La Leçon de Piano

Les doigts de Saevus dansaient sur le clavier depuis près d’une heure maintenant. Le leader des Partisans n’avait plus vraiment l’occasion de s’adonner à sa passion. La mélomanie avait laissé la place à la mégalomanie. Pourtant ce soir, Yaxley s’accordait un petit moment récréatif.

Le morceau était du genre classique : La Toccata de Schumann l’un des morceau du répertoire moldu les plus difficile. Il avait fallu plusieurs mois de travail à Saevus pour comprendre toutes les subtilités de cette composition.

La musique était une science au yeux du Leader au même titre que la biologie ou les mathématiques. Saevus s’y attelait avec la plus grande rigueur. Pourtant dans un passé pas si lointain que cela, le piano était aussi un moment de joie et de complicité. Quand il était seul avec son fils cadet Priscus et que le père lui donnait des cours. Ils travaillaient en riant et en s’amusant. L’enfant avait cultivé le même don que son géniteur pour le clavier. Saevus était tellement fier de son fils. S’il s’était autorité à ressentir de la mélancolie, le patriarche aurait sûrement soupiré aux souvenirs de ses moments.

Priscus s’éloignait de son père, peu à peu. Saevus en connaissait bien la raison. Il aurait fallu de deux petits mots pour, peut-être, changer la donne. Un nom : celui de la mère du gamin. Mais Yaxley s’y refusait. Il préférait encore que son fils le haïsse plutôt que de le mettre en danger ou pire le voir rejoindre sa mère et devenir un instrument des Fondateurs comme l’était leur fille Ilaria.

Saevus chassa ses pensées d’un mouvement de tête et attaqua le deuxième complet du morceau.

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Ses pas résonnaient sourdement sur le sol, tandis qu'il s'avançait en direction de l'endroit d'où provenait la mélodie d'un piano... comme des effluves d'un passé partagé et enfoui sous la carapace de ses souvenirs. Ceux qu'il avait partagé avec son père des années plus tôt, ces instants précieux où ils n'étaient qu'eux, où Saevus prenait le temps d'apprendre à son fils à jouer de cet instrument dont Priscus ne savait dorénavant plus se passer. Passion nocturne à laquelle il s'adonnait même lorsqu'il était en fuite, à des kilomètres de ce même endroit qui avait vu s'étoffer ce lien qu'ils avaient, se dévoiler le talent du jeune Yaxley sous le regard si fier de son paternel.

Mais tout ceci lui semblait si loin, depuis il s'en était passé des disputes, toujours sur ce même sujet sur lequel Saevus refusait de lâcher la moindre information, et qui avait poussé son fils à s'éloigner chaque jour un peu plus, le punir en disparaissant, en s'opposant à lui, en refusant de le consulter, et en vivant tout simplement sa vie comme il l'entendait. Il était devenu cet esprit libre qui faisait ce qu'il voulait, à sa guise, en se moquant bel et bien des conséquences, sans s'aliéner totalement son père... auquel il tenait malgré leurs disputes incessantes. S'il ne revenait que pour Lyra, il ne tardait jamais à aller le voir... il restait son père après tout. Et il désirait toujours cette réponse à laquelle il se raccrochait comme à un rayon de lune éclatant... ces chimères comme dirait son père. Chimères importantes aux yeux du fils qui lui avait finalement retiré tout contrôle sur son existence.

Mais lorsqu'il passa la porte, il eut cette impression d'être redevenu ce petit garçon d'autrefois, qui s'attardait à ce même endroit et fixait son père avec admiration... les temps avaient bien changé depuis. S'il gardait ce profond respect, le fait qu'il puisse penser que Saevus puisse lui refuser la réponse sur sa mère pour le blesser et garder un semblant de contrôle sur son être le rendait furieux. A ceci près qu'il était à cette seconde des plus calmes, il attendait simplement de voir la réaction de son père qui ne tarderait pas à se faire attendre lorsqu'il réaliserait qu'il se trouvait dans la pièce, et cela ne devrait pas tarder, puisqu'il se racla la gorge pour attirer une première fois l'attention, tout en s'avançant dans la pièce, crevant les souvenirs dans l’œuf en les foulant de ses pas.

"Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas entendu jouer." commença-t-il d'un ton neutre, bien qu'ambré d'un léger sarcasme. Il lui arrivait parfois de regretter leur éloignement, puis tout lui revenait à la figure, son attitude, ces dernières années sans réponse et il étouffait le moindre regret. Sans Lyra... sans sa quête de vérité... il n'offrirait même pas à son père le réconfort de le voir rentrer de temps à autre. Mais au fond, le fait de le décevoir était une force au creux de sa paume, le souffle pernicieux d'une rancune tenace. Ils se ressemblaient tout en étant différents, mais ils ne pouvaient pourtant pas renier leurs liens de parenté dans cette fierté mal placée ou cette détermination tenace qui en faisait deux fortes têtes qui refusaient de s'avouer vaincues et de courber l'échine.

La Leçon de Piano

Lorsque le raclement de gorge lui parvint, Saevus continua son interprétation sans varier son tempo d’un demi temps. Rien ne pouvait perturber Yaxley lorsqu’il était dans sa bulle musicale. Cependant alors que son fils approché, le père tourna sa tête vers lui. Ces mains volaient sur le clavier comme si elles étaient complètement indépendante du reste de son corps, muée par leur propre volonté de parfaire le concerto jusqu’à la dernière note.

Saevus entendit la réplique que son fils lui lança en guise de salutation alors qu’il avait été absente plus de deux semaines. Yaxley savait que Priscus n’avait plus honte de son comportement depuis longtemps et qu’aucune correction n’avait jamais eu le moindre effet sur ses piètres habitudes de vie. Le père enchaîna le dernier mouvement, en une apothéose technique et lyrique. Ses doigts frappèrent la dernière note qui résonna dans la salle de musique avant de laisser la place au silence. Saevus ferma un instant les yeux comme pour savourer davantage ce qu’il venait de vivre.

Puis brusquement, profitant de la proximité de son fils, le père attrapa le jeune homme par le bras et le força à s’asseoir sur le banc du piano à ses côtés. Sans un mot, il sortit une ancienne partition à quatre mains qu’ils avaient déjà joué ensemble : fantasia de Schubert. Saevus lança le premier mouvement et attendit que son fils le suive. Il laissa filer la musique quelques instants. Que Priscus joue avec lui ou non ne perturbait en rien le patriarche. Il continua à jouer sa partie avec l’application et le talent qui le caractérisait.

«Tu as été embrassé ta mère ?» dit Saevus en jouant. Bien sûr, il parlait de Lyra, la femme qui avait élevé le gamin avec tout l’amour possible en sachant qu’il était le fils de la maîtresse de son époux. «Tu l’as fait mourir d’inquiétude à chaque fois...»

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Il ne tourna qu'un regard sans interrompre le mouvement de ses doigts sur le clavier de noires et de blanches. Il n'interromprait pour rien au monde la mélodie qui se dérobait de l'instrument pour emplir la pièce. Priscus l'avait toujours su, son père était ainsi, et lui-même se laissait aller à observer ce paternel, la dextérité de ses gestes, la rapidité si juste et profonde de ce qu'il parvenait à faire. Il avait appris avec le meilleur, et aujourd'hui, son talent, il savait l'avoir hérité de lui, celui-là même que plusieurs agents auraient voulu le voir dévoiler au grand public et non dans d'obscur piano-bar au creux de la nuit. Mais cela serait encore un trop grand hommage à ce père qui lui refusait une unique réponse qu'il jugeait cruciale et importante. En vérité, le fils Yaxley aurait pu faire tant de choses s'il s'en était seulement donné les moyens... son intelligence était flagrante, ses facilités évidentes, mais il se positionnait en position d'opposition continuelle pour prouver à Saevus qu'il ne gagnerait pas cette fois-ci. Que s'il voulait jouer, et bien ils joueraient, mais que son fils ne serait pas celui qui abandonnerait les armes le premier. Trop fier, beaucoup trop obstiné et égoïste pour cela, celui qui était à peine adulte selon les lois moldues possédait ce maudit caractère qui en aurait sûrement fait un héritier parfait... s'il avait été manipulable à l'image de son aîné. Il ne s'était jamais caché dans les jupes de Lyra, bien trop indépendant, bien trop sûr de lui, bien trop... le fils de ses deux véritables parents. Le caractère si tendre et conciliant de Lyra ne lui ressemblant absolument pas... alors qu'Héres en avait en quelque sorte hérité de son côté.

Immobile aux côtés de son père, il regarda celui-ci terminer, conclure et fermer les yeux quelques instants comme pour s'imprégner des notes qui avaient déjà disparu. Il attendait donc à présent qu'il se tourne pleinement de son côté et lui assène une nouvelle fois ses reproches quant à son attitude trop désinvolte. Mais à la place, la poigne dur de son père l'attira de sorte à le faire s'asseoir à ses côtés. Un autre être aurait reçu toute sa mauvaise humeur en pleine face, mais il s'agissait de son père et s'il résista, il ne fit aucun geste à proprement parler rebelle dans sa direction. Et se retrouva assis, à ses côtés, sur ce banc, comme du temps de son enfance, alors que son père sortait une partition qu'ils connaissaient bien tous les deux pour l'avoir jouée plus d'une fois il y avait presque si longtemps.

Les premières notes résonnèrent sous les doigts du patriarche qui ne regarda aucunement son fils... Il avait ainsi choisi cette forme de communication, et comme mu par un instinct plus profond que toute sa rancœur, les doigts de Priscus rejoignirent ceux de son père sur le clavier pour partager cette mélodie comme si rien ne les séparait plus. Mais ce n'était bien sûr qu'une frauduleuse illusion, mais ils partageaient ce même amour de la musique, ce talent stupéfiant qui mériterait de s'extirper de l'intimité de leur appartement. Mais au fond, Priscus préférait presque cet absence d'affrontement, cette absence de paroles... mais qui ne dura qu'un bref instant, car sans interrompre ses gestes, tout comme il savait son fils en être capable, Saevus ouvrit les hostilités par une question à l'apparence banale, mais qui ne le fut plus dès l'instant où il précisa cet autre point qui fit se contracter la mâchoire du métamorphomage. Sans doute cherchait-il à le faire culpabiliser et cela l'agaçait déjà, ce premier reproche soufflé comme s'il parlait du beau temps, alors qu'il poursuivait la mélodie.

"C'est pour elle que je suis là, bien sûr que je suis allé la voir." lâcha-t-il, en révélant une vérité que tous deux savaient, sans elle, il ne rentrerait pas. "Elle, répondrait à mes interrogations sans chercher plus loin pour que je ne reparte plus, si elle connaissait la réponse." ajouta-t-il un brin sarcastique en fixant la partition dont il n'avait pas réellement besoin.  

La Leçon de Piano

Saevus continua  d'exécuter la mélodie. Son fils et lui étaient en parfaite harmonie pour jouer ce morceau. Il n y’ avait bien que dans la musique qu’ils parvenaient à se retrouver. Le reste n’était d’un lourd chemin de croix. Intérieurement, le père ne sentait blessé d’entendre son fils avouer qu’il ne prenait la peine de revenir à la demeure familiale uniquement que par affection pour Lyra. Saevus savait que son fils le respectait car le gamin n’était pas assez fou pour manquer de déférence au maître de maison mais il n’avait plus aucun attachement entre eux, du moins en apparence.

«Je le sais bien» lâcha également le père pour faire bonne mesure.

Il laissa flotter un sourire un peu narquois sur son visage quand Priscus affirma que Lyra lui dirait tout ce qu’il avait envie de savoir si elle disposait de cette information. "N’en sois pas si sûr, mon fils, dit Yaxley en attaquant le troisième complet de la composition. Même si Lyra savait, elle ne t’avouerait rien, parce qu’elle t’aime trop pour prendre le risque de te mettre en danger»

Saevus observa son fils du coin de l’oeil avant de revenir sur le piano. Leurs mains dansaient sur le clavier et se frôlaient presque par instant. Elles étaient absolument identique. Priscus avait hérité des doigts de son père, longs et habiles, parfait pour le clavier et pour d’autres choses. Lyra et Régina ne s’en étaient jamais plaintes.

«Tu crois tout comprendre du monde mais tu n’es encore qu’un enfant. Le rôle d’un parent n’est pas de céder aux caprices de sa progénitures pour troquer une quelconque affection mais de mettre son descendant sur les rails....» dit Saevus.

Le morceau touchait bientôt à sa fin et les mains du père accomplir le dernier mouvement avant de laisser les fantômes des notes survoler la salle de musique. Quand la musique cessa, Saevus comme la première fois resta un moment silencieux avant de regarder son fils dans les yeux. «J’ai un travail pour toi. Tu te fous peut-être de tes études mais la demeure n’est pas un hôtel. Tu vas apprendre à gagner ta vie autrement qu’en gâchant ton temps et ton talent....»

Saevus leva sa main pour stopper Priscus dans son élan. «Avant de refuser... essaie... tu pourrais bien trouver cela intéressant...»

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Bien sûr que Saevus savait que Priscus ne revenait que par affection pour Lyra. Bien sûr... que Priscus n'avouerait jamais tenir encore à son père, et revenir inlassablement, tant pour la vérité, que pour tenter de le retrouver derrière cet aveu qui ne venait pas. Alors, trop fier, c'était une vérité qu'il noyait dans le vin rouge de sa rancœur. A tel point qu'il remua la lame qu'il venait de ficher dans le cœur de son paternel, affirmant la tendresse que Lyra lui vouait et ce qu'elle serait prête à faire pour ne plus le voir passer cette porte pour disparaître dans les méandres de la ville, et bien plus loin encore. Mais son père sembla vouloir faire vaciller ses croyances, les ébranler, alors que les doigts de Priscus continuaient à suivre le rythme de la mélodie, son regard se tournant vers son père, le scrutant attentivement, sans plus ni regarder le clavier, ni les partitions. Le doute et l'ironie flottaient dans ces prunelles incisives qui dardaient son attention dans sa direction, tandis qu'il poursuivait, affirmant que Lyra ne dirait pas un mot de cette vérité... bien sûr que si. Son regard se détourna comme pour bafouer ce qu'il avançait, rejeter ces paroles qu'il continuait de prononcer pourtant, avançant que la vérité le mettrait en danger.

En voilà une nouvelle idée grotesque, en quoi la connaissance d'un nom pourrait le mettre en danger ? Que présumait-il qu'il se passerait s'il savait ? Le muscle de sa mâchoire tressauta sans qu'il ne commente ces paroles, sa seule attitude prouvait qu'il ne le croyait pas, comme s'il n'était là que pour écouter un mensonge de plus pour préserver une vérité qu'il désirait connaître depuis ses douze ans. Pourtant, il réfléchissait à la condition dans laquelle cette connaissance pourrait être dangereuse, le regard perdu dans le vague, ses doigts assenant la passion destructrice qui dérivait dans son esprit. Plus encore lorsqu'il entendit son père reprendre en rappelant leur différence d'âge et de connaissance, sa position de mentor qu'il avait pourtant rejeté depuis quelques temps déjà, en s'opposant à chaque désir de son géniteur. Un son sarcastique s'extirpa des lèvres du descendant, alors qu'il poursuivait pourtant le morceau. "Sauf que je ne suis plus tes rails depuis bien longtemps et que l'on est loin du caprice comme tu sembles le penser. Que crois-tu que je ferais de ce nom ? Que j'irai crier sur les toits que tu trompes ta femme depuis des années et que je suis le fils d'une autre ? Je l'aurais déjà fait si je comptais le faire." laissa-t-il filer avec sarcasme, pourtant c'était ce respect qu'il vouait à son père qui l'avait toujours retenu d'aller trop loin, et cette tendresse pour sa mère adoptive qui l'aurait empêché de lui faire sciemment du mal en agissant de manière si égoïste et si inconsidérée.

Le morceau touchait presque à son terme, et dans un sens, cela valait sans doute mieux, car Priscus perdait patience, et même le plaisir de jouer ne parvenait à surpasser la contrariété de la conversation qu'il avait lui-même lancée par une petite réflexion. Mais cela aurait fini par se profiler d'une manière ou d'une autre, il le savait parfaitement. A croire qu'ils ne pouvaient échanger sans que la discussion ne se ternisse de leurs différents. Puis il n'y eut plus que le silence, et l'écho taciturne des notes virevoltant autour d'eux comme des oiseaux invisibles. Le père, comme le fils, n'esquissèrent plus le moindre mot, pourtant la conversation n'était pas terminée, cette vérité-là était comme une pierre crevant son ventre, tandis qu'il laissait ses prunelles dériver dans la direction de son père. Comme à chacun de leur affrontement, il se demandait à quoi cela servait de remettre les pieds ici... ironie fragile que la raison qui le poussait à rester n'était autre que sa belle-mère.

Mais déjà le regard de son père croisait le sien, à peine prononçait-il les premiers mots que Priscus eut ce sourire moqueur et sarcastique à son attention. Un travail ? Et il croyait qu'il dirait oui ? C'était comme les moldus croyant au Père Noël, et Saevus s'en douta, puisqu'il retint les mots des lèvres de son fils avant même qu'ils ne cherchent à les franchir, le laissant plisser légèrement les yeux. Intéressant ? Qu'est-ce qui pourrait être assez intéressant pour lui apprendre à gagner sa vie... ? "Intéressant vraiment ? Ne me confonds pas avec Héres, Père, à pouvoir me placer comme un pion là où tu le souhaites. Mais je suis curieux de savoir ce que tu penses pouvoir m'intéresser." Par respect... et curiosité, il était prêt à écouter sa proposition, ce qui était déjà un grand pas à vrai dire, puisqu'il aurait très bien pu lui dire non et se lever pour partir. Or, il restait là, à le fixer dans les yeux, haussant un sourcil, alors que son père avait dénigré ses activités comme étant une perte de temps. Mais Priscus le savait, son attitude l'affectait, et c'était bien le but à atteindre.

La Leçon de Piano

SSaevus écouta les speudo-menaces de son fils cadet. S’il n’avait pas les mains occupées à jouer parfaitement le morceau, Yaxley aurait sûrement administrer à Priscus une petite tape derrière la tête. Mais il se réfugie dans la réplique, tout aussi frappant et davantage efficace.

«Oh mais je t’en prie. Crie le. Personne ne te croira, lança Saevus avec moquerie. Tu t’es fait une bonne réputation de glandeur et causeur de troubles mon fils. Tu crois que je trembles devant les menaces d’un petit morveux.»

Saevus planta son regard dans celui de son rejeton pour bien appuyer ses dires. Yaxley travaillait depuis de nombreuses années au culte de la personnalité dont il faisait preuve auprès du petit peuple de New Phoenix. Le Leader n’avait pas grand chose à crainte d’un fils prodigue et profiteur qui irait se venger de lui en beuglant sa bâtardise sur les toits. Ce serait d’ailleurs aussi intelligent que de se jeter un sort à l’orteil.

Yaxley avait finalement quitter le clavier du piano pour se tourner vers son fils. Merlin, pourquoi n’était-il pas davantage comme Héres. Saevus ne se faisait depuis longtemps plus aucun soucis pour l’avenir de son aîné. Le jeune homme était sur les rails depuis longtemps et sa voie le conduisait vers la réussite et le pouvoir. Priscus s’était mis en tête de bousiller tous les plans de son père le concernant, uniquement parce qu’il pensait qu’a se venger du mutisme de son géniteur au sujet de sa génitrice mais le gamin ne faisait que réduire néant ses chances d’avenir.

Cependant Saevus fit intérieurement satisfait que Priscus acceptât d’écouter sa proposition pour une fois. Ce n’était pas dit que le fils allait cependant accepter le projet de Yaxley. Le père quitta le bar du piano pour se diriger vers le bar dans un coin de la pièce. Saevus sentit d’abord un verre avant de prendre un instant de réflexion et d’en sortir un second pour Priscus. Le gamin avait l’âge légal de boire même si son père avait conscient que son fils n’avait sûrement pas attendu sa majorité pour commencer. Il servit deux verres de whisky pur feu avec de revenir avec les breuvages et d’en tendre un à son fils. C’était la première fois que Saevus lui proposait de l’alcool tout comme d’entrer dans la véritable vie active.

«Je ne sais pas si avec ton emploi du temps très chargé, tu as pris la peine de se renseigner sur l’actualité mais le président moldue, Roosevelt a été assassiné...» commença le patriarche avant de prendre une petite gorgée de son verre. «Quelques personnes mal avisées nous accuse du meurtre à Washington. Certains moldus du côté des inquisiteurs veulent que la capitale américain passe du côté inquisitorial. Et le vice président ne nous porte pas tellement en estime. Mais, il peut changer d’avis si on parvient à le convaincre. J’ai... Nous avons besoin d'ambassadeurs à Washington. Des hommes et des femmes d’intelligence qui pourront empêcher l’inquisition de prendre la capitale.... je pense que tu pourrais être à la hauteur de cette ambition.»

Saevus savait qu’il mettait beaucoup sur les épaules de son fils cadet mais Yaxley voulait que Priscus comprenne que son père ne demandait qu’a lui faire confiance. «Si tu remplis ta mission, si tu es capable de me prouver que je peux te faire vraiment confiance, je te révélerais tout ce que tu veux savoir sur ta mère... je t’en donne ma parole»

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Ses doigts continuaient à courir au rythme de la mélodie sur les touches d'ivoire, mais le fait que son père puisse penser qu'il ne saurait pas se montrer à la hauteur du nom qu'il portait, ou même qu'il agirait de manière aussi inconsidérée le... laissait osciller entre la satisfaction d'avoir atteint l'un de ses buts, et la rancœur qu'il puisse sous-estimer son intelligence et ce qu'il avait pu apprendre, tant dans les bas-fonds de la ville, que dans ses voyages ou aux côtés de son paternel. Pourtant, si les prunelles de son père cherchaient à appuyer qu'il n'avait pas peur de lui, un éclat roublard brillant dans les siennes lui répondit avant même que ses lèvres ne viennent à s'entrouvrir pour lui répondre. "Et toi tu crois que le morveux n'a pas eu le temps d'y réfléchir ? Qu'est-ce qu'une réputation contre l'argument de poids que ni toi, ni Lyra ne m'avez transmis ?" Le sarcasme flottait sur ses lèvres, tandis qu'il fixait à présent son père du coin de l’œil. Bien sûr qu'il savait que le fait qu'il soit métamorphomage était un poids qui apporterait du crédit à sa révélation s'il se décidait un jour à la faire. Il n'y avait en vérité, jamais réfléchi plus de cinq minutes, mais c'était la réalité, sa capacité était la preuve manifeste de la trahison de son père envers son épouse trop conciliante. Il n'aurait pas été si laxiste de son côté. "Mais elle ne mérite pas ça." précisa-t-il pour clore le débat, et affirmer dans un même temps qu'il ne tenait sa langue que pour elle. Non, si cela aurait pu faire du mal à son père, cela n'aurait pas été dans son intérêt de laisser la vérité devenir incontrôlable. Il était intelligent, c'était bien de cela qu'il fallait se souvenir, et que s'il lui arrivait d'être imprudent, il pouvait être le contraire et bien plus méfiant que quiconque. "Et n'entends pas de menace dans mes paroles, il n'y en avait pas." termina-t-il dans un souffle moqueur, non pas irrespectueux, mais vacillant bien plus vers l'amusement désinvolte, comme à son habitude, tel l'agaçant morveux qu'il savait être si facilement.

C'était une façon de parler. Tout comme la proposition directe de son paternel, celle-là même qui aurait mérité un je ne veux pas t'écouter, et un départ dès l'instant où il avait commencé à affirmer qu'il allait lui apprendre à gagner sa vie. Mais le père avait piqué la curiosité du fils dans cet intérêt qu'il pensait pouvoir faire naître en lui, alors qu'il s'agissait bel et bien de la première tentative de son père de lui proposer un travail. Silencieux, il regarda son père se lever pour rejoindre le bar, et plutôt que de rester assis comme un gamin désavantagé par la différence de position, il l'imita, s'adossant avec nonchalance contre le mur sans le quitter des yeux, lui et les breuvages, car il préparait effectivement deux verres. C'était étrangement comme la première fois qu'il le reconnaissait comme un adulte, alors qu'il avait tout de même été capable de se débrouiller seul depuis des années, bien qu'il s'était effectivement attiré certains ennuis en chemin, ou qu'il était rentré par manque d'argent. Mais sans ses retours au bercail, sûrement aurait-il accepté l'une des propositions d'agent pour débuter une carrière de pianiste. Dans le cas présent, il ne fallait pas y compter.

Pourtant, à cet étrange instant, la méfiance de Priscus revenait, s'incrustant dans son ventre comme un ver récalcitrant. Il savait son père très intelligent, et il ne l’idolâtrait plus assez pour avoir encore ce voile que la population possédait lorsqu'elle le regardait. Celui que l'on plaignait d'avoir un cadet si peu reconnaissant... un rictus ironique nargua ses lèvres tandis qu'il prenait le verre que lui tendait son père. Père qui commença par souligner un fait d'actualité qui avait secoué tout New-Phoenix, du plus haut jusqu'au plus bas... "Je ne vivais pas dans une grotte." commenta-t-il avec agacement, avant de lui-même laisser glisser une, puis une seconde gorgée d'alcool dans sa gorge, sans le moindre tressaillement. Son père avait raison, ce n'était pas la première fois qu'il buvait, et depuis bien avant l'âge autorisé. Les règles changeaient dans les autres sphères, les considérations se modifiaient, et une partie de ses ennuis était venue d'un abus flagrant de ces substances. Comme n'importe quel adolescent, surdoué ou non, il avait commis des erreurs avec la délectation d'enfreindre les règles.

Mais son commentaire ne l'empêcha pas d'écouter la suite, car cela relevait de confidences sur lesquelles il ne s'attardait pas, combien même s'égaraient-elles dans les infos, ce qui n'était pas moins sûr. Il n'avait jamais été très porté sur la politique ou les affaires, en grande partie par opposition avec son père, mais il avait pourtant laissé ses oreilles traîner, participé à des discussions... rien de si passionnant que ça. Et puis il voulait savoir où son père comptait aller, et à partir de quand son discours allait le concerner. Ou tout du moins, tenter de le faire. Ainsi donc, la capitale risquait de tomber aux mains inquisitoriales... ce qui ne serait bon pour personne étant un sorcier. Mais Saevus ne s'interrompait pas, poursuivant, parlant d'ambassadeurs, de personnes de confiance envoyées auprès du vice président, et... Priscus se félicita intérieurement de ne pas avoir été en train de boire, où il aurait manqué de s'étouffer. A cette seconde, il restait simplement figé face à la demande de son père. Il voulait qu'il aille à Washington œuvrer pour conserver la capitale dans leur camp... lui, le morveux à la réputation de causeur de troubles et de glandeur. Cet abus de confiance le laissait sombrer sous la capeline de la méfiance... pourtant, la suite de ses paroles termina de résoudre l'énigme. il agitait la seule carotte capable d'attirer son fils et de le pousser sur le chemin de descendant Yaxley qu'il peinait à le voir emprunter depuis des années : l'identité de sa mère, et bien plus encore. Le silence répondit à son père, tandis que Priscus laissait son regard se noyer dans la liqueur ambrée qu'il termina d'une seule traite, avant de revenir déposer ses prunelles sur celui qui l'avait élevé.

"Bien joué." assena-t-il tout en se détachant du mur à la manière d'un chat. Mais tandis qu'il se dirigeait en direction du bar pour y remplir à nouveau son verre, lui tournant volontairement le dos, il ajouta : "Mais maintenant ce n'est plus une vérité dangereuse ?" ironisa-t-il avant de se retourner pour l'affronter une nouvelle fois. "Ou moins que ce à quoi tu m'exposes en jouant de tes pions pour me placer sur le devant de la scène ?" Il avait vraiment bien joué et Priscus était bien obligé de le reconnaître... placer les révélations sur sa mère en contre-partie de cette mission était un coup de maître, et son seul moyen d'obtenir des réponses, puisqu'il était le seul à les avoir. Tandis que parallèlement, il lançait la carrière politique de son fils, qu'il savait... Il ne prendrait pas un tel risque, à moins de bluffer comme au poker, s'il n'avait pas eu vent de ses incursions dans certaines soirées. La dernière en date ? Kansas City. Soirée où il avait paru ouvert et courtois, charmeur même, comme à son habitude, y compris avec un membre des mages fondateurs. "Qu'est-ce qui peut bien te faire croire que je serai à la hauteur de ce que tu attends de moi ?" demanda-t-il cette fois-ci en s'avançant vers son père. Bien sûr qu'il pensait en être capable, même s'il n'avait jamais pensé embrasser ce genre de chemin pour son existence, il savait être assez cultivé et être ouvertement en opposition avec son père pour offrir une image différente de la position qu'il y occuperait. Sa réputation le précèderait, et cela jouerait sans le moindre doute en leur faveur, l'esprit libre, bohème, indépendant, soufflerait qu'il n'était pas sous la coupe du patriarche Yaxley, et il se doutait que c'était l'une des raisons qui motivaient son père. Mais le plus important, était que combien même il discutait encore à cet instant, la réponse... "Je relève le défi." laissa-t-il finalement filer d'un sourire audacieux, levant son verre, mais son regard soufflait qu'il ne lui pardonnerait pas un non respect de sa parole en contre-partie.

La Leçon de Piano

Saevus observa son fils alors que ce dernier considérait la proposition que son père venait de lui faire. le leader du Nouveau Monde comprenait exactement ce qui était en train de se tramer dans la cervelle de son cadet. Yaxley savait qu'il avait mis la barre haute dans sa proposition comme dans ses promesses pour son fils. Mais il était confiant.

Saevus but une longue gorgée de son whisky,appréciant le feu qui animait en son être. Avec l'âge il avait appris à le maîtriser; à "boire comme un homme". Son fils alla se resservir un verre et il lui posa une question. La père s'y était attendu. Elle était inévitable et justifiée. Yaxley regarda le dos de son fils avant de porter son attention à travers l'une des vastes fenêtres qui baignaient de lumières la salle de musique. Il contempla un petit instant la ville de New Phoenix qui grouillait de vie. "La vérité est toujours dangereuse Priscus. Elle n'est pas à la portée du tout venant. Les simples gens sont souvent plus heureux dans le mensonge ou l'ignorance. Mais quand on se voue à atteindre certaines sphères, l'ignorance devient votre pire ennemi. Je ne fait que te préparer à affronter la vérité. L'identité de ta mère n'est que la partie immergée de l'iceberg..."

Saevus savait que son discours devait sembler étrange aux oreilles de Priscus. Le patriarche n'était pas du genre à utiliser les métaphores pour discourir. C'était un homme franc et direct. Mais l'autre question que Priscus avait omis de poser était : pourquoi maintenant ? La paix n'était qu'un état éphémère. Le maire de New Phoenix le savait. La guerre était à leur porte. Ce n'était qu'une question d'année s'ils avaient de la chance et de mois si le destin continuait de s'acharner. La mort prématurée de son frère aîné et de son père avait toujours poussé Yaxley à considérer que son propre temps était compté. Avec autant d'ennemis à sa porte et caché dans les recoins même de New Phoenix, le leader du Nouveau Monde n'était pas certain de survivre à cette affrontement.

"Personne n'est éternel" ajouta le père dans un murmure alors que son fils se rapprochait de lui. Priscus lui demanda comment il pouvait être aussi sûr de l'habilité de son fils et Saevus laissa échapper un léger sourire avant de répondre. "C'est très simple. Tu es mon fils Priscus." Comme si l’héritage génétique était l'assurance d'un succès. Yaxley avala sa dernière gorgée de whisky et lut dans le regard de son fils quelques seconds après que ce dernier accepta sa proposition. Saevus soutint son regard et tendit la main à son fils. "En affaires, je respecte toujours ma part de contrat...."

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Priscus venait de se retourner, un verre à nouveau plein entre les mains, le souffle calme et sarcastique venant orner ses lèvres concernant cette vérité et les manipulations de son père qu'il allait bien évidemment accepter, étant donné la récompense qui ornerait la fin du chemin. Ainsi, son père préféra orienter ses prunelles en direction de l'une des fenêtres pour lui répondre, laissant le jeune adulte l'observer tandis qu'il parlait des quidams parcourant le monde et qui se portaient bien plus heureux dans l'ignorance que dans la connaissance. Mais il ne fallait pas confondre les torchons et les serviettes, Priscus n'avait jamais fait parti de cette classe, ou alors il l'avait quittée depuis bien longtemps... dès l'instant où il avait perdu son ignorance concernant le fait que Lyra ne pouvait être sa mère. Pourtant, la suite de ses paroles l'agacèrent intérieurement... il avait manqué d'ambition pour obtenir sa réponse. S'il avait tenté d'accéder à ces plus hautes sphères, peut-être que le nom de sa mère serait déjà en sa possession... ou peut-être que non.

"Arrête de parler par énigme, père. Tu sais que je n'ai rien de ces personnes qui aiment vivre dans le mensonge et s'y complaisent. Tu sais que je réclame cette vérité depuis des années... alors que j'aurais pu me contenter d'avoir l'amour de Lyra." Éternel insatisfait... voici ce que ses paroles égoïstes laissaient presque entendre. Mais ce n'était pas si simple. Rien n'était si simple. "Alors tu prétends que la politique me préparera à assumer ce que tu pourrais me dire sur ma mère et le reste de la glace dont elle n'est que la cime ?" Si cela ressemblait à une question, son ton laissait plutôt imaginer à une constatation qui l'énervait. Il détestait ce côté de son paternel, d'autant qu'il était certain d'être capable d'encaisser la vérité, quelle qu'elle puisse être. Et puis quoi ? Qu'y avait-il de si terrible ? "Pardonne-moi si j'en reste dubitatif." Ses paroles ne faisaient que renforcer la détermination du fils Yaxley de devenir ce maudit ambassadeur pour que la vérité lui soit enfin révélée... mais il n'était pas certain de pouvoir ensuite s'échapper de cet avenir, une fois qu'il l'aurait dévoré et lui aurait fait goûter à ces sphères autrement stimulantes que celles dont il avait fait son quotidien.

Pourtant, il n'était pas idiot, sachant bel et bien que ces chemins n'étaient pas clairsemés de roses et de baisers, à moins que certaines de leurs épines et de leurs lèvres étaient empoisonnées. Et les nouvelles paroles de son père... les mâchoires de Priscus se contractèrent, ses doigts sur le verre firent de même, il n'aimait pas l'entendre parler ainsi, tout comme il avait presque envie de lui cracher qu'il avait déjà son héritier. Mais c'était tout autre chose qui se jouait ici... Saevus craignait peut-être de mourir avec le secret de sa naissance. Et cela aussi déplaisait à Priscus. Quelles que puissent être les raisons de leur opposition et de leurs disputes incessantes, il avait cette impression d'être à nouveau ce petit garçon riant aux côtés de son père devant ce même piano, s'imaginant que celui-ci était plus puissant que la mort elle-même. C'était ridicule, mais d'un certain côté, il aurait voulu être encore capable d'y croire... tout en étant persuadé qu'il ne serait pas en mesure de pardonner aux assassins qu'il retrouverait et éliminerait jusqu'au dernier. Sombre détermination. Mais il ne répliqua rien à ce sujet, se rapprochant de son paternel sous une toute autre question, qui laissa sourire ce dernier... "Cela ne veut rien dire." ironisa-t-il, avant d'accepter de vive voix cette proposition qu'il ne pouvait tout simplement pas refuser. Impossible. Mais son père bafouait déjà sa mise en garde qu'il n'avait pas pris la peine de formuler, sa main venant se glisser dans celle de son père, pour conclure ce marché, ce contrat... "Paraît-il. Heureusement que ce n'est qu'une affaire de plus que tu conclus aujourd'hui." ironisa-t-il, mais il restait méfiant, comme s'il ne pouvait tout simplement admettre que son père allait si... facilement lui donner ce qu'il réclamait depuis si longtemps. "En parlant de ça, puisque l'on en est aux confidences et aux accords, j'ai peut-être commencé ma mission avant même que tu me le demandes... involontairement. Régina Andropova te salue."

La Leçon de Piano

Saevus fit disparaître son verre vide d’un élégant mouvement du poignet. Les capsules qu’il avait placé sous sa peau des années auparavant répondaient parfaitement. Yaxley n’avait cessé de parfaire cette petite invention personnelle. Peu de Partisans du Nouveau Monde en bénéficiaient pour le moment car cette petite merveille technologique était redoutable et offrait à son porteur une avantage confortable dans le combat au condition de savoir la maîtriser. Bien sûr, ces deux fils portaient des capsules depuis leur enfance et leur père avait parfait leur entraînement.

Yaxley comprenait que son fils ne puisse entrevoir tous les enjeux de sa propre existence. Il était le fruit de l’union de Saevus Yaxley et de Régina Andropova née Hopkins, autrement dit il était l’héritier potentiel d’une maison partisane et d’une maison fondatrice. Si son ascendance devait devenir publique, beaucoup tenteraient de mettre la main sur lui soit pour le corrompre, soit pour le détruire.

S’il n’avait pas eu un contrôle optimal sur les réactions de son corps, Saevus aurait sûrement frissonner de rage à l’idée de ce qu’un homme comme Charles Hopkins, parfait obsédé de la pureté du sang et de la famille, puisse envisager de faire de Priscus et d’Ilaria réussis...

Mais Saevus en était certain. Une fois plongé dans l’arènes de la politique, son fils ferait ses armes comme la question de Priscus l’avait souligné. Aussi le père se contenta de regarder son descendant sans prendre la peine de répondre.

Priscus serra la main de son père et Saevus laisser échapper un petit sourire. Oui ce n’était pas tout à fait une affaire comme les autres mais dans le fond, les principes et les règles étaient exactement les mêmes. «Une importante convention est organisée dans une dizaine de jours. Tu es bien sûr déjà sur la liste des invités, expliqua Saevus. Le père organisait son coup depuis déjà quelques semaines n’attendant que le retour de son fils prodigue pour le mettre à exécution. De quoi agaçait encore davantage le gamin. Tous les représentants des grands partis du pays seront là, Mages Fondateurs comme Inquisiteurs : une véritable poudrière sur un nid de frelons... Le futur président sera sûrement sous pression. A toi de l’atteindre et de le convaincre de nous laisser dans ses petits papiers.. d’autres représentants seront avec toi, des gens d’expérience, de bons conseillers mais ton instinct sera encore ta meilleur arme.»

Le nom de sa maîtresse dans sa bouche de son fils avait quelque chose de déstabilisant mais Saevus possédait toujours cette parfaite maîtrise de lui même. Deux personnes seulement avaient entr'aperçu chez le leader de court instant de faiblesse : Lyra et la femme que Priscus avait précédemment nommé.

«Qui ? demanda simplement Saevus en fronçant légèrement les sourcils avait de feinter la réminiscence. Ah oui, la fille aînée de Charles Hopkins. C’est aimable à elle. Tu pourras lui retourner cette salutation.» Yaxley se dit à cet instant qu’il avait beaucoup à dire à sa compagne dès qu’elle ne serait décidée à lui envoyer un hibou. Saevus commençait à s’inquiéter de son mutisme. Tout ceci ne lui disait rien qu’il ne vaille...

Yaxley se redressa et invoqua un tempus qui apparut devant lui. «L’heure du dîner approche. J’avais d’avis d’emmener ta mère et ton frère à un restaurant en ville. Nous feras-tu l’honneur de ta présence pour une fois ?» demanda calmement le leader.

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Cette question qui n'en était pas vraiment une, ne mérita qu'un regard de la part de son paternel. Aucune réponse, puisqu'elle n'en demandait aucune et que la non réaction de son père ne faisait que confirmer ce qu'il avait pensé : il pensait que la politique le préparerait à la nouvelle de son autre héritage. Il en aurait presque éclaté d'un rire sarcastique s'il avait été d'humeur à rire... ce qui n'était véritablement pas le cas. Il était plus agacé par cette surprotection inutile... le prétexte du silence de son père depuis toutes ces dernières années. De quel ignominie était-il né pour prendre tant de précautions ? Bien sûr qu'il ne pouvait comprendre les enjeux que son père percevait, et ce pour la bonne raison qu'il ignorait tout... et peut-être était-il bien trop égoïste, rancunier et fier pour admettre que son père avait des raisons valables pour ne pas lui avoir révélé une telle information si sensible auparavant... ou peut-être que si, mais pas de ne pas le considérer comme prêt à l'entendre à ce jour précis. C'était comme si une bombe à retardement dont le tic-tac redondant avait commencé à résonner dans cette même pièce dès l'instant où la main du père et celle du fils s'étaient entrelacées pour sceller le contrat qu'ils venaient de conclure.

Puis il reprit sa main et porta son verre à ses lèvres pour y dérober une gorgée. Voilà qu'il allait devoir manipuler, discuter, convaincre et faire le beau à longueur de journée... et cela le lassait déjà. On ne défaisait pas un instinct d'emmerdeur professionnel aux besoins de liberté et de voyage exacerbés, en cinq secondes sans doute. Rien que d'entendre parler de convention... mais la carotte valait la peine d'y mettre les formes et d'effectuer certains sacrifices. A ceci près que d'apprendre qu'il était déjà sur la liste le fit sombrer sous une profonde colère... qui fit virer la couleur de ses cheveux d'un rouge sombre, qui ressemblerait sans doute éternellement aux ondulations fluctuantes et colorées des flammes. Il ne fit rien pour empêcher l'apparition de sa capacité, la laissant exprimer ce sentiment qui brûlait à l'intérieur de sa poitrine, au niveau de son cœur. Mais il ne prit pas la parole... pour dire quoi ? Qu'il aurait pu dire non ? Son père avait toujours su qu'il possédait ce contre-poids si puissant qu'il mènerait Priscus sur le chemin qu'il avait désiré. Cela ne paraissait même pas étrange au métamorphomage qu'il n'en ait pas fait usage auparavant... c'était une information qui se méritait, et pour laquelle il devait avoir rôdé dans les affres mesquines de la politique.

A cette seconde, Priscus prit conscience qu'il n'avait fait que gravir la colline de la colère depuis les premières secondes de leur conversation, à ce piano. Et si cette contre-partie n'était pas la chose qu'il désirait connaître le plus au monde, nul doute qu'il serait parti en claquant la porte et en envoyant le marché se faire foutre dans les fesses de Merlin. Et il ne l'aurait guère exprimé d'une manière plus agréable, car il savait manier les mots avec cette délectation de pouvoir passer d'un registre à un autre avec facilité et sarcasme. Mais Saevus avait bien choisi... tant son moment que son information. Furieux, le regard sombre, ce fils prodigue observait son père, l'écoutant sans décrocher ni sourire, ni parole. Une nouvelle gorgée, puis il fit également disparaître son verre de la même manière que son père, avant de divaguer jusqu'à rejoindre une fenêtre à travers laquelle il regarda, le laissant continuer à écouter les explications du patriarche. La teinte furieuse de sa chevelure recommençant à vaciller doucement vers la normale... Il aurait dû s'y attendre, il aurait dû le prévoir, qu'il était de ceux qui n'envisageaient pas d'échouer.

"Et si j'avais dit non, tu aurais envoyé Hérès ?" répliqua-t-il comme s'il n'avait prêté aucune attention à ce que son père venait de dire. Inévitablement, cela n'avait pas fonctionné ainsi. Il savait qu'il allait devoir ruser, se montrer plus fin que d'autres à cette fameuse soirée, qu'il recroiserait sans doute la route de Régina, mais également de tant d'autres dont les noms filaient distraitement dans sa tête. Ces personnes qui ne savaient de lui que ce que la presse et les ragots voulaient bien leur souffler. Le fait que la famille ne faisait plus d'apparition au complet, qu'un seul être manquait toujours : Priscus. Celui que l'on pouvait juger jaloux de son aîné, préférant s’ériger face à son paternel pour lui montrer qu'il n'admettait pas d'être le second. Ou bien plus simplement le gamin ingrat qui refusait son héritage au profit d'une vie dissolue au possible. Tout était envisageable et tout pouvait jouer en sa faveur si l'on savait bien le justifier et en faire une arme. Il ne ressemblait pas à ces politiciens poussiéreux qui racontaient plus de mensonges que de vérités. Il était plutôt celui qui dirait volontiers trouver la politique ennuyeuse, ne pas se trouver là pour faire plaisir à son paternel, mais bien plus pour œuvrer pour une cause plus idéaliste... les moldus et les sorciers, sans distinction. Et puis... il était à des kilomètres de cette ambition que l'on reprochait aux partisans du nouveau monde. "Je n'ai pas l'intention de rester dans les jupons de qui que ce soit ou de le menacer. Charge tes autres sbires de le faire si c'est l'option que tu souhaites." se permit-il de préciser. Non pas que son père avait envisagé cette option, mais il préférait être franc dans sa prise de position... Il y avait de précieux arguments que sa position lui donnerait l'occasion d'exploiter. Car Priscus savait, il le sentait au fond de lui, que si cet abrutis dont il ne savait encore rien choisissait un autre parti que le leur, la guerre serait inévitable. Et... il aimait trop ses petites habitudes et ses petits voyages pour y renoncer pour des êtres trop imbus pour cerner leurs similarités.

Puis il laissa s'échapper le nom de Régina, et eut pour réponse celle à laquelle Priscus s'attendait. "A la convention j'imagine." ponctua-t-il simplement en hochant la tête. Mais déjà Saevus faisait apparaître un tempus... ses minutes si précieuses avaient défilé, et... "Merci pour l'invitation, mais j'ai d'autres projets." Lesquels ? C'était une excellente question, mais il trouverait bien. Il n'avait aucune envie de jouer à la famille parfaite du jour au lendemain sous prétexte qu'il allait se lancer dans la politique. Sous prétexte qu'il lui révélerait, s'il réussissait, les vérités qu'il désirerait sur sa mère. Ils avaient peut-être avancé... mais ce n'était qu'un pas. "Et puis cela n'irait pas avec la mission que tu m'as donné. Évitons les grandes effusions publiques." ajouta-t-il avant qu'un sourire ne vienne incurver ses lèvres d'un subtil sarcasme.

La Leçon de Piano

Yaxley vit la couleur des cheveux de Priscus changer brutalement alors qu’il lui annonçait qu’il faisait déjà parti de la liste des invités. Son fils pensait vraiment que le père n’avait pas prévu son coup à l’avance. «Tu me sous-estime parfois mon fils...» dit simplement le leader alors que la chevelure de son garçon reprenait une couleur sombre semblable à la sienne. Il observa un instant le gamin toujours furieux. Il n’était pas encore hérité de son père ce détachement à toute épreuve qui lui permettait de rester du plus grand stoïque même quand la situation était au plus grave. Cela lui viendrait sûrement avec le temps. Un homme devrait apprendre à se contrôler, à rester de marbre devant les épreuves.

Saevus chassa un mouton imaginaire sur la veste impeccable taillée sur mesure. Rien qu’un bouton de manchette de son costume représentait le salaire mensuel de quatre ouvriers de la Tour et Yaxley était reconnu pour payer très correctement ses employés. Le patriarche n’étalait pas sa fortune outre mesure mais il aimait le luxe et les belles choses. Il suffisait de voir les toilettes, robes et bijoux qu’il offrait régulièrement à Lyra. «Héres n’est pas sur la liste des invités, Priscus...» dit simplement le père avant de poser les yeux sur son fils. «Tu te méprends, Priscus. Je ne souhaite pas que le vice président soit menacé par les partisans. C’est un homme méfiant. Cela ne serait que contre productif. Je veux lui montrer une autre image de notre partie en ta présence. Lui prouver que même si toutes nos brebis ne sont pas blanches, elles ont à coeur la paix dans notre pays. Une guerre serait catastrophique pour tout le monde et le vice président le sait. S’il se range de notre côté, la paix sera préservée...» commença Saevus qui ne comprenait pas très bien comment Priscus pouvait penser qu’il souhaitait menacer le vice président. Il n’aurait pas fait appel à son fils pour cela. «Les personnes qui seront avec toi connaissent le milieu. Ecoute leur conseil et tire s’en profil...»

Le père s’avança d’un pas pour regarder son fils dans les yeux, appuyant son regard sombre et déterminé dans celui de son fils. «Ce n’est pas un jeu Priscus... Tu auras nos vies entre tes mains... Si tu échoues, les conséquences seront terribles.» Il était important et même capitale que le jeune Yaxley comprenne cela. Il était temps qu’il quittât cette état puéril dans lequel il s’était enfoncé ses dernières années. Il ne voyait qu’une mission de politique ennuyeuse alors qu’il avait avoir entre les mains l’avenir du pays. Saevus le savait. Priscus était un nombrilisme invétéré comme sa véritable mère. S’il travaillait, quand il était d’humeur à le faire, s’était uniquement pour lui seul. Saevus aimerait beaucoup qu’il changea d’attitudes durant cette mission. Aussi prenait-il un grand risque en envoyant son fils sur le front de la politique. C’était comme suivre à un jeux de poker en ayant seulement une simple paire de sept dans sa main et en espérant être suffisamment bon au bluffe pour faire croire à sa adversaire qu’on avait la meilleure main du jeux.

Priscus devait également croiser à nouveau Régina durant la convention. Il y aurait peut être aussi Ilaria, leur fille et soeur aînée de Priscus. Saevus n’avait prévu de s’y déplacer uniquement le dernier jour et encore il n’y avait rien d’officiel. Après les multiples attentats que lui et son fils aîné avaient subi, le leader ne montrait méfiant. Non plus qu’il craignait la mort mais il refusait de donner inutilement dans la gueule du loup. Il avait encore trop de choses à accomplir avant de tirer sa révérence.

Le fils refusa l’invitation et Saevus n’en fut guère étonner. Il aurait pourtant aimer dîner avec les siens ce soir. Quand Héres et Priscus mettaient leurs pics de côté, il avait presque l’air d’une famille proche et unis. «Bien... Ta mère sera peinée de ton refus.» fit simplement Saevus en se dirigeant vers la porte. Il voulait être un brin de toilette et changeait de costume pour sortir. «Si tu as besoin j’ai fait faire un chéquier à ton nom. Demande à Orflaith. Elle est au courant. La somme sur le compte est confortable sans être trop importante. Essaie de ne pas tout croquer en une semaine.... Bonne soirée» Sur ses mots, Saevus quitta la pièce laissant son fils seul.

Quelques notes sur un piano

avec SAEVUS & PRISCUS

Tu me sous-estimes... un son narquois et sarcastique s'esquiva brièvement de ses lèvres, il n'était pas prêt d'y être repris. Son père, à l'image d'un joueur d'échec, avait prévu plusieurs coups d'avance, et jouer avec lui, c'était comme fouler des cases blanches et noires avec un maître du jeu. Il avait l'avantage de l'ancienneté, des années d'expérience que le plus jeune des Yaxley ne possédaient malheureusement du fait de son jeune âge. Mais en vérité, la demande de son père avait été tellement inattendue et improbable, compte-tenu des enjeux qui s'y dissimulaient, qu'il n'avait pas pensé que son père aurait réellement pu l'inscrire à l'avance... et s'il n'était pas rentré à temps ? Il serait venu le trouver dans l'un des pianos-bars ou un autre endroit écumé par son cadet ? Un rictus ironique farda les lèvres de Priscus à cette pensée... qu'il savait grotesque. Il aurait envoyé l'un de ses sbires pour le pousser à venir le trouver, la promesse de l'identité de sa mère l'aurait inévitablement fait sortir du trou dans lequel il se serait trouvé, forcément. Et cela confirma le fait que le nom de son frère aîné n'avait jamais été sur la liste, comme le souligna Saevus, qui poursuivit en réponse à ses autres propos. Il expliquait qu'il ne désirait pas menacer le vice-président, que cela ne ferait que retourner le vent en leur défaveur si cela devait se produire, et...

Un rire moqueur s'extirpa des lèvres du métamorphomage ayant repris une apparence commune, la sienne, alors qu'il ne dirigeait pas ce rire à l'attention de ce paternel, mais de l'ironie de la situation. Car son père, avouait à travers ces propos, que ce qu'il avait toujours reproché à son fils jusqu'à présent, allait bien pouvoir être ce qui leur éviterait une guerre. Sa différence... son idéalisme égoïste... c'en était presque risible et ridicule, tant tout ceci était teinté d'un sens stupide de la situation. Bien sûr qu'il n'aurait pas envoyé Héres à cette convention, on avait tenté de l'éliminer au même titre que leur père pour la bonne raison que le fils se laissait façonner par le patriarche au point de devenir ce qu'il avait toujours souhaité. Alors que Priscus, avec son éternel opposition, offrait cette vision que même s'il ne s'entendait pas forcément avec son père, il soutenait le fait que les partisans du nouveau monde était le choix à faire pour éviter une guerre, qui surviendrait si l'on accordait plus de pouvoir aux sorciers... ou à contrario aux moldus.

"Si tu pensais qu'ils pouvaient faire ce que tu me demandes, tu n'aurais pas eu besoin de moi. Tu veux qu'il rencontre celui qui n'est pas là sous les ordres de son père, qui s'oppose à lui lorsqu'il n'est pas d'accord, celui dont il n'aurait, à priori, aucune raison de se méfier parce qu'il n'aura pas les mots de Saevus Yaxley s'échappant de ses lèvres, mais ceux qui lui tiendront à cœur : un monde de cohabitation et de paix, dont la solution est 'nous'. Mais j'écouterai." ironisa-t-il alors qu'écouter ne voulait pas dire mettre en pratique leurs conseils. Après tout, Saevus devait bien se douter que son fils n'obéirait pas aveuglément à ces autres ambassadeurs sous prétexte qu'ils connaissaient le milieu, ce serait tout simplement ridicule, ou alors une illusion qui devrait prochainement tomber du regard de ce père. Celui-là même qu'il plongea dans le sien alors qu'il se rapprochait pour lui préciser que ses actes auraient des conséquences. C'était comme jouer au black jack et attendre que la banque fasse moins que les cartes du joueur face à lui. Priscus n'avait aucune expérience en politique, son attitude avait toujours été fardée d'un égoïsme rancunier, et si Priscus en avait conscience, le sarcasme ne déserta pas ses lèvres comme pour laisser son père douter du sérieux qu'il accordait à cette mission de politique si ennuyeuse et pourtant capitale... Certes, c'était peut-être encore par égoïsme qu'il défendrait ce monde, mais il aimait ce qui composait sa vie actuelle, et obtenir ce qu'il voulait concernant sa mère... Non, cela allait au-delà d'une simple carotte, cette mission menaçait le monde tel qu'il le connaissait, s'il ne parvenait pas... "J'essaierai d'éviter que l'orage éclate." répondit-il de ce même sourire, alors que c'était comme une pression supérieure, il avait conscience des conséquences si cela ne tournait pas en leur faveur. Il comprenait la position de son père... et la partageait intérieurement, et bientôt ouvertement aux autres convives de la convention. Il fallait préserver la paix.

Aussi quand son père lui proposa d'aller manger en famille, refusa-t-il avec simplicité. D'autant que subir les pics de son frère, dans un sens ou bien dans l'autre, le rendrait suffisamment tendu pour le faire partir en vrille et en esclandre devant chaque regard présent, alors qu'il allait devoir porter une certaine responsabilité, prochainement, et devoir conserver le contrôle et son calme assez longtemps pour ne pas trahir le don qui lui avait fait prendre conscience que Lyra ne pouvait être sa mère. Il ne voulait pas fournir un article ridiculisant celle à qui il portait une douce tendresse, ou bien offrir des armes à ceux qui pourraient être ses ennemis. Car si lui ignorait l'identité de sa mère... les métamorphomages ne courraient pas les rues non plus. Et ce genre d'information entre des mains mal intentionnées pourrait l'amener, lui et les autres, à revoir leurs positions. Car s'il maîtrisait son don... son caractère jouait parfois contre lui.

"Elle comprendra." ponctua-t-il la question, alors que son père s'en allait pour quitter la pièce. Pourtant, ce dernier se plut à déclamer qu'il avait placé une certaine somme d'argent sur un compte destiné à son fils pour sa mission. "Je ne te promets rien. Bonne nuit, Père." laissa-t-il filer, alors que son père quittait la pièce. Bien sûr qu'il ne dépenserait pas tout cet argent d'un claquement de doigts. Lorsqu'il en avait l'utilité, il savait prendre sur lui. Mais une fois seul, l'ironie fardant ses lèvres se volatilisa et le poids de la situation l'enveloppa de son aura sombre. Il avait besoin de se changer les idées... de réfléchir... de plaisirs faciles... Il aurait bien le temps de voir la secrétaire de son père le lendemain, ou le surlendemain, alors qu'il prenait également la direction de la porte et de la sortie du bâtiment. De l'air libre au bord des lèvres.