3.15 AM. Dans le Bureau Ovale.
Depuis cette foutue convention, le président Barry Marshall avait perdu le sommeil.

Les bureaux étaient fermés depuis des heures. Les secrétaires et les conseillers étaient rentrés chez eux. La première dame avait rejoint les appartements présidentiels et dormait depuis longtemps. Pourtant, Barry ne parvenait pas à la joindre.

Immobile, rongé par ses pensées, il observait le vaste Bureau Ovale qu'il occupait depuis la mort tragique de son prédécesseur. L'ordinateur portable et le téléphone fixe fonctionnaient grâce à la électromagie qui avait remplacé l'énergie nucléaire et fossiles. La plume à papotes dansait devant lui et dirigeait son prochain discours. Une fiole vide d'un élixir anti-migraine trônait à côté d'une potion contre la toux. A quels pas, un écran de holovision rediffusé un match de Quidditch auquel Barry avait coupé le son. Depuis que les sorciers s'étaient révélés aux moldus, le pays avait bien changé. Les "moldus" : même ce terme ultra utilisé venait du monde magique !

Il fallait se rendre à l'évidence. Les non-sorciers étaient peu à peu devenus dépendants des magiciens. Leur société toute entière fonctionnait avec ou pour la magie. Les transports, la médecine, les armements, tout, absolument tout ce que Marshall pensait contrôler était entre les mains des sorciers.

L'annonce de Victor Yaxley l'avait choqué comme la majorité de la population américaine. Il avait développé une confiance aveugle envers les partisans du Nouveau Monde. Il connaissait Saevus Yaxley depuis des années et s'entretenait presque tous les jours avec lui au téléphone. Jamais il n'aurait un instant imaginé que les fondements de l'empire du Partisans se soient bâtis sur une montagne de cadavres, sur près huit millions de morts ! C'était plus que n'en avait fait holocauste ! Barry n'était pas un idiot. Tout le monde passé un certain niveau en politique avait quelques cadavres dans ses placards. On ne dirigeait pas de grande puissance sans prendre parfois des décisions difficiles.

Trois coups retendirent dans le bureau ovale et Marshall redressa la tête. Il invita la personne derrière la porte à entrer, masquant une certaine appréhension dans sa voix. Après la nouvelle de l'enlèvement de Saevus Yaxley et d'un certain Zackary Heel, l'homme d'état redoutait qu'on vienne lui annoncer l'entrée en guerre des inquisiteurs ou d'un des deux grandes groupes de sorciers. Jamais le président moldu n'avait vécu un tel sentiment d'insécurité dans son propre pays. Comment la population indépendante pourrait supporter cette situation... La réponse était simple : elle ne le pouvait pas. La rogne montait peu à peu partout sur les territoires neutres et Marshall redoutait la naissance de missiles révolutionnaires. Il n'avait vraiment pas besoin de cela...

Un homme en costume noir entra dans le bureau et ferma soigneusement la porte derrière lui. Avec ses lunettes fumée en pleine nuit, l'agent gouvernemental avait l'air tout droit sorti d'un de ses films vintage sur les "Men in Black"

« Monsieur le président, les services de police non-sorciers ont trouvés un cadavre sur les côtés de Long Beach. »

« Un cadavre ? Un noyé ? »

« Nous l'ignorons Monsieur le Président. Il portait une robe de sorcier. Son corps semblent avoir dérivés durant des jours. Il aurait été impossible de l'identifier si n'avait pas eu son portefeuille sur lui. »

« Et en quoi, un pauvre type mort noyé depuis plusieurs jours nécessite mon attention ? C'est une enquête policière. »

« Nous ne connaissons pas encore les causes de la mort, Monsieur. Mais son identité remet en question la sécurité de tout le pays. »

Sans rien ajouter, l'homme tendit une pochette contenant des documents. Barry Marshall s'en saisit et l'ouvrit en jetant un regard un peu inquiet sur l'agent devant lui.

Il sortit de la chemise un rapport sur la découverte du corps ainsi qu'une série de photographiques très désagréables à regarder. Il y avait également deux cartes qui ressemblaient à des abonnements à des magasins d'articles de Quidditch. Ces documents portaient un nom identique sur chacune d'elle et un portrait magique en mouvement.

L'intestin de Barry se tordit violemment à la lecture de ce nom.

« C'est impossible. Impossible... »

Et pourtant, il avait beau lire et relire le nom et scruter les photographies magiques dans tous les sens. Les faits étaient là.

Il s'agit bien de deux cartes ayant appartenu à un certain Harry James Potter, disparu en Europe depuis plus de dix ans...