You can't run away

   Il referma la porte derrière lui et s'y adossa pour ne pas s'effondrer. Il savait que le moment inévitable était arrivé, celui qu'il aurait tant aimé ne jamais voir se produire. Le temps lui était compté, il savait que Thémis ne rentrerait pas avant 3h d'ici là, toutes ses affaires devraient avoir disparu,... et lui avec. Pourtant il n'y arrivait pas, il était incapable de bouger, chacune de ces pièces qui composait cet appartement lui rappelait les instants les plus heureux qu'il ait jamais vécu de toute son existence. Il ne tenait pas particulièrement à ce lieu, ni à ce qui l'entourait, c'était la personne avec qui il partageait toutes ces choses, tous ces souvenirs qui leur donnait autant de valeur.
Son regard se posa sur cette table qui se dressait à quelques pas devant lui, et un pauvre sourire se dessina lorsqu'il songea à la surprise qu'il lui avait préparé pour fêter leur 6 mois de vie communes... Attablé, il lui avait demandé de lui prêter le collier qu'elle portait constamment autour du cou, son collier préféré. Amusée et sans poser la moindre question, elle avait immédiatement obtempéré et sous ses yeux ébahit, il l'avait fait disparaître. Tel un magicien, il lui avait demandé de choisir la main dans laquelle le fameux collier pouvait bien se dissimuler et bien évidemment elle avait perdu. Amusée elle lui avait alors demandé de lui rappeler pour quelle raison elle l'avait laissé joué avec son collier préféré et avec un sourire, il lui avait répondu tout simplement

- Parce que tu aimes la magie

Elle avait sourit et lui avait demandé si un jour il lui révélerait tous ses secrets. Il n'était pas certain qu'elle faisait uniquement référence à la magie à ce moment-là, mais préférant esquiver, il s'était simplement contenté de lui sourire et de lui répondre « Peut-être un jour ». Et ceci dit, il avait ouvert son autre main dans lequel ne se trouvait plus son collier préféré, mais un autre collier, ornée d'une pierre en forme de larme d'un bleu scintillant qui rappelait la couleur de ses yeux.

- Ce n'est pas le fameux diamant Hope mais je me suis dit qu'il était fait pour toi....

Laissant se tendre souvenir de coté, il s'avança d'un pas fébrile en travers de la pièce, levant sa baguette, il fit disparaître son chevalet avant de détruire toutes les toiles qu'il avait peinte. Il se pencha en avant et récupéra son carnet à dessin sur lequel il avait griffonné plusieurs esquisses de Thémis au fusain. L'émotion l'étreignit un peu plus lorsqu'il la regardait somnoler sur le canapé, mais il ne put s'empêcher de sourire en tournant la page et en voyant cette esquisse qu'il avait réalisé d'elle se plongeant dans un des dossiers qu'elle avait ramené à la maison. Elle avait toujours cette petite manie de balancer légèrement la jambe tout en se pinçant les lèvres quand elle réfléchissait profondément. Plus rien ne semblait parvenir à l'atteindre quand elle était comme ça, elle faisait totalement abstraction du monde extérieur, elle n'avait même pas réalisé qu'il l'avait dessiné durant ce laps de temps. Combien d'affaires n'avaient-ils pas résolus tous les deux autour de cette table sur ce canapé. Et ça n'arriverait plus jamais....
Ne pouvant se résoudre à détruire son carnet de dessin, il le garda avec lui et se dirigea vers leur chambre. Cette chambre où ils s'étaient aimés tant de fois....

S'asseyant sur leur lit, il se pinça l'arrête du nez. Qu'est-ce qu'il était entrain de faire ? Il ne voulait pas la perdre, il ne voulait pas renoncer à tout ce qu'ils avaient battit ensemble... Son téléphone s'était mis à sonner et lorsqu'il aperçut le nom de Nathan s'afficher sur l'écran, il avait lâché un soupir avant de décrocher. Comme un rappel à l'ordre, comme s'il avait sentit qu'il était entrain de flancher, Nathan l'avait pressé de quitter l'appartement lui rappelant qu'il avait un avion à prendre et que son sacrifice ne serait pas vain. En agissant ainsi, en partant pour Washington, il pourrait contribuer à rendre ce monde meilleur pour les sorciers. Thémis n'était pas encore capable de comprendre leur combat pour le moment, elle devait rester en dehors de ça....

Après avoir raccroché, il prit un sac sans fond dans lequel s'engouffrèrent grace à la magie tous ses vêtements, mais également tous ses biens personnels, vidant ainsi cet appartement de toutes ses affaires comme s'il n'avait jamais existé, comme s'il n'avait jamais vécu ici.... Avant de partir, il se dirigea dans sa cachette dissimulé par un sort derrière un faux tableau de Kandinsky pour y récupérer sa première baguette ainsi que les faux passeports intraçables qu'il avait fait réaliser et qu'il possédaient désormais au nom de David et Theresa Moreau pour Ally et lui en cas de nécessité
Une fois qu'il se fut assuré qu'il avait tout récupéré, il balança son téléphone portable dans une décharge puis il s'était engouffré dans un taxi après avoir jeté un dernier regard sur ce bâtiment et ce quartier qu'il ne reverrait plus jamais

Assis dans cet avion en partance pour Washington avec Allison à ses côtés, les yeux humides, se retenant à grande peine de ne pas pleurer, Ethan avait gardé le silence durant tout le trajet du vol, ressassant sans cesse tout ce que Nathan ne cessait de lui rabâcher depuis des mois et songeant à tout ce qu'il venait de perdre ...

Thémis. Son coeur se compressait impitoyablement dans sa poitrine en pensant à elle.
Huit mois, cela faisait huit mois que Thémis et lui vivaient ensemble, jamais encore, Ethan n'avait connu avec une autre femme ce qu'il partageait avec elle. Il existait entre eux une très grande complicité. Ils n'agissaient pas comme les autres couples et parlaient enquêtes policières dès le petit déjeuner, mais ça leur convenait très bien. Ils avaient le même humour, et partageaient désormais les mêmes passions. Elle l'avait initié au théâtre et lui à la peinture. Allison elle-même, qui était pourtant allergique à tout ce qui portait un insigne, exception faite de son frère, appréciait beaucoup la jeune femme qui rendait Ethan heureux. Thémis était parvenue à remplir le vide de sa solitude. Pour la première fois depuis des années de désolation et de confusion elle avait fait renaitre en lui des sentiments oubliés comme l'espoir et surtout, le désir d'aimer quelqu'un. Pour la première fois de sa vie, Ethan commençait à songer à l'avenir. Se marier, avoir des enfants ? Avec Thémis ? Oui, il y croyait, mais il y avait une ombre à ce tableau idyllique, une ombre qui s'appelait Nathan Philipps et qui voyait d'un très mauvais oeil la relation que son jeune protégé entretenait avec cette femme. Ils avaient d'ailleurs eut de nombreuses disputes à ce sujet.

- Tu ne peux pas tout avoir Ethan !

- Je ne vois pas ce qui m'en empêche ?

- Parce que les femmes comme elles, ne vont pas avec des hommes comme nous

La mâchoire d'Ethan se crispa, il ne voulait pas en entendre plus. Au fond de lui, il savait que Nathan avait raison, il y a avait des limites que jamais Thémis ne franchirait, mais il ne pouvait accepter l'idée de faire un choix entre sa vengeance et la femme de sa vie.

- Nous allons placer un de nos fidèles au sein de la sécurité intérieur du gouvernement, à Washington. Tu es bien parti pour obtenir ce poste, mais tu ne l'auras pas tant que tu resteras avec elle. Tu n'es plus un élément fiable, ta détermination s'est grandement affaiblit depuis que tu es à ses cotés

- C'est ridicule ! Je suis le mieux placé pour cette mission ! Je peux servir notre cause tout en restant avec elle !

- Ton obstination te perdra ! Elle est une menace pour notre cause tu le sais parfaitement ! Sans quoi tu lui en aurais déjà parlé, tu l'aurais invité à nous rencontrer mais tu sais très bien qu'elle ne peux pas comprendre ce que l'on a tous vécu. Tu sais qu'elle te rejettera et que tu la perdras de toute manière mais pas seulement, tu nous mettras tous en danger. Le rêve est fini à présent, il est temps de te réveiller et de savoir ce que tu veux ! Mener une vie tranquille et égoïste auprès de celle que tu penses aimer mais qui ne te connait pas réellement et qui ne pourra jamais te comprendre ou te consacrer entièrement à un combat qui est juste et qui nous permettrait de protéger les nôtres ? Veux-tu ta vengeance ou préfères-tu continuer à porter des oeillères et fermer les yeux sur tout ce que les moldus nous ont fait subir et continueront parce que tu peux etre certain que ce n'est pas fini ? Tu as pourtant été l'une de leur première victime ce qu'ils t'ont fait subir n'était donc pas suffisant ?! Tu dois la quitter pour notre bien à tous, et aussi pour elle, c'est que tu as de mieux à faire

Une part de lui savait que Nathan avait parfaitement raison, et qu'il se voilait la face en vivant dans cette illusion qu'il s'était lui-même créée. Finalement, lui qui le détestait tellement, il avait finit par aimer être celui qu'il prétendait... par aimer être Ethan Devaney. Mais comment renoncer à elle ? Prétendre qu'il ne l'aimait pas ? Jamais il ne le pourrait et surtout jamais elle ne le croirait, elle n'était pas dupe et puis il savait que.....

- Jamais je ne pourrais pas lui mentir

- Oh si tu y arriveras, surtout si c'est pour la protéger


Combien de fois avait-il songé à cette conversation ? Combien de fois avait-il essayé de trouver une solution qui lui permettrait de garder Thémis à ses côtés tout en continuant de s'investir dans une cause à laquelle il croyait mais que peu de monde était encore prêt à accepter ? Nathan n'avait de cesse de le pousser à prendre la bonne décision et Thémis avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas, mais il était parvenu à la rassurer en lui sortant ses mensonges habituels....
Au final, plutôt que de l'affronter, chose dont il se sentait parfaitement incapable, il avait préféré s'enfuir sans se retourner. Il savait que ses agissements finiraient par le rattraper mais il espérait que le moment venu il serait plus apte à lui faire face....
Sa soeur, qui l'accompagnait, avait parfaitement comprit qu'il était malheureux et qu'il ne désirait pas parler et comme toujours, sans qu'il ait eut besoin de le lui demander, elle avait respecté son silence. Lorsqu'ils descendirent enfin de l'avion, Ethan avait prit sur lui et retrouvé son sourire ainsi que son comportement habituel. Il avait prit la bonne décision, il le savait alors il allait s'y tenir et cesser de ruminer, de toute manière, c'était inutile, seulement.... pourquoi avait-il l'impression que son coeur était désormais en miette ?




Cela faisait 20 minutes qu'il l'attendait sur ce tertre, à observer les environs. Lorsqu'il avait découvert qu'une vidéo amateurs réalisé par une bande d'étudiants filmant les attentats allaient être en leur possession, il avait immédiatement songé à elle. Cette découverte, il ne voulait la partager qu'avec elle et avec nulle autre. Surement pas Fernandes qui l'exaspérait au plus au point et encore moins avec Grayson dont les envies de meurtres à son égards, bien qu'il le dissimulait parfaitement, grandissaient de jour en jour. Non, celle avec qui il voulait partager cette découverte, puisqu'ils devaient être au moins deux responsables pour récupérer et visionner ce fameux enregistrement, c'était Thémis. Comme au bon vieux temps.
La voix de son pseudo garde du corps, interpellant celle qu'il attendait, l'incita à se retourner. Enfin la voilà. Ils ne s'étaient plus revus depuis cette fameuse première réunion, qui s'était déroulée le premier jour. Il avait bien tenté de lui adresser la parole mais elle l'avait délibérément ignorer pour courir dans les bras de ce maudit scribouillard de Fernandes. Fernandes ! Décidément cette famille commençait véritablement par lui sortir par les yeux. Non mais sérieusement, Fernandes et elle ? C'était une mauvaise plaisanterie !!! S'imaginait-elle vraiment qu'il la rendrait heureuse ? C'était ridicule ! Ne pouvant y croire, accoudé à la balustrade, il les avait observé. Malgré sa colère et sa contrariété il n'avait put s’empêcher d’esquisser l’ombre d’un sourire triste lorsqu’il l’entendit l’appeler "Pumpkin". Au moins, sur ce point elle n’avait pas changé, elle continuait d’affubler les hommes qui traversaient sa vie de surnoms ridicules. C’était douloureux de les voir ensemble mais à quoi s’attendait-il ? Elle avait parfaitement le droit de refaire sa vie, lui-même ne s’était pas gêné et avait cherché à l’oublier dans de nombreux bras, même si aucune n’y était véritablement parvenue.

Les voir s'embrasser avait été plus qu'il ne pouvait endurer et il s'en était allé. Themis et Fernandes.... il les trouvait terriblement mal assorti, et ce n’était absolument pas la jalousie qui parlait, il la connaissait après tout... mais même s'il désapprouvait il savait qu'il n'avait rien à dire cela étant.... il avait parfaitement conscience qu'il ne parviendrait pas à se retenir de lui faire des remarques à ce sujet et à laisser éclater sa jalousie aussi l'avait-il soigneusement tenue éloigné de lui durant ces quelques jours et manifestement elle ne s'en était pas du tout formalisé bien au contraire. Il ignorait alors ce qui lui faisait le plus mal : le fait qu'elle soit heureuse dans les bras d'un autre ou qu'elle le traitait avec la plus grande indifférence ?
S'il l'avait soigneusement évité il n'en n'avait pas été de même avec Fernandes sur qui il était tombé dans le couloir de l'hôtel alors que ce dernier sortait justement de la chambre de Thémis. Prenant sur lui et s 'armant de son plus beau sourire il n'avait pu s'empêcher de l'apostropher

- Mr Fernandes, je ne peux pas dire que je sois surpris.

- Tiens, l'ex petit ami ! Et oui, je sais tout, on se cache rien elle et moi, avait fanfaronné Cyrius, à coté de ce que nous vivons qu'est-ce que vous êtes ? Lui demanda-t-il dans un grand sourire pour lui signifier qu'il ne représentait absolument rien, mais l'homme ne s'était pas laissé démonter et lui avait adressé un magnifique sourire avant de lui répondre avec calme sans trahir la moindre contrariété

- Oh moi j'ai du être pour elle l'étincelle qui illumine sa morne routine

- Mais elle a vite réalisé qu'un feu d'artifice ne dure pas

- Ceci étant avec les feux d'artifices il y a souvent un joli bouquet finale

Il avait eut le dernier mot et le plaisir de voir au moins le sourire de ce blanc-bec s'effacer avant de s'en aller et de continuer son chemin. Il se demandait si son nouveau compagnon avait évoquer leur échange dans le couloir de l'hôtel mais peu importait en fait....
De toute évidence à en juger par sa mine renfrogné la jolie brunette ne s'attendait pas à tomber sur lui. Serait-elle venue si on lui avait révélé quel collègue l'attendait ? Il l'ignorait et était bien heureux de ne pas avoir donné son nom quand il avait envoyé quelqu'un la chercher, au moins à présent elle était là, et elle ne pouvait plus reculer, ne serait-ce que par fierté. D'abord interdite elle s'était stoppée net lorsque leurs regards s'étaient croisés puis elle avait acquiescé en silence quand on les avait invité à se rendre dans le laboratoire de cinématographie du campus pour attendre le groupe de jeune qui détenait une preuve qui allait indubitablement les aider dans leur enquête. Lui emboitant le pas, ils avancèrent tous les quatre dans un silence qu'il jugeait pesant. Elle, lui et les deux agents dont ont les avait affublé soit disant pour les seconder mais personne n'était dupe, ces hommes chaperonnaient les quatre pour les protéger depuis que leurs identités avaient été dévoilé. Une procédure qui agaçait prodigieusement Ethan qui ne supportait pas d'avoir quelqu'un dans son dos. De plus ce n'était pas leur présence qui allait dissuader les pro-moldus de s'en prendre à eux s'ils le désiraient, quand au Cercle,il savait parfaitement qu'ils ne feraient rien puisqu'il était là.
Thémis ne lui avait toujours pas adressé le moindre mot, ni le moindre regard depuis son arrivée... Est-ce que ce serait toujours comme ça dorénavant ? Il n'en n'avait aucune envie, c'était trop douloureux, puisqu'elle avait décidé de ne pas parler alors il allait prendre la parole.

- Ravi de voir que tu fais à nouveau parti de ma vie

Il n'avait pas pu s'empêcher de la faire réagir, de lui dire le fond de sa pensée.... Le regard qu'elle lui avait lancé et dans lequel il avait cru déceler autant de stupeur que de colère lui tirèrent un sourire au coin, au moins elle avait réagit, et c'était déjà un progrès notable face au mutisme auquel il avait le droit jusqu'à présent.

- Thémis je crois qu'on est parti du mauvais pied, on va travailler ensemble sur cette affaire et j'aimerais qu'on...

Ethan ne termina pas sa phrase car l'inquiétude se peignait désormais sur son visage

- Thémis ? L'appela-t-il en réalisant qu'elle était blême et qu'elle avait le souffle court.

La prenant fermement dans ses bras sans lui laisser l'occasion de protester ou de se dégager de son emprise, il l'entraina vers un banc qui se trouvait à proximité et prit place à ses cotés, avec inquiétude. Il la connaissait suffisamment pour savoir quand quelque chose n'allait pas et en l'occurrence c'était le cas

- Qu'est-ce que tu as ? Lui demanda-t-il sincèrement soucieux

- Monsieur, nous sommes à découvert ici, nous devrions...

- Oh ça va ! Trancha aussitôt Ethan avec un agacement non dissimulé. Vous m'avez fait poireauter pendant 25 minutes dehors et ça ne vous gênait pas alors vous pouvez bien attendre quelques minutes de plus qu'elle reprenne des couleurs ! Rendez-vous plutôt utile et aller lui chercher à boire.

- Monsieur....

- Pitié, on est flic avant tout, on sait se défendre que voulez-vous qui nous arrive ici ?!

L'homme qui avait accompagné Thémis jusqu'ici obtempéra non sans avoir demandé au garde du corps d'Ethan d'être deux fois plus vigilent. Baldwin et Devaney étaient peut-être des agents qui savaient se défendre mais ils n'étaient pas n'importe pas. Ils faisaient parti de ceux qui menaient l'enquête sur les groupuscules terroristes, ceux dont les têtes étaient désormais sur tous les journaux du pays, ceux qu'il faudrait éliminer...
Reportant son attention sur la jeune femme il tenta de lui sourire légèrement avant de regarder autour de lui. Cet immense jardin lui rappelait un peu le parc où ils avaient l'habitude de se promener à New-Phoenix avec cette immense fontaine.  Il ne manquait plus que leur petit violoniste en statue de pierre et il s'y croirait

- Je suis désolé, murmura-t-il sincèrement comme s'il prenait conscience qu'il était peut-etre responsable de son maiaise. On va élucider cette affaire tous les deux, comme par le passé. Cette vidéo va nous permettre d'identifier ces pro-moldus qui ont attaqué l'université, on va les faire tomber...

- Monsieur l'interrompit l'homme qui était resté avec eux, vous vous méprenez. Ces étudiants n'ont pas filmé l'attaque qu'il y eut lieu ici, ils étaient à Kirtland. Ils ont filmé le Cercle.

Le coeur d'Ethan qui s'était retourné vivement vers cet homme complétement catastrophé, rata un battement. Filmé ?!! Ils avaient été filmé ?!! Non, c'était impossible... comment... où étaient-ils ? Que voyait-on exactement sur cette vidéo ?!! Il devait la récupérer avant Thémis mais comment ? Il allait devoir trouver une solution et vite, les minutes lui étaient désormais comptés. Il devait intercepter ces jeunes avant qu'ils n'arrivent car s'il avait été filmé ils le reconnaitraient immédiatement.... Il ne pouvait pas laisser cela se produire. Essayant de se reprendre alors qu'intérieurement il sentait l'adrénaline s'emparer de lui il parvint à lui adresser un semblant de sourire

- Oh... c'est très bien aussi. Quand doivent-ils arriver au juste ?

You can't run away

  Assis par terre prenant appui contre son canapé, torse nu, il ne portait en tout et pour tout qu'un pantalon de pyjama. Sous ses pieds nus il pouvait sentir le bois du plancher. A ses côtés, l'excellente bouteille de Bordeaux que lui avait offert Elie sa logeuse qui l'avait accueilli à bras ouvert. C'était une sorcière d'une soixantaine d'année d'origine afro-américaine qui vivait seule depuis la mort de son mari. Elle n'avait pas d'enfant mais une nièce charmante d'une vingtaine d'année qui avait tout pour entrer chez Elite.  
Lui qui détestait boire en solitaire avait pourtant sifflé la moitié de la bouteille à lui tout seul, et ça ne l'aidait pourtant pas à se sentir mieux. Entre ses doigts il ne cessait de faire tourner une petite boite en velours noir qu'il aurait du jeter avec tout le reste, mais il n'y parvenait pas. L'ouvrant d'un mouvement du pouce, il soupira en voyant la magnifique bague apparaître. A son doigt, elle aurait été magnifique.... Ne supportant pas davantage sa vision, il referma le coffret tout en passant sa main sur son visage, et replongea dans un passé pas si lointain...




10 jours plus tôt

Malgré le harcèlement de Nathan pour qu'il rompe avec Thémis, Ethan était déterminé à ne pas le laisser gérer sa vie. Le Cercle prônait des vérités absolues et tout ce qu'ils désiraient c'était de vivre en paix, aujourd'hui, il avait une raison supplémentaire de les rejoindre : Thémis et lui, et leur vie à deux. Il voulait vivre à ses côtés, fonder une famille. Il se battait aussi pour eux, renoncer à elle n'aurait aucun sens, mais Nathan avait raison, il devait lui dire, il devait lui en parler, lui dire qui il était réellement. Pourtant, il redoutait ce moment... comprendrait-elle ?
Afin de ne pas être dérangé, il avait coupé son portable, et lorsqu'elle apparut dans le salon, il lui tendit sa main afin qu'elle vienne le rejoindre sur le canapé, ce qu'elle ne se fit pas prier de faire dans un immense sourire. Elle comprit cependant très vite que son sourire à lui était plus préoccupé que sincère et elle s'en inquiéta aussitôt. Il savait qu'il ne pouvait plus reculer mais ce n'était pas facile pour autant.... il avait la sensation d'avoir commis un crime alors qu'il n'avait rien fait. Non c'était faux, il le savait très bien, il lui avait menti pendant 8 mois en se faisant passer pour une personne qu'il n'était pas. Comment allait-elle prendre la chose ? Allait-elle lui en vouloir ? Le détester ? Se sentir trahit ?
Il ne voulait pas la perdre mais s'il voulait vraiment aller aussi loin, il devait lui dire la vérité...

- Il faut que je te parle de quelque chose, annonça-t-il en l'incitant à s'assoir à côté de lui sur le canapé. Un jour, tu m'as demandé pourquoi je faisais ce boulot et... je t'ai pas réellement répondu. Ce que je m'apprête à te révéler, est strictement confidentiel, personne n'est au courant, pas même Yael et ça ne doit pas changer, insista-t-il avant de prendre une profonde inspiration. Devaney n'est pas notre véritable nom de famille à Ally et moi.

Ethan s'interrompit durant un instant sans quitter Thémis du regard, à présent qu'il était lancé, il allait devoir continuer, c'était la première fois de sa vie qu'il en parlait à quelqu'un qui ignorait absolument tout. Il y avait bien eut Sean mais son parrain l'avait reconnu, Thémis elle, n’avait aucune idée de ce qu’il s’apprêtait à lui révéler et cela risquait d’être un choc, mais c'était ce qu'il voulait, c'était son choix. Thémis n'était pas n'importe qui, elle était la femme avec qui il voulait construire sa vie, et pour cette raison, elle devait connaître la vérité. Nathan avait tort, elle pourrait le comprendre il avait confiance, et il allait tout lui révéler, absolument tout.

- Tu te demandais pourquoi je refusais de fêter Thanksgiving et pourquoi j'avais cette fête en horreur... ça n'a rien à voir avec le fait que je sois anglais, d’ailleurs c'est totalement faux, je ne suis pas anglais, je suis américain. Pour tout te dire je suis né à Manhattan, je suis New-yorkais d'origine, et Ali également. Je ne suis pas né en octobre mais en décembre

Ethan s'interrompit à nouveau en détournant le regard, replonger dans ses souvenirs n'étaient jamais agréables mais en parler à voix haute était beaucoup plus douloureux qu'il ne le pensait.

- Mon père…. Etait très impliqué dans la vie politique du pays, il… s’est battu pour que Rookwood et Yaxley ne soient pas extradés en Angleterre pour leurs crimes passés, estimant qu’ils s’étaient grandement rachetés en sauvant des milliers de vies en Californie en bravant les lois magiques. Il se battait pour que sorciers et moldus vivent enfin ensemble, il croyait en la politique de Yaxley.

Cela faisait 23 ans et pourtant il n’y arrivait pas. Il n’arrivait pas à en parler comme s’il s’agissait de quelque chose qu’il avait réussi à dépasser, parce que ce n’était pas le cas. Sentant les larmes lui monter aux yeux, il se leva du canapé et passa sa main dans ses cheveux avant de reprendre son récit

- C’était le jour de Thanksgiving, mon père venait de rendre les grâces et s’apprêtait à couper la dinde lorsqu’ils ont fait irruptions chez nous. Tout s’est passé très vite… J'allais sur mes 7 ans lorsque j'ai vu mes parents se faire descendre sous mes yeux par des hommes armés et cagoulés. Je ne me rappelle plus exactement comment j'ai réussi à leur échapper avec Allison, mais je n'oublierais  jamais ce moment où mon père s'est effondré sur sa chaise après avoir reçu trois balles en pleine poitrine sans avoir le temps de comprendre ce qui lui arrivait, tout comme je ne pourrais jamais oublier le regard de son assassin quand il a pointé le canon de son arme sur moi, rajouta-t-il plus froidement. Allison, qui n'était encore qu'un bébé et moi avons immédiatement été placés sous la protection de la police et des Aurors. La soeur de mon père nous a recueillis  et avec son mari, nous avons tous les 4 bénéficiés du programme de protection des témoins. Nous avons changé de noms, d’identité et on s'est exilé en Angleterre pour que l'on ne puisse pas nous retrouver. Pour notre protection, nous avions interdiction formelle de quitter le monde magique auquel les moldus ne pouvaient pas avoir accès. Elle nous a élevé et aimé comme si nous étions ses propres enfants, c'était des braves gens, mais... j'avais soif de vengeance. Tu vois, il n’y a rien de noble là-dedans. A cause de ces assassins j’ai tout perdu : ma famille, mon identité, ma nationalité, ma liberté, ma vie. Tout ce qui me motivait c’était de retrouver ceux qui avaient fait ça alors, je suis devenu Auror et je suis revenu en Amérique, Allison sur les talons, sourit-il pauvrement, mais je suis heureux qu'elle l'ai fait, sans ça, avec la barrière magique on aurait été définitivement séparé et ça tu vois, je ne l'imagine même pas. Evidemment, je n'ai jamais retrouvé les assassins de mes parents, le dossier est beaucoup trop vieux et beaucoup trop maigre, mais je n’abandonnerais pas, je ne veux plus qu'un autre gosse vive ce que j'ai vécu.... Je ne sais pas si ces personnes ont agi seuls où s’ils étaient organisés, je ne sais pas si nos vies sont toujours en danger ou pas, tout ce que je sais c’est qu’au moindre danger on nous fera disparaitre à nouveau, on devra se reconstruire une nouvelle vie, une nouvelle identité…. Sauf que je ne veux plus fuir, fit-il en se rapprochant de Thémis dont il caressa le visage. A présent, j’ai une bonne raison de me battre et de rester, j’aime ma vie ici, et je ne les laisserais plus me prendre autre chose. Je suis désolé, j’aurais dû t’en parler avant mais… je ne pouvais pas

Ethan pensait que le plus dur venait d'être dit, mais il se trompait, c'était maintenant que le plus dur allait venir. Glissant sa main à l'intérieur de la poche de son pantalon, il la referma sur une petite boite recouvert d'un doux velours.

- Si je te dis tout ça aujourd’hui... commença-t-il dans un sourire gêné, c'est parce que... Thémis, la première fois que tu as posé les yeux sur moi, tu m’as demandé ce que je voulais, tu ne savais pas que j’étais ton supérieur, et que j’allais mener cette enquête avec toi, je crois que tu m’as pris pour un type qui cherchait juste à te séduire, plaisanta-t-il, ce qui n’était pas tout à fait faux. La première fois que nous sommes allés ensemble sur une scène de crime, tu t’es effondrée dans mes bras. La première fois que je t'ai embrassé, j'ai su que je ne voudrais rien d'autre.... Excepté toi

Commençant à retirer la main de sa poche, il s’apprêtait à se mettre à genoux devant elle et à lui dire

« Aujourd’hui, je voudrais savoir si tu veux poursuivre cette aventure avec moi, Thémis Baldwin, veux-tu m’épouser ? » S’apprêtait-il à lui dire lorsque la porte d'entrée s'ouvrit violemment en les faisant sursauter tous les deux… la brune qui venait de faire irruption de la sorte était complétement retournée et venait chercher de l’aide auprès de son frère. On venait de lui tirer dessus...


Ethan soupira et sorti le joyau de sa boite pour faire tourner la bague entre ses doigts. Sans le savoir, Allison était arrivée au mauvais moment et avait interrompu sa demande en mariage. Cela n’aurait pas dû prêter à conséquence, ce n’était que partie remise, la priorité étant de retrouver celui qui s’en était pris à sa sœur, ce qui avait monopolisé toute son attention jusqu’à ce qu’il parvienne à mettre la main dessus. Au bout de huit mois de relation, cette demande en mariage pouvait sembler un peu précipité et il n’en n’aurait probablement rien fait si Nathan ne le pressait pas autant de mettre fin à sa relation avec elle, mais surtout, en étant mariés, Thémis obtiendrait plus vite sa demande de mutation pour le suivre jusqu’à Washington. Car ça y est, c’était officiel, il avait obtenu sa demande de mutation et à présent Nathan ne pouvait plus s’y opposer. Il pensait qu’il était parvenu à tout obtenir, que ses rêves étaient devenus réalité… mais Nathan l’avait très vite fait descendre sur terre

- Tu penses que tout est acquis n’est-ce pas Ethan ? Tu as eu ta mutation et tu ne t’es toujours pas séparé de Thémis, tu crois que je ne vois pas ce que tu essais de faire ? Tu veux tout, mais ce n’est pas comme ça que ça marche.

- Et pourtant vous ne pouvez rien y faire. Je vais partir pour Washington tout en restant fidèle au Cercle et Thémis va venir avec moi. Je vais lui demander de m’épouser ce soir.

Il l’aimait, et il était bien décidé à se battre pour elle, il n’était pas question que qui ce soit lui dicte sa conduite. Alors qu’il s’attendait à voir Nathan entrer dans une colère noire, ce dernier s’était arrêté de marcher et l’avait observé durant un instant avant de sourire. N’y comprenant plus rien, perplexe, Ethan ne savait pas du tout comment prendre sa réaction. Etait-ce le calme avant la tempête ou se réjouissait-il vraiment pour lui ?

- C’est très malin de ta part, ria-t-il visiblement satisfait en lui tapotant l’épaule. J’avoue que je n’y avais pas pensé mais s’est brillant ! Si tu l’épouses, elle ne pourra jamais témoigner contre toi puisqu’elle sera ta femme. Elle deviendra un peu notre complice que ça lui plaise ou non. Bravo mon garçon c’est très bien joué

Ces paroles l’avaient littéralement glacé. Lui qui pensait s’être montré plus malin venait de réaliser que cette bague allait piéger Thémis. Elle penserait surement comme Nathan qu’il l’avait fait par intérêt…


Finalement il avait renoncé à faire sa demande et s’était enfui comme un voleur sans laisser le moindre mot ou lui donner la moindre explication. Cela faisait 10 jours à présent et plus le temps passait plus elle lui manquait. Il imaginait sans peine qu’elle devait être complétement perdue, et inquiète mais Kevin avait surement du lui apprendre qu’il allait bien et qu’il se trouvait ici. S’enfuir comme il l’avait fait était indéniablement une très mauvaise initiative, probablement la pire qu’il ait eut, parce qu’il était incapable d’avancer sans avoir mis un véritable point final à toute ceci, et pour Thémis ce devait être encore pire.
Un coup de sonnette le tira de ses pensées, se contentant de tourner la tête en direction de la porte en bois blanc, il décida de ne pas bouger. Il ignorait qui était l’opportun mais il n’avait envie de voir personne, il préférait qu’on le laisse seul. Le deuxième coup de sonnette lui fit comprendre que cette personne ne partirait pas tant qu'elle ne l'aurait pas vu ! Levant les yeux au ciel avec agacement il fini par se lever. Posant son verre de vin sur la table basse et glissant sa bague dans la poche de pantalon pyjama, il attrapa un t-shirt gris qui trainait sur l’un des chaises au passage et alla ouvrir la porte d’entrée

Son cœur rata un battement lorsqu’il se retrouva face à celle qui occupait toutes ses pensées. Thémis ! Thémis était ici, elle l’avait retrouvé et l’avait rejoint… Il pouvait encore tout sauver entre eux, la prendre dans ses bras, la serrer contre lui…. Mais les paroles de Nathan étaient restées gravés en lui, « tu arriveras à lui mentir, si tu veux vraiment la protéger » et c’était exactement ça, il ne voulait pas la mêler à tout ça. Le Cercle, c’était son combat pas le sien. Il avait eu tort de croire qu’il pouvait vivre une vie normal, il s’était mentit à lui-même et à présent, ils allaient être deux à souffrir de ses mensonges. Alors qu’il mourrait d’envie de sentir la chaleur de son corps contre le sien,  de s'abreuver de ses baisers, il se fit violence pour ne pas le faire et se recula d’un pas en la voyant s’avancer vers lui, prête à l’enlacer.

- Tu n’aurais pas dû venir. Lui dit-il froidement

Il était inutile de lui demander ce qu’elle faisait là, il le savait très bien, ni comment elle l’avait retrouvé, après tout, il n’avait pas changé d’identité et ce serait une insulte à son intelligence. Baissant les yeux, il se décala pour la faire entrer. Il lui en voulait de l’obliger à faire ce qu’il allait être contraint de faire mais paradoxalement il en était soulagé. Soit elle le croirait et ils pourraient tous deux passer à autre chose, soit elle ne le croirait pas et il pourrait tout lui expliquer…
Elle le connaissait comme personne, elle ne croirait jamais ses mensonges, il en était convaincu. Refermant la porte derrière lui, il ne bougea pas et croisa les bras tout en posant son regard sur le petit sac de voyage de la jeune femme.

- A quoi tu t’attendais ? Lui demanda-t-il en levant les yeux sur elle. Ça ne t’a pas perturbé que je m’en aille sans te demander de venir avec moi ? Que je ne réponde pas au téléphone ? Tu ne penses pas qu’il y avait une bonne raison à cela ?

Décroisant les bras il s’avança vers la table basse et s’empara de son verre de vin pour vider son contenu, histoire de se donner un peu plus de courage

- Tu savais très bien que ce genre de choses pouvait finir par arriver, que je disparaisse subitement sans que tu t’y attendes. Je voulais nous épargner ça mais visiblement tu as besoin de l’entendre alors… nous deux c’est fini Thémis, lui annonça-t-il en se tournant vers elle. Désormais ma vie est ici et la tienne est à New-Phoenix. Je ne suis pas un homme fait pour les relations à longues distances, ça aussi tu le sais

Chaque parole qu’il prononçait d’un ton impassible était en réalité autant de coup de poignards qu’il s’infligeait en plein cœur. Il pensait avoir le cœur en miette en arrivant à Washington ? Ce n’était rien en comparaison à ce qu’il était entrain de vivre actuellement. Il se maudissait de lui infliger autant de souffrance s’il pouvait faire autrement il le ferait, mais il n’avait pas le choix…

- Rentre chez toi à présent, lui dit-il doucement tout en posant son regard sur le bagage de la jeune femme, on n’a plus rien à se dire.


Il l’avait provoqué avec sa petite réflexion très mal venue quand on connaissait les circonstances de leur séparation et la réaction haineuse de Thémis ne s’était pas fait attendre. Elle l’avait remballé sèchement en lui affichant tout le mépris qu’il lui inspirait. Certains prétendaient que le mépris était préférable à l’indifférence car il inspirait au moins un sentiment mais Ethan ne partageait pas cette opinion. S’il avait détesté être ignoré durant tout ce temps il ne pouvait pas prétendre préférer la haine qu’elle lui crachait au visage même s’il n’avait pas volé.
Tout ce qu’il voulait c’était rétablir le dialogue entre eux, et à présent qu’il y était parvenu, il voulut changer de ton et s’adresser à elle avec gentillesse en essayant de mettre leur histoire de coté, après tout, il n’avait aucun plaisir particulier à la faire souffrir ou à la tourmenter, ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Mais sa réaction fut loin d’être celle à laquelle il s’attendait. Elle était devenue subitement pâle, sa respiration s’était faite saccadé,... sans lui donner le choix, il la prit dans ses bras pour la conduire sur un banc. Il avait bien sentit qu’elle lui avait cherché à lui opposer une légère résistance mais elle était beaucoup trop faible pour avoir le moindre effet dissuasif ce qui ne faisait qu'amplifier son inquiétude. Etait-ce lui qui la mettait dans cet état ? Etait-ce de sa faute ? Pourtant, elle paraissait être passé à autre chose avec ce scribouillard, ou était-ce… qu’il lui avait bien plus de mal qu’il ne le pensait ? Son cœur se serra à cette pensée. Ce n’était pas ce qu’il voulait, il n’avait jamais voulu ça…. « Je suis désolé » s’était-il sincèrement excusé.

Mais Thémis n’était très vite plus devenue son seul sujet de préoccupation car une nouvelle révélation venait de se faire jour. Une révélation à laquelle il ne s’attendait pas et qui flottait désormais comme une menace au-dessus de sa tête telle l’épée de Damoclès prête à s’abattre sur lui sans la moindre pitié. La vidéo qu'ils étaient venus récupérés n'avait absolument pas filmé les attentats qui s'étaient déroulés ici, à Albuquerque mais bien à Kirtland. Ce n'était pas les pro-moldus qui avaient été filmé à leur insu, mais le Cercle ! Si la vidéo venait à tomber entre les mains de Thémis jamais il ne pourrait arranger les choses entre eux et s’il pensait qu’elle le détestait aujourd’hui, ce n’était rien en comparaison de ce qui l’attendait si jamais elle venait à découvrir son implication avec le Cercle dont elle ne cernait pas encore la mission dont ils étaient investis. Baissant le regard il se mit à réfléchir. Une heure. Il lui restait une petite heure pour trouver un plan qui lui permettrait de s’emparer et de détruire cette vidéo et tous ceux qui l’avaient vu si c’était nécessaire, tout en faussant compagnie à Thémis et à ces deux lourdauds sans que cela paraisse suspect. Alors que cela tournait à toute allure dans son esprit, ses réflexions furent interrompues par la voix de Thémis qui demanda à leurs deux gardes du corps de s’éloigner pour leur laisser un peu d’intimité. Intrigué, il avait levé son regard surprit sur elle. Il vit les deux hommes obtempérer puis les magnifiques yeux bleus de Thémis se posèrent sur lui. Il ne réagissait pas lorsqu’elle l’appela par son nom de famille au lieu de son prénom. Une partie de lui détestait quand elle faisait ça, car il préférait de loin l’entendre prononcer son prénom mais une autre était amusé malgré lui par la distance qu’elle essayait de mettre en eux. Il ne put retenir son sourire lorsqu’elle lui ordonna de ne lui adresser la parole uniquement lorsque c’était nécessaire. Pensait-elle vraiment qu’il allait lui obéir bien sagement ? D’ailleurs depuis quand pensait-elle pouvoir lui donner des ordres ? Kevin n’y était jamais parvenu et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Elle était pourtant bien placée pour savoir qu’il n’obéissait qu’à lui-même. Levant alors la main comme un enfant qui attendait d’avoir le droit de parole, il lui posa une question idiote qui avait juste pour but de lui faire comprendre le ridicule de son ordre

- Et comment suis-je sensé savoir ce que tu considères comme étant important ou non ?

Loin d’être amusé, la jeune femme avait gardé son sérieux et le foudroyait de son regard de glace. La suite lui fit cependant perdre son sourire et baisser sa main.

- Je sais, se contenta-t-il de répondre en baissant le regard lorsqu’elle lui annonça froidement combien elle le détestait.

Il ne l’ignorait pas puisqu’il avait tout fait pour. Il était l’instigateur de ce sentiment de haine qu’elle éprouvait à son encontre et jamais il ne pourrait se pardonner tout le mal qu’il lui avait fait, mais il savait que s’il ne l’avait pas fait elle souffrirait surement davantage aujourd’hui. Jugeant inutile d’en dire plus il ne rétorqua rien, et l’observa se lever de manière peu assuré. Aussitôt il se leva à son tour pour lui apporter son aide qu’elle refusa aussitôt.
Et c’est donc en silence qu’ils reprirent leur marche. Un silence qui ne dura pas longtemps puisqu’Ethan reprit la parole pour s’adresser aux hommes, qui les accompagnaient

- Vous avez dit qu'ils étaient combien au juste ? Se renseigna-t-il. Est-ce qu’on sait sur quel support a été enregistré le film ? Vidéo ? Numérique ? Magique ? Histoire que nous nous assurions que le matériel adéquat fonctionne bien. Ce serait ridicule de se retrouver avec une cassette et de ne pas avoir de quoi la lire

Ethan avait besoin de savoir sur quel support avait été enregistrée leur attaque non pas pour la visionner mais pour la détruire le plus efficacement et rapidement possible. S’il s’agissait d’une VHS, il était facile d’effacer la bande en passant un aimant au-dessus de la K7. S’il s’agissait d’un support numérique, il lui suffirait de le détruire et s’il était magique, il lui suffirait de lancer un sort. Lorsqu’on lui apprit qu’il n’avait pas à s’inquiéter que les auteurs de ce petit film amateur viendrait avec leur caméscope et une clé USB qu’ils avaient préparé à leur attention Ethan compris qu’il allait devoir détruire soigneusement toutes ces preuves. Tout aurait été tellement plus simple s’ils avaient utilisé un de ces vieux caméscope avec bande magnétique. Il aurait pu faire ça discrètement en faisant prendre à un simple aimant l’apparence d’un banal stylo et le passer par-dessus la cassette mais là, il allait devoir détruire physiquement la clé USB et le caméscope. Personne ne devrait être capable de lire ce qui s’y trouvait, même si on ramassait les morceaux. Le problème n’était pas de s’emparer de cet enregistrement ni de réduire au silence ses propriétaires mais de fausser compagnie à trois personnes sans éveiller de soupçons….

Alors qu’ils se dirigeaient vers la cinémathèque, le téléphone de Thémis se mit à sonner et Ethan ne put retenir une grimace en entendant Thémis décrocher joyeusement à celui qu’elle surnommait ridiculement « Pumpkin ».
Cyrius Fernandes. Ethan sentit son estomac se tordre douloureusement en songeant à ce qu’ils devaient partager tous les deux à présent. Il n’arrivait pas à croire que c’était sérieux entre eux, ils étaient si mal assortis sans parler qu'ils n’avaient strictement rien en commun ! Comment avait-elle pu craquer pour lui ? Etait-elle donc si désespérée ? Ses yeux s’agrandirent alors de surprise en remarquant une bague à son annulaire… non… cela ne pouvait pas être aussi sérieux ? Pas avec lui…
Rongé de jalousie, son visage se fit plus dur

- Baldwin ! Tu te crois au lycée ou quoi ? Les coups de fils personnels sont interdits, on travaille je te rappelle ! La rappela-t-il à l’ordre tout en la dépassant pour ouvrir la marche.

Une bague… elle portait une alliance autour de son doigt ? Il n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu accepter la demande en mariage d’un rigolo pareil. Elle pouvait se marier, ce n’était pas le problème mais… pas à un type comme Fernandes qui serait incapable de la rendre heureuse. Il ne lui correspondait pas… Et puis franchement, il imaginait mal se scribouillard se marier, ce ne correspondait absolument pas au profil du personnage
Il ne pouvait s’empêcher de penser à l'alliance qu’il lui avait achetée et qu’elle ne verrait jamais… Il était heureux d’avoir demandé à Allison de s’en débarrasser après la visite surprise de Thémis à Washington, lui s’en savait incapable….
Agacé, il leva la main devant lui comme s’il chassait une mouche indésirable et en un sens c’était le cas. Une mouche agaçante qui portait le nom de Fernandes. Il devait les sortir de son esprit et se concentrer sur ce qui était véritablement important : Récupérer ces enregistrements.
Regardant partout autour de lui à la recherche d’une inspiration son regard fut attiré par quelque chose d’anormal… quelque chose d’inhabituelle pour les couloirs d’une faculté.

You can't run away

  Sa réaction était puérile, il le savait mieux que personne, pourtant il n'avait pas pu empêcher sa jalousie d'éclater en l'entendant rire avec lui au téléphone. Mais à quoi s'attendait-il ? Il avait renoncé à elle y a deux ans, leur histoire appartenait au passé, elle avait tourné la page, c'était normal. Ce n'était d'ailleurs pas tant le fait qu'elle soit avec un autre qui le perturbait, c'était d'être le témoin de leur bonheur affiché. Il préférait la savoir avec quelqu'un et heureuse mais ne pas être le spectateur de leur débordement d'affection, ça lui rappelait bien trop douloureusement ce à quoi il avait renoncé. Et puis... Fernandes ! Pourquoi, sur tous les hommes que comptait cette maudite planète avait-il fallut qu'elle jette son dévolu sur ce petit scribouillard ? Il n'était pas fait pour elle, elle méritait bien mieux que ça ! Sauf que visiblement elle semblait s'en contenter et aujourd’hui il n'avait plus son mot à dire concernant sa vie privée, il avait perdu ce droit depuis bien longtemps. C'était la première fois qu'il lui faisait des reproches qui en plus, s'il voulait être parfaitement honnête, n'était pas véritablement justifié mais cela avait été plus fort que lui et s'il regrettait d'avoir haussé le ton avec elle, il ne culpabilisait aucunement d'avoir interrompu leur petit échange téléphonique.

Essayant d'évacuer sa contrariété il se mit à réfléchir à un moyen de se débarrasser de ces deux encombrants garde du corps, ainsi que de Thémis pour récupérer cette fichue pièce à conviction et se débarrasser de ces témoins gênants le cas échéant. Il ne pouvait pas permettre que qui que ce soit puisse remonter jusqu'à eux, et encore moins jusqu'à lui. Il n'était pas prêt à renoncer à tout ce qu'il avait aujourd'hui. Si on le voyait sur cette vidéo, il irait en prison pour de nombreuses années, et ça ce n'était pas le pire qui l'attendait... et puis il y avait Thémis.... il ne voulait surtout pas qu'elle puisse découvrir ses activités, elle ne comprendrait pas. Il ne voulait pas qu’elle le regarde comme un criminel, il préférait encore voir des éclairs de haine à son encontre que de lire la déception que cette révélation engendrerait.
Sans oublier ce groupe extrémiste pro-moldus qu'ils devaient absolument retrouver et éliminer, tant qu'ils seraient dans les parages personne ne serait en sécurité. Ni Thémis, ni Ally, ni Luce. Comme si ses pensées avaient pu se matérialiser devant lui, une silhouette inquiétante attira son regard. Son ombre se reflétait très distinctement dans l'une des nombreuses portes vitrées qui se trouvaient face à lui sur sa droite. Cela signifiait donc que cette personne se trouvait à quelques mètres devant eux dans leur dos. Elle était agenouillée et tenait quelque chose de sphérique dans ses mains. Durant un instant qui ne dura qu'une fraction de seconde, il eut un sérieux doute sur ce qu'il voyait pourtant c'était bien de ça dont il s'agissait, l'une de ses nouvelles bombes meurtrières contre lesquels même la magie ne pouvait rien. Le moindre geste brusque pouvait avoir des résultats catastrophiques. Pour le moment, cet homme ne semblait pas avoir conscience qu'il avait été repéré mais cela ne serait tarder. Il n'était surement pas tout seul ! Levant la tête pour regarder instinctivement au-dessus d'eux, au niveau des escaliers, la voix de Thémis qui se trouvait à côté de lui, le fit se retourner dans sa direction. Non pas parce qu'elle avait elle aussi remarqué le danger mais parce qu'elle l'avait appelé par son prénom.  Depuis que leurs routes s'étaient croisés, il n'avait eu droit qu'à des « Devaney » mais l'inquiétude lui avait fait oublier d'être sur ses gardes avec lui. Le simple fait de l'entendre l'appeler par son prénom le toucha plus qu'il ne l'aurait pensé, à croire qu'il avait fini par s'habituer à ses « Devaney » lâché sur un ton sec et cassant. Il n'eut cependant pas le temps de lui répondre que des coups de feu provenant de l'extérieur leur firent faire volte-face. Instinctivement, pour la protéger, il posa ses mains sur Thémis afin de l’obliger à se baisser tout en éprouvant une sensation de brulure sur son avant-bras gauche qui le fit lâcher un cri de douleur. Un coup d’œil lui suffit pour constater que sa veste avait été trouée par l'impact d’une balle qui heureusement pour lui n'avait fait que effleurer. Il s’en tirait avec une simple entaille, rien de bien méchant. Arme à la main pour elle, baguette pour lui, ils n'eurent cependant pas l'occasion d'intervenir car leurs gardes du corps respectifs qui prenaient un peu trop au sérieux leur travail leur coupa toute sortie vers l'extérieur et les obligèrent à trouver refuge dans une pièce qui ressemblait plus à un petit débarras qu'autre chose. Il fut le premier qu’ils poussèrent à l'intérieur et lorsque Thémis le suivit contre son grès, et qu'elle se retrouva face à lui, séparé de quelques centimètres à peine l'un de l'autre, il se sentit troublé et il avait la sensation de ne pas être le seul dans ce cas, ou peut-être était-ce lui qui se faisait des idées…  Leur deux corps n'avaient jamais été aussi proche l'un de l'autre depuis bien longtemps s'en était perturbant, mais il se reprit bien vite pour ne pas céder ou faire de bêtises qu'il regretterait par la suite et se détacha d'elle pour s'adresser aux deux hommes dont les intentions étaient on ne peut plus claires…. Et aberrantes !

- Non mais vous êtes sérieux ? Lâcha-t-il dans un soupir désabusé, alors que la porte se refermait devant son nez !

Ils avaient eu beau protester et tenter de résister les deux hommes chargés de leur protection n'avaient rien voulu entendre. Frustrée, Thémis s'était adossée contre la porte en maugréant tandis que lui avait posé son front contre cette dernière avant de se tourner en direction de la brune qui était totalement désappointée. Il la comprenait, il détestait cette situation lui aussi ! Ils seraient bien plus efficace à pourchasser tous les quatre ces terroristes, les enfermer ici était tout simplement ridicule ! Avaient-ils donc oublié qu'avant d'être des représentants de l'Etat, ils étaient eux aussi des représentant de la justice ?! S'imaginaient-ils vraiment pouvoir les retenir ici tranquillement ? Ils les connaissaient mal...  
Les yeux d'Ethan s'ouvrirent plus largement, comme s'il venait d'être touché par la baguette de Merlin en personne. Cette attaque surprise était une opportunité incroyable qui allait lui permettre de régler son problème et de récupérer ce maudit enregistrement, mais pour cela il devait sortir d’ici.
Se tournant pour faire face à Thémis, il l'observa durant un instant sans mot dire, son dos appuyé contre la porte verrouillée. Elle s'était installée par terre dans un coin de la pièce son arme à portée de main.
La voir ainsi aussi désemparé lui rappelait un souvenir bien douloureux, celui où il l'avait vu pour la dernière fois dans son appartement à Washington. Jamais il ne pourrait oublier sa voix tremblante, ses sanglots, ses larmes et son désespoir... dont il avait été la cause



Flashback

En se levant pour ouvrir cette fichue porte et découvrir qui venait l'importuner il avait d'abord songé à trois personnes car il ne connaissait pas encore grand monde à Washington. Il avait d'abord songé à Elie, sa logeuse mais il n'était pas dans ses habitude de sonner. Elle toquait puis entrait. Il y avait ensuite sa nièce, mais elle était retournée à l'université et n'avait aucune raison de venir ici. Il avait également songé à Ally mais sa soeur ne s'embarrassait pas de ce genre de formalité et serait entrée directement dans la pièce. Alors qui était-ce ? Du porte-à-porte ? C'était plus que probable, pourtant il se trompait et rien, absolument rien ne l'avait préparé à se retrouver face à elle alors que paradoxalement, il savait bien que ce moment serait inévitable.
Plus les jours passaient et plus il s'étonnait de ne pas la voir débarquer sur son pallier. S'il s'était s'agit de lui, il aurait pris le premier avion pour la rejoindre et exiger des explications, elle non. Il avait fini par se dire qu'elle ne viendrait plus et qu'elle avait compris qu'il était partit définitivement. Et c'était justement au moment où il commençait à se faire à cette idée qu'elle apparaissait devant lui avec son petit sourire qui le faisait fondre. Elle était heureuse de le retrouver mais il voyait bien dans son regard et son sourire qu'elle éprouvait une certaine appréhension face à ses retrouvailles. Pour sa part il n'avait qu'une seule envie la prendre dans ses bras et ne plus jamais la lâcher. Il avait dû se faire violence pour ne pas céder à son impulsion première et à se reculer en la voyant s'avancer. Ce premier geste qui instaurait une distance entre eux, ajouté à son manque de chaleur et à ce visage dénué de sourire qu'il lui adressait eurent tôt fait de refroidir ses ardeurs, et devant son trouble il se maudit mentalement de lui infliger ça.

« Mon amour »

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Tout va bien ? »

Non. Non ça n'allait pas. Non ça n'allait pas du tout. Il était entrain de faire quelque chose qu'il allait regretter toute sa vie et qu'il n'était pas certain de parvenir à assumer. Il aurait tant aimé pouvoir la garder auprès de lui tout en parvenant à assouvir sa vengeance mais c'était impossible et sur ce point, bien qu'il s'était longtemps opposé à lui, il devait reconnaître que Nathan avait raison. Thémis était une menace pour le Cercle. Jamais elle ne franchirait cette ligne qu'il s'apprêtait à franchir et jamais elle ne le laisserait s'impliquer là-dedans. Il savait qu'elle ferait tout pour les démanteler si tôt qu'elle aurait conscience de leur existence, et cela pourrait se retourner contre elle, ils ne lui feraient aucun cadeau. La seule solution pour que cela n'arrive pas était de l'éloigner de lui. Nathan avait raison, encore une fois, il prouvait qu'il le connaissait bien, contrairement à ce qu’il avait cru, Ethan était parvenu à lui mentir en se montrant affreusement convainquant. Il lui avait brisé le coeur et la voir si désemparée, si malheureuse et effondrée lui avait surement fait autant de mal qu'il ne venait de lui en faire. Est-ce que tout ceci en valait vraiment la peine ? Une partie de lui en était convaincu. Le Cercle devait agir, et il ne pouvait pas laisser quoique ce soit entraver son ascension. Comment pouvaient-ils vivre dans un monde qui ne les acceptait pas ? Mais d'un autre côté, lorsqu'il l'entendit balbutier des mots qui s'étranglaient dans sa gorge étouffer par des larmes de désespoir et de tristesse, il ne pouvait s'empêcher de douter sur le bienfondé de ses actions. Cette séparation, pour qui était-elle nécessaire ? Etait-ce vraiment la bonne décision ? Se battre pour un avenir meilleur oui, mais un avenir sans elle avait-il véritablement un sens ?!

Son cri de désespoir eut raison de sa détermination, il lui était impossible de continuer à rester insensible alors qu'il était entrain de l'anéantir, elle mais aussi tous leurs rêves et leurs espoirs. Il avait l'impression qu'on était entrain de lui infliger la pire des tortures alors qu'il était le seul responsable de toute cette souffrance… Est-ce que Nathan testait sa fidélité au Cercle ?
Comment était-il parvenu à lui demander de rentrer chez elle ? Il n'en savait rien et pour tout dire, ses paroles avaient été prononcées mécaniquement sans oser lever le regard sur elle. La réaction de Thémis ne se fit pas attendre et après avoir jeté quelque chose dans sa direction tout en l'invitant à aller se faire foutre elle se précipita hors de la maison. Enfin il put lever son regard vitreux sur l’endroit où elle se tenait quelques secondes plus tôt. Il était sur et certain qu’elle devait le haïr à présent, probablement autant qu’il se détestait pour ce qu’il venait de lui faire. Jamais plus elle ne s’approcherait de lui…
Son coeur se serra à l'idée de ne plus jamais la revoir, son regard fut alors attiré par cet objet qu'elle avait lancé dans sa direction et qu'il reconnut aussitôt, son collier. Il s'accroupit pour le ramasser délicatement et aussitôt chaque instant de cette magnifique soirée lui revint en mémoire ajouté à tous ses moments magiques qu'ils avaient partagé.

Qu'est-ce qu'il avait fait ?

❝Je t'aime Ethan❞

❝Tu peux me faire confiance❞

❝Ethan...❞

❝ La vengeance n'est effectivement pas la solution.... mais la justice oui. Si jamais je peux t'aider d'une manière ou d'une autre, je suis là pour toi. Je le serai toujours. ❞

Les larmes trop longtemps retenues se mirent à couler sur son visage et la larme qui s’écrasa sur sa main, eut le mérite de le sortir enfin de sa torpeur. Elle était partie. Il l'avait chassé....
Il était pétri de doute pourtant, en cet instant il avait une seule certitude : Il ne voulait pas la perdre
A ses côtés, la haine qui le rongeait jour après jour avait cessé sa progression... en un sens, Nathan avait raison lorsqu'il lui disait que sa détermination s'était affaiblit depuis qu'elle était entrée dans sa vie. Il ne pouvait pas pardonner ce que les moldus lui avaient fait, mais avait-il pour autant envie d'abandonner ce qui était cher à son coeur ? Voulait-il vraiment faire cette bêtise ?

Bondissant sur ses pieds, il se précipita sur la porte d'entrée qu'il ouvrit en grand mais au lieu de se précipiter vers l'extérieur il s'arrêta net, face à l'homme qui se dressait devant lui. Nathan ? Que faisait-il ici ?!

- Pas maintenant ! Fit-il en cherchant à le pousser pour qu'il dégage le passage, mais l'homme ne bougea pas d'un millimètre.

- Ne gâche pas tout, tu as fait ce qu'il fallait


Après le départ de Nathan, il aurait pu rentrer à New-Phoenix et la supplier de lui pardonner mais il n'en n'avait rien fait. Il ne voulait pas la perdre mais au final c'était peut-être préférable ainsi...
Tout était tellement plus facile quand il n'avait pas à penser à elle, mais à présent, se trouver devant elle, la côtoyer tous les jours, l'apercevoir,...  c'était à la fois une félicité et une torture quotidienne.

- Ça devient lassant ces tentatives d’assassinat à longueur de journée ! Comment tu te sens ? Tu n'as rien ? Je suis désolé t'avoir entrainé là-dedans, c'était un piège... Je réalise maintenant que c'était trop beau pour être vraie ! Il n'y avait aucun film, aucune vidéo, juste un piège monté par les pro-moldu et j'ai sauté dedans à pieds joints comme un imbécile, soupira-t-il. Mais on a une chance de les coincer à présent, allez, viens, lève-toi. Quoi ? Ne me dis pas que tu comptes leur obéir bien sagement et attendre ici que tout soit fini ? Où est donc passé ta témérité ? Lui sourit-il. Ou serait-ce que tu as oublié être en compagnie d'un sorcier ? On va transplaner, lui dit-il en lui offrant sa main pour qu'elle l'accepte.

Il s'abstint de dire « comme au beau vieux temps » bien conscient que ce serait malvenu de sa part, même s'il n'en pensait pas moins. Retrouver cette proximité était troublant ça le ramenait des années en arrières, dissimulant son trouble en étouffant du mieux qu’il pouvait ce qu’elle faisait naitre en lui, il leva sa baguette mais rien ne se passa. Il fit une seconde tentative qui se révéla tout aussi infructueuse avant de se décider à regret, de la lâcher. Lançant un autre sort, il vit apparaître devant eux une sorte de bouclier translucide, qui les enveloppait autant pour les protéger de toute attaque extérieur que pour les empêcher de fuir. C'était un sort de protection très élaboré...Bon sang ces fumiers se trouvaient derrière cette porte et eux ils étaient coincés ici ! Il devait à tout prix sortir de ce piège, il ne pouvait pas risquer de voir débarquer ces maudites preuves alors qu'il venait de trouver une excuse parfaitement valable pour justifier leur inexistence ! Il ne pouvait pas rester coincer ici, il devait trouver une solution !  

- Bon.... ça va juste prendre un peu plus de temps... dut-il admettre, mais j'en viendrais à bout.

Celui qui pensait l'enfermer quelque part n'était pas encore né ! Pour se mettre à son aise, il retira sa veste tout en lâchant un soupir exaspéré en voyant l’état de cette dernière désormais troué par l’impact d’une balle ainsi que la manche de sa chemise déchiré également au même endroit. Relevant ses manches il en profita pour regarder sa blessure qui n’était vraiment qu’une égratignure. Une égratignure à vif, mais cela aurait pu être pire

- Ils ont troué ma veste et ma chemise ! Lâcha-t-il avec humeur comme si c’était la pire des choses qui pouvait lui arriver

C’était plus fort que lui, Ethan détestait ne jamais être impeccable. Mais bien que ça le contrariait, ce n’était pas tant d’avoir un costume en moins qui l’agaçait vu le nombre qu’il possédait, mais plutôt d’avoir été obligé de garder ça sur le dos. En réalité, là aussi ce n’était qu’une excuse pour exulter sa mauvaise humeur de se retrouver enfermé ici. Levant sa baguette il commença à jeter quelques sorts pour venir à bout de ce bouclier mais de toute évidence son auteur n’était pas un débutant. Au bout de cinq minutes infructueuses qui commencèrent légèrement à le contrarier, il glissa son regard sur l’arme de Thémis qu’elle tenait toujours à proximité d’elle, prête à en faire usage en cas de danger

- Tu n'aurais pas envie de ranger ça ? Ça me rend nerveux de te savoir dans mon dos avec un 38 dans les mains. J’ai donné pour aujourd’hui. Mais que vois-je, fit-il en se tournant vers elle, serait-ce l’ombre d’un sourire ? Tu ferais beaucoup moins ta maligne si tu te trouvais dans ma position, lui sourit-il à son tour. Je peux ? Lui demanda-t-il en désignant la place qui se trouvait à côté d’elle pour s’assoir à ses côtés

Ethan venait finalement de comprendre de quel sort on avait fait usage pour les coincer et il voyait à présent quel contre sort utiliser mais il était encore trop tôt pour sortir maintenant, il devait patienter encore un peu, une vingtaine de minutes serait l’idéal, à moins qu’on ne les libère avant… et puis il avait envie de profiter de ce moment où ils n’étaient que tous les deux, un moment qui n’était surement pas prêt de se reproduire. Assis contre le mur, ses bras reposaient sur ses genoux, un silence morose les enveloppa à nouveau

- Où on est d’après toi ? Ce lieu n’a même pas de fenêtres, heureusement qu’aucun de nous n’est claustrophobe soupira-t-il en songeant à Sean qui n’aurait pas supporté d’être enfermé dans un tel endroit.

Puis son regard glissa sur l’alliance qu’elle portait à son annulaire. Il mourrait d’envie de l’interroger à ce sujet mais il savait qu’il n’avait rien à lui dire, pourtant… il avait envie d’en savoir plus. Appuyant un peu plus sa tête contre le mur en levant les yeux vers le plafond il soupira avant de poser ses yeux sur elle.

- Tu ne la portais pas le premier jour de ton arrivé...

C’était l’une des premières choses qu’il avait regardé, mais elle n’avait à ses doigts que des bagues sans signification particulière, mais là… Et puis avec Fernandes… ils formaient un couple si improbable….

- Tu mérites beaucoup mieux, fit-il en portant son regard sur cette bague avant de plonger son regard dans le sien. Je parles autant de la bague que de l’homme au cas où tu te poserais la question, ne put-il s’empêcher de préciser de manière un peu arrogante avant de reprendre plus doucement. Il ne te correspond absolument pas. Aussi surprenant que cela puisse te paraître, tout ce que je veux c'est ton bonheur, et ce n'est pas avec lui que tu l'obtiendras

You can't run away

  Il y avait quelque chose d'étrange à se retrouver ainsi enfermé dans cette pièce avec elle. L'atmosphère était lourde et pesante. Dans un passé pas si lointain il aurait pu la serrer dans ses bras, contre lui, et ils auraient surement échangé leurs points de vus sur cette affaire... Mais là rien n'y fit. Il lui avait parlé de ces soupçons, et de ce prétendu piège dans lequel on les avait attiré, mais elle n'avait même pas répondu. Se contentant de hocher la tête, elle semblait ne pas remettre en cause cette idée qu'il avait avancé, il fallait reconnaître que ces moldus étaient tombés à point nommé ! Ces moldus... ce groupe organisé... il se posait de plus en plus de question à leur sujet. Depuis quand existaient-ils ? Peut-être bien que les assassins de son père appartenait à ce genre de groupuscule... Qui étaient-ils au juste ? Est-ce que lui aussi se faisait embobiner par une personne de son entourage de la même manière que lui-même arnaquait les autres ? Comment savaient-ils qu'ils se trouvaient ici, dans cette université ? Qui étaient au courant ? Il essaya de se remémorer mentalement ceux qui avaient connaissance de sa venue ici, la liste était restreinte et il était persuadé que de son côté Thémis n'avait pas eut le temps d'en parler à qui que ce soit vu la rapidité avec laquelle elle l'avait rejoint. Jewel les pensait infiltrés à la Maison-Blanche mais visiblement ils étaient parvenus à s'infiltrer jusqu'ici... leurs gardes du corps ? Ce n'était pas impossible. D'abord la Corneille maintenant les pro-moldus... il y avait vraiment de sérieuses fuites et il allait falloir s'en occuper très rapidement s'ils voulaient mener à bien cette mission.
Toutes ces questions qu'il se posait, il aurait aimé en débattre avec elle, pourtant, il n'en fit rien, de toute évidence, elle n'était pas prête. Ils avaient toujours formé une bonne équipe même avant de former un couple mais il fallait croire que ça aussi cela appartenait au passé. Ce constat lui fit mal et pour la première fois, lui donnait l'horrible sensation d'être affreusement seul. Leur complicité lui manquait tant professionnel que personnel surtout aujourd'hui qu'ils se retrouvaient ensemble dans cette pièce et qu'ils étaient contraint de se côtoyer pour travailler sur la même affaire, à un détail prêt, cette fois, il faisait parti de ceux qu'elle traquait.

Assis côte à côte, ils n'avaient plus été aussi proche physiquement depuis bien longtemps et pourtant il avait la sensation que la distance Washington/New-Phoenix qui les séparait ne lui avait jamais paru aussi profonde que ces quelques centimètres. L'idée de travailler avec elle ne l'avait pas enchanté sur le moment, parce que sa présence était douloureuse et n'allait pas simplifier les choses mais plus il voulait l'éviter, plus il tentait de la tenir éloigné et plus elle occupait ses pensées. S'il ne se faisait aucune illusion concernant leur relation, il avait au moins espéré pouvoir profiter de sa présence pour retrouver un peu de ce qu'ils avaient perdu en travaillant à nouveau ensemble. Il se doutait bien que les débuts ne seraient pas facile mais il espérait qu'avec le temps, le travail les rapprocherait à nouveau....de toute évidence, ça non plus il n'y aurait pas le droit. Celui avec lequel elle allait débattre de toutes ses idées c'était son partenaire sur cette affaire, Elijah. Même la présence de Grayson lui semblait mille fois plus agréable que la sienne.... Elle n'avait de toute évidence pas l'intention de l'intégrer dans leur équipe... et ce n'était ni Elijah ni Grayson qui partageraient leurs informations. Il se sentait mis sur la touche, ce n'était pas une sensation très agréable et ce n'était pas quelque chose à laquelle il était habitué, mais s'ils voulaient l'exclure alors il se débrouillerait tout seul et prendrait ses informations d'une autre manière.

Ce silence pesant l'étouffait tout comme cette situation oppressante. Il avait essayé de parler travail sans succès, il avait plaisanté et bien qu'elle lui eut sourit, elle s'était aussi refermée sur elle-même. Et puis finalement il avait fini par craquer, il avait aborder ce sujet qui le tenaillait tellement depuis qu'il avait découvert cette relation qu'il jugeait complétement ridicule entre son ex petite-amie et ce scribouillard. Comme toujours lorsque quelque chose ne lui plaisait pas, il n'avait pas hésité à le lui faire savoir. Cyrius Fernandes n'était pas un homme fait pour elle. Elle se leurrait complétement si elle pensait trouver le bonheur dans ses bras. Il ne s'agissait que d'un gamin immature et volage, comment pouvait-elle croire une seule seconde qu'elle pourrait être heureuse avec lui ?!! Le fait qu'il ait fait sa demande le soir de leur arrivé à Washington, lui fit se demander si elle n'avait pas accepté sa demande en mariage uniquement pour le rendre jaloux ou le blesser. Cela avait bien plus de sens à ses yeux que d'imaginer Thémis accepter la demande en mariage du premier venu. La femme qu'il connaissait et qu'il avait aimé et aimait toujours, n'aurait jamais fait ça, jamais elle ne se serait intéressé à un homme comme Fernandes et elle aurait encore moins accepté sa demande en mariage. Ses remarques furent bien évidemment très mal perçut et c'est avec une certaine violence qu'elle avait réagit alors qu'il venait de lui dire qu'elle ne serait jamais heureuse avec Fernandes

- Ce n'est pas...

La suite de sa phrase resta coincé dans sa gorge. « Parce que ça n'a pas marché entre nous » ? Non il ne pouvait pas dire ça, ce serait un mensonge parce que ça marchait très bien entre eux, et cela continuerait surement encore aujourd'hui s'il n'avait pas été obligé de mettre fin à leur relation. Ils n'y avaient aucun problème dans leur couple, tout marchait à merveille...

- … parce que notre histoire est fini, se reprit-il, que je me désintéresse de ton bonheur

C'était en partie la vérité. Il n'aimait pas l'idée qu'elle puisse rendre un autre homme heureux comme elle l'avait rendu heureux. Il aimait encore moins l'idée de savoir qu'un autre homme la rendait encore plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été avec lui, mais ne pas vivre dans la même ville lui avait permis de ne pas y penser et d'oublier. Il lui souhaitait d'être heureuse, après tout elle le méritait mais il ne voulait pas le savoir. La voir aujourd'hui s'afficher dans les bras d'un autre et accepter ces fiançailles ridicules s'était trop lui demander. Le couple qu'elle prétendait former avec ce journaliste avait autant d'avenir qu'une libellule qui mourrait après seulement 3 jours d'existence et elle le savait très bien. Il la soupçonnait de faire ça uniquement pour lui faire du mal, et... c'était réussi

Perdant tous deux leurs regards droit devant eux sans oser se regarder ni dire un mot, il se tourna néanmoins vers elle lorsqu'elle reprit la parole pour lui dire tout ce qu'elle trouvait de merveilleux chez ce gamin qui partageait sa vie.
La passion de leur travail ? La faire sourire même dans les pires moments ? Ça aussi ils le partageaient tous les deux. Il faillit ouvrir la bouche pour le lui faire remarquer mais la suite de sa tirade le réduisit immédiatement au silence?

❝Je sais qu'il ne me dira jamais la plus belle des déclaration d'amour avant de disparaitre complètement quelques jours plus tard et de me faire comprendre que je n'ai aucune importance. ❞

Elle venait de lui porter le coup de grâce en le touchant en plein coeur. Il se tut sachant que c'était la vérité, c'était effectivement ce qu'il lui avait fait endurer. Cette déclaration d'amour à laquelle elle se référait était en réalité une demande en mariage qui n'avait jamais aboutit et qu'elle n'aurait jamais l'occasion d'entendre en entier. Avant elle, il n'avait jamais demandé qui que soit en mariage, il se souvenait encore de l'appréhension qu'il en avait éprouvé. Les mains moites, le coeur qui battait à vive allure, la peur au ventre... il savait ce qui s'était passait lorsque Nikolas, son précédent grand amour avec qui elle avait vécu pendant 2 ans avait fait sa demande et il redoutait un peu de la voir réagir de la même manière, mais une petite voix au fond de son être était intimement persuadé qu'elle ne le rejetterait pas, après tout, il n'était pas Nikolas....
Il avait répété dans sa tête un nombre incalculable de fois ce qu'il lui dirait au moment de faire sa déclaration, mais au final, le moment venu, il n'avait absolument pas prononcé les mots qu'il comptait lui dire et qu'il semblait avoir apprit comme on apprenait une leçon à l'école. A la place, il avait choisit de laisser parler son coeur et avait commencé à lister toutes leurs premières fois qui avaient eut tant d'importance dans leur couple. La première fois qu'ils s'étaient rencontrés, la première fois qu'elle s'était évanouie dans ses bras, la première fois qu'ils s'étaient embrassés.... 5 petites minutes, il ne lui manquait que 5 petites minutes pour finir sa demande en mariage, mais le destin s'en était mêlé et  Ally avait soudainement débarqué chez eux, blessée... Dès lors, plus rien d'autre n'avait compté que sa soeur et retrouver celui qui lui avait fait ça... Si tout cela n'était pas arrivé, seraient-ils mariés aujourd'hui ? Probablement pas. Elle aurait peut-être dit oui mais Nathan ne les aurait surement pas laissé tranquille. En se terminant aussi abruptement leur histoire avait peut-être connu la meilleure fin possible...

- Tu as entièrement raison, admit-il, mais il n'en demeure pas moins que si tu l'épouses tu le regretteras

Ne pouvant supporter d'affronter plus longtemps son regard ni ses reproches, la mâchoire crispée Ethan baissa ses yeux vitreux et se mit à fixer le sol comme s'il n'avait jamais rien vu d'aussi fascinant. Il ne pouvait strictement rien rétorquer de plus mais la jeune femme n'en n'avait visiblement pas fini avec lui. Sentant son regard lourd de reproche se poser sur lui il s'obligea à relever la tête pour plonger son regard dans le sien lorsqu'elle poursuivit toute sa liste de reproches. Elle éprouvait encore beaucoup de colère et d'amertume envers lui, et ce regard clair dans lequel il avait toujours aimé se plonger à présent embué de larmes par sa faute lui brisèrent à nouveau le coeur. Il ne pouvait pas rester insensible à tout ce mal qu'il lui avait fait subir mais aussi par les reproches tout à fait justifié qu'elle lui adressaient.
Elle avait raison, de son point de vu, il lui donnait la sensation de jouer avec elle en se préoccupant de son histoire avec Cyrius alors qu'il avait clairement mit fin à leur relation. Il savait qu'il était préférable pour lui de rester en dehors de sa vie comme il l'avait si bien fait jusqu'à présent, à la différence prêt que vivre à nouveau à proximité d'elle était beaucoup plus difficile pour rester en dehors sa vie. S'il pouvait entendre et reconnaître tout ce qu'elle lui disait, la suite de ses reproches le statufièrent littéralement sur place et son coeur rata un battement. Lentement il tourna sur elle un visage blême et décomposé. Thémis pensait réellement qu'il s'était joué d'elle ? Que tout ce qu'ils avaient partagé était faux ? Qu'il avait fait ça dans l'unique but de coucher avec elle ? Cette révélation eut le même effet sur lui que si elle venait de lui asséner une claque monumentale

Elle avait raison, il savait charmer et prononcer les paroles qu'il fallait pour ne pas laisser les femmes insensibles et obtenir ce qu'il désirait. Il était un menteur, et un manipulateur dans l'âme mais... pas avec elle. Jamais il ne lui avait menti, du moins pas concernant ses sentiments. En un sens, qu'elle le pense devrait l'arranger puisque cela n'impliquait pas qu'il soit obligé de lui donner les raisons de leur rupture mais... il ne pouvait pas la laisser imaginer que tout ce qu'ils avaient vécu n'était qu'un mensonge, un mirage. C'était réel pour lui et le fait qu'elle puisse en douter et même en rire amèrement le touchèrent douloureusement et le mirent en colère.
Il avait l'impression que son coeur venait de cesser de battre, il méritait peut-etre ce qui lui arrivait mais il ne pouvait pas accepter de la laisser se fourvoyer autant concernant leur relation passé. Son regard glissa sur ses doigts alors qu'elle jouait avec sa bague de fiançailles, pour lui cela signifiait une chose : elle désirait être à ses cotés et croyait plus en leur histoire qu'à la leur

- Quoi ?! Non mais tu es sérieuse là ? Tu penses vraiment que tout ce qu'on a partagé était faux ? Que je n'avais qu'un seul but celui de coucher avec toi ? Tu crois vraiment que si tout ce qui m'intéressait chez toi c'était un peu de sexe aurait vécu tous ces moments ?!! Ou est-ce que tu dis ça uniquement pour me blesser ?! Tu n'as pas le droit de dire que ce qu'il y avait entre nous n'était pas réel ou n'a jamais existé ! S'indigna-t-il en se relevant, parce que tu sais très bien que c'est faux

Il avait l'impression qu'il allait exploser, il ne pouvait plus rester assis tranquillement à coté d'elle, il avait besoin d'évacuer lui aussi sa colère et ses émotions. Croyait-elle que cela avait été facile pour lui de mettre fin à ce bonheur ? Déserrant sa cravate il poursuivit furieux

- Franchement si ce n'était que ça tu crois vraiment que je me serais mis à nu comme je l'ai fait en te révélant un secret que je n'ai jamais partagé avec qui que ce soit ? Tu crois vraiment que j'ai besoin de ça pour séduire une femme et coucher avec elle ?!!

Il lui avait tout révélé, tout révélé sur son passé. Il lui avait dit comment ses parents avaient été assassiné et comment sa vie avait été détruite. Il lui avait confié qu'il n'était pas celui qu'il prétendait, il avait essayé de lui parler avec honnêteté ce qu'il n'avait jamais fait avec qui que ce soit d'autre. Ça n'avait aucune importance pour elle ?!
Au final elle avait peut-être raison, peut-être que ce qu'il pensait avoir vécu avec elle n'avait jamais existé sinon comment aurait-elle pu autant se méprendre sur lui ? Il se sentait incompris et rejeté par la seule femme qu'il ait jamais aimé. La colère avait toujours été mauvaise conseillère il le savait mieux que personne, mais tout comme elle, lui aussi avait besoin de vider son sac, et de lui dire ce qu'il avait sur le coeur. Lui aussi avait des reproches à lui faire.

- Et puis puisqu'on y est pour quelqu'un qui se prétendait follement amoureuse il t'a quand même fallu plus de 10 jours pour venir me rejoindre à Washington ! Si la situation avait été inversée je n'aurais pas attendu autant de temps j'aurais pris le premier avion pour te rejoindre et exiger des explications ! Je ne m'attendais même plus à te voir débarquer !

Les premiers jours, il redoutait de la voir débarquer à Washington car il savait qu'il n'aurait pas la force de l'affronter mais plus le temps passait et plus il se demandait pourquoi elle n'était pas là. Avait-elle compris ? Le fait qu'elle ait accepté sa décision sans même chercher d'explication l'avait blessé. Finalement elle ne l'aimait pas tant que ça. Et quand elle s'était finalement retrouvé devant lui alors qu'il ne l'attendait plus elle ne s'était pas posée une seule question elle qui d'ordinaire était si perspicace. Il savait que si elle se mettait à lui poser des questions, à exiger des explications il n'aurait pas pu lui mentir davantage mais au lieux de ça, elle avait tout accepté sans se poser une seule question.

- D'ailleurs pourquoi tu es ici au juste, parce qu'il est évident que tu n'as aucune intention de collaborer ! C'est pour te venger et me faire payer ? Contrairement à moi tu savais dans quoi tu t'engageais, tu savais parfaitement que je ferais parti de l'enquête tu n'étais absolument pas surprise de m'y voir, mais sois honnête, tu n'as aucunement l'intention de jouer franc jeu avec moi ! Toi et Fernandes vous complotez avec Grayson dans mon dos, je crois que vous n'avez pas saisit ce qu'on est censé faire ! On nous a demandé de collaborer pour retrouver les auteurs des attentats qui ont eut lieu ici ! Tu sais très bien que c'est important pour moi de retrouver particulièrement ces moldus ! Malgré nos différents et notre histoire et même si ce n'était pas facile non plus pour moi, j'ai joué franc jeu avec vous, je t'ai même fait venir dès que j'ai découvert l'existence de cette soi-disant vidéo et qu'est-ce que j'ai en retour ? Rien. Tu me détestes, Fernandes me déteste, et Grayson est un Inquisiteur, je savais que collaborer tous ensemble ne serait pas facile mais là c'est clairement un échec ! Vous voulez mener l'enquête dans votre coin, je ferais de même à compté d'aujourd'hui

Lui en vouloir était facile, il détestait se sentir exclu, et c'était exactement ce qu'elle était entrain de faire consciemment ou non. Il savait qu'en la faisant culpabiliser au moins sur le travail, il allait toucher une corde sensible qui lui permettrait peut-être d'avoir accès aux informations qu'ils allaient récolter. Thémis était fière et elle ne manquerait certainement de vouloir se montrer professionnelle rien que pour lui prouver qu'elle avait tort.
Il lui en voulait pour son manque de réaction lors de leur séparation, pour cette farce de collaboration car même s'il ne jouait pas franc-jeu personne n'en n'avait conscience et il ne supportait pas qu'on en face autant avec lui, et puis enfin il lui en voulait également pour Cyrius

- Et puisqu'on y est à tout se dire, fit-il en baissant d'un ton, je sais que tu n'es pas amoureuse de Fernandes. Je pense même que tu as accepté sa demande en mariage uniquement pour me faire du mal, mais dans cette histoire celle qui va le plus souffrir c'est toi. Tu t'engages auprès d'un homme qui ne te mérites pas. Tu m'as dit tout à l'heure qu'avec lui au moins tu savais à quoi t'attendre, ça veut dire quoi ? Que tu as conscience que tu auras un mari volage ? La femme que j'ai aimé n'aurait jamais toléré ça ! Et pour ta gouverne un couple ne se fonde pas uniquement parce qu'il sait te faire rire, c'est beaucoup plus que ça et tu le sais très bien. Mais surtout, à aucun moment tu ne m'as dit le plus important ! A aucun moment tu ne m'as dit combien tu l'aimais et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne peux pas ! Je crois qu'accepter d'épouser une personne que tu n'aimes pas vraiment est une manière pour toi de te voiler la face et de fuir. Tu as tort si tu penses qu'épouser cet homme dont tu n'attends rien ne te rendra pas malheureuse. Ça ne fonctionnera pas et tu le sais très bien ne dis pas que je ne t'aurais pas prévenu !

You can't run away

  Les reproches fusèrent de part et d'autres dans cette petite pièce exiguë. C'était lui qui avait ouvert les hostilités parce qu'il n'avait pas supporté de l'entendre prétendre qu'il ne l'avait jamais aimé niant ouvertement tout ce qu'ils avaient pu vivre et partager ensemble. Il savait dans le fond que c’était une bonne chose qu’elle puisse penser de la sorte, cela lui permettait d’éviter de se poser trop de question, mais c’était cependant au-dessus de ses forces de lui demander de l’accepter. Il avait sacrifié son bonheur pour une cause à laquelle il croyait de toute son âme, mais on ne pouvait pas lui demander d’accepter de faire comme si ce qu’ils avaient vécu tous les deux n’avait jamais existé et il pouvait encore moins accepter de la laisser croire une hérésie pareille. Ethan n'était pas d'une nature à s'emporter facilement ou à se fâcher, s'était quelqu'un qui contrôlait parfaitement ses émotions et sa colère tout particulièrement, c’est pourquoi lorsqu'il était incapable de dissimuler sa colère et sa fureur derrière ses sourires ou une simple réflexion mordante comme il en avait l'habitude cela avait beaucoup plus d'impact, notamment sur les personnes qui le connaissait car c'était très révélateur des véritables sentiments qui l'animait.
Avant d'exploser et de lâcher prise, il n'avait pas réalisé que lui aussi avait gardé pour lui beaucoup de rancœur au sujet de leur rupture. Elle s’étonnait qu’il puisse la blâmer ? Et pourtant il n’y avait aucune raison à cela ! Comment avait-elle pu attendre une dizaine de jours pour le rejoindre à Washington ?! Comment avait-elle pu patienter autant de temps chez elle ?!! Lui serait devenu fou, il se connaissait suffisamment pour savoir que si elle lui avait fait un coup pareil, si les rôles avaient été inversé, il aurait sauté dans le premier avion en partance pour Washington et aurait exigé des explications ! De véritables explications ! Il ne se serait surement pas contenté de l’entendre lui dire que tout était fini et qu’il devait rentrer chez lui. Thémis avait baissé les bras trop facilement, elle ne s’était pas battue pour eux et il lui en voulait terriblement pour ça ! Si elle l’avait fait il savait qu’il aurait été incapable de la repousser davantage  

Outre le sujet de leur rupture son comportement depuis son arrivée à Santa Fe le contrariait également. Il ne s’attendait pas à ce que tout se passe bien et coule de source non plus, il n’était pas naïf, pour lui non plus ce n’était pas évident. Faire équipe avec son ex petite-amie n’était pas une chose aisée surtout lorsque l'on avait vécu autant de chose qu’ils en avaient vécu ensemble mais c'était douloureux de se sentir totalement ignoré, de la voir agir comme s’il n’existait pas tout en la voyant se comporter avec les autres de manière amicale, même avec Grayson qui avait droit à bien plus d’égard que lui. Et puis il y avait Fernandes qui occupait désormais la place qu'il avait jadis occupée dans sa vie. Il ne craignait pas seulement d’être lésé sur les informations que les Partisans pourraient potentiellement récolter sur le Cercle car il pourrait toujours se débrouiller pour mettre la main dessus, ce qui le frustrait c’était de constater cette complicité entre les deux partenaires qui lui faisait réaliser à quel point ça lui manquait et surtout à quel point il était facilement remplaçable. Il avait toujours pensé qu’ils formaient une équipe exceptionnelle mais c’était une illusion, Thémis était tout aussi efficace avec un autre partenaire que lui.
Et enfin il y avait cet étalage de bonheur qu'elle ne manquait pas d'afficher dans les bras de l’autre Fernandes comme si elle n'avait jamais été aussi heureuse jusqu’à présent et ça c’était dur à encaisser.  Il ne pouvait pas tolérer qu'elle considère cette farce d'histoire plus réelle et sérieuse que ce qu'ils avaient vécus tous les deux. Le scribouillard n’était qu’un gamin immature il ne pouvait pas lui apporter la stabilité ni ce sentiment de sécurité dont elle avait besoin. Il ne doutait pas qu’il sache la faire rire et l’amuser mais ça n’allait pas au-delà.

Comme il pouvait s'en douter la jeune femme ne tarda pas à réagir et à s'indigner à son tour de ses propos et si elle était parvenue à rester parfaitement calme au début le défiant littéralement de l'empêcher de dire ce qu'elle pensait bien fort de leur relation, elle explosa à son tour lorsqu'il lui reprocha d'avoir mis plus d’une dizaine de jours pour venir le rejoindre à Washington. Debout, face à elle, il ne sut ce qui le touchait le plus. La description du mal qu’il avait pu lui infliger en découvrant leur appartement vidé de toutes ses affaires, ou les sanglots qui brisaient sa voix à ce souvenir. Il savait parfaitement que retrouver cet appartement vide sans lui, lui causerait un choc et qu'elle s'inquièterait, mais il n'avait pas pensé qu'elle songerait que le Boucher ait pu revenir d’entre les morts une seconde fois pour se venger. Il imaginait sans mal l’angoisse dans laquelle il l’avait délibérément plongé avec sa fuite parce qu’il avait été trop lâche pour l’affronter et lui annoncer qu’il partait. Il imaginait également parfaitement l’incompréhension et le choc quel avait dû ressentir en apprenant par Kevin qu'il était parti à Washington... revivre ces moments étaient douloureux autant pour elle que pour lui. Il détourna le visage navré de leur avoir fait subir ça. Néanmoins il releva son regard vers elle lorsque sa voix s’adoucit pour lui demander presque dans une plainte malheureuse les raisons qui l’avaient poussé à la laisser s'il l'aimait vraiment.
Ethan sentit ses yeux devenir vitreux à son tour. Une voix tout au fond de son âme, hurlait désespérément qu'il l'avait fait pour elle, pour la protéger, et bien qu'il ouvrit la bouche, aucun son ne parvenait à en sortir tout simplement parce que pour la première fois de sa vie, il ne savait pas quoi répondre. Lui qui avait toujours une réponse toute faite, un mensonge tout prêt, lui qui aurait pu la bassiner avec n’importe quelle excuse se retrouvait cette fois dans l’incapacité de répondre à sa question pour la simple et bonne raison qu’il ne pouvait pas lui dire la vérité et qu’il ne désirait pas pour autant lui faire avaler un nouveau mensonge. Il savait qu’elle attendait des réponses mais il ne pouvait en formuler aucune tout ce qu’il pouvait faire c’était de se contenter de plonger son regard douloureux dans le sien, dans un silence mortel.

- Je sais, reconnut-il en baissant le regard après qu’elle lui eut rappelé que c’était lui qui l’avait repoussé alors qu’elle lui avait juré qu’elle serait toujours là pour lui avant de relever à nouveau ses yeux sur elle. Ta vie était à New-Phoenix auprès des tiens, la mienne à Washington, se contenta-t-il simplement de lui répondre.

Il n’y avait rien d’autre à dire ni même à rajouter sur le sujet. Il ne pouvait pas lui dire la vérité ni répondre à ses questions quand à lui, il regrettait presque d’avoir abordé le sujet parce qu’à présent il sentait la culpabilité rejaillir deux fois plus violemment en lui. C’était une chose de s’imaginer ce qu’elle avait pu traverser et ressentir s’en était une autre de connaitre la vérité. Fort heureusement, et ça l’arrangeait, la conversation dévia bien vite sur leur compétence professionnel respective et l’incapacité de Thémis à passer outre leur histoire pour faire équipe ensemble. Reprenant la maitrise d’elle-même, la jeune femme s’adossa contre la porte qui restait obstinément close et lâcha un soupir avant de lui répondre. Elle avait parfaitement conscience qu’ils seraient amenés à travailler ensemble sur cette affaire même si elle ne l’avait découvert qu’une fois après avoir accepté, mais ce n’était pas une raison suffisante pour elle d’y renoncer.

- Pourtant c’est ce que j’ai ressenti, lui répondit-il calmement lorsqu’elle lui rappela qu’il n’était pas dans sa nature de se venger du mal qu’on pouvait lui avoir infligé.

Il connaissait parfaitement cette difficulté qu’elle pouvait ressentir à faire équipe avec lui parce qu’il en allait de même pour lui. Il y avait quelque chose de définitivement brisé en eux, ils ne parvenaient même plus à se comprendre… autrefois il aurait su qu’elle n’aurait jamais cherché à lui faire ça et pourtant aujourd’hui il y avait cru. Malgré la peine que cette discussion lui infligé il ne pu s’empêcher de sourire entendant Thémis lui dévoiler les raisons qui l’avaient poussé à se rapprocher de Grayson. Etait-ce l’amusement causé par ses réflexions sur le comportement de Grayson à son égard ou parce qu’il était soulagé de constater qu’elle était loin de l’apprécier ? Toujours est-il qu’il lui adressa son premier vrai sourire depuis leur dispute et cela avait un effet réconfortant. Pourtant son sourire s’effaça bien vite lorsqu’il remarqua que ses yeux s’embuèrent à nouveau lorsqu’il fut question de Cyrius. Son cœur se serra douloureusement lorsqu’elle lui certifia qu’elle n’épouserait jamais une personne qu’elle n’aimait pas. Loin de le conforter cela ne servit qu’à lui faire comprendre qu’il se leurrait. De toute évidence il avait eu tort de mésestimer les sentiments qu’elle éprouvait pour lui puisqu’elle avait accepté son alliance.
Un silence pesant se mit à nouveau à régner dans la pièce jusqu’à ce qu’elle décide à retirer son alliance avant de reprendre la parole. Ethan l’avait observé faire silencieusement mais il sentait son cœur battre d’un fol espoir dans sa poitrine, posant ses yeux sur elle, il l’écouta lui révéler avec un soupçon de regret cette fâcheuse habitude qu’elle avait de fuir constamment. La première fois c’était face à Nikolas avec qui elle avait rompu ses fiançailles, elle s’en était voulu jusqu’à ce qu’elle découvre qu’il avait rejoint les rangs des inquisiteurs. Etrangement, il sentait comme un parallèle entre lui et cet homme. Leur choix et leur conviction les avait fait prendre des voix opposé mais tout aussi destructrices qui avaient fait souffrir Thémis…
La seconde fois c’était à Washington quand il lui avait demandé de partir. Elle n’avait pas eu la force d’en supporter davantage alors plutôt que de l’affronter elle avait fui le plus loin possible de lui. Il déglutit silencieusement sans répondre qu’aurait-il pu lui dire de toute manière ? Il n’avait aucune excuse pour ce qu’il lui avait infligé. Il releva toutefois la tête surpris en découvrant qu’il était indirectement à l’origine d’une troisième fuite. Il savait qu’il ne devrait pas s’en réjouir pourtant cet aveu inattendu lui mis du baume au cœur, elle était entrain de lui avouer que le Clark Kent des bacs à sable ne comptait pas pour elle, et qu’il n’avait été qu’un moyen pour essayer de leur faire croire à tous les deux qu’elle l’avait oublié et qu’elle était passé à autre chose. C’était un aveu douloureux qui lui faisait réaliser à quel point il l’avait meurtri mais paradoxalement il ne pouvait s’empêcher d’y éprouver égoïstement un peu de joie de découvrir qu’elle n’avait pas réussi à l’oublier et surtout qu’il n’y avait rien de sérieux entre elle et cet homme. La voir si défaite et penaude lui donnait envie de la prendre dans ses bras pour la consoler mais il ne s’en sentait pas le droit aussi s’interdit-il tout geste de tendresse à son égard.

- Nikolas a perdu toute sa famille dans la catastrophe californienne, s’il a rejoint les Inquisiteurs c’est uniquement par dépit et par colère. En un sens je peux le comprendre… parce que je sais ce que c’est que de voir sa vie être détruite, il s’est laissé manipuler par leurs belles paroles empoisonnée, mais certainement pas parce qu’il veut te faire du mal à toi ou ta famille en tout cas, je ne le conçois pas, pas après tout ce que tu m’as raconté sur lui… Dis-moi, est-ce que tu lui en veux pour ses choix ? S'il revenait vers toi, même en sachant qu’il a accompli des horreurs pour la cause qu’il défendait et à laquelle il croyait, serais-tu capable de lui pardonner ?

Ce n’était pas une réponse facile, il n’était même pas certain qu’elle lui répondrait. Ethan se contenta donc de l’observer silencieusement alors qu’elle remettait sa bague à son doigt car il n'était en réalité pas question de nikolas mais de lui... Se reprenant, elle lui assura sur un ton tout à fait professionnel qu’elle ne le tiendrait pas à l’écart de cette enquête même si désormais toute sa confiance allait à son partenaire.
Ethan l’écouta lui parler sans la quitter du regard, il la connaissait par cœur, il savait ce qu’elle était entrain de faire. Elle détournait la conversation parce qu’elle était mal à l’aise. Elle venait de s’ouvrir à lui en se mettant à nouveau à nue et elle le regrettait déjà, elle ne voulait pas lui laisser l’opportunité de réagir ou de rebondir et avait enchainé sur un sujet neutre qui lui permettrait de noyer le poisson, mais il ne comptait pas la laisser faire. C’était déraisonnable il en avait parfaitement conscience pourtant ce n’est pas sa raison qu’il écouta cette fois-ci mais son cœur et il s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras et la serrer contre lui tout en caressant gentiment ses longs cheveux noirs

- Tu ne dois pas te reprocher d’avoir rompu vos fiançailles. Je ne considère pas ça comme une fuite, je pense plutôt que tu as pris peur parce que tu as réalisé que tu ne te sentais pas prête et que tu commettrais peut-être une erreur en l’épousant. Et puis, fit-il en la relâchant, je sais que je ne devrais pas dire ça mais je suis heureux que tu l’ai fait, sans quoi on n’aurait jamais vécu ce que nous avons vécu ensemble. Je ne regrette aucun des moments que l’on a partagé tous les deux peut-être que dans une autre vie les choses auraient été différentes. Je veux que tu saches que tu n’as rien à te reprocher j’ai été injuste avec toi toute à l’heure, tu n’as pas fui à Washington, tu es venu et c’est moi qui t’ai chassé. A aucun moment tu n’as fui… Je sais que ça ne changera pas grand-chose de te dire ça aujourd’hui, mais je regrette tout le mal que je t’ai infligé j’aurais aimé qu’il en soit autrement tout ce que je peux faire aujourd’hui c’est te promettre que tu n’auras pas à me supporter durant cette enquête. Je limiterais au maximum nos échanges et si vous êtes prêt à collaborer avec moi, je passerais par Fernandes. Je suis d’accord avec toi lorsque tu dis que les Inquisiteurs jouent un double jeu, il suffit de voir qui ils ont choisi d’envoyer pour les représenter. Je pense qu’ils sont là uniquement pour bénéficier de nos avancer mais qu’ils recherchent activement le Cercle de leur cotés tout en protégeant les pro-moldus. Fit-il en se reculant. D’ailleurs as-tu parlé à quelqu’un du lieu où tu te rendais avant de venir ici ? C’est bien ce que je pensais comprit-il…

Il passa sa main sur son visage pour réfléchir tout en marchant tranquillement dos à la jeune femme avant de se retourner vers elle.

- Thémis a ton avis, pourquoi a-t-on fait venir les journalistes ? Que recherchait la personne qui les a lancés sur notre piste ? Nous compliquer la tâche, oui surement mais je pense qu’il y a une autre raison, une raison que la mise en garde de la Corneille n’a fait que précipiter... tout ça n'avait en réalité qu’un seul but qu’on attente à nos vies. Mais nous savons tous que même si l’un de nous périt, il sera aussitôt remplacé, la preuve en est avec Burton alors quel intérêt peut-on y trouver ? Tu ne vois pas ? Réfléchis… Qui peut nous espionner tranquillement pour voir comment se déroule l’avancée de notre enquête ? Qui est au courant de nos moindre faits et gestes et qui nous suit comme nos ombres ?

A son regard, il comprit qu'elle aussi venait de comprendre où il voulait en venir. Ethan était prêt à parier que le garde du corps moldu qui était avec eux appartenait au pro-moldu ce qui expliquait pourquoi ces derniers étaient au courant pour la vidéo et du lieu où ils se trouvaient

Viens, je sais comment nous sortir d'ici à présent. Ça viens tout juste de me revenir, feinta-t-il sans chercher à être convainquant.

Passant sa main autour de sa taille et lui sourit.

- Je suis content qu'on ai pu parler.

Ils transplanèrent cette fois sans la moindre difficulté et se retrouvèrent, pour la plus grande surprise de Thémis, enlacés au beau milieu du hall de l’hôtel qu’ils occupaient. Il ne la lâcha pas immédiatement tout en ne la quittant pas des yeux alors qu’elle observait les environs avec étonnement.

- Restes avec Elijah, il te protégera, fit-il en se détachant d’elle avant de lui sourire avec espièglerie. Maintenant tu auras une raison supplémentaire pour me détester, lui sourit-il en disparaissant à nouveau


De retour à l’Université, Ethan observa les environs le regard froid. Eloigner Thémis de l’Université lui permettait de la mettre en sécurité mais aussi de récupérer cette fameuse vidéo qui risquait de tous les faire tomber. Un périmètre de sécurité ayant été dressé, Ethan se mêla aux agents de police sur place. Revêtu de leur uniforme, casquette sur la tête et lunette de soleil sur le nez, il était méconnaissable et nul ne pouvait l’identifier. Il repéra très vite la voiture qu’il attendait immatriculé au nom de celui qu'ils devaient rencontrer et lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, il leur fit signe de le suivre. Les 3 étudiants, deux garçons et une fille quittèrent leur véhicule et s’engouffrèrent avec l’agent de police dans un bâtiment annexe avant de s’enfermer dans une salle de classe désertée. Retirant ses lunettes de soleil et sa casquette il comprit, à en juger par l’expression de stupeur des 3 jeunes gens qui se trouvaient face à lui, qu’il se trouvait sur cette maudite vidéo. Paniquant, les trois étudiants voulurent s’échapper mais la porte était désormais verrouillée à l’aide d’un sort

- Au vu de votre réaction j’en déduis que j’apparais sur cette vidéo… C’est regrettable

Il lança un sort qui les stupefixa tour à tour excepté celui qui portait un sac en bandoulière à son épaule.

- Donnes-moi ton caméscope et tous les enregistrements que tu possèdes de l’attaque de la base de Kirtland, lui ordonna-t-il après lui avoir lancé l’un des trois sortilèges impardonnables

L’impéro mettait la victime de ce sort sous l’emprise totale de l’auteur su sortilège qui pouvait lui faire faire absolument tout ce qu’il désirait, lui ôtant par-là même toute volonté propre. Le jeune homme donna son sac en bandoulière au sorcier et sorti de sa poche la clé USB qui contenait une copie de l’enregistrement. Ethan écrasa cette dernière sous le talon de sa chaussure puis fit disparaitre les restes par magie avant de s’assoir sur le bureau professoral afin de vérifier la vidéo qui se trouvait dans l’appareil d’origine moldu. Le film était de très mauvaises qualité, néanmoins il était suffisamment net pour identifier quelques membre du Cercle dont Abigor et lui-même. Soupirant d’un air navré il cessa la projection de ce petit film d’auteur, rangea l’appareil dans son sac qu’il fit définitivement disparaitre à son tour

- Maintenant dit-il, à sa victime, je veux que tu me dises si quelqu'un d'autre que vous trois ici présent a vu cet enregistrement et s’il en existe d’autres copies ? Existe-t-il un autre moyen d’avoir accès à cette vidéo ?

C’est avec soulagement qu’Ethan l’entendit répondre par la négative à toutes ses questions. Il les observa durant un instant ne sachant que faire avec eux. Devait-il les éliminer ou leur jeter un sort d’oubliette ? Ethan n’éprouvait pas de plaisir particulier à ôter la vie, mais leur jeter un sort d’oubliette était beaucoup trop dangereux. Il avait fait croire à Thémis que tout ceci était un piège organisé par les pro-moldus pour les éliminer, ils ne manqueraient donc pas d’interroger ces 3 étudiants. S’ils ne se souvenaient de rien on risquait fort de comprendre qu’ils avaient été victime d’un sortilège et que l’un d’eux avait fait disparaitre cette vidéo… et les soupçons ne tarderaient pas à remonter vers lui. Il ne pouvait pas les laisser en vie, il devait les éliminer, mais pas n’importe comment…. Lâchant un soupir il se leva du bureau et se dirigea vers eux.

- Impero ! Après mon départ, vous allez oublier cet entretien et tout ce qui est relatif à cette vidéo. Cette vidéo n’a jamais existé vous avez essayé de nous attirer dans un piège pour nous éliminer parce que vous soutenez… êtes-vous moldus ou sorciers ? Leur demanda-t-il hésitant. Très bien, reprit-il soulagé après avoir entendu leurs réponses, parce que vous soutenez le combat des pro-moldus. Je vais partir vous resterez dans cette pièce pendant 3 minutes puis vous me rejoindrez dans le hall central et là vous essayerez de m’éliminer. Si vous y parvenez, vous serez libre… vous vous battrez donc jusqu’à votre dernier souffle. Vous trouverez des armes dans vos sacs…

Alors qu'il s'apprêtait à transplaner il se tourna dans leur direction et leur posa une dernière question

- Que faisiez-vous à Kirtland ? Voulut-il savoir avant de partir



Débarrassé de l’uniforme policier, Ethan portait à nouveau le costume abimé par une balle au niveau de sa manche quand il apparut dans le hall central de l’université où ils avaient été attaqué quelque minutes plus tot. Le terrain était un véritable champ de bataille, il y avait beaucoup de sang et 3 cadavres gisaient sur le sol baignant dans leur sang. Thémis pouvaient lui être reconnaissante de lui avoir épargné ce spectacle. Des agents de police étaient entrain de dresser un périmètre de sécurité lorsqu’une voix furieuse s’éleva dans sa direction

- Bon sang mais où étiez-vous passé ?!!!! Nous étions inquiets !

- Que vouliez-vos qui nous arrive coincé là-dedans ? J’ai ramené l’agent Baldwin à l’hôtel, vous les avez tous eu ?

- On n’en sait rien, et c’est pourquoi vous ne devez pas rester ici ! Retournez à l’hotel vous aussi

- oh ne soyez pas rabat-joie ! Il y a peut-être un enregistrement vidéo sur le Cercle. Je n’y crois plus trop mais s’il y a la moindre chance je ne veux pas  la laisser….

Il n’eut pas le temps d’en dire plus car il fut interrompu par l’arrivée de trois silhouettes armées qui fonçaient dans sa direction avec toute l’énergie du désespoir en le prenant pour cible. La réaction des agents de police présent ne se fit pas attendre et ils ouvrirent le feu sur les trois jeunes gens qui, criblés de balles s’effondrèrent sur le sol avant d’avoir eut le temps de faire le moindre mal à qui que ce soit les yeux grand ouvert vers ce plafond qui resterait la dernière vision qu’ils auraient de ce monde…
Ethan se rapprocha de leur corps avec prudence accompagné de deux policiers et de son garde du corps.

- Ils sont mort fit l’un des représentants de l’ordre après avoir tâté leur pouls inexistant.

Ethan les observa sans mots dire. Ces gamins se destinaient à devenir des cinéastes de renoms et avaient commencé à tourner un petit film d’horreur avec pour postulat l’attaque de zombies dans une base militaire. Ils n’avaient biens sur aucune autorisation pour filmer la base et ses environs, c’est pourquoi ils avaient hésité aussi longtemps à révéler qu’ils étaient en possession de cette vidéo. Pour ce coup, ils avaient joué de malchance leur noms n’orneraient jamais les étoiles du boulevard de New-Phoenix le seul souvenir qu’ils laisseraient à la postérité seraient celui de jeunes terroristes dont les noms allaient désormais alimenter les pages nécrologiques.

Relevant son regard il croisa celui du garde du corps moldus chargé de les protéger, qu’il soupçonnait fortement d’appartenir au pro-moldus. Ils se jaugèrent pendant un moment avant que ce dernier ne détourne le regard. Ethan se jura intérieurement qu’il serait le prochain sur sa liste…