Seul au monde, ou presque

 Assit dans le siège de son paternel, Héres contemplait le désordre qu'il avait mit dans les papiers du patriarche. Lui qui d'habitude osait à peine effleurer son bureau, voilà qu'il était venu ici un peu par hasard et que tout à coup, il s'était mit à mettre tout s'en dessus-dessous. C'était la colère qui était arrivée brusquement sans qu'il ne l'ai vu venir. Sous l'excuse de vouloir "vérifier qu'il n'y avait plus aucun secrets", l'héritier des Yaxley avait ouvert chaque tiroir, chaque dossier, chaque armoire avec violence. Et quand quelque chose refusait de s'ouvrir, il hurlait comme jamais, vociférant des insultes qu'il n'avait jamais jusqu'alors prononcé, testant que même sa fureur n'avait pas encore raison du niveau de magie de son père.

Après avoir discuter avec ce dernier, l'abattement avait été le sentiment dominant. Il s'était dirigé vers sa chambre quand il avait entendu sa mère dans celle de son frère. Elle lui annonçait qu'elle était enceinte et Héres n'avait pas voulu en savoir plus. Il se sentait coupé du monde, isolé de ce côté là de sa famille, ce côté insouciant. Lui, était lié pour le pire à présent du coté de son père... Sa mère attendait un enfant... Ni une ni deux, le jeune homme avait sentit son coeur se serrer : il venait de perdre le sien et voilà que celle qui devait devenir grand-mère allait de nouveau donner la vie ? Si tout ça ne pouvait pas être plus compliqué, cet enfant allait naitre dans la haine de tout un peuple...
Le monde n'avait plus de sens...
Il ne pouvait quitter la résidence des Yaxley car la ville était devenue dangereuse pour quiconque portait ce nom de famille. Il ne pouvait ainsi même pas aller voir Virginia qui était au coeur de toutes ces horreurs elle aussi... La savoir seule lui donnait la nausée. Les hommes de la sécurité avait tout prévu pour que personne ne puisse entrer ici cette nuit, mais du même coup, ils avaient aussi condamné tout occupant à ne pas bouger du domaine. Il se sentait comme prit au piège, comme un gamin désobéissant.  

Épuisé, sa tête lui tournait. Il devait aller voir sa future femme. Oui, malgré et contre tout, les deux petits enfants de ennemis publiques numéro 1 allaient se marier. La cérémonie pouvait se faire à la va-vite Héres n'en avait que faire. Il voulait être auprès d'elle de manière officiel, il voulait s'installer autre part que dans cette maison et commencer sa vie à lui. Il voulait prendre la parole auprès de la population, essayer de ne pas perdre sa place dans le monde politique. Mais pour ça, il avait besoin de force supplémentaire. Et c'est seulement aurpès d'elle, elle seule qui pourrait véritablement le comprendre, qu'il pourrait en trouver.

Décidé, il se releva sans penser à faire le ménage et se dirigea vers l'institut dont il connaissait chaque recoin.
La salle du vieux professeur Kingstone avait une sortie de secours que peu d'étudiants ne connaissaient. Héres avait longtemps fréquenté les lieux  pour pouvoir s'y déplacer sans lumière. Virginia. Il ne pensait plus qu'à elle.
Marchant d'un pas rapide, il parcourut de nombreux couloirs pour enfin arriver à destination. Il se faufila dans la salle, se déplaçant silencieusement, évitant les bancs, il parvint devant la porte sans encombres.
Mais lorsqu'il vit enfin les rues sombres d'où les cris des manifestants lui provenaient toujours, une main de cerbère vint s'abattre sur ses épaules.

-Monsieur Yaxley, c'est une mauvaise idée. Ce soir la foule est violente.

Furieux, Héres se retourna sur Marvin.

-J'en ai besoin vous pouvez comprendre ca non ?!

-Bien sur Monsieur. Mais c'est dans votre intérêt que je vous dit ça. Cette foule que vous voudriez certainement reconquérir, elle n'est pas encore prête de vous voir ce soir.

Interdit, Héres regarda l'homme qui faisait partie de la sécurité de la tour depuis presque cinq ans.
Mais avant qu'il ne puisse répliquer quelque chose de censé, un individu fit irruption dans la pièce. Il avait profité de la brèche de sécurité et déjà, Marvin le précipitait derrière lui.  

Le monde est devenu fou !

   
La réserve de New Phoenix était une réserve naturelle si vaste et si riches qu’elle suscitait de nombreuses convoitises. Bon nombre de créatures magiques étaient sous la surveillance constante des hommes et des femmes qui y travaillaient et qui veillaient à leur bien-être. On pouvait ainsi y trouver des licornes, des Augurey, des Abraxans, des phoenix et même des créatures aussi dangereuses que des garns qu'ils pouvaient ainsi surveiller. Mais les créatures les plus étonnantes y vivant, celles qui demandaient une surveillance de tous les instants et un soin particulier que seul des spécialistes peuvaient leur apporter, étaient des créatures aussi imposantes que terrifiantes : des dragons.
Ces créatures majestueuses étaient très convoitées par les braconniers qui cherchaient à s’approprier leurs écailles, leur sang et surtout leurs œufs qui se vendaient une fortune au marché noir. Le rôle des Gardiens de dragons était très important. Non seulement ils devaient veiller à ce que les dragons évoluent naturellement sans s’entretuer, sans s’échapper de la réserve, soigner leurs blessures et leurs maladies mais également les protéger d’éventuels braconniers. C’est pourquoi il y avait trois équipes de gardiens de dragon qui tournait chaque semaine 7/7. La première équipe travaillait de 6h du matin à 14h, la suivante de 14h à 22h et enfin la dernière de 22h à 6h du matin. Bien sur les membres de ces mêmes équipes tournaient régulièrement afin que chacun puisse varier ses horaires.

Ce jour-là, Zach avait bossé de 14 à  22h et de ce fait, il n'avait pas pu chercher Livie à la fin de sa journée de travail comme il avait régulièrement prit l’habitude de le faire lorsqu’il en avait l’occasion. Lui qui ne prenait jamais son téléphone sur lui à la réserve avait fait une entorse à cette règle depuis que la ville était en ébullition suite aux fracassantes révélations de Victor Yaxley lors de la fameuse Convention de Washington.
Inquiet pour sa sécurité, car son lieu de travail n’était pas moins que l’immense tour Yaxley, symbole de la ville et de la technomagie et qui était actuellement tenu en état de siège par les manifestants, il voulait qu'elle puisse le joindre à n'importe quel moment de la journée en cas de problème. Heureusement, le seul message qu'il avait reçu de sa part était pour l'informer qu'elle était bien rentrée.

A la réserve, les gardiens étaient également sur le qui-vive et les restrictions s'étaient faites beaucoup plus sévères que d’ordinaire. Nuls ne pouvaient désormais y pénétrer que l’on soit pourvu d’une autorisation ou non. Seuls les gardiens de dragons étaient désormais habilités à y entrer. Il y avait bien quelques manifestants à leur porte mais il s'agissait plus de fauteurs de trouble et de paranoïaques que de véritables manifestants politiques, ce qui ne les rendait pas moins dangereux. La foule présente était très hétéroclite. On y trouvait des agitateurs, mais surtout des mères et des pères de famille, des chômeurs comme des travailleurs, et évidemment tous étaient des moldus qui craignaient de les voir lâcher les dragons sur eux. Il ne savait pas d’où venait cette rumeur absurde mais elle s’était propagée comme une trainée de poudre et avait de toute évidence fait son effet. On disait que les sorciers élevaient des dragons pour ensuite les chevaucher et les jeter sur la ville. C’était ridicule au possible quand on s'intéressait aux dragons on savait qu'il s'agissait de créatures très fier qu'aucun homme ne pourrait jamais domestiquer. Il était ridicule de penser le contraire et encore plus de croire qu'on pouvait les chevaucher comme on pouvait le faire avec un sombral. Mais les gens perdaient tout bon sens, semblant prêt à croire tout et n'importe quoi, oubliant qu'avant la Convention et ces terribles révélations, ils se saluaient et se fréquentaient sans distinction.

Lorsqu'il était arrivé aux portes de la réserve cette après-midi là, la foule était déjà présente, scandant des slogans ridicules et empêchant l'accès à la réserve à deux de ses collègues si facilement reconnaissables de part leur uniforme, qui devaient prendre le service en même temps que lui. Comme la réserve était protégée par le sort d'un bouclier qui empêchait tout transplanage ils n'avaient d'autres choix que de passer par l'entrée principale. Le ton était entrain de monter entre les manifestants et ses collègues lorsqu'il les rejoignit. Zach s'était interposé entre Joshua et deux manifestants pour empêcher que leur affrontement ne dégénère. Il avait prit la parole aussi amicale que de coutume pour essayer de leur faire entendre raison en faisant appel à leur bon sens dans le but de calmer leurs esprits déjà bien échaudés, mais rien n'y fit. Ils étaient tous fous de colère, braillant des insultes et tenant des propos tellement aberrant qu'il ne comprenait pas qu'on puisse les soutenir. Sans l'intervention de Sarkan, il s'en était fallu de peu que lui et ses amis ne se fassent lyncher. Leur chef était sorti de la réserve avec les gardiens déjà présent et avait attrapé Zach par le col pour le tirer vers lui et le faire entrer dans la réserve. Ses deux autres compagnons lui emboitèrent aussitôt le pas, pendant que Sarkan tenait la foule en respect de par sa stature imposante et son regard menaçant, mais ce n'était pas là ses seuls atouts pour maintenir le respect.... Le gardien avait également lancé un ou deux sorts pour faire reculer cette bande de pleutre, en prenant bien soin de ne pas les blesser se contentant simplement de les effrayer. Zachary n'était pas certain que c'était la meilleure manière d'agir, mais cela avait eut au moins le mérite d'être efficace.
Parmi ces gens qui étaient réunis là, Zach en avait fréquenté quelques un depuis deux mois, depuis son arrivée en Arizona. Il y a peu de temps encore, ces personnes leurs souriaient, ils s'entre aidaient, et maintenant ces hommes et ces femmes semblaient avoir tout oublié, comme si ces moment de vie n'avaient jamais existé que dans son imagination ! Cette foule révoltée avait oublié ce qui les rapprochaient pour ne se focaliser que sur leur différence moldu/sorcier. Les gens étaient devenus fous...

Lorsqu'il quitta la réserve à 22h passé après une harassante journée de travail, les manifestants de l'après-midi avaient disparu depuis longtemps. Tous étaient tranquillement rentrés chez eux pour revenir le lendemain plus en forme que jamais. Combien de temps cela allait-il encore durer ?  
Mais si la réserve et ses environs était à nouveau plongé dans une paix sereine, on ne pouvait guère en dire autant de la capitale surtout aux alentours de la Tour Yaxley...

Directement après son travail, Zachary avait choisit de ne pas rentrer chez lui mais de rejoindre Livie directement chez elle. Pour se faire, il était obligé de passer à proximité de l'immense tour Yaxley qui se trouvait continuellement en état de siège. Zach se tenait à distance respectueuse des manifestants préférant passer inaperçu, car vêtu comme il l'était, avec l'uniforme des gardiens de dragons, cela aurait pu passer pour de la provocation délibéré. Heureusement pour lui, il était enveloppé par l'obscurité de la nuit, et il savait qu'il pourrait également se changer chez sa petite amie chez qui il avait laissé quelques affaires. Assez loin dans la pénombre, Zach s'arrêta pour observer de loin, dans une vue d'ensemble, cette foule infatigable qui scandait des phrases de haine à l'encontre de Saevus et de sa famille qui étaient terrés dans ces tours depuis des jours.
La sécurité avait été très renforcée et nul ne pouvait plus pénétrer dans la tour à moins d'être un employé, c'est pourquoi, lorsqu'il travaillait en soirée ou du matin, Zach attendait toujours que Livie àait terminé son travail à l'extérieur des tours. Il avait bien essayé de monter pour rejoindre Livie à la bibliothèque avant l'heure, à deux ou trois reprises en se disant qu'il en profiterait également pour prendre des nouvelles de Saevus et Héres mais pour des raisons évidentes de sécurité on lui en avait interdit l'accès au bâtiment, il n'avait donc pas insisté.

Lorsqu'il voyait tous ces manifestants et leur haine grandissante, il se demandait ce que Saevus attendait pour agir. La colère ne s'était pas amenuisé avec le temps, bien au contraire, elle ne cessait de s'accroitre, toujours plus violente et contrairement à ce que certains optimistes auraient pu espérer, elle ne s'apaisait pas le moins du monde ! Il avait vu quelques boutiques sorciers être vandalisé les premiers jours mais depuis, il n'y avait heureusement plus d'incident de ce type à déplorer. La ville avait commencé à s'embraser, mais les forces de l'ordre y avait très vite mis un terme, mais pour combien de temps ? Combien de temps encore parviendraient-ils à endiguer cette foule en colère ?

Alors qu'il s'apprêtait à repartir, il aperçu trois silhouettes se détacher de la masse grouillante pour  se diriger vers l'arrière de la tour. Intrigué, il leur emboita le pas et les suivi. Pour avoir travaillé sur le système de sécurité de la tour, Zachary n'était pas sans ignorer qu'il y avait un passage menant vers l'Institut qui était très facile d'accès, sauf si bien sur, ils avaient tenus compte de ses notes. Mais à en juger par la facilité avec laquelle les trois individus suspects entrèrent, il fallait croire que non. Dans la pièce se trouvait déjà deux hommes, des complices ?
Non,... la silhouette plus massive qui lui rappelait celle de Sarkan, se mit à poursuivre le premier individu qui s'était infiltré dans la tour, laissant seul son compagnon, plus grand et plus maigre. Lorsque ce dernier se tourna et que Zachary pu voir son visage il reconnu sans peine Hères qui était ainsi seul et sans protection. Paniqué, il réalisa qu'il n'était pas le seul à avoir reconnu l'héritier des Yaxley. Une silhouette fonçait droit sur le jeune héritier tenant dans sa main quelque chose qui attira son regard, le reflet de la lame d'un couteau !

- HERES !!!!!!!!!!

- Crève Yaxley

Tout se passa extrêmement vite. Alors qu'il s'apprêtait à sauter sur Hères pour le poignarder, Zach fut plus rapide et d'un geste de la main, il lança un sort qui projeta le fanatique contre le mur d'en face. Maintenant une certaine pression sur lui pour l'empêcher de bouger, l'agresseur d'Hères était comme suspendu contre le mur, mais cela ne dura qu'un cour instant car le troisième malfaiteur voulu se jeter sur Zach qui, le sentant venir, lui assena un violent coup de coude dans les cotes qui lui coupa aussitôt la respiration. Et avant qu'il n'ait le temps de réagir, le sorcier se retourna et le frappa au visage. L'homme perdit l'équilibre et tomba en arrière légèrement sonné. Sans perdre un instant, Zach lança le sortilège de l'Incarcerem faisant ainsi apparaître des cordes surgissant de nulle part qui s'enroulèrent autour de son agresseur. Mais ce faisant, occupé à se battre avec son adversaire, sa magie ne maintenait plus l'agresseur de Hères qu'il chercha du regard avec inquiétude. Dans son champs de vision il reconnu d'abord la silhouette massive de l'homme qui se trouvait avec Hères avant que tout ceci ne commence et qui revenait vers eux en maintenant fermement l'homme qu'il avait poursuivit, puis son regard se posa enfin sur Hères...

Seul au monde, ou presque

L'attaque était arrivée aussi brusquement que ses alliés dans son champs de vision.
Héres ne reconnu pas directement Zachary.
Marvin le maintenait à l'écart des combattants. Mais ce dernier, occupé avec un poursuivant laissa pendant deux secondes son attention loin de l'héritier des Yaxley et un homme apparu de nulle part. Décidément, il poussait des individus avides d'en découdre avec lui dans cette salle !
D'un geste de  la main, il le neutralisa.

-Zachary ? S'étonna le jeune homme en voyant son ami ligoter un de ses agresseurs.

Il se tourna ensuite vers le visage de cet homme qui le voulait mort. Dans ses yeux, on pouvait lire de la haine et du dégout envers lui et Héres se sentit pris au piège. Comment pourrait-il jamais se faire pardonner les crimes de sa famille ? Car ce n'était pas un simple crime, non, c'était un génocide simplement.

-Je suis désolé pour tout ce que mon grand-père a fait dans sa misérable vie, déclara t'il d'une voix éteinte.

Pour toute réponse, l'individu lui cracha à la figure.
Marvin fit un geste pour se rapprocher d'eux mais Héres l'arrêta d'un regard.
Sentant le crachat dégouliner lentement sur sa joue, il soupira et recula de quelques pas, le maintenant toujours prisonnier d'une poigne magique. Puis, il lança aux deux hommes qui venaient de lui sauver la vie

-Messieurs, j'aimerai que ces trois individus repartent par où ils sont venus sans qu'aucune sanction ne leur soit donné.

Et il délivra l'assaillant d'un geste de la main. Les deux hommes étaient à présent face à face et Héres attendit. Alors que la fureur le faisait trembler, un de ses amis l'appela à revenir à la raison en prononçant son nom.

-Pense à ta famille vieux, continua t'il.

-J'ne fais que ça ! Mes ptits-fils auraient eu leur grand-mère et leur tante sans les connards de son genre !  

Marvin délivra à son tour l'homme qui avait prit la parole et celui ci vint prendre son ami par les bras.

-Tirons nous d'ici avant qu'il ne change d'avis.

Zachary délivra alors le troisième individu qui rejoignit ses compagnons, forçant l'homme qui avait craché sur Héres de sortir.

-J'te maudis Héres Yaxley ! Tu m'entends ?! Toi et toute ta famille de bâtards !

Héres ne répliqua pas mais attendit qu'ils soient hors de sa vue pour se laisser tomber sur un bureau. Marvin se précipita pour verrouiller la porte et alla serrer la main de Zach, sans un mot. Puis il disparu en marmonnant dans sa barbe qu'il devait aller rapporter ces évènements au QG.

-De la discrétion Marvin. Ils ont raison d'être en colère.

Lui et Zachary se retrouvèrent donc seuls dans cette salle où les cris étouffés des manifestants arrivaient toujours.

-Merci, dit-il en toute simplicité.

Le jeune homme était las. Est-ce que sa vie allait à présent se résumer à ca ? Des tentatives d'attentats pour venger des millions d'innocents assassinés par son grand-père ? Et Virginia dans l'affaire ? Il refusait de la mettre en danger à ce point là. Mais en y réfléchissant deux secondes, elle était tout aussi en danger que lui sans qu'il ne soit à côté d'elle...
Il aurait donné tant pour la voir et la serrer dans ses bras. Le manque de sa peau sur la sienne dans ces moments critiques était plus que douloureux.

Enfin, l'héritier Yaxley se retourna vers le jeune homme.

-Ca va ?

Il ne parlait pas que de ce récent combat inégale avec ces trois malheureux. Mais en général. Héres avait été informé des troubles à la réserve. De stupides rumeurs affirmaient que les sorciers allaient lancer leur dragons sur les moldus. Il allait vraiment falloir qu'il prenne la parole au plus vite avant que tout ceci ne tourne en une guerre civile. Rassurer la population. S'excuser. Se retirer de la vie politique si le peuple le voulait.  

Le monde est devenu fou !

 
Tout se passa très rapidement et bien que leur attaque fut foudroyante, les trois individus eurent tôt fait d'être très rapidement maitrisés. Debout devant l'homme qu'il avait immobilisé à l'aide d'un sort, Zachary observa silencieusement l'échange qui avait lieu entre l'héritier de l'empire Yaxley et celui que le gardien avait jugé comme étant le plus virulent des agresseurs. Probablement le meneur de ce petit groupe qui avait agit sans réfléchir, sous l'impulsion du moment. Les trois hommes n'étaient absolument pas organisés et s'étaient engouffrés dans la tour en laissant exploser leur colère dans le seul but de venger leurs morts. Mais les venger contre qui ? Hères ? Sa mère ? Son frère ? Saevus ? Aussi abominable soit ce qui s'était passé, aucune de ces personnes n'étaient responsables de ce drame. Pourtant, même s'il était innocent, c'était bel et bien de la culpabilité que Zachary pouvait lire dans le regard du fils ainé de Saevus qui présenta ses excuses pour les crimes passés de son grand-père paternel. Loin de s'en satisfaire, l'homme cracha tout son mépris au visage d'Hères pour lui signifier ce qu'il faisait de ses excuses.

L'homme qui accompagnait Hères, très probablement son garde du corps, fit un pas menaçant en direction du malotrus sous le regard de Zachary qui n'avait pas bougé et qui se contentait d'observer la scène dans un silence religieux. Mais loin d'en tenir rancune à la verve de cet homme, Hères fit signe à son compagnon de ne pas s'approcher puis il lâcha un soupir ampli de lassitude avant de se reculer légèrement et de leur demander de libérer les trois hommes qu'ils avaient immobilisé sans les pénaliser de la moindre sanction. Zachary jeta un regard sur l'homme, prêt à annuler d'un geste de la main le sort d'Incarcerum qui entravait son prisonnier, pourtant, il ne put s'y résoudre. Etait-ce vraiment prudent ? Hères n'eut aucune hésitation et délivra sans tarder le membre le plus agressif de ce trio. Pure folie songea-t-il intérieurement. Zach sentit son corps se tendre, prêt à réagir à la moindre agression, et de toute évidence, il n'était pas le seul à en juger par la posture de son garde du corps qui lui non plus n'avait pas relâcher son prisonnier. L'homme qui était maintenu par le garde du corps de Hères semblait avoir retrouvé un peu de bon sens et tenta de raisonner son compagnon pour lui éviter de faire un geste qu'il pourrait regretter.
Ce geste de bonne volonté eut pour conséquence de décider le garde du corps à le relâcher, Zach n'avait plus d'autre choix que de les imiter.  

Il y avait beaucoup de colère, de rage et d'amertume en eux, et Zach pouvait les comprendre, mais il les trouvait injuste de s'en prendre ainsi à Hères qui n'était même pas né à l'époque de ces drames. Finalement les trois hommes se retirèrent non sans leur adresser un regard gorgée de haine et des propos virulent. Le garde du corps de son ami se précipita aussitôt derrière eux et verrouilla le passage pour éviter que d'autres personnes avides de vengeances ne tentent également leur chance. Hères, qui était resté stoïque jusqu'à présent, se laissa tomber sur une des tables de bureau présent.

Toujours immobile, Zach ne dit rien et continuait d'observer Hères, jusqu'à ce qu'une main tendu devant lui ne le fasse sursauter de surprise. Levant son regard interrogateur sur l'homme, qu'il ne s'attendait pas du tout à le voir le remercier, il prit sa main dans la sienne dans une rapide poignée de main pleine de gratitude, tandis que le gardien de dragon lui assura que ce n'était rien d'un sourire. Puis l'homme s'éclipsa en maugréant, les laissant seuls dans cette immense salle baignée dans une certaine obscurité. Se rapprochant, Zach prit place face à Hères en prenant appui contre un bureau. Lorsque le jeune homme le remercia avec une voix éteinte, Zach esquissa un petit sourire

- Tu n'as pas à me remercier, lui assura-t-il

Et il était on ne peut plus sincère. N'importe qui dans sa situation aurait agit exactement de la même manière, Hères avait simplement eut de la chance qu'il se soit trouvé là au même moment, même s'il ne doutait pas que ces trois individus auraient été maitrisé sans aucun mal même sans son son aide. Le jeune héritier semblait las et très éprouvé par cette attaque qui ne devait être qu'une montée de plus dans la violence quotidienne à laquelle il devait être confronté depuis quelques jours

- Je suis désolé, murmura-t-il compatissant

Désolé de toutes ces épreuves que le jeune sorcier endurait ces dernières semaines. Après la perte de son enfant, voici qu'il faisait face, lui et les siens à toute la haine et la colère d'un peuple qui cherchait un responsable sur qui passer sa colère afin de venger tous ces êtres chers qui avaient disparus il y a plus de 30 ans à présent. Alors que la vie aurait du leur sourire, à lui et Virginia, leur bonheur, leur univers, et toutes leurs certitudes étaient entrain de s'écrouler autour d'eux comme un fragile château de cartes.
Un faible sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il entendit Hères lui demander si ça allait

- C'est plutôt à moi de te demander ça. Tu as une tête à faire peur, je ne comprends même pas qu'ils ne se soient pas enfuis en te voyant, moi-même j'ai hésité, plaisanta-t-il dans le but de lui tirer un sourire avant de reprendre plus sérieusement. Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi ? Tu es à bout, ça se voit tout de suite. Tu as besoin de repos

Hères n'avait strictement plus rien à voir avec le jeune homme fringant qu'il avait rencontré dans son bureau et qui lui avait présenté sa fiancé. Aujourd'hui, il n'était plus que l'ombre de lui-même et semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. Il imaginait que cela devait être pareil pour chacun des membres de sa famille. Le jeune homme avait également très envie de prendre des nouvelles de Virginia et Saevus, mais il se dit qu'il pourrait toujours le faire plus tard, pour l'heure c'était plutôt Hères qui l'inquiétait

- Tu veux en parler ?

Loin de lui l'idée de se montrer indiscret ou de se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il savait que parfois se confier pouvait apporter un certain soulagement alors si Hères avait besoin d'une oreille attentive il voulait bien jouer ce rôle. Jetant un regard autour d'eux, il reprit la parole

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas plutôt te trouver dans vos appartements ?

Seul au monde, ou presque

Héres sentit que Zach vint se poser sur le bureau en face de lui. Alors qu'il lui assurait qu'il ne devait pas le remercier, l'héritier leva une main dans sa direction, comme pour le faire taire.

-Si, si, je le dois. Si tu n'avais pas été là, Marvin aurait pu être blessé.

Il n'avait aucun doute sur le fait que cet homme brave aurait pu à lui seul terrasser les trois assaillants, mais il aurait reçu pour sur quelques sorts ou coups...

-D'ailleurs, que fais-tu ici ?

Le jeune homme avait volontairement abandonner la guerre du vouvoiement. Zachary Heel en très peu de temps venait d'apparaitre lorsqu'il en avait eu le plus besoin : lorsqu'ils perdirent leur enfant et lorsque tout le peuple voulait se venger des crimes de son grand-père.
Il ne se sentait plus la force d'obéir aux convenances en continuant sur le ton de la politesse. Le fait est qu'avec son frère, Virginia et sa mère en privé, Zachary était un nouveau venu sur la liste restreinte des tutoiements. Et aussitôt, Héres sentit comme un relâchement sur ses épaules, comme si le fait de dire "tu" facilitait la vie et la rendait plus vraie, moins hypocrite.
Le "vous" était une coquille creuse qui empêchait de vraiment connaitre la personne. La preuve vivante était son père. Il y avait toujours eu comme une barrière entre eux. Peut-être à présent devrait-il le tutoyer ? Non, non ca serait trop bizarre. Quelques soit ces nouvelles résolutions, il y avait des habitudes ancrées trop profondément que pour pourvoir les changer.

Alors que son ami - Héres s'étonna lui-même de cet appellation qui lui venait pourtant naturellement alors qu'il était au plus bas- lui dit qu'il était désolé, il hocha les épaules.

-Ce n'est pas de ta faute, loin de là. Je suis désolé aussi tu sais.

Zach tenta par la suite de lui arracher un sourire et il y parvint. Certes, il était minuscule son sourire mais c'était peut-être la première fois que ses lèvres s'étiraient sans faux semblant depuis que son enfant avait perdu la vie.

-C'est vrai que je me sens vidé. Mais je n'ai pas vraiment sommeil.

Alors qu'il lui demandait s'il voulait en parler, Héres se sentit au pied du mur. Il savait qu'il en avait besoin. Il n'avait pas encore parler avec son frère qui était le plus proche pour comprendre ce qu'il ressentait. Ni avec Virginia qui partageait les mêmes douleurs. Alors parler lui ferait du bien, il le savait. Mais parler maintenant signifiait qu'un flot de paroles peut-être incompréhensibles allaient sortir de sa bouche sans qu'il puisse les contrôler, il allait peut-être sur le coup du chagrin et de la colère dire des choses qu'il allait regretter par la suite...
Alors il dévia ce début de conversation habilement sur Zachary pour pouvoir par la suite se livrer sans trop en avoir l'air.

-Oui. Qu'est ce que tu en penses toi ? De tout ça ?

L'avis du jeune homme, qui adhérait totalement à leurs idéaux était important pour l'héritier et il le lui fit savoir par un regard. Comment est-ce qu'un homme comme Zach, si sincère, réagissait devant ces révélations ? Déception ? Colère ?

-Et ne commence pas toi aussi, répliqua t'il avant qu'il ne lui réponde. Je devrai mais... je voulais voir Virginia.  

Le monde est devenu fou !

 
Il avait naturellement voulu protester lorsque Hères l'eut remercié pour son intervention mais ce dernier l'avait fait taire d'un simple geste de la main avant de prendre la parole pour réaffirmer ses dires. Zachary crut alors comprendre que le garde du corps de Hères n'était pas sorcier, mais moldu. Il est vrai qu'il ne l'avait pas vu faire usage de la magie. Et puis les paroles d'Aurélia lui revinrent en mémoire, lorsque lors de leur petite escapade à New-York elle lui avait dit d'arrêter d'être aussi modeste et de cesser de minimiser ses actions. Il ne voyait pas les choses comme eux, mais accepta les remerciements et puis surtout quelque chose avait attiré toute son attention. Hères, venait de le tutoyer. Lui, qui depuis leur première rencontre l'avait incité au tutoiement avait toujours du faire face à la réserve du jeune hériter qui s'obstinait à le vouvoyer. Ce lâché prise aurait pu s'expliquer par le coup de l'émotion sous lequel Hères se trouvait car après tout, il venait de se faire agresser, pourtant loin de se reprendre il continua sur sa lancée semblant avoir définitivement abattu la cloison du vouvoiement. Ce constat tira un petit sourire à Zachary qui se reprit si tôt qu'il réalisa que son ami attendait toujours une réponse à sa question.

- Oh euh,... le hasard. Je viens de terminer mon travail et plutôt que de rentrer chez moi je voulais voir Livie. Pour me rendre chez elle, je dois passer devant les tours, enfin, c'est le seul chemin que je connaisse, reconnu-t-il en passant sa main dans les cheveux signe de son embarras. Je me suis arrêté pour observer les manifestants et quand je m'apprêtais à repartir j'ai vu ces trois silhouettes contourner le bâtiment alors je les ai suivi parce que j'avais un mauvais pressentiment, c'est tout. Je ne m'attendais pas à tomber sur quelqu'un et sur toi encore moins.

Zachary esquissa un petit sourire navré lorsque Hères lui avoua avoir perdu le sommeil. La vie d'Hères était malmené actuellement et tout s'effondrait autour de lui, pourtant Zachary ne doutait pas un seul instant que le jeune homme finirait par se relever plus fort qu'il ne l'était déjà et pour commencer, il avait besoin de parler. Mais si Hères avait déjà fait l'effort du tutoiement, ce qui, lorsqu'on le connaissait était loin d'être aussi évident qui le paraissait, il n'était pas encore totalement prêt à se confier et à faire des confidence. Curieusement, Zach comprenait parfaitement sa réaction. Hères n'était pas n'importe qui et il était dangereux pour lui de se confier au premier venu, aussi ne s'en formalisa-t-il pas lorsque le jeune homme lui retourna la question. Il leva les yeux vers le plafond non pas pour signifier une quelconque exaspération mais plutôt pour peser ses mots, lorsque son regard se posa à nouveau sur Hères et que cette fois son visage se fendit d'un grand sourire.

- Tu m'engueules à présent ? Se moqua-t-il amusé.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Zachary était ravi par cette réaction que venait d'avoir Hères à son encontre. Parce que cela signifiait qu'il se sentait suffisamment à l'aise avec lui pour se laisser aller à dire ce qu'il ressentait véritablement, sans prendre de gants.

- Et même si je trouve ça complétement stupide de ta part d'avoir songé à ne mettre ne serait-ce qu'un pied dehors, je comprends pourquoi tu as voulu le faire. Rajouta-t-il avant que Hères n'ait le temps de protester

Dans sa situation, il y a bien longtemps qu'il aurait franchit les interdits pour retrouver celle qu'il aimait. Il pouvait comprendre que pour Hères, être séparé de Virginia durant cette tempête devait être une véritable torture. Puis, il repensa à la question que Hères lui avait posé concernant son opinion sur les derniers événements. Il inspira profondément et lâcha soupir avant de répondre avec sa sincérité habituelle

- Comme tout le monde j'ai été sous le choc de cette nouvelle et mes convictions s'en sont retrouvés ébranlées, moi aussi je me suis mis à douter. Mes idéaux n'étaient-ils que des chimères ? Etait-ce mon frère qui avait raison et moi qui était dans le tort ? C'était quelque chose que je ne pouvais pas accepter. Toutes les personnes qui vivent sur le territoire du Nouveau-Monde ont bâtit un espoir : celui de vivre tous ensemble sans distinction que l'on soit Moldus ou sorciers. Contrairement à ce que veulent nous faire croire les Mages Fondateurs ou les Inquisiteurs, on n'est pas obligé de s'affronter, il y a de la place pour tout le monde sur cette planète. Malheureusement, les bases de l'idéologie du Nouveau-Monde ont été fondé sur de mauvaises raisons. Ce que ton grand-père et celui de Virginia ont fait est absolument inexcusable, malheureusement ils ne sont plus là pour répondre de leur crime. Mais Hères, ce n'est pas pour autant à toi, Virginia ou ton père de répondre de leurs actes. Tout le monde veut la tête de Saevus Yaxley sur un pique pourtant, quel crime a-t-il commis ? Il a mentit c'est vrai, et je suis bien placé pour savoir que même les secrets les mieux enfuis finissent toujours par ressortir et vous exploser au visage. Je déteste les secrets, même par omission mais paradoxalement quel autre choix avait-il ? Le parti du Nouveau-Monde est encore un très jeune parti politique qui doit faire face à deux autres partis extrêmement belliqueux : les Mages Fondateurs d'un coté qui refusent de se mêler aux moldus, et les Inquisiteurs de l'autre qui nous ont toujours perçu comme une menace et qui rêvent de nous exterminer. Le Nouveau-Monde était le seul parti qui nous offrait une autre alternative : vivre ensemble. Ton grand-père a fondé ce parti en faisant couler le sang de milliers d'innocents, et ton père a du vivre avec ce secret toute sa vie. Il a consacré son existence à donner véritablement vie à cet idéal factice inventé par ton grand-père.  A faire de cet endroit un lieu où il faisait bon vivre pour chacun d'entre nous. Il a transformé un endroit maudit en un véritable paradis pour les uns et les autres. Il a essayé de racheter les erreurs de son père et a fait de son mieux. Tout avouer aurait été suicidaire. Après, c'est peut-être plus facile pour moi de parler ainsi étant donné que je n'ai perdu personne dans cette tragédie....  Malgré tout j'éprouve de la colère moi aussi, et celui à qui j'en veux terriblement c'est ton oncle Victor Yaxley. Je ne sais pas quel contentieux il existe entre ton père et lui et ça ne m'intéresse pas de le savoir mais ce qu'il a fait nous met tous en danger. Toi, ta famille, tes proches, les gens qui sont à votre service et les sorciers en général. Les moldus ont peur de nous désormais et on ne peut pas leur donner tort. Après la tragédie de Boston, voilà qu'ils découvrent que les sorciers ont encore tué des milliers de moldus. Pour eux, il n'y a plus de différence entre sorciers Mage Fondateurs et sorciers du Nouveau-Monde, à leurs yeux nous sommes pareils et nous sommes entrain d'entrer dans une guerre civile. Je connais des sorciers qui pour mettre leur famille à l'abris sont partis pour trouver refuge sur les territoires des Mages Fondateurs et je suis prêt à parier que nombre de moldus en ont fait autant en se tournant vers les Inquisiteurs alors qu'à la base, tous ces gens n'avaient qu'un seul désir : vivre ensemble. Le Nouveau-Monde est entrain de s'écrouler tout ça pour assouvir une sombre vengeance personnel. Je sais qu'il s'agit de ton oncle mais cet homme ne s'intéresse qu'à sa petite personne. Il ne s'est pas soucié un seul instant de la repercussion et des conséquences que pourrait avoir ses actes sur les autres et rien que pour ça, il a tout mon mépris.

C'était Hères qui aurait du se soulager mais au lieu de ça, c'était lui qui venait de lâcher toute sa verve. Lachant un nouveau soupir il posa son regard sur Hères

- J'habite à l'extérieur de la ville, juste à coté de la réserve dans un appartement que je loue. Le quartier est sympa et les gens le sont tout autant. On m'a bien accueillit lorsque je suis arrivé, mais aujourd'hui ces mêmes personnes se méfient de moi quand ils ne se montrent pas clairement hostiles, et il viennent jusqu'à manifester aux portes de la réserves de crainte qu'on libère les dragons et les autres créatures sur eux. Pourtant, je n'ai pas changé entre hier et aujourd'hui, je suis resté le même, c'est leur vision des choses et la perception qu'ils ont de moi et des sorciers en général qui ont complétement changé, et quoi qu'il arrive à l'avenir, il sera très difficile désormais de réparer cette fêlure et de rétablir cette confiance.

Les plus pessimistes d'entre eux prétendaient que c'était chose impossible désormais, quelque soit leurs actions, on soupçonnerait toujours les sorciers d'avoir de mauvaises intentions. Leur pouvoir et leur différence pouvaient susciter la méfiance de quelques moldus par le passé mais à présent leur différence terrifiait la plupart d'entre eux, et ce qui fait peur finit par engendre la haine, et de la haine, la guerre.
Zach ne se faisait aucune illusion, regagner la confiance des moldus ne se ferait pas en un claquement de doigts, cela prendrait du temps, beaucoup de temps, peut-être même des années, mais il ne pouvait pas croire que tout était perdu

- Cette après-midi ça a faillit mal tourner entre des manifestants et des gardiens. Je ne sais pas ce que ton père attend, mais il doit sortir de sa retraite et agir. Je ne suis pas politicien, je ne sais pas ce qu'il doit faire mais je suis sur d'une chose, il ne peut pas continuer à se cacher, et contrairement à ce que ce journaliste proclame, je ne pense pas qu'il doit démissionner, bien au contraire. Vous retirer du monde politique ce serait reconnaître que vous avez des choses à vous reprocher alors que c'est totalement faux. Vous avez toujours oeuvré au mieux pour cette ville, ce territoire et l'idéologie du Nouveau-Monde. Si cette idéologie existe ce n'est pas grâce à ton grand-père mais grâce à ton père et à toi. Aucun de vous n'êtes responsables des actes de Priscus Yaxley senior. Les gens ont simplement besoin que vous le leur rappeliez

Seul au monde, ou presque

Le jeune homme observa son interlocuteur avec une drôle de lueur dans le regard. C'était presque de la peur paternelle pour un fils.

-Il va falloir te montrer plus prudent Zachary. Tu aurais pu te faire tuer ce soir. Les gens sont furieux, il faut leur laisser le temps de se calmer. Passe plutôt par la rue du 1er mai, tu vois ? Ca te fait un petit détour mais tu évites les manifestants.

Car si cette haine de rue venait à causer des blessés sur des gens comme le gardien de dragons, il en serait à présent de sa responsabilité.
Avec tout ce qu'il avait sur les épaules, il ne pourrait supporter ne serait-ce qu'une seule égratignure sur des sorciers innocents de tous crimes, pris comme bouc-émissaires par des moldus effrayés suite aux dernières révélations.

L'héritier apprécia que Zach ne relève pas le retournement de la question. A la place, il prit le temps de réfléchir avant de lui répondre.
Son petit discours lui fit du bien car il ne reniait ni sa famille, ni les idéaux. Héres tiqua néanmoins sur le fait que son père n'avait rien à se reprocher...
Il ne dit rien pourtant et le laissa continuer.
Lorsqu'il avoua être furieux auprès de son oncle Victor, Héres sentit une vague de remords l'envahir. C'était lui, et lui seul, qui s'était laissé embobiner par sa cousine dans un moment de faiblesse. Les documents volés...C'était de sa faute. Les secrets étaient dehors pour le meilleur et pour le pire et le jeune homme sentait qu'il se forçait à penser que c'était pour le mieux de savoir. Mais tout de même...

-Je ne suis pas d'accord sur un point : la responsabilité de mon père. Oui, il a toujours fait de son mieux, j'en ai toujours été le témoin privilégié mais... il y a quelque chose dans ce silence qui me gène.

Oui il ne pouvait mieux dire : ce mensonge par omission était un fait qui avait rendu son père complice et cette idée lui était insupportable.

-Tout avouer aurait été dur. Mais nous aurions pu le faire s'il m'en avait parlé.

C'était la première fois qu'Héres critiquait en publique son paternel. Il se sentait comme un traitre d'avoir oser dire cela, même à quelqu'un d'aussi ouvert et homme de confiance qu'était Zach. Ainsi, malgré sa lassitude et son état presque végétatif, il ajouta d'un ton calme alors que son coeur battait.

-Mais il a sans doute agit parce qu'il pensait que c'était au mieux. Je ne suis qu'un jeunot qui n'y connait, au fond, pas grand chose.

Ce n'était pas totalement vrai. Cette phrase aurait été conçue pour un interview face à des journalistes mais dès que le jeune homme sortait du cadre familial, rien à faire, il se devait de ne pas aller à l'encontre de son père. En ces temps troubles, il serait plus qu'important de ne pas se trahir. De ne pas montrer son dégout et sa déception amère. Il fallait rester derrière son père pour que ce parti, l'oeuvre de sa vie, une oeuvre avec de si belles intentions, tiennent encore la route.

-Je ne puis qu'être d'accord avec ta colère envers Victor Yaxley. Ce n'est qu'un profiteur qui voulait se venger. Il m'a manipulé via sa fille, ma cousine à qui j'ai malgré moi, ouvert les portes vers ses preuves. Ainsi tout ceci aurait pu être éviter si je n'avais pas été aussi...distrait. Mais est-ce un si grand mal ? Je ne sais pas. La vérité est douloureuse mais nécessaire il me semble...

Héres ne connaissait pas les véritables raisons de la guerre entre son père et son oncle. S'il fallait revaloriser le parti, le jeune homme devait forcer son paternel à tout lui expliquer...
Alors que Zach mentionnait les familles de moldus, craignant pour leur vie, qui partaient vers le territoire des Inquisiteurs, une boule saisit le ventre de l'héritier.

-Tu sais, je pense que tout n'est pas réduit à néant. Ne crois pas que mon père ne va pas réussir à se relever. Je comprends le désarroi de ces familles et j'en suis désolé. Il va falloir que mon père ou moi-même prenions la parole pour calmer les foules. Il faut juste que nous trouvions les bons mots que pour réussir à ne pas exciter encore plus leur colère ce qui n'est pas mince affaire malheureusement.

Il était assez difficile pour le jeune homme que de s'inclure dans le "nous" que constituait lui et son père. Il se sentait pour l'instant encore bien éloigné de ce dernier et Héres savait qu'ils allaient devoir travailler dur que pour regagner une confiance mutuelle.

-Je te remercie pour ta confiance envers le parti Zachary. Sincèrement. Et j'espère qu'il existe encore des gens dans ton genre qui n'ont pas perdu complètement la foi envers nos valeurs.

Ce soutien redonnait un regain d'énergie à l'héritier car il voyait que Zach les suivrait quoiqu'il se passe.

-Mais est-ce parce que tu nous connais à présent personnellement que tu nous es si fidèle ?

La question était légitime après tout.

 

Le monde est devenu fou !

La situation actuelle était très grave, et nul n'était sans l'ignorer, et elle n'était certainement pas prétexte à sourire. Les deux personnes présentent dans cette pièce en étaient on ne peut plus conscient, pourtant Zachary ne pu s'empêcher de lâcher un petit rire amusé lorsque Hères se mit à le sermonner sur son comportement qui, selon ses mots, manquaient de prudence. Zachary ne se moquait pas du tout de l'inquiétude que son ami manifestait à son égard, bien au contraire.

- Je trouve cela assez ironique que tu me fasses cette remarque, lui fit-il remarquer en affichant un petit air espiègle. Tu t'inquiètes de ce qui aurait pu m'arriver à moi qui ne suis personne alors que toi-même tu t'apprêtais à sortir ? De nous deux, à ton avis, qui courait le plus de risque à se retrouver dehors ?

La réponse à sa question était tellement évidente qu'elle se passait de réponse. Hères était connu, pire, il faisait parti de cette famille à présent honnis par les partisans du Nouveau-Monde qui voulaient leur faire payer les crimes d'un aieul qui n'était pas les leurs. S'il s'était retrouvé dans la même situation que tous ces gens, si lui aussi avait perdu un être cher dans cette catastrophe, réagirait-il toujours comme il le faisait aujourd'hui, ou réagirait-il comme eux ? Il voulait croire que son opinion ne changerait pas mais pour être tout à fait honnête, il n'en savait rien.

- La rue du... euh... non désolé, répondit-il navré après une légère réflexion en se grattant l'arrière de la tête. Comme je te l'ai dit je ne me repère pas vraiment en ville, et puis c'est plutôt une bonne chose que je sois passé par-là non ? Lui fit-il remarquer en haussant les sourcils dans un grand sourire désarmant

Hères avait raison, il en avait parfaitement conscience et bien qu'il ne désirait aucunement minimiser la situation, il ne souhaitait pas pour autant la dramatiser ou laisser cette situation et ce débordement collectif avoir raison de lui, et puis ce n'était pas comme s'il était sans défense...

A la demande de son ami, Zachary lui avait livré le fond de ses pensées sur cette situation sans s'en cacher. Ce dernier l'avait écouté religieusement sans l'interrompre une seule fois. Ce ne fut que lorsqu'il eut terminé que Hères se décida enfin à prendre la parole. De toute évidence, il était assez d'accord avec lui dans l'ensemble, sauf sur un point : la responsabilité de son père dans cette sombre affaire. Curieux, Zachary fronça les sourcils désireux de connaitre la raison pour laquelle Hères tenait ce propos. C'est ainsi qu'il comprit que son ami n'était pas au courant de toute cette histoire avant qu'elle n'éclate. Il avait découvert cette vérité aussi cruelle que dérangeante en même temps que tout le monde. Mais alors cela signifiait que son jeune frère aussi était dans l'ignorance ? Et leur mère ? Non pas leur mère.... C'est alors que les paroles de Victor Yaxley lui revinrent en mémoire et prirent tous leur sens dans son esprit.

« Je suis ici pour rétablir une vérité bien trop longtemps bafouée. Saevus yaxley vous ment. Il vous ment à tous. Il ment même à sa femme et ses enfants depuis toujours. Bien sûr tous les hommes politiques sont plus ou moins des menteurs mais le mensonges de Saevus Yaxley est de plus le plus terrible de tous les bobards que l'on puisse inventer. Il est si terrible que Saevus Yaxley n'en parle jamais à personne et garde le secret dans un coffre fort. »

- Vous n'étiez pas au courant... Réalisa-t-il abasourdit. Il n'en n'avait vraiment parlé à personne...

Il n'avait pas imaginé que Saevus Yaxley ait pu garder un tel secret sans en parler au moins à sa famille. Il ne le jugeait pas, mais il tombait de haut car il ne s'y était pas vraiment attendu. Il pensait que le secret concernait uniquement la population et que seule sa famille proche était dans la confidence, mais en réalité c'était loin d'être le cas.
Il comprenait mieux pourquoi Hères contestait son point de vu quand à la responsabilité de son père dans ses actes. Il n'y était pour rien, mais Saevus avait eut tort de leur dissimuler la vérité. Il avait tort également de penser que son secret serait toujours bien gardé, tort de mentir et de dresser son père et le grand-père de Virginia en héros national. Il n'aurait jamais du entretenir cette légende qui n'était que mensonge, cela ne faisait que renforcer le sentiment de trahison qu'éprouvait actuellement la population. Et peut-être bien que Hères avait raison, peut-être que si son père s'était ouvert à lui les choses auraient été différentes, ou peut-être pas... nul ne le saurait jamais à présent.

Il pouvait comprendre le ressentit, et le sentiment de frustration qu'éprouvait Hères, pourtant, à son grand étonnement, ce dernier, comme s'il venait de réaliser qu'il s'était un peu trop lâché, tenta de modérer ses paroles et de trouver une excuse quand à l'attitude de son père. Quel étrange retournement de situation. Hères n'arrivait pas à convaincre son interlocuteur par ces dernières paroles qui manquaient cruellement de conviction, mais Zachary ne dit rien, seul son regard le trahissait. Il n'était pas dupe de ce qu'essayait de faire le jeune héritier, sa nature secrète et posé avait repris le dessus sur son naturel. Il y avait visiblement des choses qu'une personnalité comme lui ne pouvait confier à n'importe qui il en avait conscience, mais Zach préférait s'imaginer que c'était plutôt le manque d'habitude de se confier ouvertement qui empêchait le jeune héritier d'agir de la sorte.

La discussion vacilla ensuite sur l'oncle du jeune sorcier, envers qui les deux jeunes gens éprouvaient une même colère. Zachary ignorait ce qui s'était réellement passé entre sa cousine et lui, mais il comprit bien vite que Hères s'était fait manipuler par cette dernière et qu'il culpabilisait de ce qui était arrivé. Néanmoins, il arrivait à relativiser et à se conforter dans l'idée que bien que douloureuse, la vérité était un mal nécessaire. Zachary ne répondit rien mais dans le fond, il savait que Hères avait parfaitement raison. Aussi dures soient-elles à entendre, les vérités doivent être dites afin d'éviter qu'elles ne fassent encore plus de mal lorsqu'elles sont révélés, car il ne fallait pas se leurrer, les secrets finissent toujours par ressortir tôt ou tard.

Le tirant de ses réflexions, il offrit un sourire qui se voulait confiant lorsque le jeune homme lui assura que son père se relèverait, et qu'ils parviendraient à calmer les foules. Zach n'en doutait pas. Il ne savait pas comment Saevus Yaxley se relèverait de ce coup dur, mais il ne pouvait imaginer le Nouveau-Monde sans lui. Le fait que Hères le remercie d'avoir toujours foi en eux et au Nouveau-Monde le fit légèrement sourire, avant de prendre une expression amusé lorsque Hères lui demanda si sa fidélité envers eux était du au fait qu'il les connaissait un peu plus personnellement que la plupart des gens.

- Tu sais je connais mon frère personnellement depuis toujours, j'ai grandit avec lui, ce n'est pas pour autant que je lui suis fidèle, lui répondit-il avec le sourire avant de se reprendre et de rajouter, je veux dire en politique.

En politique ? C'était tout ? Zachary ne saurait répondre à cette dernière question avec franchise et exactitude car lui-même doutait et n'était plus très sur de rien. Benjamin faisait tout son possible pour qu'il le déteste mais, même si Zach lui en voulait beaucoup, et qu'il était très en colère contre lui, il savait qu'il était incapable de le haïr et qu'il ne pourrait jamais le laisser tomber en cas de besoin, mais de là à le soutenir aveuglément sous prétexte qu'il était son frère, il n'en n'était pas certain... Préférant revenir à la question de Hères, il chercha à le rassurer quand à ses propos

- J'ai dit non à ton père à deux reprises, penses-tu vraiment que je suis le genre de personne à se laisser influencer par son entourage si cela va à l'encontre de ce à quoi je crois ? Lui demanda-t-il dans un pauvre sourire. D'ailleurs, puisqu'on en parle, il y a deux choses que j'aimerais te révéler qui me concerne, et qui te concerne aussi indirectement. Ou serait-il plus juste de dire qui concerne ton père.

Comment commencer... la seule personne à qui il avait tout raconter était Livie, mais avec elle, c'était tellement plus facile. Contrairement aux apparences, et même s'il était quelqu'un de très ouvert, Zachary n'avait pas pour habitude de se confier sur des choses aussi privé avec les gens. Hères serait la deuxième personne à qui il ferait cette révélation, Saevus et Ernie étant déjà au courant bien avant lui.... curieusement, malgré ce que les gens pouvaient prétendre, ce n'était pas plus facile d'en parler au fil du temps, au contraire... Il prit une profonde inspiration et lâcha

- Je ne suis pas un Heel. J'en porte le nom mais, en réalité, Victor et Martha Heel m'ont... adopté ? Recueillit ? C'étaient autant de mots qu'il n'arrivait pas à sortir élevé comme si j'étais leur enfant. Je l'ai découvert il y a peu. Ma véritable mère s'appelait Samantha Fairchild, tu as peut-être entendu parler d'elle, il s'agissait de la pionnière dans le domaine de la technomagie. C'était une ancienne collaboratrice de ton père, et à vrai dire, elle était un peu plus que ça, avoua-t-il légèrement embarrassé. Je pense que l'on peut dire qu'il a été le grand amour de sa vie. Ton père m'a beaucoup parlé d'elle avec beaucoup tendresse, grâce à lui j'ai eut l'impression de la connaître un peu mieux, moi qui ne connaissait d'elle que son nom. Oh ton père n'est pas le mien, s'empressa-t-il de le rassurer tout de suite, j'y ai cru pendant un certain temps mais il m'a très vite détrompé. Ils ont rompu lorsqu'il a rencontré ta mère. Je ne sais pas qui est mon père mais ce n'est pas Saevus Yaxley en tout cas. Alors c'est vrai que pour le coup je ne suis pas forcément très objectif le concernant... Ce n'est pas très important mais je préférais que tu le saches. Et la deuxième chose.... Je t'ai dit que j'ai dit non à deux reprises à ton père... ça s'est passé lorsque j'ai volé le Norvégien au zoo. Juste après, il m'a reçu dans le bureau du directeur. Comme tu le sais, il m'a proposé un travail ici et j'ai refusé. Ensuite, il m'a fait une demande un peu particulière. Je préfère t'en parler parce que je n'ai aucune envie qu'il y ait de malentendu. Il m'a parlé de toi, il s'inquiétait beaucoup pour toi, et... il m'a fait comprendre qu'il souhaitait nous voir devenir amis. Je lui ai répondu que je serais ravi de te rencontrer mais que les choses ne se passeraient peut-être pas forcément comme il l'espérait, parce que l'amitié n'était pas une chose qui se commandait. Je n'avais aucunement l'intention de faire semblant ou de me forcer à t'apprécier si ce n'était pas le cas, juste pour lui faire plaisir. Il m'a alors rétorqué qu'il en avait parfaitement conscience mais qu'il était persuadé qu'on s'entendrait bien. Il faut croire, qu'il avait raison,... osa-t-il, ou est-ce que je me trompe ?

Il espérait de tout coeur que ces dernières révélations sur son compte ne changeraient pas la perception que Hères avait de lui, car au final, celui qui avait peut-être le plus besoin d'un ami en ce moment n'était pas forcément celui que l'on pouvait croire....

Seul au monde, ou presque

A sa grande surprise, le rire franc mais court de Zachary le fit sourire. Il avait raison évidemment : son ami n'était qu'un sorcier anonyme dans une foule en colère : lui était le petit-fils de l'ennemi numéro un...
Lorsque ce dernier avoua ne pas voir la rue dont Héres parlait et qu'il avait donc bien fait de se trouver là ou il avait été, le jeune homme hocha doucement la tête.

-Ce n'est pas faux. Mais ce quartier reste dangereux pour les sorciers. Je te ferai montrer des chemins plus surs.

Lorsque Zach tomba des nues en comprenant que non, la famille Yaxley n'avait pas été mise au courant de ces terribles secrets, Héres pencha doucement la tête, perplexe.

-Tu penses vraiment que j'aurai été capable de garder un truc pareil pour moi ? Je ne comprends toujours pas comment mon père a put le faire...

Ho si, il comprenait bien sur... Après la conversation avec ce dernier sur le toit de la tour, quelque chose s'était brisé entre eux. C'était la différence entre un innocent et un homme aux mains sales. L'un ne comprenait pas le deuxième et l'autre ne supportait pas le premier.
Qu'on puisse l'associer à son père au point de confondre leur deux comportements était une idée presque insoutenable aux yeux d'Héres mais c'était à présent un fardeau inévitable à porter.

Il voulut répliquer à son ami quand celui ci lui fit remarquer que même les liens du sang n'avaient pas changé en ce quoi il croyait mais ce dernier continua sur sa lancée en lui disant qu'il avait deux aveux à lui faire.
Curieux, le coeur battant malgré lui de peur de ce qu'il allait encore découvrir (Héres était las de toutes ces révélations plus brutales et douloureuses les unes que les autres), il écouta sans mot dire.
Un drôle de sentiment avait envahit l'héritier plus Zach avançait dans ses propos : en réalité, le fait de savoir que son père avait encore manipulé ses relations "salissait" ce début d'amitié d'une manière indéfinissable.

-Je ne savais pas que tu avais été adopté par les Heel. Je pense que adoptif ou pas, tes parents ont du être d'excellents tuteurs.

Héres se gratta le front avant de reprendre.

-Mon père vient de m'apprendre à l'instant qu'il avait eu une relation avec ta mère. Je pensais juste que c'était Madame Heel. J'ai effectivement déjà entendu son nom durant mon apprentissage. Elle était célèbre dans son domaine car très douée et infiniment respectée par ses pairs.

Le plus dur était à venir : réagir face à la nouvelle qu'une fois de plus, son père avait main mise sur sa vie. Auparavant cela ne le gênait outre mesure : il avait toujours grandit ainsi. Mais depuis ces révélations à Washington, le jeune homme préférait se tenir, momentanément du moins, à distance émotionnelle de son paternel.

-Je t'avoue que je n'aime pas l'idée que ce soit mon père qui ait suggéré... Ca.

Il fit un geste entre eux deux de la main.

-Mais le fait que tu m'en parles...

Héres du s'arrêter car une boule à la gorge venait de le surprendre. Oui, il était ému. Cachant assez bien son trouble en toussotant, il continua

-...et bien, le fait que m'en parles me montre à quel point tu es au dessus de toutes ces magouilles politiques. Et je suis heureux de compter parmi mes amis quelqu'un d'aussi loyal que toi.

C'était sincère. Les deux jeunes s'entendaient bien. Héres ne comprenait pas pourquoi un gars aussi jovial et plein de vie que Zach venait à s'intéresser à un gars comme lui.
Pour chasser ce moment d'émotions, Héres ramena la conversation un rien en arrière.

-Et donc, tu ne sais pas qui est ton père...Ca ne doit pas être facile à gérer... Et tu n'as vraiment aucune piste ?

Héres aurait adoré que son esprit soit occupé à un mystère innocent comme la recherche de racines familiales... De plus, il voulait véritablement aidé Zach.


 

Le monde est devenu fou !

Zach n'avait pas la sensation d'avoir dupé Hères en sympathisant avec lui, car même si c'était une demande au préalable faites par son père, le courant était passé tout naturellement entre eux. Bien sur, Zachary avait cette capacité à se lier très facilement aux autres, se faire des amis n'avaient jamais été une tâche très difficile pour lui, mais il y avait les amis, et les amis. La différence ? Avec les premiers il partageait beaucoup de bons moments et c'était toujours un plaisir de les croiser au gré du hasard. Avec les seconds, qui étaient beaucoup moins nombreux, il était indéniablement beaucoup plus liés, il s'agissait de ses véritables amis, ceux en qui il plaçait sa confiance, même s'il y avait certains secrets qu'il ne partageait qu'avec Livie uniquement. Hères était bien parti pour rejoindre ce second cercle d'amis, mais pour cela, il se sentait obligé de lui parler de la conversation qu'il avait eut avec son père à son sujet. Cela n'avait en rien interféré dans sa manière de l'aborder ni même dans l'évolution de leur amitié, mais il sentait que s'il ne s'en ouvrait pas maintenant, il finirait par le regretter. Lorsque l'on se prétend amis, il y a certaines choses qui ne doivent pas être dissimulés, et à ses yeux, celle-ci en faisait parti.

Il avait commencé par ce qui lui paraissait le moins important, à savoir la relation qu'avait entretenu leurs parents respectifs, ce que, à son grand étonnement, son ami savait déjà. Hères ignorait par contre que les Heel n'étaient pas ses véritables parents et fit preuve d'empathie à son égard à ce sujet.

- Merci, répondit-il simplement le regard fuyant lorsque Hères les congratula.

"Adopté". Vu comment les choses s'étaient déroulés, Zachary doutait sérieusement qu'il y ait le moindre papier d'adoption officiel le concernant, mais Hères avait raison, ils avaient été pour lui de formidables parents.
Puis, il fut ensuite question de son entretien avec Saevus. De toute évidence, cette nouvelle déplaisait fortement à Hères, et en un sens il pouvait comprendre pourquoi. Le jeune homme devait se sentir manipulé, ce que lui-même n'aurait pas beaucoup apprécié non plus. Pourtant, il sentait qu'il y avait autre chose et cela n'était pas difficile de deviner ce dont il s'agissait. L'ainé des Yaxley en voulait à son père d'avoir tenu ce secret de famille qui venait de leur exploser à la figure. Zachary avait levé son regard avec une pointe d'appréhension sur Hères qui semblait plutôt mal réagir à cette vérité, car au final, s'il ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, Zachary savait que son amitié lui manquerait car au fil du temps, il avait finit par s'attacher à lui et à Virginia. Fort heureusement, ses craintes s'envolèrent lorsqu'il le remercia pour sa franchise et qu'il lui confirma d'être heureux de compter parmi ses amis quelqu'un d'aussi loyal que lui. Un sourire de soulagement se dessina sur son visage et Zachary se sentit plus léger, en paix avec sa conscience.

Hères revint alors sur ses origines, cherchant à en savoir plus. Zachary comprit que ce n'était pas de l'indiscrétion ou de la curiosité mal placé, mais un véritable intérêt le concernant. Pourtant, alors qu'il aurait du se sentir heureux de cet intérêt que lui portait Hères, Zach se sentit gêné. L'héritier des Yaxley avait bien d'autres problèmes à gérer que de se soucier de lui. Reprenant son sourire, il leva son regard sur son nouvel ami

- Et bien en toute franchise non, ça n'a pas été facile et pour être parfaitement honnête j'ai encore du mal à le digérer mais je fais avec. Lorsque je suis venu ici, je n'avais qu'une chose en tête : apprendre à connaître ma véritable mère et découvrir qui était mon père. Grace à ton père et à Ernie, un oncle que je me suis découvert tout récemment du coté de ma véritable mère, j'ai une idée un peu plus précise de la femme qu'elle était. Par contre, aucun d'entre eux n'a pu me renseigner sur mon père. Pourquoi personne n'en n'avait entendu parler ? Etait-ce la relation d'un soir ? Etait-il marié ? Et puis, il s'est passé différents événements dans ma vie comme mes retrouvailles avec Livie, qui font que j'ai délaissé mes recherches parce qu'ils n'étaient plus ma priorité. Aujourd'hui, maintenant qu'on en parle, je ne suis plus très sur d'avoir envie de découvrir qui est véritablement mon père. Après tout, il ignore peut-être jusqu'à mon existence, mais dans le cas contraire, étant donné qu'il n'a jamais fait l'effort de me retrouver je suis en droit de me dire qu'il n'avait peut-être aucune envie d'être père à l'époque. Peut-être que je n'étais pas désiré, je ne serais pas le premier après tout. Et puis quand bien même, sourit-il sans être réellement convainquant, j'ai 23 ans, je ne suis pas certain que ça l'intéresserait de découvrir qu'il a un fils de cet âge, il n'y a surement pas de place pour moi dans sa famille. Je n'ai pas besoin de savoir, assura-t-il, c'est mieux comme ça, quoi qu'on en dise, mes parents sont et resteront toujours Victor et Martha Heel

Qui essayait-il de convaincre réellement ? Hères ou... lui-même ? Tout ceci n'étaient en réalité que des excuses, une fuite en avant, et Zachary en avait parfaitement conscience, mais depuis sa confrontation avec Ben lors de l'anniversaire de Tamara certaines choses que lui avait dites son frère l'avait complétement refroidit. Et si son père réagissait de la même manière ? En un sens, il craignait d'être déçu, de voir ses espoirs être piétiné, et pire que tout, d'être rejeté encore une fois. Pourtant une partie au fond de lui, ne pouvait se résoudre à ne pas connaître l'identité de son père et il savait que cette question et ses doutes le tarauderaient éternellement s'il faisait le choix d'abandonner. Il avait peur oui, mais en même temps, tout au fond de lui, il savait qu'il ne pouvait se résoudre réellement à renoncer de découvrir ses véritables origines. En réalité, il doutait, et n'était plus réellement sur de ce qu'il désirait réellement

- Et puis tu as surement mieux à faire que de parler de ça, comme par exemple retrouver une jolie rousse, fit-il espiègle en haussant les sourcils

C'était à son tour de changer de sujet avec habilité. Non pas qu'il ne désirait pas en discuter avec Hères, bien au contraire, en parler lui ferait surement du bien, mais aider les autres à résoudre leurs problèmes, leur prêter une oreille attentive était pour lui beaucoup plus facile que de se retrouver dans la position de celui qui avait besoin qu'on lui tende une oreille attentive.

- J'ai peut-être une solution pour que tu puisses retrouver ta belle, mais pour cela il nous faut une potion de polynectar. Sortir de la tour dans l'état actuelle des choses est exclu... pour toi, parce que c'est trop dangereux, mais... pas pour moi. Fit-il en souriant en comprenant au regard d'Hères qu'il voyait où il voulait en venir. Si tu prends mon apparence tu ne risqueras rien. De mon coté, je peux prendre la tienne et rester dans ta chambre ainsi ta disparition ne sera pas remarqué et ta famille ne s'inquiétera pas. Par contre, la seule chose que je te demande en retour s'est d'être rentré avant que tout le monde ne se lève, parce que je n'ai aucune envie d'expliquer à ta famille et en particulier ton père, ce que je fais ici à ta place. Alors, qu'en penses-tu ?

Seul au monde, ou presque

Héres regarda le visage de Zach se détendre alors qu'il vit qu'il ne lui en voulait pas du moins du monde. Le fait qu'il voulait "clarifier" tout ça, d'homme à homme, sans intervention quelconque avait quelque chose de rafraichissant pour le jeune homme.
C'était la première fois que ça lui arrivait : faire confiance à quelqu'un en si peu de temps. Mais le gardien de dragon était différent. Il gardait une simplicité réconfortante malgré les tourments compliqués dans lesquels ils se trouvaient.
Son regard fuyant prouvant qu'il éprouvait une certaine gène lorsque l'héritier pointa discrètement du doigt que ses parents, adoptifs ou pas, avaient fait un excellent travail avec lui, lui montra de nouveau à quel point Zachary Heel était unique.

Alors qu'il lui avouait que la recherche de l'identité de son père n'avait pas été tous les jours facile, Héres l'écouta attentivement, compréhensif.

-Je comprends oui. Cela ne doit pas être facile tous les jours que de ne pas connaitre ses origines...

Le jeune homme pensait à son frère et comment son père pouvait le mener où il voulait en lui lâchant quelques informations par ci par là sur sa mère.
Le lui avait-il enfin révélé ?
Il fallait vraiment qu'il commence à parler avec Priscus... Ne serait-ce que pour prouver à son père que son demi-frère n'avait rien en commun avec Victor.

-Si je puis me permettre, je pense que la vérité, bonne ou mauvaise est toujours mieux que de ne pas savoir. Les doutes te travailleront toute ta vie. Il me semble que cela vaut la peine de faire quelques recherches. Je connais des tas de gens qui pourraient nous aider. En toute discrétion évidement.

Les chercheurs que sa mère avait dû côtoyer... Héres les connaissait depuis son enfance. A toujours trainé dans les pattes de son père et ensuite à se montrer curieux pour réussir au mieux ses études, il pensait qu'il pourrait facilement leur demander un petit service. Il suffisait qu'ils ressassent un peu leurs souvenirs...Quelqu'un devait forcément connaitre une petit détail pouvant les mener sur une piste...

Le regard de son ami devint soudainement plus malicieux alors qu'il mentionnait sa dulcinée.
Lui aussi voulait l'aider...
Son plan était complètement fou...
Tellement qu'il pouvait en fait fonctionner. Et combien est-ce que Héres aurait donné pour pouvoir serrer Virginia dans ses bras. Il devait lui dire tant de choses ! La rassurer, se rassurer, lui parler du mariage, de sécurité, de son amour de plus en plus fort, s'enquérir de sa santé et de son moral...
Il y avait juste un détail auquel l'héritier tiqua.

-Tu ferais ca pour moi ? Murmura t'il, surpris mais plein d'espoir. C'est un plan risqué... auquel je dois apporter mes exigences. Héres inspira un grand coup avant de se montrer le plus sérieux du monde. Il est absolument hors de questions que tu prennes mon apparence.

Et puis quoi encore ? Même s'il ne quittait pas sa chambre, Zach n'était pas à l'abri d'un idiot qui viendrait faire une fusillade dans la maison ou d'une bombe ou ou... Non les dangers étaient trop grands.

-Je ne tiens pas à ce que tu prennes ce risque, même si tu restes sagement dans ma chambre. Mais ton idée tient la route. Je peux très bien prendre l'apparence de quelqu'un d'autre, sortir, et laisser un mot pour ma mère.

Seule elle pouvait s'inquiéter réellement au point de mourir d'angoisse et d'envoyer toutes les brigades magiques et moldues à sa recherche.

- Et puis je ne veux pas te priver d'un moment avec Livie. Voilà ce qu'on va faire : dans la réserve d'un prof, je suis prêt à parier qu'on trouvera du polynectar. Je prendrais l'apparence de Marvin. Ou d'un de ces moldus, peu importe, j'ai des cheveux qui ne sont pas les miens sur ma veste.

Aussitôt, ils se mirent en marche vers la réserve de ce fameux prof. Héres sentait l'excitation monter en lui. L'enfant en lui jubilait : c'était peut-être la première chose d'interdite qu'il faisait. Et surement aussi pour la première fois, quelque chose d'irréfléchi.
Mais la présence de Zach à ses côtés lui donnaient comme des ailes. C'était lui qui avait eu l'idée. Et puis, il voulait tant revoir Virginia...

Ils forcèrent la réserve et s'emparèrent avec succès (et joie) du polynectar. Héres vérifia que la potion était hors de portée de son ami qui pouvait très bien lui arracher brusquement une touffe de cheveux en fourbe. Mais l'héritier pensa qu'il avait comprit et accepté ses craintes.
Il vérifia que les cheveux étaient bel et bien des cheveux et non des poils de chat ou autre animal et il les laissa tomber dans la mixture.
Il croisa le regard encourageant de Zach avant de boire la potion.
Le gout était détestable, c'était la première fois qu'il buvait quelque chose d'aussi infecte. De plus, la transformation était douloureuse. Il avait peur de recracher la potion tant son estomac se contractait. Il se sentait s'épaissir, ses muscles devenir plus imposants, ses pieds grandissaient et ses cheveux raccourcissaient.  
Au bout d'une longue minute, Héres se releva.
Il était devenu Marvin.

 

Le monde est devenu fou !

Les problèmes auxquels Hères devaient faire face à l'heure actuelle étaient des problèmes hautement plus important que ses petits tourments personnels et pourtant le jeune héritier avait non seulement prit le temps de l'écouter, mais en plus de le conseiller, et c'était un conseil qu'au fond de lui, il partageait. Il savait très bien que Hères avait raison, toute vérité qu'elle soit bonne ou mauvaise était toujours préférable à l'ignorance mais ce qui le toucha le plus était probablement ce « nous » qu'il avait employé lorsqu'il lui avait proposé son aide. Il ne lui avait pas dit «  Je connais des tas de gens qui pourraient t'aider » mais bien « qui pourrait nous aider ».
Hères ne désirait pas seulement lui apporter son soutient ou son aide, il voulait participer activement aux recherches, lui, qui avait pourtant des responsabilités bien plus importantes qu'il n'en n'aurait jamais et dont il ne pouvait qu'imaginer la charge.
Ne sachant que répondre, il avait à nouveau détourné le regard avant de changer de sujet de conversation. Et pour sur, il était persuadé qu'avec ce sujet-là, Hères ne reviendrait pas immédiatement à la charge, ce qui lui laisserait un temps de réflexion pour considérer sa proposition.

Au fur et à mesure que Zach lui avait exposé son plan, le visage d'Hères s'était littéralement transformé, passant de la surprise à l'intérêt le plus vif. Hères paraissait très surprit que Zach soit prêt à faire une chose pareil, et le gardien de dragons quand à lui, l'était tout autant qu'il s'en étonne.

- Bien sur, c'est ce que font les amis, lui assura-t-il dans un sourire confiant

Hères se laissa tenté par cette idée folle qu'il venait d'avoir. Folle peut-etre, mais dont il ne doutait absolument pas de l'efficacité. Cependant Hères refusa catégoriquement que Zach prenne sa place. Se refus le surpris, mais il était logique. Après tout, il ne le connaissait pas vraiment, il ne pouvait pas se permettre de laisser n'importe qui prendre son apparence et lui ouvrir les portes de son foyer. C'était totalement inconscient parce qu'en acceptant de faire cela, il faisait courir des risques inconsidéré à sa famille.

- Je comprends, lui assura-t-il même si au fond de lui, ça le dérangeait qu'Hères puisse s'imaginer qu'il pourrait se servir de son apparence pour faire du mal à ses proches

Mais il se trompait, et la suite des paroles d'Hères lui firent comprendre que s'il refusait de le voir prendre son apparence ce n'était pas parce qu'il n'avait pas confiance en lui mais parce que c'était beaucoup trop risqué. D'abord surprit, il ne put s'empêcher de sourire devant cette remarque et d'approuver. Il ne savait pas trop ce qui serait le pire dans cette histoire. Tomber sur un autre fanatique ou se faire démasquer par Saevus Yaxley en personne.
Hères rajouta qu'il ne désirait pas le priver de sa soirée avec Livie et même s'il avait été prêt à prendre sa place sans hésiter, Zach lui en était reconnaissant car entre prendre l'apparence d'Hères et passer la nuit dans cette tour ou rentrer chez Livie et la serrer dans ses bras, il n'avait aucune hésitation quand à ce qu'il désirait vraiment.

Le jeune héritier trouva une parade pour que sa famille ne s'inquiète pas de son absence, puis ensemble, il se dirigèrent à pas de loup dans la réserve d'un prof. Tels deux gamins fiers de leur mauvaise farce, ils s'introduisirent dans un bureau et forcèrent l'armoire à potion à l'aide d'un enchantement. Comme Hères l'avait prévu, le Polynectar s'y trouvait et l'héritier s'en empara comme s'il tenait dans le creux de sa main les dernières gouttes de la fontaine de jouvence.

- J'ai l'impression d'être retourné à l'école et d'avoir 10 ans de moins, avoua Zach.

Lorsqu'il croisa le regard surprit d'Hères il comprit instantanément que son ami n'avait jamais vécu ce genre d'aventure. C'est vrai que ce n'était pas son genre, c'était quelqu'un de sérieux et de très respectueux des règles, ce que Zach n'avait jamais réellement été. Pas par méchanceté, mais plutôt par inconscience, bêtise ou stupidité et surtout parce qu'il n'en faisait jamais qu'à sa tête. Après tout, pour voler un dragon il fallait bien avoir un peu d'expérience et savoir s'affranchir de certaines règles.

Lorsque tout fut prêt, Zach sentit qu'Hères, qui n'avait visiblement vraiment pas l'habitude de désobéir, avait besoin d'un petit encouragement, ce qu'il fit en appuyant son regard confiant dans le sien. Hères n'était plus un enfant mais un homme qui faisait ses propres choix et qui désirait s'assurer que sa fiancée se portait bien. Comment aurait-il pu ne pas comprendre et surtout ne pas l'aider ? Sortir en ces temps troublé était exclu pour lui car c'était bien trop dangereux, mais sous couvert du polynectare, il ne risquait rien.
L'héritier avala la potion, et lorsqu'il le vit se tordre Zachary ne put réprimer une grimace. Finalement, il était bien heureux de ne pas avoir eut à en boire, car si cette potion était on ne peut plus efficace, la transformation n'était pas des plus agréables. La dernière fois qu'il en avait prit cela devait remonter à 5 ou 6 ans, pour prendre l'apparence de son frère juste pour faire une blague. Evidemment lorsque Benjamin l'avait découvert il avait passé un sale quart d'heure, mais ça en valait la peine, rien que d'y penser le faisait rire tout seul.

La transformation d'Hères terminé, Zachary observa le jeune homme qui avait prit quelques kilos et quelques années en plus, en devenant son garde du corps.

- J'espère pour toi que Virginia aime les changements, plaisanta-t-il avant de reprendre son sérieux. N'oublie pas que la potion n'est efficace que pendant 2h. Passé ce délai tu redeviendras toi-même. Prends ça, fit-il en lui tendant une fiole qui contenait la même potion. C'est pour le retour. C'est bien beau de partir, mais il faut que tu puisses revenir aussi. Et puis surtout.... fait gaffe à toi

Cette fois son visage rieur avait laissé place à un visage grave. Son idée était bonne et il n'y avait pas de raison pour que cela tourne mal, toutefois si jamais ça devait mal se passer et que par sa faute il arrivait quelque chose à Hères il ne pourrait pas se le pardonner.

- Hères,... pour tout à l'heure... l'interpella-t-il avant qu'il ne parte retrouver sa belle. Je... tu as raison, j'ai besoin de connaître la vérité alors,... si tu es toujours d'accord pour m'aider, quand toute cette agitation sera terminée et que le calme sera revenu... je ne serais pas contre

Seul au monde, ou presque

Le corps de Marvin était plus épais que le sien et les quelques kg en plus que son garde du corps portait étaient comme un frein dans les mouvements d'Héres.
C'était la première fois qu'il prenait l'apparence de quelqu'un d'autre d'une manière aussi...complète. Et pour dire vrai, c'était étrange. Il était comme conscient de chaque centimètre carré du corps de Marvin et cela le rendait presque mal-à-l'aise. Il avait en fait l'impression de violer son intimité et pendant un bref instant, il eut honte.
Un bref instant seulement car il croisa de nouveau le regard amusé de son acolyte qui plaisantait en espérant que Virginia aime les changements.
Sa belle allait avoir la peur de sa vie en le voyant débarquer ainsi dans la peau d'un de ses gardes du corps. Elle allait encore s'imaginer un malheur et Héres se promit de ne pas plaisanter avec son apparence comme il serait tenter de le faire, et de lui dévoiler au plus vite son identité. Il avait des tonnes de choses en réserve que pour qu'elle le croit. Des secrets sur l'oreiller ou de l'endroit exacte sur son corps qui la faisait frissonner de plaisir comme jamais...Et que seul Héres connaissait. Du moins il espérait.

Prévenant, Zach lui tendit une deuxième fiole, pour le retour en lui demandant de faire attention.
Héres sourit. Suite à la rencontre avec son père sur le toit et puis avec ces trois moldus qui avaient voulu sa peau, Zach avait réussit par une idée aussi simple que fièrement audacieuse à lui remonter le moral. Grâce à lui, il allait pouvoir serrer sa future épouse dans ses bras et c'était sans aucun doute le plus beau cadeau qu'il avait pu lui donner.

Il prit la main de son ami et la serra en plongeant son regard dans le sien.

-Merci... Je te revaudrai ça.

Il allait tourner les talons avant que ce dernier ne l'interpelle de nouveau.
Un petit sourire aux lèvres, il l'écouta admettre que chercher la vérité était la solution la plus saine à sa situation.

-Bien sûr que je suis d'accord. Je serai là, promit-il presque solennellement.

Lui lançant un dernier sourire, il ajouta.

-En fait, tu ferais mieux de me suivre. Nous pouvons sortir par la grande porte avec mon apparence de Marvin.

Histoire de ne pas réouvrir une brèche dans la sécurité.

Le monde est devenu fou !

Zachary avait froncé les sourcils d'incompréhension lorsque Hères lui avait affirmé le plus sérieusement du monde qu'il lui était redevable. Redevable de quoi ? De lui avoir donné une idée pour rejoindre Virginia ? Hères ne devait pas voir beaucoup d'amis pour songer qu'il fallait rendre le moindre service que l'on vous faisait. Celui qui lui serait éternellement redevable c'était plutôt lui si jamais Hères parvenait à l'aider dans ses recherches concernant son père. Amusé, il balaya la promesse d'Hères d'un geste de la main en riant

- Tu ne me dois rien du tout. Je te l'ai déjà dit, c'est normal de s'entre aider entre amis, il n'y a pas de donné pour un rendu en amitié. Allez, ne la fait pas attendre plus longtemps

Alors qu'il était prêt à s'avancer pour sortir enfin librement de cette cage dorée dans laquelle il était confiné pour sa propre sécurité Hères s'était arrêté lorsque Zachary l'avait interpellé. Il l'avait écouté sans prononcer le moindre mot, mais lorsqu'il s'était retourné et que Zachary aperçut le petit sourire qui menaçait d'apparaitre sur son visage, il ne put à son tour retenir un sourire de soulagement. Cette décision qu'il venait de prendre était celle que Hères attendait de toute évidence. Sur le coup il ne put s'empêcher de se demander si son ami serait vraiment resté les bras croisés sans rien faire s'il lui avait dit non. Il ne connaissait pas Hères depuis très longtemps mais même si ce dernier était quelqu'un de confiance, de respectueux et de sérieux, il sentait qu'il était prêt à faire fi de certaines décisions s'il jugeait que ça allait à l'encontre de ce qu'il pensait être le mieux lorsque cela concernait des personnes qu'il appréciait.
Le fait qu'il était prêt à tout pour retrouver celle qu'il aimait malgré les risques en était la preuve évidente, même si bien évidemment son attitude pour sa fiancée était encore une chose très différente.  

Sautant de la table sur laquelle il s'était assis, il rejoignit Hères et tous quittèrent la tour sous les viva de la foule furieuse qui, bien que certains les regardaient passer d'un mauvais œil, ne leur prêtèrent pas plus attention que ça. Une fois qu'ils dépassèrent deux ruelles, les deux hommes se frappèrent dans les mains, très fiers d'eux. Non seulement ils avaient déjoué le système de sécurité de la tour en trompant les vigiles postés à l'entrée mais également la foule de manifestants. Toutefois à leur décharge, comment auraient-ils pu deviner que l'armoire à glace qui l'accompagnait n'était autre que Hères Yaxley en personne ? C'était impossible sauf si par malchance Marvin s'était trouvé sur leur chemin, ce qui n'était heureusement pas le cas. Lorsqu'ils se rendraient compte de la supercherie, il serait de toute manière trop tard.

La nuit était fraiche mais et l'activité nocturne à laquelle la ville de New-Phoenix l'avait habitué depuis son arrivée, semblait s'être éteinte. Jamais il n'avait vu la ville aussi calme. Ils croisaient bien évidemment du monde car la métropole était loin d'être déserté, mais ce n'était plus la même chose qu'avant les monstrueuses révélations. Lorsqu'il avait traversé la rue avec Livie, quelques semaines plus tôt, dans ses souvenirs les gens riaient s'amusaient vous accostaient, aujourd'hui, ils vous ignoraient et tous semblaient pressés de rentrer chez eux...

Au bout d'un moment les deux hommes s'arrêtèrent à une intersection et Hères lui expliqua comment se rendre jusque chez Livie. Zachary le remercia et après l'avoir charrié sur ses futurs retrouvailles avec Virginia, emprunta le chemin que son nouvel et véritable ami lui avait conseillé