Virginia n'avait jamais été réellement malade: certes, elle avait eut, à l'occasion, un rhume ou une grippe, mais par rapport à la moyenne des jeunes de son âge, c'était plutôt une jeune femme en bonne santé. Elle avait toujours remercié le ciel pour cela: le désagrément de la fièvre, l'embarras d'un éternuement inopportun ou encore cette sensation horripilante de ne pas être totalement dans une conversation ne lui arrivait que rarement. Pourtant, depuis quelques jours, elle se sentait mal. Les sautes d'humeurs n'étaient pas une nouveauté, bien que la rousse ait l'impression que les siennes aient triplés d'intensité, non ce qui dérangeait le plus la sorcière était cette abominable impression qu'elle allait rendre son déjeuner à chaque instant. Une terrible nausée l'assaillait depuis quelque jours et Virginia n'en avait pas vraiment tenu compte, mettant cela sur le compte d'un aliment pas frais ou quelque chose dans ce genre là. C'était en se rendant au bureau d'Héres, deux jours avant, qu'elle avait commencé à se poser des questions. Depuis quand l'odeur de la salle d'attente lui donnait-elle envie de vomir ? Pire, depuis quand la salle d'attente avait une odeur ? Elle avait tenté d'oublier se sentiment d'angoisse qui l'avait envahie, se persuadant que ce n'était rien d'autre que son imagination couplé au stress de son mariage à venir mais quelque part, elle savait qu'elle ne pourrait pas faire l'autruche très longtemps. Pour être honnête, Virginia savait qu'elle ne pourrait faire la démarche toute seule, mais elle se voyait mal en parler avec sa mère, Héra, ou avec Lyra Yaxley avec qui elle avait tissé, depuis peu, un lien très fort. Pestant contre sa meilleure amie, Olivia, qui n'était « jamais là quand on a besoin d'elle », Virginia c'était décidé à attendre le plus longtemps possible pour faire ce test qu'elle redoutait plus que tout.

Ce matin là aurait put être un matin comme les autres. Elle avait ouvert un oeil, grimaçant sous l'intensité d'une lumière déjà très forte et se redressa dans son lit. Il n'en fallut pas plus pour que l'horrible sensation nauséeuse ne s'empare de son être. Elle poussa un gémissement d'agacement en laissant ses pieds toucher le sol et se rendit dans la salle de bain attenant à sa chambre avec une rare précipitation. Une fois son mal de coeur soulagé, elle s'assit sur le rebord de l'évier et sortit d'une cachette dans le mur, un épais livre qu'elle posa sur ses genoux. Depuis l'incident de la bibliothèque, ô combien gênant pour la rousse, Héra Rookwood refusait de laisser sa fille s'y rendre lorsqu'elle n'était pas chaperonner. Virginia trouvait cette attitude abusive: elle avait vingt-six ans et avait l'impression d'être infantilisée plus que de raison, se rappelant combien Héres, plus jeune qu'elle, croulait sous les responsabilités. Elle soupira et ouvrit le livre, tournant les pages vers le chapitre qui l'intéressait. Elle avait trouvé cet ouvrage lorsqu'elle avait douze ans. C'était le début de son époque de rébellion et elle avait trouvé, entre ces pages, des sorts miracle lui donnant un aspect maladif qui la dispensait des soirées mondaines auxquelles Héra et Invictus voulaient qu'elle assiste. Aujourd'hui, sa recherche était tout autre. « Bien. Vert c'est positif et Rouge, c'est négatif ... » Elle prit sa baguette et la pointa sur elle même, prononçant la formule en fermant les yeux. Une part d'elle ne voulait pas savoir, rester dans ce petit confort d'ignorance mais elle ne le pouvait pas.

Elle ne ressortie qu'une demi-heure plus tard, fraichement lavée, voulant se préparer au plus vite pour aller rejoindre sa cachette quotidienne: la tour Yaxley. « Ma chérie, je sais pertinemment que je t'ai manqué, mais de là à m'accueillir en simple peignoir... Tu sais très bien qu'on ne pourra jamais avoir une relation comme ça, il va falloir t'y faire ma vieille! » La rousse sursauta et poussa un grand cri terrifié en se retournant vers la voix inconnue. Le sourire satisfait d'Olivia lui donna l'impression d'avoir dix ans à nouveau. « Oliiiiiiiiiviaaaaaaaa ! » Elle sauta sur son amie. Cela faisait si longtemps qu'elles ne s'étaient pas vu qu'aux yeux de la rousse leur correspondance n'était plus suffisante. Huit mois auparavant, elle avait poliment décliné sa proposition de l'accompagner sur les routes: le mariage approchant, elle ne pouvait laisser ses proches ainsi. Elle invita la brune à s'assoir sur son lit tandis qu'elle même passait derrière le paravent pour s'habiller. A travers ce dernier, Virginia s'adressa à son amie. « Allez raconte moi ! Qu'est-ce qui t'a prit autant de temps ? » Elle faussait son ton de mécontentement, agissant comme une petite amie jalouse pour la faire sourire. C'était comme un jeu depuis toujours ...

Virginia se souvenait avec nostalgie de l'époque où Olivia et elle même s'amusaient à imaginer leur futures aventures. L'un de murs de sa chambre portait encore les traces des nombreuses punaises fixé des photos d'endroits merveilleux qu'elles rêvaient de découvrir ensemble. Elle soupira en songeant que loin était cette époque où toutes les deux s'infiltraient dans la bibliothèque pour s'en mettre plein les yeux avec les livres magiques de la famille Rookwood. Elle avait regretté de ne pas pouvoir accompagnée Olivia lors de ses dernières aventures: même si les deux sorcières s'étaient promis de visiter le monde ensemble, l'arrivée prochaine du mariage avait obliger Virginia à rester sur place. Ne voulant pas risquer de décevoir sa famille, la rousse avait préféré ne pas insister, regardant avec tristesse Olivia s'éloigner vers des contrées inconnues alors qu'elle même avait l'impression de demeurer prisonnière de ce lieux. « Eh bien, après que tu m’aies lâchement abandonnée – si si, lâchement ! – dans ce voyage au cœur des Etats-Unis, j’ai pris le Subfire pour visiter les grandes villes sorcières. Merlin, ma chérie, si tu savais ! Je me suis jamais ennuyé comme ça depuis que je suis partie en voyage… » Virginia rit derrière son paravent. Même si les paroles de la brune pouvait sembler rancunière, elle savait que son amie ne faisait que la taquiner. Peu après son départ, Virginia lui avait envoyé une longue lettre pleine de culpabilité a laquelle Olivia lui avait répondu par une taquinerie et une promesse de ne jamais oublier l'atroce abandon qu'elle lui faisait subir en se vengeant chaque jour. « C’est New-Phoenix, mais en moins bien. Partout ! En gros : si tu veux du changement, ne prends pas le Subfire. Du coup j’ai continué en voiture. Alors je sais, je sais, le stop c’est flippant, mais j’ai fais attention, crois-moi ! Et là, ça valait le détour… Y’a tout plein de petites villes aux Etats-Unis qui en valent le détour si on s’y arrête. Sorcières comme Moldues ! Bon, par contre, faut faire gaffe dans certaines villes Moldues parce qu’ils apprécient pas trop les Sorciers… D’ailleurs, il faudrait qu’ils fassent un tracé plus précis des différents territoires, tu sais ! Non mais parce que faut le savoir, quand tu rentres en territoire inquisiteur… » Revenant de l'autre côté du paravent, Virginia alla s'assoir près sa globe-trotteuse de meilleure amie. Elle grimaça lorsqu'Olivaie évoqua New Phoenix. Elle savait que son amie adorait le dépaysement et imaginant bien la désillusion qu'elle avait dut connaitre. « Enfin du coup j’ai fait une belle rencontre… ! » Virginia leva un sourcil, intriguée. Peut être que son absence avait, finalement, été bénéfique à Olivia.

Virginia avait toujours un peu envié la liberté amoureuse dont bénéficiait son amie: même si elle avait eut deux-trois flirts pendant son adolescence, elle avait toujours été bridée par cette union futur avec Héres, contrairement à Olivia qui pouvait fréquenter qui elle voulait. « Une rencontre ? Tiens donc ... » Virginia se doutait que cette "rencontre" avait dut particulièrement marqué son amie, pour que cette dernière en parle dans son résumé. La rousse était contente, peu avant le départ d'Olivia, elle s'était fait la remarque qu'il serait peut être bon pour la brune de rencontrer quelqu'un capable de l'aimer à sa juste valeur avec son tempérament aventurier et sa bonne humeur. « Et cette rencontre a un nom peut être ? » Elle était si heureuse de retrouver sa meilleure amie. Tant de chose s'était passé depuis leur dernière rencontre et, même si elle était resté à New-Phoenix, Viriginia avait de nombreuses choses à raconter à Olivia. L'après-midi s'annonçait très long ...