Pour Zach

Depuis sa rencontre avec Yaël et Ethan, Ernie était sorti de sa léthargie impuissante dans lequel l'avait plongé la loup garou Sofia.
Ca faisait deux mois que Zach était toujours aux mains des Inquisiteurs. Et bien que le fabricant ait déjà remué ciel et terre en allant voir tous les hauts placés qu'il connaissait, rien n'avait bougé. Il avait même entrainé Livie dans une dangereuse aventure sur les territoires des Inquisiteurs.
Pourquoi est-ce que l'opinion public avait si vite oublié qu'un innocent était toujours emprisonné ?

Ernie n'avait pas dit son dernier mot. Alors, dans une dernière et ultime tentative, il avait décidé d'organiser une manifestation à New-Phoenix, car c'était là qu'il avait été enlevé pour protéger l'héritier Yaxley. Ne méritait-il pas plus d'attention ?
Le fabricant avait pris à peine quelques jours pour prévenir le plus de monde possible : ses amis, collègues d'abord. L'entierté de ses connaissances ensuite. Il avait envoyé énormément d'hiboux pour expliquer son geste et inviter certaines personnalités. Il était même parvenu à glisser une annonce dans un journal, monnayant le prix fort. Certes, Ernie s'était encore plus endetté qu'il ne l'était mais ça en valait la peine. Naïvement, il imaginait un grand rassemblement de gens touchés par la disparition du citoyen et heureux d'avoir enfin l'occasion de faire quelque chose pour montrer leur soutien. Oui, il imaginait quelque chose de si grand que ca reviendrait certainement aux oreilles de son neveu qui, grâce à eux tous, regagnerait un peu de courage. "On t'oublie pas gamin".

Chacun était le bienvenu s'il acceptait de prêter sa voix à sa cause. Même les moldus. Même les partisans qui mélangeaient la technologie malsaine à la véritable magie.
De toute façon, depuis ses retrouvailles - ou plutôt sa véritable rencontre - avec Zach, son regard avait peu à peu changé sur leur cause. Non qu'il accepte le mélange hybride de magie (loin de là!). Mais il ne jugeait plus les personnes qui ne juraient plus que par ça.
Et puis, depuis l'enlèvement de Zach, il avait de toute façon perdu la foie en son pays. Aucune faction n'avait levé le moindre pouce pour le sortir de là. Pas une seule.

Ernie était arrivé tôt au point de rendez-vous. Il préparait les pancartes avec application, écrivant lisiblement et se gardant celle disant "Speechless" pour lui. Car il n'y avait que ca à dire. Il n'avait plus de mots pour décrire son dégoût des politiques.
Il fit également apparaître des t-shirt où la tête du gamin était imprimé dessus d'un coup de baguette.
Et si personne ne venait malgré les promesses obtenues ?
Ernie soupira : il aurait beaucoup moins d'impact s'il manifestait seul.
Cependant, des gens commençaient à arriver par groupes et parfois même en solitaire. Il y avait aussi des curieux auxquels le fabricant expliquait rapidement le but de sa manœuvre.
Dans la foule, il reconnu des visages familiers qui lui firent chaud au coeur. Une foule oui, pas de mille personnes mais une masse suffisante de gens pour ne pas que leur cri de rage soit tourné en ridicule.

Alors que l'heure du départ arrivait, le fabricant se placa en hauteur sur un banc et éleva le niveau sonore de sa voix grâce à un Sonorus.

-Bonjour à tous ! Pour commencer, je voulais remercier du fond du coeur toutes les personnes présentes ici à mes côtés. Zachary Heel a été enlevé il y a plus de deux mois. Et personne ne semble se soucier de cette injustice. Mais nous, nous ne sommes pas d'accord ! Je suis ébahi chaque jour du silence des politiques. Nous avons une voix ! Et un message à faire passer ! Ensemble ! Pour lui !

Galvanisé, le fabricant leva le poing avant de redescendre. Il ne dirait plus rien à la foule durant la marche et laisserait d'autres inventer des slogans. Lui resterait publiquement muet pour donner une image forte et dénoncer l'égoïsme ambiant. Et puis surtout, il voulait garder quelques mots pour ceux qui s'étaient déplacés à sa demande. Ils étaient nombreux.

Hope

C'était par le bouche à oreille que le prêtre avait apprit qu'une marche pacifiste se tiendrait à New Phoenix. Il était loin d'être l'homme le plus connecté de l'univers, ou bien si, mais alors à des forces transcendantales, ce qui ne l'aidait pas beaucoup à se tenir au courant de l'actualité. Pour cela il lui fallait faire comme tout le monde : se tourner vers les média ou échanger avec son prochain. Il avait apprit la nouvelle d'une façon extrêmement fortuit et banale. En se rendant chez une commerçante il avait remarqué une coupure de journal affichée sur la porte vitrée. Elle lui expliqua de quoi il était question, et il tomba littéralement des nues quand il comprit que ce jeune garçon qui avait été enlevé par les inquisiteurs, n'avait toujours pas été libéré. Certes il ne faisait pas toujours très attention à ce qui se disait dans la presse ou à la radio, mais cela faisait presque deux mois et on en avait plus entendu parler. Naïvement il avait pensé que l'affaire avait été conclue, et le sorcier rendu à sa famille. Pourtant c'était l'un de ses proches, qui excédé par la léthargie politique, avait prit l'initiative de remettre le sujet sur la table.

Armand se sentit aussitôt envahit d'un sentiment trouble, mélangeant à la fois colère, peine et admiration. Son ressentiment il l'adressait aux autorités. Comment en 2030 dans un pays qui se disait libre et juste, on pouvait kidnapper publiquement un garçon et le retenir enfermer sans en être inquiété ? Et puis il était aussi en colère contre lui même et contre le public qui avait aussitôt oublié cette histoire scandaleuse, et les média qui malgré leur sois disant intégrité avaient laissé couler une affaire pareil. Bien entendu sa haine la plus profonde allait aux inquisiteurs, ces imbéciles imprudents qui se permettaient n'importe quelle audace, même la plus grossière.

Derrière cette brûlante colère se trouvait une tristesse sourde, associé à de la culpabilité. La famille de ce garçon devait terriblement souffrir, et lui il n'y pensait même pas. S'il avait su, il aurait essayé être là pour eux. Il avait beau savoir qu'il ne pouvait pas aider tout ceux qui en avaient besoin, il était terrassé par un un lourd sentiment d'impuissance et de honte. Pourquoi ne s'était il pas mieux informé ? Cela avait aucun sens de vivre reclus comme il le faisait, à attendre un message de l'Au Delà, alors que près de lui ses semblables souffraient. Il s'en voulait de s'être montré aussi égoïste et feignant. Il se promit de réformer sa conduite, et de se montrer plus actif et plus alerte de l'actualité. Même s'il savait que tout cela lui causerait une tristesse immense, il n'était plus temps de chercher à se préserver. Il se rendrait à New Phoenix, manifesterait à la marche, et rencontrerait la famille de ce garçon pour leur témoigner de son soutien. Cependant quelque chose l'interpellait, il avait beau relire l'article, il ne trouvait comme proche que ce monsieur Beller, celui là même qui avait décidé de répondre à l'injustice dont était victime son neveux. Où étaient donc les parents du garçon ? Est ce que c'était le journaliste qui avait décidé de ne donner la parole qu'à un seul membre de la famille ? Il se dit qu'il en discuterait avec Cyrius, peut être serait il capable de bien lui résumer toute cette histoire. En tout cas il admirait beaucoup cet homme pour le courage qu'il puisait au fond de lui.

S'étant concerté avec Cyrius pour se retrouver à la manifestation, Armand s'y rendit à l'heure prévu. Réajustant ses lunettes sur son nez, il scuta la foule à la recherche du journaliste. Il lui avait parlé de sa sœur au passage, peut être comptait il venir avec elle ? Dans le doute il chercha du regard un couple de deux personnes. Lui même ne devait pas être très difficile à voir au milieu de la foule, avec sa silhouette noire longiligne, cintrée par sa soutane qui le couvrait de la cheville à la gorge. Sur sa poitrine tombait une croix d'argent au bout d'une longue chaîne. Il n'avait pas de sac et rien dans d'autre dans ses poches que son téléphone, son portefeuille et sa baguette, et une petite aumônière en cuir noir remplit de craies attachée à sa ceinture.

Sorcier moderne, à sa façon dirons nous, il sortit son portable pour voir si Cyrius l'avait contacté. Aucun nouveau message, il soupira. Le précédent échange avec Alice était bien en vue sur sa boite de réception, et il sentit son cœur s'accélérer subitement. Il tenta de réprimer un sourire bête qui menaçait de déformer son visage. C'est vrai qu'elle habitait dans cette ville, il n'avait pas fait le lien tout de suite, mais maintenant il n'avait pas à ne plus y penser. Armand ne savait pas si il espérait ou non la voir. Mais de toute façon là il faisait encore jour alors il n'y avait aucune chance. Il n'avait pas oser lui proposer de se retrouver après, déjà parce qu'il s'était dit qu'il allait certainement la déranger, et ensuite parce qu'il avait déjà invité Cyrius. Il n'avait absolument aucune envie que ces deux là se rencontrent. Elle vivait dans le secret de son cœur, et qui plus est il était certain d'essuyer les sarcasmes de ce gamin très beau né de la dernière pluie. Non content d'être beaucoup plus beau que lui, ce qui bien entendu le dérangeait, il était certain qu'il serait suffisamment perspicace et caustique pour lui faire remarquer tout le grotesque de sa pitoyable situation sentimentale.

Un son retenti dans la foule et une voix dans un Sonorus s'éleva au dessus des autres. Un homme venait de monter sur un banc pour faire une déclaration. Armand comprit aussitôt qu'il s'agissait d'Ernie Beller, et écouta attentivement ses paroles, partageant pleinement ses sentiments.

And for freedom

   Le jour se levait. Les premiers rayons du soleil commençaient à entrer par la fenêtre ouverte de la pièce. Assise sur une chaise appuyée en équilibre sur son bureau, endormie la bouche ouverte, Anahia rêvait encore.

Un hiboux s'engouffra alors dans la salle d'étude et vint atterrir gracieusement sur l'amas informe de papier qui s'étendait sur la table de travail. Il poussa un cris aigus, ce qui eu pour effet de réveiller instantanément la jeune femme. Elle bascula en avant et manqua de tomber. Mais la nature lui avait offert l'équilibre ce qui lui évita de s'étendre comme une crêpe sur le sol.

"Qu'est ce qu'y a qu'est ce que c'est ?!"

Un second cris lui fit comprendre quel était l'infâme créature qui l'avait tirée du sommeil. Baillant sans gène et grommelant des jurons, elle tendit la main vers le journal que lui présentait l'oiseau et paya le prix de cette feuille de choux qu'elle lisait vaguement chaque matin. L'animal ne demanda pas son reste et reprit son vol, non sans laisser deux trois plumes sur le bureau. Délaissant le quotidien, elle tendit le bras vers son paquet de cigarettes et s'en alluma une, puis attrapa la théière qui trainait là et se servit une tasse de thé froid.

Soufflant par réflexe sur la tasse (et aussi parce qu'elle avait encore la tête dans le c**),
elle tenta de se souvenir de ses rêves. Exercice difficile surtout quand un abruti de volatile démon vous en sortait sans prévenir.

"Voyons, il y avait une grande vague grouillante de poisson, des points levés vers le ciel…des chants…un homme à sauver…qu'est ce que ça doit bien vouloir dire ?"

Elle porta la cigarette à ses lèvres et tira une longue bouffée de nicotine. Ses yeux se baladèrent tranquillement dans la pièce. L'espace était totalement rempli de pancartes et de banderoles de toutes tailles, portant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les messages enchantés qu'elles portaient c'étaient eux aussi réveillés et changeaient régulièrement. Malgré ce spectacle, il fallut à Anahia une bonne minute avant de réagir.

"Oh putain la manif !!"

Se relevant d'un coup, elle fit tomber sa chaise et jeta un coup d'œil à la course du soleil.

"Putain de putain je suis à la bourre!!!"

D'un coup de baguette, elle rassembla toutes les pancartes qu'elle avait fait toute la nuit durant avec quelques élèves volontaires (enfin ça c'est ce qu'on dit pour pas dire gros fayot…ou élèves en retenue) et les rangea dans un sac à dos qui avait été préalablement enchanté à l'aide d'un sort d'extension. Elle passa rapidement par sa chambre, quitta ses vêtements sales et enfila un jean digne des plus grandes stars du grunge ainsi qu'un T-shirt sur lequel était inscrit "Les frites c'est la vie…la bière aussi!!"(souvenir d'un lointain séjour en Belgique, pays ô combien merveilleux). Quand ce fut fait, elle quitta la pièce, direction New Phoenix.

Inutile de vous raconter le voyage qui fut le sien, car il se fit dans la précipitation, ponctué de "putain" réguliers et démonstratifs.

Après un transplanage rapide et légèrement déroutant (quand on a avalé une brioche entière avant de partir ça pèse sur l'estomac), la jeune femme arriva enfin sur le lieu du rassemblement de la manifestation pour la demande de libration du jeune Zachary Heel. C'était Ernie, un ancien camarade de classe de Salem qui l'avait invité à se joindre à la marche. Elle ne connaissait pas le jeune homme et n'avait appris son histoire qu'à travers les quelques articles de presse qui étaient parut. Pourtant, cette histoire la touchait profondément, et il n'avait pas fallu longtemps à Ernie pour la convaincre de venir.
Priver quelqu'un (sorcier ou non d'ailleurs) de ce qu'elle considérait comme le plus fondamental des droits, c'est-à-dire la liberté, était pour elle la pire des injustices (avec le fait d'arriver à la cantine et de ne plus avoir de pizza mais des vieux vol-au-vent tout secos). Où étaient donc les Rois français et leurs lettres de cachet ?
De plus, la pauvre victime n'était en soi pas beaucoup plus âgée que ses propres élèves, ce qui rendait pour cette enseignante (un peu folle) mais très attentive et attachée (à ses sales petits morveux) le transfert et donc l'empathie d'autant plus aisé.

Depuis quelques temps, une peur l'habitait : la peur de voir une nuit ses jeunes élèves tirés de leurs lits par des hommes encapuchonnés et menés à des baraquements pour les voir s'entasser comme des animaux. Parfois, en songe, elle rêvait d'eux, leurs grands yeux écarquillés braqués sur elle, comme une terrible accusation.
Ces visions revenait souvent, depuis qu'elle avait lu l'histoire de Zachary. Réelle prémonition ou crainte personnelle, elle était incapable de le dire. Mais ce qui était sur, c'est que ça l'avait décidé à œuvrer pour cette cause.

Rejoignant le centre de la foule où se trouvait Ernie, elle sortit les pancartes et banderoles conçues par ses ptits merdeux adorés, elle les distribua aux personnes qui commençaient à se rassembler. Elle écouta religieusement les paroles de son ancien camarade et ce fut avec les autres, dans un même mouvement, qu'ils commencèrent leur marche, le poing bandit vers la liberté.

I hope you're alright

Cela faisait presque deux semaines qu'Aurelia se trouvait à New Phoenix et qu'elle avait quitté sa maison. Au début les choses avaient été impossible à vivre. Elle s'était retrouvée dans cette immense ville, qu'elle ne comprenait pas vraiment. Son monde avait été sans dessous dessous. Le monde hybride qui accueillait moldu et sorcier, était bruyant. Il n'y avait pas le genre d'atmosphère comme celui qu'on trouvait à Boston. Jusqu'à présent la jeune femme avait été capable de vivre avec l'argent qu'elle avait prit avec elle. La jeune femme avait trouvé un endroit un peu étrange où elle pouvait dormir. Cependant, maintenant, elle ne savait que faire. La sorcière n'avait pas beaucoup d'atouts à son grand désarroi. Elle n'était pas une très bonne sorcière et elle n'avait reçu de l'instruction que par sa mère. Rien pour prouver la moindre de ses compétences. Son seul véritable don c'était la botanique. A part cela, elle se trouvait sans emploi, incapable de savoir ce qu'elle allait devenir. La jeune femme ne savait même pas par quoi commencer. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait faire pour commencer à se sortir de cette situation. Au début, son plan était de retrouver Zachary. Il lui avait toujours dit qu'il lui apporterait son aide si elle se décidait à sauter le pas pour quitter sa famille envahissante et contrôlante. Malheureusement, en arrivant à trouver son domicile, elel s'était rendu compte que le jeune homme ne s'y trouvait pas. Une voisine âgée l'avait remarqué et lui avait appris la nouvelle. Aurelia avait été tétanisé, incapable de réagir. La jeune femme n'avait pas beaucoup d'amis et des hommes encore moins. Elle s'était vraiment attaché à Zachary, qui l'avait même sortie de pas al de mauvais pas. Ensemble, ils avaient affronté des acromentules, des salamandres et il avait même accepté son petit problème.  

Après cela, elle avait passé quelques journées à pleurer. A force de penser à cela en priorité, elle avait fini par oublier de prendre sa potion et l'une de ses personnalités, s'était réveillé pour prendre sa place. C'était bien entendu Cecily. Cette dernière avait été sur le point de transplaner pour retourner à Boston, mais elle en avait été empêchée par la force combinée des trois autres. Pour eux, ce n'était pas un problème qu'Aurelia ait décidé de partir de Boston et de chez sa famille, pour tenter sa vie ailleurs. Elizabeth était d'ailleurs en partie ravie, puisque cela lui donnait la possibilité de croiser davantage d'individu de sexe masculin. Elle n'avait eu de cesse de lui rappeler cette fâcheuse aventure avec Peter Weston. Aurelia sentait toujours son visage devenir rouge lorsqu'elle y pensait. Elle avait été à deux doigts de perdre sa virginité contre son gré avec un parfait inconnu. Certes c'était une célébrité dans le monde des sorciers, mais elle ne savait pas vraiment qui il était. Sans l'intervention de Faith et de la potion, elle n'aurait probablement pas eu le choix. Pourtant, au dernier moment, elle avait réussi à reprendre la main. Ce baiser… Il avait été si doux et si envoûtant. Aurelia n'avait jamais sû la sensation que l'on pouvait avoir quand on embrassait quelque chose et cela l'avait assez chamboulé. Elle avait probablement passé pour une folle aux yeux du joueur professionnel de Quidditch et ne le reverrait très certainement jamais. Aurelia se rassurait de cette manière, parce qu'elle devenait incapable d'aligner quelques mots dès qu'elle entendait son nom. Sa capacité à maîtriser ses émotions étaient très importantes pour que la potion soit efficace. Depuis quelques années, cette dernière avait de plus en plus de raté ce qui avait pour résultat d'offrir une porte ouverte à ses personnalités multiples.

La jeune femme avait entendu parler de la marche pacifiste qui se tiendrait à New Phoenix, par l'homme qui tenait l'accueil de l'endroit où elle dormait. Cette marche avait pour but de réclamer la libération de Zachary. La jeune femme avait décidé qu'elle s'y rendrait. C'était bien le moins qu'elle pouvait le faire. Elle ne craignait pas de tomber sur quelqu'un qu'elle connaissait parce qu'elle doutait que quiconque qui était dans son cercle d'amitié ou familiale, ne se rendrait là-bas. Quant aux personnes vivant à New Phoenix, elle n'en connaissait qu'un et c'était le sujet de la marche pacifiste. Aurelia aurait voulu être plus utile, mais elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait faire. Se rendre chez les Inquisiteurs, ne lui serait jamais venu à l'esprit tant cela semblait être fou et impossible. Surtout depuis qu'on avait entendu parler de ce qui était arrivé à Saevus Yaxley. La magie n'avait pas beaucoup d'impact et Aurelia était loin d'être une excellente lanceuse de sort. Elle ne pouvait pas se risquer à une mission suicide jusqu'au Bastion. Pour ce faire, elle avait décidé de manifester son soutien de la seule manière qu'elle le pouvait. Elle s'habilla avec la même modestie que d'habitude. Il faut dire que les règles de bienséance de sa mère était fortement ancré en elle et qu'elle ne pourrait jamais vraiment s'en départir. Aurelia eut un petit pincement au coeur en pensant à sa famille. Elle les aimait tellement et son geste les avait certainement meurtrie et peinée. Cependant, en voyant la journée de son anniversaire approcher et les préparatifs de son mariage se faire, la sorcière avait été prise de panique et avait préféré fuir.  

Aurelia ferma la porte de la chambre où elle logeait avec la petit clé en fer abîmé qu'on lui avait donné. Elle salua la femme qui nettoyait le couloir et qui semblait simplement déplacé la poussière plutôt que l'enlever. La sorcière fut encore un peu prise de court quand elle se trouva dehors. C'était vraiment toujours une surprise que de voir toute l'activité de New Phoenix. Peut-être qu'elle ne s'y ferait jamais vraiment. Elle marcha rapidement jusqu'au lieu dont on lui avait parlé. Il y avait une sacré foule autour d'elle. C'était incroyable de voir le nombre de personne qui s'était déplacé. Cela réchauffa son petit cœur en pensant que ces personnes étaient là pour Zachary. Il était impossible que tous le monde le connaisse, mais ils étaient tous réunis pour un même objectif : libérer le pauvre jeune homme de sa captivité forcée. La jeune femme sentit une larme couler sur son visage. Elle pensait à la personnalité si gentil et altruiste de son ami. Il méritait que toutes ces personnes se réunissent parce qu'il était un esprit si ouvert qu'il était impossible de ne pas l'apprécier. Alors qu'elle approchait et marchait dans la foule, elle aperçut un visage pas inconnu et elle se figea un peu inquiète. Quelques coups d'œil autour d'elle la rassurèrent. Il n'y avait personne d'autres qu'elle connaissait. L'oncle de Zachary était là. Elle se rappelait encore de leur rencontre. Lui aussi savait pour Cecily et les autres, au fond de sa tête. Aurelia rabattu la capuche de son sweat. Elle ne tenait pas particulièrement à ce qu'on la remarque. Elle avait pu se rendre compte qu'Ernie Beller était un homme sympathique, mais elle préférait qu'il n'aille pas raconter qu'il l'avait aperçu dans la foule à New Phoenix.

Soudain, à l'heure du départ annoncé, le fabriquant de baguette se mit sur un banc et sa voix résonna partout par le biais d'un sonorus. Aurelia n'aurait pas dû être surprise. Elle avait vu la complicité qu'il y avait entre l'oncle et son neveu. Il semblait normal qu'il s'implique dans ce projet. La jeune femme était juste étonnée que ce ne soit pas les parents de son ami ou un frère ou une sœur qui s'implique autant. C'était à ne rien y comprendre. Elle se concentra malgré tout sur le message que fit passer Ernie Beller pour défendre la cause de son neveu. Il réclamait justice et intérêt pour la pauvre situation de cet homme. Il blâmait aussi les politiciens pour le manque de réaction et de nombreuses personnes semblaient approuver ses paroles. Aurelia regarda autour d'elle et contempla ses visages qui écoutaient religieusement les paroles d'Ernie Beller. La foule se mit en mouvement au moment où le sorcier leva le poing au ciel. Aurelia n'y fut pas particulièrement préparé parce qu'elle était trop occupée à regarder les gens autour d'elle. Quelqu'un la bouscula sans faire exprès et elle se retrouva pousser contre une personne. Elle manqua de perdre l'équilibre et de tomber par terre, mais avec quelques mouvements de bras, elle parvint à retrouver son centre de gravité. Dans toute cette confusion, son capuchon était retombé et elle dû repousser ses cheveux pour apercevoir la personne qu'elle venait de bousculer en tentant de rester debout. Heureusement que cette dernière avait été là. C'était une belle femme, aux cheveux noirs mi-longs, qui semblait avoir une aura mystérieuse autour d'elle. Aurelia la détailla des pieds à la tête, très rapidement, parce qu'on lui avait toujours dit que c'était très mal élevé.

« Pardonnez-moi, je suis terriblement désolé. Je regardais ailleurs et je ne me suis pas rendu compte que tout le monde commençait à bouger. » S'excusa la sorcière.

Au fond d'elle, elle entendit un son qui laissait entendre un certain dédain. Nul doute qu'il s'agissait d'une réaction de Cecily. Aurelia soupira. La potion devenait de plus en plus obsolète. Elle sentait qu'elle pourrait tenir encore un petit moment, mais il était certain qu'elle n'arrivait plus à ne plus entendre les paroles de ces personnalités envahissantes.

fiche codée par Empty Heart

For Freedom

     

   Le cortège se mis en route. Telle une grande vague humaine, toutes les personnes qui étaient venues soutenir la cause (ainsi que quelques curieux qui n'avaient rien de mieux à foutre en cette belle journée ensoleillée) avancèrent, levant vers le ciel bleu, leurs pancartes et leurs voix. Anahia était prête : elle avait été formée dès son plus jeune âge à ce genre de rassemblement pacifique, ayant été élevée dans la tradition immuable du flower power.

Le soleil chaud de New Phoenix lui donnait déjà des envies de top less et de fleurs peintes sur les seins, mais elle aimait trop son T-shirt pour le retirer si tôt dans la journée. Après tout, et ça changeait de ses habitudes, elle n'était pas là pour se faire remarquer, en tout cas pour le moment. Enfin si ça pouvait servir, elle serait la première à faire voler le haut, quitte à se retrouver en première de couverture et à apparaître dans les livres d'histoire (et à faire baver les collégiens pendant des générations).

Mais bon, on n'était pas à une manifestation pour la paix entouré de hippies, et tout semblait terriblement tranquille. Enfin ça, c'était sans compter sur le hasard, qui finit toujours par pointer d'une façon ou d'une autre le bout de son nez.

Sans crier gare, alors qu'elle était en train d'observer avec beaucoup de sérieux les postérieurs d'un groupe de jeunes hommes devant elle, on lui rentra dedans.
On ne peut pas dire que le choc fut violent, mais il est sur qu'il fut soudain et pas du tout anticipé. Et si la jeune femme qui en était la cause réussi à garder les pieds sur terre, ce ne fut pas le cas d'Anahia qui tomba littéralement sur le cul. Heureusement, elle l'avait bien rebondi et n'en tira nulle souffrance autre que celle de sa dignité qui somme toute n'était déjà pas bien haute. Malgré cela, elle ne pu s'empêcher de lâcher quelques jurons pour la forme, jurons qu'elle ravala bien vite en voyant la pauvre créature qui était à l'origine de son malheur s'excuser à tout va.

C'était une très jolie jeune fille aux longs cheveux blonds et aux adorables joues de hamster. Ses grands yeux lançaient des appels de détresse et elle semblait complètement perdue. Anahia se pris immédiatement d'affection pour elle (elle est comme ça, dès qu'elle voit un petit animal abandonné, elle fond et l'adopte…je ne vous dis pas le nombre de chien/chat/perruche et autre rongeur qu'elle a ramené en cachette à Salem…une vraie ménagerie. Le plus notable étant un petit corgi nommé Nostradamus qui la quittait rarement) et oublia d'un coup toute rancœur à son égard.
Elle se releva avec autant de grâce qu'elle pouvait en s'appuyant sur la pancarte qu'elle tenait toujours à la main, et remit son sac sur son épaule en souriant.

" Ce n'est rien, ne t'en fais pas. J'ai l'habitude qu'on me rentre dedans."

N'ayant elle jamais apprit les bonnes manières, elle ne se priva pas d'observer la jolie blonde d'un peu plus près. Elle portait des vêtements simples et discrets, et ses yeux étaient gonflés comme si elle venait de pleurer. Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt ans, et personne ne semblait l'accompagner, du moins en apparence. Mais ses sens lui indiquait que quelque chose de beaucoup plus complexe se cachait derrière ce visage de baby doll.

"Est-ce que tout va bien ? Tu as l'air un peu chamboulée…"

Autour d'elles, les manifestants avançaient en les contournant. Petit à petit, la place où avait eu lieu le rassemblement se vidait. Il fallait avancer si elle voulait rester dans le cortège.

"Tu sais quoi, tu vas me raconter tout ça en marchant, sinon on va encore se faire bousculer, et j'ai assez eu affaire avec le trottoir pour aujourd'hui."

Lui emboitant le pas sans lui laisser le temps ni l'occasion de protester ou de fuir en courant, elle reprit la marche, bien décidée à ne pas abandonner ce pauvre oiseau tombé de sa cage dorée.

Hope

Armand sursauta quand un inconnu se dirigea vers lui en le hélant. Un moment il se demanda si c'était bien à lui qu'il s'adressait, et puis à bien y regarder il ne semblait n'y avoir personne d'autre qui faisait attention à cet espèce d'excentrique. De plus il se rapprochait dangereusement et lui tenait des propos vraiment bizarres.

« Euh... Bonjour... » Bafouilla t il, une expression d'incompréhension marquée sur le visage. « Pourquoi est ce que vous voudriez me mentir ? »

Tout ça n'avait pas de sens, il ne le connaissait même pas ce type ! Qu'avaient donc tout ces américains à s'exprimer comme s'ils avaient gardés les cochonnes ensemble ? Il se ressaisit pour ne pas se laisser totalement déstabiliser par cette avalanche de familiarité inattendue. L'aspect de cet homme était à la fois normal, et en même temps complètement décalé, tout comme ses paroles. Il ne savait pas dit exactement quoi, mais il y avait quelque chose dans son comportement qui était dérangeant. Pourtant il était très poli, et mis à part sa spontanéité il ne savait pas quoi lui reprocher. Peut être était dans son attitude, il avait des mimiques un peu bizarres, et en même temps il n'arrivait pas à exprimer en quoi c'était étrange.

Essayant de faire abstraction de cette gène latente, il lui répondit d'une voix posé, avec beaucoup de gentillesse.

« Il n'y a pas de honte à poser des questions quand on s'interroge, fils. Tout les gens qui sont ici se sont rassemblés pour soutenir la cause de Zachary Heel, un jeune partisan qui est emprisonné dans le Bastion depuis déjà plusieurs mois. Cet homme là bas est son oncle, et il se bat pour que le gouvernement intervienne et oblige ces  pseudo inquisiteurs à le libérer. Il est innocent, et la justice n'agit pas. »

Sa voix se perdit un instant, affligée par la peine.

« Nous ne pouvons pas rester spectateur, il faut faire quelque chose pour faire entendre la voix de la raison et de la paix. »

La marche continuait à avancer, et il était temps d'entrer dans la foule s'ils ne voulaient pas se retrouver à la traîne. Déjà autour d'eux des personnes inventives entonnaient en chœur des slogan, et dans le ciel clair de l'après midi brillait parfois quelques sortilèges qui inscrivait les mots FREEDOM et ZACHARY en lettres enchantées à la façon des feux d'artifices. Le prêtre lui tendit une main amicale et se présenta.

« Je m'appelle Armand, et si vous désirez rester parmi nous, sachez que vous êtes le bienvenu. »

fait

I hope you're alright

Aurelia avait encore du mal à se faire à l'effervescence de la ville de New Phoenix : tout était trop grand, trop nombreux, trop bruyants et trop brillants. Cela aurait été plus simple si elle ne s'était pas retrouvée complètement seule, mais il avait fallu improviser quand ses plans s'étaient retrouvés impossibles à réaliser. Elle aurait pu rentrer à la maison et implorer le pardon de ses parents. Ils l'auraient très certainement reprise et l'auraient enfermés dans un donjon en attendant la cérémonie de mariage. Son père aurait prit sa grosse voix et aurait tempêté pendant des heures et elle aurait dû le supportersans faire le moindre mouvement, même s'il la rendait extrêmement nerveuse quand il se mettait en colère. Sa mère aurait glapit et pousser quelques petits bruits pour montrer son mécontentement. Elle ne prenait jamais la parole pendant que son mari tempêtait, mais elle n'aurait pas hésité à reprendre la main une fois qu'il se serait fatigué de crier. Il soufflait toujours énormément dans ses moments-là, comme s'il avait accompli une course rapide. Son visage rouge ne faisait que renforcer cette impression. Sa mère quand elle finissait de crier, courait se servir son fameux tonique et le buvait en lui jetant des regards noirs. Aurelia ne savait pas ce qu'elle préférait subir. Au mieux, elle préférait éviter cela. Le plus difficile aurait été de subir le regard déçu de son frère qu'elle adorait et les paroles pleines de bon sens de Faith qui lui aurait rappelé qu'elle lui avait déjà dit qu'agir avec impulsivité était complètement stupide. La jeune sorcière ne se sentait pas capable de vivre cela. D'autant plus que revenir, serait un échec et rien ne changerait : elle devrait quand même épouser Ulrich. Elle l'adorait. Il était le meilleur frère que l'on pouvait vouloir. Il était beau, intelligent et il la mettait toujours à l'aise. Cependant, l'épouser… C'était un peu trop pour la jeune femme qui n'avait jamais eu l'occasion de réfléchir à ce que cela pouvait être. Elle ressentait toujours un malaise en pensant à cela. L'amour qu'elle avait pour Ulrich n'était pas vraiment celui qui la guidait vers l'autel.

Ainsi, Aurelia avait choisi de rester à New Phoenix. Il était temps à presque vingt-deux ans, de prendre son indépendance et de faire ses propres choix. C'était un choix véritablement difficile à prendre pour la sorcière, car elle n'avait jamais vécu par elle-même. Elle n'avait jamais fait d'études supérieures et n'avait que peu fréquentéde personnes. Elle se sentait toujours désemparés quand elle croisait une personne de sexe masculin et il lui faudrait vite penser à trouver un moyen de se supporter financièrement. Pour le moment, elle avait toujours les sous de son compte, mais malgré l'argent conséquent à l'intérieur, elle ne pouvait se reposer uniquement sur ce qui se trouvait de-dans. Elle allait devoir trouver un emploi, mais elle ne savait pas vraiment vers quoi ou qui se tourner. Ce n'était qu'une jeune sorcière perdue dans une grande ville trop différente pour elle. La plupart des technologies des moldus la mettait mal à l'aise parce qu'elle ne les comprenait pas ou ne les connaissait pas. C'était vraiment fatiguant de faire tant de découvertes. A la fin d'une journée dans la rue à essayer de comprendre ce nouveau monde qui l'entourait si différent de ce qu'elle avait toujours connu dans le petit Salem à Boston, elle s'écroulait sur le lit de la petite chambre dans laquelle elle résidait en attendant de trouver un véritable chez soi. Parfois, elle avait une certaine nostalgie de son chez elle. Rien ne lui était inconnu là-bas. De plus, la maison abandonnée près du Boston Moldu lui manquait terriblement avec son petit jardin fleuri, sa barrière blanche et la vieille balançoire en bois où elle se rendait pour noircir les pages de son herbier. Plus rien ne serait jamais plus comme avant. Qui sait quand elle retournerait à Boston ? Peut-être même que sa famille allait la renier. Ce n'était pas si improbable que cela. On entendait parfois, parmi les rumeurs, parlé d'untel qui aurait fuit les Mages Fondateurs ou d'une autre personne qui aurait déçu sa famille au point qu'elle ne veuille plus jamais en entendre parler.

Ce n'était pas simple de se lancer dans cette nouvelle vie. Elle aurait voulu la partager avec Zachary. Malheureusement, ce n'était pas possible vu qu'il était en train de croupir dans une prison des Inquisiteurs. C'était vraiment trop triste. Zachary était un garçon si gentil et si ouvert, qu'il semblait incapable de faire le moindre mal à personne. Comment pouvait-on seulement lui vouloir du mal ? C'était incompréhensible pour la jeune femme. Cependant, il fallait avouer qu'elle avait toujours grandi dans un environnement extrêmement protégé. Elle ne connaissant, en vérité, que peu de choseq du pays dans lequel elle vivait. Oh, elle avait lu des livres et Shin Ho lui en avait donné beaucoup d'informations sur le sujet, mais entre la théorie et la pratique, il y avait un monde ou deux. C'était la constatation, qu'elle n'avait pas mise longtemps à faire. C'est ainsi qu'aujourd'hui elle se trouvait dans la grande manifestation qui consistait à attirer l'œil sur la situation critique dans laquelle se trouvait son ami. Cette manifestation avait été organisée par l'oncle du jeune homme, qu'elle avait rencontré. Aurelia ne tenait pas à ce qu'il la reconnaisse parce qu'elle ne voulait pas que sa famille vienne la chercher. Le scandale et la honte seraient un peu trop difficile à supporter. Heureusement, un capuchon et le nombre de personnes ici, lui garantissait une certaine anonymat. C'était ce qui était prévu jusqu'à ce que le mouvement de la foule en marche la fit basculer et bousculer quelqu'un. Si Aurelia parvint à se tenir debout malgré tout, la personne qu'elle avait poussée finit pas tomber par terre, non sans exprimer à grand renfort de jurons sa surprise. La jeune sorcière se sentit particulièrement gêné et s'excusa profondément comme on le lui avait toujours appris. Décidément, pour passer inaperçu on avait vu mieux… La femme qu'elle avait bousculée se releva à l'aide de son panneau avant même qu'Aurelia ne puisse se pencher pour lui venir en aide. Son interlocutrice lui assura qu'elle n'avait pas besoin de s'en faire autant. Apparemment, elle semblait en avoir l'habitude.

« Génial ! Encore une autre connaissance parfaite pour toi Aurelia. » Persifla la voix de Cecily au fond de sa tête.

La sorcière soupira intérieurement. Depuis quelques temps, ces personnalités se manifestaient facilement au fond de son esprit. Elles avaient plus de mal à prendre les commandes, mais elle ne se gênaient pas pour faire des petits commentaires. C'était parfois éprouvant ! Aurelia préféra faire comme si elle n'avait rien entendu puisqu'elle savait pertinemment qu'elle n'aurait jamais le dernier mot avec sa jumelle maléfique dont l'esprit se logeait dans sa tête. En fait, il n'y avait pas que Cecily pour se montrer agaçante. Ses autres personnalités n'étaient jamais en reste. Même si elles étaient plus agréables que cette dernière, elles avaient aussi beaucoup à dire sur différent sujet. Elizabeth voulait faire de nouvelles rencontres et principalement de beaux jeunes hommes. Aurelia entendait parfois un de ses commentaires quand elles en croisaient un. Ely semblait incapable de comprendre que la petite blonde avait du mal à aligner quelques mots en présence d'un garçon et que son expérience avec Peter Weston restait source de malaise. Ely la trouvait un peu rabat-joie parce qu'elle ne semblait pas vouloir profiter de sa jeunesse comme elle le devrait. Shin Ho, lui, aurait préféré qu'elle lui laisse la main pour faire des expériences et aller perdre son temps dans les bibliothèques de la ville. Quant à Dagmar, la petite fille pleureuse et peureuse, elle ne souhaitait que retrouver le réconfort d'un animal de compagnie pour pouvoir être heureuse. Aurelia se demandait parfois comment elle faisait avec eux tous. C'était vraiment difficile et la potion censée lui permettre de se débarrasser de leur présence vraiment encombrante était en train de devenir un produit obsolète. Pourtant, cela n'avait pas été simple de l'obtenir. Aurelia frissonna au souvenir de Perceval, le guérisseur qui l'avait mise au point. Elle gardait le souvenir de ses mains froides sur sa peau et de ses yeux emplis de folie. Il était la personne la plus effrayante qu'elle n'avait jamais connu. Même le père de son amie Ilaria ne lui faisait pas aussi peur. Perceval était l'essence même de ses cauchemars quand ces derniers venaient la troubler.

Pour en revenir au moment présent, la très belle femme mystérieuse qu'elle avait bousculé lui demanda si elle se sentait bien parce qu'elle semblait être chamboulé. Aurelia sentit une vague de reconnaissance la frapper en entendant sa question. Il était vrai que les derniers événements n'avaient pas été facile à vivre et il y avait bien entendu son handicap et ses difficultés qui la rendaient un peu fébrile, perdue et désireuse de trouver une solution. Il lui fallait affronter tout cela par elle-même et c'était moins simple qu'elle ne l'aurait cru. C'était difficile de tout garder pour soi et de n'avoir personne à qui se confier. Dans ces moments-là, Aurelia regrettait la présence d'Ilaria, de Juliet ou même de Delphine. Ses connaissances les plus proches étaient toutes des femmes, très différentes, au demeurant. Cependant, leur amitié avait été très précieuse pour la jeune sorcière. Elle pouvait compter sur leur loyauté et leurs conseils sincères. Ici, à New Phoenix, elle était complètement seule. Il n'y avait bien que Zachary qu'elle connaissait réellement dans cette grande ville qui semblait ne jamais dormir. La solitude était terriblement pesante et les paroles sympathiques de la belle femme lui mirent les larmes aux yeux. Aurelia voulait être forte, mais c'était plus dur qu'on ne le lui avait fait croire. Le courage n'était pas une chose simple qui était en chacun par défaut. Il fallait puiser au fond de soi pour aller le chercher et l'user au bon moment au bon endroit. Autour d'elles, les manifestants avançaient, les contournant pour suivre le chemin tracé pour l'événement. Il semblait important de faire une décision : avancer ou s'écarter. Son interlocutrice décida qu'il valait mieux suivre les manifestants et qu'elle pourrait lui raconter tout cela en marchant. Aurelia n'y guère le temps de dire quoi que ce soit et fut entraînée à la suite de la belle inconnue. Elle rabattit son capuchon sur ses cheveux et suivit le mouvement.

« Je suis encore désolé de vous avoir bousculé. Tout est si étrange ici dans cette ville et je suis encore terriblement perdue. » Avoua Aurelia. Elle avait tellement envie de se confier à quelqu'un. N'était-ce pas ironique de parler de ses problèmes alors que son ami vivait dans une prison en ce moment-là. « Tout ici est trop rapide, trop dur, trop bruyant. J'espère que je serai capable de m'adapter à cette ville rapidement… C'est ici que je vais vivre maintenant et cela fait peu de temps que j'y vis. Je ne sais pas où commencer ou quoi faire. Est-ce que vous vivez ici ? » Lui demanda la jeune femme.

Au fond de sa tête, le ricanement de Cecily ne tarda pas à se faire entendre. C'était un son crisant qui pouvait irriter n'importe qui.

« Oh pauvre petite ! On est partie et maintenant on a du mal à assumer. Pauvre bébé, pauvre petite ! Tu aurais mieux fait de réfléchir avant de filer en douce de chez toi. On avait tout ! Qu'est-ce que le mariage avec Ulrich pouvait... »

Aurelia avait essayé de faire le vide dans sa tête pour ne plus entendre la voix méprisante de l'esprit de Cecily. L'écouter ne faisait que la rendre encore plus sur des chardons ardents et c'était tout ce qu'elle voulait éviter en ce moment. Elle n'avait pas besoin de ce genre de remarques. Ce qu'elle voulait c'était se tourner vers un meilleur avenir. Être en possession de son propre destin et faire des choix personnels sans qu'ils soient dictés par la morale conservatrice et le devoir que lui imposaient ses parents. C'était la seule chose qu'elle désirait ainsi elle espérait, qu'elle pourrait enfin devenir la femme indépendante et forte qu'elle aspirait à devenir. Le monde avait tant à offrir et elle était curieuse malgré son extrême prudence. Elle était un esprit libre qui n'attendant qu'un peu d'air frais et une opportunité de se dévoiler. Des années à réprimer ses désirs pour se conforter à ceux de ses parents, c'était impossible d'en venir à bout en quelques jours. Il n'y avait pas qu'eux en cause, bien entendu. Malgré leur traitement un peu étrange, elle savait qu'ils l'aimaient et qu'ils voulaient son bonheur même si ça se limitait à leur vision du monde et de ce qu'elle devait faire. Cela avait marché pour Ulrich et Faith. Ils ne pouvaient envisager que cela ne puisse être le cas avec leur benjamine. Aurelia n'était pas comme son frère et sa sœur. Elle aspirait à autre chose que la vie que les Jenkins avaient toujours connus.

« Désolé, je n'aurai pas du vous importuner avec mes soucis. » finit par dire Aurelia qui se sentait mal de s'ouvrir comme cela à une parfaite inconnue. « Nous ne nous connaissons pas… En plus de cela, je vous parle de mes problèmes alors même que nous sommes ici pour Zach, qui vit des choses hautement plus pénibles. »

Aurelia avait appris qu'il ne fallait jamais importuner les gens. Il fallait toujours présenter un visage avenant et une conversation passionnante. Personne n'aime entendre les problèmes des autres, ne cessait de répéter sa mère durant ses leçons de bienséance. Il ne fallait jamais prendre la parole pour parler de sujets fâcheux. C'était toujours délicat pour l'interlocuteur de vous faire comprendre ensuite que vous l'ennuyez. C'était le comble de l'inconvenance pour la matriarche de la famille Jenkins. Aurelia n'était pas vraiment d'accord, mais les leçons étaient ancrées en elle et elle avait bien du mal à s'en débarrasser.

fiche codée par Empty Heart

For Freedom

     

  Suivant le pas lent des manifestants, les deux femmes avaient reprit leur marche. Le soleil n'était pas encore très haut dans le ciel bleu azur, mais déjà une forte chaleur envahissait le cortège. Malgré le bruit ambiant et les très nombreuses distractions (un groupe de jeunes hommes forts séduisants c'étaient en effet déporté à leur hauteur), Anahia écoutait avec attention le discours de la jeune femme qui semblait encore plus paumée qu'elle ne l'avait envisagée. Elle semblait n'être en ville que depuis peu de temps, et paraissait affronter ce changement d'univers seule, enfin pas si seule que ça.

"Si tu trouves que c'est bruyant et surpeuplé ici, ne va jamais à Rome en plein mois de Juillet…c'est l'enfer, surtout la Sixtine…"

Cette réflexion était bien sur ironique. Il était impossible depuis la création du Dôme de se rendre dans la vieille Europe et d'en découvrir les merveilles. Et même s'il arrivait à l'enseignante de regretter ses jeunes années, elle savait pertinemment qu'elle avait eu beaucoup plus de chance que tous les jeunes d'aujourd'hui, car elle avait pu voyager et découvrir des terres désormais invisibles. Elle revit avec un sourire défiler des images dans sa tête, images de ces découvertes artistiques et architecturales qui étaient étrangères à son enfance passée dans les forêts du Grand Nord et qui avaient changé sa vision de l'art et de la beauté. Et même si Boston était une belle ville, elle paraissait fade et norme face à la splendeur de cités millénaires telles que Jérusalem, Istanbul, Paris, Prague ou Venise. Comparé à la lumière de l'Italie, le soleil écrasant de New-Phoenix était bien pâle.
Laissant libre cours au défilement de ses souvenirs, elle n'en était pas moins d'accord avec son interlocutrice. Ici tout allait bien trop vite. Les hommes, la technologie (qu'elle soit moldu ou magique), tout n'était que veine effervescence, et à la fois, c'était tellement grisant de se sentir ne faire qu'un avec la foule et sa dynamique. C'était tellement reposant. Dans la foule, l'agitation et le bruit, les voix des ombres qui chantaient en permanence dans sa tête s'estompaient pour laisser place aux hurlements déchainés des vivants. Le kiff.
La question d'Aurélia la ramena à la réalité.

"Non, je suis de passage pour la manifestation. Je vis actuellement à Boston, je travaille là-bas depuis quelques années."

Lorsqu'elle prononça le mot "Boston", Anahia sentit la jeune femme se raidir. Sans capter le sens que cette ville avait pour elle, elle comprit que ça ne devait pas être pour elle une destination de rêve. Cherchant un moyen de détendre un peu l'atmosphère, elle se rendit compte qu'elle avait terriblement soif et faisant balancer son sac à dos vers l'avant, elle y plongea la main pour en sortir une petite bouteille en verre qui ne portait pas d'étiquette. Le liquide qu'elle contenait était légèrement troublé et un dépôt occupait le fond du récipient. Avec l'avoir débouché et en avoir bu une longue gorgée bienfaitrice, elle lui tendit la bouteille. Devant le regard dubitatif de la jeune adulte, elle rit sincèrement.

"Ce n'est que de la limonade ne t'en fait pas. Il faut s'hydrater dans ce genre d'évènement, sinon tu ne tiendras même pas une heure."

Après avoir récupéré, refermé et rangé le breuvage, elle se dit qu'elle aurait peut être mieux fait de sortir sa flasque de whisky pur-feu, c'était peut être ce qu'il aurait fallut à la pauvre créature pour acquérir un peu de confiance en soi dans ce nouveau monde inconnu qui l'attendait. Mais conscience professionnelle oblige (et un peu d'avarisme aussi…ça vaut une fortune le whisky écossais seize ans d'âge), elle se retint et se demanda si ce n'était pas le moment de se diriger avec le grand rugbyman qui dominait la foule à dix mètres devant elles. Mais elle écouta toutefois les paroles de sa voisine de marche et ne pu s'empêcher de penser à l'éducation merdique qu'avaient du lui donner les parents de la petite pour qu'elle ai aussi peu de considération pour elle-même.

"Tu sais, ce n'est pas parce que d'autres vivent des moments difficiles que tu dois oublier tes propres problèmes. Bien sur ça fait relativiser, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut s'oublier et ne pas laisser entendre sa voix. Ce que doit être en train de vivre Zachary est terrible, et c'est pour ça qu'il faut se battre pour que cette injustice s'arrête, mais qui sommes-nous pour juger de la souffrance des gens. Un homme en exil qui ne reverra plus jamais les siens a-t-il une souffrance plus légitime de la mère a qui on a enlevé un enfant ? Pourquoi cette femme (et elle pointa une brune entourée de quelques amies à deux pas d'elles) qui vient de se faire plaquer aurait-elle moins le droit à la parole que celle-ci (elle pointa une autre femme, seule, les yeux masqués par de grandes lunettes de soleil) qui se fait cogner par son mari depuis dix ans. Tous le monde à le droit à la parole, toutes les souffrances mérites d'être entendues, et qu'on y mette un terme."

Elle était volontairement ici radicale dans ses propos, mais la moutarde lui était monté au nez et elle refusait de voir la jeune blonde se refermer si vite sur elle-même. Bien sur, elle ne pensait pas l'entièreté de ses paroles, et selon elle, certaines personnes méritaient juste de crever dans les pires souffrances de préférence enterrée dans le sable avec des scorpions qui viennent vous grignoter le nez en plein soleil de désert (notamment la concierge de Salem qui faisait exprès, elle en était sur, de laver le sol devant la porte de son bureau juste avant qu'elle ne parte en cours juste pour qu'elle se casse la gueule). Elle en avait marre d'entendre les gens répéter des "nan mais de quoi tu te plains, elle est pas si mauvaise la nourriture de la cantine, et puis tu sais dans certains pays, les gens ne mangent même pas ça en une semaine…alors hein"…alors hein SHUT UP !! Si je veux dire que la bouffe de la cantoch' c'est dégueulasse j'ai le droit de le dire et puis merde, et si j'ai un problème avec ma conscience, j'enverrai des dons à MSF, point.
Contrarié par le non-nombrilisme de ces personnes qui n'agissaient ainsi que dans le but de soulager leur petite vie morose et inintéressante, elle s'alluma une clope avec fougue et panache, heureuse d'être parfaitement égocentrique et bien dans ses pompes. Bien sur elle ne pensait pas que la jeune femme, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, faisait parti de ces gens qui cherche à faire le moins de remous autour d'eux pour se donner un genre, mais qu'elle en était plutôt un dommage collatéral. Pauvre victime d'une éducation d'arriéré élevée tout juste pour servir de potiche à un mari bedonnant. La regardant du coin de l'œil, elle pensa à tous ces autres jeunes qui comme elle, vivait ainsi, avec la laisse d'un avenir sans vie.
Et il allait lui en falloir du courage à la petite pour se libérer de ses entraves, mais si elle marchait ici seule, c'est que le changement était en route.

"Excuses mon blabla…c'est une déformation professionnelle. Ce que je veux dire c'est que si tu as quelque chose sur le cœur, mais crie le sur tous les toits, et n'ai pas peur d'aller vers les inconnus et vers l'inconnu…et d'ailleurs…"

Serrant les dents sur sa cigarette pour ne pas la faire tomber, elle tendit sa seule main libre vers la jeune femme (l'autre tenait toujours la pancarte).

"Bonjour, je m'appelle Anahia, j'ai 38 ans, je suis canadienne et j'enseigne la divination à Salem. Voila maintenant je ne suis plus une inconnue."

Pour Zach

Ernie, même dans ses rêves les plus dingues, n'aurait jamais imaginé être entouré d'autant de personnes, défilant au même pas dans les rues de New-Phoenix.
En fait, ça l'émouvait beaucoup. Il marchait en silence, se retournant quelques fois parce qu'il n'en croyait pas ses yeux : c'était une si jolie foule et il aurait aimé que Zach puisse savoir que personne ne l'oubliait, ça non.
Oui, c'était décidément un moment à part, quelque chose de presque gracieux, un rassemblement pacifique pour libérer un innocent.
Il y avait beaucoup de visages connus et Ernie échangeait quelques mots ou un simple regard reconnaissant avec eux. Il avait même aperçu Aurélia, cette jeune femme amie avec son neveu et qui avait un fameux trouble de la personnalité. Il ne prit pas mal le fait qu'elle baisse les yeux face aux siens ou qu'elle ne vienne pas le saluer. Elle ne voulait de toute évidence pas que ses parents n'apprennent qu'elle se trouvait sur le territoire des partisans. Si Zach n'avait pas été si présent dans son esprit, il aurait entendu qu'elle s'était enfuie de chez elle, ce genre de choses, même voulant rester secret, finissait toujours par circuler dans les artère d'une ville comme Boston.
Mais il n'en savait rien et il respecta sa volonté de rester anonyme dans une foule d'anonymes.

Jamais dans sa vie il ne s'était senti aussi entouré mais également aussi seul. C'était assez paradoxal comme sentiment. En effet, depuis l'enlèvement de Zachary, Livie et lui semblaient mener un combat envers et contre tous. Presque perdu d'avance face au silence des politiques.
Il se sentait si impuissant. Seul dans sa douleur que personne - si ce n'est peut-être la jeune compagne de Zach - ne pouvait vraiment le comprendre.
Comprendre sa colère. Sa rancoeur. Sa peur. Ses idées plus terrifiantes les unes que les autres. Ses cauchemars. Son manque cruel de ressources depuis qu'il avait plus ou moins fermé sa boutique pour consacrer tout son temps à tenter d'alerter les politiques pour que ceux-ci puissent peut-être libérer son neveu des griffes des Inquisiteurs. Non, personne ne pouvait comprendre. Son impuissance et sa culpabilité. Ces moments où son esprit quittait presque son corps et qu'il fonctionnait en pilote automatique. Ces autres instants où tout tournait trop vite autour de lui, dans un flou égoïste et ironiquement artistique.
Et cette question qui restait plaqué en fer blanc sur son cerveau douloureux : est-il seulement encore vivant ?

Aujourd'hui, face à ce regain d'énergie, uniquement dû à Yaël, cette médicomage qu'il avait rencontré seulement  quelques jours auparavant, il oscillait entre espoir et désespoir. Émerveillé de ne pas marcher seul, dégoûté en se disant que cela ne pouvait au fond, peut-être rien changer. Les politiques allaient continuer leur petite vie pépère. Et les inquisiteurs garder encore son neveu impunément.
Aujourd'hui, il se sentait fort et fragile en même temps. Très à fleur de peau, il était parvenu à ne jamais s'énerver face aux personnes, suffisamment gentilles et saines d'esprit pour faire le déplacement, qui venaient lui glisser quelques mots d'encouragements ou lui faire la causette.
Entraînant la foule dans la ville dans un itinéraire convenu d'avance avec les forces de l'ordre, ils arrivaient peu à peu devant ce lieu symbolique où Zachary avait été enlevé avec Saevus Yaxley, sauvant le fils de celui-ci. Comment ce leader déchu ne pouvait pas s'investir un peu plus pour aider celui qui s'était sacrifié pour Héres?
Il n'était qu'un hypocrite voilà tout.
S'arrêtant au pied de la tour Yaxley, il se retourna et adressa un petit sourire à la foule rassemblé. Il brandit sa pancarte "Speechless" pour répondre au brouhaha ambiant qui commençait à se calmer.
Il n'avait plus envie de parler. Il voulait juste occuper l'espace. Montrer que son silence était parfois bien plus bruyant que ses cris. La sécurité, pourtant prévenue de leur arrivée, était sur les dents. Mais Ernie était contre toute manifestation de violence.
Quelques journalistes en profitèrent pour lui tirer le portrait. Il y avait et des moldus et des sorciers. Ils se mouvaient avec aisance dans la foule, allant interroger le plus de personnes possibles, recherchant le "témoignage choc". Un sentiment de lassitude s'empara de lui en pensant à toutes les interviews qu'il avait obtenu et qui l'attendaient en fin de journée. Puis, en regardant le visage de son neveu, tout sourire, sur de nombreux t-shirt et pancartes, il se traita de vieux chnoque. Ca oui, dans tous les journaux et même devant cette étrange machine qu'utilisait les moldus, il allait faire passer son message. "N'oubliez pas que les Inquisiteurs détiennent illégalement un innocent. Nous demandons sa libération".

Héres, plongé dans l'administration quotidienne d'une ville qui oubliait vite tout ce qu'on faisait pour elle, pouvait donner l'image d'un homme totalement concentré su son travail.
Aujourd'hui, ce n'était pourtant pas le cas. Il n'avait pas pu manquer l’événement avec l'énorme publicité qu'Ernie Beller avait fait pour sa marche pacifique envers Zachary, aussi, il était aux aguets. Attendant l'arrivée du cortège qui devait s'arrêter devant la tour Yaxley, et dont l'itinéraire lui avait été transmis la veille.
Tout la matinée, il avait pesé le pour et le contre. Devait-il descendre et afficher son soutien au fabricant de baguette et, par extension, à son ami qui l'avait sauvé d'une mort certaine ?
Il n'y avait aucun doute à avoir la dessus. Héres était de tout coeur avec Zach, prisonnier depuis trop longtemps des mains des Inquisiteurs et qu'il avait longtemps pensé mort. Cependant, son nouveau statut et ses responsabilités politiques lui avaient d'un côté libéré de l'emprise de son père disparu de la circulation, mais également de l'autre côté, lui avaient liés les mains, le limitant dans ses mouvements. Il n'y avait pas de doutes dans le fait qu'en descendant, il ferait face, seul, à de nombreux détracteurs.

Ernie Beller regrettait le silence des personnes importantes de ce pays sur le sort de son neveu. Il est vrai que cela avait été le cas, et même du côté que le jeune homme représentait à présent.
Que pouvait-il faire ? Il ne voulait pas déclencher la guerre et ses concitoyens ne comprenaient pas que pour préserver la paix, il fallait faire de nombreux sacrifices. Sa marche de manoeuvre était bien trop restreinte. A ça, des voix s'élevaient dans son esprit même, s'insurgeant et lui demandant à juste titre si les Etats-Unis pouvait toujours être considéré comme un pays en paix à l'heure actuelle.
Depuis l'enlèvement de son père, les groupuscules terroristes avaient secoué plusieurs régions. Héres s'intéressait de très près à l'enquête des quatre factions, toujours en cours.
Les représentants des partisans le tenaient au courant des avancées, dans un délai plus que correct.

La fenêtre de son bureau était restée ouverte, ainsi, il put entendre l'arrivée des manifestants avant de pouvoir les voir sur les nombreuses nouvelles caméras dans et autour de la tour, dont la sécurité avait drastiquement augmenté depuis ce double enlèvement.
Fixant la foule se masser sur la petite place devant ce lieu hautement symbolique, il cherchait du regard le mage fondateur qui était à l'origine de tout ça.
Il avait déjà reçu M. Beller et avait tenté de lui expliquer que la situation était très complexe. L'homme, logiquement en colère, était parti en claquant la porte. A l'époque, il lui avait promis qu'ils allaient tout faire pour "pouvoir récupérer les deux hommes vivants". Depuis... depuis son père avait été relâché, sans ses pouvoirs et trop honteux que pour revenir auprès des siens. Il avait choisi d'abandonner ses fils et son épouse enceinte. Une tendresse infinie s'empara de lui quand il pensa à Lyra. Sa mère, malgré l'absence de son époux, n'avait jamais manqué de force pour lui apporter son soutien.
Oui, il devait se l'avouer à lui-même : la libération suivi de la fuite du paternel, additionné aux jours qui passaient et qui réduisaient les chances de survie de Zachary Heel, lui avait parfois fait changer les idées sur cette promesse. Officiellement, ils étaient toujours "en négociation" avec les Inquisiteurs, mais M. Beller avait bien compris que ces négociations s'étaient essoufflées bien vite vu le refus de communiquer des Inquisiteurs.
Bref, l'héritier Yaxley se trouvait à présent dans une situation bien compliqué.
Car lorsqu'il avait revu la tête de Zach refaire la Une des journaux pour promouvoir cette manifestation, un sentiment de culpabilité ne l'avait plus quitté.

Se levant de son bureau, il alla se poster à la fenêtre, abandonnant l'image virtuelle pour la réelle. De haut, il cru reconnaître le fabricant de baguettes, de dos. Héres attendait un discours mais seul le brouhaha de quelques conversations se faisait entendre de là où il était.
Pourquoi est-ce que M. Beller ne prononçait aucun discours ? Il s'était préparé à des pics et des slogans le visant personnellement, malgré la promesse d'une manifestation "pacifique".
Curieux, il observa encore un peu la foule avant de tourner les talons, décidé.

C'était sans compter la présence de sa belle-mère dans la pièce, qu'il n'avait pas entendu entrer.

-Alors là, n'y pense même pas.

Stupide idée

   Dédaigneuse, debout devant la baie vitrée de son bureau, bien à l’abri du haut de sa Tour, Héra observait le monde qui s’étendait à ses pieds. Mordillant légèrement son stylo aux emblèmes des laboratoires Yaxley, la sorcière avait vu de loin le petit attroupement de manifestants composé d’un ramassis de personnes désœuvrées qui n’avaient visiblement rien d’autres à faire de leur journée, se diriger vers la place centrale qui se trouvait aux pieds des deux tours.
La ville avait accepté cette ridicule marche silencieuse pour un imbécile qui avait voulu jouer au héro et qui était probablement déjà mort ou peu s’en faut. Tout comme Hères et les forces de l’ordre chargé d’encadrer tout ceci, son époux avait eu l’itinéraire de cette manifestation qui devait se terminer aux pieds des deux tours

- Pile à l’heure, songea-t-elle en regardant sa montre

Le service de sécurité était sur les dents, personne, à moins d’être muni d’un laissez-passer ou d’avoir son nom sur la liste des rendez-vous des différents services, ne pourrait pénétrer dans les Tours à compter de maintenant. Depuis l’enlèvement de Saevus et l’arrivé de Stevens pour régir d’une main de fer le service de sécurité, il fallait reconnaitre que la sécurité s’en trouvait renforcer. Elle avait beau trouver totalement inconscient de la part d’Hères d’avoir embauché un ancien Inquisiteur pour assurer leur protection lui donnant par-là même accès à un poste clé qui les rendrait sans défense s’il lui prenait l’envie subite de jouer double jeu et de les trahir, elle ne pouvait nier que jusqu’à présent ses méthodes étaient assez efficaces mais c’était plus fort qu’elle, elle détestait cet homme. D’une part à cause de son passif d’Inquisiteur, savoir l’un de ces moldus sauvages entre ces murs détenant les clés de leur sécurité était très loin de la rassurer, d'autre part, le regard glacial de ses yeux bleus et tous ces tatouages immondes qu’elle avait pu entrevoir sur ses avant-bras lui faisait froid dans le dos.
Elle avait bien essayé de convaincre Invictus de le faire renvoyer mais c’était ce stupide jeune blanc-bec qui l’avait embauché et on ne pouvait le renvoyer sans motifs valables. L’idée de fomenter des pièces accablantes à l’encontre du nouveau chef de sécurité pour s’en débarrasser définitivement lui avait traversé l’esprit mais pour l’heure, et même si elle ne lui accordait pas la moindre confiance, elle ne pouvait nier que l’homme faisait très bien son travail,… pour le moment. Il serait toujours temps de s’en débarrasser par la suite. Fin stratège, Héra savait parfaitement attendre le bon moment pour frapper, elle avait cela en commun avec Hadès et Zeus, ils étaient patients et calculateurs, à l’inverse d’Arès qui fonçait toujours sans réfléchir.  

Délaissant la fenêtre, la directrice des laboratoires Yaxley s’en retourna à son bureau et se posta devant son ordinateur pour suivre en directe la manifestation retransmise sur la chaine locale. Tant de boucan pour si peu. Qui était Heel ? Un insignifiant petit gardien de dragon ? Le frère d’un ambassadeur affilié aux Mages Fondateurs ? Et tous ces gens qui paradaient qu’en avaient-il à faire de toute cette histoire qui ne les concernait en rien ? Quand la journée serait terminé, ils rentreraient tous chez eux en discuteraient un peu et vaqueraient à nouveau à leurs occupations oubliant jusqu’au nom dont ils avaient crié la libération toute la journée, voilà la réalité. Un ramassis d’hypocrites qui cherchaient uniquement à se donner bonne conscience. Ils étaient stupides et grand Dieu pourquoi venir les enquiquiner jusqu’ici ? Qu’ils aillent donc manifester jusqu’aux portes du Bastion et qu’ils leurs fichent la paix ! Son regard reconnu alors parmi la foule qui s’approchait son nouvel élément, Marten qui se tenait en grande conversation avec un prêtre, tiens donc, voilà qui était surprenant…

Repoussant son fauteuil de bureau, Héra s’arracha à la contemplation de son écran et quitta son bureau pour se rendre à quelques étages plus bas, là où siégeait son insupportable gendre.
La laborantine avait à peine franchit le seuil de sa porte, non sans avoir fait comprendre à sa secrétaire d’un regard menaçant qu’elle n’avait nulle besoin d’être annoncé si Hères était bel et bien seul comme elle venait de le lui confirmer, que le petit leader par intérim se retourna non pas parce qu’il l’avait entendu entrer mais parce qu’il comptait bien agir avec stupidité une fois de plus.

- Alors là, n'y pense même pas, le mit-elle en garde toute en refermant la porte derrière elle avant de s’avancer vers lui. Tu comptais courir te joindre à la foule c’est cela ? Comme c’est noble de ta part à un détail prêt. Tu as voulu les rênes du pouvoir à présent il faut en assumer l’entière responsabilité. Tu ne peux pas décider d’être un jour un homme comme les autres avec son libre arbitre et quand ça t’arrange le nouveau Leader des partisans avec ses contraintes. Ne rêves pas, si tu sors de cette Tour, tu n’y seras pas le bienvenue. Si tu y tiens vraiment je ne t’en empêcherais pas mais ne vient pas dire que je ne t’aurais pas prévenu. Mets un pas dehors, fit-elle en désignant la foule que l’on pouvait apercevoir au travers de la fenêtre, et tu peux être sur que cette marche pacifiste se transforma en lynchage publique. Et le sacrifice de ton ami aura été vain puisque dans le fond que ce soit les Inquisiteurs ou cette foule en délire, le résultat sera le même. Sans oublier que des Pro-moldus se cachent peut-être parmi cette foule et guette cette occasion, en sortant tu nous mettras tous en danger, Virginia compris. Tu sembles oublier un peu trop vite que tu es l’unique responsable de tout ce gâchis. Tu étais à l’abri non ? Ton ami t’avais sauvé mais il a fallu que tu retournes sur tes pas pour essayer de délivrer ton père, et c’est à cause de ton inconscience qu’il a été obligé de prendre ta place pour te sauver la mise encore une fois. J’espère que cela t’a servi de leçon et que tu écouteras désormais quand on te dis quelque chose. Gardes bien en tête que quoi que tu fasses et quoi que tu dises dans l’avenir pour tous ces gens tu resteras toujours le fils de Saevus Yaxley et le petit-fils de Priscus Senior, les hommes les plus haït de ce pays.

Hope

En lui tendant la main, Armand avait voulu se montrer prévenant et amical. Il mettait toujours un point d'honneur à être gentil, et cela commençait par un bon accueil. Il était de ses gens qui aiment recevoir, et qui cherchent toujours un mot ou une attention aimable pour mettre à l'aise son invité. En revanche, comme il était très soucieux des convenances, il avait un mal fou à réagir dès que quelqu'un faisait quelque chose d'inattendu, et de socialement bizarre. Complètement déboussolé par la poignée de main qui s'éternisait, son regard ne cessait de papillonner en coin, comme paniqué. Marten ajouta une couche dans son malaise en l’emmenant marcher dans cette posture tout à fait bizarre. Il ouvrit plusieurs fois la bouche pour protester, mais son excentrique acolyte n'interrompait son flot continu de paroles décousues, ne l'autorisant pas à en placer une. Il essaya de comprendre ce qu'il disait, mais ses idées partaient dans tout les sens. Un coup il parlait de la météo, puis la phrase d'après il renchérissait sur les espaces verts. Il passait littéralement du coq à l'âne, et chaque sujet qui aurait sans doute mérité une longue discussion était plié en quelques secondes.

De plus en plus mal à l'aise, Armand essaya de dégager discrètement sa main, mais il sentit une retenue. Il le maintenait, et visiblement cet homme avait bien plus de poigne que lui. Un sentiment de panique le saisi. Ce monsieur était évidemment très bien intentionné, alors il ne devait rien faire ou dire qui puisse être malvenu. Mais bon Dieu ce qu'il était bizarre et dérangeant ! S'il pouvait disparaître il le ferait volontiers. Une seconde il pensa à transplaner, mais avec ce contact il était sur de l’entraîner avec lui. Et puis zut ça ne se faisait pas !

Il écouta tout son laïus en affichant malgré lui un sourire de circonstance un peu contrit, alors que dans sa tête une pensée tambourinait : « Faites qu'il me lâche ! »
Sans savoir comment il en était arrivé à développer cette idée, car avec le fil de pensée qu'il avait, Marten pouvait très bien parler du ramassage des poubelles avant d'enchaîner sur le marxisme tout en passant par un commentaire sur la hausse du prix de l'essence. Bref, il se mit à lui parler d'un sujet qu'il sembla appuyer davantage, et qui au fond aujourd'hui était le seul qui comptait : Zach Heel et le retour à la paix. Toujours plongé dans un état d'angoisse, Armand avait du mal à se fixer sur ses paroles. Ce garçon était gentil, mais malgré lui c'était une vraie torture.

Comme s'il avait perçu à quel point il avait de l'animosité contre lui, Marten retourna sur sa discussion dénuée de sens. Armand ne savait plus dire combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait fait l'erreur de lui tendre la main. Mille ? Deux mille ans ? Quand il sentit l'étreinte se relâcher et sa main libre retomber au bout de son bras, un profond sentiment de soulagement l'envahit. Leçon du jour : on n'appréciait jamais assez sa liberté de mouvement que quand on l'a perdu.

« Oui oui... Très bien. » Dit il d'une petit air absent, car c'était exactement ce qu'il avait envie d'être en ce moment même. « Je suis désolé, je viens de me rappeler que j'ai un coup de fil important à passer.  Je... je vous souhaite une bonne journée ! »

Il fit quelques pas dans la foule qui eurent le goût de la fuite, et se tenant sur le trottoir en marge du cortège, il prit son téléphone et composa le numéro de Cyrius. Bon sang mais qu'est ce qu'il faisait cet imbécile de cubain ? On commençait à arriver à la tour Yaxley, et en plus il était sur que s'il avait été là il ne se serait pas retrouvé confronté à cet homme bizarre et désagréable. En entendant la tonalité il se sentait perdre patience.

L'effet Papillon

   Une sonnerie familière se mit à retentir avec insistance le contraignant un peu malgré lui à émerger doucement de l’état comateux dans lequel il se trouvait. Poussant un grognement de mécontentement, il tendit mollement son bras en direction de son téléphone portable pour s’en saisir. Levant la tête de son oreiller, les yeux encore embués de sommeil, il observa sans réagir durant un certain laps de temps, le nom qui s’affichait sur l’écran. Hésitant durant un instant entre raccrocher ou décrocher. Ses lèvres affichèrent une grimace d’abdication, conscient qu’il n’avait pas vraiment le choix. Il connaissait suffisamment sa sœur pour savoir que tant qu’il n’aurait pas décroché, elle le harcèlerait jusqu’à ce qu’il le fasse. Plus vite il lui répondrait, plus vite il en serait débarrassé.

- Ouais, allo, répondit-il d’une vois pâteuse, le portable collé à son oreille

- T’es encore entrain de pioncer ?! Hurla sa sœur à l’autre beau du fil. La manif a commencé depuis un bout de temps j’te signale !

- Quoi ? Mais il est quelle heure ? S’affola-t-il en se levant d’un bond de son lit

Assis sur le rebord de son lit, il leva ses yeux bruns en direction du mur qui se trouvait sur sa gauche et sur lequel son réveil projetait l’heure en chiffre rouge bien marqué. Cyrius cru d’abord qu’il avait la berlue et que l’heure qui s’affichait n’était pas la bonne. Se tournant vivement en direction de son réveil en se disant qu’il avait du se bloquer à l’horaire de la veille, il réalisa qu’il n’en n’était rien en constatant que ce dernier qui avait l’apparence de la célèbre étoile noire tiré du non moins célèbre film de Georges Lucas, que son cousin lui avait offert pour ses 18 ans, flottait toujours dans les airs à ses côtés. Ce truc datait de l’époque où Eli avait travaillé à Dallas, cela remontait à plusieurs années en arrière et pourtant il était comme neuf, ce qui venant de lui relevait du miracle, preuve de sa résistance. C’était kitsch à souhait mais c’était collector et il en connaissait plus d’un qui tuerait pour l’avoir. En parlant de tuer, vu l’heure c’est lui qui allait se faire tuer !

- Merde !! S’exclama-t-il en attrapant son Jeans qui trainait sur le coin du lit. Je m’habille et je décolle ! L’informa-t-il

Se levant du lit, il balança son portable sur la couette et fonça dans la salle de bain pour se rafraichir, histoire d’avoir un peu moins l’air d’avoir la tête dans le cul.
Cyrius n’avais pas oublié qu’il était rentré de Santa Fe exprès pour couvrir l’événement qui avait lieu aujourd’hui à New-Phoenix. Ernie Beller, l’oncle du sorcier qui s’était fait enlever quelques mois plus tôt en même temps que Saevus Yaxley. Curieusement, les Inquisiteurs ne l’avaient toujours pas libéré au contraire du leader déchu. Certains disaient qu’il était probablement mort et que c’était la raison pour laquelle on n’avait aucune nouvelle le concernant. Plus le temps passait, moins les Inquisiteurs communiquaient sur lui et plus Cyrius se disait qu’on ne reverrait probablement plus ce sorcier à peine plus âgé que lui.

Non, ce n’était décidément pas quelque chose qu'il était prêt d’oublier….
S’il était en retard c’était pour une bonne raison, parce qu’il était resté éveillé toute la nuit en compagnie de son meilleur ami Priscus qui avait eu bien besoin d’une oreille attentive et compatissante. Depuis qu’ils étaient amis Cyrius connaissait tous les secrets de Priscus et de son côté il n’y avait rien de lui que Priscus n’ignorait, même si, avouons-le, ses secrets étaient bien ridicules comparé aux siens. Déjà savoir que son meilleur ami n’était pas l’enfant légitime de Lyra, mais d’une autre n'était pas anodin. Une autre dont son père avait toujours refusé de lâcher le nom jusqu’à dernièrement, et heureusement… S'il ne l'avait pas fait avant son enlèvement Priscus aurait pu ne jamais connaître le nom de sa véritable mère, mais heureusement il avait eut le temps de le lui donner.

Cyrius n’avait jamais compris ou toléré l’attitude de Saevus à ce sujet. Priscus méritait de connaitre le nom de sa mère et Saevus aurait du le lui donner depuis bien longtemps sans qu’il n’y ait de contrepartie. Il avait littéralement obligé son cadet à jouer les singes savants durant cette maudite Conférence pour le Paix. Certains vous diraient que ce n’était peut-être pas bien cher payé, on ne lui demandait de fournir qu’un petit effort mais la réalité est qu’il n’aurait jamais du faire ça ! C’était du chantage et on ne traitait pas son fils de cette manière, en tout cas lui n’avait pas été élevé comme ça et Priscus pouvait voir la différence. Dans sa famille tout le monde l’adorait d’ailleurs, Priscus était un peu comme le second fils de la famille Fernandes et forcément le chouchou de la madre ! Mais ça ne remplaçait pas une mère sa vraie mère dont il ignorait le nom et le visage, et à présent il savait pourquoi Saevus avait si jalousement gardé ce secret.

Bon sang, quand ils avaient commencé à chercher les maitresses potentielles que Saevus aurait pu avoir ils n’avaient rien trouvé d’extraordinaire si bien que leur imagination fertile avait fini par prendre le dessus et ils avaient déliré sur une mère espionne ou actrice… Mais ça, personne n’aurait pu le deviner. Personne n’aurait pu découvrir que lui, mais également son amie Ilaria étaient en réalité les enfants illégitimes d’un couple aussi inattendue qu’improbable, celui qu’avait formé à une époque : Saevus Yaxley et Regina Andropova.
Saevus Yaxley, le Leader des Partisans du Nouveau-Monde avait eu une liaison secrète avec Régina Andropova, née Hopkins qui siégeait au Conseil des Mages et qui était accessoirement l’épouse de Jaroslav Andropov le roi des Vampires. Ce secret était si bien gardé que nul n'aurait pu le découvrir et c'était préférable car cette information était une véritable bombe à retardement. Si jamais elle venait à être révélé il n'osait imaginer les conséquences que cela engendrerait autant pour les deux fauteurs que pour ses deux amis qui devenaient soudainement frère et soeur.
Yaxley ne risquait plus de réapparaitre et même si c'était le cas, il avait perdu tout crédibilité, il ne jouerait plus jamais le moindre rôle en politique, désormais dans ce domaine il était un homme mort, et plus il tarderait à rentrer auprès des siens et à se manifester, moins ses proches et sa famille qui s'était rongé les sang pour lui durant tout le temps qu'avait duré sa captivité, seraient apte à lui pardonner, bientôt Saevus Yaxley serait également mort pour eux.

Cyrius voulait bien reconnaître que ce que lui avait fait endurer les Inquisiteurs ne devait pas être facile à accepter mais s'enfuir comme il l'avait fait, ne plus donner de nouvelles à sa famille, les abandonner... c'était quelque chose qu'il ne parvenait pas à comprendre, et il n'était pas le seul, personne n'y arrivait. Si Saevus avait profité de l’élan de sympathie que son enlèvement avait suscité dans le pays, et les conséquences que sa détention avait eut sur lui avec la disparition de sa magie, il aurait peut-être eu une chance de retrouver son fauteuil de Maire. Dans un élan de compassion on lui aurait très certainement pardonné son implication passive dans le drame californien, sa famille elle-même ne lui aurait probablement pas gardé rancune. Lyra lui aurait tout pardonné comme elle le faisait à chaque fois, d'autant plus dans son état alors elle attendait leurs jumeaux. Pourtant Saevus Yaxley s'en était allé sans un regard derrière lui....

- ¡ Maldita mierda de culo bombeado !*

Bon Dieu mais il avait encore combien de secrets de cet ampleur ce vieux briscard ?! D'abord la Californie, maintenant ça ? Comment ce type faisait-il pour dormir la nuit ? Lui qui n'était pas concerné avait du mal à digérer cette nouvelle alors il n'imaginait même pas ce que devait éprouver son pote. Par Merlin, Régina !
La mère d'Ily, celle avec qui il enquêtait sur la goutte du diable en ce moment même ! Régina... il n'arrivait pas à croire que c'était elle, la fameuse mère fantôme de son meilleur ami... il allait être absolument incapable de se comporter normalement avec elle à présent qu'il savait.  

Secouant la tête, il décida de laisser pour le moment Priscus et ses histoires de famille de côté pour se concentrer sur ce qu'il avait à faire, parce qu'il n'y aurait pas que que sa soeur qui allait le tuer, mais son patron aussi.
S'en retournant dans sa chambre, il enfila une chemise rouge à carreau à manche courte qu'il laissa ouvert sur un t-shirt à l'effigie de Batman puis revint vers son lit pour récupérer son portable ou un nouveau message l'attendait. En constatant qu'il provenait du père Armand il se souvint qu'il lui avait dit qu'il y serait aussi, c'est qu'il l'avait presque oublié. A en juger par son message, il l'attendait depuis un bon moment, ça on voyait qu'il ne le connaissait pas encore très bien parce que lui et la ponctualité ça faisait deux. Il fut surpris de découvrir que le cortège se trouvait déjà au pieds des Tours Yaxley. Mais ils avaient fait ça au pas de course ! La fin de son message par contre lui prêta à sourire ! C'était tellement drôle !! Mais dans quoi le curé s'était-il encore fourré ? Qui était cet inconnu qui semblait ne plus vouloir le lâcher d'une semelle ? Ricanant bêtement devant son portable en s'imaginant la scène il ne pu s'empêcher de lui envoyer un message. Il fallait absolument qu'il se dépêche pour voir ça. Après avoir récupéré son portefeuille, il sentit son téléphone vibrer et réalisa avec surprise qu'il s'agissait déjà d'une réponse du Padre,  qui répondait plus vite que son ombre ! Un véritable as du clavier à défaut de la gâchette ce petit père, qui semblait d'ailleurs s'offusquer de sa réponse. S'il trouvait ça drôle ? Ben à vrai dire, complétement et plutôt deux fois qu'une. Sans perdre un instant de plus, alors qu'il était enfin, prêt, il transplana.

Durant son voyage, qui ne dura en tout et pour tout que quelques secondes de son domicile à la grande place d'où surgissait du sol les impressionnantes Tours Yaxley, son téléphone se mit à sonner. Il était prêt à parier qu'il s'agissait encore à coup sûr de Vanessa qui s’impatientait ! A croire que la patience c'était vraiment pas une qualité féminine du moins pas chez les Fernandes. Portant la main à la poche arrière de son jeans, il en retira son téléphone tout en observant la foule présente qui s'était déplacée en masse pour l'occasion. Des banderoles et des pancartes réclamant la libération de Zachary Heel étaient brandit avec vigueur dans cette marée humaine qui scandait inlassablement un même slogan. Il n'allait pas être évident de retrouver sa soeur ou le Padre parmi toute cette foule bigarré.
Priscus était-il là ? Il avait complétement oublié de lui en parler la veille au soir. C'était dans ses intentions premières évidemment mais avec les révélations qu’il lui avait fait ça lui était complétement sorti de la tête. D’ailleurs, il se demandait si Lyra, Hères, ou même Virginia avaient apporté leur soutient à cette cause. De son point de vu leur présence, et principalement celle d'Hères était toute appropriée compte tenu que c'est en prenant sa place que Heel avait été enlevé, ce serait la moindre des choses qu'il vienne montrer son soutient auprès de la famille de ce dernier et de la population, ce serait même très symbolique, même s'il voulait bien consentir que le problème de la sécurité se posait forcément. Mais, il ne s'inquiétait pas trop de ce côté-là puisqu'avec le nouveau chef de la sécurité ça rigolait pas,...

S’avançant dans la foule, il aperçut au loi le meneur et l'instigateur de cette manifestation, Ernie Beller. Le fabriquant de baguette se tenait là debout, devant toute cette foule venue pour le soutenir dans son combat. Il l’avait rencontré une fois, un peu plus tôt en début d’année lors de cette mascarade de fiançailles entre Ilaria et son grand-père. Ils ne s'étaient pas parlés, mais Cyrius remarqua d'emblée que ce n'était plus le même homme et que les epreuves l'avaient bien marqué. Il gardait en mémoire le souvenir d’un homme déterminé, le visage fermé et en bien meilleur constitution. Aujourd’hui, il n’était plus que l’ombre de lui-même, il avait les traits tirés et le visage émacié. Il était terriblement éprouvé tant physiquement que moralement. Il y avait une certaine ironie à constater que les drames qui secouent parfois la vie d'une personne que l'on ne connait même pas, d'une ville, d'un Etat différent, peut avoir des répercussion inattendues dans votre vie. Qui aurait pensé que l'enlèvement de Saevus Yaxley, un Partisan du Nouveau-Monde, aurait un tel impact sur un habitant tranquille de Boston ? C'est ce que l'on appelle l'effet papillon
Quittant Beller du regard, il reporta son attention sur son téléphone pour voir qui avait essayer de le joindre et fut surpris de constater qu'il s'était mépris puisque le correspondant qui avait laissé un message n'était pas du tout sa soeur mais Padre. Alors qu'il s'apprêtait à l'appeler, une tornade brune en mini short et t-shirt sauta sur lui en l'étranglant volontairement par derrière tout en lui faisant un savon

- C'est à cette l'heure-là que t'arrive ! Le gronda-t-elle avant de le libérer. Non mais sérieux Cyrius, tu me déçois, je croyais que ça te tenait à coeur aussi cette histoire

- C'est bon j'suis là à présent ! Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu le saurais si tu étais venu à l'heure !

- Ouais c'est bon change de disque. Attends ! L'interrompit-il en lui faisant signe de se taire alors qu'il collait à nouveau son téléphone contre son oreille. Padre mais vous êtes où ? Nous sommes devant la statue… enfin ce qu’il reste de la statue de Yaxley senior, on vous attends.

Etait-ce à cause de sa toge ? Toujours est-il que malgré la foule présente, Cyrius le remarqua presque aussitôt en le voyant se diriger vers eux à grande enjambée.

- Ben vous en avez mis du temps ! Lui reprocha-t-il, tout en se tournant vers sa sœur. Je vous présente ma frangine Vanessa, Vanessa voici Padre.

- Salut, lui sourit-elle, c'est génial que vous ayez fait le déplacement depuis Santa Fe, c'est très important que les gens viennent de partout et pas seulement de New-Phoenix.

- Moi aussi j'ai fait le déplacement depuis Santa Fe, lui fit remarquer son frère

- Toi t'es venu en retard ! Lui reprocha-t-elle avant de se tourner vers Armand. Il paraît que plusieurs rassemblement comme celui-ci on eut lieu dans d'autres grandes villes, j'espère qu'on sera entendu. Oh y a mon copain et mes potes, on se revoir tout à l'heure, au revoir Padre.

Cyrius salua Andy, le petit ami de sa soeur d'un signe de la main avant de se tourner vers Armand un sourire malicieux aux lèvres

- Alors comment était cette marche ? Et puis qu'est-ce qui vous est arrivé au juste ? On attire les types bizarre ?


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* Mais putain de bordel de merde !