Quand il voyait le monde qui s'était déplacé pour la voir, il ne pouvait s’empêcher de se sentir vraiment stupide de ne pas avoir su qui elle était lorsqu'il avait rencontré cette superbe fille qui se dissimulait comme elle le pouvait sous une casquette au logo de son équipe sportif préféré et d’un pull 2 fois trop grand pour elle. Assise à côté de lui sur les bancs d'un stade de Hockey, elle était venue supporter l'équipe adverse à la sienne. S'ils avaient entamés la conversation c'était tout simplement parce qu'elle avait attiré son attention à s'agiter ainsi à côté de lui et à s'indigner quand son équipe à lui mettait un but ce qu'il n'avait alors pas manqué de relever un brin moqueur certes, mais sans méchanceté. Une chance pour lui, cette fille avait le contact facile et les échanges se firent si naturellement qu'ils avaient été ensuite fêter la victoire de l'équipe gagnante ensemble, sans la moindre rancune et puis les choses s'était passé. Tyler n'avait jamais était un gros dragueur, en vérité il ne savait absolument pas comment s'y prendre pour séduire une femme alors séduire une personnalité c'était encore moins dans ses attributions et pourtant il avait vécu avec elle une aventure qui aurait pu être sérieuse si elle n'avait pas exercé ce métier.

Contrairement aux idées reçues, Imane ne ressemblait en rien au cliché de la starlette capricieuse. Elle n'était pas parfaite et était même un brin narcissique il devait bien l'admettre mais au regard à ses propres défauts ce n'était rien de bien méchant. Malgré le milieu dans lequel elle baignait depuis son enfance, Imane avait su rester fraiche, spontanée et pleine de vie. Il y avait deux soucis majeurs lorsque l'on était monsieur tout le monde et que l'on choisissait de fréquenter une célébrité, la première c'était son train de vie. Imane avait beau être une femme qui avait su conserver des valeurs essentiel il n'en demeurait pas moins qu'elle était habitué à un certain niveau de vie qui n'était pas le sien, si cela pouvait en faire rêver certain pour lui c'était tout l'inverse. Aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais été assez bien pour être accepté dans un groupe à l'école parce qu'il ne portait pas les derniers fringues de marques, parce qu'il ne pouvait jamais suivre les sortis extrascolaire,... parce que sa famille n'avait pas assez d'argent sauf lorsqu'il était question de s'acheter de la picole. Avec Imane il avait l'impression de revivre exactement la même chose. Il gagnait bien sa vie oui, mais il était loin de gagner les sommes folles qu'elle dépensait en une semaine. Que pouvait lui offrir un homme comme lui qu'elle ou ses amis ne possédaient déjà ? Imane ne lui avait jamais fait ressentir la moindre différence mais lui il la ressentait, et puis le deuxième point négatif s'était ces maudit moustiques, ces paparazzis qui suivaient Imane nuit et jour, surveillant le moindre de ses faits et geste comme si savoir qu'elle avait acheté sa baguette, toute seule un dimanche matin était une information capitale ! Imane et lui étaient toujours parvenus à se montrer discret, au début ça les amusait beaucoup même, jusqu'au jour où ils s'étaient fait prendre en photo à une station essence. Une chance pour lui, il portait une casquette et des lunettes de soleil on ne pouvait pas le reconnaître et ils n'étaient pas parvenu à identifier l'homme qui était avec elle. Il ne lui en avait pas fallu plus pour prendre peur et tout arrêter. Il ne pouvait pas risquer de griller sa couverture à cause de ces maudits paparazzi. Ils avaient eu beaucoup de chance cette fois-là mais tôt ou tard un journaliste plus futé que les autres finirait par découvrir son identité. Dans le pire des cas, il révélerait au monde entier qu'il était flic ou alors, au mieux, il entacherait la réputation d'Imane qui apparaitrait comme une star qui s'encanaille en fréquentant un repris de justice. C'était beaucoup trop risqué pour l'un comme pour l'autre même si les risques encourus étaient situés à différentes échelles. Ils avaient donc mis un terme à leur histoire avant qu'elle n'ait eu le temps de prendre plus d'ampleur. Ils s'étaient quittés d'un commun accord et de ce fait avaient gardé un profond attachement l'un envers l'autre, et c'était pourquoi il se trouvait là, en ce moment même...

L'appartement qu'il occupait actuellement avec son frangin était devenu un véritable lieu de squattage. Lorsqu'il se réveillait il y avait toujours deux ou trois mecs de plus que la veille avachis sur le canapé à moitié shooté devant la télé. Il ne s'agissait pas de pro-moldus, il y avait parmi eux d'autres crétins paumés que son frère fréquentait. Le tableau n'était pas forcément très reluisant. En se levant il avait dû enjamber bien trop de corps à son goût pour aller pisser. C'est en passant dans la cuisine où la radio fonctionnait qu'il avait entendu le nom d’Imane. Un présentateur annonçait la conférence de la jeune femme qui aurait lieu en fin de journée à Santa Fe. Sans en attendre davantage, il avait quitté l'appartement en attrapant les clés de sa moto, sans plus se soucier de savoir s'il piétinait les crétins qui dormaient dans l'appartement de son frangin.
Jewel avait mis à sa disposition un autre appartement dans lequel se trouvait un ordinateur et tout le matériel informatique dont il pourrait avoir besoin allant de l'imprimante scanner au wifi, un téléphone, des armes, de l'argent, sa plaque de police, et d'autres vêtements. Après avoir pris une douche bien méritée et s'être habillé convenablement, il avait écrit son rapport concernant tout ce qui s’était passé lors de l’attaque des Pro-moldus et du Cercle la veille puis avait envoyé le tout à Jewel. Il avait ensuite récupéré sa plaque et son arme pour se rendre à la conférence d’Imane.

Ce qui l'avait poussé à s'y rendre était qu'en réalité il était très inquiet d'apprendre la présence de la jeune femme dans le coin. Santa Fe et le Nouveau-Mexique en général était une destination à éviter depuis que les groupuscules terroristes en avaient fait leur terrain de jeu de prédilection. Il connaissait l'implication politique d'Imane qui, bien que ne prenant parti pour aucun courant en particulier déversait de nombreux message de paix en faveur des moldus mais également des sorciers pour amener un peu de tolérance dans la vie des gens et essayer de les faire réfléchir. Imane se battait à sa manière pour un monde de Paix. Personnellement, Tyler n'était absolument pas convaincu que cela serve à grand chose mais au moins contrairement à la plupart des gens qui se contentait d'observer sans réagir elle avait le mérite d'essayer de faire bouger les choses en mettant à profit sa célébrité, devenant malgré elle un symbole très fort.
Mais une fois sur place, il dû reconnaître qu'il s'était inquiété pour rien vu qu'ils n'avaient pas lésiné sur la sécurité. Portique anti-métaux, fouille, sortie sécurisé et surveillé, rien n'avait été laissé au hasard. Ils avaient même poussé l'extrême prudence à placer des gardes du corps sur scène à ses côtés pendant sa prise de parole. Le personnel de sécurité était sur le qui-vive, il fallait croire que depuis l'attaque des Tour Yaxley les boites de sécurités redoublaient d'effort pour ne plus voir ce genre d'incident se produire.

Depuis au fond de la salle, Tyler observait d'un oeil vigilent ce qui se passait dans la salle tout en écoutant attentivement chacune des paroles prononcées par la jeune femme. Il ne lui porta une réelle attention qu'au moment où elle annonça publiquement l'ouverture prochaine d'une de ses maisons qui venait en aide aux sorciers et non-sorciers, afin qu'ils soient éduqués sur les différences entre leurs modes de vie, en présence de médiateurs et des psychologue afin de régler certains conflits pacifiquement. Imane tenait particulièrement à sa fondation et il fallait avouer qu'elle faisait un travail remarquable ! Savoir qu'elle en ouvrirait une au Nouveau-Mexique n'était pas du luxe, la nouvelle fut d'ailleurs accompagnée par une véritable ovation qui dura encore bien après qu'elle eut quitté la scène. S'éclipsant à son tour, il se dirigea vers les loges et du montrer sa plaque pour qu'on daigne avertir la star du jour de sa présence. Cela ne dura que quelques minutes avant qu'on ne l'invite à entrer dans la loge. La réaction d'Imane ne se fit pas attendre et dès qu'elle l'aperçut en se leva de son fauteuil pour venir le rejoindre et l'enlacer avec bonheur. Bien qu'il était partagé, le bonheur sincère qu'elle avait de le revoir le surprenait toujours agréablement et il répondit avec tendresse à son étreinte. Lorsqu'elle demanda qu'on lui serve ce qu'il désirait, Tyler déclina poliment la proposition

- Rien, merci

L'homme approuva d'un signe de tête puis se retira les laissant seuls dans la loge qui avait été mise à disposition de la jeune femme. Comme si elle craignait qu'il s'éloigne ou ne disparaisse aussi subitement qu'il était arrivé elle glissa sa main dans la sienne et l'invita à le suivre et à prendre place à ses côtés. Beaucoup plus familier, il passa son bras autour de son cou et l’attira vers lui pour l’embrasser sur la tempe. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas revu, pour être tout à fait honnête il ne se souvenait plus à quand remontait la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés ainsi, toujours était-il que la jeune femme était toujours aussi belle, non plus belle en fait que dans ses souvenirs, la trentaine lui allait à ravir. Face à sa question il ne put s'empêcher de sourire avec amusement

- C’est plutôt moi qui suis chanceux, la corrigea-t-il. J'avais pas grand chose à faire d'autre alors je suis venu t’écouter. Pour une fois qu’on est dans la même ville j’allais pas laisser passer cette occasion

Tyler n’était pas un homme pour qui les discours avait de l’importance, en réalité il détestait ça parce que les gens qui prenaient la parole aimaient généralement s’entendre parler mais n’agissaient pas beaucoup. Généralement les blablateurs qui tenaient un discours devant un parterre de gens  ne  cherchaient qu'à séduire leur auditoire en prononçant les mots qu'ils avaient envie d'entendre sans les penser un seul instant, c'était pourquoi il détestait tant les politiciens et que Tyler n’avait jamais voté de sa vie. Il estimait que c’était tous des menteurs et que seul le pouvoir les intéressait
Dans le cas de Imane il savait très bien que c’était différent et même s’il admirait son implication, les paroles de paix qu'elle prononçait et auquel elle croyait n’atteindraient jamais les principaux concernés bien trop endoctriné pour entendre raison. Mais ses actions prenaient de plus en plus d'ampleur et cela déplaisait. Elle devenait une menace et il s’inquiétait pour elle

- Une chance pour toi, tu choisis bien mieux tes mots et tes rôles que tes équipes de Hockey, plaisanta-t-il. Je suis surpris que ton chaperon t’ai laissé venir ici avec tout ce qui se passe.

Le chaperon c'est ainsi qu'il appelait l'agent d'Imane qui veillait sur elle non pas comme un père veillerait sur sa fille mais plutôt comme sur la poule aux oeufs d'or qu'elle était. Il n'aimait pas ce personnage mais il imaginait que dans ce milieu il fallait faire avec, et puis il n'était pas le pire sans quoi il y a bien longtemps qu'Imane aurait cessé de collaborer avec lui

- Tu repars quand ? Lui demanda-t-il, parce que si tu n'as rien de prévu ce soir je peux te tenir compagnie, par contre, j'espère que tu as prévu autre chose que cette robe, fit-il en glissant son regard sur la robe magnifique qu'elle portait et qui ne laissait aucune place à l'imagination, elle est très jolie et tu es même très sexy dedans mais pour faire de la moto ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratique... Alors, prête à faire une petite fugue ?

  Tout partait en vrille depuis des mois même si cela faisait des années que cela couvait. La lutte opposant les non-sorciers aux sorciers avait pris un nouveau virage avec l'arrivée sur le devant de la scène de deux groupes extrémistes pro-moldus pour les non-sorciers et le Cercle pour les sorciers à laquelle s'était associée une escalade de violence. Longtemps, il avait cru que les gens étaient mauvais qu'il n'y avait rien de pire au monde que l'espèce humaine et cela englobait autant les sorciers que les non-sorciers. Qu'ils soient pourvu de magie ou pas, cela n'empêchait pas les hommes de savoir se montrer cruel ou destructeur, lui-même était loin d'être un exemple. Il y avait d'un coté les forts et de l'autre les faibles, c'était quelque chose qui avait toujours existé et qui n'était pas prêt de changer. Pourtant sa route lui avait croiser des personnes qui avait interféré dans sa façon de voir, des personnes qui lui avaient fait comprendre que le monde n'était pas si noir, des personnes qui lui avait fait comprendre que les gens bien ça existait aussi.

Tout d'abord il y avait Elias. Même si les deux hommes s'étaient perdus de vu pendant une dizaine d'années, il n'en demeurait pas moins que jamais de sa vie, Tyler ne pourrait oublié tout ce qu'il avait fait pour lui. Il l'avait aidé à s'en sortir et ne l'avait jamais laissé tomber. Contrairement à toutes les personnes qu'il avait pu croiser avant lui qui le traitaient de moins que rien, ou au contraire qui détournait le regard, Elias avait été le seul à croire en lui, à lui faire confiance et à lui tendre la main. Jamais Tyler n'avait trahit leur amitié et il savait que quoi que l'avenir puisse leur réserver, il lui serait toujours loyale. Plus qu'un ami, Elias était devenu un frère pour lui. Il était le seul envers lequel il n'avait aucun secret, le seul qui avait vu le pire en lui, qui avait vu ses véritables larmes, qui connaissait ses rêves, le seul qui savait qui il était véritablement.

Camila, qui pour la plupart des gens n'était rien de plus qu'un symbole, un titre, celui de la Grande Inquisitrice que l'on adorait ou haissait. Tout le monde la jugeait en pensant la connaître mais personne ne savait qui était véritablement cette fille pleine de vie qu'il considérait comme une petite soeur. Elle ne savait rien de lui, ni même Hasting du reste, et pourtant l'un comme l'autre lui avaient accordé sa confiance, ils s'étaient même battus côtes à côtes pour préserver leurs vies en s'accordant mutuellement leur confiance. Ils avaient su voir au-delà des apparences

Il y avait également eut Beth, sa femme, son ange, dont le prénom resterait à jamais gravé sur son avant-bras droit. Elle aussi avait cru en lui bien plus que lui-même ! Elle connaissait ses failles, ses faiblesses, son sale caractère. C'était une petite princesse, née dans une famille aimante qui l'avait choyé et gâté mais qui lui avait également inculquée de nombreuses valeurs morales. Beth voulait changer, devenir plus forte,... elle ne s'en rendait pas compte mais elle était déjà quelqu'un de fort. A ses cotés il avait découvert le véritable sens du mot bonheur, ce n'en fut plus que douloureux lorsqu'on le lui arracha définitivement.

Et puis il y avait Imane. Une grande actrice qui, tout comme Camila, loin du personnage publique que tout le monde pensait connaître était en réalité une femme surprenante de générosité que son statut d'enfant star n'était jamais parvenue à pervertir. Généreuse, altruiste, elle ne refusait jamais de tendre la main à quelqu'un dans le besoin. Elle se servait de sa renommée pour défendre des causes qui lui tenaient à coeur et plus que les récompenses cinématographique qu'elle pouvait recevoir, l'ouverture constante mais aussi le succès des maisons Khazen était ce qui lui importait le plus et nul ne pouvait contester qu'elle faisait un travail remarquable. Avec son message de paix et le succès de ses établissements elle était devenue un emblème... qui dérangeait, notamment les pro-moldus.

Il les avait rejoints depuis peu mais les fréquenter lui avait permis d'en savoir un peu plus sur certaines des personnalités qui composaient ce groupe de terroristes. Leurs cuisantes défaites les avaient rendu extrêmement prudent et ils ne dévoilaient rien de leurs intentions avant d'agir. C'est ainsi que pour sa première mission au sein de ce groupe qu'il était parvenu à infiltrer il avait été convoqué en début de soirée pour découvrir qu'une partie d'entre eux allaient affronter le Cercle en personne pour tenter de récupérer un dossier compromettant tandis que l'autre aurait pour mission de piéger les enquêteurs des factions. Il lui avait été impossible d'avertir Elijah sans se compromettre, ils étaient beaucoup trop surveillés, surtout lui le nouveau qui venait à peine de les rejoindre et qui allait devoir faire ses preuves au cour de cette soirée. Il s'était donc rendu là-bas, décidé à protégé les enquêteurs et à éliminer ses "équipiers" tant que possible sauf que cela ne s'était pas réellement passé comme cela aurait du....

Dehors c'était la guerre et pourtant, ici, dans le confort de cette loge qu'Imane occupait, rien ne laissait deviner ce qui se tramait réellement à l'exterieur. C'était une sorte de petit cocon illusoire qui les coupait du monde mais les menaces n'en n'était pas pour autant réelles. Il savait qu'elle était dans la ligne de mire des pro-moldus parce qu'il l'avait déjà entendu, il savait qu'elle dérangeait et outre le plaisir de la voir, il voulait surtout s'assurer qu'il ne lui arriverait rien et que cette conférence se passerait sans anicroche. Ce n'était cependant pas parce que sa conférence c'était bien déroulée que tout danger était pour autant écarté. Il n'était pas du genre paranoïaque mais il savait la menace réelle c'est pourquoi il refusa de boire le moindre verre d'alcool, il voulait être certain d'être sobre car il connaissait ses démons mieux que personne. Son refus cependant intrigua la jeune femme qui le connaissant bien savait parfaitement qu'il n'était pas du genre à refuser un bon verre d'alcool. Si sa réaction le surpris l'énormité qu'elle lui sortie pour connaître la raison de son abstinence actuelle le laissa durant un instant pantois, ne sachant pas si elle plaisantait ou si elle était réellement sérieuse

- Tu déconnes ? Finit-il par lui demander avant de faire un geste de la main comme s'il cherchait à balayer cette énormité. T'inquiète, je compte bien me lâcher tout à l'heure, mais pas ici

Pas dans cet endroit confiné avec une foule de personne qui l'attendait dehors. Il lui fallait plus qu'un verre pour être beurré mais un verre suffisait pour le rendre moins vigilent. Et c'est parce qu'il avait manqué de vigilance qu'il avait perdu Beth, il ne ferait pas la même erreur avec Imane. Bien qu'il ne tenait pas vraiment à gâcher ces retrouvailles en expliquant la raison de son choix à la jeune femme, elle n'était pas idiote et devait probablement se douter que les événements actuels n'étaient pas étrangers à cette décision. Heureusement, elle n'insista pas ce dont il lui fut secrètement reconnaissant. Elle ne le loupa cependant pas quand à sa remarque nonchalante sur le fait que la soi-disant seule raison pour laquelle il se trouvait ici en cet instant était tout simplement qu'il n'avait rien de mieux à faire. Elle savait très bien que c'était faux mais elle avait choisit d'en jouer et d'une moue boudeuse lui fit judicieusement remarquer qu'elle n'était pas un simple arrêt mais bien une destination. Elle plaisantait, il le savait, mais il n'avait pu s'empêcher de la fixer différemment lorsqu'elle avait prononcé ces mots. Comme un homme fixait une femme qui lui plaisait, mais s'en rendant bien vite compte il se reprit

- ça, avait-il finalement finit par admettre. Une saprée destination alors, plaisanta-t-il finalement avant de reprendre son sérieux. Moi aussi je suis content de te revoir,...

la charrier sur ses gouts en matière de Hockey était un sujet ô combien tabou et sacré et d'autant plus drôle que même si Imane savait parfaitement qu'il avait raison elle continuerait de s'insurger contre ses propos et de les défendre bec et ongles, ce qui la rendait d'autant plus charmante.

- Une période creuse ? Cette année ? Répéta-t-il en arquant les sourcils avec scepticisme tout en insistant bien sur articles "une" et "cette". Tu veux bien me rappeler leur classement depuis que je te connais ? Va vraiment falloir que tu m'expliques ce que tu leur trouves, se moqua-t-il.

Plus têtue et bornée que cette femme c'était difficile à trouver, d'ailleurs il n'était pas le seul à en faire les frais puisque son agent devait lui aussi faire avec son fort caractère. Il eut un léger rire amusé lorsqu'elle lui expliqua le plus simplement du monde que son agent avait eu le choix entre accepter sa venue à Santa Fe et prendre les mesures de sécurité nécessaire que cela engendrait ou alors refuser qu'elle s'y rende et la voir s'y rendre malgré tout sans le dispositif de protection adéquat
Quand Imane avait une idée en tête il était certain qu'elle ne l'avait décidément pas ailleurs, et ce malgré les menaces que lui envoyaient les pro-moldus. Etrangement le Cercle ne paraissait pas la voir comme une menace. Parce qu'elle était une sorcière avant tout ? Peut-être bien et à vrai dire peu importait la raison, les pro-moldus étaient une menace suffisamment grande, inutile que le Cercle vienne y rajouter son grain de sel

- Ou peut-etre que le Cercle aime la même équipe de Hockey que toi, plaisanta-t-il pour dédramatiser un temps soi peu la situation avant d'emmêler ses doigts dans les siens sans la quitter du regard en guise de soutient.

Il était rare qu'Imane avoue ouvertement ses craintes et cela suffisait à lui faire comprendre combien ces menaces avaient eut un impacte sur elle malgré les apparences. Ils avaient du se montrer de plus en plus virulent

- J'les laisserais pas t'faire de mal, lui assura-t-il en passant son bras derrière elle pour elle qu'elle pose sa tête sur son épaule. C'est bientôt terminé

Les pro-moldus étaient bientôt finis, ils ne le savaient pas encore mais il les avait infiltrés, et Elias était sur leur piste avec les autres représentants des factions. Il allait juste falloir accélérer un peu les choses pour que ces tueries cessent et pour cela il allait devoir se faire remarquer par les têtes pensantes. Il ne pouvait pas se contenter de rester au bas de l'échelle, il ne devait pas être mis de coté lors des prises de décisions et se retrouver devant le fait accomplit, il allait devoir se bouger et vite ! En attendant, il comptait bien profiter de cette soirée que la jeune femme était prête à lui accorder volontiers, d'ailleurs l'idée de faire de la moto sembla la ravir. Dans ses souvenirs elle était comme lui, elle aimait ce sentiment de liberté que ça lui procurait.

- Ben p'être parc'que ça fait une éternité justement

Il se souvenait parfaitement de la dernière fois qu'elle était montée sur sa moto ... c'était leur dernier week-end avant leur rupture. La fois où un moustique les avait surprit s'embrassant à une station essence. Une chance pour lui, il conduisait le Range Rover de la dame, et la moto avait été monté à l'arrière et recouverte par une toile de protection. Ils étaient partis quelques jours sur les routes sans véritable destination et avaient vécu un sympathique petit périple....
S'extirpant de ses souvenirs il constata que la jeune femme avait déjà retirer sa robe et se trouvait en sous-vêtement. Aussitôt, il détourna son regard gêné. Il l'avait peut-être vu bien plus légèrement vêtu s'en ce moment mais cela datait et depuis, la dernière femme qu'il avait vu dans ce genre de tenue c'était Beth qui était en tout point l'opposé de la jeune femme. Beth était aussi blonde qu'Imane était brune, elle avait la peau blanche... pourtant... il ne put s'empêcher de glisser discrètement son regard sur elle et ses courbes généreuses sans plus pouvoir s'en détacher. Sans prêter attention à lui, elle enfila un jeans légèrement troué, des bottes, et un débardeur noir. Lorsqu'elle lui demanda s'il était armé, il se contenta de lever sa veste intérieur pour faire apparaître son holster vega maintenu à l'épaule. Lorsqu'elle revint vers lui, sans avoir laissé la moindre occasion à son service de sécurité de rétorquer quoi que ce soit, il se leva et plaça sa main dans son dos, elle était prête à s'amuser, ça tombait bien, lui aussi.

Ils quittèrent la bâtisse par une porte dérobée, loin des fans et autres photographes qui l'attendaient, et gagnèrent très rapidement sa moto. Il lui refila un second casque et sans perdre un instant il fit rugir sa moto. Imane se colla contre lui et lorsque ses mains entourèrent sa taille il tourna sa tête par-dessus de son épaule et après qu'elle eut acquiescé d'une signe de tête, il démarra en trombe. Le paysage nocturne défila sous leurs yeux et très vite les lumière électrique se firent de plus en plus rares à mesure qu'ils s'éloignèrent de la ville de Santa Fe. Ils roulèrent ainsi la pâle lumière de la lune, en profitant de l'instant présent, de la vitesse et du vent sans plus se préoccuper de quoique ce soit d'autre.

Lorsque la moto s'arrêta, ils avaient pénétré dans une propriété privé dans laquelle se trouvait un petit chalet. Cherchant les clés dans la poche de son pantalon, il entra dans le chalet qui n'avait pas du être habité depuis longtemps tant il y régnait un froid glacial, mais il ne s'y attarda pas. Il récupéra le pack de bière qu'il y avait laissé avant que son regard ne s'attarde sur un plaide beige aux motifs mexicain qui avait été posé sur le canapé. Il revint sur ses pas s'en empara, car les nuits étaient fraiches dans le coin, surtout en pleine foret, puis quitta le chalet.

- Suis-moi, je vais te montrer quelque chose, fit-il dans un sourire en lui faisant signe de le suivre.

Ils marchèrent quelques minutes dans l'herbe jusqu'à ce qu'ils surplombent la ville de Santa Fe. De là où ils se trouvaient, la capitale de l'Etat, bien qu'illuminé de milliers de petites lumières leur paraissait minuscule. Il lâcha la couverture qui s'écrasa sur le tapis d'herbe puis prit place à son tour sur l'herbe et observa le magnifique paysage qui s'étalait devant leurs yeux tout en sortant une cigarette qu'il coinça entre ses lèvres avant d'en tendre une à Imane, ignorant si elle avait changé ses habitudes à ce sujet ou pas. Puis, il ouvrit un bière qu'il lui tendit avant de s'en ouvrir une autre et de trinquer avec elle en cognant légèrement leur deux cannettes ensemble

- Le chalet a été saisit par la police il y a un an, c'est une propriété de l'Etat, lui expliqua-t-il, c'est appréciable de se tenir éloigné de toute cette folie ambiante,... Pas trop déçue ? Je pense que c'était loin de ce à quoi tu t'attendais mais ici au moins tu pourrais te torcher en toute tranquilité et faire des trucs cons sans t'inquiéter de savoir s'il on t'reconnaitra ! Bon évidemment j'te promet pas qu'y'aura pas de photos compromettantes fit-il en brandissant son portable devant son nez mais on pourra toujours trouver un arrangement se moqua-t-il.

C'était une excuse, du moins en parti parce que des trucs cons il y en aurait surement au cours de cette soirée, c'était même forcé avec Imane. Elle était un peu comme Camila à ce sujet, quand il s'agissait de faire la fête rien ne les arrêtaient, et puis elles avaient l'alcool joyeux ce qui était plutôt agréable... Mais l'autre vérité était surtout que personne ne devait les surprendre ensemble sans que cela ne compromette sa couverture
Etait-ce le calme ambiant ? la douceur de la nuit ou tout simplement la présence d'Imane mais ce soir, il ressentait le besoin de parler. Ce n'était absolument pas dans sa nature et encore moins dans ses intentions. Il ne l'avait pas invité à passer la soirée avec lui pour écouter ses jérémiades qui n'intéressaient personne, mais il n'avait aucune envie de faire comme si tout allait bien, il avait besoin de relâcher la pression...

- J'étais en prison au Mexique avant de revenir ici. J'ai buté un flic, avoua-t-il sans oser poser les yeux sur elle de crainte d'y lire la déception ou même de la peur dans son regard. J'aurais du en prendre pour 30 ans, mais au final je n'y suis resté que 17 jours parce qu'on m'a fait sortir... pour qu'je continue à faire ce que j'sais faire de mieux.... On m'a transféré dans une prison d'Etat à New-Phoenix pour que je mène une enquete interne auprès des prisonniers. L'un d'eux dirigerait un groupe terroriste depuis cette prison. ça a duré deux mois, j'ai résolu l'affaire et je suis ressorti... Mon frangin est venu m'chercher... il sait toujours pas que j'ai une plaque, il croit que j'suis comme lui, dans le fond il n'a pas tout à fait tort... aujourd'hui je squatte un appartement avec lui et d'autres gars...

Le visage crispée il garda le silence pendant quelques minutes tout en jouant nerveusement avec ses doigts.

- Imane, tu dois savoir que j'ai rejoins les pro-moldus...

  La réaction d'Imane lui apporta un certain soulagement. Dans le fond, il savait très bien que cet endroit lui plairait, il n'avait eut aucun doute jusqu'à ce qui l'y conduise et qu'il commence à se poser des questions idiotes. Il avait conscience de lui apporter quelque chose de différent de sa vie publique faite de strass et de paillettes. Avec lui, elle revenait à des choses simples, à la fille authentique qu'elle avait su rester malgré le rêve hollywoodien qu'elle vivait depuis son plus jeune âge. La voir prendre immédiatement ses aises en s'installant confortablement sur ses cuisses lui apporta un sentiment de paix qu'elle ne soupçonnait probablement pas. Leur proximité et leur complicité lui était très précieuse. Tyler s'ouvrait difficilement aux autres mais lorsqu'il le faisait, et qu'il s'autorisait à s'attacher à eux, c'était pour la vie.

Il n'y avait pourtant pas plus opposé que lui et cette pétillante brune confortablement installé contre lui. Elle était une étoile du cinéma américain, qui faisait la couvertures des magazines et qui faisait rêver la terre entière. Drôle, intelligente, issue d'un milieu privilégié, elle se servait de sa position pour essayer d'aider les gens à sa manière. Lui ne devrait même pas avoir le droit de fréquenter un telle femme et pourtant pour une fois dans sa vie, il avait eut de la chance. Ils s'étaient rencontrés par hasard, ils s'étaient plu et avaient vécu quelque chose de fort, quelque chose que Tyler n'aurait pas pensé connaître. Il n'avait jamais été un homme à femmes comme son frère qui baisait à tout va. Contrairement à son ainé, il n'avait pas eut une ribambelle de petites amies ou d'aventure d'un soir. Le sexe n'était pas une chose aussi évidente pour lui qu'il ne l'était pour Brad. Si pour le premier c'était synonyme de plaisir, lui l'avait avant tout assimilé pendant très longtemps à de la violence et du pognon, et lorsqu'il se donnait enfin c'était que sa partenaire comptait énormément pour lui et qu'il lui accordait sa confiance. Les femmes frivoles qui désiraient simplement une partie de jambes en l'air n'avaient aucune chance avec lui.  

Avec Imane les choses s'étaient faites naturellement et bien que leur relation fut aussi brève qu'intense, il en avait savouré chaque minute passé à ses côtés.  Leur histoire aurait-elle pu avoir une chance si les choses avaient été différentes ? S'il n'avait pas accepté de travailler pour l'OCB cette annexe du FBI qui s'occupait d'infiltrer les agents ? Peut-être ou peut-être pas. Outre son travail, il n'oubliait pas qu'ils étaient issus de milieux radicalement opposés, malgré tout ça ne l'avait pas empêché d'éprouver quelque chose de fort et de sincère pour elle. Renoncer à elle n'avait pas été aussi facile qu'il l'avait laissé croire mais c'était la meilleure chose à faire, et ils en avaient eut tous les deux parfaitement conscience. Et c'était probablement pour ça, que malgré toutes ces années, ils étaient encore là aujourd'hui, comme si rien n'avait changé, fumant la même cigarette, et partageant ce petit moment d'intimité qui n'appartenait qu'à eux, où elle comme lui, laissait enfin tomber les masques pour être eux-mêmes le temps de quelques heures.

- Non, lui répondit-il un petit sourire moqueur apparaissant sur ses lèvres tout en glissant son regard sur elle pour observer sa réaction alors qu'elle s'inquiétait de savoir s'ils avaient le droit de se trouver ici. On s'en fout, on y est quand même

La réponse n'était pas tout à fait exacte. Ils n'avaient rien à faire ici, c'était un fait. Ils se trouvaient sur une propriété privée, mais une propriété qui appartenait à présent à l'Etat dont il était l'un des représentants. En temps normal, il aurait du faire une demande préalable au bureau pour pouvoir occuper cette petite résidence mais ce n'était l'affaire que de quelques heures et puis personne n'avait réquisitionné le terrain pour une affaire quelconque. Ici, ils étaient à l'abris de tout, c'était un peu comme squatter une propriété privée avec piscine dont les propriétaires étaient partis durant les vacances en oubliant de fermer la porte derrière eux.

Il n'avait rien relevé alors qu'elle reconnaissait que sortir dans un endroit public aurait probablement été bien trop risqué, et cette fois, elle n'imaginait pas à quel point... Son rire si léger et si particulier le tira de sa morosité et le fit rire malgré lui. Il se sentait bien avec elle, ça ne lui était plus arrivé depuis... la mort de Beth. Tyler avait toujours pris un soin particulier à se protéger des autres en se blindant et en ne laissant personne devenir trop proche de lui. Bien sur il y avait des exceptions, il était un être humain après tout et comme tout le monde il avait besoin de chaleur humaine et de contact. Imane était un excellent exemple pour illustrer ces exceptions. Elle était entrée dans sa vie au moment où il s'y attendait le moins, avec une facilité déconcertante et avait fait naitre en lui des sentiments nouveaux. Et puis il y avait eut Beth. Beth qui avait détruit cette armure qu'Imane avait déjà fissuré et qu'il avait mis tant d'années à ériger. Sa mort brutale l'avait anéanti allant même jusqu'à le plonger dans un état dépressif qui le laissait complétement indifférent à tout ce qui pouvait lui arriver. Il se moquait complétement de savoir qu'il allait passer le reste de sa vie en prison ça n'avait aucune importance, ici ou ailleurs quelle différence cela faisait-il ? Et puis Jewel De Silva était arrivée et l'avait sorti de là, en lui offrant l'opportunité de faire usage de cette vie que Beth avait préservé au détriment de la sienne....

Depuis la mort de Beth, il n'avait pas encore eut l'occasion de se confier, de partager ce qu'il éprouvait et jusqu'à maintenant il n'en n'avait pas ressenti le besoin, préférant garder ça jalousement pour lui. Mais la présence d'Imane agissait sur lui sans qu'il n'en prenne réellement conscience, lui faisant ressentir ce besoin de parler, de se confier. Jamais il n'avait été dans ses intentions en l'emmenant ici, de gâcher ce moment qu'ils partageaient tous les deux, ce qu'il était immanquablement entrain de faire, mais avec elle, il était incapable de porter le moindre masque ou de faire semblant. Avec elle, il éprouvait le besoin de déconner quand il avait envie de s'amuser ou de se confier quand il en ressentait le besoin comme en cet instant. En sa présence, il avait besoin d'être honnête tout en sachant pertinemment qu'il risquait de la perdre définitivement après certaine de ses révélations. C'est pourquoi il n'avait pas osé lever les yeux sur elle alors qu'il lui avouait ce qu'il avait fait et les raisons pour lesquels on l'en avait sorti, de crainte d'y lire de la désapprobation dans son regard, ou de la peur. Il n'avait pas eut besoin de poser les yeux sur elle pour savoir qu'elle avait bougé de position qui fut suivi par un long silence qu'aucun d'eux n'osa briser, jusqu'à ce que sa voix rassurante et apaisante lui assura qu'elle ne portait aucun jugement à ses actions. Il sentit une forte émotion l'envahir et le bouleverser lorsqu'elle lui assura qu'il y avait du bon en lui. Il n'en n'était pas totalement convaincu mais l'entendre le lui dire lui faisait du bien. Le coeur serré, il leva enfin les yeux sur elle lorsqu'elle lui demanda ce qui l'avait poussé à une telle extrémité.

Une partie de lui voulait lui dire, voulait lui parler de Beth, mais les mots restaient noués dans sa gorge. Incapable de la tolérer et voulant fuir au plus vite cette émotion terriblement douloureuse qui était entrain de l'envahir, il écrasa sa cigarette sur sa main, dont la brulure le calma presque aussitôt. Les doigts d'Imane caressèrent doucement son visage, avant de descendre le long de son cou, pour terminer sur ses épaules. Relevant à nouveau son regard dans ses yeux il ne lui parla pas de Beth ni de sa mort ni de tout ce qui l'avait conduit à tout cela, il avait autre chose d'essentielle qu'il devait lui dire avant, quelque chose dont elle devait être informé : Son implication auprès des pro-moldus.

Aussitôt que la révélation fut faites il sentit le corps d'Imane se raidir, pourtant elle ne se méprit pas et le corrigea, lui demandant de lui confirmer qu'il voulait sous-entendre par-là qu'il avait infiltré ce groupe. Dans d'autre circonstance, cela aurait pu être blessant qu'elle puisse lui poser la question, mais il n'était pas sans ignorer les menaces dont elle était l'objet, il savait qu'elle avait juste besoin de d'être rassuré, aussi se contenta-t-il d'hocher la tête positivement.
Aussitôt, la jeune femme laissa à son tour tomber son masque et lui confia que loin de la laisser indifférente ces menaces dont elle faisait l'objet la terrifiait. Le contraire aurait été une preuve de stupidité, mais à sa grande surprise, elle ne s'inquiétait pas uniquement pour elle mais aussi pour lui.
Comme si son regard terrifié qui scrutait l'obscurité autour d'elle venait de le sortir du marasme de son propre chagrin Tyler se mit à genoux devant elle et emprisonna son doux visage entre ses deux mains pour qu'elle plonge son regard dans le sien

- Hey, regarde-moi, tout va bien, calme-toi. Je suis avec toi, il ne t'arrivera rien d'accord ? Il n’y a que toi et moi ici, personne d'autre ne viendra nous trouver, tu es en sécurité. Je ne sais pas encore ce qu’ils ont prévu te concernant mais je compte bien le découvrir. Mais quoi qu'ils aient prévu, je te promet qu'ils ne te toucheront pas. Tu me fais confiance ? Allez viens là.

Tendrement, il l'attira contre lui, pour qu'elle puisse se blottir contre son torse et la serra dans ses bras tout en déposant un baiser sur son cuire chevelu.

- Il ne t'arrivera rien... Je ne t'ai pas fait cette révélation pour que tu commences à t'inquiéter mais au contraire pour que tu saches que quoi qu'il arrive je ne serais pas loin. Je ne suis pas un de ces salopards qui ont de la merde dans le cerveau. Je suis avec eux oui c'est vrai, mais en apparence seulement. Etre dans leur rang me permettra d'agir pour les empêcher de te faire du mal. Quelque soit leurs intentions je te protégerais, il ne t'arrivera rien, je ne le permettrais pas.

Il la serra un peu plus contre lui, comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse elle aussi à son tour. Ils restèrent ainsi un long moment, dans les bras l'un de l'autre jusqu'à ce qu'elle se calme, puis même au-delà. Le temps lui paru suspendu mais il ne s'en plaignait pas, au contraire.

- ça fait parti d'mon job, lui murmura-t-il dans un semblant de sourire. En cas de problème, je veux que tu joignes cet homme et uniquement cet homme, ne fait confiance à personne d'autre, lui dit-il en lui tendant la carte de visite d'Elias. Il s'appelle Elijah Fernandes, il est le représentant des Partisans du Nouveau-Monde dans l'enquête des factions tu as surement entendu parler de lui. Il est comme un frère pour moi. Je n'hésiterais pas une seule seconde à mettre ma vie entre ses mains, tu peux lui faire confiance, ainsi qu'à son insupportable partenaire Thémis Baldwin. En cas de besoin, il sait comment me contacter.

 La nuit qui les enveloppait était douce et calme, les baignant dans une légère brise qui n'était pas encore fraiche. Alors qu'elle s'accrochait à lui, son corps blottit contre le sien, de son coté, il l'étreignait tendrement. Dans un incessant va-et-vient, il caressait avec tendresse, de sa main virile, sa longue et soyeuse chevelure brune parfumé qui pendait le long de son dos, dans un geste qui se voulait à la fois apaisant et réconfortant. Il pouvait sentir son souffle lui caresser la peau de son cou dans une douce chaleur tandis qu'il pouvait sentir à travers sa poitrine les battements de son coeur affolé par l'inquiétude se calmer et se laisser bercer au fur et à et mesure de ses caresses.
Lorsqu'il la sentit complétement détendu, il resta encore un moment ainsi, savourant une dernière fois la douce chaleur de son corps pressé contre le sien, puis lentement, il desserra son étreinte après avoir déposé un dernier baiser sur son cuir chevelu. Se détachant lentement l'un de l'autre tout en restant à proximité, il lui tendit une carte de visite en lui indiquant de qui elle provenait et les raisons pour laquelle il la lui remettait. Si jamais elle avait le moindre problème il voulait qu'elle puisse se tourner vers quelqu'un de confiance qui pourrait agir immédiatement, ce qu'il n'était pas certain de pouvoir faire. Qui d'autre que son presque frère pourrait mieux la protéger ? Personne.
Un petite sourire amusé se dessina légèrement sur ses lèvres si bien dessinés lorsqu'elle prit sa carte et s'il se demanda qu'elle pouvait en être la raison. Le connaissait-elle ? Il n'eut pas long à attendre pour voir sa curiosité être satisfaite et ne put s'empêcher de sourire à son tour en l'entendant lui confirmer avoir déjà entendu parler de lui par le biais de son cousin qui de toute évidence n'était pas avare d'éloges à son encontre.

- ça m'étonne pas, c'est quelqu'un d'exceptionnel lui assura-t-il sans la moindre hésitation. Je lui dois beaucoup.

Et c'était peu de le dire. Sans Elias, il ne serait pas la aujourd'hui. Il avait été son seul véritable ami d'enfance, et jamais il ne l'avait laissé tomber. Il avait bien conscience que jamais il ne pourrait lui rendre tout ce qu'il avait fait pour lui. Par contre, il ne pouvait pas en dire autant de Devaney, en qui Imane semblait avoir une confiance absolue. La mine assombrit, Tyler baissa le regard durant un instant réfléchissant à la meilleure manière de faire part de ses réserves concernant l'un de ses ex sans offusquer la jeune femme ou pire encore, passer pour un ancien amant stupidement jaloux.

- Je ne le connais pas personnellement, reconnut-il en plongeant son regard sincère sur elle, mais je connais Elijah depuis le lycée, et lui, il connait très bien Devaney. Ils ne s'apprécient pas, et ça me suffit pour que je ne lui fasse pas confiance non plus. J'te demande pas de prendre parti contre lui, tout ce que je te demande c'est de privilégier Elijah à Devaney pour te protéger. C'est tout ce que je te demande. Je ne veux pas jouer avec ta vie  

Quelque soit les réserves qu'Elijah avaient à l'encontre de Devaney, Tyler lui faisait suffisamment confiance pour le suivre dans la même direction sans lui poser de question. Cela pouvait paraître inconsidéré, injustifié ou même stupide pour certains, mais pas pour lui. Il savait que s'il l'entendait parler ainsi, son frère le raillerait en le traitant de mouton mais ce n'était pas ça, ça n'avait rien à voir. Il ne pouvait pas l'expliquer mais c'était comme ça, Elijah était le seul dont il ne remettait jamais en cause les décisions, le seul envers lequel sa loyauté n'avait aucune limite...
Il ne jugea cependant pas nécessaire de rappeler à Imane qu'elle ne devait parler de son infiltration à personne, Devaney comprit, et ce, même s'il appartenait au gouvernement de Barry Marshal.
Lorsqu'Imane lui demanda à son tour de faire preuve de prudence, Tyler se contenta de l'observer tout en  gardant le silence. Il n'agissait jamais de manière inconsidéré lors de ses missions mais faire preuve de prudence... s'il s'agissait de protéger des vies et surtout des vies à laquelle il tenait, il ne prenait jamais la sienne en considération. Comme si son silence était éloquent, elle insista en lui demandant de le faire pour elle. Accentuant son regard dans le sien, Tyler finit par acquiescer d'un mouvement de tête en marmonnant son éternelle "Mmmmhh"

Alors qu'elle venait d'obtenir satisfaction, Tyler sentit qu'Imane n'en n'avait pas encore fini avec lui et qu'elle hésitait à lui demander quelque chose. Ce n'était pourtant pas dans sa nature de tergiverser sans oser se lancer.

- Vas-y, j't'écoute, l'encouragea-t-il un signe de la main, après tout, rien ne l'obligeait à lui répondre s'il ne le souhaitait pas.

Levant son regard sur elle il plongea à nouveau ses yeux dans les siens en gardant le silence. Comment ça se présentait pour le moment ? Mal.
Les pro-moldu étaient loin d'être des imbéciles et malgré ce que pouvait laisser penser leur deux dernières défaites, ils étaient très bien organisés et avait des ressources et des moyens considérables pour ce qu'il avait pu en voir. Par contre, le fait que Baldwin et Devaney soient à l'origine de leur deux dernières déculottés les avait rendu particulièrement haineux à leur égard mais aussi particulièrement revenchard. Cela faisait deux fois, en peu de temps, qu'ils perdaient un nombre conséquent de fanatiques à leur idéologie de merde. La prochaine fois qu'ils frapperaient, ils comptaient bien marquer les esprits. Tout le monde avait crié à l'horreur lorsqu'il avaient ouvert le feu dans cette école à Albuquerque, mais Tyler pouvait déjà prédire que ce ne serait rien en comparaison à ce qu'ils préparaient actuellement. Il était cependant hors de question de révéler tout ceci à Imane. Non seulement il s'agissait d'informations strictement confidentielles mais surtout cela ne servirait qu'à l'angoisser un peu plus, et elle n'avait pas besoin de ça. Face à son silence, elle se permit d'insister encore en échange d'une promesse qui lui tira un sourire amusé avant de poser sur elle un regard d'une profondeur infini

- C'est pas ce qu'j'te d'mande, lui fit-il en caressant son visage avec douceur. Je veux que tu sois toi-même. Si tu as envie de rire, ris, si tu as envie de crier et de t'insurger fais-le, mais ne te force pas à porter un masque avec moi, surtout pas pour tenir une promesse.

Il ne voulait pas qu'Imane se force à être joyeuse en sa présence si le coeur n'y était pas ce n'était pas ce qu'il attendait d'elle. Il savait aussi que s'il ne répondait pas ne serait-ce qu'en parti à sa question elle allait se torturer avec ça, mais il lui était impossible de lui dire la vérité et encore moins de lui mentir. Prenant une gorgée de bière, il fixa silencieusement le superbe paysage qui s'étendait devant leurs yeux. Tout semblait si calme et serein, c'était difficile d'imaginer qu'une stupide guerre opposant sorciers et non-sorciers faisait rage actuellement en faisant couler le sang de nombreux innocents pris dans la tourmente

- Tout ce que je peux t'dire c'est qu'ils me font confiance. Je te promet de tout mettre en oeuvre pour faire cesser leurs agissements au plus vite.

Il espérait que ces quelques mots suffiraient à la conforter, pour sa part, il était bien décidé à tenir sa promesse. Il avait été incapable de protéger Beth qui était morte sous ses yeux mais ça ne se reproduirait plus, il refusait de perdre également Imane. Pour le moment, à ce qu'il avait pu en juger, son service de sécurité était très compétent mais il ne fallait jamais être trop confiant

- Est-ce que tu pourras me faire parvenir par mail à cette adresse, fit-il en l'écrivant sur son portable, la liste de ta garde rapproché avec leurs photos ? J'ai besoin de vérifier par moi-même qu'ils sont clean.

Puis, il posa un regard sur elle, il ne voulait pas l'inquiéter mais c'était indispensable

- J'ai entendu dire que tu avais eu une fille, elle doit être aussi belle que sa mère, lui sourit-il. Tu vas avoir des problèmes plus tard lui prédit-il légèrement moqueur avant de reprendre plus sérieusement. Elle a de la chance de t'avoir

Il était sincère, Imane devait être une mère merveilleuse. Il y avait des personnes qui étaient faites pour être parent et d'autre pas, Imane appartenait incontestablement à la première catégorie.

- C'est ta mère qui s'occupe de ta fille pendant tes déplacements ? J'imagine qu'elles sont également sous bonne garde,... est-ce que tu veux que j'envoi quelqu'un de confiance en plus pour rester avec elles ? Je ne pense pas qu'ils chercheront à s'en prendre elles, c'est toi leur cible, mais on n'est jamais trop prudent, si ça peut te rassurer je peux m'en charger.

Si Tyler n'avait aucune idée de la manière dont Imane allait réagir face à ses réserves ouvertement affichées envers Ethan Devaney, il fut soulagé de constater qu'elle ne s'en offusqua pas le moins du monde et que mieux encore, elle se rangeait de son avis. Non pas, parce qu'elle n'avait pas confiance en son ancien amant avec lequel elle avait entretenu une amitié qui tendait à prouver qu'il était très difficile pour ne pas dire impossible de rompre définitivement tout contact avec cette femme exceptionnelle qui se trouvait à ses côtés dès lors qu'elle était entrée dans votre vie, mais bien parce qu'elle s'en remettait aveuglément à lui, un peu de la même manière qu'il avait de s'en remettre lui-même à Elijah. Passant son bras autour de ses épaules, il l'attira doucement contre lui pour la serrer dans ses bras et lui offrir sa présence rassurante. Le coeur de la jeune femme sembla s'alléger lorsqu'elle parvint à lui arracher la promesse d'être prudent et de faire attention à lui. Pour elle, il ferait n'importe quoi... excepté lorsqu'elle chercha à obtenir plus de renseignements concernant les pro-moldus. C'était une requête déraisonnable à laquelle, pour son propre bien et sa propre sécurité, il ne pouvait accéder. Il s'était donc contenté de lui apporter une réponse sincère qui ne répondait pas vraiment à ses attentes mais qui, à sa grande surprise sembla la satisfaire puisqu'il sentit sa main se poser sur la sienne avec délicatesse. La douceur avec laquelle elle avait plongé ses yeux dans les siens au moment où elle le remercia était si profond, et si intense qu'elle l'étreignit en plein coeur. Et lorsqu'elle lui rappela que la réciproque était pareille, il acquiesça timidement d'un signe de tête

- Je sais, lui confirma-t-il dans murmure à peine audible mais suffisamment toutefois pour qu'elle puisse l'entendre

Un petit sourire contrit se dessina sur ses lèvres en l'entendant chanter ses louanges et ses qualités professionnels. Il reconnaissait volontiers venir toujours à bout de ses missions, mais de là à prétendre qu'il était le meilleur c'était un pas qu'il n'avait pas l'intention de franchir. Il n'avait aucun mérite à faire ce qu'il faisait, il avait grandit dans ce milieu et il avait l'habitude de ne pas avoir la vie facile, ce qui lui donnait un certain avantage, mais il n'avait aucun mérite à cela. Il préféra cependant ne pas partager ses pensées afin de ne pas doucher son enthousiasme. Il voulait qu'elle continue de se sentir rassurée et si pour cela il devait la laisser le complimenter il n'était pas dans ses intentions de la contredire.

Malgré tous ces événements tragique, la vie continuait, et Aïda, la fille qu'Imane avait eut, en était la parfaite incarnation. Elle était une de ces vies parmi d'autres, si précieuse, si jeune, et si innocente, qu'il fallait préserver de la folie des hommes et de leur aveuglement destructeur. Il ne pouvait quitter Imane du regard qui paraissait littéralement transcendé à la simple évocation de sa fille. A la manière qu'elle avait de  parler d'elle, on pouvait ressentir tout l'amour qu'elle lui portait, et Tyler se sentit sourire. Il découvrait une nouvelle facette de la piquante brune qui lui plaisait, le touchait et qui était très loin de le laisser indifférent. Il posa un regard profond sur elle lorsqu'elle lui confia combien elle culpabilisait d'être parfois éloignée d'elle en raison des plateaux de tournage qui l'emmenait un peu partout à travers le pays et de ses obligations professionnelles. Pour une raison qu'il ne parvenait pas à comprendre Imane avait parfois la sensation que cela faisait d'elle une mauvaise mère alors qu'il n'y avait rien de plus faux, elle l'aimait de tout son coeur et cela se voyait. Une mauvaise mère n'aurait pas ce genre d'inquiétude.

- Elle le sait. Ça se voit qu'elle est tout pour toi, et autant d'amour crois-moi un enfant le ressent. J'ai aucun doute sur le fait que tu sois une mère formidable. Malgré toutes tes obligations on voit bien que ta fille reste ta seule priorité et s'est tout ce qui importe. Et puis, tu es une femme moderne, qui travaille et qui élève seule sa fille, alors te tracasses pas, la rassura-t-il en l'attirant vers lui pour poser un baiser sur son front

Imane ne fit aucune référence concernant le père de son enfant et Tyler décida de respecter son silence à ce sujet, après tout cela ne le concernait en rien, et puis cela correspondait tellement bien à Imane, à sa soif de vivre, à son indépendance, de faire un bébé toute seule. La jeune femme n'était pas la première mère célibataire de ce monde et ne serait surement pas la dernière, l'essentiel étant qu'elle soit parvenue à trouver un certain équilibre dans leurs vies. Certains hommes n'étaient pas fait pour être père de toute manière et mieux valait pour Imane et sa fille d'être seules que mal accompagnées, et à ce qu'il pouvait en juger cette gamine ne manquait pas d'amour c'était tout ce qui comptait. Se couchant à nouveau sur lui, la jeune femme lui montra son portable duquel se mit à défiler de nombreuses photos qui avaient toutes pour sujet une espiègle petite fille au sourire angélique. Courant dans l'herbe les pieds nus, jouant avec un cerceau ou à la dinette avec ses poupées, l'enfant respirait la joie de vivre. Sur une photo on la voyait dans ce qui s'avérait probablement être la piscine privée de sa maison avec des brassards gonflables, accrochée à sa maman comme si elle n'était pas très rassurée de ce retrouver dans l'eau ce qui le fit rire, mais celle qu'il préféra de toutes celles qu'elle lui faisait découvrir, était celle où Aïda était assise sur les genoux de sa maman soufflant sur une fleur de pissenlit sous le regard émerveillé et éclatant d'Imane qui battait des mains devant l'exploit de sa fille... Ces clichés avaient figé dans le temps des instants de bonheur insouciants et précieux entre une mère et sa fille. Des moments merveilleux qui méritaient d'être préservés. Ce qu'il avait préféré par-dessus tout durant ce moment qu'ils venaient de partager, ce dont il ne se lassait pas, c'était de la voir s'extasier sur chacune des photos qu'elle lui faisait découvrir en lui racontant les anecdotes qui les accompagnaient. Au bout d'un moment ce n'était même plus les photos qui fixait son attention mais le visage resplendissant de cette femme étonnante qui le troublait malgré elle et dont il fut tiré de sa contemplation en s'esclaffant joyeusement après qu'elle du reconnettre qu'il avait raison, et qu'elle allait avoir beaucoup de problèmes plus tard.

- Bien sur qu'est-ce que tu crois, j'ai toujours raison. C'est toi en miniature ! Quoique je suis sur qu'elle est beaucoup plus sage que sa maman, la charia-t-il avant de reprendre son sérieux. Vous êtes magnifiques toutes les deux... Ça se voit sur ces photos, ta fille respire la joie de vivre, elle est heureuse et c'est normal elle a une maman formidable, fit-il en l'embrassant sur le front, tu peux être fière de toi.

Tyler ignorait ce que les pro-moldus réservaient à la jeune femme qui était devenue le porte étendard de la paix entre sorciers et non-sorciers, mais il était hors de question qu'il les laisse toucher ne serait-ce qu'à un seul de ses cheveux, à elle ou à sa fille, c'est pourquoi il lui proposa d'envoyer quelqu'un en plus pour assurer sa protection, un homme de confiance. Il pensait à Rick Wahl un ancien soldat qui était devenu garde du corps et qu'il appréciait. Il savait que s'il le lui demandait, il ne lui refuserait pas ce service. Son regard ce fit plus intense lorsqu'elle lui confia être prête à se sacrifier sans la moindre hésitation si cela pouvait permettre à sa fille d'avoir la vie sauve.

- Tu ne dois pas penser comme ça. Ta fille a besoin de sa mère, il n’y a pas de choix à faire entre l’une ou l’autre. Tu dois rester en vie, pour elle

Posant une main protectrice sur son bras, il se mit à caresser la jeune femme de son pouce dans un doux va-et-vient. Elle lui était terriblement précieuse, il voulait la protéger, elle mais aussi sa fille. Il leva sa bière pour la porter à ses lèvres mais suspendit son geste lorsqu'elle lui demanda s'il y avait quelqu'un dans sa vie. Il posa son regard sur elle, hésitant durant un court instant à lui répondre.
Il avait le choix entre lui répondre qu’il n’y avait personne et en rester là, où lui parler de Beth. Il était tenté de choisir la première solution parce qu’il n’était pas certain de ne pas craquer s’il en venait à évoquer sa défunte épouse, mais une part de lui savait qu'il devait lui dire. Il réalisait qu'il ne pouvait garder ça plus longtemps. Il posa sa bière à coté de lui, dans l'herbe, puis glissa sa main légèrement tremblante dans la poche intérieure de sa veste. Il en sorti à son tour une photo qu’il ne lui montra pas immédiatement. Sur ce cliché, un peu écorné on pouvait le voir debout, riant aux éclats, enlaçant une jeune femme blonde blottit contre lui et visiblement aux anges de se trouver dans ses bras. Son pouce effleura ce visage souriant qui ne sourirait plus jamais... Ses lèves commencèrent à trembler et il sentit les larmes lui monter à nouveau aux yeux devant le cliché de ce bonheur passé qui n'était plus. Pour ne pas pleurer il se débarrassa de la photo en la tendant à Imane sans oser la regarder.

- Ma femme, lui apprit-il en portant nerveusement une cigarette à ses lèvres.

Anxieux, il du s’y prendre à trois reprises pour parvenir à l’allumer avant de pouvoir enfin inspirer un bonne bouffée libératrice de nicotine qui lui permit de ravaler sa douleur. Recrachant la fumée, toujours incapable de la regarder, il entreprit de lui parler d'elle

- Elle s'appelle Beth. On s’est rencontré au Mexique… J’avais pour mission d'infiltrer des mercenaires qui exterminaient tous les sorciers qui avaient le malheur de croiser leurs routes sans distinction aucune uniquement parce qu'ils avaient des pouvoirs. Beth était infirmière et en plus de les soigner, elle aidait les sorciers à passer la frontière et à échapper à ces tueurs. Elle était forte et courageuse… elle le savait pas, mais elle l’était, fit-il en en glissant un coup d’œil sur la photo qu'Imane tenait toujours entre ses mains.

Il se sentait être à l'agonie en l'évoquant alors qu’une larme indisciplinée se mit à couler sur sa joue rapidement suivi d’une deuxième qu’il essuya aussitôt d'un revers de main.

- C’était juste un rêve. Elle est partie… il y a trois mois

Partie… Il était incapable de dire qu’elle était morte et pourtant c’était le terme exact. Elle avait perdu la vie en cherchant à le protéger. Elle avait été tué alors qu’elle n’aurait jamais dû mourir, tout ça par sa faute... La douleur qu’il ressenti au plus profond de lui fut tellement dense qu’il tenta de faire quelques respirations pour essayer de se reprendre et de ne pas craquer mais la douleur encore vive et le tourment que lui imposait ces souvenirs rejaillirent de manière implacable. Incapable de se contrôler davantage, il baissa la tête alors que de nouvelles larmes coulaient sur son visage

- Si j’avais pas baissé ma garde, si j’avais été plus vigilent, tout ça s'rait pas arrivé… explosa-t-il furieux contre lui-même en repoussant d'un geste rageur toute tentative d'Imane de s'approcher avant de finir par sangloter, les mains devant son visage honteux. Elle est morte… sous mes yeux... et j’ai rien pu faire

Elle lui manquait, sa disparition avait laissé un très grand vide, mais c’était la première fois qu’il arrivait à en parler ouvertement, à se confier à quelqu'un, et c'était à la seule présence d'Imane qu'il devait d'être parvenu à tel exploit. Sa douceur, sa chaleur, et ce lien si particulier qui les unissait y était pour beaucoup. Avec elle, pour la première fois en dehors d'Elijah, il s’autorisait à dévoiler ses faiblesses, parce qu'il avait confiance en elle mais surtout parce qu'elle comptait bien plus qu’elle ne le pensait.

En prison, on l'avait forcé à voir une thérapeute qui lui avait expliqué qu’il y avait 5 étapes dans le deuil.
Tout d’abord, il y avait le choc. Lorsqu’il le coup de feu avait retentit et qu'il avait vu tout ce sang jaillir de sa tête pour teinter de vermeille ses magnifiques cheveux blonds et qu'il avait vu son corps s'affaisser lentement, comme au ralentit, il n’avait été dans l'incapacité de réaliser ce qui était entrain de se passer. Ensuite, presque immédiatement, était venu la colère. Il avait réagi instinctivement et sans réfléchir, il avait sorti son arme et pressé sur la détente. Le coup qui avait été fatale à sa femme était parti par accident, il le savait à présent, la femme flic n'avait pas intentionnellement tiré sur Beth, et sa réaction, la stupéfaction et l'horreur qui s'était peint sur son visage en réalisant ce qu'elle venait de faire était des plus parlante mais Tyler s'en moquait. Tout ce qu'il savait, tout ce qu'il avait retenu, c'est qu'elle venait de tirer sur sa femme et sa réaction fut aussi immédiate qu'implacable. Il l'avait abattu froidement, indifférent à tout ce qui se passait autour de lui. Aux cris terrifiés des personnes présentes qui s'enfuyaient à toutes jambes, à ces policiers qui entraient prudemment en le mettant en jout et en lui ordonnant de baisser son arme...  tout ce qu’il voyait c’était le corps de Beth, baignant dans son sang… Il s'était laissé tomber à genoux à ses côtés et l'avait serré précieusement contre lui. Il n'avait pas réellement compris ce qu'était la troisième étape dites du marchandage et à vrai dire s'en fichait complétement, ce n'était que du baratin de toubib après tout. Puis vint la quatrième étape : la dépression. Une dépression dont il avait à peine conscience et dont il se moquait éperdument comme tout ce qui le concernait. Il se fichait autant de savoir qu'il allait être condamné à 30 ans de  prison, que de pouvoir y échapper grâce aux appuis de Jewel de Silva,... il n'avait plus goût à rien puisque plus rien n’avait d’importance. Il avait cependant réalisé en parlant avec la politicienne, qu'il pouvait continuer à se complaire dans sa douleur ou au contraire recommencer à vivre et à faire en sorte que la vie de Beth n'avait pas été sacrifiée en vain, et c'est pour cette seule et unique raison, qu'il avait accepté sa proposition et repris les infiltrations.

Aujourd'hui, il avait la sensation d'avancer en direction de la 5ème et dernière étape : l'acceptation. Pour la première fois, il avait l’impression d’accepter sa disparition. Pour la première fois il en parlait avec quelqu'un, pour la première fois il acceptait sa mort, pour la première fois, il laissait quelqu’un prendre soin de lui. Agrippé fermement aux bras d'Imane, il se laissa aller à sa peine et à sa tristesse. Il savait qu’il ne devrait pas, qu’elle n’avait pas à subir ça et il s'en voulait de lui infliger ça, pourtant paradoxalement, il avait pleinement conscience d'avoir besoin d'elle et il était heureux de sa présence à ces côtés en cet instant.

Combien de temps resta-t-il ainsi, blottit dans ses bras, à pleurer ? Il n'en savait rien et cela n'avait aucune espèce d'importance. Dans ce silence apaisant qui les entourait, fatigué émotionnellement, il finit par se calmer et tous deux restèrent ainsi silencieux. Jusqu'à présent, le seul moyen qu'il avait trouvé pour échapper et ces émotions lorsqu'elles devenaient trop pénibles pour être supportable étaient de se faire du mal, comme il l'avait fait un peu plus tôt en se brûlant avec une cigarette. Cela avait un effet calmant presque immédiat. Il réalisait à présent que ce mécanisme d'évitement n'apaisait en rien sa douleur alors qu'avoir été contraint de la tolérer en s'ouvrant à Imane lui avait procuré un certain réconfort
Appréciant le contact de ses doigts longs et fins qui lui caressait les cheveux ce fut finalement lui qui rompit le silence, dès qu'il s'en sentit prêt. Il mit à lui parler de Beth, de leur rencontre et de leur rapport chaotique au début. Ce petit bout de femme n'avait jamais eu peur de rester à ses côtés lorsqu'il se mettait en colère, ou de s'opposer à lui en lui disant clairement sa façon de penser... Pour la première fois depuis la mort de Beth, il s’autorisa un sourire en songeant à elle. Un de ses souvenirs lui apportait non plus un chagrin à en crever mais du réconfort. Quittant finalement la chaleur de ses bras, il s'assit à coté d'elle et s'alluma une nouvelle cigarette qu'il fuma d'abord en silence avant de reprendre la parole.

- Quand tout ça sera fini, que les pro-moldus seront définitivement neutralisés, j'arrêterais les infiltrations. Je sais pas encore ce que je ferais, peut-être que je resterais dans la police, peut-être pas, fit-il en regardant sa plaque, ce que je sais par contre, c'est que je ne veux plus de cette vie de mensonge, lui confia-t-il. Regarde'moi, j'suis vraiment pitoyable, fit-il en refermant sa plaque et balançant le mégot de sa cigarette devant lui sans oser la regarder. Suis désolé, c'était pas du tout la soirée que j'avais prévu de t'offrir....

  L'amour que portait Imane a sa fille était entier. Elle avait raison la mère parfaite n'existait pas mais de ce qu'il en savait il pouvait dire sans hésiter qu'Imane s'en rapprochait. Il y avait tant de fierté et d'amour qui se dégageait d'elle à chaque fois qu'elle l'évoquait... Sa mère à lui ne s'était jamais comporté de la sorte avec son frère et lui. De ses souvenirs, elle quittait rarement leur appartement miteux sauf si c'était pour rafraichir sa permanente ou sa couleur. Sa sempiternelle cigarette aux lèvres, elle passait ses journées à boire dès le réveil, à se maquiller comme un camion, et à se lamenter de journée en journée sur existence que lui et son frèrelui pourrissait. Elle recevait beaucoup d'hommes à la maison qu'ils devaient appeler « oncles » et qui venaient toujours lorsque leur père était sur les chantiers où qu'il cuvait dans un bar. Certains d'entre eux étaient très gentils et leur offraient de quoi partir s'acheter des friandises
Lorsqu'elle prenait un soin particulier à se pouponner devant sa coiffeuse en oubliant complétement jusqu'à leur existence, Tyler avait fini par comprendre qu'ils allaient avoir de la visite. Lorsqu'elle se retournait de sa coiffeuse et réalisait qu'ils étaient là, son sourire disparaissait et elle prenait un air irrité avant de leur demander de sortir jouer dehors et de ne revenir que lorsque son invité serait parti. Parfois par temps de pluie, elle n'avait d'autre choix que de les garder dans l'appartement alors Bradley avait pour ordre de s'occuper de lui et ne sortir de la chambre sous aucun prétexte. Tyler détestait quand ça se passait ainsi parce que non seulement les murs étaient tellement fin qu'ils entendaient absolument tout ce qui se passait dans la pièce d'à côté et ce, même s'ils tentaient de se concentrer sur leur jeu sans faire trop de bruit bien sur, mais surtout la hantise de devoir rester bloqué dans cette chambre lui donnait constamment l'envie d'en sortir pour soulager sa vessie ce qu'il ne pouvait jamais aller faire puisque cela signifiait franchir un interdit. Et s'il redoutait moins les colères de Darlenne que celle de son père, ce n'était pas pour autant qu'il ne les craignait pas. Alors, Brad avait trouvé une solution de replit, et c'est ainsi qu'il se soulagea en pissant par la fenêtre de leur chambre, s’en était même devenu rapidement un jeu de toucher les passants qui passaient sous leur fenêtre, qu’ils aient ou non un parapluie, du moins jusqu’à ce que leur acariâtre voisine ne les dénonce. C’était stupide, très con même, comme la plupart des choses que lui et son frère avaient partagé. Après ça, qu'il pleuve un déluge ou qu'il fasse un soleil de plomb, Brad et lui avaient fini par opter pour la liberté d'aller où bon leur semblait à celle de rester coincé entre ces murs qu'ils détestaient tant. Il n'avait que 6 ans et Brad 11 mais ils étaient livrés à eux-mêmes pour leur plus grand bonheur. C'est ainsi que leurs petite bande commença à se former avec d'autres gosses de quartier qui pour certains se trouvaient dans la même situation qu'eux, voir même pire.

Pas une fois, leur mère n’avait eu se sourire qui illuminait le visage d’Imane lorsqu’elle évoquait sa fille et qui lui allait si bien. La maternité l’avait beaucoup changé elle était beaucoup plus belle et épanouie. Déjà lorsqu’il l’avait rencontré, Imane était une femme ouverte qui avait beaucoup d’amour à donner mais ce n’était en rien comparable avec ce que la maternité lui avait offert. Elle qui s’était fait des plans de carrière, qui voyageait toujours régulièrement, qui avait de nombreux projets à concrétiser et de rencontre faire,… A l’écouter parler, Imane n’aurait jamais eu assez d’une vie pour voir tous ses rêves et ses projets aboutir mais désormais et bien que sa carrière comptait toujours pour elle, ses priorités étaient désormais ailleurs. La maternité l’avait transformé et il savait que pour rien au monde, elle ne reviendrait en arrière et ce, même lorsque son petit ange lui ferait cette fameuse crise d’adolescence qu’elle redoutait déjà par avance ce qui le fit doucement se marrer. Si Aïda tenait de sa mère, ce dont il ne doutait pas un seul instant, Imane risquait effectivement de s’amuser.

- Profites de l’instant présent, tu auras tout le temps de t’inquiéter par la suite. Si ça peut te rassurer dis-toi qu'elle pourra jamais faire pire que nous deux réunis

Malgré les menaces sérieuses dont elle faisait l’objet et qui planaient constamment sur elle, Imane ne laissait pas ses propres peurs ou inquiétudes se répercuter sur son enfant. Rien ne pourrait entraver son bonheur et son équilibre car Imane veillait au grain.
Tyler connaissait suffisamment Imane pour savoir que son silence éloquent, signifiait qu'elle ne partageait pas son point de vu lorsqu’il lui avait dit qu’elle n’avait pas à se sacrifier. Il pensait ce qu’il disait, Aïda était à un âge où elle avait encore terriblement besoin de sa maman et ce n’était que le début. Seule une mère pouvait accompagner et préparer sa fille à l’apprentissage de la vie. Bien sur, il comprenait que pour Imane il n’y avait même pas à en parler qu’entre choisir la vie de sa fille et la sienne le choix s’imposait de lui-même, mais c’était quelque chose qu’il ne pouvait concevoir. Il ne permettrait pas que des malades brisent leur bonheur et les séparent. Il venait tout juste de perdre quelqu’un qui lui était cher il ne pouvait concevoir d’en perdre une seconde ou d’imposer cette douleur à une enfant innocente, c’est pourquoi il savait qu’il mettrait absolument tout en œuvre pour les protéger toutes les deux. Il avait été incapable de protéger sa propre femme mais il s’était fait la promesse que ça ne se reproduirait plus.

Beth

C’était la première fois qu’il parlait d’elle à quelqu’un qui ne la connaissait pas. Lorsqu’il retira la photo qui les avaient immortalisé tous les deux, de l’intérieur de sa veste en cuir, il sut pourquoi il ne parlait jamais d'elle. C’était beaucoup trop difficile de mettre des mots sur ce qui s’était arrivé sans craquer, de parler d’elle au passé, de laisser s’exprimer sa peine et sa douleur devant quelqu’un. Il avait essayé de maitriser ses émotions et de ne pas se laisser submerger par ces dernières mais c’était un vœu vain, il était le premier à en avoir conscience. Fuir son regard lui permettait de ne pas voir se refléter dans ses magnifiques prunelles sa propre peine et de garder une certaine contenance, qu’en réalité, il n’avait déjà plus. Lorsqu’il sentit sa main se poser sur la sienne en guise de soutient et de réconfort, que le son bouleversé de sa voix lui murmura combien elle était désolée pour lui, il sentit se briser les dernières parois de sa volonté.
Dans un mouvement rageur il l’avait repoussé et  s’en était voulu aussitôt qu’il réalisa ce que son esprit embrumé et chaotique venait de faire. Ce geste, cette colère, à aucun moment elle n’avait été dirigée contre elle, mais contre lui-même et son incapacité à avoir protégé sa femme. Loin de lui en vouloir et de partir en l’abandonnant comme il l’aurait mérité, Imane resta là, à ses côtés, prête à le soutenir si tôt qu’il ferait le moindre geste abondant en ce sens, ce qui ne tarda guère. Aussitôt les bras réconfortant d’Imane l’entourèrent avec chaleur en le berçant tendrement jusqu’à ce qu’il se calme, allant même jusqu’à pleurer avec lui, tout en caressant ses cheveux et en déposant de temps à autres de tendres baisers sur le haut de sa tête.

Il avait rapidement perdu la notion de temps tout ce qu’il savait c’est qu’il resta ainsi durant un long moment blottit dans ses bras protecteurs, s’autorisant enfin à pleurer l’être aimé et a trouvé du réconfort auprès d’un être cher et unique. Ses sanglots furent durant un temps les seuls bruits qui se mirent à résonner dans ces bois calme et silencieux puis lorsqu’il parvint à se calmer, se fut autour de sa voix de briser le silence environnant. D’une voix enraillée, mal assurée, il lui parla d’elle, de leur rencontre, et il réalisa alors que partager ses souvenirs lui faisait du bien. Pas un instant Imane ne desserra son étreinte, quand bien même ne se serait-il pas agrippé à elle avec le même désespoir qu’un naufragé, il savait qu’elle ne l’aurait lâché à aucun moment.

Lorsque l’émotion lui nouait la gorge, qu’il avait du mal à poursuivre et qu’il s’enfermait à nouveau dans le silence, c’était Imane qui prenait la parole et qui ponctuait son récit de petits commentaires dans lesquels il trouva énormément de réconfort. Imane avait raison, Beth était une femme unique dont le souvenir vivrait à jamais dans la mémoire de tous ceux qui avaient eu la chance de la connaitre. Ses paroles trouvèrent sans aucune peine le chemin de son cœur meurtri, parvenant à le bercer et l’envelopper avec chaleur tout en apaisant ses tourments. Ainsi blottit dans ses bras, il se sentait bien et aurait souhaité ne jamais en partir, pourtant, avec douceur, il se retira de son étreinte et plongea avec reconnaissance son regard dans le sien. Après s’être accroché à sa douleur, Imane l’avait aidé à se laisser aller et à s’en libérer


Il resta là pendant un instant silencieux et gauche, avant de ressentir le besoin de fumer un peu pour se rasséréner complètement. Il eut à peine le temps de savourer l’odeur du tabac que mutine, la jeune femme le lui ôta de la bouche pour en profiter avant lui, ce qui lui valut un regard de faux méchant en guise de représailles qui eut pour seul effet de faire rire la belle et de le faire sourire à son tour. Puisqu’ils en étaient aux confidences, Tyler expira un nuage de fumé avant de lui révéler ce qu’il avait déjà dit à Elijah, ce besoin qu’il avait de cesser les infiltrations qui l’empêchaient de mener une vie normale. Tyler aimait ce qu’il faisait, et il se savait fait pour ça. Ne pas avoir eu la vie facile durant son enfance lui avait permis d’acquérir de nombreux atouts nécessaire à ce genre de mission mais il avait aussi pleinement conscience que ce boulot lui bouffait sa vie. Il avait réalisé, après avoir épousé Beth, que cette vie n’était pas compatible avec une vie de famille, et s’il avait demandé une autre affectation dans un autre service, elle ne serait peut-être pas morte aujourd’hui. Bien sur changer de vie l’angoissait, il n’était pas certain de réussir à s’adapter à une vie normale mais dans le fond tout ceci n’était peut-être que des excuses pour ne pas avouer à Bradley qui il était vraiment. Il ne savait pas du tout comment son frère réagirait s’il venait à découvrir la vérité, lui qui détestait la volaille et qui lui avait toujours fait confiance… Il se sentirait probablement trahit et lui en voudrait forcément. Pour Imane les choses étaient claires s’il ne voulait plus de cette vie alors il devait arrêter sans même hésiter.
Elle avait raison, la vie était trop courte et pouvait vous être arraché à tout moment. Il avait fait son temps dans les infiltrations aujourd’hui il aspirait à autre chose. Il ne voulait pas que l’on se souvienne de lui comme le fils de son père, il avait beau prétendre qu’il se fichait de l’opinion que les gens pouvaient avoir de lui, dans le fond il savait que c’était faux et qu’il aspirait à un peu de respectabilité. Elle le tira de ses pensées en lui posant une question qui le pris au dépourvu.

« Qu'est-ce que Tyler Lennox aime dans la vie ? »

Tyler plongea son regard bleu nuit dans celui si envoutant de la jeune femme. Qu'est-ce qu'il aimait ? Il n'en savait fichtre rien, il ne s'était jamais réellement posé la question. Il aimait des choses sans importance : l'alcool, les clopes, les motos, la bonne compagnie, et s'il voulait être honnête avec lui-même, l’action et l’adrénaline que ses missions lui apportaient, mais tout cela était sans intérêt et il pouvait très bien s'en passer. Dans le fond, actuellement, la seule chose qui avait de l'importance et qu'il aimait réellement se trouvait là, sous ses yeux.
Bien sur, jamais il ne se serait permis de l'avouer tout haut, tout d'abord parce qu'il en aurait été clairement incapable. Ce n'était absolument pas dans sa nature de reconnaître aussi facilement ses sentiments et puis il y avait Beth. Il l'avait sincèrement aimé et il la pleurait encore. Il ne se sentait pas encore capable d'entamer une nouvelle histoire et à vrai dire, il n'y songeait même pas, mais il ne pouvait nier qu'il éprouvait toujours des sentiments très forts pour Imane...  Ensemble, ils avaient vécu une belle histoire qu'ils avaient été contraints d'interrompre à cause de facteurs extérieurs et des risques que leur relation leur faisait courir. Il s'était souvent demandé ce qui se serait passé s'ils avaient pu aller jusqu'au bout de leur histoire... Peut-être se serait-elle terminée malgré tout, ou peut-être pas, nul n'en saurait jamais rien... Ce qu'il en résultait au final, de cette rupture, était ce lien si fort qui les unissait aujourd'hui encore et qui lui paraissait inaltérable. Elle était la seule avec laquelle il ne portait pas le moindre masque, la seule qui connaissait aussi bien ses forces que ses faiblesses, la seule personne envers laquelle il se livrait sans réserve lui qui ne se confiait jamais. Elle était la seule.

- Tu le sais. Lui répondit-il en la fixant intensément.

Son regard était tellement profond, tellement sincère qu'il n'avait absolument pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne. Troublé par ce qu’il venait d’avouer dans un sous-entendu des plus explicites et par cet échange de regards qu’ils venaient d’avoir, Tyler se sentit incertain, gêné et fébrile. Jetant le mégot de sa cigarette droit devant lui tout en se maudissant pour le portrait pathétique qu'il devait afficher, il sentit la douceur de sa main se poser sur sa joue, l’obligeant par ce simple geste à lever ses yeux sur elle. Elle avait raison, il ne voyait absolument pas en quoi il pouvait bien être exceptionnel. Son jugement ne pouvait être qu'altéré par les sentiments qu'elle lui portait et ce moment d'émotion qu'ils venaient de partager ensemble mais la réalité était toute autre que celle que venait d'énoncer. Comme si elle avait pu lire dans ses pensées, elle lui confia qu'elle n'avait aucune intention de l'en convaincre en lui listant ses prétendues qualités, par contre, elle paraissait persuadée d’y parvenir en une phrase. Cette fois, une étincelle de curiosité passa dans son regard qui était resté jusque-là vide et impassible et force fut de constater qu’elle avait raison. La pertinence de son raisonnement l’avait terrassé avant même qu’il ne puisse la contredire car face à une telle évidence, il n'y avait strictement rien à redire à ce sujet. Confierait-elle vraiment sa vie à un homme pitoyable ?

- Non, admit-il avant de lever un regard interdit sur elle alors qu’elle lui disait combien elle croyait en lui.

Elle n’en n’avait pas conscience mais pour quelqu’un comme lui, qui avait une si mauvaise estime de lui-même, ces 4 petits mots avaient une consonance toute particulière. Pendant presque 16 ans, la maltraitance dont il avait été la victime n’avait pas été que physique mais aussi et beaucoup morale. Pendant longtemps, il avait pensé qu’il méritait ce qui lui arrivait et encore aujourd’hui il avait du mal à se détacher de ce sentiment de culpabilité et de honte. Dès lors qu’il s’agissait du domaine de l’affectif Tyler perdait toute confiance en lui et s’auto-dévaluait presque systématiquement. C’est pourquoi, entendre ce genre de parole d’une personne qu'il aimait et dont l’opinion avait une réelle importance à ses yeux le touchait autant.

- Tu vas peut-être devoir me le rappeler de temps en temps.

Un semblant de sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il la fixait à nouveau. Par cette simple phrase et le regard appuyé qu'il lui adressait, il lui faisait comprendre qu'il comptait bien la revoir régulièrement sans avoir à attendre 4 ou 5 longues années
Acceptant d'un signe de tête la nouvelle bière qu'elle lui tendait, il s'en empara et un but une nouvelle gorgée alors qu'Imane lui rappelait qu'ils s'étaient promis de ne pas porter de masque et que malgré ce qu'il en pensait, elle était heureuse de cette soirée. S'ils n'avaient pas été en pleine nuit, elle aurait surement vu de légères rougeurs s'emparer de ses joues alors qu'elle lui confiait combien il lui avait manqué et combien elle se sentait à l'aise avec lui. Baissant en premier lieu le regard il releva finalement ses yeux sur elle avant de lui répondre

- Pareil, lui répondit-il

S'ouvrir à elle, lui parler de Beth, lui avait permis de se soulager enfin de sa peine et de sa tristesse qui le rongeait de l'intérieur et le détruisait à petit feu sans même qu'il n'en n'ai réellement conscience. Bien sur, Beth lui manquait, et la tristesse qui l'habitait à chaque fois qu'il pensait à elle ne disparaitrait probablement jamais complétement mais pour la première fois depuis sa disparition, il avait la sensation de se restructurer et de commencer enfin à accepter sa mort aussi injuste et cruelle était-elle, et c'était à Imane qu'il le devait.

- Je sais, reconnu-t-il alors qu'elle lui assurait qu'elle serait toujours là pour lui.

Ce soir encore elle le lui avait prouvé. Alors qu'elle aurait pu s'enfuir, partir et le planter là, elle n'en n'avait rien fait, bien au contraire, elle était restée à ses cotés, elle l'avait aidé à se livrer et à se confier, elle avait pleuré avec lui, avait été d'un soutient inébranlable pour lui. Sans elle, il avait l'impression qu'il aurait fini par sombrer sans être certain de parvenir à se relever

- Et tu sais que c'est pareil pour moi, je s'rais toujours là pour toi, lui assura-t-il en pensant chacun de ces mots. Tu es une femme exceptionnelle, lui dit-il en caressant sa joue du bout des doigts dans un doux effleurement. J'espère que tu en as conscience. Merci, souffla-t-il du fond du coeur, sincèrement reconnaissant pour tout ce qu'elle avait fait pour lui ce soir.

Son sourire s'élargit en l'entendant lui rappeler les règles de la soirée avant de tourner un regard intrigué sur elle en l'entendant lui dire qu'il n'avait pas le choix. Portant le goulot de sa bière à sa bouche, il l'écouta intrigué par cette nouvelle menace, avant de recracher ce qu'il venait d'ingurgiter en entendant les risques qu'il encourrait s'il se décidait à désobéir et à ne pas jouer le jeu

- Tu lâches jamais l'morceau toi ! Fit-il en s'essuyant la bouche du revers de sa main une lueur d'amusement traversant son regard, hésitant de savoir si elle était sérieuse ou si elle plaisantait.

Imane, lui et la danse... c'était devenu un sujet très délicat depuis qu'il avait eut le malheur de se trémousser devant elle avec toute la grâce d'un éléphant que le plouc qu'il était possédait. D'ordinaire, Tyler ne dansait jamais ou exceptionnellement lorsqu'il était déjà légèrement torché ce qui en général était le prémisse des conneries à venir et ce jour-là c'était la plus grosse connerie qui lui avait été donné de faire.

- Tu t'en souviens encore ? Fit-il amusé tout en buvant une gorgée, à la fois content qu'elle s'en souvienne mais le regrettant presque tout autant

Le ridicule n'avait jamais tué personne, alors il se fichait un peu de bouger comme un ringard, du moins jusqu'à ce qu'il découvre les talents de danseuse d'Imane et que sa dignité n'en prenne un coup. Danser comme un plouc parmi d'autres ploucs n'avait rien de dérangeant mais découvrir que sa copine outre le fait d'être incroyablement belle, dansait comme une véritable déesse c'était une autre histoire. Dès lors, il avait refusé de se laisser porter par le rythme de la moindre musique... beurré ou non. Bien sur Imane lui avait proposé de lui apprendre quelques pas de danse ce qu'il avait bien évidemment refusé. Il n'avait jamais été dans es intentions de se reconvertir en danseur et c'était surement pas aujourd'hui que ça allait commencer

- Tss, j'tai déjà dit, le ridicule ça se paye. Si tu veux me voir danser, il faudra payer et je suis trop cher pour toi chérie, décréta-t-il en s'allongeant sur la couverture pour fixer le ciel nocturne qui s'étendait au-dessus d'eux et dans lequel quelques étoiles essayaient de percer.

Revenant sur ses projets futurs, Tyler tourna la tête dans sa direction tout en la regardant le dévaliser de son paquet de cigarette ce qui lui tira un petit sourire en coin. Résister à la tentation concernant ce genre de bonnes résolutions était très souvent voué à l'échec, surtout en présence de quelqu'un qui ne se privait pas. Puis, il reprit son sérieux en tournant à nouveau son regard vers le ciel tout en invitant Imane à s'allonger à coté de lui

- Tout d'abord, dans un futur proche, je compte bien faire tomber tous les pro-moldus. Pas un seul ne doit s'en sortir, après ça... je prendrais deux semaines de vacances bien méritées, décréta-t-il.

Deux semaines serait le temps nécessaire qui lui faudrait pour savoir s'il demanderait une mutation dans un autre service de police ou s'il demanderait une reconversion. Deux semaines pour savoir s'il s'estimait toujours digne de porter cette plaque... ou pas.

- Un endroit à me conseiller ? Lui demanda-t-il en se tournant vers elle. D'ailleurs tu as prévu quoi toi, pour ses prochaines semaines dans ton agenda surbooké ? Lui demanda-t-il alors qu'elle tentait de lui coller la cigarette qu'elle s'était allumée au préalable entre ses lèvres. Tu sais qu'ça ne m'empêchera pas de parler hein  ?!! Voulut-il s'assurer avant qu'ils n'en rient tous les deux

Parler de leurs projets communs, c'était un peu comme conjurer le mauvais sort, croire en l'avenir. Ils étaient bien ainsi, allongés dans l'herbe, dans les bras l'un de l'autre à parler de tout et n'importe quoi, mais aussi d'Aïda dont il avait voulu savoir si le prénom avait une signification particulière, à boire, à fumer et même à rire en attendant que le soleil ne daigne se lever, ce qu'il ferait déjà bien assez tôt

- Tu veux que j't'apprenne à conduire une moto ? Lui proposa-t-il. La moto avec laquelle on est venu est justement adapté au débutant c'est une off, elles sont faites pour courir sur l'herbe et les collines c'est pour ça qu'elles ont beaucoup plus de stabilité que les road. C'est pas compliqué tu sais, je n'aurais que 3 conseils à te donner : garder les bras souple, desserrer les freins et... éviter de rouler en direction du chalet, se moqua-t-il. Tu t'en sens capable ?

  Il s'était passé quelque chose de fort, quelque chose d'indescriptible au moment où leurs regards s'étaient croisés, quelque chose qu'il n'avait pas anticipé et qui l'avait totalement prit au dépourvu. En lui demandant de lui lister ce qu'il aimait faire, elle lui avait demandé de faire quelque chose de simple et qui n'aurait initialement pas du prêter à conséquence. Il avait commencé à y réfléchir sérieusement avant de réaliser presque aussitôt que peu importait qu'il puisse aimer les motos, fumer, l'adrénaline,... tout ça c'était du superficiel, cela n'avait aucune importance. Ce qui importait vraiment dans cette vie beaucoup trop courte c'était les personnes qui vous entouraient. Les gens qu'on aimait. Outre la promesse qu'il avait faite à Beth d'arrêter les infiltrations, il réalisait que ce travail qu'il était fier d'exercer et dont il ne reniait absolument rien, l'avait malgré tout privé de bien plus de choses qu'il ne l'avait soupçonné. D'une relation honnête avec son frère, de son amitié avec Elias, et surtout d'Imane à laquelle il avait été contraint de renoncer. Ils étaient si différents, absolument tout les opposait, jamais ils n'auraient du se rencontrer et encore moins s'aimer et pourtant alors que tout était contre eux, ils avaient vécu quelque chose d'unique, quelque chose à laquelle ils avaient du renoncer avant même d'avoir pu voir jusqu'où ils auraient pu aller.

"Tu le sais". Pourquoi lui avait-il dit ça ? Parce que c'était la seule chose à répondre. Qu'est-ce qu'il aimait dans la vie ? Certaines choses comme tout le monde, mais il pouvait se passer d'absolument chacune d'entre elles. Elles lui manqueraient bien sur, mais aucunes ne lui étaient indispensable pour vivre, par contre, il ne pouvait pas en dire autant des personnes à laquelle il tenait, et plus particulièrement de cette femme qui se trouvait face à lui. Une partie de lui s'en voulait et culpabilisait de penser ce genre de chose alors qu'il venait tout juste de perdre sa femme, mais c'était justement parce qu'il l'avait perdu qu'il réalisait combien la vie était précieuse. Si Beth lui avait bien appris quelque chose, c'était que la vie était bien  trop courte et qu'on pouvait vous arracher les personnes que vous aimiez avant même que vous ne le réalisiez.  Il avait renoncé à Imane il y a plusieurs années parce qu'à l'époque c'était la seule chose à faire, autant pour elle que pour lui qui n'était pas prêt à renoncer à son travail. Il ne regrettait en rien ce sacrifice, ça lui avait permis de sauver des vies au Mexique, cela lui avait permis de rencontrer Beth, et aujourd'hui il en était là, à infiltrer les Pro-Moldus pour pouvoir la protéger elle.

Pourquoi avait-il ressenti le besoin de la voir alors qu'il avait découvert qu'elle était ici, Santa Fe ? Pourquoi cette soirée lui paraissait exceptionnelle outre le fait qu'elle marquait leurs retrouvailles et avait été très forte en émotion ? Pourquoi ne pouvait-il détacher son regard d'elle ? Pourquoi recherchaient-ils toujours cette proximité ? Parce que c'était évident.
Comme si elle avait pu lire en lui, il avait la sensation qu'il pouvait lire dans son magnifique regard exactement la même chose que ses yeux à lui reflétait et ça le troubla. Il était conscient que s'il n'y avait pas eut le souvenir  de Beth, dont la mort était encore bien trop récente, il n'aurait pas hésité à s'emparer de ses lèvres. Gêner et confus, il s'en voulu d'avoir laisser parler son coeur et d'avoir de telles pensées alors qu'il était toujours en deuil. Il se sentait pathétique et pitoyable mais Imane ne le laissa pas en dire davantage et son coeur se réchauffa lorsqu'elle lui confirma qu'elle avait bien l'intention de le rappeler à l'ordre à chaque fois que ce serait nécessaire, ce qui sous-entendait qu'elle comptait bien le revoir et ne pas se contenter de cette seule soirée

Bien que leur histoire avait rapidement tourné court, ils avaient, aussi surprenant que cela puisse paraître, énormément de souvenirs en communs, il y avait beaucoup de moments de folies mais aussi beaucoup de tendresse. Dans l'une de ces folies, il y avait ce moment où ils avaient fait la fêtes et qu'Imane avait étalé ses talents de danseuses. Jamais il n'avait vu une femme bouger comme elle et s'il avait bel et bien été envouté il s'était senti également très ridicule d'avoir bougé aussi grossièrement devant elle. Depuis, elle avait essayé à plus d'une reprise de le convaincre de la laisser lui apprendre à danser ce qu'il ne lui avait jamais donné l'occasion de faire, aussi, ne put-il s'empêcher de ricaner en constatant qu'elle n'avait toujours pas renoncer à cette histoire et qu'elle comptait un jour parvenir à le faire danser avec elle. Imane avait plus d'un atout dans sa manche, et c'était une femme très persuasive mais de son coté il était assez borné, et quand il décidait quelque chose, il s'y tenait

- Et bien, j'suis curieux de voir ça, la défia-t-il dans un sourire facétieux

Oh oui, il donnerait cher pour la voir réussir cet exploit après tout c'était quasiment perdu d'avance pour elle pourtant la confiance qui se dégageait d'elle l'amusait et lui donnait presque, parce qu'il n'était pas question pour lui de céder et de lui accorder la moindre victoire à ce sujet, envie qu'elle réussisse.
Allongés ainsi sur le sol, à la belle étoile, dans les bras l'un de l'autre, se partageant une cigarette et discutant sans interruption, lui rappelait à quel point les choses étaient simple avec elle. Elle aimait la sensation de son corps blottit contre le sien, ainsi, tout simplement. Pourtant, alors qu'ils se chamaillaient autour de cette cigarette et qu'il plaisantait e lui disant que c'était pas ainsi qu'elle parviendrait à le faire taire, elle lui rétorqua avec malice que si elle avait véritablement voulu le réduire au silence elle s'y serait prise autrement. Dire qu'elle l'avait complétement troublé était un euphémisme. Satisfaite de son petit effet, elle se blottit un peu plus contre lui et pour rien au monde, Tyler n'aurait voulu que ce moment ne prenne fin. Qu'est-ce qu'il aimait dans la vie ? Beaucoup de chose oui, mais ça, ça n'avait pas de prix, il ne pu s'empêcher de resserrer sa prise autour de sa taille en songeant que les pro-moldus voulait le priver de sa lumière. Elle était sa lumière, il avait besoin de optimisme, de son sourire et de sa présence, et si on devait la lui enlever elle aussi, il ne le supporterait pas. S'ils voulaient la tuer, ils devraient le tuer avant.

Comme toujours, Imane avait ce don pour lui faire chasser les idées noirs, et tournant sa tête dans sa direction, il lui sourit légèrement alors qu'elle lui faisait remarquer qu'il aurait besoin de bien plus que deux semaines de vacances, une opinion qu'il ne partageait pas. Pour sa part, deux semaines étaient grandement suffisant, au-delà, il ne saurait pas quoi faire. Rester à ne rien faire n'était pas dans sa nature, ces deux semaines étaient le temps nécessaire dont il avait besoin pour faire le point et se recentrer sur lui, sur ce qu'il voulait vraiment faire de sa vie, sur son avenir.
Il avait besoin de s'éloigner, de s'isoler de se couper un peu de tout pour faire le point, mais à vrai dire il ne savait pas vraiment où il pouvait aller se réfugier pour réfléchir tranquillement, c'est pourquoi il avait demandé à Imane si elle avait des suggestions à lui faire.

- Un p'tit truc tranquille, loin de l'agitation de la ville, où je pourrais faire des balades style grand Canyon mais avec un peu plus de verdures et moins de touristes... t'as ça dans ton chapeau ?

Tyler ne doutait pas un seul instant de sa réponse. Imane avait voyagé bien plus que lui et s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait lui conseiller quelques destinations c'était bien la femme qu'il serrait précieusement dans ses bras. L'entendre lui parler de ses nombreux projets à plus au moins long termes avait quelque chose de rassurant et de réconfortant, comme si l'avenir lui tendait les bras et qu'il savait que quoi qu'il se passerait durant ces prochains jours, elle s'en sortirait. Le regard plein de tendresse qu'il lui adressait et le petit sourire qui s'esquissait sur ses lèvres quand il l'entendait parler de l'importance que la tolérance sorciers et non-sorciers avait pour elle, trahissait l'admiration qu'il lui portait. Ni l'un ni l'autre n'étaient naïfs, et tous ces conflits, tous ces problèmes, ne se régleraient pas en un clin d'oeil mais des personnes comme Imane, pouvaient parvenir à faire évaluer un peu les mentalités. Toujours intéressé par tout ce qu'elle lui racontait, il lui demanda quel était le sujet de son prochain film. Et si lui parler de ses projets cinématographique la transportait toujours autant signe que sa passion pour ce métier était toujours aussi intact, cela n'avait strictement rien à voir avec son attitude lorsqu'il l'entendait parler d'Aïda. Son visage se transcendait littéralement. Emmêlant ses doigts aux siens, il l'écouta lui parler de sa grand-mère, une grande Dame à laquelle elle avait rendu hommage en choisissant le prénom pour sa fille. A croire que c'était dans les gênes d'être une femme exceptionnelle dans la famille Khazen, nulle doute qu'Aïda ne ferait pas exception à son lignage.

- J'ai rien dit, lui répondit-il tranquillement alors qu'elle se défendait de ne pas inclure le père de sa fille dans sa vie. Il y a des personnes qui ne sont pas faites pour être parents. Si tu estimes que le père de ta fille ne doit pas faire parti de sa vie, ce n'est pas moi qui te contredirais et tu n'as à justifier tes choix auprès de personne et surtout pas auprès de moi. Tu es la mieux placée pour savoir ce qui est le mieux pour elle, alors ne laisse personne te dicter ta conduite, comme tu l'as si bien fait jusqu'à présent, et à ce que j'ai pu en voir, lui sourit-il, ça vous réussit plutôt bien. Mais, tu dois te douter que tu ne pourras pas la protéger éternellement, qu'un jour où l'autre ta fille te posera des questions et qu'elle voudra faire sa connaissance... que cela te plaise ou non tu ne pourras pas l'empêcher de faire parti de sa vie si c'est ce qu'elle souhaite... mais tu as encore de la marge d'ici à ce que ça arrive

Imane était une mère merveilleuse, il n'avait aucun doute à ce sujet, elle était faite pour être mère, et si elle estimait que le père de sa fille n'avait pas sa place dans la leur qui était-il pour la contredire ? D'autant qu'il se fiait à son jugement. Mais si c'était lui, s'il avait été le père de cette adorable fillette, réagirait-il de la même manière ? Il serait surement fâché qu'elle le lui ai caché mais à bien y réfléchir il n'aurait pas pu lui reprocher compte tenu de ses antécédents, de plus son métier en tant qu'infiltré ne lui aurait jamais permis d'être présent pour son enfant. Il était à son sens moins douloureux d'ignorer l'existence d'un enfant que de le savoir et ne pas pouvoir participer à son éducation. Donc oui, même s'il avait été le père ce qu'il savait ne pas être avec certitude après un rapide petit calcul, elle aurait fait le bon choix. Mais comme tous les enfants, un jour ou l'autre, Aïda finirait par lui poser des questions, c'était inévitable, ce qu'elle déciderait ensuite, serait totalement indépendant de la volonté d'Imane, elle devait juste s'y préparer, même si elle avait encore quelques années pour le faire

Parlant de nombreux autres choses, une idée un peu folle lui traversa l'esprit. C'était quelque chose qu'il n'avait encore jamais proposé à qui que ce soit, mais Imane c'était différent, il savait qu'elle en avait les capacités, et même si elle n'y arrivait pas, il ne doutait pas qu'ils passeraient forcément un bon moment. La vie était bien trop courte pour ne pas profiter de chaque instant comme si c'était le dernier. La belle sembla dubitative durant un instant, semblant hésiter à accepter sa proposition avant de lui demander le plus sérieusement du monde s'il avait bien conscience que la survit de ce chalet était en jeu, ce qui ne manqua pas de le faire rire.

- C'que tu casses tu l'répares et si c'est pas possible ben... il nous restera plus qu'à courir vite très loin d'ici, lui répondit-il le plus sérieusement du monde l'œil rieur. Alors ?

Pesant le pour et le contre la jeune femme lui avoua finalement ne pas se sentir capable d'y arriver ce qui le surpris. La Imane qu'il avait connu ne craignait pas de relever le moindre défi, mais la maternité l'avait de toute évidence rendu plus sage. Loin de désirer la forcer, il approuva d'un signe de tête avant de relever les yeux de surprise sur elle alors qu'elle poursuivait en lui affirmant que même si elle ne s'en sentait pas capable, elle ne renonçait pas pour autant et comptait bin essayer n'hésitant pas à le narguer au passage. C'est qu'elle se foutait de lui ! Pensait-elle sincèrement qu'il allait se jeter tête baissé dans sa provocation juste pour avoir la satisfaction de lui prouver le contraire ? Il ne sourit pas mais son regard brillant le fit pour lui

- Ouais, c'est ça, bougonna-t-il en balayant l'air de sa main dans un geste qui signfiait qu'elle pouvait toujours causer, avant de se lever et de lui donner sa main pour l'aider à en faire autant.

Alors que son rire résonnait agréablement dans ses oreilles, il ramassa la couverture sur laquelle ils s'étaient allongés et la secoua pour y faire tomber les brins d'herbes qui s'y étaient accroché avant de la replier grossièrement, puis, main dans la main, ils se dirigèrent tranquillement vers l'entrée du chalet où était garée la moto. Lâchant la main d'Imane, il posa la couverture sur la balustrade en bois qui entourait le chalet et revint vers elle alors qu'elle lui demandait à quel point il tenait à cette moto. Il lui adressa un petit sourire malicieux en guise de réponse tandis que son regard très appuyé lui faisait comprendre qu'il n'y avait qu'une seule chose à laquelle il tenait et ce n'était certainement pas sa moto. "Beaucoup moins qu'à toi", lui répondait son regard. Une moto ça se remplaçait, pas son pilote et surtout pas Imane.

- C'est ça, approuva-t-il alors qu'elle enfilait le casque. Toute façon, si tu tombes, je s'rais là pour te rattraper, lui assura-t-il

Lorsqu'il aperçut un petit sourire mutin se dessiner sur ses lèvres, il sut qu'elle s'apprêtait à lui sortir une énormité et redoutait déjà ce qu'il allait entendre. Lorsqu'il l'entendit lui demander avec espièglerie ce qu'elle y gagnerait il la regarda avec surprise. Il s'apprêtait à lui répondre « le privilège d'avoir apprit quelque chose » mais se ravisa presque aussitôt en songeant à ce qui se trouvait à l'intérieur du chalet et un sourire étira ses lèvres

- Et bien, marmonna-t-il en se pinçant légèrement la lèvre inférieur en faisant mine de réfléchir, si tu y parviens, je te ferais découvrir un de mes talents cachés, lui répondit-il avec espièglerie l'oeil pétillant. Ça te va ? Allez, fit-il en lui tapant sur les fesses, en selle.

Il la laissa s'installer avant de prendre place derrière elle. Il posa ses mains sur les siennes et lui indiqua comment il fallait accélérer et freiner. Il la laissa manipuler un peu le guidon puis il posa ses deux mains sur ses bras et les secoua légèrement en lui rappelant que ses membres ne devaient pas être raides mais souples, puis, il plaça ses mains viriles sur ses hanches.

- Vas-y maintenant,  desserres les freins, je reste avec toi.

La moto tressauta légèrement tout en avançant de manière peu stable avant de sortir du chemin et de rouler droit devant la clôture.

- Freine ! Freine !

Glissant sa main gauche sur son ventre pour la maintenir, il posa sa main droite sur le guidon et reprit les commandes pour virer et s'en retourner doucement en direction de l'allée en terre qui menait vers le chalet puis stabilisa la moto dont le moteur tournait toujours.

- J'ai oublié de préciser mais la barrière aussi t'avais pas le droit de foncer d'ssus. Si la moto n'a pas avancé comme tu voulais c'est uniquement parce que tu comptais trop sur le guidon. Tu dois te tenir fermement sur tes deux jambes mais le haut de ton corps lui, doit rester détendu. N'appuis pas inutilement sur le guidon, tu dois faire corps avec ta moto comme ça c'est beaucoup plus facile pour faire des zig-zag et des huit. Regarde j'te montre.

L'invitant à descendre, il reprit les commandes et pilota la moto en faisant quelques figures et freinages brusque avant de s'arrêter devant elle et de descendre à son tour de la machine pour la laisser reprendre les commandes. Ils chutèrent une fois sur le talus parce qu'Imane prétendit avoir voulu éviter une bestiole mais ensuite, le jeune femme prit un peu plus d'assurance et lorsqu'il la jugea apte, il ouvrit la barrière de la propriété, pour aller faire un petit tour en foret, en restant sur le chemin forestier. C'était un petit tour qui dura à peine 10 minutes, mais durant lequel, il se laissa conduire par Imane avant de regagner la propriété. Elle le déposa à l'entrée pour qu'il referme la barrière derrière eux, avant de s'avancer jusque devant le chalet et de couper le contact.

- Alors élève Khazen, fit-il en se dirigeant vers elle tout en s'allumant une cigarette, ça vous a plu ? Allez, viens, t'as mérité ta surprise

Glissant sa main dans la sienne, ils montèrent les trois marches en bois qui menaient au chalet, il attrapa la couverture qu'il chargea sur son épaule puis ils entrèrent dans la maisonnée. Il alluma la lumière et s'avança dans la pièce. Il remit la couverture exactement là où il l'avait prise et attrapant un chapeau de cow-boy au passage qui se trouvait sur l'un des porte-manteaux et dont il s'affubla, puis, la clope toujours au bec, il se dirigea vers le fond du salon, dans lequel se trouvait une magnifique batterie, ayant probablement appartenu à l'ancien propriétaire. S'emparant des baguettes, il s'installa sur le petit siège et commença à battre la mesure sur l'air entrainant de "Flat Top" des Goo Goo Dolls. Une fois la chanson fini, il tapa une dernière fois à répétition sur les toms avant de finir une dernière fois sur les cymbales avant de poser les baguettes, et de rigoler fier de son effet de surprise

- J'arrive pas à croire que j'men souviens encore ! Bon te fais pas de films, hein, c'est l'seul truc que j'sais jouer correctement, et encore, il d'vait y avoir pas mal de fausses notes. Lui expliqua-t-il alors qu'il la coiffait du chapeau qu'il avait piqué en entrant, pendant qu'elle s'asseyait sur lui. Lorsque j'étais dans ce foyer, j'devais avoir 17 ans, un des gars voulait absolument monter un groupe pour séduire une fille qui avait un certain penchant pour les musiciens. Autant te dire qu'il avait qu'des bras cassés à sa disposition mais on s'disait qu'on allait partir d'ici en devenant des rockstars, les nouveau Led Zeppelin, du grand n'importe quoi. Le type jouait d'la batterie mais lui s'qui l'intéressait c'était d'chanter alors il m'a apprit à jouer. Faut pas croire, chuis pas du tout patient et j'ai dégagé plus d'une fois tellement ça m'prenait le chou, j'sais même pas lire une partition alors tu vois ça vole pas haut. Il a essayé de m'apprendre à jouer du REM, du Pink Floyd mais y a que sur cette chanson des Goo goo dolls que ça a marché ! Evidemment le soir de notre représentation, on c'est vautré au beauté c'était du grand n'importe quoi, mais dans l'fond tout le monde s'est bien marré et il a fini avec la fille. Tout est bien qui fini bien. Et toi à présent, tu es la deuxième personne avec Elijah à connaître mon très bref passé de rockstar, plaisanta-t-il