I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

Ryan était en manque. Cela lui arrivait de temps en temps mais, depuis quelques jours, le manque c’était fait de plus en plus important. Normalement, il aurait dû contacter son parrain chez les NA. C’était son rôle de lui venir en aide quand il se sentait sur le point de craquer mais, il n’avait pas pu appuyer sur les touches de son portable pour le contacter. L’envie s’était faite petit à petit. Il y avait plusieurs raisons à ce besoin. Au laboratoire les recherches avançaient très lentement, notamment parce qu’il avait perdu leur sujet sorcier en la personne de Livie Adams et qu’ils avaient du mal à trouver un sorcier qui accepterait de son plein gré de voir ses pouvoirs lui être retiré. Ils n’étaient pas nombreux ceux-là.  Il y avait tant de non-sorciers prêt à le devenir mais, tellement moins dans l’autre sens. Merlin était insurmontable depuis la défection de Livie Adams. Ryan ne pouvait plus le supporter dans ces moments là. Il l’admirait pour son génie scientifique mais, il devait admettre qu’il avait du mal avec ses états d’âmes. Le jeune homme ne savait plus être un bon confident depuis l’incident. Ryan avait tenté de contacter sa sœur cependant, son téléphone sonnait dans le vide, ce qui était plus au moins étrange. Il avait tenté chez elle et son fiancé mais ça ne répondait pas non plus. Toutes ces choses faisaient qu’il était dans un état d’extrême nervosité.

Autrefois, sa réponse à tous ses stimuli externes aurait été de joindre son dealer ou de filer chercher dans sa petite cachette sous le matelas pour aller se servir dans sa réserve. Malheureusement, depuis son dernier séjour à l’hôpital, il avait promis à sa mère de cœur d’éviter de se mettre dans une telle situation. C’était extrêmement difficile de rester fidèle à cette promesse dans cette situation. Il savait que s’il touchait même à une drogue douce, il finirait par replonger dans son enfer personnel. Ryan avait tourné en rond pendant quelques jours avant de se décider à aller faire un tour loin de New Phoenix. Il avait posé quelques jours de congés qu’on lui avait accordés sans trop de soucis. Il faut dire que le laboratoire n’avait pas besoin de lui. Il perdait son temps à y aller quand il n’y avait aucun boulot pour lui. Alors il avait laissé son appartement vide et froid derrière lui et prit la route avec sa moto. C’était un modèle dernier cri, hybride magie-technologie qui avait la possibilité de vous faire voyager à des vitesses incroyables. C’était précisément ce qu’il recherchait : beaucoup de vitesse ! Se mettre dans des situations extrêmes c’était sa solution de repli quand il ne pouvait pas se laisser aller à l’usage des narcotiques.

Ryan avait hésité un instant à rouler jusqu’à Kansas City pour rejoindre sa famille. Il se fichait bien du temps que ça prendrait. Il savait qu’avec son modèle il y serait en peu de jours et bien moins qu’il n’y aurait été, avec un modèle moins cher et sans hybridation. Ça avait du bon de vivre dans un monde où l’on pouvait bénéficier du meilleur de chacun. Cependant, depuis le fiasco du dernier déjeuner de famille, Ryan n’était pas certain que ça soit une bonne idée. Il avait donc préféré ignorer cette envie et avait continué son chemin. Il était plus que temps de rendre visite à sa sœur et d’essayer de savoir pourquoi elle évitait ses coups de fil. Il avait donc prit la direction du Mississipi où elle vivait avec son fameux fiancé qu’aucun d’entre eux n’avait rencontré encore. Blue-Ivy était un peu le mouton noir de la famille et depuis quelques temps, elle était encore plus secrète que d’habitude. Il est vrai qu’il y avait eu des moments difficiles entre eux. Ryan n’était pas tout à fait ravi qu’elle fasse partie du groupe responsable de la mort de celle qu’il avait aimé plus que tout. Depuis ce jour, il avait une dent contre les Inquisiteurs. Une haine profonde que les séjours à l’hôpital et la consommation de drogues n’avaient pas altérée.

Il ne tarda pas à rejoindre le Mississipi après quelques jours de conduite. Moitié moins que cela lui en aurait pris, des années auparavant sans les avantages technologiques et magiques de ses dernières années. Alors qu’il se trouvait sur une route relativement déserte, il entendit le moteur d’une autre moto s’approcher.  Très vite le conducteur mystère vint se retrouver à sa hauteur. Cela lui rappela les courses auxquelles il participait illégalement en Arizona. Il se demanda un instant si la personne comprendrait le signal. C’était un truc presque universel sur le territoire des Partisans du Nouveau Monde et quelques endroits chez les Indépendants. Mais ce n’était peut-être pas le cas chez les Inquisiteurs qui avaient l’habitude de toujours faire les trucs à leur sauce. Cependant, il fit quand même le petit mouvement de moteur nécessaire. Ryan n’avait jamais son content de vitesse. Ce n’était qu’un pis-aller par rapport à l’usage des narcotiques qui vous envoyaient planer à mille lieux de là, en un rien de temps.  Peut-être qu’une petite course de plus avant de rejoindre sa sœur lui permettrait d’avoir l’air juste comme il faut pour la convaincre qu’il allait bien et qu’il ne venait que pour une visite de courtoisie.

I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

C’était pur provocation que de se balader avec une moto telle qu’il en possédait, en plein territoire des Inquisiteurs. Ryan se fichait bien de ce que ces derniers pouvaient penser. Ils n’avaient rien contre lui et il n’allait pas cesser de faire ce qu’il estimait juste simplement parce qu’un groupe d’extrémistes avaient décidé que cela ne leur convenait pas. Qu’ils aillent se faire foutre avec leurs morales et leurs principes. La magie pouvait créer de vrai petit bijou notamment quand elle était associée à une technologie sans précédent, un concept hydride qui lui permettait d’avoir un engin comme celui qu’il possédait et avec lequel il roulait vers la maison de sa sœur ainée. Il aimait les véhicules capables de lui donner l’adrénaline de la vitesse. C’était une manière de se sentir vivant alors même qu’il était plus que mort à l’intérieur de lui. Cela lui semblait des siècles depuis la dernière fois qu’il s’était senti heureux. Le Ryan d’autrefois avait perdu la vie. Celui qui était là encore vivant n’était pas le même. Ce n’était pas seulement la mort de Jordan, mais la consommation massive de drogues et les séjours à l’hôpital l’avait rendu amer, sombre et trop franc. Il était comme un diamant brut qui vous écorche en un geste. Quand il avait vu l’occasion de s’offrir sa dose d’adrénaline comme on s’enfile une seringue dans le bras en trois temps, il n’avait pas hésité. Le petit coup de moteur était universel. Il semblait que c’était partout pareil sur le territoire même chez les Inquisiteurs.

Quel plaisir que de se lancer dans cette course et de voir que son adversaire s’était lancé tenté par la course de vitesse qu’ils allaient partager. C’était grisant. Cette sensation de contrer le vent et de rouler plus vite que tout, était à nul autre pareil. Il était difficile de s’en passer une fois qu’on y avait goûté. C’était pareil pour la drogue, mais les poursuites d’adrénaline avaient des effets moins visibles aux yeux des autres. En tout cas c’était le cas pour les yeux de sa famille. L’éloignement était probablement aussi un facteur qui pouvait expliquer que les siens ne s’étaient pas encore rendu compte qu’il avait troqué une addiction contre une autre. Dans les deux cas, celles-ci menaient plus près du cercueil que de la guérison. Son adversaire en connaissait autant que lui sur le sujet, il semblait, à la façon dont il roulait sur le chemin sinueux et presque désertique où ils se trouvaient tout deux. Ils roulaient vite, peut-être même trop vite. Ryan faisait totalement fit de sa sécurité parce qu’il n’avait vraiment rien à perdre. Il n’avait pas peur de la mort pour l’avoir déjà contemplé une fois. Depuis son dernier séjour à l’hôpital, après sa première utilisation de la goutte du diable. Il n’avait pas prévu que les effets de cette drogue soit si dévastatrice. Cependant, après s’être réveillé il n’en avait pas eu plus envie de vivre davantage.

La route semblait n’être un chemin infini, sans aucuns obstacles, mais c’était sans compter une voiture qui déboula dans leur sens alors même qu’ils en avançaient à une vitesse folle. Ryan la vit avancer et être si proche d’eux qu’il aurait pu se faire prendre de plein fouet par la voiture. De toute manière, ils parvinrent tous deux à éviter cette funeste conclusion. Plus question alors de continuer la course et ils s’arrêtèrent sur le bas-côté. L’adrénaline était encore très forte et Ryan sentait son cœur battre très rapidement. Cela avait été très juste. Un peu plus et sa famille aurait eu à l’enterrer. Sa mère adoptive ne s’en serait jamais remise, il en était certain. Il n’avait jamais connu sa véritable mère, mais cela n’avait guère d’importance, car la matriarche des Jagger était pour lui sa « vrai » mère. Elle avait pris cette place en l’acceptant dans la famille et en le traitant comme un de ses fils, malgré l’infidélité du patriarche des Jagger. Il respira avec force et releva son visage pour voir un fantôme du passé se tenir devant lui… Il cligna plusieurs fois des yeux et se demanda si la voiture n’avait pas fini par le percuter pour de vrai et qu’il se trouvait de l’autre côté. Ryan n’avait jamais été religieux, mais il ne pouvait pas y avoir d’autre explication pour justifier que Jordan, son amour de toujours, soit devant lui à lui demander si ça allait.

Elle était aussi belle que de sans ses souvenirs : sa longue chevelure brune lui tombait sur les épaules, la figure svelte et les yeux où brillait cette lueur d’intelligence qu’il avait toujours trouvé sexy chez elle. Ryan n’arrivait plus à bouger. Il n’y avait que la mort ou le rêve pour expliquer qu’il se trouvait à nouveau devant la femme qu’il avait perdue pour la cause destructrice et violente des Inquisiteurs. Comme il les détestait, ceux qui lui avaient volé la lumière de sa vie. L’hypothèse du rêve était invraisemblable. Il n’avait pu rêver tout le voyage jusque vers l’endroit où vivait sa sœur ainée. Il fallait donc admettre que la voiture l’avait bien fauché et qu’il se retrouvait sur les rives de l’autre monde. Sa famille le pleurerait probablement. Qui sait, cela permettrait peut-être que Blue-Ivy se rabiboche avec les autres membres de la famille. Charles et elle étaient de vraies têtes de mule, incapable de pardonner les fautes de l’un et de l’autre. Leur père n’était peut-être pas étranger à ce trait de caractère. Il avait beaucoup plus passé de temps avec la matriarche Jagger et son caractère en avait subi les bienfaits. Ce qui faisait qu’il avait été d’une nature plus généreuse et propre au pardon. Enfin avant, la mort de Jordan, bien entendu. Après cela, il n’avait plus été que l’ombre de lui-même. Une ombre triste et franche qui ne recherchait que des moments éphémères et fugaces de vie…

Il vit Jordan quitter sa moto et se diriger vers lui. Cela l’effraya un instant. Etait-il vraiment mort ? Tout semblait trop réel pour que ça soit l’au-delà. La route était la même et la seule chose qui changeait c’était que son adversaire se révélait être une femme qui était censée être disparu depuis un moment déjà. Il ne bougea plus ayant de procéder toutes les informations dans sa tête et cela tournait plus vite que lorsqu’il devait réfléchir à un problème de génome dans les laboratoires. La femme qui semblait être Jordan posa alors sa main sur son avant-bras et les doutes qu’il avait jusqu’alors sur la véracité de sa survie, s’effacèrent. Le toucher et la situation étaient trop réels pour qu’il soit mort. La douleur dans son cœur, en était aussi la preuve. Il avait encore plus mal que lorsqu’il avait appris sa mort. Il regarda cette main posée sur son bras tandis que la femme parla avec la voix si reconnaissable de Jordan, lui intimant de se remettre car, tout allait bien et qu’il n’y avait plus à craindre. Malheureusement, il n’avait pas péri sous les roues de la voiture. Il le regretta presque en cet instant. Si la femme qui était là devant lui était celle qu’il aimait alors cela voulait dire qu’il y avait des implications bien plus profondes, face à cette soudaine résurrection. Cela voulait dire qu’on lui avait menti. Il ne pouvait pas le croire… Jordan, ici, vivante et capable de lui parler. C’était impossible pourtant.

« Non… Je ne comprends pas… Ce n’est pas possible … » Ne pût-il s’empêcher de murmurer d’une voix frêle.

Il portait toujours son casque et soudain, il eut l’impression d’étouffer dedans. Toutes ses pensées, le manque de drogue et cette main qui se trouvait sur son avant-bras, c’était trop pour lui. Il respirait de plus en plus fort et il avait peur qu’il ne fasse une crise. C’était déjà arrivé et c’était loin d’être le bon moment et le bon endroit pour réagir aussi mal. Il allait falloir qu’il se débarrasse de ce casque où il n’allait pas arriver à respirer correctement. Il se dégagea du contact et se débarrassa d’un geste empressé son casque avant de se tourner à nouveau vers Jordan. Il avait les yeux froids et morts qu’il portait depuis sa prétendue disparition. Il sauta hors de son véhicule et se retrouva face à face avec la femme qui avait occupé toutes ses pensées et ses rêves depuis que Blue-Ivy lui avait annoncé qu’il ne la reverrait plus. Il n’arrivait plus à penser clairement et plus il essayait, plus il avait l’impression que sa tête allait exploser. Il leva une main et voulu la poser sur le visage de Jordan, comme pour la sentir vivante sous sa peau. Cependant, Ryan ne put y arriver. C’était trop difficile. Il retient son geste et ne put que prononcer ces mots :

« Jordan ? Est-ce vraiment toi ? » Demanda-t-il toujours aussi effrayé par les implications que cela pouvaient avoir.

Il n’y avait pas besoin d’être savant pour savoir qu’il était complètement perdu par son apparition devant lui.

« Tu es censé être morte… Comment ? Je ne comprends pas. »

I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

Un instant, il avait cru qu'il avait finalement rejoint le monde des morts, quand il avait vu Jordan devant lui. Mais, il n'était pas mort. Il avait simplement devant lui une personne qui n'aurait pas dû être là, parce qu'on lui avait assuré qu'elle était morte et avec elle, il était aussi mort à petit feu. Elle était pareille que dans son souvenir. Peut-être, était-il encore plus belle, plus forte que dans son souvenir. Le manque et l'absence n'avaient pas diminué les sentiments qu'il avait pour elle, mais cela l'avait rendu amer et triste. Il n'était que l'ombre de ce qu'il avait été. Une sorte de version plus sombre de lui-même qui ne s'était pas remis du destin tragique de la belle qu'il aimait. Il s'était longtemps reproché cette mort. Pourquoi ne l'avait-il pas convaincu, que servir les Inquisiteurs, ne servirait à rien ? Pourquoi ne lui avait-il pas partagé de ses projets les concernant ? Qui sais, peut-être cela l'aurait convaincu de rester à son côté, plutôt que de sacrifier pour une cause, qui n'avait pas de sens. Ryan avait grandi sur les territoires neutres et n'avait jamais détesté les sorciers, au point de vouloir leur disparition. Il était un scientifique dans l'âme et pour lui chaque chose avait sa place dans le monde. Il y avait une raison pour laquelle il y avait des sorciers et des non-sorciers. Supprimer une partie de l'équation c'était rendre l'ordre naturel complètement caduc. Mais, il n'avait rien dit parce qu'il n'aurait jamais imaginé un destin tragique pour elle.

Après que Blue-Ivy, sa sœur, lui ait appris qu'elle était morte, au cours d'une action menée par les Inquisiteurs, il avait cru que son monde s'écroulait. Il en était venu à les haïr : les Inquisiteurs. Leur vision du monde était tronquée, fermée et ils étaient incapables de comprendre une chose aussi simple qu'un raisonnement scientifique. Avant la mort de Jordan, cela avait peu d'importance. Il ne les aimait pas, mais deux des personnes les plus chères à son cœur travaillaient pour eux et il pouvait comprendre en quelque sorte d'où cela venait. Maintenant qu'il avait terminé ses études de chercheur en génétique, il se rendait à quel point il avait été naïf. L'idéologie des Inquisiteurs était dangereuse et complètement stupide. La logique et la raison suffisaient à montrer qu'ils avaient tort. Comment deux femmes aussi intelligentes que sa sœur et la femme qu'il aimait, avaient pu se laisser berner de la sorte ? Il pouvait au moins reconnaître que la lobotomie des Inquisiteurs faisait des miracles. Si seulement cela marchait aussi bien dans l'autre sens pour les faire se rendre compte de leur bêtise. Malheureusement, cela semblait ne marcher que dans un sens. En tout cas, après la mort de Jordan, il avait refusé d'écouter la moindre propagande venu des Inquisiteurs et n'avait pas hésité à donner son avis négatif sur eux. On ne lui ferait jamais avaler ces salades. Il gèlerait en enfer avant qu'il ne se décide à aider les Inquisiteurs.

Deux ans, sans Jordan, cela avait paru une éternité et il s'était senti obligé de vivre pour sa famille alors même qu'il aurait bien laissé la vie le quitter. Voilà pourquoi il ne pouvait s'empêcher de risquer sa vie à chaque fois. Il s'était approché d'elle, hésitant encore, ne sachant, si elle était réelle ou une simple apparition. Il refusait de penser aux conséquences si elle était véritablement réelle. Il avait été tenté de posa sa main sur sa joue, mais il n'avait pas réussi. La peur peut-être de se rendre compte de la vérité. Au lieu de cela, il avait fini par arriver à prononcer quelques mots. Les mots remplaceraient le toucher parce qu'il ne pouvait pas le faire. En deux ans, il n'était plus le Ryan plein de joie et de vie qui avait fait sa rencontre. Il n'était qu'une enveloppe vide de sens, qui ne tenait que parce qu'on lui imposait la vie plutôt que la mort. Son travail et l'adrénaline restait son seul moteur pour avancer. Autrefois, il y avait bien eu la drogue, mais il avait dû s'en passer. Ce n'était pourtant pas faute d'en avoir essayé tellement. Il n'en avait jamais eu assez quand il était au plus fort de son addiction. Les nombreuses rehabs avait fini par avoir raison de la patience et de la santé de sa mère de cœur. Il avait alors cessé pour la femme qui l'avait élevé alors même qu'il n'était que le fruit des amours de son père et d'une autre femme. Elle avait été une mère admirable, apprenant à l'aimer et à le chérir. Il ne s'était jamais senti de trop dans la famille Jagger.

Jordan fini par prendre la parole et sa voix était la même, bien qu'elle semblait brisée par une émotion qu'il ne comprenait pas. Même ses paroles n'avaient pas de sens pour lui. Il aurait aimé pouvoir et malgré sa relativement bonne intelligence, cela semblait trop incompréhensible pour lui. Comment pouvait-elle être morte et vivante à la fois ? Ryan avait horreur du mensonge. Il passait pour quelqu'un de franc voir désagréable parce qu'il ne disait jamais que la vérité. Blue-Ivy avait bien essayé de lui faire rencontrer d'autres femmes après la soi-disant mort de Jordan (il commençait à admettre de plus en plus qu'il n'était pas face à une apparition) et il avait bien partagé un café avec cette dernière répondant avec une stricte honnêteté à ses questions. Il n'avait pas caché qu'il n'avait aucun attrait pour elle et qu'il la trouvait insipide. Il aurait pu être plus diplomate, selon Blue-Ivy, mais Ryan avait appris très vite qu'il ne servait à rien de tourner autour du pot quand on avait quelque chose sur le cœur. Autrefois, peut-être, il aurait été plus sympathique, mais ça n'avait plus d'importance quand Jordan avait disparu. Rien n'avait eu d'importance, pour être totalement honnête. Il avait perdu la saveur des choses et rien ne pouvait arriver à lui rendre le goût de la vie. Rien, ni personne.

Jordan n’avait pas terminé et continua de parler. Il remarqua bien les larmes dans ses yeux, mais lui-même n’était plus capable d’en verser. Il en avait tellement versé en apprenant qu’elle était morte et puis le puit s’était tari. Son cœur s’était endurci et son sourire avait disparu. Oh, il pouvait encore rire et parfois sourire, mais c’était de plus en plus difficile. Ce n’était pas qu’il était quelqu’un de trop sérieux, c’est simplement qu’il n’en voyait plus l’intérêt. Il aurait dû pourtant pleurer de revoir la femme qu’il aimait. Cet amour était pourtant encore vivant dans son cœur, mais la réalisation de ce que sa résurrection voulait signifier l’empêcher de ressentir cet amour. Jordan lui avoue qu’elle aurait préféré qu’il ne découvre jamais la vérité. A mesure qu’elle parlait, il se sentait prit d’une froideur sans précédent. Il avait eu la même réaction quand on lui avait appris sa mort. Les larmes étaient venues après, mais il doutait qu’elles viendraient cette fois-ci. Son cerveau s’était mis à tourner à plein régime, se rappelant de tous les événements et de tout ce qu’on lui avait dit. Jordan termina son discours en lui annonçant qu’il faudrait mieux qu’il l’oubli et qu’il continue sa vie comme il l’avait si bien fait. SI BIEN FAIT ! Il avait l’impression que les mots tournaient dans sa tête comme une mauvaise farce. Il aurait très bien pu se mettre en colère, mais même pour ça, il était trop froid.


« Je ne comprends pas ce que tu essaies de me dire. » Avoua-t-il brutalement honnête comme toujours.
« Ça n'a aucun sens pour moi et je suis pourtant loin d'être stupide. Tout ce que j'ai compris c'est que Blue-Ivy et toi, vous avez préféré me mentir. » Ajouta-t-il d'un ton implacable.

Cela était une trahison plus terrible encore. Et pourquoi ce mensonge, pour qu'il garde une belle image d'elle ? Est-ce que son amour pour elle, n'avait été bon qu'à cela, aimer une belle image ? C'était insensé ! Il aimait avec force et honnêteté. Il aimerait Jordan peu importait à quoi elle pouvait ressembler. Les gens changent face aux épreuves de la vie. Ils pouvaient avoir des façons de penser très différente, leurs corps pouvaient changer avec l'âge ou la maladie, mais Ryan n'en aurait pas moins aimé Jordan pour cela. Tout cela c'était des excuses, des raisons sans formes qui n'avaient pas d'importance à ses yeux. Il aurait encore préféré qu'elle lui dise de vive voix qu'elle ne souhaitait plus le voir. Peu importe ce qui s'était passé durant cette mission, il était évident que Jordan n'en était pas ressortie indemne. Sa sœur avait joué un rôle dans toute cette histoire, c'était évident et Ryan ne l'appréciait pas particulièrement. Toutes les deux avaient préféré lui mentir et l'avaient entrainé dans un vortex malsain.

« J’espère que ça te permet de dormir la nuit, que de te dire que c’était pour mon bien, parce que la vérité Jordan, c’est que j’en été malade. » Ryan ne pouvait plus retenir les mots de la vérité brutale de sa situation. Il était lasse tellement lasse de cela. Est-ce que l’enfer dans lequel il s’était placé n’aurait véritablement de fin qu’à sa mort ? « Quand Blue-Ivy m’a dit que tu étais morte, j’aurai voulu mourir aussi. Je ne voyais pas de raison de vivre plus longtemps. Tu étais devenu ma raison de vivre, mon unique amour. Je savais au fond de moi qu’aucune femme ne pourrait jamais te remplacer. J’ignore quel mensonge ma sœur a bien pu te raconter, mais je ne vis pas si bien. Je vis mal et j’ai plus d’une fois frôlé la mort pour tenter d’abrégé la souffrance que représente le simple fait de vivre dans un monde où tu n’existes pas. Si je suis encore en vie aujourd’hui c’est uniquement pour que ma mère n’ait pas à me pleurer en même temps que mon père. Il n’y avait rien qui me retenait sur cette terre. » Avoua-t-il les poings serrés comme s’il essayait de se contenir. Il ne criait pas, il n’y avait pas de colère dans sa voix, juste la vérité nue et brute. « Ils ont bien essayé de me donner un sens à la vie, mais ça ne présentait aucun intérêt pour moi, parce qu’on t’avait arrachée à la vie. »

Certains lui avaient demandé comment il pouvait être si certain qu'il n'y aurait jamais personne d'autre comme Jordan, dans sa vie ? Il savait qu'il y avait beaucoup de personnes qui pensait qu'il n'existait pas qu'un seul amour dans une vie, mais beaucoup. Ryan n'en faisait tout simplement pas parti. Il pouvait admettre que des personnes pensent ainsi, mais il était inutile d'essayer de le convaincre de cela. Malgré qu'il mette de la logique partout dans sa vie, dès qu'il avait été question de Jordan, la logique n'avait plus eu de place la concernant. C'est comme ça qu'il s'était rendu compte qu'elle était LA bonne personne. Il n'avait pas besoin de mettre des formules, de calculer, d'utiliser sa raison et de s'interroger, quand il était en sa présence, les choses étaient toujours dans le bon ordre. Il aurait bien voulu pouvoir mettre des mots sur ce sentiment et l'expliquer à ses proches, cependant, il ne savait pas comment le présenter. Ses actes, il l'espérait, le leur aurait fait comprendre, mieux que des mots. Il semblait que Blue-Ivy n'avait pas bien saisi le message quand elle avait pensé, que lui cacher, que Jordan avait survécu (il ne savait pas comment) pouvait lui être profitable. Ryan était en partie déçu de voir que sa grande sœur pour qui il avait eu tant d'admiration enfant, puisse ne pas le connaître aussi bien. Il avait toujours eu beaucoup d'admiration pour elle, autrefois. Cependant, la révélation de ses mensonges, était autant de poignards dans son dos. C'était douloureux.

« Que Blue-Ivy ait pu penser que je m’en remettrais, me prouve qu’elle ne me connait absolument pas. Je commence à comprendre pourquoi Charles a tant de mal en sa présence. Blue-Ivy semble se ficher complètement des sentiments que peuvent avoir sa famille. Il n’est question encore que d’elle. Son égoïsme fait peine à voir. Cependant, je pensais que toi tu savais combien d’amour j’avais pour toi. » Il se tut un instant avant de reprendre. « Je méritais au moins la vérité ! » Dit-il avec une pointe d’amertume et de tristesse, pour la première fois.

Cela semblait irréelle de reparler à Jordan après tant d’années. Il aurait préféré que cette rencontre soit sous un meilleur jour.

I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

Dans ces rêves, quand il retrouverait Jordan, dans l'autre monde, ils vivraient à nouveau heureux et ensemble. Ryan avait espéré la prendre dans sa bras, la serrer fort et embrasser ses lèvres si désirable. C'était comme ça que cela aurait dû se passer. Mais c'était un rêve sur leurs retrouvailles dans l'au-delà. Dans la vraie vie, ces retrouvailles ne se passaient pas de la bonne manière. Ryan savait pourquoi : parce qu'on lui avait menti. S'il y avait bien une chose qu'arborait Ryan c'était le mensonge. C'était une de ces choses qu'il était difficilement pardonnable. D'autant plus lorsqu'il s'agissait de mensonges émis par des personnes proche de soi. Il avait l'impression qu'on lui plantait deux flèches dans le cœur. La première était plantée par Blue-Ivy, sa propre sœur, qui lui avait menti et qui semblait être le cerveau de toute cette opération. La seconde était plantée par sa bien aimée qui avait préféré faire comme si tout allait bien pour lui, comme si c'était la meilleure chose à faire. C'était difficile à admettre. Lui qui pensait son cœur fait de glace, se rendait compte que la drogue et son comportement destructeurs n'avaient pas détruit entièrement l'homme qu'il était autrefois. Il avait encore un cœur qui battait au fond de sa poitrine et pas uniquement parce que c'était sous l'effet d'une drogue ou de l'adrénaline dû à une vitesse extrême. Cela aurait dû le rassure, mais au contraire, ça le plongeait dans une sacrée remise en question de cet état de fait. Finalement, il était plus simple de ne rien ressentir. Être mort dans l'âme, rendait les choses plus simples. Maintenant, il devait apprendre à vivre avec cette trahison et ça risquait d'être difficile à gérer.

Pourtant, il avait vu les effets néfastes de ne rien ressentir que sous l'impulsion d'un produit illicite. Il en était devenu accro rapidement. Ce qu'il ressentait quand il prenait ses stupéfiants, c'était comme de se retrouver à nouveau dans le corps de l'ancien lui. Ryan se rappelait avoir commencé doucement. Au tout début, c'était simplement l'usage de drogues douces qu'on échange entre amis et lors de soirées. Mais c'était vite devenu un palliatif inutile et pas assez puissant. Il avait alors fait la rencontre de celui, qui allait devenir son dealer. Pourtant, quand il avait fait sa rencontre, au tout début, il n'aurait jamais pu dire qu'il en était un. Son dealer était en fait une femme. Elle s'appelait Christelle Dauclair. C'était une croupière dans les casinos Travers, qui sortait avec le mauvais garçon et qui se retrouvait dans le circuit de la vente de drogue. Ça lui permettait quand même de financer ces études, en parallèle. Ce n'était pas une mauvaise fille, mais tout cela, Ryan s'en fichait complètement. Il ne s'intéressait qu'à ce qu'elle pourrait lui vendre, peu importe combien ça lui coûterait. Même si Christelle avait bon cœur, elle ne pouvait pas laisser passer une chance se ferrer un bon poisson et d'avoir un client régulier. Elle lui avait donc présenté une première drogue dites dure. Cela avait été un palliatif à sa vie morne, pendant quelques mois. Puis, il avait fini par s'habituer aux effets et il lui semblait que ce n'était pas assez. Ce qui lui avait donné envie d'en découvrir d'autres, jusqu'à la fameuse goutte du diable. On lui avait promis qu'il n'y avait rien d'autre sur le marché et c'était vrai. Une vérité qui avait un prix dangereux : la possibilité de mourir.

Cela ne lui avait pas fait peur quand Christelle lui en avait parlé la première fois. Elle avait bon cœur sa dealeuse et elle avait tenté de lui faire comprendre dans quoi il s'engageait. Pas étonnant, qu'elle n'avait pas assez de clients, si elle les prévenait des dangers, à chaque fois. Heureusement, qu'elle l'avait lui, parce qu'autrement, elle aurait fait faillite, depuis un moment. Il avait écouté d'une oreille peu attentive ses recommandations, tout en pensant au projet Renaissance qu'il avait commencé à envisager de plus en plus, à cette époque. Pourtant, il avait décidé quand même de prendre cette drogue, sans savoir vraiment d'où elle venait. Son nom prévoyait des choses incroyables et c'était le cas. Pour quelqu'un qui n'avait jamais goutté à la goutte du diable, il était difficile d'envisager les effets et les conséquences sur le corps humain. Ryan n'avait jamais pu expliquer correctement à quelqu'un ce qu'on pouvait ressentir durant le trip le plus incroyable du monde. Ce n'était pas possible à formuler avec des mots. Il avait bien essayé avec des équations, mais rare étaient les personnes capables de les comprendre. Ce n'était pas une expérience simple et elle était terriblement mortelle. Une dose avait convaincu le jeune homme de ne pas toucher à nouveau à la goutte du diable, mais il savait que si on lui en montrait une, à nouveau, il était fort possible qu'il l'utilise. Une seule exposition et l'on devenait accro. Dans la ville du péché, qu'était New Phoenix, il n'était pas difficile d'en trouver et c'était bien cela le problème. Dans ses moments libres, Ryan travaillait dessus pour comprendre comment ça marchait et comment l'empêcher.

Mais là, il était en face de la femme qu'il aimait et qui l'avait déçu et trahi , au-delà de tout ce qu'il avait imaginé. Ryan lui avait annoncé toute la vérité d'une voix sans vie qui était la sienne, depuis qu'il avait appris, qu'elle était soi-disant morte. Autrefois, voir ses larmes, l'aurait profondément troublé, mais il avait tant pleuré et il n'en avait plus en lui. Il la regardait sangloter et il avait toujours envie d'elle, en tant que personne, malgré le sentiment de trahison. Jordan, lui disait, qu'elle ne savait pas. Ce n'était pas une excuse valable. Ne pas savoir n'était pas une excuse, c'était une réalité. Mais il n'avait pas vraiment envie de polémiquer sur cela. Il y avait toujours une part de lui qui était folle amoureuse de la femme en face lui. Malgré tout, le mensonge ne pouvait se pardonner dans les larmes et les excuses. Il lui dit cependant combien il était en colère contre sa sœur. Il méritait la vérité et aucune des femmes qu'ils aimaient le plus le lui en avait donné. Jordan choisit de la défendre, bien qu'elle n'était pas entièrement d'accord avec les actions, qu'avait accomplies Blue-Ivy. Elle tentait de dresser un tableau dans lequel Blue-Ivy avait fait le choix de le protéger et de ne pas lui dire la vérité. C'était un beau tableau et cela aurait pu être touchant si ça n'avait pas affecté sa vie et sa santé. On ne pouvait pas continuer à mentir quand on savait que son frère risquait sa vie parce qu'il croyait la femme de sa vie, morte. Si on continuait à mentir dans ces cas-là ; c'était qu'on n'avait pas de cœur ou qu'il y avait une raison particulière pour laquelle on faisait cela. Il osait espérer que Blue-Ivy avait du cœur, alors il ne restait que la raison cachée, qu'elle gardait pour elle et dont elle ne semblait même pas avoir averti Jordan.

« Inutile de la défendre, Jordan. Blue-Ivy aurait fait cela pour me protéger ? De quoi ? En tout cas pas de la mort, puisque je l'ai frôlé de nombreuses fois. » Répliqua Ryan, avec de l’amertume dans la voix.

Enfin, Jordan se décida à lui donner cette vérité, en retard de près de deux ans sur le calendrier. Il la vit se laisser tomber sur une souche d'arbre, qui était sur le bas côté. Elle essuya les larmes, qui avaient coulées, sur son visage avant de prendre la parole. Elle décrivit la mission où son père avait trouvé la mort. Il était question d'un groupe de sorciers qui auraient prit une centrale nucléaire chez les Inquisiteurs et qu'ils auraient prévu de la faire sauter, ce qui aurait probablement été terrible pour les populations aux alentours, mais aussi pour les autres. La propagation des radiations aurait touché tout le monde, sorcier ou non-sorcier, personne n'était capable d'éviter les conséquences négatives d'une surexposition aux radiations. De toute évidence, les sorciers ne devaient pas être très malin pour penser que c'était une bonne idée. Jordan devait les empêcher de faire cela grâce à ses talents informatiques, mais ça ne s'était pas passé comme prévu et elle avait dû se décider à faire les choses sur places. Son père avait décidé de l'accompagner. Cela n'étonnait pas du tout Ryan. Dans son discours, Jordan lui avoua que tout aurait dû être un succès. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et le père de Jordan fut la victime de ces imprévus qui s'étaient mis aux travers de la mission de la femme qu'il aimait. Il vit les larmes remonter à ses yeux. Ryan dut avouer que cela remua quelque chose en lui. Il allait dire quelque chose, mais se tût quand il vit son visage devenir un masque dur et sans pitié. Le jeune homme retient donc son élan et conserva une figure neutre pour l'écouter.

Jordan ne se souvenait de plus rien après, mais simplement du fait qu'elle se trouvait dans l'infirmerie et qu'elle n'avait ouvert les yeux, qu'un an après. Apparemment, elle aussi avait subit les dommages de cette mission ratée et elle ne devait sa survie qu'à l'expérience et l'habilité de Blue-Ivy et d'un docteur qui avaient tenté le tout pour le tout, pour sauver la vie de Jordan. Elle insista sur le fait, qu'elle comprenait le choix de Blue-Ivy, parce qu'elle n'avait peut-être pas de chance de survivre. C'était beau, presque lyrique, mais cela n'empêchait pas qu'il s'était agi d'un mensonge. Elle se tut pendant un instant, comme pour lui laisser le temps d'assimiler toutes les informations qu'elle venait de lui donner. Il sentait qu'elle n'en avait pas fini et préféra se taire et attendre le reste à venir. Il y aurait probablement la raison pour laquelle, Jordan avait décidé de suivre le mensonge de Blue-Ivy et de se faire passer pour morte. Il se demandait ce que cela pouvait donner. Apparemment, si le docteur et sa sœur avaient sauvé le corps de la jeune femme, il y avait un détail qu'ils avaient oubliés : s'occuper de la santé mentale de leur patiente. De toute évidence, les blessures mentales de Jordan étaient nombreuses, pour qu'elle pense les choses qu'elle venait de lui dire. Il y avait de l'émotion dans sa voix et on sentait qu'il lui était très difficile de dire ces choses. Autrefois, il l'aurait serré dans ses bras, mais là, il ne fit rien que la contempler, avec ce visage neutre, qu'il arborait chaque jour, depuis sa prétendu mort.

« Passer à autre chose et refaire sa vie ? Est-ce que c'est la seule idée que vous avez en tête, toi et Blue-Ivy ? Ai-je seulement mon mot à dire ? » Demanda-t-il agacé. « Apparemment, non je n'en ai pas. En tout cas, il ne semble pas. »

Elle disait que les sorciers lui avait volé sa vie, mais pour lui c'était les Inquisiteurs, qui lui avaient volé la sienne. Sans eux, il serait avec la femme qu'il aimait, en train de construire leur famille et de vivre heureux. Au lieu de cela, il avait cru qu'elle était morte, il était devenu accro à la drogue e il avait risqué sa vie, pour rien. Pendant ce temps là, les personnes qu'ils aimaient le plus, se jouaient de la confiance, qu'il avait placé entre eux. Deux ans plus tard, le constat était le même. Il n'avait pas le choix et devait subir à nouveau les conséquences de l'influence grandissante et empoisonné qu'était la présence des Inquisiteurs sur le territoire des États-Unis. Il semblait aussi qu'ils n'en avaient rien à faire des individus qui les servaient. Il suffisait de voir, à quel point Jordan était dans un état mental déplorable. Il savait ce que c'était, puisque lors de ces rehabs, il avait eu le droit à de nombreuses séances de thérapies avec des professionnels de la santé bardés de diplômes de psychologies. Ils ne l'avaient pas entièrement sauvé, mais il lui avait appris à mieux comprendre ses problèmes. C'était un apport qui avait de la valeur à ses yeux. Ce qu'il voyait devant lui c'était la femme qu'il aimait, brisée et pourtant sûre de croire qu'elle avait fait les bons choix. Pourtant, sans s'en rendre compte, elle semblait cracher sur cette deuxième chance qu'elle avait de vivre une vie sans toutes ces horreurs dont les responsables étaient le groupe des Inquisiteurs. Il fallait avouer qu'ils étaient doués pour maîtriser les esprits faibles et leur faire croire à leurs belles paroles de haine et de violence.

« Franchement, est-ce que tu écoutes ce que tu dis ? Tu crois que c'est le fait d'être cyborg qui va faire que je vais réagir différemment à ton encontre ? » Finit par s'écrier Ryan. « Alors je vais te dire que tu te trompes. Tu as tort Jordan. Le fait que tu sois une cyborg, je m'en fous. Ça n'aurait pas d'impact. Je me ficherais que tu sois malade, bègue, borgne, aveugle, sourde, atteinte d'un cancer, ayant un membre en moins, tout cela n'aurait aucune importance pour moi, parce que ce n'est pas une idée, une apparence ou un concept que j'aime : c'est la personne que tu es. La personne tout entière. Que tu ne sois pas capable de le voir, me fait douter de la manière dont j'ai pu t'aimer. Je n'ai pas du être suffisamment convaincant pour que tu ne puisses pas le voir. » Dit-il avec un peu plus de passion, que tout ce qu'il avait pu exprimer jusqu'à maintenant. « Tu n'es pas insensible. Regardes-toi ! Tu pleures, tu éprouves des regrets et de la tristesse. Le fait de ressentir quelque chose prouve que tu es un esprit vivant. Peu importe que ton humanité soit moindre. Pour moi ça n'a pas d'importance. »

Il voulait lui montrer que sa nature de cyborg n'était pas une excuse pour se croire incapable de mériter une vie normale. Ça ne changeait rien. Même les vampires ressentaient des choses et ils étaient censés être les êtres vivants les moins sensibles de ce monde. Son frère était aussi un cyborg et il le vivait assez bien. Il avait vécu de nombreuses histoires d'amour et ça ne l'empêchait pas d'éprouver des sentiments.

« Tu sais c'est quoi le véritable problème ?! Le truc qui se met entre nous, ce n'est pas tant tes mensonges et ta nouvelle nature de cyborg. Ce qui se met entre nous, c'est que tu es persuadé de devoir assassiner les sorciers que tu croises et que les Inquisiteurs t'ont offert quelque chose, alors que ce sont eux qui sont responsables de tes malheurs. Tu crois sincèrement que tout ça serait arrivé si tu n'étais pas aller les rejoindre ? Moi je sais que ça ne serait jamais arrivé ! Tu n'aurais manqué de rien. Je donnerai tout pour toi … Je n'ai pas pu, parce que les conséquences d'une mission pour ces cinglés pro-moldu ont fait que tu t'es mis dans la tête des choses, qui ne devraient pas y être. » S'écria Ryan.

Comme il les détestait. Les Mages Fondateurs étaient leur pendant sorcier, mais il ne lui avait rien volé. Les Inquisiteurs, eux, lui avait volé sa sœur, sa bien-aimée, et il ignorait encore ce qu'il pouvait encore lui prendre. Il sera les poings. Il était peut-être mort au fond de lui, mais les Inquisiteurs avaient réussi à réveiller une haine qu'il ne pensait pas avoir. Ryan ne pensait pas, qu'il pourrait leur pardonner un jour. Il commençait à comprendre à quel point il était un Jagger.

I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

S'il y avait bien des trahisons que Ryan n'avait pas imaginé c'était celles de Blue-Ivy, sa sœur, et celle de Jordan, la femme de sa vie. En vérité, elles l'avaient toutes les deux déçues. Ce sentiment étreignait son cœur et la douleur arrivait à percer au travers du brouillard dans lequel il vivait depuis qu'il avait cru que Jordan était morte. Des mensonges qui l'avaient mené dans une spirale de tourment et de folies, que lui-même était incapable de décrire et que les gens autour de lui avait du mal à comprendre. Il avait sombré dans une sacré folie, dont il était encore le pion, malgré tout. La drogue avait comblé le manque de son amour, pendant un moment, mais c'était devenu une addiction dont on ne peut guère se passer. Parfois, il avait des sueurs froides en pensant à l'envie qui le tentait de temps à autre, de retomber dans ses vieux travers. C'était toujours difficile de s'empêcher de succomber. Oh, il avait bien eu quelques rechutes. Personne n'est parfait et la vie lui pesait grandement quand même. Pourtant, il avait eu de l'aide et sans elle, une de ses tentatives d'en finir avec tout cet enfer, aurait fini par aboutir. Heureusement, sa mère était une femme de caractère qui arrivait à obtenir ce qu'elle voulait de ses enfants. La matriarche de la famille Jagger n'était impressionnée par rien, ni personne. Certainement pas, par ses enfants, qu'elle était capable d'amener là où elle voulait. Elle l'avait poussé à se soigner et aucune de ses rechutes ne l'avaient fait fuir. Elle s'était échiner à lui venir en aide, parfois contre son gré. Ryan pouvait s'estimer heureux de l'avoir eu comme mère, alors même qu'ils n'étaient pas du même sang.

De toute évidence, il n'avait pas été le seul à souffrir. Il était assez triste de se dire qu'ils avaient souffert chacun dans leur coin, alors qu'ils auraient pu s'entraider. Mais en vérité, il n'aurait jamais souffert de la même façon, si on ne lui avait pas caché la vérité. Il aurait pu épauler Jordan, comme il avait toujours cru qu'il le ferait. Les Inquisiteurs lui avaient volé une partie de sa vie et un morceau de son âme. Il n'y avait aucune exception. Autrefois, Ryan arrivait à garder un peu de reconnaissance pour eux, d'avoir pu donner à Blue-Ivy, la chance de faire ses preuves et d'exercer un métier qu'elle adorait, alors même que cela lui était impossible chez eux. Malgré le génie créatif et financier de leur père, on ne pouvait pas dire que c'était un homme très tolérant et il avait des idées bien arrêtées sur la place des femmes, dans la société. Certaines personnes arrivaient à s'en accommoder, comme leur mère, et d'autre n'y arrivaient absolument pas et c'était le cas de Blue-Ivy. Cependant, la compassion était morte en même temps que la révélation de l'ignoble entreprise dans laquelle sa sœur avait été complice. Non content de lui voler la femme qu'il aimait plus que la vie, les Inquisiteurs avaient réussi, à lui enlever l'affection qu'il avait pour sa demi-sœur. Pourtant, ils avaient été si proche, lorsqu'ils étaient jeunes. C'était envers elle qu'il avait été le plus loyale. Cependant, aujourd'hui, il se sentait plus proche de ses frères aînés, que de lui. Ils avaient été là dans la tourmente, alors même que Blue-Ivy s'était tenue loin, sans doute parce qu'elle était en partie responsable indirectement de la situation dans laquelle il s'était retrouvé.

Dans son cœur, la rancœur qu'il avait sembler grandir et s'étendre. Il ne pourrait pas pardonner à Blue-Ivy une si grave faute de jugement. Son orgueil, décidément trop important, semblait ne pas être capable de comprendre la notion simple de famille et de décence. Ryan se sentait terriblement trahi. Ce sentiment l'étreignait fortement. Il avait dépassé le simple stade de la colère et se sentait de plus en plus inspiré par des idées soufflées à l'oreille par la vengeance. Il gardait la tête froide. S'il n'avait pas vécu toutes ses petites morts, il aurait pu céder au chant de sirène de la colère et agir avec folie. Cela ne correspondait pas à son caractère très terre à terre et logique. Le scientifique en lui préférait la saveur douce et froide de la vengeance qui se pensent et se réfléchit. C'était une toute autre forme de poison, qui semblait, lui embrumer l'esprit à la pensée de sa sœur et de ses mensonges. Il aurait pu avoir des pensées plus dures pour Jordan, mais il semblait que son amour pour elle, l'empêchait d'avoir de telles horreurs en tête. Peut-être était-ce parce qu'elle n'avait jamais quitté ses pensées pendant tout ce temps, où ils avaient été séparés. Malgré tout, il ressentait très mal, le fait, qu'elles aient travaillés de concert pour décider de sa vie, sans lui offrir ce choix. Personne n'avait le droit de décidé pour lui, de ce qu'il devrait faire de ses jours. Il aurait dû avoir le choix de sa propre destinée. Il le fit d'ailleurs savoir à haute voix et ne fut pas surprise de découvrir que Jordan n'était pas d'accord. Ryan se doutait, qu'elle allait répondre cela.

Cela le fit sortir en partie de ses gongs, même s'il gardait quand même une certaine réserve qui était devenu sienne lorsqu'il s'était cru vivre pour le simple plaisir de ne pas faire de mal aux autres, alors qu'au fond de lui, rien ne le retenait en cette terre. Pourtant, il y avait une certaine passion derrière ses mots, qui tendait à prouver qu'il n'était pas qu'un masque de cire sur un corps qui bougeait. Il y avait encore des sentiments forts capable de s'exprimer en lui. Il l'avait entendu répondre qu'elle savait que son attitude ne changerait pas envers elle, s'il avait appris, plus tôt, qu'elle était en partie cyborg. Il ne comprenait vraiment pas comment, elle avait pu prendre la décision de ne rien lui avouer. Cela dépassait l'entendement. S'il y avait bien une chose pour laquelle Ryan ne s'intéressait pas de savoir quelles étaient les causes scientifiques à l'origine de son existence, c'était bien l'amour. Les mots que Jordan utilisaient pour soutenir son argumentation, selon laquelle, cela avait été le meilleur choix de ne rien lui avouer, ne convainquaient décidément pas le plus jeune membre de la famille Jagger. Il se fichait de valoir mieux. Des tas de choses valent mieux que ce qu'elles ont dans la vie. Ryan avait fait un choix, en toute conscience et c'était celui de donner son cœur et son amour à Jordan. Peu importait sous qu'elle forme, elle se présentait, Jordan, restait la même. Si elle ne pouvait pas le voir, lui n'avait aucun soucis à ce niveau-là. Il espérait, qu'elle finirait pas ouvrir les yeux et se voir, à travers les siens, pour comprendre qu'il avait raison sur ce point. Qu'elle puisse ne pas le voir, c'était un signe de plus, aux yeux des Ryan, que les Inquisiteurs ne savaient pas sauver quelqu'un. Ils ne savaient que détruire autour d'eux, en se parant de grands idéaux, comme si cela pouvait cacher l'ignoble vérité.

Ryan n'avait jamais haïe quelqu'un auparavant. Il ignorait à quel point ce sentiment pouvait être empoisonné. Pourtant, il ressentait de la haine pour les Inquisiteurs et ce qu'ils représentaient : des gens incapables de comprendre et d'être ouvert, des meurtriers qui ne savaient pas sauver quiconque et des charmeurs de serpents aussi venimeux que les fausses paroles qu'ils utilisaient pour convaincre les personnes de les rejoindre. Il savait reconnaître la haine, il ignorait à quel point elle pouvait détruire une personne. Sa haine était assez neuve et avait encore du mal à s'habituer à l'avoir au fond de ses pensées. Même la trahison de Blue-Ivy lui apparaissait moindre par rapport aux agissements des soi-disant libérateur des véritables humains. Comme s'ils avaient le droit de dire qui méritait de vivre et qui méritait de mourir ? Les Inquisiteurs semblaient être affublés du complexe de Dieu. Il avait bien essayé de le faire comprendre à Jordan, mais elle ne semblait pas avoir le même avis que lui, à ce sujet. Ce n'était pas une grande surprise, mais cela prouvait à quel point la rhétorique des Inquisiteurs était bien rodée. Jordan semblait tellement émotive. C'était elle le cybord, mais il avait davantage l'impression d'en être un, en se trouvant face à elle, aussi calme que toujours. Il avait entendu dire dans son dos, dans les laboratoires Yaxley, qu'on le surnommait la statue de cire. Cela lui importait peu. Seul ses recherches le maintenaient en vie, alors. C'était son unique intérêt et il se noyait de-dans avec le désespoir de celui qui doit survivre. Dommage, qu'il le fasse pour de mauvaises raisons. De voir Jordan, devant lui, lui apporterait peut-être une certaine paix, mais c'était sans compter sur la haine et sa sœur de cœur, la vengeance.

Jordan s'élança vers lui et posa ses mains sur ses bras. Son contact était aussi semblable qu'autrefois et chassa, un court instant, ses sombres pensées. Pendant cet instant, il aurait pu fermer les yeux et se retrouver à nouveau dans un temps où, il n'y avait pas toutes ses différences et horreurs entre eux. C'était un temps, où tout était plus simple. Cette impression fut chassé aussi vite qu'elle était apparue. Comme si un coup de vent l'avait fait fuir… ou bien c'était les paroles de Jordan. Elles étaient incongrues dans ces instants de bonheur. La jeune femme voulait, qu'il comprenne, que le problème c'était les sorciers. La propagande insipide et haineuse des Inquisiteurs fut le discours qu'elle lui servit. Il l'écouta avec attention, tout en trouvant à chaque fois une idée pour réfuter les arguments. Au lieu de perdre son temps dans une colère puérile, Ryan préférait analyser la situation sous tous ses angles. Cela lui permettait de rester aussi calme qu'il l'apparaissait. S'il pouvait compatir en ce qui concernait les tragiques événements de Boston, il ne pouvait croire que cela justifiait une telle violence, incompatible avec cet idéal de paix que les Inquisiteurs semblaient vouloir offrir, tout en gardant sous silence que cela voulait dire qu'ils étaient prêts à effectuer un génocide sur une partie de la population du pays. Aux dernières nouvelles, cette action était encore qualifié de crime contre l'humanité. La dernière fois que quelqu'un s'était lancé dans une telle entreprise, les résultats avaient été catastrophiques pour toutes ses vies innocentes et tout simplement inhumains. Vouloir éradiquer qui que ce soit, avait toujours des conséquences négatives. Il n'y avait pas besoin d'être sortie d'une grande école pour le comprendre. A croire, que les Inquisiteurs avaient sautés les cours d'histoire.

Alors qu'il l'écoutait, Jordan fit la plus étrange demande, qu'il n'aurait cru entendre : quitter New Phoenix et venir s'installer ici, au coeur des territoires tenus par les Inquisiteurs. Il fut si estomaqué, qu'il fut incapable de dire quoi que ce soit pendant un moment. Comment pouvait-elle seulement lui demander cela ? Pas après toutes ses révélations. Ryan sentait qu'il lui serait impossible, pour lui, de vivre, au milieu, de tous ses menteurs. Ces personnes lui avaient volés trop de choses pour qu'il puisse travailler pour eux. Les sorciers étaient peut-être des manipulateurs, mais aucun d'entre eux, ne lui avait fait un tel affront. Ces dons n'étaient pas gaspillés à New Phoenix. Il faisait partie d'un des laboratoires les plus importants du pays et travailler sur un projet qui aurait de quoi donner des cauchemars aux Inquisiteurs. On pouvait au moins leur reconnaître, que leurs actions stupides, n'avaient fait que renforcer son envie de faire que ce projet réussisse. Ryan n'avait jamais désiré la magie. Il aimait la fée de l'électricité et il ne se sentait en rien diminué par rapport aux sorciers. Sous le microscope, ils étaient si semblables au non-sorciers qu'il fallait un examen vraiment poussé pour y voir la plus infime différence. Que ce soit du côté des sorciers ou des non-sorciers, il y aurait toujours des êtres pétries de mauvaises intentions, manipulateurs et menteurs. Devaient-ils être la seul mesure de l'importance ou non d'une partie de la population ? Le scientifique en lui en doutait fortement. Ryan tenait dans ses mains, celles, précieuses, de sa bien-aimée et il se rendait compte qu'un immense fossé se dressait entre eux, qui n'était pas là autrefois : leurs convictions personnelles au sujet de cette grande mascarade qui se jouait aux États-Unis, depuis la révélation de l'existence des sorciers, au grand jour.

« Ce que veut Blue-Ivy m’apparaît de plus en plus comme la seule chose à ne pas faire. On ne peut pas dire qu'elle est un jugement infaillible. Elle fait des choix plus que discutables. » Fit Ryan en regardant leurs mains jointes, comme s'il s'agissait d'une hallucination.

Jordan ne semblait pas vouloir presser le sujet. Elle semblait vouloir se concentrer sur ce qu'elle avait pu rater à son sujet. Si Ryan avait été un être plus désabusé, il aurait eu un petit rire amer, mais il n'en fit rien. Il était aussi calme que toujours, fidèle à son surnom de statue de cire. Cette conversation devenait de plus en plus irréaliste et il avait du mal à s'y retrouver. Dans ces moments-là, il analysait la moindre chose que son regard captait pour éviter de faire n'importe quoi ou plutôt de dire des paroles regrettables. Il était un jeune homme plutôt posé et d'autant plus ces derniers temps. Certes, autrefois, il était plus souriant et avait un esprit plus léger. Quelque part, les Inquisiteurs lui avaient permis de perdre cet aspect de sa personnalité. Ryan doutait de redevenir un jour l'homme qu'il était. Lorsque Jordan était en train de se transformer petit à petit, certaine partie de son corps en cyborg, lui-même était devenue un être de logique extrême, qui ne perdait les pédales qu'avec la drogue, sa fidèle amie. Maintenant, qu'il avait accepté son sevrage, il s'était rabattue sur sa cousine : l'adrénaline. Il en était tout aussi accro. Être si proche de la mort, lui tendre la main, échanger un baiser, et malgré tout rester dans les bras de la vie ! Une sensation si proche de ce qu'il ressentait lorsqu'il se laissait aller, à prendre une de ses drogues de plus en plus récréatives. Elles avaient été ses amies, ses ennemies et sa corde de sortie, tout cela à la fois. Il s'était laissé mourir à petit feu, pensant qu'à la fin, il retrouverait celle qu'il aimait, l'attendant, sur les rives de l'autre monde.

« Qu'est-ce que tu veux savoir Jordan ? » Demanda-t-il avec un calme un peu glacial « Il ne s'est pas passé tant de choses. J'ai essayé de trouver la mort du mieux que je pouvais pour te rejoindre, croyant que tu étais véritablement morte. En chemin, j'ai eu la bonne idée de devenir toxicomane. Tant qu'à mourir, autant le faire avec le sourire aux lèvres. Il y avait toujours des personnes prêtes à m'aider dans ma quête insensé, moyennant la bonne somme d'argent. J'ai frôlé la mort plusieurs fois, mais jamais la lumière blanche ne s'est manifestée pour moi. J'ai fait souffrir les miens, pour une chose qui n'existait pas et ce n'est que grâce à leur acharnement que je suis ici, en train d'avoir cette conversation avec toi. » Il prit une inspiration avant de lâcher la suite d'une traite. « Par la suite, j'ai préféré me rabattre sur d'autres moyens, moins visible, de me frôler à la mort. C'était ma vie contre un shoot d'adrénaline, la seule chose qui me prouvait que j'étais encore vivant. C'est ce que les Inquisiteurs m'ont pris, en plus de toi. » Conclue Ryan.

I Though You Were Dead

Jordan ft. Ryan

Il n'y avait plus aucun secret et la vérité avait enfin éclaté. C'était couru. Aucun mensonge ne peut durer éternellement, il finit toujours par être éventrer. Le plus dur c'est de tenir jusqu'à ce que la vérité soit révélée. Ryan savait qu'il aurait pu passer le reste de son existence sans connaître la vérité. Il n'était pas vraiment du genre à se balader chez les Inquisiteurs. Pourtant, ce n'était pas comme s'il risquait la moindre chose, mais en commençant à travailler à New Phoenix, il s'était rendu compte à quel point, il était stupide de vouloir imposer un seul mode de pensée sur quelqu'un. Il ne pourrait pas y avoir un monde entier de sorciers seulement ou un monde entier de non-sorciers uniquement. Toute chose à une raison pour son existence sur terre. Il n'y avait pas besoin de sortir de MIT pour savoir cela. Il suffisait simplement d'avoir quelques notions de science et d'avoir écouté son professeur de physique-chimie ou de biologie. Malheureusement, il semblait que beaucoup de personnes semblaient avoir oublié cette vérité fondamentale ou bien qu'ils préféraient faire comme si cela n'existait pas. Si les moustiques existaient, il y avait une raison et c'était pourtant des insectes particulièrement agaçant : ils sont source de nuisance par les piqûres qu'ils infligent, ils sont le plus important groupe de vecteurs d'agents pathogènes transmissibles à l'être humain et ils sont partout ! Pourtant, ils avaient un rôle à jouer dans l'écosystème et il ne viendrait à l'idée de personnes de les exterminer jusqu'au dernier. Pourtant, cela provoquerait un certain soulagement au début, mais qui sait quel pourrait être les conséquences à long terme, de leur disparition. C'était la même chose lorsqu'il s'agissait des sorciers ou des non-sorciers. Ce n'était pas bien compliqué à comprendre !

Il avait pu comprendre un temps pourquoi Blue-Ivy était partie rejoindre les Inquisiteurs. Il n'y avait pas mille entreprises qui travaillaient sur la robotique et la nanotechnologie de pointe qui pourrait permettre à sa sœur de développer et d'utiliser son talent elle s'était fermée les portes de celle de la famille en ne sachant pas faire preuve de patience et en se mettant à dos ses frères aînés. Il était vrai que Charles Senior n'était pas une des personnes les plus ouvertes d'esprit dès qu'il était question d'impliquer les femmes dans la vie active. Cependant, aucun de ses fils ne semblaient avoir récupérer cette tare et il aurait fallu que la jeune femme fasse preuve de patience et de stratégie, en attendant que les rênes de l'entreprise soient transmises à Charles, leur frère. Elle n'avait pas voulu attendre et prenait mal le fait que ses frères ne la défendent pas plus. Elle avait donc rejoint l'entreprise de Caldwell&Sons et avait ainsi rejoint les rangs, pas défaut, des Inquisiteurs. Ryan savait qu'elle n'était pas particulièrement hostile aux sorciers. Il suffisait de regarder les listes de ses anciennes conquêtes pour se rendre compte que le nombre de sorciers dépassaient même largement ceux des non-sorciers. Par contre, il n'arrivait pas à encaisser la raison pour laquelle Jordan s'ententait à croire que les sorciers pouvaient être la moindre menace. La magie était certes quelque chose d'incompréhensible au premier abord, mais il y avait une raison scientifique derrière chaque chose et c'était aussi le cas pour la magie. Ryan s'en était bien rendu compte en travaillant aux laboratoires Yaxley. Au fond, il n'y avait pas de grande différence biologique entre les sorciers et les non-sorciers. A l'exception d'un petit gène, qui une fois ses secrets révélés, ne ferait pas de bien grande différence entre eux.

La colère grondait en lui, mais il avait tellement appris à museler ses émotions et à ne plus rien ressentir pour ne pas se laisser envahir par la tristesse d'avoir perdu Jordan, qu'il ne la laissait pas s'exprimer. Il la contenait en lui avec peu de difficultés. C'était un point de pression quelque part dans son esprit, qu'il pouvait compartimenter et mettre de côté. Il savait qu'on le considérait comme quelqu'un de froid. S'il cachait ses sentiments, il n'en était pas du tout sourd et il entendait très bien les murmures de certains de ses collègues. Ryan n'avait cure de ce qu'ils pouvaient tous penser. Il n'avait qu'une chose dans sa vie : son travail. Sans cela, il serait probablement devenu fou. Bien sûr, l'aide des drogues et des quelques paradis artificiels accessibles, lui avait été d'une grande aide. Il savait qu'il n'était pas le seul à avoir recours à cela. New Phoenix était presque la seconde capitale du péché dans le pays. On pouvait y trouver tout ce que l'on voulait pour peu qu'on ait un peu d'argent. Concernant ce dernier point, il n'en avait jamais manqué. Il venait d'une famille riche et le salaire qu'il recevait des laboratoires Yaxley était très généreux. Les opportunités de dépenser tout cet argent ne manquait pas à New Phoenix. Il était aussi curieux de nature et quitte à tenter de mettre fin à ses jours, autant le faire de manière originale en testant ce qu'il y avait de mieux avant de partir. Certes, il n'avait jamais franchi la dernière ligne droite grâce à sa famille et pour éviter de les faire souffrir il s'était rabattu sur l'adrénaline. Moins facile d'y avoir recours, mais tout autant dingue.

Il ne pouvait comprendre que Jordan est choisi de son plein gré de rejoindre les Inquisiteurs. Ce qui lui était arrivé était affreux mais était-ce une raison de juger toute une partie de la population et de tenter de l'exterminer ? Certes non ! Elle voulait qu'il arrête de se détruire, mais il pouvait en dire autant à son sujet. Tuer les gens qui avaient la même identité que ceux qui lui avaient fait ça, n'était pas non plus une thérapie particulièrement probante. Au moins, il ne faisait de mal à personne en s'autodétruisant. Ce n'était pas totalement vrai, mais il ne tuait personne c'était certain. Prendre les armes pour tuer des sorciers n'étaient pas particulièrement un signe de santé mental. Jordan disait qu'elle n'avait pas voulu tout cela, mais elle avait quand même fermée les yeux. Espérer qu'il s'en remettrait ? Il n'avait donné à personne d'autre son cœur et ne le donnerait probablement jamais à personne d'autre. Elle était la seule pour lui et peu importait qu'elle soit en grande partie cyborg. Il n'était pas effrayé par ce genre de choses. Charles avait des membres robotiques et il n'était pas devenu psychotique avec l'envie de tuer une partie de la population. Rien ne justifiait le meurtre. Il était triste de se rendre compte que la femme qu'il aimait, avait elle aussi, fermer son coeur à pas mal de choses. Il n'arrivait pas à remettre l'image qu'il avait de la Jordan d'avant avec les paroles de celle qui lui faisait face. Il lui en voulait d'avoir cru que c'était la solution, de ne lui avoir rien dit, mais surtout il était dans une énorme fureur envers sa sœur qui savait, qui l'avait vu devenir une sorte de zombie et qui n'avait jamais eu le courage de lui dire la vérité. Il lui aurait probablement pardonné si elle avait fait preuve d'honnêteté. Cependant, elle ne l'avait jamais fait et il ne pardonnerait pas cette trahison. Il l'avait toujours soutenu et voilà comment elle lui rendait son soutien.

« Jordan, je ne pouvais pas m'en remettre. Les sentiments, que j'ai pour toi, sont éternelles. Ils ne changeront jamais. Mon amour pour toi ne s'éteindra pas. Je l'ai admis et tu le devrais aussi. Il me fallait une façon de vivre. Je ne fais pas ça pour me détruire, mais pour vivre. Je n'ai plus d'émotion. Elles sont mortes quand on m'a annoncé ta mort et il faut quelque chose de fort pour que mon corps et mon esprit ressentent quelque chose. » Répondit Ryan en contemplant les larmes qui coulaient sur le visage de Jordan. Il les essuya dans un geste tendre. « Tu n'aurais pas dû croire qu'il y aurait pu avoir quelqu'un après toi… »

Jordan lui avait proposé de rejoindre le Bastion. Cela présentait un avantage certain : revivre à ses côtés. Malheureusement, il ne sentait pas prêt à mettre un jour les pieds dans la capitale des Inquisiteurs. Autrefois, il les considérait comme nuisible, mais il ne leur souhaitait aucun mal. Ryan les voyait plutôt comme des gens qui s'étaient fourvoyés, mais tout avait changé quand il avait retrouvé Jordan. Il voyait les choses autrement maintenant. Il se rendait compte que leur influence, sur les gens ,était un véritable poison qui pouvait rendre mêmes les personnes les plus exceptionnelles, de vrais imbéciles. Blue-Ivy avait probablement perdu la tête à force de les fréquenter. Comment avait-elle pu lui mentir tout ce temps et sourire comme si rien de grave ne s'était passé. Quant à Jordan, elle ne voyait pas que la situation dans laquelle elle se trouvait n'était qu'une des conséquences dramatiques de la folie des Inquisiteurs ? Il n'était pourtant pas en admiration béate devant les sorciers pour les aduler. Non, il était un scientifique et il voyait les choses avec le réalisme et pragmatisme qui étaient l'essence de la science. Les Inquisiteurs étaient un fléau et jamais il ne pourrait travailler pour eux. Les Partisans du Nouveau Monde n'étaient pas parfaits et leurs idéaux avaient été basés sur un mensonge, cependant, ils avaient tenté d'en faire quelque chose de bien. Ce n'était pas un rêve que de croire qu'une entente pouvait exister entre les sorciers et les non-sorciers. C'était mieux que de penser qu'exterminer un groupe ou l'autre amènerait quoique ce soit de positif. Imposer sa loi sans prendre en compte l'avis des uns et des autres, ce n'était pas aider quelqu'un, c'était faire preuve de despotisme et de dogmatisme. Cela il ne pouvait le cautionner.

Jordan avait la bonne idée de ne pas pousser l'idée davantage. Il lui aurait alors annoncé très clairement que c'était impossible. Bien sûr, il semblait aussi, qu'il oubliait une donnée importante : Il aimait Jordan et maintenant qu'elle était vivante, il ne voulait pas la perdre une deuxième fois. Leurs idéaux et visions différentes se dressaient entre eux. Cependant, rien n'était plus définitif que la mort et comme cette dernière ne les avait pas séparée, quelques obstacles comme ceux des idées, n'allaient pas réussir. Réussir à concilier les deux ne serait pas simple et peut-être finalement que c'était impossible. Sa bien-aimée semblait véritablement croire que le choix qu'elle avait fait était le meilleur. Il pensait lui aussi que le sien était le plus pragmatique et qu'il n'allait pas faire le choix de travailler pour les Inquisiteurs. Pourtant, ce n'était pas comme si on ne le lui avait pas proposé. Il avait déjà rencontré Elizabeth, la micro-biologiste en chef des laboratoires soutenant le projet des Inquisiteurs. C'était quand elle faisait encore partie de la famille et qu'elle portait le nom de son frère. Elle lui avait toujours fait l'effet d'une femme contrôlante et calculatrice. Sa beauté froide ne faisait que renforcé cette impression. Il s'était toujours demandé ce que Charles lui avait trouvé. Son frère avait toujours aimé les femmes fortes, mais ses mariages n'avaient jamais duré. Elizabeth avait tenté d'user de leur lien passé pour le convaincre. Il n'avait pas été convaincu et il avait refusé son offre alléchante. Elle n'avait pas la passion de Merlin dans ses yeux. Le problème qu'il rencontrait de concilier ses idées et de garde Jordan n'était vraiment pas simple. Une difficulté comme celle-ci méritait d'être réfléchie la tête froide. Même s'il semblait calme de l'extérieur, un tourbillon de pensée s'enchaînait dans son esprit. Il n'était pas prêt à faire un choix maintenant et donc à donner une réponse au problème qui se dressait devant eux. Il faudrait qu'il y accorde le temps nécessaire.

Jordan lui posa la question piège qui était de savoir ce qu'il allait se passer maintenant. C'était bien la question à un million de dollars. Lui qui avait toujours une réponse à tout et qui était habitué à en fournir, se trouvait muet. Ryan ne savait quoi lui répondre. Il n'était plus le jeune homme guidé par ses émotions et c'était difficile de s'y abandonner. Il n'était même pas sûr de le vouloir à nouveau. La seule chose dont il était certain, c'est qu'il n'abandonnerait plus Jordan, mais qu'il ne souhaitait pas non plus se perdre en la gardant. Il ne pouvait lui fournir une véritable réponse maintenant. Le temps serait probablement bénéfique pour démêler ce sac de nœud. Mieux valait ne pas se précipiter au risque de perdre quelque chose d'important entre temps. Ses yeux se posèrent sur la silhouette de Jordan qui n'avait pas changé. Elle était aussi parfaite que dans son souvenir. Comme si le temps s'était figé. On pouvait dire que Blue-Ivy et quiconque l'avait aidé, avaient fait du bon travail pour maintenir Jordan en vie. Il en était content et cette émotion qu'il ne ressentait que fort rarement, fit battre son cœur avec un peu plus de rapidité qu'auparavant. Il n'y avait vraiment que Jordan pour briser son attitude de statue de cire. Il l'avait toujours su qu'elle était la clé de son cœur et de ses émotions. C'était plus fort que n'importe quelle drogue ou situation périlleuse qui faisait surgir l'adrénaline, en lui. Cependant, la femme qu'elle était maintenant et l'homme qu'il était aujourd'hui, n'étaient plus les mêmes. Ils n'étaient plus idéalistes et pleins de bons sentiments. Les expériences et les horreurs qu'ils avaient vécu les avaient rendus plus froids, plus amer. Peut-être que Jordan était même moins abîmé que lui : elle arrivait à pleurer. Il n'avait plus de larmes en lui depuis un moment.

« Je ne sais pas encore. » Avoua Ryan. « Je ne peux pas te répondre. Il y a trop de facteurs à prendre en compte et je ne veux pas risquer de tout perdre à nouveau et de ne pas arriver à m'en remettre. J'ai besoin d'y réfléchir, mais je te promets que lorsque je le saurai, tu seras la première personne au courant. Je te le demande comme une faveur. » Affirma le jeune homme.
Il s'approcha d'elle et la sera contre lui pour mettre plus de chaleur dans ses paroles plates. C'était si bon ! Presque comme un rêve. Il espérait vraiment que s'en était pas un parce que sinon la chute serait trop difficile à subir. Pourtant, tout semblait bien réel et il faudrait qu'il apprenne à son esprit à l'admettre. Il se pencha doucement vers elle, comme s'il avait soudain peur qu'elle le rejette. Il posa ses lèvres sur son front pour y déposer un tendre baiser, avant de s'éloigner et de prendre son casque. Il remonta sa moto et s'assit à nouveau dessus.

« Nous nous reverrons ! Entre temps essaie de ne pas perdre la vie, parce que je ne sais pas ce que je ferai si ça venait à être le cas et je prie pour que personne ne soit entre moi et mes actions à ce moment-là. » Ajouta-t-il avec ferveur, mettant enfin un peu de sentiments dans ses paroles.

Il alluma le moteur et partit vers la direction de la maison de sa soeur. Rester n'aurait rien changé, mais les vérités énoncées aujourd'hui auraient un impact sur le futur et sur eux.