I say to myself it's wonderful

La route se déroulait jusqu'à l'horizon, rectiligne et vide. Juste une trace d’asphalte grise se détachant sur le sol poussiéreux et plat du paysage. Accoudé mollement à la barrière qui scellait l'espace consacré du cimetière, Armand fixait l'horizon en soupirant. Ce décors ennuyeux avait raison de sa patience, et plus il regardait la route en espérant voir apparaître une voiture, plus le temps lui paraissait long.
Dégourdissant un peu ses bras engoncés dans sa soutane ajustée, il sentit une vive douleur lui transpercer la main. Inspectant sa paume recouverte d'un large pansement, il repensait aux événements de la veille. Tout s'était enchaîné si vite, comme un affreux cauchemars dont il peinait à revenir sur les détails. Et pourtant rien n'était terminé, sans quoi il ne serait pas là debout en bordure de la route à attendre.

Il n'était certes pas agréable d'être debout sous un soleil matinal, mais déjà chaud, surtout quand on portait un vêtement aussi lourd et inconfortable. Mais tout les plus petits tracas du quotidien, aussi énervants soient ils, n'avait rien de comparable au désagrément ambulant que pouvait représenter l'homme qui attendait sous le porche.
Cet imbécile était grossier, ingrat, borné, violent, et l'avait entraîné malgré lui sur une pente extrêmement glissante. Il avait eu la bonté sauver la vie de cette musculeuse catastrophe prise au piège de l'entrave psychique d'une gouhle, qui visiblement n'était ni inquiétée par ses pleurnicheries misérables et ses pitoyables hurlements. Bon sang, il fallait être bête quand même pour se faire prendre par surprise par une créature qui avançait en rampant ! Tout le monde savait qu'il suffisait de ne jamais croiser leur regard, et de courir vite quand elles vous repéraient. Certes il s'était pris une balle dans le ventre, mais dix mètres ne devaient pas représenter grand chose. Et puis si cette andouille s'était fait tirer dessus, c'était sûrement qu'il l'avait bien cherché. Le bougre avait beau ne pas sembler savoir qu'une bouche pouvait également se maintenir fermée, il n'avait pourtant rien lâché sur les raisons qui l'avaient précipitées dans ce règlement de compte sauvage.

C'était certainement le fait le plus inquiétant à l'heure actuelle. Car certes il pouvait supporter ses incivilités, son ingratitude légendaire et son abominable ignorance, mais une peur réelle lui tiraillait les entrailles. Était il en train de ce faire manipuler par ce moldu violent et gauche ? Il en ignorait jusqu'à son nom, mais quand on voyait l'empoté que c'était, il n'y avait rien d'étonnant à cela.

Lui qui d'ordinaire était si calme, si amicale, si bienveillant, dès qu'il était en présence de ce rustre tout ce qu'il avait de mauvais en lui ressortait. Il n'y avait qu'une seule et unique personne au monde capable d'un tel effet sur lui, et Dieu merci elle était loin. Armand soupira, à la fois soulagé et triste. Pourtant, aussi insupportable et pénible qu'il était, ce type semblait avoir un bon fond. Rien de comparable avec la femme qu'il avait en tête. Elle, c'était Satan dans un porte jarretelles.

Se retournant, il constata qu'un coyote amaigrit était entré dans le cimetière en grattant sous la barrière. Il n'était pas du genre à lui jeter une pierre, même s'il n'aimait pas bien que ces bêtes traînent près de lui. Cependant l'autre homme qu'il essayait d'éviter depuis des heures, lui semblait se divertir de sa venue. Les deux mammifères s'étant remarqués, s'observaient, se jaugeant l'un et l'autre du regard. Le sorcier, d'humeur taquine, laissa échapper un petit ricanement. On ne pouvait imaginer plus parfaite harmonie. L'un était pelé, puceux et poussiéreux, l'autre était son double à quatre pattes. Décidément la nature étant subliment bien organisée, ces deux compères c'étaient trouvés. Le face à face du couple sauvage était plus que fascinant. Ils se contemplaient longuement, le regard brûlant, comme s'ils se reconnaissaient. L'Amour, le véritable Amour, enfin réunissait deux âmes esseulées et crottées. Un ange passe, il a les ailes de l'Amour et l'arc bandé. Dans leurs petits yeux noirs et humides, convergeait le message invisible qui n'avait besoin d'aucun des artifices des mots : Enfin te voilà ! Belle et sublime harmonie. Chacun étant la mi de l'autre, compagnons d'infortune errants sur les routes comme des vagabonds, parcourant le monde de bordels en tripots. Ivre du vin volé à un clochard, seigneur coyote regarda son compère deux pattes et lui dit : Ami ! Il nous faut nous rafraîchir ! Car nous sommes ronds comme des pelles ! Frère deux pattes le crasseux et lui, traînèrent leurs ventres gonflés de mauvaise vinasse jusque sous l'ombre d'un gros cactus, et y cuvèrent paisiblement leur cuite. Tel était la vie simple de Coyote quatre pattes et Coyote deux pattes, misérables amis qui partageaient jusqu'à leurs tiques, traversant la pampa d'est en ouest au rythme des famines et des menus larcins. Tant qu'il y aurait des ivrognes suffisamment enivrés pour chanter leurs exploits, ils continueraient de vivre leurs scabreuses aventures. Frères jurés s'il en était, compagnons à l'amitié à toute épreuve. Voilà la fable futile mais néanmoins pittoresque, des deux plus beaux et fabuleux retourne poubelle de l'ouest du Rio Peco.

There's no sleep for justice

En 10 ans, il n'avait pas entendu parler de Tyler pendant tout ce temps. Pas même la moindre mention et en moins de quelques jours, cette année, il entendait sa voix plus souvent qu'au cours de cette décennie entière. C'était une chose qu'il n'aurait pu deviner. C'était comme si son passé venait frapper à la porte de son présent. Il ne manquait plus que retrouver Bradley, Adam, Deuce et Shawn pour qu'il est l'impression de retrouver les principaux acteurs de son enfance. Ce n'était pas que c'était particulièrement gênant en ce qui concernant Tyler, qu'il appréciait comme un frère. Par contre, s'il pouvait éviter de retrouver les autres, cela l'arrangerait. Il n'avait pas changé de nom et d'école pour voir son passé le poursuivre sur le chemin qu'il avait choisi. Surtout un passé qui impliquait de retrouver la bande de vaurien qui traînait avec lui à l'époque. Ils n'avaient, au fond d'eux, aucune lueur de bonté, qui puisse les rendre proches du Elijah qu'il était aujourd'hui. Celui qu'il était autrefois, était trop révolté et trop paumé pour savoir faire les bons choix et il y avait pas mal de choses qu'il regrettait d'avoir commis ou d'avoir assisté, sans jamais rien faire, comme si ce n'était pas vraiment son problème. La passivité et l'indifférence qu'il avait autrefois n'était pas quelque chose qu'il voulait conserver. C'était indigne et cela rentrait en conflit avec l'intégrité qu'il avait acquis. Sa psy avait tendance à lui dire que porter le blâme ne faisait pas avancer les choses. C'était bien de reconnaître une faute, mais simplement la porter, sans rien faire d'autre, c'était aussi mauvais que de ne pas y penser. Si on voulait vraiment progresser, il fallait faire quelque chose et être une meilleure version de soi-même. C'est ce qu'Elijah avait tenté de faire à partir de cet incident avec le policier.

Lorsqu'il avait entendu le téléphone sonner, il était encore en train de regarder les dossiers que lui avait transmis Tyler au sujet des pro-moldus. Les noms qui défilaient ne lui disaient pas toujours quelque chose, mais certains sympathisants ne lui étaient pas inconnus et d'autres encore, un nombre restreint, étaient carrément célèbres dans le pays. Elijah soupira en fixant avec attention l'écran de son ordinateur portable. C'était vraiment déprimant de regarder des dossiers comme cela. Qu'est-ce qui pouvait pousser des hommes à vouloir en détruire d'autres ? C'était la question à dix mille dollars. Depuis la nuit des temps les hommes se faisaient la guerre. Hors avec les années ça devenait de pire en pire avec la modernisation des armes et l'introduction de la magie au milieu de tout ce bazar. Le portable vibrait depuis déjà une demi-minute quand il finit par y accorder son attention et qu'il décrocha. Il prononça un simple « allô » avant d'entendre la voix familière de Tyler au bout du fil. Décidément, ils ne pouvaient plus se quitter. Ce dernier lui fit savoir qu'il était content de l'entendre. Elijah était lui aussi content d'être sur ses deux jambes et en un seul morceau, après la nuit éprouvante qu'avait été celle qu'il avait vécu. Le sortilège du sorcier ne lui avait pas fait du bien. Comme s'il sentait encore la douleur dans sa poitrine, il posa sa main à cet endroit même. Apparemment Tyle était, comme toujours, à fond dans les ennuies. Il semblait avoir besoin de lui pour venir récupérer quelque chose… ou plutôt quelqu'un, s'il lisait entre les lignes. Ces personnes étaient apparemment au nombre de trois. Elijah n'ajouta rien et ne fit que produire un son pour acquiescer. Tyler ajouta qu'il allait lui donner l'adresse, avant de s'adresser à quelqu'un d'autre. Il eut un petit silence avant que quelqu'un prenne le combiner à nouveau.

La voix au bout du fil était celle d'un homme. Il se présenta comme étant Armand,  le prêtre de la paroisse de Ladder Cross. L'homme de dieu lui demanda à qui il s'adressait. Elijah était vraiment surpris. Ce coup de fil devenait de plus en plus intriguant ; Comment Tyler avait-il finit par s'acoquiner avec un religieux ?

« Bonjour… Hum...FBI, je suis l'agent spécial Elijah Fernandes. Est-ce que tout va bien ? Tyler m'a parlé de quelques ennuies, si je puis le dire ainsi. »

Le prêtre se mit à lui décrire la situation et Elijah ne pt qu'être surpris davantage. Décidément, l'état du Nouveau Mexique n'était vraiment pas un lieu touristique où il faisait bon vivre. Il semblait que dans un rayon assez conséquent vous pouviez tomber sur des personnes indésirables et vous risquiez de vous retrouver en fâcheuse posture, très rapidement. Cette mission d'enquête c'était du grand n'importe quoi, plus les jours avançaient, plus Elijah se demandait dans quoi le bureau l'avait encore refourgué. Il soupira en entendant tout cela, mais sortit rapidement un carnet pour noter toutes les informations que son interlocuteur lui donna : adresse, personne, informations complémentaires, mais néanmoins nécessaires. Ce dernier lui demanda comment il comptait se rendre à l'église et Elijah glissa qu'il allait emprunter une voiture de fonction. Comment ? C'était la bonne question, mais il trouverait bien de quoi raconter quelque chose pour qu'on ne l'accompagne pas. Il ne manquait plus qu'un des gardes du corps ou des agents dépêchés par le gouvernement, l'accompagnent jusque-là, pour qu'il se retrouve à remplier de la paperasse inutiles et à répondre à des questions embarrassantes de la part du bureau et des instances supérieures. Inutile de les impliquer dans tout cela, tant qu'il n'aurait pas constaté les choses de ses propres yeux. L'homme de dieu, ajouta qu'il attendrait en bordure de la route. Elijah le remercia et raccrocha après les salutations finales d'usage.

Le marshal repoussa son ordinateur et le ferma, avant de se lever. Il jeta un œil par sa fenêtre et vit que le jour se levait. Il n'avait encore pas eu une nuit de sommeil réparatrice. Ce n'était pas le moment de s'en plaindre. En farfouillant dans son placard, il trouva sa veste en cuir, son badge et sa sacoche. Elijah ouvrit alors la porte et vit que le couloir était comme toujours très bien garder. Il allait devoir trouver un bon moyen de faire le mur. Il allait avancer dans le couloir quand soudain il s'immobilisa devant la porte de sa coéquipière. Peut-être bien que les choses allaient être bien plus compliqué que prévu et que ce ne serait pas une mauvaise chose d'être accompagné, après tout, il n'avait confiance qu'en une personne sur cette enquêté et cette personne était Thémis. Il vit volte-face et retourna dans sa chambre. S'emparant de son téléphone, Elijah chercha le numéro de la belle policière. La tonalité au fond du combiner ne dura pas longtemps avant que la voix un peu ensommeillé de Thémis ne retentisse. Elijah ne prit pas la peine de trop détailler et lui expliqua en quelques mots, ce qui était prévu. Il lui demanda de ne pas trop réveillé son cousin, si celui-ci dormait et si ce n'était pas le cas, il valait mieux ne pas lui parler de leur futur escapade. Le marshal reprit la porte et se dirigea avec conviction jusqu'à celle de la chambre de Thémis. Elle en sortit en peu de temps. Il n'y avait pas plus rapide. Tous deux se dirigèrent vers la porte du restaurant de l'hôtel. On leur jeta un coup d'œil, mais personne ne s'inquiéta de les voir aller là-bas. Pourtant, ce dernier n'était pas vraiment encore ouvert au public. Elijah fit un signe à l'un des garçons de cuisine et celui-ci cligna de l'œil.

Elijah avait prit la peine de toujours bien s'entendre avec le petit personnel. Il y avait plusieurs raisons à cela : d'une part ça vous mettait dans la poche des personnes avec de nombreuses ressources et d'autres part c'était un avantage pour connaître les potins et les informations qu'on ne vous donnerait pas autrement. Le garçon de cuisine, il l'avait croisé lors de son premier jour où il avait faillit finir sous le poison de la Corneille. Il semblait paniqué par ce qui était arrivé. Il faut dire qu'il était très jeune et il ne savait pas pourquoi quelque chose comme ça pouvait arriver. C'était difficile à appréhender pour un si jeune garçon qui faisait sa première expérience dans le travail. Elijah l'avait rassuré alors que lui-même avait pris un sacré coup lors de cette journée. Le garçon lui en avait été reconnaissant et depuis il tentait d'avoir une petite conversation avec lui dès qu'il le pouvait . Ce dernier se sentait important et cela lui boostait un peu l'ego de pouvoir servir d'une manière ou d'une autre. Il les conduisit à travers la cuisine jusqu'au couloir des employés. D'un côté, il pouvait prendre la porte au fond qui les mènerait sur le parking extérieur qui devait très certainement être surveillé par une caméra ou autre. De l'autre côté il pouvait tout à fait prendre la deuxième porte et rejoindre le parking souterrain. Ce dernier était plutôt sombre et même s'il était surveillé, Thémis et lui pourrait facilement prendre un véhicule. Il avait la clé d'une des voitures, mais elles devraient forcément être muni d'un GPS qui ne leur permettrait pas de rester longtemps cachés. Il allait falloir qu'ils prennent quelque chose d'autre. Elijah n'eut pas besoin d'y réfléchir trop longtemps puis que le garçon de cuisine était tout heureux de les aider en leur prêtant sa voiture.

Le marshal le remercia et sortit de sa sacoche une casquette de l'institut anthropologique de la capitale qu'il tendit à Thémis pour qu'elle cache sa chevelure. Il avait obtenu cette casquette de la part de Lancelot, le scientifique dont il avait souvent recours à ses services. Tandis qu'elle mettait le couvre-chef, Elijah enfilait des lunettes et une autre casquette avec le logo de l'équipe de base-ball de la capitale du pays. C'était suffisant pour passer inaperçu dans la vieille voiture du garçon de cuisine. Elijah prit la place du conducteur et donna le papier où il avait noté l'adresse à Thémis pour qu'elle puisse le guider. Ce fut si simple de sortir qu'Elijah devint méfiant d'un seul coup et ne se sentit un peu plus à l'aise que lorsqu'il fut sur la route 24. Pourquoi n'y avait-il pas eu plus de personnes près de la sortie du parking souterrain ? Ça n'avait pas de sens, d'autant plus que les derniers événements montraient que l'on devait se méfier de tous. Tous les membres de l'enquête jointe des quatre factions s'étaient retrouvés avec plus de sécurité à leur côté qu'Imane Khazen ou Vera Knightwey en déplacement pour le festival des oscars. Elijah comprenait qu'on leur attribut autant d'agents de sécurité, mais il fallait dire que cela empêchait grandement les déplacement et les enquêtes annexes. Cette impression d'être toujours surveillé était particulièrement agaçante aussi. Le marshal se demandait comment les célébrités pouvaient le supporter. Pour lui, ce n'était pas quelque chose d'habituelle. Il serait très content de retrouver sa liberté de mouvement quand tout serait fini. Enfin, si ça se terminait un jour. C'était vraiment quelque chose qui semblait devenir plus une hypothèse qu'une certitude. Elijah l'avait su dès le début que ce serait loin d'être une partie de plaisir. En chemin il reprit la parole pour expliquer davantage la situation à Thémis.

« Je te remercie de me faire confiance. Je ne sais pas tout à fait comment tout ceci est arrivé, mais c'est un autre agent du bureau qui m'a contacté. J'ignore totalement pourquoi il se trouve dans cette église et les liens avec le prêtre que j'ai eu au téléphone, mais nous n'allons pas tarder à le savoir. Par sécurité, je pense que c'est une bonne chose que nous soyons deux. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Ce territoire me rend dingue et je pense qu'on n'est jamais trop prudent. » Avoua t le marshal. « Par contre, je me dois de te prévenir, que cet agent… est assez particulier. Il va falloir s'y faire. Ce n'est pas un mauvais bougre dans le fond et il a ma totale confiance. »

Enfin ils débouchèrent sur le chemin que le prêtre avait décrit lors du coup de fil. Elijah chercha du regard pour voir s'il apercevait l'homme. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Pourtant, à cette heure là, il n'y avait pas beaucoup de personnes debout. Enfin il l'aperçut et il n'était pas seul. Il se gara près de l'homme et éteint le moteur de la vieille carcasse dans laquelle, Thémis et lui avait conduit jusqu'ici. Il sortit de la voiture et alla s'approcher.

« Mon père, je suis l'agent spécial Elijah Fernandes et voici ma coéquipière, l'agent Thémis Baldwin. » Dit le marshal en tendant sa main pour saluer le prêtre tout en lui montrant la jeune femme. « Merci pour votre patience. Nous avons eu du mal à nous rendre jusqu'ici. » son ton fit comprendre que cela avait été loin d'être une partie de plaisir. « J'ai cru comprendre que nous pouvons vous être utile. Si vous nous montriez le chemin, nous pourrions vous conduire jusqu'à votre église ».

Ne crains pas la justice, mais le juge

   Assis sur le perron de la maison, une cigarette au bec, Tyler faisait tournoyer la lame de son couteau dans sa main. Le curé s’était foutu de lui, il l’avait compris instantanément. Quand et comment avait-il fait pour lui voler son couteau ? Il l'ignorait mais il savait qu’il ne l’avait pas fait tomber, et sachant de quoi cet homme était capable pour l'avoir vu faire, il ne faisait aucun doute qu'il avait fait usage de la magie pour s'en emparer, mais dans quel but ? Lorsqu'il lui avait rendu en affichant un masque d'innocence et en se montrant bien trop aimable avec lui pour être honnête Tyler avait compris qu'il se foutait de lui. Il n’avait rien dit mais il n'en n'avait pas eu besoin son regard parlait clairement pour lui : il ne croyait pas un mot de ce qu'il lui racontait. Tout d'abord, il s'en serait rendu compte et même en admettant que ce ne fut pas le cas, l'étui en cuir dans lequel il était glissé possédait une lanière avec pression pour qu'il ne puisse pas glisser de son fourreau justement, or, la pression était toujours fermé lorsqu'il avait voulu ranger son arme.

Relevant un regard accusateur sur la silhouette noir qui se trouvait à proximité de la route, le prêtre se trouvait loin de lui, accoudé contre la barrière en bois datant d'un autre âge qui entourait ce foutu cimetière dont il préférait désormais se tenir le plus éloigné possible. Ce maudit cimetière qui avait fait ressurgir face à lui un fantôme de son passé, au propre comme au figuré. Il n'y avait pas que la présence de ce maudit cimetière qui l'avait tenu à distance du prêtre, mais le prêtre lui-même dont il ne supportait absolument pas le comportement et encore moins les remarques belliqueuses. Il savait ce qu'il lui devait, l'homme avait malgré tout été correct avec lui, il l'avait soigné, et il l'avait aidé à capturer ces deux sorciers, même s'il ne doutait pas d'y être parvenu également s'il avait été seul mais son aide avait été non négligeable et avait comporté zéro risque, par contre, il ne supportait pas de l'entendre pérorer à son encontre sur des sujets qui étaient sensibles pour lui, comme ce moment où il l'avait raillé sur son expérience à ligoter les gens... son expérience....

Le maître dans cette histoire c'était son père. Combien de fois ne l'avait-il pas ligoté au radiateur pour qu'i se tienne tranquille pendant qu'il battait sa mère ou son frère sous ses yeux impuissants ? Il ne les comptait même plus, et bien qu'il ne pourrait jamais oublier tout ce qu'il lui avait fait vivre, il se souvenait tout particulièrement de la première et dernière fois qu'il lui avait fait ça...



Il dormait depuis longtemps lorsque des cris avaient réveillé l'enfant de 5 ans qu'il était. Constatant que son frère ainé n'était plus dans son lit à ses côtés, il s'était légèrement relevé et d'une voix encore endormi avait appelé son ainé. Brad se trouvait à l'entrée de la chambre derrière la porte, immobile, observant quelque chose qui le terrorisait. Intrigué, Tyler s'était levé à son tour en serrant son ours en peluche contre lui et l'avait rejoint alors que les cris se firent plus distincts et plus fort. Le petit garçon se colla contre son ainé et le poussa légèrement pour qu'il puisse voir lui aussi ce qui se passait. Dans le salon, il découvrit que ses parents étaient entrain de se battre, et son père prenait largement le dessus sur sa mère qui pleurait tout en lui tenant tête malgré tout.

Sa mère n’avait jamais été une véritable mère mais à l’époque, il ne s’en rendait pas compte. Lorsqu’elle passait des heures devant le miroir à se brosser les cheveux, à se pouponner en étalant une tonne de maquillage sur son visage, les garçons savaient qu’ils n’allaient pas tarder à recevoir la visite d’un « oncle » et dans ces cas-là, mieux valait suivre les consignes qu’elle leur prodiguerait à la lettre car leur mère aussi avait la main leste. Soit ils sortaient jouer dehors et ne rentraient pas avant qu’elle ne les appelle par la fenêtre ce qui pouvait durer jusqu’à la nuit tombée, soit ils restaient enfermer dans leur chambre et ne devait en sortir à aucun prix. Les deux frères préféraient de loin sortir jouer dehors car, ils avaient beaux se concentrer sur leur jeux les murs de leur appartement n’étaient pas très épais et on entendait absolument tout : le bruit des meubles que l’on déplaçait, les gloussements, les grognements de satisfaction,…

Sa mère se prostituait-elle ou collectionnait-elle les amants ? Il ne voulait pas savoir, même si au fond il connaissait pertinemment la réponse, mais à l’époque, il ne se rendait pas compte que sa mère avec sa cigarette au bec, sa consommation d’alcool, ses mini jupes racoleurs, et tous ces « oncles » qui venaient lui rendre visite, était différentes des autres mères. Il ignorait que c’était incongru de confier toutes les tâches ménagères à des enfants en bas âges, de les laisser jouer dehors jusqu’à pas d’heure sans surveillance, de ne pas laver régulièrement leurs linges ou tout simplement de leur préparer quotidiennement un bon repas. Ce n’était qu’à force de voir les autres enfants avec leur mère au parc de jeu que Tyler avait compris qu’une mère s’était autre chose, que la plupart d’entre elles embrassaient, câlinaient ou consolaient leurs enfants lorsqu’ils pleuraient…

Mais c’était sa mère, la seule qu’il aurait jamais, alors lorsqu’on lui faisait du mal n’était-il pas normal qu’il ait eu envie de la défendre ? Dépassant Brad, il s’était avancé et avait balancé son ours en peluche sur son père qui s’écrasa contre son bras. Cela ne lui avait évidemment fait aucun mal, mais l’affront que venait de lui faire son fils de 5 ans était intolérable. Délaissant sa mère qu’il avait repoussée violemment sur le canapé il s’était dirigé vers lui le pas lourd et menaçant et aussitôt Tyler avait regretté son geste. Son père avait soulevé le poids plume qu’il était à bout de bras avant de le jeter sans ménagement sur son lit. Puis, retirant la ceinture de son pantalon, il avait abattu pour la première fois la ceinture en cuir sur lui. La réaction de Brad ne s’était pas fait attendre et il avait sauté sur son père pour essayer de le protéger, mal lui en prit. L’homme le fit valdinguer à travers de la pièce. Bien décidé à « éduquer » ses fils qui avaient osé lui manquer de respect, il avait attrapé Tyler par la peau du dos et l’avait attaché au radiateur. De là, en larmes il avait pu voir son père battre son frère par sa faute. Quand il en eut fini avec lui, il attacha à son tour son frère qui avait désormais le visage tuméfié à ses côtés. En ayant terminé avec sa progéniture, il rejoignit leur mère au salon, leur mère qui n’était pas intervenue et qui n’avait pas levé le plus petit doigt pour leur venir en aide. Après le claquement d’une gifle, des râles de plaisirs et les grincements du canapé se mirent à résonner dans leur appartement. Ils avaient passé la nuit attaché ainsi avant de s’endormir de fatigue. Ce n’est qu’au matin, que son père le détacha, lui seulement, pour l’emmener avec lui. Pour la première fois il l’avait emmené chasser ou serait-il plus juste de dire braconner, comme si de rien n’était…

La dernière fois qu’il s’était retrouvé attaché à ce maudit radiateur fut cette fois où son père avait bien faillit le tuer… Il avait 15 ans, Elias et lui avaient pris leurs distances avec Shawn, Adam, Deuce et son frère depuis la mort de ce policier. Il était tard ce soir-là et il avait la dalle, il n’avait rien avalé depuis la veille et était directement entré dans la cuisine pour se faire un sandwich. Il avait à peine ouvert la porte du frigo que son père était entré en rugissant dans la cuisine

- Où tu t’crois à pouvoir voler dans mon frigo sale p’tit connard !! Donnes-moi une bière une dégage de là si tu veux pas qu’j’t’passe l’envie d’r’commencer, c’est compris ?!

Renonçant aussitôt à se faire un sandwich, Tyler obtempéra sans attendre et lorsqu’il lui tendit la bière que son père venait de lui réclamer ce dernier l’attrapa par le bras, le plia douloureusement dans son dos pour bien le maintenir et frappa son visage contre la table de cuisine avant de le faire valser dans la pièce et de foncer sur lui. Mais cette fois, Tyler était bien décidé à ne pas se laisser faire. Retirant son couteau de chasse de sa ceinture, il le brandit devant lui, toujours couché sur le sol froid de la cuisine. Le geste eut le mérite d’arrêter son père qui le dominait de toute sa hauteur une lueur particulièrement mauvaise traversant son regard

- Qu’est-ce tu crois faire avec ça p’tit con ? Tu m’menaces ? Moi ? Fais gaffe à c’que tu fais si tu comptes t’en servir t’as pas intérêt à me louper, mais t’oseras pas, t’as pas d’couilles, tu n’en n’as jamais eu !

Il avait raison. Il était peut-être armé mais jamais il n’oserait enfoncer la lame dans le corps de son père, même pour se défendre tout simplement parce qu’il avait beau le détester il n’en restait pas moins son père et puis, il était terrifié… Cet homme possédait sur lui une emprise qu’il était incapable d’expliquer lui-même
Devinant son hésitation, son père lui avait sauté dessus et n’avait eu aucun mal à le désarmer et à partir de là ce fut l’enfer. L’assénant de violents coups de pieds dans les côtes, il lui attrapa les poignets et le tira jusqu’au radiateur de la cuisine auquel il le ligota une nouvelle fois avant de ramasser l’arme avec laquelle il l’avait menacé un peu plus bien décidé à lui montrer comment on s’en servait

Ensuite ce fut le trou noir. Tout ce dont il se rappelait c’était de la silhouette de son frère le portant dans ses bras et de la chaleur du feu qui se propageait derrière eux avant de sombrer définitivement. Il était resté inconscient pendant 3 jours, lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux, tout ce qu’il comprit était qu’il se trouvait à l’hôpital. Son corps n’était que souffrance : dos meurtris, visage tuméfié, côtes et bras droit cassé, traumatisme crânien qui avait causé son inconscience,… Refermant les yeux il avait replongé dans un sommeil réparateur. Son hospitalisation avait duré 3 semaines durant lesquels la police l’avait interrogé sur ce qui lui était arrivé, ainsi que l’incendie et la mort de son père. S’il n’avait rien dit concernant le rôle qu’avait très probablement joué son frère dans la mort de leur géniteur il avait fini par avouer, avec le soutien d’Elijah, que son père le battait et prétendit que c’était ce dernier qui avait mis le feu par accident dans la cuisine. Les services sociaux l’avaient ensuite pris en charge

Plantant dans d’incessant aller-retour la lame de son couteau dans le bois de la rambarde qui se trouvait face à lui, pour évacuer sa colère. Oui, le curé avait raison, il avait une certaine expérience sur la manière dont on attachait une personne mais certainement pas tel qu’il l’imaginait. Ce curé avait décidément la langue bien trop pendue et parlait plus vite qu’il ne le devrait, sans réfléchir. Il avait le don de le sortir de ses gongs….  

Quelques heures plus tôt….

- Je vous interdit de les bâillonner. Ils ne sont pas dans leur état normal, et ont besoin de tout leur souffle pour vivre. Ils sont dans un état second, ce n'est pas comme s'ils risquaient de crier. Et quand bien même qu'ils crient, qui s'étonneraient de voir des possédés crier ?

- Tu quoi ? Tu m’interdis ? Rugit-il incapable de se contenir plus longtemps

Le dominant de toute sa hauteur, il s’approcha de lui clairement menaçant, front contre front il l’obligea à se reculer et le menaça clairement

- Essais un peu pour voir, le défia-t-il, mais dans l’intérêt du curé il était préférable qu’il n’abuse pas de sa patience.

Les remarques sarcastiques du prêtre avaient fini par avoir eu raison de lui. Il avait pris sur lui jusqu’à présent parce qu’il savait ce qu’il lui devait mais il devait cesser de tirer sur la corde parce qu’il y avait des limites à ce qu’il pouvait accepter.

L’homme paraissait avoir compris le message même s’il n’avait pu s’empêcher de lâcher un soupir d’exaspération en l’entendant jacasser alors qu’il était en communication avec Elijah. Tout ce qu’il lui avait demandé c’était de donner l’adresse du lieu où ils se trouvaient, pas de raconter sa vie !  Lorsqu’il se décida enfin à raccrocher, Tyler lui jeta un regard intrigué. Il existait entre un antagonisme bel et bien présent malgré tout, l’homme lui avait apporté son aide non pas une fois, ni même deux fois mais bien trois fois, et lorsqu’il voulut en connaitre la raison, l’homme s’était avancé vers lui pour lui prendre une cigarette avant de lui rétorquer qu’il s’était lui-même défini comme étant une brebis égarée. Il s’attendait à de nombreuses réponses et autres pics bien sentit mais certainement pas à celle-là. Pourtant, à chaque fois que Tyler pensait pouvoir communiquer avec ce bouffon, cet imbécile disait automatiquement quelque chose qui le contrariait

- Je ne sais pas. Interrogez votre foi fils, et alors peut être que vous trouverez votre réponse.

- Fils ? Ch’uis pas votre fils alors m’appelles plus comme ça ! La foi c’est bon pour les crétins désespérés alors me casse pas l’mou avec ça

Le dialogue paraissait impossible entre eux et lorsque le curé eut enfin la bonne idée d’aller se changer et de le laisser tranquille, il ne put s’empêcher là aussi de lui donner des consignes strictes qui s’apparentaient désagréablement à des ordres à ses oreilles. Réitérant d'un ton ferme son interdiction de faire le moindre mal aux deux prisonniers, et de retranscrire correctement tout ce qu’ils pourraient bien murmurer pendant leur inconscience. Le regard noir de Tyler fusilla Armand sur place. Il le prenait pour qui ? Son serviteur ? Et ça voulait dire quoi «le plus correctement possible. » ? Le prenait-il pour un demeuré analphabète ? Il le gonflait vraiment avec les grand airs qu’il se donnait mais dès qu’il ouvrait la bouche c’était encore pire

- J’en ai rien à foutre, t’a qu’à le faire toi-même, j’m’en branle

Avait-il répondu en quittant la pièce. Depuis, il était resté le plus loin possible de cet individu sous peine de faire quelque chose qu’il pourrait regretter par la suite. Assis par terre, sur le perron, fumant en se perdant dans ses souvenirs, il avait observé le soleil se lever et avait fini par se calmer tout seul. Quand aux deux hommes, ils ne s’étaient plus échangé un seul mot depuis…

Les yeux toujours fixé sur l’homme en noir, son intention fut attiré par un chien qui s’était approché de lui. Squelettique, l’animal ne devait pas manger à sa faim, le poil sale et épars, il avait un œil en moins… Son apparence chétive lui fit pitié. Plantant son couteau dans le sol en bois à ses côtés, il se pencha en avant et tendit légèrement sa main vers l’animal. Craintif, ce dernier se recula avant de s’enfuir de la propriété. Tyler le regarda détaler en devinant parfaitement pourquoi il avait réagi ainsi de cette manière à son approche. Il ne faisait aucun doute que cet animal avait été maltraité par l’homme.

Le moteur d’une voiture le tira de ses réflexions et l’incita à tourner son visage dans sa direction. Refermant sa main sur son couteau qu’il retira de la planche en bois dans laquelle il l’avait planté, il le rangea dans son étui et se dirigea vers la voiture qui soulevait un nuage de poussière dans sa direction avant de s’arrêter. Elias fut le premier à en sortir et à se diriger vers le prêtre qu’il salua d’une franche poigné de main. Tyler, qui venait dans leur direction s’arrêta net en réalisant que son ami n’était pas venu seul. A son bord, se trouvait une très belle femme aux longs cheveux noirs : Thémis ! Il n’avait absolument pas besoin qu’Elias les présente pour savoir qui elle était.

« Je ne fais confiance qu'à Thémis » lui avait-il avoué. Si Elias lui faisait confiance alors lui aussi, il s’en remettait entièrement à son jugement, cependant son visage se renfrogna en la reconnaissant. C’était elle ! C’était elle qui lui avait tiré dessus alors que les inspecteurs avaient pris le dessus sur les pro-moldus et qu’ils n’avaient plus besoin d’aide. Il ne savait pas si elle le reconnaitrait mais elle l’avait vu de dos et les ailes d’anges qui décoraient son blouson en cuir étaient des plus reconnaissables, elle comprendrait forcément. S’approchant du trio, il salua d’abord Elias d’un signe de tête avant de prendre la parole

- Je suis désolé, fit-il sincèrement embarrassé, j’ai pas eu le temps d’vous prévenir pour l’embuscade,… tu parlais d’un test l’autre jour, j’y ai eu droit ce soir… Ils nous ont réunis dans un entrepôt pour nous révéler leurs projets et nos missions respectives. Ils m’ont pas lâché d’une semelle… J’ai essayé de vous aider comme j’ai pu… j’suis content de voir que tu vas bien. Quand à toi, fit-il en se tournant vers la jeune femme, je comprends pourquoi tu l’as fait, tu d’vais protéger ton groupe mais tires-moi dessus encore une fois, et crois-moi t’auras plutôt intérêt à faire une prière pour que je sois mort. Venez, c’est à l’intérieur que ça s’passe !

La menace avait été suffisamment claire et il ne plaisantait pas ! Il détestait être pris pour cible surtout quand il s’agissait d’une idiote qui se trouvait dans le même camp, que ce soit par erreur ou par accident. Au fond de lui, il avait parfaitement conscience qu’elle ne pouvait pas savoir mais bordel, il n’était clairement pas une menace quand elle lui avait tiré dessus, et à cause d’elle il s’était retrouvé en position de faiblesse, à la merci d’un fantôme du passé qu’il ne pensait pas revoir un jour si ce n’était dans ses cauchemars. Sans leur laisser le temps de rétorquer quoique ce soit il ouvrit la marche et se dirigea vers l’église sans un regard en arrière.

Il conduisit le petit groupe dans la cuisine du prêtre qui était resté en l’état depuis qu’il en était sorti. Le prie-Dieu sur lequel il avait été attaché trônait au milieu de la pièce. Derrière lui se trouvait le corps d’un homme que l’on avait recouvert d’un drap blanc et les deux autres imbéciles étaient toujours dans le coltard, attaché au radiateur.

Passant devant la table de la cuisine sur laquelle se trouvait les 3 baguettes de sorciers qu’ils avaient ramassés ainsi que le verre d’eau dans lequel il avait noyé son portable afin de ne pas être localisé. Il ne savait toujours pas comment il allait justifier sa disparition auprès des autres pro-moldus mais le temps lui était compté, et il allait devoir très rapidement trouver une excuse qui aurait assez de poids pour qu’ils ne l’exécutent pas directement dès qu’il rentrerait au bercail.

- Ils appartiennent au Cercle. C’est lui qui a coincé ces deux-là, fit-il en désignant les deux types attachés au radiateur, moi j’ai eu celui-là, précisa-t-il en s’accroupissant devant le cadavre dont il souleva légèrement la couverture, juste pour y dévoiler sa main droite. Ils n’ont aucun papiers sur eux mais regardes, sa chevalière, fit-il en jetant un regard par-dessus de son épaule en direction d’Elias pour observer sa réaction tout en continuant d’ignorer Thémis

Il n’avait pas besoin d’en dire plus. C’était une récompense que l’on offrait à des agents du FBI qui avaient brillé au cours d’une mission. Loin d’être une distinction rare, c’était plutôt courant de voir s’en remettre une. Quasiment chaque agent du FBI en possédait une. Tout ce que cette chevalière leur indiquait c’était que le FBI était infiltré. Il comprenait mieux pourquoi Paige, la véritable coéquipière d’Elias l’avait averti qu’il y avait des enquêtes dans les services administratifs de tout le gouvernement. Ils s’étaient infiltrés partout, tout était corrompu, ils devaient faire attention à qui ils accorderaient leur confiance. Se relevant, il se dirigea vers les deux autres prisonniers et secoua celui qui se trouvait à sa gauche en lui donnant plusieurs coups de pieds dans la cuisse pour le réveiller.

- Debout ! Ordonna-t-il

The world is full of wondrous things

Les potions et l'adrénaline faisaient en sorte qu'elle n'ait pas trop mal et qu'elle soit toujours debout. Elle n'avait absolument aucun mérite pour la façon songée avec laquelle elle et Elijah étaient parvenu à quitter l'hôtel sans être suivi. De quitter cet environnement lui faisait du bien et ce même si elle ne savait pas exactement ce dans quoi elle s'embarquait, cela n'avait pas d'importance en fait, elle faisait confiance à Elijah et elle était prête à le suivre. Elle avait beau ne pas savoir non plus comme il était parvenu à convaincre ainsi le garçon de cuisine de les aider et de leur prêter sa voiture, mais elle en était impressionnée. Elle avait toujours beaucoup respecté l'ingéniosité.

Maintenant qu'ils étaient assez loin de lieu de l'enquête, Thémis retirait la casquette et laissait ses cheveux tomber contre ses épaules. Se concentrant sur le bout de papier, elle donnait les indications à son partenaire. En dehors de ces moments plus indicatif, la trajet fut plutôt silencieux ce qui n'était pas surprenant vu les émotions qu'ils avaient vécu il y a quelques heures seulement. Thémis était heureuse qu'il lui propose cette mystérieuse affaire, cela lui permettrait de penser à autre chose qu'à ce baiser... Elle n'en avait encore parlé à personne, non pas parce qu'elle souhaitait mentir à ce sujet, mais elle préférait éviter d'en parle du moins tant et aussi longtemps qu'elle n'aurait pas compris ce qu'il signifiait.

Ils étaient presque arrivé lorsque le silence fut interrompu par les explications d'Elijah. Elle ne l'avait pas poussé à lui en parler plus tôt, elle savait qu'il le ferait quand il serait à l'aise de le faire. Elle hochait la tête, comprenant qu'elle allait apprendre ce qui se déroulait réellement en même temps que lui une fois qu'elle serait à cette Église. Sa dernière visite dans un lieu saint ne remontait pas à si longtemps, sa soeur aînée ayant fait baptisé le charmant pour Tristan il y a quelques semaines seulement. Thémis avait toujours adoré les lieux sacré contrairement à Rhéa qui s'y sentait terriblement mal-à-l'aise. Elle avait beau ne pas être la chrétienne parfaite et ne pas aller à l'Église tout les dimanches, elle adorait l'ambiance qui s'en dégageait. C'était sans doute une des raisons pour lesquels elle avait si peur du mariage, pour elle le respect dans ses lieux sacrés étaient d'une grande importance et elle avait peur d'y faire une promesse qu'elle ne pourrait tenir.

« Tu as très bien fait et je suis contente que tu ai pensé à moi. »

Lui faisait un sourire, elle ne put s'empêcher de rire légèrement en l'entendant parler de l'agent particulier qu'elle allait rencontrer. Elle n'avait pas de problème avec les personnalités fortes, bien au contraire, elle avait toujours trouvé les personnes plus extravagante d'excellente compagnie. Même Ezekiel Grayson aurait pu figurer parmi les personnes qu'elle apprécie s'il n'était pas lié aux Inquisiteurs. Le terme mauvais bougre la faisait bien rire, elle était convaincue qu'il ne devait pas être si pire que ça.

« T'inquiète pas j'en ai vu d'autre. Si tu lui fais confiance, je lui fais confiance aussi. »

Confirmait-elle alors qu'il tournait sur le dernier chemin. Thémis avait beau n'avoir aucune idée de qui elle cherchait, elle ne pouvait s'empêcher de scrute l'horizon, tentant de deviner qui il cherchait. Elle laissait Elijah sortir de la voiture en premier puis le suivait en direction du prête.

« Bonjour mon père. »

Lui adressait-elle avec un sourire alors qu'Elijah venait de la présenter. Le prête était jeune ce qui était plutôt rare. S'approchant, elle vint lui serrer la main avant de se reculer légèrement. Elle laissait Elijah parler, attentive à tout ce qui serait dit afin de pouvoir se montrer également utile. Du coin de l'oeil, elle pouvait voir un troisième homme s'approcher d'eux. Devinant rapidement qu'il devait être l'homme particulier dont Elijah lui avait parlé, elle se retourna en sa direction, plissant les yeux, certaine de l'avoir déjà vu quelques part. Alors qu'il mentionnait ne pas avoir eu le temps de prévenir de l'embuscade et que ses yeux se posait sur sa vaste, elle comprit où elle l'avait déjà vu. Elle serait très certainement restée septique si Elijah ne venait pas à peine de lui préciser qu'il avait totalement confiance en lui. Un flic avait infiltré les pro-moldus ? Alors comment était-ce possible qu'on ne les ai pas avisé ? Thémis se sentait réellement mal de l'avoir ainsi blessé.... Du moins, elle se sentit mal jusqu'au moment où il la menaça ouvertement.

« T'a qu'à faire en sorte que j'ai pas à te tirer dessus. C'est pas ma faute si t'es pas capable de te couvrir. »

Dire qu'au départ en le reconnaissait elle avait voulu aller le voir, s'excuser et s'assurer qu'elle ne lui avait rien fait de trop grave, voilà que l'envie était passée et que si c'était à refaire, elle ferait pareille. Elle ne savait pas s'il l'avait bien entendu comme il ne lui en avait pas laissé l'occasion avant de se mettre en marche, mais elle l'espérait. Si ce crétin pensait que son statut lui donnait le droit de la traiter comme ça, il se trompait et elle comptait bien lui laisser comprendre. La colère de Thémis disparu, remplacer par de la surprise lorsqu'elle mit les pieds dans la cuisine du prêtre.

« Mon père j'espère que vous n'avez pas été blessé ? »

À quel point pouvait-on être assez idiot pour s'attaquer à un homme d'Église ? Alors qu'elle approchait, elle remarquait que rien n'avait été nettoyer et immédiatement, sa main vint s'attacher contre le bras d'Elijah alors qu'elle fermait les yeux tentant de reprendre son souffle. Ça va bien aller... Tu as vu pire... Et puis le cadavre est recouvert, tu ne verras rien. Expirant longuement, Thémis finit par lâcher Elijah et même si elle avait encore le coeur au bord des lèvres, elle se sentait capable de supporter. Cette enquête était véritablement une façon pour elle de combattre son plus grand démon : Les scènes de crimes. Son regard croisait alors des baguettes et elle comprit que cette fois ce n'était pas la preuve de moldus et elle devina qu'ils appartenaient au cercle, chose que le pouilleux confirma. La jeune femme comprenait rapidement que l'autre crétin avait l'intention de passer son temps à l'ignorer alors qu'il agissait comme si elle n'était même pas dans la pièce.

« Et moi qui croyait que tu exagérais en utilisant le terme bougre... Finalement envers lui c'était un compliment. Ou une insulte pour les bougre. »

Précisait-elle en direction d'Elijah comme si le dit bougre ne pouvait rien entendre alors qu'elle était parfaitement consciente que si. Ils se doutaient depuis un moment déjà que les pro-moldus et le cercle étaient infiltrés partout, mais voilà qu'ils en avaient la preuve. Heureusement, le prêtre était parvenu à en arrêter d'eux et avec chance, ils parviendrait à en apprendre d'avantage.

« Ça va on s'en occupe. J'ai pas envie qu'ils finissent dans le même état que l'autre. »

Parce que oui, c'était en étant plus brillant qu'eux qu'on pourrait en retirer des informations et pour ça, elle avait pleinement confiance en Elijah pour le faire, mais elle refusait de rester les bras croisé à regarder l'autre les tabasser, certaine qu'il s'agissait de la seule chose qu'il était capable de faire. Thémis était heureuse d'avoir deux membres du cercle vivant face à elle. Les interrogatoires avaient toujours été l'une de sa plus grande force même si elle n'avait pas encore eu l'occasion de le mettre à profit depuis le début de l'enquête. Voyant qu'ils commençaient à se réveiller, Thémis s'adressa à eux.

« J'espère que c'est pour lui que vous étiez venu ici ? » Demandait-elle en pointant Tyler sans le regarder. « Car sinon, attaque ainsi une Église c'est horrible. »

Était-ce vraiment ce qu'elle où les trois autres avaient envie de savoir, non, mais elle devait établir un certain lien entre eux si elle voulait essayer de les amener là où elle le voulait. Thémis s'était d'ailleurs rapprochée, mais pas trop, elle voulait laisser l'espace suffisant à Elijah ou encore au Padre de faire de même s'ils le souhaitaient.

The world is full of wondrous things

Si sa position n'avait pas été aussi inconfortable, Armand se serait certainement laissé emporter par le sommeil. Les coudes appuyés contre la barrière du cimetière, il sentait le soleil chauffer son dos et devenait un peu somnolant. Soudain il entendit un bruit de moteur, porté par le vent. Son cœur se mit à battre beaucoup plus fort et il se redressa de toute sa hauteur, fixant avec excitation le point le plus loin sur la route. Une voiture venait d’apparaître, et le soleil faisait luire son pare brise comme un miroir. Cette vision lui rendit tout son enthousiasme naturel, et il agita les bras pour qu'on puisse le voir. Au fur et à mesure que la voiture s'approchait, il arrivait de mieux en mieux à la détailler. Sans vouloir être blessant, on avait du mal à dire que c'était autre chose qu'une grosse poubelle. Mais vu ce dans quoi lui même roulait, il n'allait absolument pas se montrer mesquin en faisant la moindre remarque.

Le véhicule se gara sur le bas côté, et le conducteur en sorti en premier. C'était un latino, d'à peu près son âge, mais beaucoup plus bel homme. Il avait les cheveux mi longs et une petite moustache qui le rendait diablement sexy. Aussitôt l'homme le salua d'une façon fort aimable et se présenta. Ainsi il mettait un visage sur la voix qu'il avait eu au téléphone. Et quel visage ! Heureusement pour lui qu'il n'était plus dans l'âge où l'on minaudait devant les garçons, sinon il aurait eu du mal à garder sa constance. Il lui serra virilement la main et tout en lui souhaitant un bonjour, affirma qu'il était heureux de le voir, ce qui était sincère. Puis il lui présenta sa collègue, l'agent Balwin qu'il salua pareillement. Décidément ces deux là faisaient un duo particulièrement agréable à regarder. La jeune femme était vraiment très belle, et la douceur dans sa voix avait quelque chose d'apaisant. Certainement d'un naturel plus discret, elle se tenait en retrait derrière son collègue. Cependant elle avait un sourire et un charme qui rendait sa présence très sympathique.

Légèrement euphorique, il ne sentit même pas la pointe d'agacement dans la voix du marshall quand il lui avoua qu'ils avaient eu des difficultés sur la route. Lui même s'était habitué à vivre au beau milieu de nul part, et ça ne lui faisait plus ni chaud ni froid à force. Rencontrer ces deux agents parfaitement charmants, était comme une petite éclaircie qui venait illuminer les douze heures absolument affreuses qu'il venait de passer. Le marshall lui demanda de les conduire jusqu'à l'église, et il désigna le chemin de la main avant de les y conduire. Son entrain fut soudainement plombé par la vue de Tyler qui glandait ouvertement sous le porche. Son pas léger se fit d'un coup beaucoup plus traînant. Sa simple vue l'exaspérait au plus haut point.

Laissant le marshall Fernandes s'adresser en premier à cet homme qui avait tout fait pour le contacter. Il garda la mâchoire serrée et n'osa pas lâcher le moindre commentaire. Ce type lui sortait par les yeux, il était brutal, comprenait tout de travers et était affreusement ingrat. Mais, et c'était tout à son honneur, le premier mot qu'il dit à son contact du FBI fut : « Je suis désolé. » Armand était comme soufflé. Par pitié que quelqu'un appelle un prêtre pour authentifier du miracle ! Il avait passé un nuit infâme avec ce gars qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs, et il suffisait que jolie moustache se pointe pour qu'il se sente tout penaud et affirme qu'il était désolé du bordel qu'il avait mit. Comme la Force était grande chez cet homme ! Quel lien pouvait il avoir entre eux ? Il ne savait le dire, mais il décelait quelque chose de très solide.

Dans sa suite de propos Tyler fit comme à son habitude, il l'ignorait splendidement, lui mais également la jeune femme. Quand il lui adressa enfin la parole, ce fut pour les envoyer des menaces ouvertes. Armand resta bouche bée par la grossièreté de ses manières. Il allait répliquer, quand le petit bout de femme le remit à sa place avec une phrase bien sentie. Trop choqué pour oser rire, il était néanmoins amusé par sa répartie. Qu'il avait été idiot de croire qu'elle avait besoin qu'on prenne sa défense ! Les filles qui évoluaient dans ce milieu masculin avaient leur propre force, et quiconque se frottaient à elles le regrettait amèrement. Décidément cette adorable demoiselle lui plaisait beaucoup.

Cependant il y avait toujours une importante zone d'ombre dans cette affaire, et l'autre espèce de brute était incapable de l'orienter. Pour cela il s'adressa directement au marshall Fernandes, qui lui inspirait tout de suite une franche confiance.

« Est il un indic pour le FBI ? Je ne comprend vraiment rien à cette histoire, et il ne m'a absolument pas aidé à y voir plus clair... » Il jeta un regard noir à Tyler alors qu'ils s’avançaient dans l'allée centrale de l'église. « A vrai dire il n'a même pas été foutu de me dire son nom quand j'y pense ! Je suis vraiment désolé, mais je n'arrive pas à communiquer avec lui sans m'énerver. Si vous pouviez me renseigner ça m'aiderai beaucoup. Je ne sais même pas ce qu'il est venu faire chez moi, ainsi que ces trois hommes qui le poursuivaient. Simplement quand j'ai été réveillé par des coups de feu, il était blessé et un autre homme était mort. Et moi dans tout ça je l'ai soigné comme j'ai pu...  »

L'agent Baldwin lui demanda alors s'il n'avait pas été blessé, ce qui lui arracha un sourire adorable et lui fit monter le rose aux joues.

« Oh non ne vous en faites pas pour moi !  Il a bien essayé, mais je ne l'ai pas laissé faire ! » Dit il sur un ton amusé en agitant ses mains. Son regard heurta immanquablement le pansement qui recouvrait sa paume, en biais de l'index à la naissance du poignet. Il s'en justifia aussitôt « Et ça c'est entièrement de ma faute, je suis terriblement maladroit. Mais ce n'est rien je vous assure, le pansement est beaucoup trop imposant pour que ce c'est en réalité. »

Peut être décelait elle le mensonge dans ce qu'il disait, après tout elle était enquêtrice. Mais lui savait également une chose importante, c'est qu'il lui était beaucoup trop difficile de mentir franchement. Il n'arrivait pas à soutenir une histoire montée de toute pièce, son visage et son attitude honnête le trahissaient tout de suite. Par contre il était très bon pour jouer sur la corde, et mentir par omission était son pain quotidien. Ce n'était pas mal, au contraire. Il avait sur la conscience beaucoup trop de connaissances qui ne devaient jamais filtrer.

Quand Tyler ouvrit la porte de son appartement il en eu le cœur soulevé. Cet endroit avait beau être miteux et exiguë, ça restait quand même sa seule maison. Sans elle il ne savait pas où il pourrait vivre. Soucieux de ses affaires il aimait passer du temps à nettoyer et entretenir le peu qu'il avait, et voir son logement tout retourné et souillé de cette façon lui arrachait l'âme.
Sa tristesse se cristallisa quand il entendit gémir un des deux hommes que Tyler avait attaché. A côté de lui l'agent Baldwin se tétanisa, les yeux rivés sur le corps sans vie recouvert d'un drap. Son collègue la rassura et elle glissa sa main contre son bras. Le prêtre lui adressa un sourire compatissant. Tout ceci était un monstrueux gâchis, et il n'y avait rien de plus normal que d'en être affecté.

Tyler rappela leur attention en faisant sortir la main du cadavre de sous le draps, et en désignant la chevalière dorée. Il avait beau savoir que ce genre de bijoux avec une signification forte, il ne connaissait toujours pas laquelle. De plus il parlait du Cercle ? C'était inimaginable...

« Vous étiez pourchassé par le Cercle ? » Souffla t il d'un voix blanche. « Mais... Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? Ce n'est pas parce que je suis un sorcier que je me serais mis avec eux... »

Choqué par ce qu'il prenait pour un manque de confiance, il se tourna vers Elijah.

« Je ne savais même pas qu'il pouvait y avoir des membres du Cercle dans le coin... Ici c'est toujours très calme. C'est surréaliste... Et cette chevalière ça veux dire qu'il appartient à une fraternité quelconque ? Une loge ? »

Encore l'esprit alourdit par le choc de ces révélations, il sursauta quand Tyler hurla à son prisonnier de se mettre debout (ce qui soit dit en passant était ridicule parce qu'il l'avait attaché) tout en le bourrant de coups de pieds. Armand vit aussitôt rouge, la colère qu'il avait contenu jusque là menaçait d'exploser. Combien de fois par le Ciel lui avait t il demandé de ne pas brutaliser ces hommes ? Ce type était un vrai sauvage ! Ses joues prenant une teinte colorée, il se prépara à lui hurler dessus une nouvelle fois, quand l'agent Baldwin cria plus fort. Fortement étonné, il ne moufta mot, et la regarda s'interposer. La force de caractère de cette femme le laissant sans voix et admiratif.

Elle s'agenouilla pour être à la hauteur de l'homme qui semblait le plus alerte, le second étant encore plongé dans un profond sommeil. Il la regarda d'un œil torve, sa tête ballottant mollement, comme s'il n'était aucunement conscient de ce qui arrivait. Se sentant d'un coup extrêmement gêné et inquiet, Armand s'avança aux côtés de Thémis et posa sa main sur son épaule d'un geste affectueux. Elle parlait calmement au prisonnier, et on voyait que chez elle son sens de la morale était très développé.

« Officier... Ils ne sont pas dans leur état normal. » Murmura t il sur un ton à la fois triste et blessé. « Ils ont été confronté à... comment dire ça simplement... un sorte d'apparition, et là leur esprit a été entraîné ailleurs. Ils vont bien, ne vous en faites pas, et ils seront bientôt pleinement de retour parmi nous. Cependant je ne saurais vous dire quand exactement. »

Il détourna son regard de la jeune femme et ausculta les yeux de la victime. Ses pupilles étaient incroyablement rétractées, sa conjonctive était rougie, et ses paupières frémissantes. Son pouls battait fortement quand il le lui prit en appliquant sa main au niveau de son artère.

« Ils ne nous entendent pas, mais ils sont dans un état stable. Par contre il faut veiller à ce qu'ils se se déshydratent ni ne se blessent involontairement. Je pense que le mieux serait de les remettre aux services psychiatriques, en attendant qu'ils reviennent à eux. Il y a un hôpital à New Phoenix que je connais bien qui pourrait se charger d'eux. Ils ont un département très compétent. Normalement ils ne devraient pas subir de séquelles de leur voyage psychique, sauf si bien sur quelqu'un leur cogne la tête ou les maltraite d'une quelconque façon. » Là dessus il jeta un regard noir dans la direction de Tyler, mais sans oser le fixer directement. « Si tout va bien, ils seront en redescente d'ici quelques jours ou quelques semaines. Si d'ici un mois il ne se passe toujours rien je veux bien tenter un exorcisme pour les appeler, et si cela ne fonctionne pas j'irai moi même les chercher. Mais je préfèrerai éviter d'y avoir recours, ça serait vraiment brutal pour leurs organismes comme pour le mien. Il vaut mieux laisser le temps au temps que de les brusquer. » Il soupira, l'air triste. « Je me sent mal pour eux, ils ont beau appartenir au Cercle, je pense à leurs familles. » Il détourna les yeux pour jeter un regard amer au corps sous le draps. Puis il se tourna vers Elijah qui pour lui apparaissait comme le chef de ce petit groupe. « Vous pourrez les identifier ? »

Alors qu'il venait de prononcer ces mots, il entendit un léger sifflement ponctué de claquements. Il n'eut pas à chercher longtemps l'origine du son, l'homme en état d'inconscience psychique avait relevé sa tête et regardait fixement l'agent Baldwin. Ses yeux vides de fou semblaient soudain éclairés par une étincelle de présence, et le bruit qu'il produisait entre ses dents était on ne peut plus dérangeant. Sentant un frisson lui traverser la colonne vertébrale, le prêtre laissa un peu plus de pression se libérer sur sa main, toujours posée sur l'épaule de la jeune femme. Des sons rauques s'échappaient de la gorge du prisonnier, et aucun d'entre eux ne formaient un sens. De la bave coulait au coin se des lèvres et il était dérangeant de constater qu'il n'avait plus cligné des yeux depuis un bon moment déjà. Sentant sa respiration se bloquer dans sa gorge, Armand tentait de tirer la jeune fille en arrière, mais la frayeur que lui inspirait ce visage déformé, lui ôtait toute force dans ses membres. Tout en continuant de claquer bizarrement des dents, l'homme dépossédé de son esprit se mit à pousser des glapissements qui s'accordaient presque comme des syllabes archaïques. Prit par la curiosité, le sorcier tendit l'oreille, cherchant un sens dans ce message envoyé depuis l'Outre Monde.

IA ! IA ! IA ! NA YARLATH ! NAK YARLAATAOTPE ! IA SHA XUL !
IA ! IA ! IA ARHLAT XUL !
IA ZIXUL ! IA ZIXUL !
IA KINGU ! IN AZBUL ! AZABUA ! IA TAOTEP ! IA NYARA !
IA ! IA ! IA !
IA AHTU ! AHTU NA'HYALROTHATEP !
IA SHUGORAN TO SHUGORYANTAGORYAN !
IA ! IA ! IA !

Dès que les paroles impies sortirent de la bouche du possédé, Armand poussa un petit glapissement de frayeur. Retrouvant d'un coup sa mobilité, il attrapa Thémis par les épaules et tout en lui faisant baisser la tête, l'entraîna en arrière. Il se tourna vers les deux autres agents et leur hurla :

« Sortez ! Sortez ! Tout de suite ! »

Et tous se précipitèrent hors de la pièce, lui le dernier, veillant à claquer la porte derrière eux. Derrière le panneau on continuait à entendre les cris étouffés de l'homme. De tessiture à la fois suraiguë et gutturale, elle n'avait plus rien de commun avec ce que pouvait produire d'ordinaire une voix humaine. Essayant de faire le vide dans son esprit, le prêtre repoussait du mieux qu'il pouvait la force des paroles maudites qu'il avait entendu. De tout son être il tentait de les chasser de sa mémoire pour s'en protéger, mais au fond il était bien entendu évident qu'elles laisseraient une marque indélébile sur sa santé mentale.

« Tout... est sous contrôle. » Affirma t il, légèrement tremblant, mais de plus en plus confiant. « J'ai un peu manqué de professionnalisme, et je m'en excuse platement. Je ne pensais pas que cette phase apparaîtrait si vite, normalement elle met plusieurs jours à se développer. C'est... horrible je sais mais il faut le voir comme une avancée positive vers la guérison. »

Cette fois il ne mentait absolument pas, mais le choc de ce qu'il venait de vivre faisait qu'il avait du mal à soutenir le regard médusé des trois autres enquêteurs.

« Tyler, c'est bien ça votre nom ? Je m'excuse de vous avoir dit qu'il était idiot de les ligoter, et je suis bien content que vous ne m'ayez pas écouté. Je vous remercie, beaucoup. Et encore une fois je suis désolé que vous ayez assisté à ça... »

Les bruits continuaient dans la pièce, ponctués de phases de cris insupportables. L'exorciste jeta un regard désolé à la jeune femme qui par son courage s'était malheureusement trouvée au plus proche du fou.

« Je suis terriblement navré agent Baldwin, est ce que ça va ? » Il regarda sa montre. « Ça ne devrait pas tarder à s'arrêter, surtout ne prêtez pas attention à ce qu'il raconte, ça n'a aucun sens. Dites vous que ça reste un individu malgré tout, et qu'une fois pleinement rétabli il ne se souviendra pas de ça. Là il se situe dans un état assez proche du bad trip d'une personne drogué au LSD, il va finir par se calmer tout seul. »

There's no sleep for justice

Il devait bien s'agir de la mission la plus compliquée auquelle Elijah avait dû faire face. Il avait l'impression que ce qui se passait à Santa Fe pourrait changer de nombreuses choses pour une bonne partie de la population et pour le pays en lui-même. Alors qu'il serrait la main du prêtre qu'il avait eut au téléphone plus tôt, Tyler s'approcha. Il semblait un brin gêné. Cela semblait avoir un rapport avec l'embuscade des pro-moldus. Pour Elijah, il n'y avait pas de raison de s'excuser pour cela. Il ne travaillait pas au sein même de la cellule qui se chargeait d'infiltrer des réseaux. C'était un métier dangereux, beaucoup plus que le travail habituel des autres agents fédéraux. Tyler avait du courage et de la force d'être nécessaire afin de faire ce travail. Il ne pouvait pas risquer de détruire sa couverture et ce qui s'était passé durant l'embuscade n'était qu'un de ses événements difficiles où les choix sont cornéliens. Elijah n'en tenait guère rigueur à Tyler. Par contre, cela risquait d'être un peu plus difficile avec Thémis. Il faut dire que c'est plutôt elle qui avait à se plaindre de sa première rencontre avec Tyler au cours d'une mission où il passait pour le méchant. Vu les paroles que Tyler échangea avec elle, ça ne risquait pas d'arranger leur relation. Le ton était presque menaçant et Elijah attendait avec appréhension la réaction de Thémis. Il connaissait sa coéquipière et il ne doutait pas, qu'elle n'allait pas laisser passer ça, sans répliquer. Sa réponse fut contenu, mais on sentait qu'il y avait un peu de colère dans le son de sa voix. Elijah finit par admettre que Tyler et Thémis seraient comme l'huile et l'eau. Ils ne pourraient pas s'entendre. Il faut dire que comme premières paroles, on avait vu mieux. Même sa rencontre avec Paige, avait été plus calme que les quelques mots échangés entre ces deux-là. Il soupira, mais n'ajouta rien. Il est des moments où rester silencieux est mieux pour la santé. Elijah tenait à rester en forme, car il présentait qu'il avait besoin de rester alerte dans les jours à venir.

Un regard vers le prêtre lui apprit que ce dernier était assez choqué des propos de Tyler. De toute évidence, il ne le connaissait pas très bien. Il est vrai que l'attitude un peu bourru de son ami, ne lui accordait pas vraiment la confiance de ses pairs. Pour Elijah, Tyler était le frère qu'il n'avait jamais eu, mais pour les autres c'était bien souvent un homme un peu rustre avec des manières qui n'inspiraient pas la sympathie au premier abord. Pourtant, une fois que l'on connaissait davantage l'homme derrière l'image qu'il renvoyait, on trouvait là quelqu'un de foncièrement bon. Elijah avait eu la chance de le découvrir, mais ce n'était pas le cas de tout le monde et il fallait faire preuve de patience pour apprendre à le connaître. L'adage disait bien qu'il ne fallait pas juger un livre sur sa couverture. C'était exactement quelque chose que l'on pouvait rattacher à la personne de Tyler. Il fallait creuser pour trouver qui il était réellement. En ce qui concernait l'instant présent, les choses étaient assez tendues après la déclaration assez menaçante de son ami d'enfance. Tyler n'avait pas attendu d'écouter la réponse de Thémis et avait ouvert la marche vers l'endroit où il voulait les conduire. Pour lui, il n'y avait plus rien à ajouter. Ce qui n'était pas le cas de tout le monde puisque le prêtre semblait ne plus rien y comprendre. Il se mit à poser des questions afin de mieux appréhender la situation. C'était compréhensible qu'il souhaite en savoir davantage. Le contraire l'aurait grandement surpris. Le marshal n'était pas certain de pouvoir répondre à toutes ses questions. Certaines relevaient, après tout, du secret défense, cependant, il ne pouvait pas non plus rester muet. Tyler avait impliqué, avec ou contre son gré, un civil complètement perdu et il fallait lui expliquer un peu le pourquoi du comment de cette intrusion. Elijah pesa soigneusement ses mots pour répondre au prêtre un peu perdu par tout ce qui lui arrivait.

« Ce n'est pas un indic, mon père. Il s'agit d'un véritable agent fédéral. S'il ne s'est pas présenté c'est parce qu'il est actuellement en mission et que cette dernière requière une discrétion absolu sur son identité, ou bien qu'il n'y ait tout simplement pas pensé. Je suis sincèrement désolé que vous soyez mêlé à toute cette affaire. » S'excusa Elijah du mieux qu'il put. « Vous avez affaire à l'agent Tyler Lennox. Pour ce qui concerne les dégâts survenus, le bureau enverra quelqu'un pour les évaluer et vous offrir le dédommagement nécessaire. Vous aurez probablement de la paperasse à remplir et par avance je m'en excuse, mais l'administration à une sainte adoration des rapports et des millions de papiers à remplir. »

Ils se retrouvèrent tous dans la cuisine où trônait un prie-Dieu au milieu de la pièce. Elijah ne voulait pas savoir comment ce truc avait fini là, mais il était certain qu'il y avait une bonne raison. Par ailleurs, on pouvait apercevoir un corps sous un drap blanc et deux autres personnes qui semblaient dans les vapes attachés au radiateur. Tyler avait parlé d'ennuis, mais Elijah avait l'impression qu'il y avait pas mal de choses à dire en plus sur ce qui venait de se passer là. De toute évidence les trois hommes étaient des sorciers puisque l'on pouvait apercevoir trois baguettes sur la table. Il s'y trouvait aussi un verre d'eau avec un téléphone de-dans. Nul doute que l'appareil était fichu. Elijah en conclu qu'il avait en face de lui un beau merdier. Ce n'était pas comme si les choses n'étaient pas déjà assez compliqué en ce moment. Il allait avoir besoin de café pour tenir ! Probablement des litres et des litres. Thémis fut aussi surprise que lui et elle interrogea le prêtre pour savoir si ce dernier n'avait pas été blessé. Ce dernier répondit qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui, mais il fallait être un sourd pour ne pas entendre le mensonge dans ses paroles. Elijah se demanda pourquoi ce dernier mentait-il ? Il n'y avait aucun intérêt à cela. C'est vrai que n'est pas tous les jours qu'on assiste à pareil scène. Il était certain que l'homme sous le drap était mort et que les deux autres ne s'étaient pas laissés attacher au radiateur sans histoire. Il sentit la main de Thémis s'accrocher à son bras. Un regard vers elle, lui apprit que c'était une vision difficile pour elle, à supporter. Quant à lui, ce n'était pas la première fois qu'il voyait un cadavre. Il faut dire que la première fois datait maintenant. Il n'avait, à l'époque, pas même dix ans et il avait eu la vision terrible du cadavre recroquevillé de ses grands-parents, victime de la plus grande catastrophe que le pays n'avait jamais connu. Cette image était restée gravée dans sa mémoire. Il ne pourrait jamais l'oublier. Aujourd'hui, la vue d'un cadavre ne l'effrayait plus, elle le désolait davantage.

Thémis se remit de la vue difficile. Elle était forte et c'était une agent de police incroyable. Aux yeux du marshal, elle avait même davantage sa place au bureau que certains agents. Enfin, ce n'était pas lui qui gérait le recrutement. Tyler ne perdit pas de temps à expliquer à qui ils avaient affaire : des membres du Cercle. Évidemment, les baguettes les incriminaient. Pour Elijah, c'était de nouveaux questionnements. On savait que les membres du Cercle étaient pro-sorciers. Il semblait que tout comme les mages fondateurs, ils rejetaient la fusion hybride de la magie et de la technologie... enfin c'était ce que l'on pouvait en déduire en regardant ces trois-là. Pourtant, sa méfiance habituelle lui soufflait qu'il avait affaire à des sous-fifres et que le menu fretin n'était pas stupide au point de montrer si ostentatoirement leur dédain des non-sorciers. Ce qui allait véritablement être une surprise c'est lorsque Tyler lui montra la main de l'homme sous le drap. A son doigt se trouvait une chevalière connue de tous les agents du FBI. Elijah voyait là les soupçons de Paige se confirmer quant à l'infiltration du bureau. Il devait en avoir le coeur net et repoussa le drap pour voir le visage de l'homme que Tyler avait abattu. Le prêtre semblait véritablement touché par cette nouvelle. Cela semblait véritablement l'avoir bouleverser, car il semblait très choqué. Il affirma que ce n'était pas parce qu'il était sorcier qu'il était associé, à eux. Elijah tiqua un peu. Un prêtre sorcier... ce n'était pas commun. Ce dernier se tourna vers lui pour lui expliquer que le coin était assez calme normalement et qu'il ignorait totalement que des membres du Cercle pouvaient se trouver par ici. Il s'interrogeait aussi sur la chevalière. Elijah ne voyait aucun mal à expliquer ce que c'était. Ce n'était pas comme si c'était un secret. Il était probable que l'on puisse trouver l'information sur wikipédia.

« L'état du Nouveau-Mexique est le théâtre des exactions du Cercle comme des pro-moldus actuellement et je pense pouvoir avancer, sans trop me tromper, que la tranquillité est révolue ici pour un moment, d'autant plus avec la grande enquête. » Affirma Elijah. « La chevalière est une récompense offerte à de nombreux agents fédéraux en récompense des services rendus à la nation, ce qui tend à prouver que l'homme que nous avons là est un agent du FBI... »

Il espéra sincèrement que ce n'était pas quelqu'un qu'il connaissait. Cependant, ces derniers temps il n'avait pas vraiment de chance. En vérité, la chance avait plutôt tendance à le bouder. L'homme qui se trouvait allonger là, il le connaissait. En vérité, il faisait partie de la section Brigade Magiques et c'était le partenaire d'Alita Rodriguez. Merde ! C'était facile de se battre contre des ennemis qu'on ne connaissait pas. C'était beaucoup plus dur de faire face à un visage familier et à une personne avec qui on avait eu l'occasion de travailler. Elijah laissa retomber le drap sur le corps sans vie de l'homme. Ce serait mentir que de ne pas s'avouer qu'il valait mieux le savoir hors d'état de nuire.

« Je connais ce type et j'aurais préféré que ça ne soit pas le cas. Paige avait raison ! Le bureau lui même est infiltré. De toute évidence, le Cercle a trouvé le moyen de s'infiltrer dans l'organe administratif du pays. » Dit-il en se tournant vers Tyler et Thémis. « C'est une très mauvaise nouvelle, car cela veut dire que nous ne pouvons faire confiance à personne. Cela va rendre les rapports entre les différents agents plutôt compliqués. La méfiance au sein des agents va détruire le rapport de force que le bureau pourrait offrir. »

Se relevant, Tyler se dirigea vers les deux autres prisonniers et secoua celui qui se trouvait à sa gauche en lui donnant plusieurs coups de pieds dans la cuisse pour le réveiller. Thémis réagit avec force en le voyant faire. Pendant un instant, Elijah eut l'impression de revenir des années en arrière, alors qu'il était encore à l'école et que Tyler s'attaquait à un gamin. Le visage de Thémis se retrouva remplacer par celui de Tallin. Elle aussi aurait trouvé à y redire. A bien des manières, Thémis lui rappelait Tallin pour sa force de caractère et son courage. Il secoua la tête et ses pensées s'écartèrent des images du passé. On lui avait dit que Thémis était particulièrement douée pour les interrogatoires. C'était une chance que de l'avoir à ses côtés. Elle s'adressa avec calme à l'un des hommes attachés au radiateur. C'est là que le prêtre prit la parole pour lui expliquer qu'ils n'étaient pas en état de pouvoir répondre à ses questions. Ils auraient fait la rencontre d'une « apparition » et il ne savait pas quand ils reprendraient suffisamment conscience pour parler. Voilà, qu'ils se retrouvaient avec deux membres du Cercle à questionner. Ils pourraient probablement leur en apprendre davantage et ainsi permettre de mieux appréhender le Cercle, mais malheureusement, ils n'étaient pas en état pour ça. Le prêtre semblait avoir une bonne expertise en la matière et leur fit part de ce qu'il faudrait faire pour en tirer quelque chose. Le problème, c'était que déplacer ces hommes, nécessiterait de parler d'eux à la hiérarchie et de mettre en péril la possibilité de tirer des informations de leur part. En effet, si le bureau était infiltré, d'autres organes gouvernementaux le devait aussi. On ne pouvait faire confiance à personne. Elijah ne connaissait pas encore très bien le prêtre, mais il ne lui semblait pas être un quelconque danger. Quant à Tyler et Thémis, ils avaient son entière confiance. Le prêtre et Thémis semblaient s'être mis d'accord pour considérer que Tyler était une plaie. Il allait devoir faire preuve de diplomatie pour servir de médiateur.

« Nous sommes face à un sérieux problème. Nous avons besoin des informations que ces hommes pourraient avoir, mais nous risquons probablement de ne jamais rien en tirer si nous les amenons ailleurs. Le Cercle semble avoir infiltré de nombreux organes du pays. Ils pourraient très bien faire disparaître ces deux hommes. Les informations, qu'ils ont, pourraient sauver la vie de nombreux non-sorciers et éviter un autre massacre comme celui de l'aéroport de Santa Fe. » Expliqua Elijah. « Nous ne pouvons nous permettre d'attendre un mois. C'est une course contre la montre. Je comprends que vous puissiez avoir de l'empathie pour la situation désastreuse dans laquelle ils sont, mais n'oubliez pas qu'ils soutiennent un groupuscule qui ne recule pas devant le meurtre à grande échelle et qui a pour finalité l'extermination de tout ce qui n'est pas sorcier. Ils n'ont pas les mêmes considérations que nous face à la vie et bien que je soutienne que nous ne pouvons pas non plus nous abaisser à leur niveau, nous ne pouvons pas non plus perdre la plus grande opportunité que nous n'ayons jamais eu d'en apprendre plus sur le Cercle. »

Il allait répondre à la question du prêtre de les identifier quand tout le monde se figea en entendant un léger sifflement ponctué de claquements. Par la suite, les choses empirèrent jusqu'à ce que le prêtre leur intime fortement de sortir de la pièce. Les choses s'étaient passés tellement vite qu'Elijah n'était pas certain d'avoir bien tout compris. Il n'était pas certain de pouvoir se fier à ce qu'il avait vu. Ils s'étaient tous précipités hors de la pièce et le prêtre avait veillé à claquer la porte derrière eux. On continuait à entendre les cris étouffés de l'homme à travers la paroi de la porte. C'était un son qui n'avait rien d'humain et Elijah avait un peu l'impression de se trouver dans un mauvais film d'horreur à ceci près que c'était la réalité. Le marshal n'était pas trop au fait de toutes les créatures dangereuses et magiques qui pouvaient exister. Ce qui était certain c'est que l'apparition qui s'était chargé de ses hommes en avaient fait quelque chose de véritablement perturbant. Qu'est-ce qu'on pouvait tirer d'eux maintenant ? Le prêtre avait assuré que tout était sous contrôle, mais au vu de ces événements, il n'en était pas certain. Il leur assurait que ce n'était qu'une phase, mais c'était difficile à avaler. Dans quoi était-il encore tomber ? Est-ce que l'on pouvait vraiment espérer apprendre quelque chose de ces types alors qu'ils semblaient nécessiter de sérieux soins. Même avec ça, il n'était même pas certain que le résultat serait probant.

« Vous êtes certain qu'ils vont pouvoir redevenir ce qu'ils étaient avant ? » Demanda Elijah au prêtre. « Ils me semblent sérieusement… atteints. Désolé, mais je ne vois pas de meilleur mot pour exprimer ce que j'ai pu voir. Ils me semblent toujours autant dangereux ainsi, alors même qu'ils sont attachés. »

Dans quoi Tyler s'était-il mis ? Cela virait à l'exorciste et Elijah avait vu le film… Ce n'était pas quelque chose qu'il souhaitait particulièrement vivre.

Ne crains pas la justice, mais le juge

  Sans prêter la moindre attention à ses nouveaux compagnons d'infortune, avec lequel le curé semblait merveilleusement bien s'entendre, Tyler pénétra dans ce qui servait de logis au prêtre comme s'il était chez lui. Leurs deux prisonniers n'avaient toujours pas repris connaissance et à vrai dire cela commençait un peu à l'inquiéter car leur perte de connaissance commençait à se faire étrangement long. Ignorant tant que possible la remarque de Thémis, qui se souciait de savoir si le curé n'avait pas été blessé dans cette histoire, il ne put toutefois s'empêcher d'y aller de ses propres considérations personnelles qui étaient les suivantes : « Franchement, ça n’aurait pas été un mal, il aurait peut-être moins ouvert son clapet et ça lui aurait fait des vacances ».
C'était en tout cas ce qu'il se retint de balancer avec une pointe d'exaspération, non pas par crainte de se montrer désobligeant puisqu'il n'en n'avait clairement rien à foutre de ce que le curé ou cette nana pouvait bien penser de lui, mais il n'avait clairement pas de temps à perdre à se battre avec ces deux-là. Penché au-dessus du cadavre, il constata que Miss pimbêche perdait de son assurance et s'accrochait à Elias devant le cadavre inanimé mais il choisit de ne pas y prêter attention non plus, si elle ne se sentait pas prête pour affronter ce genre de situation soit elle sortait soit elle changeait de métier. Alors qu'il faisait un rapide topo de la situation à Elias en continuant d'ignorer ostensiblement la fille et le curé qui n'avait clairement pas sa place ici, il entendit la voix de ce dernier bredouiller avec effroi qu'il venait de réaliser que ses poursuivants n'étaient autre que des activistes appartenant au Cercle. Levant finalement son regard sur l'homme, il choisit de ne pas répondre à ses questions préférant une fois de plus garder ses réflexions pour lui-même. Il n'avait aucune justification à lui donner. Moins il en savait et mieux c'était, de plus il ne le connaissait pas et il n'était pas dans ses habitudes de remettre sa vie aussi vite et facilement entre les mains d'un parfait inconnu qu'il soit sorcier ou non n'avait rien à y voir. Visiblement très retourné par ces révélations qu'on venait de lui faire l'homme d'église se tourna vers Elias comme s'il cherchait à lui assurer qu'il n'avait rien à voir dans toute cette histoire et qu'il était très loin d'imaginer que des terroristes sévissaient dans le coin qu'il qualifiait de "très calme" ce qui tira un rictus railleur à Tyler qui lui tournait à nouveau le dos pour reporter son attention sur la chevalière que portait à son doigt le cadavre. Calme ? Désert serait peut-être un terme beaucoup plus approprié en réalité. Son petit sourire moqueur s'estompa néanmoins très rapidement si tôt que l'insupportable  gonzesse reprit  inutilement la parole. Tournant légèrement sa tête par-dessus de son épaule, le dit « bougre » leva les yeux sur son ami avant de se lever pour faire face à cette insupportable bonne femme qui se battait visiblement avec acharnement pour obtenir le premier prix de la personne la plus exaspérante en ces lieux. La concurrence était rude avec l'autre curé mais elle le surpassait de toute évidence avec une aisance insoupçonnable

- Dis-moi, à part tirer dans le dos des gens et la ramener pour ne rien dire tu sers à quelque chose ? Lui demanda-t-il froidement

Il n'avait absolument pas besoin de le voir pour parfaitement imaginer le curé avec sa mine offusquée et sa bouche ouvert en un O silencieux. Accroupit au coté du cadavre Elias fit un léger exposé de la situation pour tenter de noyer le poisson et éviter que cela ne dégénère davantage. Se relevant en même temps qu'Elias, il approuva les dires de son ami d'enfance qui confirmait ce qu'il savait déjà. Ils étaient infiltrés, et cela allait être difficile pour ne pas dire impossible, de gérer le sentiments de suspicion que cette découverte allait engendrait

- On va pas pouvoir cacher sa mort. De toute manière secouer le cocotier n'est pas forcément un mal. Faisons comprendre au Cercle que l'ont sait qu'ils ont corrompu le système. Les suspicions des uns et des autres rendra tout le monde doublement méfiant et prudent. Ça ne les empêchera certainement pas d'agir par contre ça ne leur simplifiera pas la vie et ça va les contraindre et limiter leurs agissements

Continuant de faire comme si les deux indésirables n'étaient pas présent dans la pièce, il se dirigea vers les deux prisonniers qui avaient suffisamment pioncé, et sur qui, il entendait bien se défouler un peu. Mais il avait beau les secouer ces deux derniers ne semblaient pas décidé à se réveiller
Comme si, après la remarque cinglante qu'il avait balancé à son égard un peu plus tôt, elle avait ressenti le besoin de prouver que sa place était ici tout autant qu'eux, Thémis s'insurgea du traitement qu'il leur infligea. Ce n'était que quelques coups de pieds, elle faisait bien des histoires pour pas grand chose, pour un peu, elle lui faisait presque penser à Tallin. Presque seulement, car Tallin elle au moins était loin d'être une idiote. Chassant se souvenir du passé auquel il n'avait pas pensé depuis des années que la présence d'Elias avait probablement réveillé, il s'immobilisa, le regard menaçant, et il la défia du regard pendant un instant avant de l'inviter à prendre sa place en tendant son bras droit en direction des deux terroristes qui étaient toujours attachés. Se reculant légèrement pour lui céder la place, il sorti une cigarette qu'il alluma et alla s'installer sur l'une des chaises qui entourait la petite table de cuisine. Levant ses jambes, il posa ses pieds sur la nappe ciré qui recouvrait la table tout en fumant sa clope. Sans quitter de son regard inquisiteur l'insupportable brunette qui lui tournait le dos accroupit devant les deux prisonniers, il détacha son couteau de chasse de sa ceinture et le fit tournoyer dans sa main plus pour faire figure de menace face aux deux terroristes que dans la réelle intention de s’en servir. La pointe de la lame du couteau glissait inlassablement de la nappe vers sa main, alors que Themis commençait son interrogatoire. Tyler haussa un sourcil de surprise en l'entendant leur faire la morale comme à des gamins. C'était quoi ça ? C'était vraiment comme ça qu'elle pensait obtenir des aveux ? Sans oublier qu'il ne voyait vraiment pas en quoi c'était si terrible d'attaquer une église plus qu'un autre lieu. Si elle pensait que l'autre curé avait besoin d'être défendu elle se leurrait diablement. Derrière son air de nigaud, le curé cachait bien son jeu. Non seulement il était parvenu à le maitriser, ce dont il n'était absolument pas prêt de se vanter, mais en plus avec sa magie il était parvenu à arrêter ces deux types. Il ne savait pas ce qu'il leur avait fait mais c'était plutôt costaud.
Fixant le vide, le regard hagard le sorcier qu'elle maternait ne semblait absolument pas avoir conscience de sa présence. S'approchant de la jeune femme et déposant sa main sur son épaule dans un geste compatissant et de soutient, l'homme d'église prit la parole

- Tssss ! Raya-t-il moqueur en entendant lui assurer qu'ils n'étaient pas dans leur état normal

Cependant, l'entendre parler d'eux avec autant d'égard lui faisait perdre patience. Bon Dieu, ils avaient essayé de le tuer quand même ! Alors franchement il s'en branlait royalement de savoir qu'ils allaient bien. L'entendre leur conseiller de les déposer dans un service psychiatrique avait quelque chose d'ironique mais son sourire moqueur disparu en l'entendant leur affirmer que leurs prisonniers actuels ne leurs étaient d'aucune utilité et qu'ils ne pourraient pas obtenir le moindre aveux de leur part avant plusieurs jours voir même plusieurs semaines mais lorsqu'il en rajouta un couche en les prenant en pitié eux et leur famille s'en fut trop et la lame de son couteau s'enfonça dans la table en bois

- Vous vous foutez de nous ?!! Gardez votre pitié pour ceux qui le méritent vraiment ! Vous avez pensé à leurs victimes et à leurs familles ?!! Vous vivez ici reclus dans votre petite église en vous imaginant que tout l'monde à du bon en eux et ben vous vous foutez le doigt dans l'oeil ! Y en a qu'on rien d'bon en eux !

Avant que le curé n'ait le temps de rétorquer quoique ce soit, Elias se posta devant l'homme de Dieu et pris à son tour la parole pour exposer de manière bien plus diplomate que lui, la nécessité qu'ils avaient à « réveiller » ces deux types du sortilèges dans lequel ils se trouvaient. Ce que disait Elias revenait exactement au même,... les formes en plus. Bon dieu, il n'aurait jamais du le laisser agir seul ! Avec sa méthode, ils n'en serait pas là et ils pourraient les interroger, mais au lieu de ça... !

Comme pour protester, l'un des prisonniers émis un très étrange sifflement qui le surprit et le coupa presque aussitôt dans ses pensées. Il n'avait jamais rien entendu de tel ni même vu car la suite l'inquiéta probablement davantage. Retirant les pieds de sa table, la main refermée sur le manche de son couteau de chasse qu'il retira de la table, prêt à en faire usage, ce qu'il vit lui fit tout simplement froid dans le dos. Le sorcier semblait comme possédé et fixait l'équipière d'Elias tel un dément prêt à lui sauter dessus, puis d'horribles cris rauques qui n'avaient absolument aucun sens s'échappèrent de sa bouche alors que son corps étaient soudainement pris de compulsion. Pris de panique, le prêtre les invita a rapidement quitter les lieux. Etrangement, Tyler ne chercha pas à comprendre ce qui se passait et encore moins à discuter cet ordre. Bondissant de sa chaise en ayant un mouvement de recule à la fois dégouté et inquiet en fixant les deux prisonniers, il obtempéra.

Le curé fut le dernier à quitter la pièce, et comme si cette seule porte en bois pouvait les protéger, l'homme prit un soin particulier à bien la verrouiller derrière lui. Les cris qu'ils pouvaient entendre provenant de l'autre pièce n'avaient strictement rien d'humain. Encore hébété par ce à quoi il venait d'assister mais incertain d'y comprendre quoi que ce soit, son regard se posa sur le prêtre qui tentait de faire bonne mesure mais sa pâleur anormal montrait bien à quel point lui-même avait été ébranlé par ce qui venait de se passer. Il n'était peut-être pas sorcier, et tout ce cirque lui échappait totalement mais il était par contre sur d'une chose : plus le prêtre parlait et plus il se sentait perdre patience.

- Tout est sous contrôle ?!!! Répéta Tyler avant d'exploser. Non mais vous vous foutez de nous ?!!! Vous contrôlez que dale !!!!

Tyler se fichait complétement de savoir que cette raclure allait guérir, ils pouvaient bien finir en enfer il s'en contrecarrait royalement. Ses remerciements ? Il pouvait également se les foutres où il pensait ! Mais alors ce ton mielleux qu'il avait à l'égard de l'autre idiote c'était le summum du supportable. Comme pour mettre sa très maigre patience à l'épreuve le sorcier possédé se mit à hurler encore plus fort

- Comment vous voulez que l'on prête attention à ce qu'il annone puisque c'est incompréhensible ! Ta gueule !! Hurla-t-il en donnant un coup de poing contre la porte en réponse aux cris qui émanaient de l'autre coté de la pièce.

Comme pour donner raison au prêtre qui venait de leur affirmer qu'il allait se calmer tout seul ou peut-être sous le coup de la menace de Tyler, un silence retentissant se mit à résonner. Incertain de savoir si c'était un bon ou un mauvais signe les trois inspecteurs s'échangèrent tour à tour un regard avant de poser leurs yeux sur Armand dans l'attente qu'il les autorise à ouvrir la porte. Tyler posa sa main sur la poignée de la porte au moment même ou les hurlements reprirent, le faisant sursauter de surprise. Retirant sa main de la poignée, comme si elle était subitement en feu, il lâcha un soupir tout en passant sa main sur son visage. Le temps ne ce cessait de s'écouler, il n'allait pas pouvoir continuer à rester aux abonnés absent auprès des pro-moldus encore longtemps. A l'heure actuelle, tous les pro-moldus qui s'en étaient sorti sans se faire tuer ou arrêté avaient probablement du regagner le hangar, s'il tardait trop à les rejoindre, ils allaient le soupçonner d'avoir passé un marché avec les flics. Sans oublier que de son coté, plus personnellement, il ignorait si son frère s'en était sorti. Il était persuadé que c'était le cas mais il Voulait s'en assurer, de plus, il savait que Brad allait très vite péter un câble s'il ne le voyait pas revenir. Son frere était bien des choses mais il savait que son attachement été réel et que l'inquiétude pouvait lui faire faire de sérieuses conneries.

- Elias, je vais pas pouvoir rester davantage. Si je reste plus longtemps ils vont penser que j'ai été arrêté par les flics et en me voyant revenir librement, ils vont croire que j'ai passé un arrangement avec eux. J'peux pas tout foutre en l'air. J'te laisse gérer ça, et explique à l'aut'la, fit-il comme si elle n'était pas présente dans la pièce ou trop idiote pour comprendre, qu'il est préférable qu'elle ferme sa grande gueule pour changer. Personne ne doit savoir que les pro-moldus ont été infiltrés, comme on l'a vu le Cercle a investit le gouvernement, et on sait que les pro-moldus en ont fait autant. S'ils découvrent qu'il y a un traitre parmi eux toute l'opération sera foutu, même si j'doute pas un seul instant que ça la dérangerait pas d'm'voir six pieds sous terre. J'te r'contacterai.

Se tournant vers Armand il l'observa durant un instant avant de lui jeter un regard malgré tout reconnaissant. Il était peut-être pas enchanté par la tournure qu'avait prit la situation mais il n'oubliait pas qu'il lui avait sauvé la vie, qu'il l'avait soigné et aidé alors que rien ne l'y obligeait. Lui faisant un discret signe de tête, il se tourna ensuite une dernière fois vers Elias avant de quitter l'église sans un regard en arrière.

The world is full of wondrous things

 Les yeux légèrement plissé, Thémis ne pouvait s'empêcher de se demander ce que l'autre imbécile avait bien pu faire à ces deux hommes pour qu'ils soient aussi sonnés. Elle parlait doucement, tentait d'instaurer une certaine relation de confiance entre elle et celui le moins ébranlés, mais elle n'était pas certaine qu'il puisse véritablement la comprendre ce qui n'était pas sans l’agacer car en étant ainsi blessés ils ne leur servaient à rien. La main du prêtre vint la tirer de ses réflexions et elle se tournait vers lui. Masquant l’agacement qu'elle ressentait envers l'autre bougre, elle tournait doucement son regard vers lui et l'incompréhension qui le traversait en l'entendant lui dire qu'ils avaient été confrontés à une apparition et qu'ils seraient bientôt de nouveau eux-même. Était-ce une quelconque métaphore religieuse ? Thémis ne posa pas d'avantages de question et se contenta de laisser l'homme de foi terminé, hochant la tête pour lui confirmer qu'elle partageait son avis de l'importance de les amener dans un lieu où ils pourraient retrouver leur état d'esprit. La surprise revient néanmoins rapidement car jamais elle ne s'était attendu à ce que le délai puisse aller jusqu'à un moi et elle eut envie de rire en l'entendant parler d'exorcisme. Le genre de terme qu'il ne fallait surtout pas énoncer devant une craintive comme elle et qui l'a poussait a avoir envie de lui poser cette question qu'elle se posait depuis tant d'années, mais qu'elle n'avait jamais eu le courage d’énoncer à haute voix : Si les esprits existaient vraiment, pouvaient-ils prendre possession des objets inanimés comme... les poupées de porcelaine. Chassant son trouble pour se concentrer sur le moment présent et sur le corps inanimés auquel elle faisait exprès de ne pas trop s'attarder et qui pour son plus grand agacement, était membre du FBI. Thémis allait s'interposer entre le charmant prêtre et l'autre idiot, mais Elijah fut plus raide et elle était heureuse qu'il le fasse car il exposait avec une grande justesse les raisons pour laquelle la décision en prendre concernant ces deux hommes n'étaient pas si facile que ça. Elle se doutait bien que de nombreux paliers du gouvernement étaient infiltrés, ils en avaient plus d'une fois parler, mais d'en avoir des preuves étaient terriblement désolant.  

«  »

Son visage se figea lorsqu'un son provenant de derrière elle se fit entendre et doucement, elle se retourna en direction de l'homme qui était encore il y a peu complètement perdu. Complètement figée par la terreur d'un tel spectacle, elle tentait de mettre ça sur le coup d'une hallucination provoquée par la fatigue. Ses jambes refusaient de bouger sous son poids et elle écoutait les paroles décousue dans une langue qu'elle ne connaissait pas, et qu'elle préférait ne pas connaître. Toujours dans la même position, elle ne reprit contact avec la réalité que lorsque les mains de l'homme de foi se firent plus pressente et l’incitèrent à se relever chose a quoi elle a obéit. Thémis savait qu'elle ne pouvait pas avoir de plus grande preuve de l’existence d’entités venues d'un autre et pourtant pour ne pas perdre la face elle continuait à nier que ce qu'elle venait de voir était réel. Entendant la porte se fermer derrière elle, le coeur battant encore à tout rompre, elle fermait les yeux afin de reprendre son souffle et sa concentration. Choisissant de hocher la tête et de croire le prêtre à défaut d'avoir envie de réellement comprendre ce qu'il venait de se passer, elle allait répondre au prêtre qu'elle allait bien et ce même si c'était terriblement lorsque Tyler la coupa récoltant par le fait même un regard noir de sa part. Non mais ça arrivait à ce crétin de la fermer et de faire preuve de bon sang et de classe une fois de temps en temps ? Décidément, elle ne parvenait pas à voir comment Elijah pouvait apprécier ce guignol.

« Et toi à part gueuler et donner des coups tu sers à quelques choses ? »

Son ton était calme, mais son regard aurait très certainement pu foudroyer Tyler sur place si elle en avait le pouvoir. Elle en pouvait plus de lui, ce qui se passait ici était sérieux et un emporté de son espèce était clairement la dernière affaire dont elle avait besoin présentement ! Thémis partageait l'avis de son coéquipier, elle avait du mal à croire que ces hommes pourraient un jour reprendre leur état normal, mais elle faisait néanmoins confiance au prêtre qui en avait certainement vu beaucoup d'autre avec eux.

« Je suis d'accord mon père ils semblent terriblement dangereux, mais c'est vous qui voyez. Je m'en remet entièrement à votre jugement quant à leur état, vous connaissez ce phénomène beaucoup mieux que moi.  »

Les sourcils froncés, elle entendait Tyler appeler Elijah Elias. Est-ce que son coéquipier avec donner un faux nom à cet idiot où est-ce qu'il était justement trop sans génie pour pouvoir s'en souvenir ? L'idée qu'il parte et les laisse gérer ça par contre n'était pas pour lui déplaire... Écoutant ce qu'il disait sans pour autant lui accorder la moindre attention apparente, elle ne put résister à se trouver en l'entendant encore une fois parler d'elle comme si elle n'était pas présente. Il avait raison, elle en avait rien à foutre qu'il soit vivant ou mort, mais elle contait néanmoins respecter son secret. En partie parce qu'elle avait confiance en Elijah, mais aussi parce que peu importe quel crétin il était, elle était néanmoins admirative du travail qu'il faisait présentement pour les pro-moldus et jamais elle ne ferait quoi que ce soit qui pourrait venir tout briser. Prenant pour une fois sur elle, elle ne répliqua rien souhaitant voir ce crétin disparaitre une fois pour toute le plus rapidement possible et espérant ne pas avoir à le recroiser trop souvent.