Réunion de crise

Ses hommes l'avaient forcé à aller à l'infirmerie alors qu'il n'avait rien du tout si ce n'est du sang sur les mains. Au propre comme au figuré.
Les minutes avaient défilé et l'infirmier avait confirmé qu'il n'avait rien.
Son père avait été enlevé.
Il venait de tuer une femme.
Ses pensées virevoltaient dans son esprit à une telle vitesse qu'il en avait presque la nausée.
Alors quand il apprit que Zach avait été pris à son tour, et sous son apparence qui plus est, il donna une raison à sa présence ici en allant frapper inutilement le mur d'en face.
On lui fit un bandage sans faire un seul commentaire pour ce geste d'humeur. Au moins, la douleur devenait réelle et c'était un mieux dans la situation misérable dans laquelle il se trouvait.
Le jeune homme se retrouva seul avec ses pensées pendant une vingtaine de minutes et ce fut peut-être pire que tout.
Quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit et qu'un homme en sortit, il se leva, prêt à quitter cet endroit.

Mais l'individu qui fit son entrée n'était pas n'importe qui.
Invictus Rookwood semblait soulager de le voir en un seul morceau. Sa présence le réconforta. Il appréciait beaucoup le meilleur ami de son père qu'il avait vu agir en toute discrétion et pour un mieux depuis des années.

-Invictus, répliqua t'il sans sourire mais en laissant apercevoir son soulagement de le voir arriver à sa rescousse.

Il serra la main de son beau-père et écouta ce qu'il lui disait. Bien sûr qu'ils avaient perdu leur trace. Ils devaient avoir bien préparer leur coup les salauds.
Héres soupira avant de prendre la parole.

-Il va falloir que nous enquêtions sur cela.

Il plongea son regard dans le sien - il avait la même lueur que Viginia ce qui ne l'aidait pas à se concentrer - et demanda sans détour

-Quelle est la meilleure stratégie à adopter pour l'instant ? Un négociateur ? Un ultimatum ?

Héres avait déjà son idée sur la question mais il voulait l'avis d'Invictus car il le savait précieux.
Son beau-père semblait aussi ébranlé que lui par les évènements.



 

Réunion de crise

Héres hocha la tête lorsque Invictus lui confirma qu'il avait déjà mis des hommes sur le coup. Tel était toute la puissance de son beau-père : une efficacité discrète et remarquable.
Son enfant aurait eu deux grands-pères différents mais tellement plus forts ensemble.
L'héritier chassa son deuil en fermant brièvement les yeux. Ce n'était pas le moment, il avait bien d'autres problèmes en ce moment que pour penser à leur bébé qui n'avait même pas pu naitre.

-Vous avez raison, finit par répondre le beau-fils.

Ouvrir le dialogue était quelque chose d'urgent.
Il fallait aussi qu'il fasse savoir qu'il était toujours vivant et présent à New-Phoenix et que les Inquisiteurs avait fait erreur sur la personne. Ne serait-ce que pour aider Zach à s'en sortir.

-Je pense qu'il ne faut pas qu'on attende qu'ils nous contactent. Il va falloir qu'on prenne les devants.

C'était bien joli ça mais il y avait aussi toutes les questions pratiques : comment prendre contact avec les Inquisiteurs ? Quelle était la meilleure option ? La voix de la presse ou un lien direct entre eux et plus discret ?
Mais qu'est ce que ces fanatiques voulaient après tout ? Invictus avait raison, s'ils avaient voulu tuer son père, ils l'auraient déjà fait et Héres serait certainement mort lui aussi à l'heure qu'il est.
Et puis, pourquoi kidnapper le leader du Nouveau Monde alors que la population faisait elle-même du bon travail pour le disqualifier de la course politique ? Cela n'avait aucun sens...

-Devrions nous procéder par voie de presse ou autre ?

Héres était trop fatigué que pour avoir honte de poser tout le temps des questions alors qu'il était à présent censer dirirger. Après tout, son beau-père avait toujours eu toute sa confiance et était d'excellents conseils. Il savait qu'on ne pouvait mener une politique en fermant les yeux aux conseils de ceux qui entouraient un leader.

Ce dernier posa le doigt sur un autre problème qui se révélerait peut-être à la longue beaucoup plus sérieux que les enlèvements.
Regagner la confiance du peuple.
Héres n'avait aucune idée de comment s'y prendre : il avait grandit comme un enfant choyé du peuple. On l'aimait parce qu'il avait été le symbole du Nouveau-Monde, il avait presque été un royal baby et était habitué aux signes d'affection et de soutien.
Mais tout avait basculé quand son oncle avait décidé de lâcher ses bombes. A présent il était le petit-fils d'un sorcier ayant massacré des innocents pour son confort et le fils d'un menteur manipulateur qui donnait l'image de s'être moqué du peuple.
Pas facile à rattraper.
L'héritier prit le temps de réfléchir.

-Je dois prendre la parole au plus vite.

En ce moment, il ne savait pas exactement ce qu'il dirait mais il était sur qu'il trouverait les bons mots tant qu'il restait sincère.

-Je sais que ce ne serait pas prudent, mais il faudrait aussi que je commence ma propre campagne. Aller parler dans différents quartiers, aller serrer des mains...

Le fils de Saevus se gratta la tête et rapporta son attention sur l'homme avec lui.

-Est-ce que tu aurais d'autres idées par hasard ?

Que c'était bon de parler à quelqu'un en qui il avait une confiance des plus totales. La dernière conversation avec son père avait comme briser quelque chose entre eux mais c'était différent avec Invictus qui avait toujours été là, fidèle à son poste, comme un roc dans cette mer déchainée. Comme sa Virginia mais dans le domaine politique.
Virginia...
Comment allait-elle réagir quand elle apprendrait qu'il avait prit la vie à quelqu'un ?
Est-ce qu'il méritait encore son affection ? Son amour ?
Son ventre se tordit.

Héres se leva et fit quelque pas, s'arrêtant en face d'une armoire de verre où on pouvait voir de nombreux produits et flacons médicales.

-Est-ce qu'on sait le nom de cette femme ?... Celle que...celle que j'ai tué.

Son malaise était désormais parfaitement visible. Il avait honte. Tellement honte. Comment allait-il pouvoir vivre avec ça ?
Il fallait qu'il connaisse sa victime, qu'il mette un nom sur le visage qui allait le hanter toute sa vie.