"Si tu essais tu as une chance de perdre. Si tu n'essais pas, tu as déjà perdu"

  La suite qu'il occupait était intégralement plongée dans la pénombre de la nuit, seule la lumière de la lune offrait un éclairage sommaire des lieux dont les ombres des meubles se dessinaient sur les murs et la moquette de la pièce. Sur la table basse se trouvait un carnet de croquis inachevés ainsi qu'une bouteille de vin entamé. Allongé sur l'un des transats qui se trouvait sur sa terrasse, Ethan observait le ciel qui était particulièrement étoilé un verre de vin rouge dans sa main. Tout était si calme, on avait peine à croire que quelques heures plus tôt la ville de Santa Fe avait été le théâtre d'un terrible affrontement entre les pro-moldus, le Cercle et les forces de l'ordre, seul le pansement que venait de lui changer une charmante infirmière était là pour lui prouver qu'il y avait bien eut un affrontement dont il en gardait un souvenir encore douloureux, mais ce n'était rien en rapport à la douleur non pas physique mais émotionnelle qu'il ressentait encore après le départ de Thémis.

La discussion qu'il avait eu avec la jeune femme avait été très chargé émotionnellement et l’avait complétement vidé. Il ne se souvenait plus d’avoir jamais autant pleuré et de s'être senti aussi mal pour une personne. Son regard se porta alors sur les visages inlassablement souriant d'une vieille photo qu'il tenait entre son index et son majeur, que le temps avait bien abimé. Il s'agissait de l'unique cliché qu'il possédait de sa famille avant le drame et qui ne le quittait jamais. Il se demandait ce que ses parents penseraient de lui s’ils le voyaient aujourd'hui. Son regard se posa sur la très belle femme qui s'y trouvait et qui posait avec tendresse ses mains sur son ventre rebondit. Son sourire s'effaça, en repensant à sa mère qui lui répondait toujours en souriant que s'il était sage, il aurait droit à son dessert préféré. Si elle le voyait aujourd'hui, qu'est-ce qu'elle dirait ? Serait-elle fière de lui ? Ou bien triste qu'il ait renoncé à tout pour sa vengeance ?
La réponse était évidente et les yeux à demi fermés, Ethan ressentit un douloureux pincement au coeur. De part ce qu'on lui avait dit d'elle, sa mère aurait certainement voulu qu'il vive heureux auprès de celle qu'il aimait. Tout comme son père qui lui condamnerait probablement ses agissements. Il avait sacrifié Thémis et ce qu’ils partageaient pour une vengeance est-ce que cela en valait la peine ?

Il s’était toujours convaincu d’avoir agi au mieux mais aujourd’hui il en doutait. Quelle aurait été leur vie s’il n’avait pas délibérément tout gâché ? Aujourd’hui, après avoir parlé avec elle, après lui avoir avoué une partie de la vérité, il réalisait encore plus tout ce qu’il avait perdu et tout ce à quoi il avait renoncé, et en cet instant précis, il aimerait pouvoir remonter le temps et ne jamais avoir fait cette bêtise.

❝ On ne peut pas revenir en arrière... ❞ Lui avait-elle murmuré et elle avait raison, il avait fait un choix, et il allait devoir vivre avec... ❝ Car même si au fond de moi je t'aime et je t'aimerai toujours, je crois que nous ne pourrons jamais passer notre vie ensemble. Ce danger duquel tu m'as repoussé reviendra peut-être... enfin s'il n'est pas encore là... Et j'ignore si je pourrai un jour te pardonner le mal que tu m'as fait Ethan. J'ignore si j'arriverais à te faire à nouveau confiance. ❞

Elle l'aimait toujours, elle le lui avait avoué, elle avait même gardé son tableau alors qu'il pensait avoir été détruit depuis longtemps, mais il lui avait fait beaucoup de mal et elle n'était pas prête à le lui pardonner.
Et puis il y avait eu ce baiser... un baiser d’adieu
Il l'avait regardé se hisser sur la pointe des pieds, il savait très bien ce qui allait se passer, il savait qu'elle allait l'embrasser. Ce baiser était différents que tous ceux qu'ils avaient partagés. Encore plus fort que le goût salé dû aux larmes, il avait un goût d'amertume et de regrets. Après ce qu'il leur parut une éternité et une seconde en même temps, leurs lèvres s'étaient séparés, comme à regret. Après un dernier regard, profond et intense, elle était partie non sans lui avoir assuré qu'elle serait toujours là pour lui... même si elle savait ? Il en doutait, il ne voulait surtout pas qu'elle découvre la vérité, il ne supporterait pas de la voir poser sur lui un regard dans lequel se refléterait toute la déception, le chagrin et l'aversion que ses agissements lui ferait éprouver. Parce qu'elle ne comprendrait pas, elle ne pourrait pas comprendre et alors qu'il venait à peine de la retrouver, il la perdrait définitivement et cette seule perspective l'angoissait terriblement

Posant son regard sur son verre de vin dont il fit tournoyer légèrement la robe pourpre, il repensa à ce moment où tout avait changé, où sa vie avait basculé…
Pourquoi était-il toujours en vie ? Pourquoi avait-il survécu ? Il avait toujours pensé que c'était pour se venger mais on ne pouvait pas dire que c'était une réussite jusqu'à présent. Et s'il y avait une autre raison ?

Trois petits coups cognèrent contre sa porte et le tirèrent de ses pensées. Tournant la tête en direction de l'intérieur, il se demanda qui cela pouvait-il être mais ne bougea pas pour autant. Il savait déjà qu'il ne s'agissait pas de Thémis puisqu'ils s'étaient enfin tout dit, et qu’il s’agissait encore moins de sa sœur qui ne s'embarrassait jamais de s’annoncer avant d’entrer alors il se fichait de savoir qui pouvait bien se trouver derrière cette porte. Peu lui importait qu’il s’agissait d’un coursier pour lui annoncer que la ville était mis à sac, il s’en fichait complétement, tout ce qu’il voulait s’était rester seul. Mais de toute évidence son visiteur ne l’entendait pas de cette oreille. Sur le qui-vive il entendit la porte s’ouvrir et se refermer aussi vite. Glissant lentement sa baguette dans sa main, il entendit l’indélicat s’avancer doucement dans le salon en l’appelant par son prénom. Instantanément il reconnut sa voix et leva les yeux au ciel en soupirant intérieurement. Sean, son parrain…. Faisant disparaître la baguette de sa main, il glissa sa photo de famille dans la poche de son pantalon, porta le verre de vin à ses lèvres et en but une gorgée avant de le reposer à ses côtés.

Depuis l’intégration de Sean qui avait remplacé Nero Burton au pied levé pour représenter les Mages Fondateurs, il avait souhaité plus d’une fois lui parler s’était malheureusement sans compter le temps et les occasions qui lui avaient cruellement manqué mais à présent qu'il en aurait enfin l'occasion, il n'était pas d'humeur, il n’avait aucune envie de manifester sa présence tout ce qu’il voulait c’était rester seul, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il n’avait aucune envie de parler, ensuite, il ne voulait pas qu’on le surprenne ainsi, aussi désemparé, enfin, il était encore très en colère contre Elisabeth d’avoir révélé leur lien de parenté à Thémis, et par ricochet, il en voulait à Sean. Sa colère finirait par s'estomper mais ce soir, elle risquait de lui faire dire des choses qu'il pourrait regretter. Il espérait qu'en ne voyant personne, son parrain songerait qu’il n’était pas ici, et ferait demi-tour mais c'était sans compter son obstination. Il ne tourna même pas immédiatement la tête dans sa direction lorsqu'il l'entendit venir sur la terrasse, se contentant de boire une nouvelle gorgée de vin, avant de reposer son verre en soupirant.

- Tu m’as trouvé, lâcha-t-il en tournant finalement son visage dans sa direction. Je peux faire quelque chose pour toi ?

   

"Si tu essais tu as une chance de perdre. Si tu n'essais pas, tu as déjà perdu"

 Sean n’était clairement pas le bienvenue, sa présence le contrariait parce qu’il aurait préféré rester seul avec ses pensées mais il n’était pas dans sa nature d’être pour autant infect avec les gens qu’il aimait même s’il était en colère envers ces derniers. Lui jetant à peine un regard, il n’avait pas besoin de se tourner dans sa direction pour savoir que son parrain venait silencieusement de prendre place sur le transat qui se trouvait juste à côté du sien
Perdant son regard sur le ciel étoilé dans un silence obstiné, il ne tourna définitivement son visage vers Sean que lorsque ce dernier prit la parole pour répondre à la question qu’il lui avait posé au moment où il s’était introduit sur la terrasse sans y être invité. Son attitude ne devant clairement pas simplifier les choses à ce pauvre homme qui, à en juger par sa maladresse se sentait visiblement mal à l’aise. Il n’eut aucun mal à le croire lorsqu’il lui confia être venu parce qu'il se souciait de lui, pensant qu'il avait peut-être envie de se soulager la conscience et de se confier face à ce qu'il avait pu vivre, ressentir ou éprouver durant cette bataille, ce qui le fit doucement rire légèrement avec amertume

- Tu sais, ce n'est pas ma première bataille. Cela fait 26 ans que les moldus essaient de me tuer sans jamais y parvenir, alors je pense pouvoir dire que je m'y suis habitué... à la différence près qu’à présent je réplique

Son sourire s'effaça et son regard se perdit dans les méandres de ses souvenirs. Il répliquait oui, mais en réalité il ne ressentait plus rien. Il ripostait à leurs attaques et prenait leurs vies dans la plus grande indifférence sans en éprouver la moindre culpabilité ou honte, bien au contraire. Ils avaient fait couler le sang de Thémis, menacé cette vie à laquelle il tenait plus que tout, ainsi que celle de Sean sans oublier celles d’autres sorciers innocents, comme aurait pu l’être sa sœur si elles 'était trouvé là. Ils n'auraient pas hésité à s'en prendre à de simples civiles qui s’étaient retrouvés malgré eux, mêlé à cette bataille sans merci comme jadis auparavant sa propre famille. Il n’avait aucun remords à s’être défendu et à avoir tué dès qu’il en avait l’occasion, il n’avait fait que se défendre et protéger la vie de ceux qu’il aimait. Comme s’il avait pu lire en lui, Sean lui demanda comment il allait, incitant malgré lui Ethan à lever son regard sur lui. Jamais encore il n'avait perdu cette lueur si spéciale qu'il avait dans ses yeux bleus, mais à présent cette lueur s'était éteinte. Une autre l'avait remplacée, plus sombre, plus triste, et de toute évidence son parrain s’en était aperçut. Ethan avait parfaitement compris que Sean faisait référence à son état émotionnel et non physique mais n’ayant fait aucune précision à ce sujet, il décida de jouer aux imbéciles et de choisir l’interprétation qui l’arrangeait

- J'ai dormi une bonne partie de la journée et l'infirmière est passé tout à l'heure pour me changer le bandage, ça guérit bien, lui apprit-il en faisant référence à sa blessure par balle au bras. D'ailleurs je tenais à te remercier, sans ta potion je n'aurais jamais tenu le coup, alors merci, lui dit-il sincèrement.

Sans Sean et son intervention, il ne faisait aucun doute que ni Thémis ni lui, ne seraient parvenus à obtenir cette si belle victoire sur les Pro-moldus. Levant ses yeux avec reconnaissance sur cet homme qui était un peu comme un père pour lui, Ethan sentit sa contrariété d’avoir été dérangé se dissiper malgré lui. A choisir il aurait préféré rester seul, mais de toute évidence son parrain n’avait pas l’intention de bouger et puis, même s’il ne l’admettrait pas ouvertement avoir quelqu’un qui s’inquiète pour vous et cherche à vous assurer qu’il était là pour vous soutenir n’était pas une chose si désagréable

- Tu veux un verre de vin ?

Et sans attendre de réponse, il se leva de son transat pour regagner l'intérieur de la suite qu’on lui avait attribuer. Sa silhouette avait disparu de la vue de Sean pour s’engouffrer dans la pénombre du salon. A quelques pas de l’entrée de la terrasse, se trouvait un table basse sur laquelle il avait laissé la bouteille de vin qu’il venait d’entamer. Puis, à l’aide d’un sort d’attraction il fit venir jusqu’à son autre main un verre à vin avant de revenir sur la terrasse. Il tendit le verre en crystal à son parrain puis le servit raisonnablement avant de poser l’excellent Bordeaux sur la petite table de terrasse qui se trouvait entre eux. Reprenant sa place il se mit cette fois assis face à Sean et leva son verre pour trinquer.

- A la défaite des pro-moldus et à notre victoire. Le début d'une longue lignée

Les deux verres s’entrechoquèrent et Ethan dégusta une nouvelle gorgée de ce millésime. La première impression lorsqu’on l’avait en bouche était flatteuse. Après avoir avalé sa gorgée, il pouvait encore apprécier dans sa bouche son goût plaisant et son arôme subtile. Nul doute que si El, qui tout comme lui appréciait beaucoup le bon vin, avait été là, elle aurait grandement apprécié ce cru exceptionnel. Afin d'éviter de donner l'opportunité à Sean de prendre la parole puisqu'il risquait fort de lui poser des questions auquel il ne désirait pas répondre, il le devança et dévia la conversation sur son vis-à-vis

- Et toi alors comme as-tu vécu cette première bataille ? Elisabeth a du beaucoup s’inquiéter pour toi, j’imagine combien elle a du être soulagé de te voir revenir en un seul morceau, d'ailleurs à ce propos, je voulais que tu saches que mon emportement n'avait rien de personnel. C'était pas contre toi, j'étais simplement inquiet, j'aurais préféré que tu ne te retrouves pas en première ligne. Que tu n’assistes pas à ça et surtout que tu ne mettes pas ta vie en danger, mais en vérité... je suis content de ta présence parmi nous

 

"Si tu essais tu as une chance de perdre. Si tu n'essais pas, tu as déjà perdu"

Il était très rare de voir Sean s'énerver et plus encore à son encontre, d'ailleurs il se demandait même si cela était déjà produit. Si c'était le cas, il n'en gardait pas souvenir, mais cette fois, les choses étaient très différentes et probablement pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Sean haussa le temps avec lui comme il l'aurait probablement fait avec l'un de ses propres fils. Pour qu'il se fâche de la sorte, et perde aussi vite patience, chose qui ne lui ressemblait pas, il ne faisait aucun doute que son parrain avait été durement éprouvé par cette affaire.
Baissant le regard durant un instant, il garda le silence et ne répondit rien. Ils avaient tous deux conscience qu'il avait joué aux imbéciles et si d'ordinaire Sean n'insistait pas, cette fois, il avait clairement fait comprendre qu'il n'entrerait pas dans son jeu. Ethan pouvait parfaitement prétendre qu'il allait bien mais ce serait non seulement ridicule car son parrain n'était pas stupide, mais ce serait également lui manquer de respect. Préférant changer de sujet, il se leva de son transat pour servir un verre de vin à son parrain, puisqu'il était là, inutile qu'il continue de boire seul.
Un sourire se dessina sur ses lèvres en observant son parrain savourer son verre de vin. Peu de personnes avaient la capacité de faire la différence entre un bon vin et un excellent cru, mais Sean n'était pas de ceux-là et cela se remarquait tout de suite à sa manière de humer puis de savourer cette première gorgée. Il était de ceux avec qui il était agréable de déguster un bon vin.

- Tu t'en es très bien sorti à ce que j'ai entendu, fit Ethan en reposant son verre à coté de lui. Comme tu l'as dit toi-même ce n'est pas ton métier et pourtant ton aide fut loin d'être négligeable, tu as contribué à sauver des vies, et sans ton aide, ni moi ni Thémis n'aurions été capables de retourner la situation et de prendre le dessus sur les pro-moldus, alors ne sous-estimes pas ta contribution dans cette affaire

Ethan lui avait parlé avec gentillesse, pour l'encourager à sa manière. Le départ de Burton avait été salvateur et il savait qu'il ne le devait qu'au Cercle et certainement pas à sa chance insolente, mais le voir être remplacé par Sean avait été inespéré. Il n'était pas sans ignorer qu'il détestait les moldus et avoir un allié à ses cotés ne serait surement pas de trop pour gérer Fernandes et Grayson.
Ethan baissa légèrement les yeux lorsque son parrain évoqua les raisons qui l'avaient poussé à ce joindre à eux. Ethan avait parfaitement conscience qu'il évoquait à demi-mot la disparition de son petit-fils. Une véritable tragédie doublée d'une complète injustice. Ils avaient eut beau enquêter cela n'avait strictement rien donné. Ils n'avaient pas l'ombre d'une piste et pourtant les Aurors en chargent de cette affaire avaient fait leur travail, puisqu'il l'avait suivi de très prêt mais celui qui avait fait cela n'était pas à son premier coup d'essai c'était une certitude..

- Toujours pas la moindre piste ?

Son parrain ne lui répondit pas mais son regard était des plus explicites et ne souffrait d'aucune hésitation. Ethan lâcha un soupir navré avant de relever la tête pour plonger son regard dans le sien

- Lorsque tout ça sera terminé, je m'occuperais personnellement de cette affaire et je te promet que je retrouverais celui qui a fait ça. Ne t'en fais pas pour Elisabeth, elle est forte et elle te soutiendra toujours, quoi qu'il arrive

C'était le genre de relation qu'il leur enviait et qu'il avait connu lui aussi avec une personne unique qui ne se trouvait pas si loin d'ici... la voir chaque jour, avoir eut cette conversation houleuse mais nécessaire avec elle, lui faisait réaliser à quel point leur complicité lui manquait... mais il savait qu'elle ne le soutiendrait jamais dans sa vengeance parce qu'elle avait un profond sens de la justice qui n'était pas le sien. Jamais elle ne pourrait cautionner ou le soutenir dans cette vendetta. Il ne pouvait d'ailleurs pas dire que de son coté il s'était montré d'un soutient inébranlable envers Sean qui ne lui tint d'ailleurs pas rigueur de son petit esclandre lorsqu'il avait réalisé que ce dernier allait les accompagner sur le terrain, lui confiant par ailleurs que lui-même n'était pas particulièrement rassuré de le savoir sur le terrain ce qui lui tira un sourire amusé.

T'en fais pas pour moi, je suis comme les chats, j'ai 9 vies, ironisa-t-il tout en se levant de son transat avec son verre de vin en main pour se diriger vers le muret de son balcon pour s'y adosser et faire face à Sean qui était venu pour faire le point avec lui.

Il ne croyait pas si bien dire. Combien de fois avait-il déjà échappé à la faucheuse ? Bien trop de fois. Gamin, fasse aux assassins de ses parents, lors de la guerre de Boston, face au boucher,... la mort l'accompagnait partout comme une amie fidèle qui n'avait pour le moment pas choisi de mettre un terme brutal à leur petit jeu. Peut-etre se plaisait-elle à le voir effectuer son travail à sa place... Gardant d'abord le silence, il fit légèrement tournoyer la robe écarlate qui se trouvait dans son verre avant de le porter à ses verre et d'en boire une gorgée. Finalement le sujet était venu sur le tapis...

- A la base Thémis n'était pas censé être au courant non plus et pour te parler franchement je n'ai pas particulièrement apprécié le fait qu'Elisabeth aille lui parler. Elle est très proche de Fernandes qui n'hésitera pas à me nuire s'il en a la moindre occasion. Que tout le monde sans exception aucune ignore nos liens était un avantage indéniable, mais à présent ce n'est plus le cas. Je sais que Thémis ne trahira pas notre secret

... sauf si elle se met à avoir des soupçons le concernant, songea-t-il pour lui-même avant de tâcher de se raisonner. Après tout, il n'y avait aucune raison pour que ce soit le cas, aucune piste ne menait à lui et il devait s'assurer que cela continue ainsi.

- ...Mais j'aurais préféré que cela reste ainsi. Cependant le mal est fait et en parler n'y changera plus rien.

Que ça lui plaise ou non, il allait devoir faire avec. Il vida le fond de son verre avant de reprendre la parole

- Tu as raison, nous devons faire le point, fit-il en se rapprochant à nouveau de lui pour prendre place à ses cotés. Pour te parler franchement, je n'ai aucune confiance en Grayson pour la simple et bonne raison que c'est un Inquisiteur, quand à Fernandes, bien que notre contentieux ne date pas d'aujourd'hui et que j'en ignore la raison, il ne m'apprécie pas, c'est pourquoi j'aimerais te proposer une alliance. Officiellement, si des groupes devaient se former j'aimerai que l'on ne travaille pas ensemble mais avec un moldu, que l'on puisse chacun garder à l'oeil. Ne t'inquiète pas, si ça doit se faire je m'occuperais de Grayson, le rassura-t-il aussitôt. En ayant chacun un oeil sur l'un et l'autre nous pourrons regrouper toutes les informations récoltées, ce qui nous donnera une longueur d'avance sur eux. Fernandes a beau faire de joli discours concernant la loyauté et la confiance, je doute fort qu'il les mette en pratique nous concernant et je préfère ne courir aucun risque. Est-ce que je peux compter sur toi ?

Dans le fond, Ethan savait qu'il n'avait pas besoin de lui poser la moindre question, que tout ceci n'était qu'une simple formalité d'usage car son parrain accepterait sans hésiter de s'allier à lui mais il préférait en être sur et certain. Leur resservant chacun un nouveau verre de vin, il lui tendit la bouteille à moitié pleine

- Prends-la avec toi, vous la terminerez avec Elisabeth, mais lorsque tu l'auras terminé, ne la jette pas. Je veux que tu me concoctes du polynectare que tu verseras là-dedans. Je vous procurerais 3 autres bouteilles identiques qu'Elisabeth offrira aux autres agents pour les féliciter de cette première victoire, ainsi, elle pourra me la remettre ouvertement sans que cela soulève des questions

Voyant le regard interrogatif de son parrain, Ethan entreprit immédiatement de le rassurer.

- Oh non ne t'en fais pas j'ai rien prévu de stupide c'est juste au cas où. Je t'avoue qu'avoir constamment des gardes du corps sur le dos est un peu pénible. Je travaille beaucoup mieux et bien plus efficacement sans avoir Dupont et Dupond sur le dos. Est-ce que je peux compter sur toi ?

Au mieux Sean accepterait sans faire d'histoire, au pire il trouverait une autre solution, les idées ce n'était absolument pas ce qui lui manquait...

- Et maintenant j'aimerai qu'on revienne un peu sur mon père. Non, je n'ai toujours pas renoncé à cette affaire, le devança-t-il presque aussitôt sur un ton qui trahissait le fait qu'il perdait patience. Qu'est-ce que tu peux me dire sur le violeur de Bâton-rouge, ce gars qui a été arrêté. Qu'est-ce que mon père en pensait ? Il le croyait coupable ? Et toi ?

 

"Si tu essais tu as une chance de perdre. Si tu n'essais pas, tu as déjà perdu"

 Sa petite boutade concernant sa chance insolente et le fait qu'il ait 9 vies comme les chats ne fut guère apprécié par son parrain, qui lui demanda de ne pas plaisanter sur ce sujet. On pouvait sentir beaucoup d'inquiétude dans le son de sa voix, ainsi qu'une touche de reproche qui prêtait à sourire. Sean lui demandait de ne pas jouer avec le feu, mais cela faisait des années qu'il le faisait. C'était plus fort que lui, il avait besoin de se mesurer aux autres, de se montrer le plus malin, il avait en lui ce besoin constant de n'en faire qu'à sa tête et de braver les interdits en se jouant du système auquel il appartenait sans en éprouver la moindre culpabilité, et jusqu'à présent, ça lui avait plutôt réussi, mais il n'était cependant pas suicidaire. Jamais il ne risquerait sa vie dans une entreprise désespérée... ou du moins était-il plus exact de dire que chaque risque qu'il prenait était en général parfaitement calculé.

- Pourquoi ? Tu as peur que je me brûle ? Se moqua-t-il avant de lui sourire et de lui faire une tape amicale sur l'épaule. Détends-toi, je plaisantais. Je ne ferais rien de stupide, tu me connais non ?

Des trucs stupides, il en faisait à longueur de journée mais il avait bien conscience qu'il n'était pas invulnérable, jamais il ne jouerait sa vie si ça n'en valait pas la peine. Il n'était cependant pas dans ses intentions d'inquiéter son parrain inutilement, préférant le laisser en dehors de toutes ces entreprises. S'il ne désirait d'ailleurs pas impliquer les autres dans ses histoires, il détestait que l'on se mêle de sa vie privée. Il ne doutait pas un seul instant qu'Elisabeth n'avait eut aucune mauvaise intention ce n'était pas dans sa nature, elle pensait surement bien faire, il en avait parfaitement conscience, mais Sean était loin de se douter à quel point son intervention aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Garder leur lien secret était un atout, le révéler à une personne, même s'il s'agissait de Thémis, c'était devoir y renoncer. Loin de se douter à quel point ça l'avait contrarié, Sean défendit son épouse en plaisantant sur la perspicacité des femmes. Leur perspicacité, c'était bien ça qui l'inquiétait...

- Tu me rassures pas du tout là, lui répondit-il dans un soupire. Je préférais qu'à l'avenir El reste discrète et évite de trop en dire, même si c'est pour mon bien, je peux prendre soin de moi tout seul

Il n'y avait aucun reproche et pas la moindre agressivité dans le son de sa voix, il n'était même plus en colère finalement, puisque dans le fond, même si ça le contrariait, il lui était malgré tout reconnaissant d'avoir précipiter les choses. Sans l'intervention d'Elisabeth, jamais Thémis ne serait venu le voir, jamais ils n'auraient eut cette engueulade et jamais il ne lui aurait révélé une partie de la vérité. Au lieu de ça, il aurait continué de se comporter comme un con et à la faire souffrir sans même en avoir conscience. Thémis... son coeur s'emballait à chaque fois qu'il pensait à elle. Ils n'avaient pas été aussi proche depuis si longtemps. Il était loin de s'en douter mais crever cet abcès, parler à coeur ouvert, avait été pour l'un comme pour l'autre une nécessité. L'évidence lui sautait désormais aux yeux, ils s'aimaient toujours. Malgré tout le mal qu'il lui avait infligé, elle l'aimait encore, et au fond de lui, il savait qu'il désirait la reconquérir et se faire pardonner ses erreurs, même s'il n'était pas certain qu'elle puisse y parvenir un jour et quand bien même il y parviendrait il ne se faisait aucune illusion, rien ne serait plus jamais comme avant. Il allait devoir reprendre toutes les bases de leur relation, mais il était prêt à essayer, parce qu'elle en valait la peine.
Elle avait cependant raison, tant que le danger duquel il avait cherché à la préserver serait présent, ils ne pourraient pas être ensemble. Tant que le Cercle existerait, tant qu'il appartiendrait au Cercle, tant qu'il ne serait pas parvenu à exorciser son passé, il ne pourrait pas la rendre heureuse et s'il y avait bien quelque chose qu'il ne désirait plus, c'était la faire souffrir.
Le Cercle... Thémis...
Il ne savait pas s'il avait prit la bonne décision en rejoignant le Cercle, il croyait en leur action, mais parfois, comme aujourd'hui, il se mettait à douter de lui et de ses convictions mais pas seulement... Qui était l'homme qui se cachait derrière Abigor et qui dirigeait le Cercle ? Pourquoi seul Abigor pouvait-il le contacter ? Depuis quand la Corneille, cet assassin avait-il rejoint leurs rangs ? Que savaient-ils exactement sur l'assassin de bâton-rouge, appartenait-il lui aussi au Cercle ? Songea-t-il non sans une certaine ironie. Pourquoi avait-il actuellement la désagréable sensation de se sentir manipulé ? Il y avait trop de questions qui restaient en suspens, trop de questions qui le faisaient tergiverser. Le Cercle, Abigor, Nathan,... méritaient-ils vraiment tous les sacrifices qu'il avait fait, à commencer par Thémis, pour leur cause ? Il n'en n'était plus très sur, c'est pourquoi il avait absolument besoin de parler avec Abigor et pour se faire, il allait avoir besoin de l'aide de Sean

Avoir un allié dans cette prétendue équipe qu'était les représentants des factions, était un plus non négligeable. Il savait qu'il pouvait compter sur lui, les deux sorciers contre les deux moldus... comme toujours, une histoire sans fin qui se répéterait inlassablement tant que ces derniers n'auraient pas compris quelle était leur place dans ce monde. Ils leur devaient le respect, au même titre que n'importe qui d'autre. Ils devaient cesser de les prendre de haut, cesser de les comparer à des monstres parce que de ce côté-là, même s'ils étaient dépourvus de magie, ils n'avaient rien à leur envier. Il connaissait bien plus de famille de sorciers meurtris par les moldus que l'inverse, alors il était plus que temps qu'ils cessent de s'en prendre à eux sous couvert de se protéger de leur magie. Des deux, Fernandes était probablement le plus hypocrite. Il prétendait croire en l'idéologie des Partisans qui voulait que moldus et sorciers avancent main dans la main, mais ses actions prouvaient le contraire. Marié à une sorcière dont il était séparé depuis au moins   10 ans, incapable de collaborer avec lui ou Sean, il était toujours obligé de trouver à redire ou à protester dès qu'il ouvrait la bouche... au moins avec Grayson, il n'y avait aucune surprise, et il affichait clairement ce qu'il pensait. Laisser les deux moldus travailler ensemble ne pouvait rien apporter de bon, ils devaient absolument les séparer, les surveiller et garder un oeil sur eux le temps que durerait l'enquête, c'est pourquoi son parrain est lui devaient impérativement unir leur forces pour collaborer. Ils apprendraient bien plus de choses en faisant chacun équipe avec un moldu plutôt qu'en travaillant ensemble. Et puis.... il avait également besoin des talents dans son domaine de prédilection. Ethan savait qu'il pouvait directement s'adresser à sa soeur pour effectuer ce genre de chose puisqu'elle était très talentueuse dans ce domaine, mais lorsque l'on avait à sa disposition un maître de potion pourquoi s'en priver ? Sans compter que ça lui permettait de tester la loyauté de son oncle et de voir jusqu'où il était prêt à aller pour lui. Devant les questions de son parrain qui s'interrogeait sur l'utilisation qu'il pourrait en faire, Ethan lui adressa le sourire fripon d'un sale gosse qui préparait un coup en douce.

- Je ne peux pas te répondre puisque je l'ignore moi-même, lui répondit-il innocemment, disons simplement que je préfère en avoir en ma possession en cas de besoin.

Se doutant bien que cette réponse ne serait pas suffisante pour convaincre le maître de potion, Ethan lâcha un soupir avant de plonger son regard dans les yeux de son parrain. Contrairement à Sean, Ethan n'était pas convaincu du bien fondé de le mettre dans la confidence de ses véritables attentions concernant ses futurs escapades, bien au contraire, moins Sean en saurait et plus c'était préférable, ce qu'il se garda bien évidemment de lui dire.

- Ecoute, j'ai beau appartenir aux forces de l'ordre, je dois t'avouer que je ne fais pas toujours tout dans les règles de l'art mais au moins ça paye à chaque fois, rajouta-t-il en plaisantant avant de reprendre sur un ton de confidence. De plus, je n'ai aucune confiance en nos gardes du corps. Je ne dis pas qu'ils sont tous corrompus mais j'en soupçonne quelques uns d'appartenir au pro-moldus. Ces derniers sont beaucoup trop au fait de nos moindres action : l'attaque à l'université lorsque j'étais avec Thémis, le guet-apens d'hier soir.... Si je venais à découvrir un élément essentiel je n'aimerais pas que cela se fasse alors que je me retrouve seul avec l'un d'eux. Je veux pouvoir les semer à tout moment, c'est pour ça que j'ai besoin du Polynectar.

Ethan espérait cependant que sa réponse et en particulier la sincérité de ses propos, suffirait à convaincre son parrain d'obtempérer et de lui concocter cette potion qu'il venait de lui réclamer tout en suivant les directives qu'il lui avait donné pour la lui remettre sans éveiller le moindre soupçon... Si ce n'était pas le cas, il se débrouillerait autrement, mais il espérait réellement qu'il pourrait compter sur lui, comme il le lui avait déjà promis à plusieurs reprises.
La confiance se méritait et Ethan n'était pas sans ignorer que s'il voulait obtenir celle de son parrain, il devait lui-même accepter de faire certaines concessions même s'il ne pouvait bien évidemment pas tout lui révéler. Il avait écouté scrupuleusement tout ce que lui avait appris Sean concernant l'enquête du violeur de bâton-rouge. Le sorcier condamné avait été rapidement jugé et l'affaire aussitôt bouclé, mais ce n'était en soi pas surprenant puisqu'il fallait bien reconnaître que les preuves contre lui étaient accablantes. Lui-même n'avait pas trouvé cela suspect jusqu'à ce qu'il surprenne cette conversation.... Il avait toutefois relevé son regard bleu lagune sur son parrain lorsque ce dernier lui confia que son père avait été chiffonné par cette affaire.  
Il n'était pas surprenant que Sean s'interroge sur le fait qu'Ethan s'intéresse subitement à cette affaire, et s'il n'avait pas été dans ses intentions premières d'en parler à qui que ce soit, il réalisait que cette fois il avait besoin d'un avis et d'un appui extérieur. Plus important encore, il avait envie de partager cette information avec quelqu'un mais pas avec n'importe qui : avec lui uniquement pour le moment et en fonction de ce que lui dirait Abigor à ce sujet... avec Thémis

- Je ne sais pas, avoua-t-il. Peut-être bien... Lors de l'attaque, lorsque l'on s'est séparé Thémis, Fernandes et moi, j'ai surpris une conversation entre deux membres du Cercle et ils disaient qu'ils détenaient des informations qui pourraient nuire aux sorciers concernant le violeur de bâton-rouge. Je ne sais pas ce que cela signifie mais si mon père a refusé de déménager, c'est parce qu'il pensait à tort que toute menace était écarté, qu'il n'y avait plus rien à craindre et qu'il voulait calmer les esprits. De toute évidence, il se trompait et si ça se trouve des moldus avaient découvert que des sorciers ont protégé le véritable assassin... je veux savoir de quoi il en retourne exactement.

Invitant son parrain à le suivre à l'intérieur du salon, une douce lumière artificielle se mit à baigner la pièce  d'un coup de baguette magique. Se penchant vers la table basse, il réunit en un tas plusieurs documents qu'il n'avait plus regardé depuis qu'il s'était écroulé comme une masse sur le canapé, juste avant que Thémis ne vienne le réveiller.

- Promets-moi de ne parler de ça à personne, le conjura-t-il avant de lui tendre le dossier qu'il détenait entre ses mains. Une fois la promesse obtenue il poursuivit tout en portant sa main droite sur sa hanche. J'ai demandé à Rebecca, ma secrétaire, de me sortir tout ce qu'il y avait sur cette affaire... tout est là, fit-il en désignant trois autres épais classeurs rouge posé en vrac sur l'un des fauteuil de la suite. J'ai pas encore eut l'occasion de m'y plonger véritablement mais je compte bien m'y mettre rapidement... à deux ça ira plus vite pour éplucher tout ça... fit-il en posant son regard sur lui dans un sourire confiant

 

"Si tu essais tu as une chance de perdre. Si tu n'essais pas, tu as déjà perdu"

Même si son parrain ne paraissait pas particulièrement emballé par la perspective de lui préparer du polynectar sans en connaître l'usage exact qu'il comptait en faire, Ethan savait qu'il pourrait compter sur lui. Il aurait très bien pu faire cette potion lui-même mais sa surveillance c'était quelque peu accru depuis qu'il leur avait fait le coup du Magritte pour envoyer un message à Abigor. Si l'un des gardes du corps d'origine sorciers venait à le surprendre avec les ingrédients de bases ou si n'importe qui le surprenait dans sa suite entrain d'en confectionner il savait qu'elle lui serait aussitôt confisqué.
Il aurait également très bien pu demander à sa soeur de lui en préparer, après tout, elle avait toujours eut un don certain avec la concoction des potions mais elle risquait d'être autant surveillé que lui. Demander à Sean se service augurait beaucoup moins de risque, après tout qu'y avait-il de plus normal que de voir un professeur de potion préparer quelques mixtures comme le polynectar ?Encore fallait-il que son parrain accepte ce dont il ne doutait pas une seule minute. Que cela lui plaise ou non, qu'il ait des réserves ou pas, il savait que son parrain ne lui refuserait jamais ce service.
Néanmoins pour le convaincre sans avoir à trop lui en dire concernant les véritables raisons qui l'incitait à lui demander ce service, Ethan avait choisit de lui faire part des soupçons qu'il avait à l'égard des gardes du corps qui étaient chargé d'assurer leur protection. Cette nouvelle eut tôt fait de faire paniquer Sean non pas pour lui, mais pour son épouse. L'angoisse palpable que cette nouvelle lui procura s'afficha aussitôt sur son visage si expressif. Légèrement détaché, Ethan l'observa tranquillement alors que son parrain s'inquiétait de savoir si la femme de sa vie courait un danger.

- Elle court un danger tant que les pro-moldus resteront en liberté, comme tous les sorciers, mais elle a été encore plus exposée que les autres dès l'instant où tu as accepté de remplacer Burton au pied levé, alors si tu veux savoir si elle court un danger la réponse est oui évidemment. Elle serait beaucoup plus en sécurité à Boston, mais Sean, fit-il en le retenant par le bras, tu dois te calmer immédiatement. Dans ton état de panique actuel tu ne ferais qu'éveiller les soupçons surtout si tu la renvoie dès ce soir à Boston. Ne change pas tes habitudes, et si ça peut te rassurer, je ne pense pas qu'ils vont s'en prendre à elle pour le moment. S'ils avaient voulu lui faire du mal, ils l'auraient déjà fait, ce ne sont pas les opportunités qui leur manquaient, pour l'instant, ils ne font que nous observer et nous tenir à l'oeil pour s'assurer que l'on n'a rien découvert de compromettant sur eux, alors calme-toi maintenant. Lui ordonna-t-il gentiment mais non moins fermement tout en relâchant la pression que sa main avait exercé sur son bras. Je sais que tu dois repartir sur Boston dans quelques jours, prends El avec toi, mais revient sans elle, ce sera beaucoup plus prudent. Nous sommes sur le point de démanteler ce réseau terroriste, les choses vont devenir beaucoup plus périlleuses dans les prochains jours et je ne pourrais pas te garantir sa sécurité.

Elisabeth pourrait devenir une cible facile si jamais les choses venaient à mal tourner pour les pro-moldus, il était préférable qu'elle n'accompagne plus son mari la prochaine fois. Sean paraissant comprendre son point de vu repris son calme et bien qu'il restait encore sous le choc de la nouvelle, il l'avait suffisamment encaissé pour qu'il puisse aborder un autre sujet. Un sujet qui lui tenait à coeur et dont il éprouvait l'irrépressible besoin d'en discuter avec quelqu'un. Qui mieux que Sean pouvait lui prêter une oreille attentive sur un tel sujet ?

- Je ne sais pas, avoua-t-il en levant les bras dans un mouvement impuissant, mais je pense qu'ils désiraient plutôt garder cette information pour eux. Sean, s'ils ont raison, cela signifie que cet assassin court toujours et qu'un autre a été exécuté à sa place. Cela signifie que des personnes haut placés sont derrière tout ça. Des personnes appartenant soit aux mages Fondateurs soit aux Partisans du Nouveau-Monde soit même aux Indépendants. Comment le Cercle l'a découvert je l'ignore, ce que je sais par contre, c'est qu'on ne serait jamais resté au Nouveau-Mexique s'il avait su que l'assassin que l'on avait arrêté n'était pas le bon. On devait retourner à New-York, il l'avait promis à ma mère, mais en apprenant que ce psychopathe avait été arrêté il a choisi de rester ici. S'il était rentré, s'il l'avait écouté, s'il avait su, peut-être qu'ils seraient encore là aujourd'hui. Je veux savoir pourquoi de hautes instances ont protégé ce psychopathe, je veux savoir qui il est, ce que sait le Cercle exactement et pourquoi ils ont choisit de prendre son parti. Est-ce que tu veux m'aider ?

Quittant la fraîcheur de la terrasse, ils se retrouvèrent dans le salon où Ethan lui présenta tous les dossiers qu'il avait pu récupérer concernant cette affaire. Un sentiment de soulagement l'envahit et un sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il voyait Sean retirer sa veste. Il savait ce que cela signifiait et son parrain n'avait même pas besoin de le lui préciser

- Oui bien sur approuva-t-il alors que son parrain lui demandait juste la permission d'avertir son épouse qu'il ne renterait pas tout de suite

Le visage plus grave, les mains sur les hanches, il fixa le sorcier qui avait parfaitement compris qu'il ne désirait pas la voir se joindre à eux dans leurs recherches. Non pas que son aide serait inutile bien au contraire, d'autant plus qu'il savait pertinemment que Sean irait tout lui raconter une fois sorti d'ici puisque ces deux-là étaient incapables d'avoir le moindre secret l'un pour l'autre, mais en toute honnêteté il n'avait aucune envie de croiser El pour le moment, du moins pas ce soir en tout cas. Sa discussion avec Thémis était beaucoup trop fraîche. Même s'il était heureux d'être parvenu à se rapprocher à nouveau de celle qu'il n'avait jamais cessé d'aimer grâce à El, il n'appréciait pas du tout l'idée qu'elle soit aller lui parler de lui dans son dos. Il ignorait tout ce dont elles avaient discuté sans le vouloir El aurait très bien pu révéler une information qu'il ne désirait pas voir être que Thémis détienne et qui pourrait ne pas être sans conséquence. Il était déjà difficile de ne pas craquer alors qu'elle était là si proche de lui, mais à présent que le mur qu'elle avait érigé pour se protéger de lui s'était définitivement écroulé et bien qu'elle lui avait fait ses adieux, il se savait désormais incapable de la repousser à nouveau s'il le devait

- Je comprends tes craintes, lui assura-t-il, mais tu as raison, je ne veux pas qu'elle vienne. Passe encore que tu sois surpris ici, après tout nous sommes équipiers, mais tu ne peux pas faire des allers-retours entre nos 2 suites et encore moins proposer à ta femme de se joindre à nous sans attirer l'attention et ça tu sais que c'est dangereux, autant pour toi, pour elle, pour Allison que pour moi. On n'est pas censé se connaître, on ne devrait même pas avoir repris contact et je ne prendrais pas davantage de risques. Ne t'inquiètes pas pour elle, ils ne lui feront aucun mal, et surtout pas ce soir après une telle débandade, lui assura-t-il en prenant place sur son canapé tout en s'emparant de l'un des nombreux dossiers qui jonchaient le coin de cette pièce. Mais si tu préfères la rejoindre je comprendrais

Ethan ne lui en tiendrait pas rigueur même si sa présence lui permettrait d'oublier plus facilement, bien que momentanément, ce dernier échange qui venait d'avoir lieu avec Thémis et qui ne cessait de revenir en boucle dans ses pensées, pour se plonger directement dans cette affaire…

(fin ?)