sifflement d’étonnement.

Eh bien ! Ce lieu est fascinant ! J’imagine que tu as du mal à fermer l’œil la nuit, non ? Cet endroit a l’air aussi hanté qu’une équerre !... Une équerre… en… euh… « T »…. Ahem… Ah ! Par contre, je ne suis pas trop dans le trip toge et chapeau pointu, donc je n’ai pas prévu de dégui… euh… de tenue particulière. Mais si tu veux bien m’en prêter une, ça serait rigolo ! Ahaha !

Armand ne ria pas vraiment.
Marten posa une main sur le mur qui lui faisait face. Il reprit tout son sérieux.

Armand, as-tu déjà remarqué que ces murs
vibraient
? C’est quasi-imperceptible, mais ils sont parcourus d’une pulsion lente et lancinante. Quelque chose les anime, quelque chose qui vient de loin, quelque chose qui vient du sol, de la terre ou de
sous la terre
.


Il retira sa main du mur et fit volte-face.

Montre-moi le sigleu, celui dont tu m’as envoyé la photo. Il est temps que je te dises tout ce que tu dois savoir.

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Armand R Altaïr
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty19.12.16 13:57


   

In the Court of the Crimson King




Visiblement le docteur avait une capacité d’accommodation particulièrement surprenante. Il commençait à peine à reprendre des couleurs qu'il avait retrouvé son intarissable débit de paroles. Il gesticulait frénétiquement, et pour Armand qui sortait à peine du cocon douillet de la transe méditative, c'était un spectacle relativement insupportable. Lui était passablement mou, dans le genre mal réveillé, et le bavardage continu de ce type qui semblait carburer avec quatre duracell AA dans les fesses, commençait déjà à lui coller une migraine terrible.

Marten lui désigna sa valise, et commença à lui fait part de son plan de vacances. Mais sérieusement il le prenait pour un gentil propriétaire d'un gîte de charme ? Déjà Armand n'avait pas imaginé une seule seconde qu'il allait envisager de rester ici plusieurs jours, et pendant un instant il regretta amèrement d'avoir fait appel à lui.


« Écoutez... » Commença t il a marmonner, avant de finalement laissé tomber sa phrase. Il porta ta main à son front, comme pour essayer d'atténuer ce début de migraine qui lui vrillait les tempes. « Ici il n'y... » Bon sang il n'avait qu'une envie, c'est qu'il la mette en veilleuse une seconde. Il pensait à toutes sortes de choses désagréables qu'il n'arrivait pas à exprimer par manque de conviction, quand il se surprit à ricaner des divagations douteuses de Marten sur la literie des clercs. D'ordinaire il n'aurait pas rit, et se serait contenter d'une remarque ferme et cassante. Mais là il dégrisait lentement de son état méditatif, et on pouvait facilement mettre son petit rire nerveux sur le compte des substances qu'il avait prit quelques heures auparavant.

« Euh non en effet, mais ça nous oblige à être plus inventifs. » Il ricana bêtement, et tenta de faire abstraction du fait qu'il était encore méchamment à l'ouest, se donnant meilleur contenance. « Il y a un motel à quelques miles d'ici, je vous y conduirais en voiture ce soir. Ce n'est pas le grand luxe mais c'est le plus proche. J'y ai vécu un an avant de me décider à m'installer dans le presbytère. De ce fait je connais bien les gérants, vous y serez honnêtement traité. Et si jamais il s'avère que nous soyons obligé de passer une nuit à veiller ici, nous nous organiserons en temps et en heure. »

Certes les gens du coin avaient tendance à appeler le Motel California, le Motel Cucaracha, et à assez juste titre d'ailleurs. Armand avait beau apprécier la petite vieille qui l'avait quasiment logée à l'oeil pendant tout son séjour, il était bien obligé de reconnaître que son affaire était cradingue.
A vrai dire il se fichait pas mal que Marten soit content ou non. Là il n'avait qu'une envie, se faire un café et fumer une clope. Et comme son jeûne rituel le lui en empêchait, il glissait doucement vers la nervosité.

Nervosité qui atteignit des sommets quand Marten désigna une boite en plastique percée de trous dans laquelle grattouillait une créature poisseuse et pleine de germes. Pourtant, et bien qu'il soit un maniaque de la propreté, ce n'est pas l'insalubrité de l'animal qui lui causa un frisson d'angoisse. Par réflexe il recula d'un pas, et glissa sa main dans la pli de la poche qui contenait sa baguette.


« Il... Il y a un chose-rat dans cette boîte ? » Sa voix était rendu quasi muette par la peur, et son teint déjà pas bien frais, avait prit une coloration crayeuse. « Mais... mais vous êtes complètement fou d'avoir ça en votre possession ? »

Il n'en revenait pas. Ce type était soit un grand mage noir, soit un cultiste complètement cinglé, soit les deux. Probablement les deux en fait. Armand le dévisagea avec une expression mêlant terreur et incompréhension. La possession d'une de ces créatures abjecte était contre nature, c'était comme avoir la compagnie d'un serviteur Ghouley. C'était immonde. Le prêtre trembla, fouillant dans ses connaissances occultes à la recherche d'un moyen efficace d’occire cette aberration, et ne pas perdre trop de plumes au passage. Marten continuait son flux de paroles, et quand il évoqua nonchalamment l'idée qu'il allait laisser cette bête se balader en liberté, Armand eut le réflexe de sortir sa baguette d'un geste menaçant.

« Il est hors de question que vous libériez un chose-rat ici. »

Sans doute réalisa t il qu'il était allé un peu loin dans ses conneries, car Marten expliqua sa petite blague, qui évidemment ne fit rire que lui. Armand se sentit à la fois très stupide, honteux et vexé. Il rangea lentement sa baguette en continuant à fixer le docteur d'un regard noir lourd de significations.

« Cet animal, quelque soit sa nature ira à l'hôtel avec vos bagages. D'ici à ce soir je ne veux pas le voir hors de sa boite. Je vous prévient, si jamais il sort je n'hésiterai pas à le tuer. C'est comme ça, je ne supporte pas les nuisibles. A vous de veillez à ce que ça n'arrive pas. »


Est ce que Marten l'écoutait vraiment ? Peut importe, il avait clairement énoncé ses conditions. Certes il était quelqu'un de gentil et n'était pas de ceux qui acceptait que l'on fasse souffrir les animaux. Mais là ce n'était pas pareil. Un rat c'était un nuisible, plein de maladie et de germes. Une sale bête pleine de puces, et qui plus est un grand amateur de papier. Le laisser en liberté promener ses petites pattes poisseuses sur ses surfaces tout propres et approcher de la bibliothèque était parfaitement inenvisageable. S'il le devait il tuerait cette bestiole, même si ce n'était évidement pas de gaîté de cœur, quitte à utiliser une grosse tapette.
Bon sang Thomas Pea, jamais là quand il faut ! xD

Le docteur Largecape semblait à présent en pleine forme. Comme quoi un petit vomi et ça repart. Il se baladait gaîment dans la nef, en faisant des jeux de mots douteux qui ne faisaient rire que lui. Armand le suivait à pas mesuré, levant fréquemment les yeux au ciel. Ce type remuait trop, ça empirait sa migraine.
Sans doute sentit il qu'il s'était passé un long moment sans réaction de sa part, car il décida d'en remettre un petit coup en allant piquer là où ça faisait mal. Sérieusement, est ce que ce mec n'avait aucune limite ? Son habit était aussi sacré que sa personne, qu'est ce qu'il croyait ? Déjà qu'il se livrait à des familiarités, voilà maintenant des insultes. Cette réflexion lui sembla au delà de l’écœurement, et il haussa le ton.


« Je vous demande pardon ? Votre visite étant officielle, je suis tenu de porter l'habit représentatif de mon Ordre. Il n'existe rien de plus sacré et de plus pur, et votre méconnaissance n'excuse en rien votre incorrection. Je ferme déjà les yeux sur la familiarité de votre langage, mais je ne ferais pas davantage d'exception si jamais je vous reprend à injurier mon habit et mon Ordre. Que les choses soient claires entre nous. La prochaine offense à la Coupe sera perçue comme une déclaration de guerre, méfiez vous. »
Se forçant à radoucir son ton, il reprit : «  Bref, reprenons où nous en étions. Il y a beaucoup de choses que j'aimerai vous montrer et sur lesquels je suis désireux de connaître votre avis. »

Alors oui il y allait un peu fort, mais là il en avait franchement gros. Certes ça tombait sur le pauvre et insolent Marten, et c'était peut être un peu injuste dans le fond. Mais il commençait à en avoir marre qu'on le traite comme un gentil couillon. Bon sang ! Il était quelqu'un d'important, et même s'il se tenait loin de toute vanité, il méritait quand même un peu plus de respect lié à son rang.

Sans doute Marten comprit il que la prochaine goutte ferait déborder le vase, car il reprit d'un coup son sérieux. Il s'appuya contre le mur et fit une remarque intéressante qui radoucit le prêtre et le captiva aussitôt. Si seulement le docteur pouvait être tout le temps comme ça, au lieu de se perdre dans des bêtises et des grossièretés !
Ainsi les murs vibraient ? Jamais Armand n'avait pensé à cela. Il colla aussitôt son oreille contre la paroi et tenta de percevoir ce frémissement infime.


« Je ne sent rien, mais je ne serais pas étonné que ce soit vrai. Vous avez de l'instinct docteur. »


Il esquissa un sourire gentil, et reprit son explication.


« Voyez vous ces murs ont toutes sortes de facultés bizarres. Il y a des moments où ils attirent les objets métalliques comme des aimants. C'est assez faible, et je n'ai pas remarqué ce phénomène plus de deux ou trois fois en dix ans que je suis ici. En revanche je me suis aussi rendu compte que leurs dimensions changent. Cela ne se remarque pas à l’œil nu, mais quand j'ai repris des nouvelles mesures pour faire des travaux, je me suis aperçu que je ne tombais jamais deux fois sur le même métrage. Je veux bien croire que l'erreur est humaine, mais quand elle est aussi fréquente c'est qu'il se passe autre chose. »

Il se recula de quelques pas, et présenta l'ensemble de la structure au Docteur Largecape. Il adorait parler de son travail, et pour une fois il avait l'impression qu'il allait pouvoir tenir un échange constructif avec quelqu'un.


« Par contre ils suintent aux équinoxes. Un genre d'huile grasse ressort par capillarité à travers le stuc, mais aussi du parquet et des statues. Cette Vierge là bas est en plâtre, et il a quelques temps elle était dans la maison d'une famille de la paroisse. Jamais ce phénomène ne s'est produit sur leur autel domestique, mais dès qu'ils m'en ont fait don, elle s'est mit à suinter comme tout le reste. C'est pour authentifier le miracle de l'église qui pleure que je suis venu du Vatican. Mais après toutes ces années d'observation le problème me semble de plus en plus épais. Je me suis rendu compte qu'il y avait des galeries d'Al Ghouley qui débouchent dans le cimetière. Je ne sais pas si vous avez déjà rencontré ce genre de charognards, mais ils sont répugnants. J'ai réussi par des moyens que je vous ne vous dévoilerais pas, à les contenir dans l'enclot sépulcral. Les empêchant de sortir sur la route, et de pénétrer dans l'église. Sans quoi croyez bien sur je ne serais plus là depuis longtemps. J'ai creusé de jour plusieurs fosses dans l'enclos, dans l'espoir de trouver les sépultures ou quelque chose. L'air sec du désert conserve assez bien le bois, et il m'est arrivé de trouver quelques traces de cercueils, mais pas la moindre des corps. Le pire c'est que je ne sais même pas s'il faut incriminer les Ghoules. »


Il avait tenu cette réflexion sur un ton calme, l'air vague.


« On dit parfois qu'il y a certains endroits où la terre rejette les morts. Enfin c'est ce qu'on évoque lorsque l'on parle d'excommunication, je ne sais pas s'il faut le prendre au sens littéral... Passons. »


Bien sur qu'un érudit comme lui savait quel était le sens de chaque chose, mais il n'était absolument pas disposé à en parler. Il laissa planer le doute et changea de sujet.


« Pour parler de l'église en elle même, j'ai consulté les archives la concernant, et là encore tout est très flou. On dirait à vu d’œil qu'elle date des années soixante, mais certains pans de murs ne collent pas, et les mortiers de paille semblent avoir une petite centaine d'année.. Je penchais pour une rénovation moderne d'un édifice plus ancien, mais les archives sont contradictoires. Enfin, disons que jusque dans les années 50 le terrain est un champs, et ensuite il disparaît des actes de vente et des cartes des concessions agricoles. On en reparle dans les années quatre vingt dix avec un prêtre évangéliste un peu obscure, mais de la main duquel j'ai quelques registres paroissiaux et d'autres documents. Cet endroit n'a pas vraiment de propriétaire, mais s'il fallait en trouver un je dirais que c'est lui. Je ne sais pas quelles étaient ces intentions, ni ce qu'il y a fait, mais en tout cas c'est lui qui a formé ce qui ressemble le plus à une église, avec moi bien sur. Pour dire vrai je ne suis même pas sur que cet endroit soit consacré. Ce qui sera un peu problématique car théoriquement ça invaliderait les sacrements auxquels j'ai procédés ici... Mais bon, il ne faut pas causer de tracas inutiles aux gens pour des questions aussi abstraites. »


Et ça bien sur il n'y avait pensé qu'après avoir passé des années à ordonner des messes, des cérémonies etc... Dire aux gens que si ça se trouve leurs mariages valent que dalle au regard de Dieu, c'était mettre bêtement sa tête sur le billot. Lui avait éludé cet épineux problème en se disant qu'il représentait l'autorité divine auprès des laïcs, et que sa présence suffisait à rendre tout sacrement valide. Alors oui c'était bancal et un peu de mauvaise foi, mais la situation l'était aussi.


« Venez, je vais vous montrer d'où j'ai pris la photo. »

Il prit l'escabeau qui était appuyé contre un des murs bâché, et le porta jusqu'au seuil de l'église, presque au niveau de la porte. Il le déplia et invita Marten a monter d'un geste de la main.

« Montez en haut et regardez les tâches sur le sol attentivement. C'est bien du sang humain, mais il n'a pas de lien avec l'église. Pour résumer il y a eut une fusillade dans les environs et un homme a été gravement blessé. Son sang s'est répandu à plusieurs endroit, et j'ai réussi à le nettoyer partout sauf ici. J'ai eu beau faire, les tâches ne partent pas. Et l'autre jour j'ai remarqué la forme complètement par hasard en prenant un peu de hauteur. Qu'en pensez vous Docteur ? Est il commun que l’œil du Roi en Rouge se manifeste de cette façon ? Que pouvez vous m'enseignez sur lui ? »


Dernière édition par Armand R Altaïr le 27.01.17 17:49, édité 1 fois
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Marten Largecape
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In the Court of the Crimson King - PV Armand Giphy

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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty15.01.17 14:05




Marten plongea dans un mutisme docile quand Armand lui fit remarquer son impolitesse. Eh quoi, il savait bien que sa façon de se tenir et de s’exprimer pouvait parfois déstabiliser (et souvent à désir), mais il ne souhaitait pas vraiment jouer à ce jeu-là avec le prêtre. Il s’était laissé aller à ses vieilles habitudes et se reprit bien vite. Son premier exercice consista à se retenir et à faire montre d’une volonté de fer pour ne pas lui répondre « eh pète un cou mon vieux ! ». Et dieu que ce fut difficile… Ah oui, il devrait éviter de jurer aussi.

Il se plierait donc aux règles du maître de ces lieux, si tant est qu’il s’agisse d’Armand, et irait donc passer la nuit avec Friture dans ce motel pourri. Il avait connu pire endroit pour dormir, je dis vrai.

Armand lui raconta en détail l’histoire de l’église, ses découvertes, ses doutes et hypothèses. Marten écouta tout très attentivement, et dans sa tête des milliards de connexion se faisaient à des millionièmes de secondes. Le prêtre fit mention de plusieurs termes dont Marten ne saisit pas la signification, comme « Al Ghouley ». Il en conclu qu’il devait parler des Lents Mutants.

Quand Armand l’invita à monter sur l’échelle, Marten ressenti une excitation viscérale, comme un appel irrésistible. Après tout, il était venu pour ça, et il trépignait d’impatience.

Oui, l’Œil du Roi était bien visible, cela ne faisait aucun doute. Mais Marten fut frappé comme un éclair d’une interrogation, aussi invraisemblable qu’absurde : se pouvait-il qu’Armand pensât que Marten était au service du Roi ?  

Marten descendit les quelques marches de l’escabeau et rejoignit Armand qui l’attendait, visiblement impatient d’obtenir des réponses. Et il allait être servi, j’en jurerais par ma montre et mon billet.

Un instant passa.

Et si nous nous asseyions ?

Cela agaça visiblement Armand, pourtant Marten ne jouait pas, pas cette fois-ci. Il avait une excellente raison de le faire s’asseoir. Mais ça, Armand l’ignorait, et l’ignorerait probablement toujours.

Ce qu’il allait lui dire, il lui dirait en toute franchise, en toute amitié. Et Armand allait devoir écouter. Pour cela, Marten décida de le vouvoyer à nouveau afin de le mettre dans les meilleures dispositions, puisque cette manie verbale lui convenait.

Je vous avais promis de vous dire qui je suis, d’où je viens, et où je vais. Je vais vous le dire maintenant et vous aller être fort. Vous allez ressentir un vertige, c’est normal, laissez-vous aller, la chute n’en sera que meilleure. Car oui, vous aller tomber, mais pas en bas Mon Père ; vous allez tomber
dans toutes les directions
. Je vous ai dit que j’étais né en Ecosse, mais cela n’est pas tout-à-fait exact. En tout cas, il ne s’agit pas de la même Ecosse que vous connaissez. Oh bien sûr, il y pleuvait également et les gens y étaient aussi sots que rustres. Je viens d’un autre où et d’un autre quand. Car je vous l’ai dit, il existe d’autres mondes que celui-ci.
N’allez pas vous méprendre cependant, et n’allez pas croire que je viens d’un monde avec des petits hommes verts, et je doute même qu’un tel monde existe aussi près du notre.
La vérité, Père, c’est que vous n’êtes qu’une variable parmi tant d’autres variables et de constantes. Et des constantes il y en a beaucoup : des éléments qui ne varient pas, jamais. Des piliers dans les espaces et dans les temps. Et le pilier de ces piliers, c’est la Tour.
La Tour, c’est tout et tout est la Tour. Elle est le moyeu d’une roue qui tourne et dont les rayons empêchent le démantèlement. Et cette roue, c’est le Ka, c’est tout, c’est la Tour.
Il y a à côté de vous un autre Armand – non, des
infinités
d’Armand qui m’écoutent. Peut-être que nous ne sommes pas dans une église, mais dans un théâtre, une ferme, un cimetière, un chaos. Comprenez-vous Armand ? Est-ce que vous comprenez ?


Sa voix semblait raisonner sur ces murs qui n’en étaient pas.

Ce que vous considérez comme une église n’est peut-être pas que ça. Je vous ai dit que les murs vibraient, c’est parce qu’ils résonnent, comme ce lieu. Votre église est une faille qui entre en résonnance avec toutes ses variantes, c’est un paradoxe, une aberration. Mais rassurez-vous, tout votre monde n’est pas comme ça, vous vous en doutez, sinon vous auriez eu tôt fait de vous retrouver perdu vaadasch, dans les méandres de la toile des univers.
Ce lieu est abimé et de la toile des univers, on en voit la trame. C’est un phénomène lent et irrémédiable. Il faut fuir cet endroit ou il vous consumera en entier et vous attend un sort pire que la mort. Vous entendez déjà des bruits, des voix : ce n’est que le début, avant d’entendre un appel, un murmure, une invitation amicale. Et puis…


Suspend.

Quelque chose est à l’origine de cette déchirure, et vous m’avez appelé pour la chercher. Et nous allons la trouver, j’en ai la conviction. Et cette cause sera liée à une toute autre histoire, qui est celle du Roi Cramoisi, de son sigleu, de la Tour et de 19.

Il se demanda s’il devait continuer. Armand avait plongé d’un état second depuis bien longtemps, et il ne semblait pas souffrir ou mourir comme c’était si souvent le cas. Alors il décida de continuer. La douleur n’en serait que plus insupportable pour le prêtre, mais il avait déjà fait montre d’une ténacité et d’une volonté qui seraient son salut.

Il existe un homme qui n’en est plus un et qui porte le nom de Roi Cramoisi, Roi en rouge, Roi Los et bien d’autres encore. La folie l’a emporté il y a bien long et sa folie grignote désormais les Rayons. Ô il y a tant de choses que vous apprendrez, mais pas maintenant. Les Rayons s’effritent et la stabilité de l’univers est bouleversé. Le monde a changé, il s’est corrompu, perverti par un poison lent et vicieux. Aujourd’hui il y a la magie, demain il y aura la science, et ensuite ? Qui peut le dire ? Prenez le dôme par exemple ? Est-ce vraiment de la magie ? N’est-ce pas quelque chose qui vous dépasse ? Songez-y : et si le reste du monde était maintenant une Tramée comme celle qui ronge votre église ? Et si cette Amérique n’était que le reflet du dernier Rayon encore en place ? Cette idée me terrifie mais m’intrigue : quelle fin peut-il y avoir après la fin ?

Marten regarda Armand, perdu.
Et au loin résonna un carillon.


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Armand R Altaïr
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty27.01.17 17:38


   

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Désormais c'était au tour de Marten de partager ses précieuses informations. Il descendit de l'escabeau, et laissa passer quelques secondes avant d'inciter le prêtre à aller s’asseoir. comprenant que l'affaire était grave, Armand ne se fit pas prier et se dépêcha de lui obéir. Il sentit son ventre se contracter, à la fois nerveux et impatient d'entendre le Docteur Largecape distiller ses révélations occultes. Les mains posés sur ses genoux, il écoutait en silence, toute son attention dirigée vers le fascinant orateur. Il était revenu à un vouvoiement qui le mettait davantage à l'aise, et presque aussitôt il l'avertit qu'il risquait de ressentir un puissant vertige. Armand acquiesça d'un signe de tête, il avait tout de suite comprit que ce n'était pas qu'une façon de parler. Il savait que les mots avaient des pouvoirs, même lorsque qu'ils n'étaient pas organisés à la façon des sortilèges et des incantations. L'effet d'un mot pouvait être violent, et certains pouvaient rendre fous même l'homme le plus tenace. Le prêtre baissa les yeux, se préparant à encaisser le choc.

Il lui parla des mondes reliés entre eux, des piliers qui traversaient les éons lointains des sphères stellaires, et au milieu la Tour. L'image de l'arbre de vie se réveillait dans son esprit, comme un puissant et immense squelette de géant soutenant les milliers et les milliers de mondes. Armand ramenait ce discours à ce qu'il connaissait, c'est à dire la Kabbale. Cette science le fascinait depuis toujours, et dès l'instant où il avait commencé à la comprendre, elle avait totalement ébranlée les fondements de sa conscience. Le monde avait un aspect différent désormais, car il était un initié, et qu'il le contemplait avec l’œil de son âme. Il tentait de se raccrocher à ses croyances les plus sacrées, cherchant désespérément des équivalents entre ce qu'il connaissait et les informations que lui dévoilaient Marten. Parfois ça collait et il était soulagé, parfois ça n'avait rien de semblable et ça le plongeait dans une profonde angoisse.


« Je comprend Docteur... »
Murmura t il d'une voix blanche alors qu'un frisson lui traversait la peau. Marten reprit aussitôt, sans doute ne l'avait il même pas entendu.

Il lui parla alors de cet endroit maudit, de son énergie magique qui irradiait le sol, faisait vibrer les murs. Cet endroit ne devait pas exister, il était un creuset sans fond dans le temps et l'espace. Et en même temps il était un nœud entre les différents courants d'énergie qui parcouraient la terre. Il était vide et plein à la fois, une aberration pour la conscience.


« Je... je suis arrivé aux mêmes conclusions docteur... En dessous de nos pieds se trouve un nexus. »

Il avait certes déjà émis cette hypothèse parmi d'autres, mais la voix lancinante de Marten l'aidait à ouvrir les yeux. Comme s'il le tirait à travers le brouillard, l'entraînant amicalement sur la pente dangereuse des révélations. Plus il parlait, et puis tout ceci devenait une évidence, et mettre des mots sur sa conclusion lui donnait un aspect neuf et radieux de vérité.

Largecape continua son troublant discours par une série d'avertissements. Cet endroit était une aberration, et y demeurer finirait par le consumer lentement. C'était la folie qui le guettait, mais il s'était résolu à ce sort quand il avait prit la décision de quitter le motel pour vivre désormais ici. La voix douce de Marten bourdonnait dans ses oreilles. Comment savait il pour les voix ? Ces bruits qui le réveillaient autrefois dans l'angoisse, et que désormais il avait apprit à ignorer. Au début il avait cherché des spectres malins partout dans la bâtisse. Puis il avait fini par comprendre que tout ceci était autre chose, et que les morts n'avaient pas leur place à Santa Conception.


« Je le sais... Mais je devais comprendre... »

Le prêtre releva les yeux, il avait encore cette lueur de ténacité dans son regard, à peine enfoui sous une peur viscérale. Il était pâle et sa peau était devenu glacée. Les mots du sorcier résonnaient dans son âme.
Jugeant qu'il encaissait ces révélations troubles avec une grande bravoure, il continua en lui parlant du Roi en Rouge. Armand sentit d'un coup une boule se former dans son estomac et il résista à un vertige qui le saisi d'un coup.


« Docteur, répondez moi. Est ce que le Roi en Rouge est un des avatars du Messagers ? ...Un Masque parmi des millier d'autres Masques ? Ou alors est il un rejeton corrompu, issu de lui et exalté par la folie... » Sa voix s'éteignit, bafouillant péniblement.

Le Roi. Le Roi était ici, sous leurs pieds. Son œil était apparu dans le sang versé des criminels, leur indiquant la voie à suivre pour le rejoindre dans les méandres éternels et brumeux dans lesquels il siégeait.
La destruction du Courant, ou du Rayon comme Marten l'appelait. Sans doute le dernier Rayon qui retenait le monde. Au delà du Dôme il n'y avait peut être plus rien d'autre que l'infini chaos. Armand se sentit ébranlé par cette idée. Rome n'était pas tombée, c'était impossible. Il y avait là bas des centaines de Roses qui entouraient le Trône du plus grand et du plus saint des Magiciens. Un pilier Gardien du Ciel, entouré d'une prairie de roses où butinent des abeilles.


« Ce n'est pas possible... Ils sont vivants, je le sais. Ils sont vivants... Il faut tenir, car ce n'est pas la fin que nous attendons... »

Un carillon résonna, puis suivi d'une série de cloches et du son grave d'un bourdon. Prit par surprise, Armand eut le réflexe de se lever, scrutant l'air autour de lui. Il n'y avait pas de cloches à Santa Conception, le clocher était muet depuis bien avant son arrivé. Sentant ses jambes ses dérober sous lui, il se retient à l'assise du banc en chutant. Il était en proie à une terreur sourde. Jamais en dix ans il n'avait entendu ce son résonner dans l'air. Son regard à la fois désespéré et interrogative s'adressa à Marten. Visiblement lui aussi les entendait, mais il gardait l'air stoïque. Était ce lui qui avait déclenché ce phénomène ? Non, bien sur que non. Les cloches étaient depuis toujours des messagères, et celles si tiraient leurs voix claires des profondeurs du Chaos.

Tendant la main à Marten pour lui demander de l'aider à se relever, Armand se sentit moins mal quand les cloches cessèrent enfin de sonner, mais leur écho continuait à bourdonner dans sa tête. S'appuyant sur Marten, il le remercia et prit un peu de distance pour redonner de l'allure à son habit. Il défroissa son étoffe blanche, remit sa ceinture correctement et rabattit son capuchon sur sa tête.


« Il semblerait que le Roi nous convoque. Il est temps de faire sauter ce plancher. »

Il alla chercher un pied de biche qui traînait depuis des temps immémoriaux à l'arrière de son pick up, et avec l'aide de Marten ils entreprirent d'arracher le plancher à l'endroit où l'odieuse figure était apparue.
Toujours enfermé dans sa boite en plastique percée de trous, Friture grattait. La pauvre bête devait avoir chaud. Soupirant, et levant les yeux au Ciel, Armand consentit à passer au dessus de son dégoût pour cette affreuse bestiole, et décida de faire preuve de charité. Il parti chercher dans la cuisine une soucoupe et une poignée de fruits secs, et faisant preuve d'un courage surhumain, ouvrit la boite à rat. La créature qui était assise sur son séant à l'intérieur, était bien plus dégueulasse que ce à quoi il s'attendait, mais au moins il s'estimait heureux que ça ne soit pas un Chose Rat. Armand positif jusqu'au bout. Il posa la boite à même le sol,  bien à l'écart de leurs travaux de terrassement, et dessina autour à la craie un grand cercle entouré de symboles géométriques. Au moins maintenant qu'il avait dressé une entrave magique, il pouvait respirer, cette bestiole ne pouvait plus sortir du cercle. Il lui déposa la poignée de graine devant son petit museau pelé, et alla remplir la soucoupe au bénitier.


« Et voilà ! Monsieur... Friture c'est ça ? Vous allez me faire le plaisir de rester bien tranquillement dans vos quartiers. Et si jamais il vous prend l'envie de traverser cette ligne pour aller vous promener, vous allez vous roussir les moustaches ! Est ce que je me suis bien fait comprendre ? »


Derrière le dos de sa main il jeta un regard assez éloquent à Marten pour lui informer que non, ça ne ferait pas de mal à sa bestiole. Juste un petit coup de jus histoire de lui rappeler quelles sont les limites. Puis ils se remirent à la tâche, sous l’œil torve et noir du névralgique rongeur qui les observait, assis sur son cul.

Les lattes du parquet cédèrent avec résistance, mais une fois qu'une bonne surface était dégagée, la suite était tout de suite plus facile. Cela projetait de la poussière, pas la poussière ménagère à laquelle Armand livrait une guerre quotidienne, mais une poussière de terre comme celle que le vent soulevait au bord de la route. Le cœur du sorcier battait plus fort au fur et à mesure que les lattes sautaient, s'unissant presque avec les pulsations sourdes des cloches qui continuaient à résonner en écho dans sa tête.

Ils libérèrent un trou de près d'un mètre carré, et entre les travées apparaissait un remplissage de poussière et de torchis. Dégager ça ne fut pas une mince affaire, mais ils étaient dans un tel état d'excitation qu'ils ne se préoccupaient pas du fait qu'ils avaient mal aux genoux et au dos à force d'être courbé. Après avoir creusé une bonne trentaine de centimètres, ils rencontrèrent une résistance dans le sol. Réprimant du mieux son enthousiasme, Armand se força à faire preuve de sang froid, et avec une délicatesse infinie dégagea la surface d'un objet de forme convexe. Il avait la texture et la couleur sombre du bois pourrit. Au bout de quelques minutes, il nota la présence de gravures profondes sur toute sa surface. Il mourrait d'envie de tenir cet objet dans sa main, et de déchiffrer ce qui lui apparaissait de plus en plus comme des écritures. De son côté Marten trouvait lui aussi quelques uns de ces fragments sombres et fragiles. Les plus petits ressemblaient à des débris de bois, mais les plus grands ne laissaient aucun doute sur leur nature. Des ossements, ils y en avaient plein, tous finement gravés de runes qu'ils ne pouvaient pas identifier. Les vertèbres étaient parfaitement reconnaissables, en bientôt apparurent les côtes, dispersées en grand bazar au moment où la cage thoracique s'était affaissée. Quand à cette forme ronde, Armand fut bien obligé de constater qu'il s'agissait du crâne. Mais il était difficile à identifier au premier coup d’œil. Il était monstrueusement difforme, comme gonflé en tout sens et rongé de trous. De plus il était face contre terre, laissant présager que sa figure était encore plus horrible.

L'exorciste était particulièrement euphorique de la découverte, tout aussi sinistre soit elle. Jamais il n'avait autant acquis sur ce lieu qu'aujourd'hui. C'était presque le couronnement de dix ans de recherches, et une voie ouverte vers de nombreuses autres questions. A plat ventre au bord du trou, il jubilait. Il avait une idée très précise de l'identité de ce malheureux au faciès monstrueux.


« Qu'en dites vous Docteur ? N'avons nous pas sous les yeux le meilleur exemple qui soit de : pourquoi il est important de se protéger de la syphilis ? Pauvre bougre... Sa position trahit son état, et figure elle trahit son penchant pour le vice... tsss... Docteur je vous présente le révérend, Father Kallahan, premier et dernier dépositaire de cette malheureuse paroisse. »


Un petit sourire se dessina sur le visage de l'exorciste. Il avait passé des années à lire et relire des documents écrit par la main de cet homme. Le fait de se retrouver en face de lui lui faisait tout drôle à présent. Il posa sa main sur le crâne désormais partiellement dégagé, caressant les gravures du bouts des doigts.

« Mon père, enfin on se rencontre. J'ai toujours dit que si j'avais cette la chance un jour, je vous ferais dire tout ce que vous savez sur cet endroit. Et grâce au Ciel, il semblerait que ce jour soit finalement arrivé. »
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty03.02.17 20:50



Armand était très fort, et sa volonté impressionna Marten. Il l’aida à se relever et constata qu’il avait tenu le coup, même s’il semblait ébranlé au plus profond de lui.
Mais avant cela, il répondit à la question du prêtre, un peu surpris par cette question à laquelle il ne s’attendait pas :

« Eh bien, je… j’ignore l’existence de ce que vous appelez Messager ou Masque. Si par-là vous voulez parler de Dieu – ou même du Diable – je vous déconseille d’utiliser ce genre d’interprétations qui sont bien souvent fausses. Ne vous êtes-vous jamais demandé à partir de quel point un homme n’en est plus un ? Quel est le
seuil
? Qu’est-ce qui fait d’un humain ce qu’il est ? La conscience ? L’art ? L’amour ? Pourtant un monstre n’est-il pas doué d’une conscience destructrice, d’un art archaïque et instinctif ? N’est-il pas soûl d’un amour puissant et secret ? Le Roi Cramoisi est ainsi : une chose bien trop abjecte car trop humaine et trop monstrueuse. C’est un mythe, un héros intemporel dont la folie et la noirceur fait pulser les rivières sombres d’entre les mondes. Tout vibre, tout résonne Armand. On peut dire que le Roi est une
cloche
, un carillon. »


Bon, clairement cette dernière phrase n’avait que pour seul but de voir la réaction Armand, et c’était un franc succès. Marten pensa :

*Ainsi donc il entend le carillon du
vaadasch
. Cet endroit va le tuer et je dois le sauver. Mais pour l’instant il n’a pas besoin de savoir que ce son n’a absolument rien à voir avec le Roi Cramoisi… Au moins, en croyant ça, il va craindre ce bruit et je pourrais l’aider plus facilement…*


Marten resta assis pendant qu’Armand s’agitait, sans doute pour se conforter dans sa réalité terre-à-terre. Néanmoins, il fut touché de l’attention et de la gentillesse d’Armand envers Friture. Ce geste signifiait beaucoup.

Le prêtre était prêt à faire sauter le plancher de l’entrée de l’église, comme un enfant qui s’apprête à déballer un cadeau. Marten s’amusa de cette métaphore mais ne pouvait s’empêcher de penser qu’Armand avait dû attendre ce moment depuis fort longtemps, sans pour autant oser accomplir son geste – qui, vous vous en doutez, sera irréparable et lourd de conséquences.

A deux, ils allaient assez vite pour creuser. Au bout de quelques minutes, ils trouvèrent leur rythme et faisaient preuve d’une efficacité effroyable. Rapidement, les ossements se dévoilèrent à eux, et ils redoublaient de soin pour ne pas les abimer. Un instant, Marten cessa de fouiller, leva la tête et regarda Armand concentré, anxieux, ému et excité. Autour de lui, l’air semblait différent et il était bercé d’une aura éclatante et pure. Marten sourit et continua le nettoyage minutieux du fémur devant lui.

Au bout d’un moment, Armand exulta enfin et présenta à Marten le révérend Kallahan. A l’évocation de ce nom, il fut parcouru d’un frisson, sans pour autant savoir pourquoi. Ce nom
résonna
en lui, pourtant il était sûr de n’avoir jamais rencontré quelqu’un portant ce nom. Du moins, pas encore.

Ils continuèrent la fouille, et tous les deux restaient perplexes devant les glyphes gravés profondément dans les ossements. Leur sens (s’ils en avaient seulement un) échappait complètement aux deux occultistes, ce qui les rendait encore plus intrigants. Marten, qui s’occupait du bas du squelette, parcouru du bout des doigts les ciselures des os et en conclu qu’il s’agissait sûrement d’une opération magique, pour le moins spectaculaire…
Il était tellement concentré qu’il ne prêtait pas vraiment attention à ce que faisait Armand, et ce n’est qu’alors, lorsqu’il releva les yeux qu’il le vit. Le crâne.

Cette étrange bosse, bizarre, difforme, d’une couleur innommable et rongée par une noirceur n’était pas qu’un crâne gangréné par la syphilis, comme ce qu’avançait Armand. Non, non, il y avait… quelque chose.
Il y avait quelque chose
dedans
.

Et, dieu, quelle chose.
Marten lâcha le pinceau qu’Armand avait trouvé dans ses affaires de bricolages, et le bois du manche provoqua un bruit sec et lugubre au contact de l’os. Immédiatement il reconnut cet appel, cette monstruosité, cette merveille.

Bouche bée, il stoppa net Armand qui n’avait pas remarqué l’étrange réaction du docteur.

« Arrêtez. Arrêtez tout, posez votre brosse et allez chercher une bible, deux crucifix et de l’eau bénite. »

*Ça ne servira à rien, mais au moins ça le rassurera* pensa-t-il

« Je crois que nous avons touché le gros lot, mon ami. Allez aussi chercher un papier et un crayon pour relever les runes sur ce crâne. »

Marten se leva, et extraya la boîte crânienne qui se trouvait face contre terre. Il pria l’Ours et la Tortue de le protéger, et prit l’abject artefact dans ses deux mains nues.
Entre temps, Armand était revenu les bras chargés de ce que lui avait demandé Marten. L’auréole lumineuse avait quitté le prêtre, désormais en proie à une angoisse grandissante.

« Grand merci sai, posez-ça là, et aidez-moi à faire le relevé. »

Ils s’exécutèrent, encore une fois avec précision et rigueur. Marten n’avait pas laissé Armand prendre le crâne car sinon il l’aurait sentie bouger à l’intérieur. Fort heureusement, il n’y avait de runes que sur l’arrière de la tête et Marten pu habillement éviter de montrer les orbites ou le trou béant laissé par la mâchoire désolidarisée il y a bien longtemps. Mais le docteur avait vu lui, et il souffrait tellement, mais dû se contenir pour ne pas trahir le mal qui le rongeait. Eh oui, Marten ne perdait jamais une occasion de créer l’effet de surprise. Quand s’arrêtera-t-il de faire l’enfant ?...

*
The show must go on
, et nous allons être servis !*


Il regarda Armand dans les yeux. Son regard était perçant, froid, absent. Puis il ouvrit les mains et le crâne tomba. Dans sa chute, les pupilles d’Armand se rétractèrent, il ouvrait la bouche et ses mains balayèrent l’air en vain pour protéger ce qui ne pouvait déjà plus l’être.
En tombant, l’os se brisa et vola en éclats. Father Kallahan, amen.

Le temps reprit son cours, et tous les deux baissèrent les yeux. Au sol, les fragments d’os jaunis étaient éparpillés et ordonnés dans une logique déroutante : une forme géométrique complexe et aberrante.
Un peu comme les pétales d’une rose.

Et au centre, le trésor précieux et maudit.
Un globe nébuleux qui renferme la noirceur folle des étoiles, doté d’une irrésistible splendeur répugnante.

« Armand, voici l’origine de vos problèmes. J’ignore tout de ce révérend Kallahan et vous pourrez sans aucun doute m’éclairer à son sujet, bien qu’en fin de compte je doute que nous parvenions à comprendre comment cette chose est arrivée dans la tête de ce pauvre bougre. Cet objet, comme beaucoup d’autres, à plusieurs noms : Melyos, Ravenâa, Obsidienne de Maerlyn… Ou tout simplement Treizième Noire. C’est une magie antique et légendaire, dont peu de gens présume l’existence. La légende dit qu’il y a des éons, un puissant mage a façonné douze boules imprégnées de pouvoirs incommensurables. On les appelle l’Arc-en-Ciel de Maerlyn, en raison de la couleur différente de chaque boule. Il est probable que la plupart sont brisées à l’heure actuelle. Des objets pareils ne restent jamais très longtemps au même endroit, ni entre les mêmes mains, vous savez, et même un cristal enchanté peut se briser. Il se peut pourtant que trois ou quatre couleurs de l’Arc-en-Ciel roulent encore leur boule de par notre triste univers. La Bleue, c’est quasi certain. Une tribu de Lents Mutants du désert – qui se donnaient le nom de Complets Pourceaux – l’a eu en sa possession, il y a moins d’un demi-siècle. Mais elle a disparu à nouveau depuis. La Verte, l’Orange et la Rose – qu’on appelle aussi Pomelo – ont la réputation de se trouver respectivement dans des villes appelées Lud, Dis et Mejis. Mais celle-là, bon sang… Vous savez ce qu’on dit ? Rien qu’en entendant prononcer son nom, elle pouvait rouler dans votre direction. »

Il fut parcouru d’un frisson, se souvenant de ces soirées quand il était enfant, à se faire peur autour d’un feu.

« Certaines couleurs de l’Arc-en-Ciel du Magicien permettent de jeter un coup d’œil dans l’avenir dit-on. D’autres, à regarder dans d’autres mondes. Elles peuvent aussi montrer l’endroit où se trouvent les portes secrètes par lesquelles on passe d’un monde à l’autre. D’autres couleurs, à ce qu’on raconte, peuvent voir loin dans notre propre monde et montrer des choses qu’autrui aimerait garder secrètes. Mais méfiez-vous : elles ne voient jamais le bien, seulement le mal. Enfin… Quelle est la part du vrai et la part du mythe là-dedans, personne ne le sait avec certitude. »

Il regarda la Treizième Noire avec regret.

« Quant à celle-là, eh bien j’ignore la réelle étendue de ses pouvoirs, mais je présume qu’ils sont immenses. De ce que j’ai subi en la tenant, je dirais qu’elle sommeille encore mais son bourdonnement est déjà difficilement soutenable. Le
glam
de cette chose est meurtrier Armand, n’oubliez jamais ça. Il faut s’en protéger. Connaissez-vous un endroit sûr où nous pourrions la cacher ? »

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Armand R Altaïr
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty09.02.17 14:51


   

In the Court of the Crimson King





Se retrouver face à face avec la dépouille d'un mort avait toujours quelque chose d'émouvant pour l'exorciste. Laissant glisser ses doigts contre la surface du crâne, il se surprit à ressentir une vive émotion située quelque part entre le bonheur et le glauque. Il avait tant souhaité retrouver cet homme et lui parler. Quand il avait comprit qu'il n'était certainement plus de ce monde, il s'était sentit abattu, craignant que sa quête se finisse dans un cul de sac. Mais maintenant qu'il avait la totalité de son squelette en sa possession, des nouvelles voies s'offraient à lui.

Lui qui s'était sentit si malheureux ces derniers jours, retrouvait son ambition démesurée. Il y avait tant à faire maintenant, et rien que l'étude des ce corps pouvait l'occuper pendant des années. Les glyphes qui recouvraient la surface de l'os l'intéressaient tout particulièrement. Il n'avait jamais vu pareil écriture, et pourtant il s'intéressait beaucoup aux langues disparues. On aurait dit un genre de hiéroglyphes très simplifiés dans leur forme. A un moment il se demanda si ce n'était pas du linéaire b, mais certain signes lui étaient parfaitement inconnus. Du linéaire a alors ? Ça serait bien sa veine... Trouver enfin un indice, et que celui ci soit parfaitement indéchiffrable à ce jour. Sentant venir une profonde amertume qui fit totalement évaporer sa joie, il continua de scruter les symboles gravés dans l'os. Et comment est ce qu'un obscur crétois antique était venu se graver sur le corps d'un protestant mort il y a maximum quarante ans ?

Il savait pertinemment qu'il y avait de la puissante magie à l’œuvre, car il connaissait certains procédés qui laissaient des traces semblables sur le squelette. Lui même était certain d'avoir aussi des inscriptions sur ses os, car tout cela on le lui avait enseigné. Et on l'avait bien mis en garde sur les mesures à prendre en cas de décès. Le corps d'un kabbaliste était un véritable trésor, et ce même après la mort. Il en avait étudié des reliques poussiéreuses, mais jamais il n'avait vu pareil forme d'écriture. Alors certes ça lui faisait penser à du linéaire, mais il était à peu près sur que lorsqu'il irait chercher un document comparatif, il verrait tout de suite que ça n'en était pas. De plus il envisageait ces idéogrammes en les reliant à ceux qui se déposaient lorsqu'un maître de Kabbale passaient un pacte avec une créature, mais il sentait que ce ne serait pas aussi simple. Les contrats passés avec les autres mondes étaient des serments, si forts qu'ils ne pouvaient être écrit que dans une matière noble et intime. Mais là il y en avait trop, et en avoir tout le squelette recouvert, ça impliquait une puissance irréelle. Les pactes de Kabbale s'écrivaient sur les côtes, en hébreux en général. Et ce qu'il avait sous les yeux c'était impossible, ça devait être forcément autre chose. Il devait certainement y avoir d'autres sortilèges qui réclamaient ce support d'écriture. Tant de travail l'attendait, et il s'en sentit réjouit.

Plongé dans ses réflexions, Armand sursauta quand le docteur lui demanda de s'arrêter. Son cœur fit un bond à cet appel, et il obéit sans poser la moindre question. Les choses avaient l'air trop graves pour qu'il ne perde pas de temps à palabrer. Il l'envoya chercher la Bible qui se trouvait sur son lutrin de bois dans le chœur, ainsi que des crucifix et de l'eau bénite qu'il trouva dans une armoire où était gardé sous clef le matériel religieux. Il revint au pas de course les bras chargés, et repartit aussitôt chercher de quoi faire un relevé.

Marten souleva le crâne et lui en présenta la partie dorsale. Il fit tout une série de schémas, recopiant les écritures et précisant leurs emplacements. Tout ça c'était juste du boulot rapide à main levé, il ne se contenterait pas d'un tel manque de précision. Il voulait une prise de photo complète, des relevés à l'échelle, tout ça avant et après nettoyage de la gangue de poussière qui entourait encore les os.


« Bien, tournez le un peu que je puisse voir l'autre face. J'aimerai regarder sur ses dents, je me demande si les caractères vont jusque sur l'ivoi... »

Le docteur Largecape le regarda fixement, ce qui était assez déstabilisant et lui fit perdre le fils de sa pensée. Lentement, il écarta les doigts et le crâne lui échappa des mains, s'écrasant sur le sol avec la fragilité d'un œuf. Armand poussa un petit glapissement de surprise, et fut saisit d'un puissant vertige. C'était comme si tout le sang contenu dans son corps venait de s'évaporer, le laissant incroyablement fébrile.


« Puta madre... mais... mais qu'est ce que vous avez fait !!! »

Sa stupéfaction venait de se transformer dans sa voix en une colère hystérique. Pendant une seconde il était capable d'attraper cet écossais par la cravate et de lui faire ravaler ses dents à coup de bible dans la gueule. Mais cette poussée d'adrénaline retomba d'un coup quand le docteur lui désigna les débris du crâne. Ils s'étaient disposés dans une forme géométrique savante et infiniment poétique en même temps, comme poussé par une force inconnu. Et au milieu de la figure, se trouvait un orbe noir. Sa surface sphérique était polie, brillante comme l'obsidienne pure. Cette couleur était fascinante, revoyant et absorbant la lumière à la fois. Ainsi donc le révérant avait cette chose dans la tête. L'y avait on introduit ? Si oui avant ou après sa mort ? Étaient ce l’œuvre de ceux qui l'avaient enterrés là ? Parce que oui il était très clair que même avec la meilleur volonté du monde on ne finissait pas enseveli sous un parquet de son propre fait. Ou alors ça n'avaient rien à voir, l'orbe était de nature magique, peut être était il vivant ? Peut être s'était il développé dans le crâne de ce pauvre homme à la manière d'une tumeur ? Sans doute était il allé un peu vite dans son diagnostic de syphilis... Pauvre fêlât, les souffrances qu'il avait du endurer semblaient horribles.

Armand était un occultiste suffisamment averti pour ne pas commettre la bêtise de toucher l'artefact. Les erreurs de débutants, il avait déjà donné. Maintenant il aspirait à plus de prudence.
Pendu à ses lèvres, il écouta le docteur lui raconter le mythe qui entourait cet orbe. Il n'avait jamais entendu parler de ces reliques, et leur histoire était fascinante. Assis à même le parquet, au bord de la fosse, il aurait pu rester là toute la journée à écouter cette légende. Depuis toujours il aimait les histoires, et ce qu'il y avait de merveilleux avec ces dangereuses reliques, c'est quelles étaient aussi prodigieuses qu'inquiétantes.

Cependant quand Marten lui avoua avoir subit les assauts magiques de l'artefact rien qu'en tenant le crâne, il se sentit coupable de s'être énervé de l'avoir cassé et lui pardonna. Sans doute avec beaucoup de patience arriverait il à recoller les morceaux et à le reconstituer ?
Il sursauta quand il lui demanda s'il connaissait un endroit sûr où il pourrait cacher l'orbe noir.


« La bibliothèque... oui assurément la bibliothèque. Attendez moi un instant Je revient, je vais chercher un contenant. »

Soulevant l'ourlet de sa toge pour ne pas se prendre les pieds dedans, il se releva et alla à pas rapide jusque dans le presbytère. Il ouvrit son coffre et s'engouffra dans les entrailles de la bibliothèque. Il franchit des salles entières remplient de rouleaux de parchemins, descendit des escaliers en colimaçon qui le menaient de plus en plus profondément dans les ténèbres ce monde artificiel. Il finit par arriver dans le plus impénétrable des sanctuaire, une salle sombre aux murs décorés de fresques, surplombées de voûtes de pierre hautes comme des arbres. Ses pas résonnèrent sur le verre poli des mosaïques, ou d'antiques héros vivaient leurs plus grands exploits. La lumière qui sortait de sa baguette s'intensifia légèrement, car dans ce lieu il n'était pas nécessaire de rester dans la pénombre. Autour de lui des majestueux reliquaires d'or brillaient comme des flambeaux. Les pierreries renvoyaient les éclats de lumière, offrant un ravissement pour les yeux de l'exorciste. Aucun de ces trésors ne lui appartenaient, ils n'étaient que sous sa garde le temps de son étude. Car ce que renfermaient ces précieux coffrets étaient infiniment plus précieux encore que les dorures et les joyaux.

Même s'il adorait l'énergie mystique qui circulait dans ce endroit, l'exorciste ne se laissa pas aller à la paresse, et alla chercher un des reliquaires qu'il savait vide. Enfin disons seulement qu'il était vide depuis le douzième siècle, et qu'il avait bien espéré mettre la main sur la relique disparue et la rendre à qui de droit, c'est à dire son Ordre. Comme la treizième noire, l'objet était aussi une pierre dotée d'un grand pouvoir et d'une taille équivalente. Et le pire dans tout ça c'est qu'il l'avait vu de ses yeux, et tenu dans ces mains. Comment avait il pu laissé échapper un pareil trésor ? Il se maudissait tout les jours d'avoir été aussi naïf, et plus encore il maudissait cette voleuse jusqu'au dernier de ses descendants.

Ravalant sa rancune, il décréta que le coffret de la Clave irait très bien pour conserver la sphère d'obsidienne. Sans doute les enchantements qui l'entouraient étaient un peu usés depuis le douzième siècle, mais ça il n'y mettrait pas sa main à couper. En occultisme c'était une erreur beaucoup trop répandu que de douter de l'habilité des anciens.
Portant l'objet sous le bras, il fit le chemin inverse pour retrouver Marten et lui présentera le reliquaire. Il était entièrement en or et prenait la forme d'une chapelle miniature, avec des petites figurines d'ivoire et de corail, le tout sertit de rubis bruts et d'aigue marine.


« Je n'ai pas trouvé mieux. »

Il posa le coffret sur le sol et sortit sa baguette. La pointant vers l'orbe, il le fit léviter doucement dans l'air. Maintenant qu'il avait une connexion magique avec cet artefact, il comprenait tout à fait ce que Marten avait voulu dire plus tôt. Cet objet était maléfique, et oui il avait bel et bien une conscience. Il pouvait le sentir palpiter à l'unisson de son propre cœur, comme un parasite. Tentant de garder son calme, il le conduisit en lévitant jusqu'à l'intérieur du reliquaire et en ferma brusquement le couvercle. Puis il laissa échapper un long soupire de soulagement et avoua à Marten.

« C'est bon, je vois ce que vous vouliez dire... Il est clairement doté d'intellligence. Vraiment je me sent honteux, si j'avais su je me serais dépêcher de faire le relevé au lieu de vous faire attendre. C'est le genre d'informations qu'il faut pas se cacher docteur, sans quoi nous nous mettons inutilement en danger. »

Il semblait soucieux, causer du mal à quelqu'un même involontairement était toujours une grande source de gêne. D'autant plus qu'il commençait à apprécier ce sorcier qui avait toujours les mots pour exprimer des histoires incroyables.
Armand releva la manche de sa toge et regarda sa montre. Il était une heure passée. D'ordinaire en se levant bien avant l'aube il aurait du crever la dalle depuis longtemps. Mais l'enthousiasme de la découverte avait endormie sa sensation de faim. Ça et les plantes qu'il avait prit pour aider à la méditation.


« Est ce que ça vous dirait qu'on fasse une pause et qu'on aille déjeuner ? Comme ça on sera bien plus concentré pour faire le relevé et le prélèvement des restes de ce pauvre révérant. Je vais fermer les portes de l'église au cas où quelqu'un ait la bonne idée de venir spécialement aujourd'hui... »

Il s'exécuta d'un coup de baguette, et prit le reliquaire sous son bras.

« Je vais ranger ceci en lieu sûr, je reviens dans quelques instants. Qu'est ce que vous aimeriez manger docteur ? Je ne craint ne pas avoir de viande car je suis en période de jeun, mais je vais faire de mon mieux pour vous préparer un bon repas. »
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Marten Largecape
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty17.03.17 9:15



Marten fut subjugué par la beauté du reliquaire qu’avait apporté Armand. Il se perdait dans les méandres de ses détails qui, tels une fractale, s’étendaient à l’infini dans une construction complexe et magnifique. De manière générale, Marten était fasciné par les boîtes et leur pouvoir quasi mystique. Une boîte fermée est un mystère total, insoluble et inaccessible en l’état. D’ailleurs, Marten était particulièrement fier d’avoir suggéré à son ami Erwin Schrödinger l’expérience qui le fit devenir si célèbre.

Armand déposa délicatement la boule dans le reliquaire que Marten ne quittait pas des yeux. Une fois à l’intérieur, le pouvoir du cristal s’estompa et ils pourraient respirer un peu. Armand suggéra l’idée qu’ils déjeunent, ce à quoi Marten adhéra totalement.

« Avec plaisir mon bon ami. Les découvertes creusent l’appétit ! N’est-ce pas la base même de Thanksgiving ? Hahaha… Et ne vous en faites pas pour moi, je ne suis pas un grand carnivore et me contente d’à peu près tout. Sachez seulement que je ne mange pas de graines. »

Les légumineuses avaient l’insidieuse propriété de lui causer des flatulences incontrôlables. Il s’en méfiait.

Ensemble ils se dirigèrent vers « l’arrière-boutique » comme s’amusa à l’appeler Marten (et oui, cela n’amusa que lui).
Armand disposa d’un petit logement typique et pittoresque où la simplicité semblait être le mot d’ordre. La cuisine, à l’image du reste des pièces, était sobre et fonctionnelle. Là, un réchaud à gaz et en face, un plan de travail où se trouvait une bouilloire et une cafetière.

Armand s’activait déjà pour sortir une poêle et une casserole. Il mitonna un reste de légumes (essentiellement des poivrons avec quelques pommes de terre) et prépara au miroir des œufs qu’il trouva fièrement.

Pendant ce temps, Marten dressa le couvert sur la petite table au centre de la pièce.

« N’êtes-vous pas fasciné par les œufs ? Après tout, ce sont comme des boîtes, non ? Mais rondes. C’est même le meilleur exemple de boîte ! Un œuf peut contenir la vie ou la mort, pourtant il vous est impossible de déterminer ce qu’il contient sans le détruire. N’est-ce d’ailleurs pas là ce qui pousse les hommes à faire la guerre : casser l’œuf de l’Indochine pour voir si les Viêt-Kong sont vraiment si dangereux que ça ? Haha… Un bon ami à moi pense que notre monde est cerné d’êtres extra-terrestres bienveillants et malveillants, mais pourtant, jamais il n’est parvenu à en voir un, ainsi son concept d’une intelligence extérieur est similaire à un œuf, et jusqu’à ce qu’il parvienne à en contacter un, pour lui les petits hommes verts sont irrémédiablement des êtres bons et mauvais à la fois. Bref, des humains. C’est très rassurant, n’est-ce pas ? Et quand je parle d’œuf, je ne m’intéresse pas qu’à leurs implications métaphysiques. Saviez-vous que l’œuf de poule est un bijou de l’évolution, une merveille architecturale et biologique ? La construction interne de l’œuf est une parfaite usine à nutriment pour le petit poussin qui s’y trouve, à l’aide d’une répartition bi-phasique du blanc et du jaune. Et en plus, c’est délicieux ! Hahaha ! »
Ils passèrent ensuite à table, ce qui fut l’occasion de revenir à leur découverte.

« J’imagine que comme moi, vous êtes intrigués par les glyphes recouvrant les os de ce pauvre type. J’y ai beaucoup réfléchi et là encore, tout est possible. Par exemple, et s’il ne s’agissait pas de caractères d’écriture, mais plutôt d’un dessin, abstrait ou non ? Peut-être même une sorte de carte, mais cela me semble relever du fantasme. Ou bien d’un langage inventé n’ayant d’autre signification que celle d’être cherchée ? J’ai connu un artiste italien qui se lançait dans la rédaction d’un ouvrage indéchiffrable même pour son auteur, décrivant faussement, à la manière des missionnaires espagnols à leur arrivée au Méjique, un autre monde (ça, c’est moi qui le lui ai inspiré). Le Codex Seraphinianus est un pur bijou du génie humain car il le dépasse. Peut-être que le Père Kallahan est une sorte d’encyclopédie obscure et dénuée de sens ? Ou alors d’un sens dont nous ne possédons pas la référence ? « Hlör u fang axaxaxas mlö » : pour nous ça n’a aucun sens, mais peut-être s’agit-il d’une langue qui n’existe plus ou n’existe pas encore ? Auriez-vous du sel ? »

Le repas qu’avait préparé Armand, bien que frugal, était délicieux. Marten vida son assiette en quelques minutes car le voyage l’avait affamé. Il mit cependant de côté des petits bouts de blanc d’œuf pour son rat chéri.
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Armand R Altaïr
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty22.03.17 2:11


   

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Armand dévisagea Marten avec un air ahuri. Comme la plupart du temps il ne comprenait d'où sortaient ces digressions, et pourquoi par tout les saints est ce qu'il lui parlait de Thanksgiving ? Est ce qu'il était très sérieusement en train de faire l'apologie du meurtre des peuples amérindiens ? C'était tout à fait possible, après tout n'avait t il pas fait une comparaison plus que borderline entre son saint habit et un autre type de bure plus tristement célèbre... Pour cette joke bien mal placée il avait été à deux doigts de lui mettre une tarte, puis s'était retenu, préférant se battre avec des mots. Bref tout ça pour dire qu'il avait du mal à suivre les pensées de Marten, et pire encore son humour très spécial.


« Hum... Il semblerait que la base de cette tradition ridicule soit de remercier Dieu pour les bienfaits qu'il nous accorde. Sincèrement, pouvait on imaginer réflexion plus naïve, même pour des protestants ? Dieu doit être remercié et craint à chaque seconde de notre existence, pas un jour par an pour la forme. De plus voir un laïc bénir un dindon en direct à la télé, m'a toujours plongé dans une perplexité abyssale... »


Pour dire vrai quand on le lui avait dit, il n'y avait pas cru et s'était contenter d'exploser de rire. Puis en découvrant le prédécesseur de Barry Marshall se plier à cette coutume, il cessa aussitôt de ricaner et resta interdit pendant de longues minutes devant la télé.
Cependant il ria à la remarque du docteur selon laquelle il ne mangeait pas de graines.


« Jamais ? Et bien, nous essayerons de composer avec vos exigences docteur. »

Son ton n'était pas du tout agressif ou acide, au contraire il le taquinait gentiment. En revanche il se montra moins conciliant quand il fut question de l'envoyer se laver les mains. Ce qu'ils avaient manipulé était parfaitement immonde, et il était hors de question qu'il esquive la case savon. Une fois que ce fut fait, il passa son tablier et commença a préparer quelque chose avec ce qu'il avait dans le frigo. Inutile de dire que l'association entre sa bure d'arcaniste et son tablier rose bonbon était aussi improbable que stylée, et que lui seul était capable d'un swag aussi parfait en toutes circonstances. Ses manches blanches savamment repliées au dessus du coude, il coupait des légumes en surveillant du coin de l’œil Marten en train de mettre la table. Les assiettes n'étaient pas parfaitement l'une en face de l'autre, quand aux couverts n'en parlons pas. Une allégorie de l'anarchie sur une nappe en toile cirée ! Cet exemple atterrant de désordre le stressait, et il profita que le sorcier ait le dos tourné pour procéder aux ajustements nécessaire.

Son long monologue sur les œufs était particulièrement intéressant, et il l'écouta avec attention. Après tout, Armand aimait la métaphysique de cuisine, ce qui étrangement était parfaitement reflété dans la composition de son habit.


« Je ne sais pas si ces créatures peuvent être qualifiées d'extra terrestres, mais il est évident que les hommes ne sont pas les seules créations de Dieu dotées d'intelligence. Si vous voulez mon opinion de kabbaliste, le monde à davantage la forme d'un oignon que d'un œuf. Ou pour être plus exact, une botte d'oignons de taille et de masse infinies, mais également d'une mollesse et d'une perméabilité telle que le contact de leurs surfaces les fait se fondre les unes dans les autres. Quand à nos petits hommes verts comme vous dites, s'ils étaient à la fois bons et mauvais – c'est à dire doté d'humanité – je ne vois pas ce que ça aurait de rassurant. Cela impliquerait que ces pauvres créatures partagent le malheureux fardeau de notre péché originel. Ainsi dans le secret de l'Eden leur première femelle aurait commise la même erreur que la notre. Du bout de ses longues tentacules verdâtres et squameuses elle aurait cueillit la pomme de la connaissance, avant de la croquer dans ce tréfonds gargantuesque qui lui sert d'orifice buccal, en poussant des borborygmes indicibles et des claquements de son gigantesque bec d'os. Manifestation clair d'un plaisir évident chez cette pauvre créature damnée. »
 

Il gloussa en imaginant la scène, et remua les légumes avant qu'ils n'attachent à la poêle. Ils continuèrent à échanger gaiement et prirent place à table. Avant que Marten ne puisse porter sa fourchette à sa bouche, Armand l'arrêta avec une petite toux polie.


« D'abord prions. » Il joignit les mains et inclina la tête. « Seigneur, bénissez notre repas pour que nous aussi nous soyons bénis. Puissiez vous nous permettre d'être toujours aussi heureux et bien nourrit, et bénissez mon ami qui se joint à ma table. Et... » Il marqua un temps d'arrêt, semblant chercher ses mots. « ...et cela malgré le fait qu'il ait éclaté par terre le crâne de ce pauvre révérend... » Il étouffa un ricanement nerveux. « Je n'en revient pas que vous ayez fait cela ! Quelle peur j'ai eut ! Oh Seigneur ayez pitié de son geste et de prenez soin de ce qui reste de l'âme de votre malheureux serviteur, le Father Kallahan... Amen. Bon assez prié, mangeons maintenant avant que cela ne refroidisse. »

C'était sans doute le pire bénédicité qu'il ait prononcé, mais avec le visage comique de Marten face à lui il e pouvait pas faire mieux et décida d'arrêter rapidement le massacre. En plus il mourrait de faim et se jeta avec appétit sur ses légumes. Le docteur orienta la conversation sur les glyphes, et il écouta attentivement ses propos.


« Une carte cela serait fabuleux, mais non j'ai la conviction qu'il s'agit véritablement d'un texte. »
Faisant une pause dans sa mastication, il le fixait. « Je connais le Seraphinianus, c'est un bel exemple d'art hermétique. La curiosité qu'il provoque n'a pour autre but que nous entraîner vers la recherche de ses secrets. Ce qui est bien entendu un piège grossier, si vous voulez mon avis. Tout les textes n'ont pas vocation à être déchiffrés. Et ci cela est, il revient à Dieu de nous inspirer et de nous guider vers leur compréhension. La seule chose que nous avons avons à faire et de travailler sans relâche à apprendre ce qui nous est permis, et à méditer dans la sagesse afin d'avoir une chance d'aborder ce qui n'est pas encore à notre portée. Lege, lege, relege, ora, labora et invenies. Il me semble que c'est ainsi que cela se formule. » Il esquissa un mince sourire mystérieux, de ceux qui lui échappaient quand il pensait à certaines choses. « J'espère que nous pourrions réussir à décoder ces glyphes, en tout cas si ce savoir est à notre portée je saurais le saisir. Pour le moment ce langage m'est inconnu, mais vous pouvez compter sur moi pour entamer rapidement les recherches. Que cette langue ait disparue ou n'existe pas encore ne la rendra pas impossible à débusquer. Les arbres ont toujours des racines, et cela ne m'effraye pas de creuser la terre jusqu'à mettre la main sur cette vieille souche, ou ce bourgeon c'est selon. Vous l'ignorez sûrement, mais il s'avère que j'ai consacré ma thèse à étudier les reliques, et plus particulièrement l'énergie mystique qui s'en dégage. C'est la première fois que je découvre un corps humain aussi complet et bien conservé, et j'avoue mourir d'envie de lever le voile sur ce mystère. Pour le moment je ne pense pas que ce soit lui qui soit l'unique source du nexus, mais sa présence est particulièrement intrigante par son emplacement. »

Il lui faudrait un moment pour rédiger toutes les hypothèses qui lui passait par la tête. Au lieu d'apporter des réponses à ses questions, la découverte de ce corps ne faisait qu'en soulever de nouvelles, plus obscures et impénétrables encore.


« Je repense à votre histoire d’œuf, et il me semble avoir un cas particulièrement intéressant à vous soumettre. Avez vous déjà vu un œuf d'hérétique docteur ? Enfin par ce mot, je désigne en vérité ce qu'on appelle plus communément un paria. J'en ai justement trouvé un spécimen à la prison fédérale, là où nous nous sommes rencontré par hasard l'autre jour. Son nom est Bradley Lennox, et d'aspect extérieur il est tout à fait ordinaire. Mais ne seriez vous pas intéressé d'étudier la source de sa maladie ? Après tout l'esprit humain est comme un œuf, vous pourriez en sonder la surface, cartographier le labyrinthe de son esprit déviant, topographier les reliefs escarpés de sa solitude et les gouffres abyssaux de son inaptitude sociale. Et peut être si la curiosité vous dévore, vous saurez percer sa fragile coquille, voir si le petit poussin qui l'habite est aussi monstrueux que ses piaillements décérébrés le laissent entendre. Voyez vous, le Mal est partout, car il est une composante naturelle de notre humanité. Et notre tâche sur cette terre et de nous améliorer, autant que faire ce peu, et par nos menus efforts tenter de devenir quelqu'un de meilleur. Mais dans de rares cas il naît des êtres pour qui toute tentative de rédemption est impossible. Ainsi sont les déviants, et on ignore presque tout sur eux. Pourquoi sont ils comme cela ? Peut on améliorer leur condition ou au contraire faut il les éradiquer avant qu'ils ne nous fassent trop de mal ? Car ils ne peuvent pas s'en empêcher, c'est leur raison d'être. Ils sont incapables de tendre vers le bien, car pour eux l'attraction vers ce qui est de plus sale, de plus violent et de plus dégénéré est absolument irrésistible. Cet œuf que j'ai découvert parmi mon troupeau referme une créature foncièrement mauvaise par nature. Pas comme si elle était née à la défaveur des étoiles, mais comme si son génome contenait l'essence même de l'immoralité. Un genre d'anté humain débile et malade, qui garde jalousement sous la surface de sa coquille le secret de son odieuse nature. Pensez vous que votre science soit capable d'élucider la raison de cette aberration docteur ? »
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Marten Largecape
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty10.04.17 20:54



Les talents de cuisinier d’Armand étaient indéniables et sans doute provenaient-ils de ses origines européennes. De même que du contenu de son assiette, Marten se régala de leurs discussions. Des œufs aux extraterrestres, en passant par l’Homme-Sabot et les hérétiques. Oui, Marten se sentait comme à la maison.

Le docteur leva les yeux quand il entendit le nom de Bradley Lennox. Malgré son très grand âge, Marten pouvait se vanter d’avoir une mémoire quasi-infaillible (une mémoire eidétique je vous prie). Ce nom lui rappela le goût du cidre âpre et l’odeur du métal rouillé, témoins caractéristiques d’un évènement s’étant déroulés dans un endroit peu agréable et en rapport avec son travail. Oui ! C’était bien ça ! Bradley Lennox, 42 ans, 86 kg, 1m78, « en attente de jugement ». Il faisait partie des dossiers qu’il avait récupéré au pénitencier de Santa Fe il y a peu.

Marten fut quelque peu surpris qu’Armand connaisse son futur-potentiel-patient, et surtout qu’il en parle en ces termes peu élogieux… Il avait beau parcourir son dossier en mémoire il ne se souvenait pas de la mention « hérétique », même si l’épithète « GROS CONNARD » clignotait en filigrane de chaque page…

*Hihihi…* rit-il intérieurement.

« Cela est intéressant car je connais moi-même le sai Lennox, enfin, de loin dirions-nous. Sachez que je porte une étude sur son cas dans le cadre de mon activité professionnelle. »

Marten sentait déjà venir la pluie de questions, et comme entre frères de cultes, on ne se cachait rien (sauf l’emplacement de l’artefact maudit convoité par l’autre alors qu’on l’a caché sous son lit), il décida d’anticiper et de répondre à la majeure partie des interrogations du prêtre.

« Vous vous souvenez, je suis sûr, de la fois où nous nous sommes croisés au Pénitencier non loin d’ici. J’y allais justement pour récupérer les dossiers médicaux de certains détenus qui feraient des candidats idéaux pour mes recherches. Je préfère soulager votre curiosité dès maintenant : je ne suis pas autorisé à vous dévoiler le secret du projet sur lequel je travaille. Sachez seulement qu’il s’agit d’une révolution dans les clivages moldus-sorciers que je ne supporte plus… Mais dites-moi plutôt… appuriez-vous la candidature de M. Lennox pour ces expériences, sachant qu’elles pourraient se révéler… dangereuses ? J’ai pleine confiance dans votre bon jugé et ah ! si ma patronne me voyait remettre mon destin entre les mains d’un homme saint, ne serait-elle pas ravie ? Oui, cela me semble être la bonne méthode, mon cher Armand. Comme lui et vous avez une certaine connivence, je ne saurais le soustraire à vous sans vous en demander la permission. Qu’en pensez-vous ? »

Sur ceux, ils débarrassèrent la table et Marten insista pour faire la vaisselle.

Ensuite, ils passèrent plusieurs heures à nettoyer et ranger méticuleusement tous les ossements trouvés un peu plus tôt. Marten suivait avec application les consignes d’Armand, visiblement plus expérimenté dans tout ce qui touche à ranger de petites choses dans des petits sachets pénibles à ouvrir (Marten, dans un autre où et un autre quand, avait un temps été très doué pour ranger de
grandes
choses dans de
grands
sachets qu’il fallait vite brûler ou enterrer).
Pendant cette activité, ils furent plutôt silencieux et n’échangèrent qu’à propos de banalités.

Le soleil s’était couché depuis une heure environ quand ils eurent fini. Armand ne semblait pas vraiment satisfait mais Marten sentait la fatigue lui tirer les paupières. Aussi, il proposa qu’ils prennent congé l’un de l’autre pour être « en forme » le lendemain matin (Marten fit une blague comme quoi si Armand n’était pas « en forme » et qu’il avait la forme d’une poire ou un bras à la place du pied, le docteur prendrait ses jambes à son cou ainsi qu’une photo car « ces choses se vendent bien sur internet et pourraient assurer un nombre de like conséquent sur la chaîne Youtube d’un ami proche ». Mais Armand ne rit pas, bien sûr).

Marten récupéra sa valise et son rat et ensemble, il se dirigèrent au bout de la rue vers la misérable pension dite « des 1000 cafards ».
Qu’on se le dise tout de suite, cela ne dérangeait pas beaucoup Marten. Ni les cafards, ni le fait qu’il y en ai 1000 d’ailleurs : c’était un nombre rond et plutôt agréable.
La vieille femme qui tenait l’établissement semblait avoir 1000 ans (un hasard ?) et son visage s’illumina subitement quand elle vit Marten, lui conférant une sorte de rictus plus inquiétant qu’accueillant. Elle lui remit la clé de la chambre 19 et il monta ses affaires ainsi que son rat à l’étage.

Effectivement, l’hôtel était sale et vieux, mais Marten trouva que franchement, les critiques Yelp étaient trop dures. Oui, c’était moche, mais fonctionnel ! La porte de la chambre s’ouvre, le lit est présent et horizontal, de l’eau sort de la douche (de l’eau noire certes, mais de l’eau quand même)… Non, Marten n’était pas gêné par ces soi-disant mille cafard, ni même par le néon rose clignotant à une fréquence bien trop régulière pour être un hasard :

−·· ·· −··− −· · ··− ··−·


Il s’allongea sur le lit et il ferma les yeux.
Là, sous ses yeux, elle prenait vie. Encore et encore.

C’était l’automne 1987, et Mary venait de commencer son nouveau travail de réceptionniste chez Krups and Partners. Elle avait le trac et c’était normal : quitter leur campagne pour s’installer en ville avait été la source de beaucoup d’angoisse. « La vie est très différente à Tucson, » les avait prévenus Jimmy Crook, un ami, « mais au moins ce n’est pas Phoenix ». Effectivement, ici c’est comme si la vie allait plus vite, presque trop vite pour qu’on puisse en saisir le moindre instant. Le moment préféré de William, c’était vers 15h30, à la sortie des classes. Il y avait comme une ambiance de fête, les parents et les enfants semblaient tellement heureux de se retrouver et se raconter l’un l’autre leurs journées pas si différentes finalement. Bien sûr William avait connu ça, mais Tim et Eddie étaient grands désormais et Mary ne pouvait plus avoir d’enfant. Puis les retrouvailles s’essoufflaient, les gens partaient petit à petit et c’est comme si rien ne s’était passé. La petite vieille qui promène son chien trop gros est toujours là, elle regarde les pigeons alors que dans ses yeux défile sa vie comme un collier de perle, tout doucement.

Cette nuit-là, William allait dormir à l’hôtel. Leur nouvel appartement était encore en travaux et Mary allait rester chez Krups and Partners pour travailler tard, car M. Krups était un homme occupé et les hommes occupés se délectent à occuper les gens qui le sont moins à leurs yeux.
Après une brève recherche, William avait jeté son dévolu sur l’Hôtel Navajo’s, un peu en bordure de la ville. Il se présenta à l’accueil.

« Bonsoir monsieur. C’est à quel nom je vous prie ?

- Dawn, William Dawn. J’ai réservé hier par téléphone.

- Oui, tout-à-fait M. Dawn. Vous avez la chambre 099. Vous avez de la chance, c’est au rez-de-chaussée. Oh, mais vous n’avez pas de bagages ?

- Non, je ne reste qu’une nuit. Notre appartement est en travaux et ma femme travaille toute la nuit.

- Je vois, bonne soirée M. Dawn.

- Bonne soirée. »

Mais la soirée ne serait pas bonne. Elle serait même affreuse, la pire de sa vie. Mais William l’ignore quand il ouvre la porte de la chambre 099 de l’Hôtel Navajo’s de Tucson.

A 21h30, il revint à l’hôtel après avoir mangé un hamburger au Capitol Diner et passa un rapide coup de fil à Mary, appuyé contre la fenêtre d’où luisait le clignotement d’une enseigne lumineuse. Après s’être déshabillé, William s’allongea et ferma les yeux.

Au début, William n’entendit pas les grattements dans le mur. Non, ce qui le réveilla, ce fût l’immense douleur à son pied droit. Il se redressa d’un bond, et encore assoupi, il distingua une sorte de gros rat qui lui dévorait les orteils. Il hurla alors que son sang imbibait le drap et frappa d’un coup de poing l’assaillant nocturne qui lui suçotait les os. Quand il le frappa, il constata avec horreur que ce rat avait une tête, un visage humain, sur un gros corps de rat. Sonné par le coup, la bête détala et la douleur et l’effroi arrachèrent à William un cri de supplice.

Il tenta de se placer au bord du lit pour se lever mais ses pieds ne touchaient pas le sol. D’ailleurs, il n’y avait plus de sol. Il n’y avait en fait plus rien. Juste ce lit ensanglanté, et cette chose, là, quelque part. William cria encore. Autour de lui il n’y avait rien d’autre qu’un vide insondable et surnaturel. Il lui semblait apercevoir un scintillement faible et très lointain, mais se concentrer dessus lui provoqua un mal de tête perçant. Il regarda à nouveau son pied meurtri et réalisa que la blessure n’était pas si grave que ça finalement. Un lambeau de chair pendait mollement mais l’orteil était encore là. Un instant, il pensa à ce qu’il en serait s’il ne s’était pas réveillé, et cela lui arracha un nouveau cri, plus fragile cette fois-ci.

Il se retourna sur le lit, en direction de la table de nuit, qui avait disparu comme tout le reste. Naïvement, il espérait y trouver le téléphone. Mais pour appeler qui ? La réception ? Mary ? La police ?
Dans son dos, il senti que quelque chose le frôlait. Il fit volte-face et revit cette affreuse chose. Elle ne bougeait pas et se contentait de le regarder avec deux yeux noirs et vides. William regarda lentement autour de lui. Il y avait encore son oreiller. Pourrait-il étouffer la bête avec son oreiller ? Cela lui paraissait peu probable mais pas impossible… Il bougea discrètement son bras vers la tête de lit mais le rat ouvrit la gueule et poussa un cri strident et indicible. Tout autour du lit, l’obscurité fit place à une brume épaisse tandis que la chose s’estompait. Le lit se mit à tanguer et la brume se dissipa par endroit. William plissa les yeux pour mieux distinguer où il se trouvait maintenant. Il flottait ! Le lit était sur l’eau, sur une mer noire et agitée. La lueur scintillante était plus proche maintenant mais toujours trop loin pour être perçue distinctement. Peut-être s’agissait-il d’un bateau venu le secourir ? William fit de grands gestes mais en vain. Une vague se souleva et vint le frapper en plein visage. L’eau était salée et étrangement amère. Il se passa une main sur le visage et vit sur le lit, apporté par cet océan de ténèbres, le corps exsangue de la chose faite rat. Le cadavre se mit à bouger étrangement, comme pris de spasmes et son ventre s’ouvrit, laissant s’échapper une poignée de vers grouillants. William se pencha par-dessus le lit et vomit.

Ses yeux se confondirent dans les milliers d’yeux qui veillaient dans les flots obscures et l’eau se changea en flammes. La chaleur était insoutenable et déjà le lit s’enfonçait dans le magma bouillonnant. Les asticots brûlèrent un par un et le drap parti en fumée en un clin d’œil. William se débattait mais il savait qu’il était trop tard. Ce feu le rongerait bientôt comme cette chose ahurie qui se délectait de son sang. Il se mit debout sur le lit, hurlant et serrant ses bras autour de sa taille. Il bougeait la tête dans tous les sens mêlant le haut le bas le nord le sud tous ses repèrent se confondaient et le feu l’absorbait et la lumière se rapprochait en clignotant comme un phare échappé au contrôle des hommes qui brulait pour ne jamais s’éteindre qui battait comme une cloche un coup long trois coups longs un coup court deux longs un coup court un coup court un long un court et se rapproche pour l’envelopper l’avaler absorber son âme qui n’en est déjà plus une et le faire brûler d’un feu qui ne s’était jamais éteint comme une passion un tourment un fléau.

Le réveil sonna à sept heures.

Le réceptionniste appela les secours.

William Dawn fût admis pour brûlures au deuxième degré et il eût 19 points de suture au pied droit.


Le réveil sonna à sept heures et Marten appela la réception pour dire qu’il ne prendrait pas son petit-déjeuner ici, qu’il avait rendez-vous.

Alors il prit ses affaires et s’en alla vers l’église, avec son rat.
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Armand R Altaïr
Armand R Altaïr

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ϟ Métier : Prêtre ϟ Âge : 35 ans ϟ Race et sang : Sorcier ϟ Particularité : ϟ Statut civil : Célibataire devant l’Éternel, mais amoureux perpétuel

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ϟ Messages : 1611 ϟ Date d'inscription : 02/03/2016 ϟ Disponibilité RP : 1x semaine ϟ Célébrité : Arthur Davill ϟ Crédits : aucun

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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty25.04.17 16:39


   

In the Court of the Crimson King





Armand servit un verre de vin à Marten tout en portant une attention toute particulière à ses paroles. Ainsi donc il connaissait le détenu Lennox ? Pouvait on espérer meilleur connivence que celle là. En revanche il ne l'avait sans doute pas encore rencontré, vu qu'il parlait de lui de façon tout à fait neutre. Le prêtre avait beau être gentil, il estimait qu'on ne pouvait pas rester neutre face à une personne comme Bradley Lennox. On ne pouvait que le haïr de toutes ses forces, car tout en lui était haïssable et mauvais.

Cependant le prêtre ne pu s'empêcher d'exprimer un petit sourire ravi.


« Allons bon !Comme la providence fait bien les choses. »

L'idée de voir Bradley sous le scalpel de la science était des plus plaisante, mais il cacha sa joie et se contenta de boire avec une sincère satisfaction les paroles de Marten. Celui ci lui rapporta que ce jour précis où ils s'étaient rencontrés au pénitentiaire, il avait pour charge de récupérer les dossiers de candidats pour son étude. Étude dont il ne pouvait lui toucher mot, ce qu'Armand comprit bien entendu.


« Cela va sans dire. »


De manière général il était parfaitement satisfait de l'équilibre de leur relation qui tournait autour de « tu me fais pas chier, je te fais pas chier ». Car après tout les amitiés d'occultistes avaient cela de particulier que tant que des membres de sectes rivales ne parlaient pas business, ils pouvaient être bons amis comme tout le monde. Chacun s'occupe de ses histoires de culte, et les petits choses rat sont bien gardés.  

En revanche il se permit de partager comme ça à la volée une information des plus intéressantes. Alors comme ça il avait pour objectif d'étudier les physiologies sorcières et moldus ? Une belle idée, pleine de promesse. Et qui ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.

Néanmoins il fut surpris quand Marten lui demanda son avis sur la question, et même mieux, une permission pleine de déférence. Décidément il était doué pour lui passer de la pommade, et cela fonctionna parfaitement sur le prêtre qui avait un ego aussi imposant et massif que son... nez.


« Oh non, je ne suis pas un saint docteur Largecape. » S'exclama t il en détournant le regard avec une fausse modestie toute travaillée. « Mais si je puis vous donnez mon opinion, il se trouve que moi aussi je n'éprouve que de l'irritation et de la souffrance pour cette guerre entre sorciers et moldus. Et si Dieu vous inspire à façonner la paix de demain, je ne peux que vous encourager à accomplir sa volonté. Rien ne serait plus beau et plus souhaitable que la fin des violences. Et si un assassin de sorciers comme monsieur Lennox pouvait devenir entre vos mains un instrument de paix, je ne peux que clamer alléluia. Peut on imaginer plus belle et plus heureuse transcendance ? Vous n'avez pas seulement mon autorisation mon fils, vous avez également ma bénédiction. Que votre entreprise soit périlleuse ou risquée ne doit pas vous faire reculer, car après tout qu'est ce qu'un petit sacrifice quand on le compare à l'immense bonheur qui nous attend ? Il ne s'agit pas que de protéger la vie de milliers d'innocents, mais de sauver l'âme du genre humain. Je ne veux pas dire que la sécurité de quelques meurtriers est négligeable, au contraire le Seigneur les bénit eux aussi car enfin ils pourront participer au bien commun. Le pardon de Dieu porté par la Science, j'avoue que ce n'était pas quelque chose que j'envisageais, mais cela me satisfait grandement. »

Soyons sérieuse deux minutes, c'est avec ce genre de raisonnement qu'on fini par exterminer des peuples qui n'ont rien demandés à personne. Pourtant le père Armand était un homme de paix, et manquait du recul suffisant pour prendre conscience de la portée de ses paroles. De plus il ne se passait pas une journée sans que les média ne diffusent de nouveaux faits alarmants, enfermant toujours un peu plus la population dans un climat d'angoisse. Le pire n'était ni passé, ni à venir. On était en plein dedans, et ce depuis des années. Armand avait fini par souhaiter la paix plus que tout autre chose, la paix à n'importe quel prix. Et la vue de personnes dangereuses et stupides comme Bradley Lennox lui apparaissait à présent insupportable. Certes son ego personnel avait été mis à mal par ses insultes et son manque constant de respect. Mais il n'y avait pas que cela qui alimentait sa haine. Il y avait aussi ce qu'il avait fait auprès des pro moldus, car qu'on le veuille où non, Bradley Lennox avait du sang sur les mains. Et voir survivre un ennemis de la paix tel que lui, lui était absolument intolérable.  

L'après midi se déroula sans autres faits marquants. Ils finirent le long et harassant travail de fouille, inventorièrent le moindre petit morceau d'os de la dépouille du malheureux révérend Kallahan, et rangèrent le tout dans des boites en carton, bien à l'abri dans la fraîcheur et la pénombre de la bibliothèque. Puis ils se dirent au revoir, et Marten alla dormir au motel, en compagnie de sa bestiole que Armand était particulièrement ravi de voir dégager.

Il resta donc là, tout seul dans l'église plongée dans la pénombre, alors que dehors des bruits de grattements de terre reprenaient, comme chaque nuit inlassablement. Le sorcier consulta rapidement quelques ouvrages, dans l'espoir de trouver des information pertinentes sur les treize sphères légendaires dont lui avait parlé Marten. Alors certes c'était un peu moche de faire bande à part comme ça, mais il était à peu près sur qu'il ne serait pas le seul à faire ses petites recherches dans son coin. Ainsi était faite la vie de cultiste, chacun pour sa pomme et l'amitié s'arrête quand il faut s'attribuer la parenté de la découverte de la relique maudite. Il fallait être drôlement naïf pour croire que tout le monde jouait franc jeu dans ce genre de quête, ou plutôt il avait déjà fait cette erreur autrefois, et il n'était plus question de recommencer.

Bref il avait l'esprit occupé par de sombres raisonnements quand il décréta qu'il était tard, et qu'il allait falloir se coucher s'il voulait être en forme le lendemain. Ainsi donc il prit sa petite douche, boutonna jusqu'à la gorge son très seyant pyjama en coton de célibataire, et alla se coucher comme un bon garçon obéissant qu'il était.

Hors, et c'est là que le lecteur attentif se révèle, il est des choses auxquelles ont ne peut être confrontées sans que la raison ne soit mis à mal. Je veux bien entendu parler du domaine de l'occulte, ce bon vieux piège à con. Alors mon cher investigateur, lance un dé dix, et on voit comment ça va dans les méandres de ta psyché. Ça va bien se passer, dans tout les cas ça sera long et douloureux ne t'en fait pas. Mais ça t'apprendra à t'occuper de tes affaires, et à te lancer dans des défis inutiles, comme dormir au risque de rêver.

Armand qui n'était plus un perdreau de l'année en matière de culte savait toutes ses choses, et pourtant il restait humain et donc par définition faillible. Et tandis que Marten se débattait dans les profondeurs de ses souvenirs, lui était assaillit par de monstrueuses visions. Plongé dans un état second, il trouva la force de se relever, et de s'asseoir dans son lit, entouré par sa chambre plongée dans la pénombre. Il n'y avait que le cliquetis régulier de sa montre posée sur sa table de nuit, un son satisfaisant qui d'ordinaire le berçait. Il ne sut dire combien de temps il resta là, assis à scruter les ténèbres avec ses yeux myopes, mais il se souvint distinctement se lever et sentir la fraîcheur du plancher sous ses pieds. En y réfléchissant le lendemain, il était certain que ce n'était pas du somnambulisme. C'était plus profond et plus viscéral que ça, c'était comme un appel incessant qui perturbait son sommeil, et qui l'en tirait partiellement. Il avait déjà observé ce genre de phénomènes, et dans sa mémoire creusée de trous à cause des sorts d'oubli, il était incapable de dire si ça lui était déjà arrivé auparavant.

Il ne se rappela pas avoir ouvert le coffre, mais il l'avait certainement fait, car sans ça c'était impossible d'entrer dans la bibliothèque. Ses doigts avaient glissés par automatisme sur le cadran en laiton, saisissant une série de chiffres qui était connue de lui seul. Puis il avait ouvert le couvercle, et s'était engouffré sans hésiter dans l'interminable escalier qui descendait dans les profondeurs des galeries magiques. Il ne voyait pas, personne n'aurait pu voir quoique ce soit dans une obscurité aussi épaisse. Et sans ses lunettes, ses yeux myopes ne percevaient rien à deux pas devant lui. Mais à quoi pouvaient servir des yeux physiques, lorsque l'on était animé par la puissance de son inconscient ? C'était un appel qui dirigeait ses pas, un puissant signal qui le guidait à travers les couloirs labyrinthiques, lui conférent une démarche assurée à chaque marche, alors que d'ordinaire il aurait usé de prudence pour ne pas trébucher. Il traversa les salles, passant sans s'attarder entre les rayonnages de grimoires qui attendaient leur heure derrières leurs vitrines, comme des milliers de consciences antiques qui chuchotaient dans les ténèbres.

Ses yeux aveugles étaient grands ouverts, et ses mains comme ses pieds étaient glacés par une fraîcheur dont il n'avait aucunement conscience. Il marcha longtemps, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les méandres du labyrinthe jusqu'à arriver dans la salle des reliques, où quelques heures plus tôt il avait entreposé la sphère noire. Le fait de l'avoir trouvé en lieu et place du cerveau d'un homme ne l’émouvait plus, de même qu'il était passé devant la succession de boites en carton qui contenaient ses restes sans afficher la moindre émotion. Pour dire vrai il était incapable du moindre sentiment, de la moindre pensée, et surtout de la moindre peur. Il n'y avait dans son esprit que ce chant lointain qui l'appelait comme un tambour triomphant, comme un autre cœur battant à des milliers d'années lumières de là, retentissant à travers le silence de l'espace.

S'il avait été conscient de ce qui se passait, sans doute aurait il ressentit de la joie. Car pour la première fois ses yeux myopes étaient confrontés à de la lumière. Une lueur vacillante mais puissante comme des centaines de cierges, luisait à travers la vitre manquante et les interstices du reliquaire doré. Le sorcier se dirigea vers la source de ce prodige, pressant légèrement son pas. Autour de lui les ombres monstrueuses et changeantes s'étiraient sur les murs, teintés d'or de de pierres précieuses aux reflets enivrants. Chacun de ces reliquaires contenaient un trésor beaucoup plus estimable que la beauté des coffrets. Ils paraissaient être de rutilants bibelot d'une Église en mal de fortune, mais la vérité au sujet de leur nature était bien plus sombre et secrète. Autour du prêtre se trouvait des dizaines de petites prisons en or aux contours baroques et aux allures de cathédrales miniatures. Et dans le cœur de ses prisons, se trouvait conservé ce qui assurément ne devait pas être réveillé.

Posant ses doigts pâles et fins sur le couvercle de la cassette contenant la treizième noire, Armand se laissait inonder par ce puissant afflux d'énergie. C'était comme sentir le ventre de la terre bouillonnant au dedans, comme si toutes les étoiles du ciel se consumaient à la même seconde dans le silence le plus total. Et qu'à travers ce silence et de cette obscurité parfaite, résonnait le chant lointain de la création brûlant dans le néant. Loin, sur les degrés du trône noir de Celui qui règne au delà du Chaos. Ce son bien particulier enchantait son inconscient, et emplissait les yeux de son âmes de visions paradisiaques. Il y avait la lumière douce du matin, et en même temps haute dans le ciel la lune pâle qui faisait voir toutes ses phases en même temps à la manière d'un prise. Il n'y avait plus ni haut, ni bas, ni gravité, ni pression. Simplement la sensation enivrante d'être plongé dans une tiédeur agréable, viscérale et maternelle. Le bonheur qu'il ressentit alors n'avait rien de comparable à tout ce qu'il avait pu éprouver précédemment. Et cela avait même tellement de force que ça suffisait à balayer tout ce qu'il avait bien pu ressentir depuis qu'il s'était ouvert à la conscience dans le ventre rond de sa mère.

Ce qu'il dit alors il aurait été incapable de le répéter, et même de le comprendre. C'était des mots qui ne lui appartenaient pas, prononcés dans une langue aussi ancienne que les plus anciennes étoiles, perdurant à jamais à travers le temps et l'espace. Sans doute que ses paroles n'exprimaient rien d'autre que son désir le plus intense à cet instant, alors qu'il était plongé dans une béatitude allant au delà de tout ce que l'esprit humain pouvait concevoir. C'était la sombre et pénétrante clairvoyance, le désir irrépressible de rejoindre les Dieux qui dansent, et continuer à être instruit de ce sentiment de vérité à travers la boucle immuable de l'infini.

Le visage posé sur son avant bras, Armand mit un long moment avant de rassembler ses esprits et de trouver assez de force pour ouvrir les yeux. Il y avait comme un vrombissement sourd qui lui vrillait les tempes, et une migraine insupportable rendait toute pensée construite incroyablement douloureuse. Ses autres sens finirent par se mettre en marche, et plus il émergeait, plus il ressentait qu'il avait mal partout. En entrouvrant les paupières, il réalisa qu'il faisait jour, et que le moindre rayon de lumière lui était insupportable. Le bras sur lequel il s'était endormi semblait ne plus répondre, et il lui fallut se frictionner la peau pour faire repartir le sang. Le sorcier respira un grand coup, et entreprit de se relever, en étirant les muscles de son dos. Ce qui l'entourait n'était rien d'autre qu'un décors flou, mais ses yeux myopes le connaissaient suffisamment pour se rendre compte qu'il s'agissait de sa cuisine. Quand aux élancements dans le bas de son dos, ils lui permirent au moins de se rendre compte qu'il était assis. Ses doigts glissèrent sur la toile cirée pendant que son esprit cherchait une explication. C'était une impression vraiment étrange de s'endormir dans son lit, et de se réveiller assis à sa table de cuisine. Et puis ce mal de tête était absolument insupportable. Armand massa ses tempes du bout de ses doigts, et fut aussitôt frappé par une douleur aiguë qui le fit grimacer. Puis il regarda interdit, sa main droite dont le bout des doigts étaient tâchés de rouge sombre. La vue de son propre sang est en général particulièrement désagréable, et il comprit aussitôt qu'il avait de fortes raisons de s'inquiéter.

Mais il n'y avait pas que ça, il y avait aussi de l'encre noire qui tâchait ses doigts, et il ne manqua pas de réaliser que la toile cirée était couverte de caractères aux formes et à la composition défiants l'entendement. Il fronça les sourcils en rapprochant son visage des lettres, et la douleur à sa tempe se fit plus forte. Aussitôt il se leva et se précipita dans la salle de bain pour jeter un coup d’œil à cette fameuse blessure. Il y avait du sang séché qui avait coulé sur son sourcil et son oreille, mais après avoir nettoyé la plaie il réalisa qu'elle était assez peu importante finalement. Il appliqua un coton imbibé de la même potion cicatrisante qu'il avait donné à Khloé Pea, et retourna dans la pièce chercher ses lunettes, sans quoi le pauvre était bien incapable de quoi que ce soit.

Dès qu'il les posa sur son nez, il réalisa qu'on pouvait basculer d'un ou deux crans dans l'angoisse rien qu'en retrouvant la vue. Le coffre bibliothèque était grand ouvert, et la table où il était assis quelques minutes plus tôt était dans un chantier monstre. Les écritures qu'il avait à peine observés recouvrait la surface de la nappe, se chevauchant dans des gribouillis indescriptibles. Il y avait aussi des tâches de sang séché qu'il savait être le sien, et à coté de la plume magique qui ne le quittait jamais, une arme à feu qu'il n'espérait pas revoir de si tôt. Il regarda l'objet, médusé, pendant qu'un frisson d'effroi glaçait tout son corps. C'était celle que son garde du corps lui avait laissé avec une ironie certaine, et qu'il planquait sous une latte branlante du plancher depuis des années. Il détestait cette chose, il ne savait pas s'en servir et espérait ne jamais avoir à apprendre.

Pourtant elle était là, sur la table à quelques centimètres de sa main, et en réalisant cela il se laissa tomber sur son lit, incapable de rester debout. Il n'avait que des bribes de souvenirs concernant ce qui s'était passé cette nuit, et il ne pouvait certifier qu'il ne s'agissait pas de rêves. Et si c'était le cas, à quel point ces rêves avaient été réels et meurtriers ? Le sorcier se mit à sangloter nerveusement, tout en prenant doucement conscience qu'il était passé à un cheveu de mourir cette nuit, alors même qu'il était incapable de se rappeler comment. Mais la vérité était bien là, il s'était manqué de peu, et ne pouvait que remercier le Ciel de n'avoir d'une blessure superficielle en lieu et place d'un bon gros trou dans la tête.

Une fois la crise de larmes / panique passée, il essaya de faire disparaître toutes les traces de cet horrible cauchemars. Il replia la nappe, conscient que même si ça l'effrayait il allait bien devoir un jour tenter de déchiffrer ces monstrueux hiéroglyphes tracés de sa main, puis il la rangea dans la bibliothèque qu'il referma. Il remit l'arme à feu dans sa cachette, et prit une douche dans l'espoir de voir la journée repartir du bon pied. Pourtant il était encore sous le choc, et quand Marten arriva la bouche en cœur, il fit de son mieux pour faire bonne figure malgré cela. Il lui souhaita le bonjour le plus poliment du monde, et lui proposa un café. Faire du café était une idée des plus réjouissantes, ou tout du moins ça brillait comme un gentil rayon d'espoir. Il ouvrit le placard en formica et découvrit avec stupeur qu'une bonne partie de sa vaisselle était en miette, et qu'il venait sans conteste de trouver où avait échouée la balle qui avait manquée de lui exploser la cervelle. Il pâlit et referma aussitôt le placard, avant de regarder Marten avec des yeux ronds.


« Je... je crois avoir passé une assez mauvaise nuit, alors vous m'excuserez si je ne suis pas d'aussi bonne humeur que d'ordinaire ce matin. J'espère pour vous que la nuit vous a été plus douce, mais dans mon cas il se trouve que j'ai manqué de peu de me tirer dessus, pour des raisons que je n'explique pas. Il me semble que j'ai intérêt à revoir sérieusement les sortilèges de protection qui entourent nos découvertes d'hier, si je ne veux pas que ce genre d'accident désagréable ne se reproduise. »
D'un air stoïque il ouvrit le placard, laissant voir son contenu réduit en miettes de céramique blanche. « Par contre malgré mes piètres qualités de tireur, il semblerait que j'ai réussi à avoir la vaisselle. J'espère que ça ne vous dérange pas si je vous sert votre café dans un verre ? Malheureusement je n'ai plus que ça à vous proposer. »
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In the Court of the Crimson King - PV Armand Giphy

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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty18.05.17 11:42



Visiblement, le petit père avait eu une nuit agitée… Encore un point commun ! Mais Marten fut pris d’une inquiétude : Armand semblait trop insouciant. Peut-être n’était-il pas si fort que ça, et la Treizième Noire, bien qu’endormie et cachée dans un autre plan, avait pris plaisir à grignoter son esprit. Pour tout ça, Marten se sentit coupable d’avoir entraîné Armand dans cette affaire, mais il savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible, et que la curiosité du prêtre ne serait assouvie qu’une fois qu’il aura tout appris de cet endroit (ou qu’il soit mort : dure est la vie du pauvre cultiste, qui ne tient qu’à un fil !).

En mauvais père qu’il serait sûrement s’il avait à nouveau des enfants, Marten décida de re-booster Armand pour lui redonner du baume au cœur afin qu’ils continuent leur exploration :

« Eh bien, vous n’y êtes pas allé de main morte, l’ami ! Mais pourquoi diable faut-il qu’un suppôt de l’homme-jésus dorme à côté d’un pistolet ?! Nous sommes en Amérique, mais soyez raisonnable ! Enfin… Il vaut mieux que la balle se soit logée dans votre placard plutôt que dans votre boîte-pensée… Et puis vos assiettes étaient moches. »

Marten fit le tour de la cuisine, s’approcha d’Armand et pris lui-même un verre.

« Ca ira très bien là-dedans, merci. »

Ils s’assirent ensuite pour boire leur café.
Marten en profita pour remotiver Armand.

« Aller, ce n’est pas votre petite mésaventure de la nuit dernière qui va nous arrêter ! Nous touchons au but j’en suis sûr ! Ce matin, nous devrions mettre de côté le corps de Kallahan et nous focaliser sur la tombe de fortune de ce pauvre homme. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment il est arrivé là, et je suis sûr que nous pourrions en apprendre plus en étudiant sa sépulture, quitte à creuser quelques centimètres de plus, si cela vous sied. Il faut continuer à chercher si vous voulez les réponses à vos questions, voilà un mot à vous mettre sous le chapeau. »

Il finit son café avec un bruit de succion plutôt désagréable, comme un sifflement liquide.

Quelques instants plus tard, ils se trouvaient à nouveau à l’entrée de la nef, face à cette tombe mystérieuse.

« Nous y voilà, si fait. Quelque chose m’appelle là-dessous, et pourtant la boule noire ne s’y trouve plus. Il s’agit peut-être d’une énergie résiduelle, mais j’en doute. Aller ! A nos pinceaux ! » dit-il en frappant des mains.

Ils se penchèrent et fouillèrent minutieusement le creux dans le sol où reposaient les ossements mystérieusement gravés.
Ne trouvant rien de particulier, ils creusèrent un peu plus allant et retirèrent 3 ou 4 centimètres de cette terre sèche.
Soudain, l’outil de Marten heurta quelque chose de dur.

« Armand, il y a quelque chose. »

Marten creusa et mit au jour une dalle en béton, d’environ 1 mètre de côté.

« Quels que soient les dieux d’ici, ils ont favorisé cet endroit. »

Ils mirent au point un moyen de soulever la dalle, en faisant levier avec une barre de tôle qu’Armand dénicha on-ne-sais-où. Une fois la dalle retirée, ils constatèrent avec stupeur que la tombe ne s’arrêtait pas là : devant eux se trouvait une sorte de puit, un trou dans le sol plongeant dans le noir.
Le mystère s’épaissit encore un peu plus. Marten posa la barre en métal sur le sol, se releva, épousseta ses mains et dit :

« Quelque chose me dit que vous aimez les trous, mon père. Je me fais un plaisir de vous offrir celui-ci. »
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Armand R Altaïr
Armand R Altaïr

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ϟ Métier : Prêtre ϟ Âge : 35 ans ϟ Race et sang : Sorcier ϟ Particularité : ϟ Statut civil : Célibataire devant l’Éternel, mais amoureux perpétuel

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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty06.06.17 14:38


   

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Il était si évident qu'Armand était en état de choc, que même un type excentrique comme Marten le remarqua. Pourtant, malgré son naturel taquin, il ne se moqua pas de lui, et au contraire essaya d'adopter une attitude ouvertement positive. Le prêtre haussa les épaules en soupirant, et entreprit de préparer du café. C'était tout ce dont il avait besoin là tout de suite, de la sollicitude, et du café.

Pourtant, se faire traiter de « suppôt de l'homme – Jésus » à huit heure du matin, ça ne ressemblait pas exactement à ce qu'on pouvait appeler de la sollicitude. Il bondit presque, et avec un tressaillement nerveux, il s'adressa à Marten sur un ton vif.


« Jésus, Dieu fait homme. Et non pas... ce que vous venez de dire là, ce n'est pas une formule appropriée, c'est même bizarre... Et est ce que vous pourriez trouver un autre terme que « suppôt », c'est très connoté voyez... »


Alors oui il était un peu agressif dans sa réponse, mais discuter terminologie religieuse avec un espèce d'hérétique avant son café c'était juste pas possible.


« Et... et mes assiettes étaient peut être moches, mais au moins elles ne m'avaient rien coûtées. »

Quant tu assumes d'être un radin jusqu'au bout.

L'eau dans la cafetière chauffa rapidement, et il la retira aussitôt du feu pour éviter qu'elle ne monte à ébullition. Marten lui tendit son verre, et il le servit en ronchonnant. Il n'aimait pas quand les choses sortaient de la normalité. Le vin est servit dans un pichet, l'eau dans une cruche. Les cuillères à café n'ont rien à voir avec les cuillères à desserts, et les torchons et les serviettes ne se mélangent pas. Bref, si le Docteur Largecape assurait que ce petit écart au protocole domestique ne le dérangeait pas, le Docteur Altaïr lui en était mortifié. Et comme il ne pouvait rien y faire, il ronchonnait.

Son invité tenta de le recentrer sur leur objectif de la journée, ce qui se révéla payant car aussitôt Armand paru plus détendu. Il l'écoutait avec attention et hochait la tête pour acquiescer à chaque phrase. A présent remotivé, il avait très envie de s'y remettre.

Par contre le bruit dégueulasse que produisait Marten en buvant était au delà du supportable. Il choisi de ne faire aucune remarque par politesse envers son invité, mais à l'intérieur il était choqué à vie. Il se contenta de baisser les yeux en adoptant une expression pincée, et alla aussitôt laver les verres. Faire la vaisselle avait le mérite de le détendre et de l'empêcher d'être désagréable.

Conservant les manches de sa toge légèrement retroussées, il suivit Marten dans la nef et ensemble ils retirèrent la plaque de contreplaqué qu'ils avaient vissés à même le parquet. Armand fut un peu surpris quand ils la soulevèrent. Il avait oublié à quel point la fosse était grande. On ne voyait pratiquement plus rien de la forme d’œil qui s'était dessiné sur les lattes maculées de sang, mis à part quelques extrémités de traits ça et là. Ils avaient arraché le parquet sur une très grande surface l'air de rien. Ils se remirent à genoux et continuèrent à creuser. Des deux, Marten était largement le plus rapide. Armand travaillait bien, mais il perdait du temps à vouloir absolument être méticuleux. Il trouvait des petits fragments d'os, provenant probablement des mains au vu leur emplacement, et il les triait dans des boites en carton qu'il avait ramené de la bibliothèque. Il aimait bien trier des trucs, ça apaisait son esprit. Il était en train de se dire qu'il pouvait faire ça toute la journée quand Marten l'appela, le faisant sursauter.

Le prêtre se pencha dans la fosse, maintenant ses lunettes sur le bout du son nez avec son index. Marten venait de tomber sur quelque chose en béton, avec un tracé rectiligne qui se découvrait à chaque coup de pinceau. Il y avait quelque chose de magique dans la façon qu'avait un objet de sortir de terre. C'était comme s'ils étaient appelés vers la surface. Armand se demanda d'abord s'il s'agissait qu'un muret de fondation. Ces constructions américaines avaient un côté artificiel amusant avec leur sol surélevé. Enfin un coin apparut, puis une épaisseur, et Armand se pencha pour l'aider à dégager l'objet de son côté. C'était de toute évidence une dalle moulée en béton, avec des creux dans la matière qui aidaient à son ouverture. Une fois la dalle entièrement extraite de la terre poussiéreuse, le doute ne fut plus permis. C'était la trappe qui condamnait l'entrée d'un puits.

Extrêmement euphorique par la découverte, le prêtre se releva de sa posture contrainte, et frotta ses mains sur sa toge à présent froissée.


« Il n'y a qu'un Dieu ici mon fils, mais il n'est pas dit que ceci soit son œuvre. Ne bougez pas, je vais chercher de quoi faire un levier. »

Il alla à son pick up, et parmi les outils qu'il avait dans la remorque, il y avait une barre de fer qui ferait parfaitement le job. Parce que voilà, la barre de fer, avec on peut tout faire. Ils se mirent à deux de toutes leurs forces, et sans magie aucune, dégagèrent le passage condamné. Se tenant de chaque côté de l'ouverture, les deux hommes essayaient de juger la profondeur en scrutant les ténèbres. Marten se laissa aller à un trait d'humour plutôt grivois qui fit monter le rouge sur les oreilles et les joues du prêtre, et lui arracha un petit sourire entendu.


« Je n'en demandais pas tant Docteur... »

S'il n'était pas aussi coincé et intimidé il aurait pu rire ouvertement. Là il se contentait de rougir comme une petite sainte nitouche, qu'il était. Avec un sourire un peu pincé, le sorcier alla chercher parmi les outils qui servaient à dessiner la fresque, un lourd plomb accroché à l'extrémité d'une bobine de ficelle. Il s'accroupit au bord du trou, et fit descendre le plomb. Il connaissait la longueur de sa pelote, et à chaque mètre avait été tracé au marqueur. Il n'y eut aucun son particulier, mais au bout d'un moment il senti que la corde était lâche et qu'il était arrivé au fond. Il regarda combien de mètre il lui restait sur sa bobine, fit la soustraction, et conclu qu'on était dans les dix mètres de fond. Profond et étroit, exactement comme il les aime. Par d'offense monsieur Pea, on ne fait que rigoler.

Il fit part de sa conclusion à Marten, sur le résultat du sondage du puits bien entendu, pas sur nos digressions douteuses sur l'anatomie de monsieur Pea... Tout de même.

Après une rapide réflexion, il commença a envisager sérieusement l'exploration de ce conduit. Ils se mirent d'accord sur le meilleur moyen de descendre, et quels appuient choisir pour garantir leur sécurité. Alors que le Docteur Largecarpe était déjà en train d’échafauder des plans d'ingénieur shadock à base d'échelles, de double poulies et des cordes, Armand sentit venir la catastrophe.

Il s'accroupit en soupirant et sortit une craie bleu de sa poche. Avec un geste parfaitement maîtrisé, il traça un grand cercle à main levé. Pas une patate, pas une ellipse tordue, un magnifique cercle totalement juste et parfait. Il avait mit du temps avant de les réussir à tout les coups, et il ressentait cette petite pointe de satisfaction le piquer au ventre quand il y arrivait. Rapidement il ajouta d'autres formes géométriques, des symboles, des caractères hébreux inscrits dans le premier cercle. Le motif devenait de plus en plus beau, et de plus en plus complexe. En même temps qu'il dessinait, il murmurait des paroles dans une langue inconnue. Il conclu l'invocation en appelant sa créature : l'orchidée millénaire qui pousse sur les ruines des monastères oubliés d'Avalon.

Une étrange énergie parcouru le corps du sorcier, et traversant ses mains, fut transmise au pentacle qu rougeoya légèrement. Les tracés à la craie semblèrent d'un coup habité d'une profondeur subtile, et des bourgeons d'un vert tendre sortir d'entre les lattes du parquet. Ils grandissaient à vue d’œil, se déployant rapidement sur une hauteur d'un mètre cinquante avant que leur poids ne les fasse crouler. Alors les tiges de la plante prirent une teinte plus sombre et se mirent à ressembler davantage à des lianes. Plus elle grandissait, et plus elle semblait se tresser. Comme dotée de conscience, elle se détourna du soleil qui entrait par l’entrebâillement de la porte, et se précipita dans le puits. Là elle continuait de croître et de gagner en épaisseur et en solidité. Des fleurs blanches teintées de mauves se mirent à éclore un peu partout. Leur forme était extrêmement gracieuse et en même temps avaient la symétrie dérangeante d'un visage humain. Le kabbaliste se releva et regarda sa créature continuer de pousser et de ramper à quelques centimètres de ses chaussures. Il s'écarta pour lui laisser plus de place car le pied était maintenant aussi large que la souche d'un arbre.


« Elle cherche la fraîcheur et la pénombre. Si elle se plaît bien dans ce sol je pourrais toujours essayer d'en garder un plant. »

Et même si de toute évidence ça semblait être la pire idée la terre, ça lui faisait carrément plaisir. De plus les bourgeons de cette plante contenaient un alcaloïde fort qui vous faisait voir des poneys arc en ciel dès lors que vous aviez la bonne idée de les faire infuser dans l'eau chaude. Ce qui promettait de longues heures de prière avec la certitude d'entendre Dieu répondre au moins une fois.

Mais pour en revenir à Armand, crétin de cultiste va ! Toujours en train de jouer avec le mauvais côté de la tentacule, et après ça vient pleurer parce que ça s'est fait mordre. Sérieusement, vous mélangeriez sol maudit plein de ghoules avec plante cannibale venue d'un autre plan astral ? NON ! Padre, si tu veux faire du potager, tu plantes des salades ! Et encore... Y'aurait moyen de voir les salades virer violent et attaquer les murs de la baraque avec leurs bouches pleines de crocs dès la première pleine lune...

Une fois la croissance de la plante à peu près stabilisée, le prêtre défit sa ceinture rouge brodée de roses, et souleva sa toge à hauteur des genoux. Il refit le laçage de sa longue ceinture afin de rendre son vêtement plus pratique et plus court. Je vous rassure, il est habillé en dessous alors la dignité est sauve. Certains diront qu'il aurait pu tout aussi bien retirer sa toge et rester en chemise et en pantalon, mais pour lui ce n'était pas envisageable. Il était un digne frère de la Rose, et il se devait de porter son habit lorsque les circonstances étaient appropriées. Et là encore en quoi crapahuter dans un puits était une situation approprié pour porter une toge de cérémonie cultiste ? Et bien parce qu'on ne sait jamais sur quoi on va tomber, et qu'au cas où il se retrouvait face à une forme de vie non évangélisée, il pourrait toujours frapper à la porte et demander poliment « Bonjour madame, avez vous déjà entendu parlé de notre Seigneur et Maître Nyarlathotep ? » Soit dit en passant, accompagné de Marten, ils feraient un duo de prédicateurs très convainquant.

Il posa le pied du le rebord du gouffre, et après un rapide signe de croix, enjamba. La liane s'agrippa à sa jambe, puis à sa taille et enfin à ses bras. Elle ne laissait pas tomber son maître, tout simplement parce que c'était une bonne liane, et qu'elle ne tenait pas plus que ça à être réduite en poussière cosmique parce que son invocateur avait bêtement glissé et s'était écrabouillé comme une bouse dix mètres plus bas. Armand descendait la liane aussi facilement qu'une échelle de cordes, sauf que celle ci était bien plus rigide et guidait ses pas. Sa baguette fermement serrée dans la main, il murmura un lumos, et il une lumière dorée illumina faiblement. Marten amorcerait sa descente lorsqu'il serait en bas. La créature végétale pouvait facilement supporter le poids de deux hommes, mais ils avaient jugés plus prudents de procéder ainsi. Comme le Docteur Largecape semblait répugner à utiliser sa baguette, Armand lui avait confié la lampe qu'il utilisait pour travailler dans la bibliothèque. C'était un genre de lampe tempête, tout en laiton brillant, et à l'intérieur du verre brûlait continuellement une lueur sans flamme qui dégageait une belle lumière chaude.

Pour s'empêcher d'être prit de vertige, Armand s'interdisait de regarder en bas et murmurait des prières pour s'empêcher de penser. Les fleurs d'orchidée blanches dégageaient un parfum entêtant qui se mélangeait avec une odeur intense de renfermé et d'eau croupie. Le mélange des deux prenait à la gorge, et plusieurs fois il s'arrêta pour tousser. Ses poumons étaient en feu, mais il se concentraient pour chasser la peur et continuer sa récitation. A présent la lumière de l'extérieur ne filtrait plus, et il était seul dans les ténèbres, retenus à la vie par des liens végétaux qui se resserraient sur ses muscles. L'impression d'étouffement était intense, et à plusieurs reprises il resta tétanisé, incapable de remonter ou de descendre. Mais Armand était une personne déterminée à tel point qu'il pouvait également de montrer incroyablement têtu. Il puisa donc dans son fort intérieur pour s'obliger à continuer. De temps en temps ses yeux étaient happés par une forme géométrique sur les parois en terre. C'était comme un large terrier, aux murs humides et poisseux. Entre les moisissures apparaissaient des dessins qu'il ne pouvait expliquer, ni même tout simplement attribuer un sens de lecture. Sa curiosité naturelle réclamait de les relever et de les étudier un par un, mais une prudence viscérale faisait que tout en lui hurlait d'en détourner les yeux. Il remarqua simplement qu'ils avaient de grandes similarités avec les signes qu'ils avaient tracés sur la nappe pendant sa phase d'inconscience. Et le souvenir de l'arme à feu encore dans sa main suffit à le faire revenir à la raison. Tout ne devait pas être comprit, tout ne devait pas être dévoilé. Et pourtant il continuait de s'enfoncer inlassablement dans les ténèbres.

Il poussa un hurlement aigu sans aucune retenu. Son pied venait de rencontrer la surface glacée et trouble d'un eau aussi noire que la nuit. Il n'avait pas pensé à cela, et s'en trouva fort con. Qu'est ce qu'il allait faire s'il y avait six mètres de flotte ? Il ne se voyait pas plonger, et n'avait absolument pas envie de se noyer comme un rat. Il regarda en l'air, s'obligeant à rester rationnel. Combien de mètres avait il déjà parcouru ? Il n'en avait aucune idée, il avait l'impression que la descente durait depuis des heures. Il se baissa, et éclaira l'eau. C'était impossible d'en connaître la profondeur, la lumière se reflétait sur la surface. En tout cas c'était de l'eau croupie tout ce qu'il y a de plus dégueulasse, et il était prit de vertige rien qu'à l'idée que ça allait toucher sa peau, voir pire, ses yeux ! Pitié Seigneur Jésus, faites qu'il ne soit pas obligé de mettre la tête sous l'eau... Serrant les dents, il se força à se glisser dans l'eau froide qui le faisait frissonner jusqu'aux os, et c'est avec une joie exalté qu'il réalisa qu'il avait pied. Alors certes il avait les deux pieds enfoncé dans de la vase puante, et de l'eau croupie glacée jusqu'à la taille, mais il cria presque de bonheur de ne pas avoir à plonger la tête dans ce bouillon infâme.

Depuis le fond du puits il ne pouvait sans doute pas être entendu, alors il ordonna poliment à sa créature d'avertir Marten afin qu'il puisse entamer sa descente. Une liane se dégagea du tressage, et remonta à la surface en ondulant sur la parois à la manière d'un serpent. Le kabbaliste la regarda s'élever un moment, jusqu'à ce qu'elle soit engloutie dans les ténèbres. A cet instant il ressentit une solitude infinie. Il s'était certes habitué à l'odeur insupportable, mais maintenant qu'il était plongé dans l'eau, il réalisait qu'il était transi de froid. Se frictionnant les bras, il attendait. Puis il se dit qu'il devait bouger un peu pour se réchauffer, et commença à faire les cent pas.

Le fond du puits semblait plus large que le reste du conduit, et il piétinait dans de la bouillasse. Les parois étaient toujours en terre, et les signes dessinés avec un liquide noir se faisaient de plus en plus nombreux. Clairement il ne faisait pas le fier, mais il décida de marcher le long de la parois en comptant ses pas, pour avoir une idée de la superficie globale de la pièce, et aussi pour penser à autre chose qu'à sa peur. Concentré sur son décompte, il manqua de peu de louper un renfoncement, qui après une rapide observation se révéla être maçonné. Il y avait des pierres non taillés, mais disposées les unes sur les autres à la manière d'un mur, et consolidées entre elle par un mortier imbibé de moisissures. Armand éclaira autour de lui, cette construction grossière formait une arche, et semblait s'étendre dans un boyaux, lui aussi partiellement immergé. Même s'il tremblait de peur, il mourait d'envie d'aller voir vers quoi il conduisait. Il fit quelques pas dans cette direction et aussitôt poussa un hurlement aigu en sursautant. Quelque chose dans l'eau l'avait frôlé. Il en était certain. Il essaya d'éclairer, sans succès, et il se blotti contre un mur en attendant que son compagnon n'arrive. Effrayé et vulnérable, il ne pouvait s'empêcher de sangloter de terreur.
Il y avait des saloperies dans l'eau, il en mettait sa main à couper.
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Marten Largecape
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MessageSujet: Re: In the Court of the Crimson King - PV Armand   In the Court of the Crimson King - PV Armand Empty09.07.17 23:08



La descente est un moment unique. Un moment de plongée, d’abandon et de sacrifice. Descendre c’est s’offrir à l’inconnu des ténèbres. Oublier tout un instant et être englouti dans une démesure abyssale. Au moment de descendre, le corps se perd et se confond dans une dimension verticale et temporelle. Il n’y a plus d’autres repères que celui de la chute lente et inévitable, le haut et le bas se mêlent. Quand on descend on ne remonte pas, et l’appel de l’abîme est irrésistible.

Marten Largecape se laissait avaler tout entier dans la gueule béante du mystère, progressant lentement sur cette liane magique qu’Armand avait fait apparaître avec beaucoup d’élégance. Marten n’était pas familier de l’art kabbalistique, et cette démonstration lui fit grande impression. Aussi, il se délectait de cette plongée, la tête pleine de fantasmes et d’hypothèses sur ce qu’ils allaient trouver.

Les irrégularités géologiques du sol, éclairées par l’éclat lugubre de la lampe qu’il tenait, offraient un spectacle envoûtant et hypnotique. Au bout d’un moment, Marten ferma les yeux et imagina les mille mystères qu’il contemplerait bientôt. Il ne connaissait pas cet endroit aussi bien qu’Armand, mais ce qu’il avait vu du lieu d’en haut lui laissait présager d’intrigantes découvertes en bas.

Dans ses rêveries, il sentit un tressaillement qui remontait dans la liane et qui vint l’interpeler, comme on touche quelqu’un sur l’épaule. Par l’œuvre de la force magique qui coulait dans les nervures végétales, il reçut un message d’Armand lui faisant part d’un premier état des lieux sur le fond du puit. Il y avait de l’eau, mais suffisamment peu pour qu’on ne s’y noya pas. Cette nouvelle ne ravit pas vraiment Marten, qui répugnait l’idée d’être immergé, même à mi-hauteur dans de l’eau croupie depuis des décennies sans doute. En regardant vers le bas, il distingua un léger miroitement à quelques mètres à peine. Il avala sa salive et se prépara mentalement au contact avec l’eau. Pour s’alléger l’esprit, il imagina comme Armand devait détester l’endroit où il se trouvait maintenant. Peut-être même avait-il juré ? Il lui semblait bien avoir entendu l’écho d’un gémissement, mais il laissait à son ami le bénéfice du doute.

Pourtant quand il arriva en bas, Marten ne put retenir un juron s’échapper d’entre ses dents serrées quand l’eau froide atteignit ses hanches.

« Putain de m…. Ah le pire c’est la ki’boîte ! »

Il se défit de la liane et vit Armand en proie à une grande peur et une grande solitude.
Naturellement il se rapprocha de lui, et posa sa main sur son épaule dans un geste affectif et réconfortant.

« Je suis là. »

Maintenant réunis, Marten pu offrir un nouveau regard sur l’endroit grâce à la lampe que lui avait confié Armand avant de descendre. Ils étaient donc au plus bas du puit, dans une petite pièce remplie d’eau sale. En balayant la surface avec la lampe, Marten montra à Armand certains endroit où l’eau brillait différemment, miroitant dans des couleurs iridescentes comme une flaque de pétrole.

« C’est la tramée. Elle s’étend jusqu’ici. Elle doit être plus grande que ce que je pensais. Tenez-vous en à l’écart. »

Les murs, légèrement incurvés, étaient couverts de symboles immondes que Marten reconnut sans peine bien qu’il ne pût pas en déchiffrer le sens précis.

« Je reconnais ces
sigleu
. C’est du Parler-Moins, ou Très-Bas-Parler, une langue vulgaire et dénuée de toute beauté. Elle est surtout utilisée par les Tahines. »


Marten s’interrompit pour pointer du doigt un symbole en particulier qui revenait plusieurs fois.

« Celui-là, c’est un des
sigleu
du Roi Cramoisi. Cet endroit est dangereux Armand. »


Marten proposa ensuite de progresser dans la seule direction possible. Il s’agissait d’un long couloir en pente douce, dont les parois étaient maçonnées. En progressant, l’eau descendait petit à petit jusqu’au niveau des genoux. A plusieurs reprises, Marten sentit quelque chose le frôler mais décida de n’en rien dire pour ne pas alarmer Armand déjà très nerveux.
Dans leur progression, l’appel de la tramée se fit ressentir de manière plus insistante, sous la forme d’un murmure strident et pervers. Pour protéger Armand, Marten pris l’initiative de lui parler pour lui remplir l’esprit et attirer sa concentration loin de l’aspiration destructrice de la tramée.

« Les Tahines sont des êtres ignobles au service du Roi Rouge qui prennent le plus souvent l’apparence d’humains avec des têtes d’animaux. Ils sont issus du Prim antique, l’énergie fondatrice et matricielle du monde. Au commencement, il n’y avait rien d’autre que cette soupe d’énergies magiques et contradictoires, dans laquelle flottaient d’abjectes choses : les pires infâmies que le monde ai connu. Mais Gan est arrivé et a érigé la Tour Sombre et les Rayons, apportant force et cohérence et condamnant les créatures du Prim à errer pour toujours dans les ténèbres Vaadasch, un espace entre les espaces. La tramée est une fissure dans l’espace-temps, une sorte de trou qui mène tout droit dans le néant du Vaadasch. Ce que vous entendez c’est l’appel nauséabond des êtres qui y résident, vous priant de les rejoindre pour les nourrir à jamais. Il faut résister à ce cri, Armand, ou nous seront contraint de nous revoir dans la clairière au bout du sentier. »

Le sifflement se faisait de plus en plus insistant et d’autres bruits s’y étaient ajoutés, comme des grattements. Mais Marten prêta cela à une hallucination auditive causé par cet environnement dangereux.
Enfin, ils atteignirent le bout du tunnel.

Là, ils arrivèrent dans une pièce en longueur et un peu plus grande que la première. Au centre se trouvait un petit édifice en pierre, comme un autel. Tout autour, l’immonde tramée coulait dans un chaos mou et aléatoire, répandant ses ramifications le long des parois en briques souillées de symboles abjectes.

« Cet endroit est mauvais. Il y a quelque chose de néfaste. Je n’ai pas peur pour moi mais j’ai peur pour vous, têt-fa. Faites ce que vous avez à faire et remontons avant que cette chose ne nous dévore. »

Peu de temps après, ils rebroussèrent chemin et se dirigèrent vers la surface. La remontée fut moins pénible que la descente, mais tout aussi impressionnante.
Car maintenant ils remontaient en ayant découvert une chose qu’Armand ne serait pas près d’oublier.
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