Le grimoire d'un sorcier est parfois plus facile à comprendre que les êtres humains

La pluie tombait à drue et ne semblait plus vouloir s’arrêter depuis des jours. Les rues de Boston paraissaient soudainement désertées et seuls les plus courageux ou ceux qui y étaient contraint mettaient le nez dehors pour affronter la pluie. Depuis son accident au No Man’s land, Ernie avait dû prendre un repos forcé sous l’œil vigilent de son neveu qui se reprochait encore amèrement tout ce qui avait encore découlé de son inconscience. Afin d’aider au mieux son oncle, Zach avait posé 5 jours de plus en congé pour rester avec lui, mais les 5 jours touchaient à sa fin et en un certain sens Zach en était ravi. Bien qu’il adorait son oncle et plus encore passer du temps avec lui, il fallait reconnaitre qu’Ernie aussi adorable soit-il, n’était pas un patient facile, il pouvait même se montrer clairement insupportable allant parfois jusqu’à mettre sa patience à rude épreuve. Il était en effet très difficile de se faire obéir par son ainé lorsqu’il avait décidé quelque chose et pire encore il était impossible de le faire rester tranquillement assis en place (ça ne vous rappelle personne à vous ? ;p) cela étant, lorsqu’il obéissait bien sagement et sans opposer la moindre discussion ou protestation cela devenait immédiatement plus inquiétant car cela signifiait que le fabriquant de baguette se sentait vraiment mal. Fort heureusement, les soins procurés à Sainte-Marguerite firent assez vite leur effet et plus les jours passaient plus Ernie se rétablissait, il pourrait donc quitter le territoire des mages fondateurs sans avoir à trop s’inquiéter pour lui, et retrouver ainsi Livie qui lui manquait terriblement. Heureusement qu’il avait acheté ces miroirs à double sens il y a quelques années. Il ne pensait pas s’en servir un jour, et encore moins avec la personne pour lesquels il les avait achetés à l’origine, mais aujourd’hui il s’en félicitait. Grace à eux, il pouvait communiquer à loisir avec Livie, et quand il ne serait pas à Boston, Ernie pourrait s’en servir pour le contacter si jamais il avait besoin de quoi que ce soit. Il en avait également offert à Aurélia, mais depuis leur récente mésaventure elle ne les avait toujours pas utilisés  ce qui le surprenait. Il ne pouvait s’empêcher de se demander si Faith avait bien remis toutes les affaires à sa sœur comme il le lui avait demandé…
C’était en allant faire les courses avec Salem, et en se perdant une fois de plus, que Zach était tombé sur la devanture d’une petite librairie qui avait su attirer son œil à cause d’un ouvrage très récent et parfaitement exposé sur les dragons. Il était donc entré dans la boutique ce jour-là pour faire son petit achat impulsif, et en profiter pour prendre un roman qui l’occuperait durant les soirées. Le libraire était un peu près de son âge et s’était avéré aussi sympathique que de bons conseils même s’il s’était montré un client assez difficile, aussi en avait-il profité pour lui demander son chemin.

Aujourd’hui, s’il revenait dans cette boutique malgré la pluie battante ce n’était pas parce qu’il s’était perdu en route mais bien parce que la librairie était bel et bien le lieu de sa destination. Zach n’avait pas eu le temps de lire le fameux roman qu’il y avait acheté car Ernie avait commencé à le feuilleter négligemment pendant qu’il lisait son ouvrage sur les dragons, mais très vite, il avait fini par ne plus le lâcher et ce jusqu’à ce qu’il arrive à la dernière page. Aussitôt après, enthousiaste, l’homme lui avait raconté toute l’histoire de A à Z sans rien n’omettre et Zach l’avait écouté avec amusement. Même s’il n’avait désormais plus besoin de lire ce livre puisqu’il avait eu droit à un résumé complet pour ne pas dire détaillé, ça lui avait fait plaisir de voir Ernie aussi joyeux, et c’était la raison pour laquelle il était de retour ici. Il espérait offrir deux ou trois romans supplémentaires de ce même auteur à Ernie, ainsi, il saurait qu’il serait occupé à lire pendant quelques temps encore ce qui par définition, signifiait qu’il se reposerait un peu malgré le fait qu’il ne soit plus là pour le surveiller. Et puis il espérait bien trouver un petit cadeau pour Livie, elle qui adorait les livres il espérait lui dégotter quelque chose qui lui plairait d’à la fois rare et passionnant. Et surtout, quelque chose qu’elle ne connaissait pas du tout

Comme à la boutique d’Ernie, une petite clochette se mit à retentir dès l’instant où il ouvrit la porte, signalant par là-même à son gérant, qui se trouvait de toute évidence à l’arrière-boutique à en juger par son sonore « J’arrive » , qu’un client venait de franchir le seuil de sa librairie. Dès qu’il referma la porte derrière lui, le bruit de la pluie cessa et il ne restait plus que le calme silencieux de la boutique. A l’aide d’un sort, Zachary se sécha et lorsque Oz apparut il ne dégoulinait plus d’eau de pluie de la tête au pied. A le voir ainsi il était difficile de s’imaginer que dehors c’était un véritable déluge qui s’abattait sur la ville. Les pavés eux-mêmes étaient noyés sous les torrents d’eau. Un grand sourire s’afficha sur les lèvres de Zachary lorsque le libraire fit son apparition et qu’il comprit que son client c’était lui.

- Tu pourrais montrer un peu plus d’enthousiasme à ton seul client du moment, se moqua-t-il. La raison de ma visite ? A ton avis ? Je suis encore venu te dévaliser. As-tu d’autres romans de cet écrivain que je t’ai pris la dernière fois ?

Demanda-t-il tout en commençant à jeter un œil sur les étagères remplis qui débordaient de livres. On se demandait même comment certaines d’entre elles, faisaient pour ne pas s’écrouler. Livie serait enchantée de venir explorer cette boutique. A coup sûr, elle y resterait des heures. Lorsqu’il lui présentera Ernie, il faudra absolument qu’ils se trouvent un petit moment pour venir ici.

- Et puis je cherche un livre particulier pour ma petite amie, quelque chose de rare qu’elle ne connait pas. Autant te prévenir la tâche sera encore plus ardue que pour le roman que tu m’as conseillé, parce que les livres ça la connait, elle est bibliothécaire, le prévint-il dans un petit sourire en haussant les sourcils avec amusement

Alors qu’il était déjà reparti en exploration ses doigts s’arrêtèrent sur la tranche d’un vieux livre de sorcellerie qui captura son regard. Le retirant de son rayonnage avec soin il l’ouvrit et commença à le feuilleter avec intérêt. Il s’agissait d’un ouvrage qui traitait d’une ancienne magie, qui n’avait plus court aujourd’hui mais que les sorciers utilisaient dans les temps passés. En commençant à le feuilleter, une idée se mit à germer dans son esprit… Elle était peut-être là, la solution, ce qui permettrait à Livie de canaliser sa magie sans être obligé de s’en servir. A défaut de parvenir à la convaincre d’accepter sa véritable nature, peut-être que ça pourrait l’aider un peu du moins jusqu’à ce qu’il parvienne à la faire changer d’avis sur la question. Le livre en main toujours ouvert il se tourna vers Oz

- Tu aurais d’autres vieux grimoires sur les sorts qu’utilisaient les sorciers au temps du moyen-âge pour dissimuler leurs pouvoirs et leur nature aux moldus ? Comment faisaient-il pour parvenir à canaliser leur magie sans l’aide de baguette et sans s’en servir,… ça m’intrigue beaucoup tout ça.