Le tourbillon de ses sentiments depuis la mort de leur enfant ainsi que les terribles révélations de son oncle avaient joué les prolongations avec l'enlèvement de son père et le visage de cette femme dont il avait pris la vie. Était-ce grotesque de vouloir envoyer à la famille d'Oldman ses condoléances ? Évidemment...
Comment avait péri Zachary Heel ? Comment pouvait-il se venger de ce qu'ils lui avaient fait ?
Qu'est ce que les Inquisiteurs avaient fait de Saevus Yaxley? Ils ne l'avaient pas tué, tout le monde se le murmurait car il aurait suffit d'agir pendant ce discours à la place de prendre tant de risques pour l'enlever.
Par quels moyens pouvait-il reconquérir la confiance des partisans ?
Que devait-il faire pour éviter une guerre sanglante ?
Etait-il capable d'engendrer toutes ces responsabilités ?

Les doutes et les questions s'étaient tu un instant lorsque Virginia était venu le rejoindre.
Et dire qu'il avait cru adolescent qu'il ne pourrait jamais réellement aimé la jeune Rookwood... Il s'imaginait apprécier la jeune femme et espérait des ébats corrects avec cette dernière. Tant qu'il satisfaisait son paternel. Et à présent, il l'avait épousé non pour leurs parents mais parce qu'il l'aimait et que sa présence à ses côtés lui était véritablement bénéfique.
Il se demanda quand est-ce que ses proches avaient compris (sa mère, surement avant lui) qu'il était tombé amoureux de celle qu'on l'avait obligé d'aimer ?

Bien sûr, ses peurs avaient rejaillit une fois que leur souffle s'était calmé, mais il parvenait à les voir avec une sérénité nouvelle.
Il la regardait, les yeux brillants, conscient de la chance qu'il avait d'aimer la personne avec laquelle il était censé se lier. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres quand elle lui parla de ses intentions de ne pas abandonner la musique. Elle avait clairement un don et lorsqu'elle lui fit part de ses envies d'enseigner, il trouva l'idée excellente. Il aima cette conscience politique qu'elle avait. C'est vrai que les temps étaient peu clément à ce que l'enfant Rookwood donne des leçons de piano...
Héres lui embrassa tendrement le nez et dit d'une voix claire

-Je pense que tes élèves vont t'adorer.

Comment en pourrait-il être autrement ? Elle était la douceur incarnée et avait un don certain pour la musique. L'héritier savait qu'elle ferait une prof exceptionnelle pour la simple raison qu'il savait que si on faisait quelque chose qu'on aimait, on le faisait bien.
De plus, cet option pour son avenir professionnel ne faisait en aucun cas de l'ombre à leur famille respective. Héres sentait déjà à quel point leur image de couple devait être solide pour qu'elle soit la nouvelle base de la confiance que les partisans pouvaient donner à leur leader.

Par la suite, il y eu comme un voile de tristesse qui s'installa dans leur chambre lorsqu'elle parla de ce qu'on attendait d'elle : mettre au monde un nouveau petit Yaxley.
Héres repensa à la dernière conversation qu'il avait eu avec son paternel et à sa promesse qu'il lui avait faite : si Virginia ne pourra plus enfanter, il se devait de continuer la lignée par un autre moyen.
Pour l'instant, il préférait ne pas trop y penser, accroché à l'espoir que sa jeune épouse puisse de nouveau lui faire ce si joli cadeau. Il ne désirait pas la blesser et en aucun cas il ne la laisserait devenir comme Lyra : son père avait tellement bafoué sa mère que leur fils se disait qu'elle était la personne la plus forte qu'il ne connaisse. Il n'était pas question que Virginia ne subisse ce qu'elle avait subit : savoir que son mari avait une amant.
Alors oui, il repoussait toujours ce problème mais à présent, il réalisa que la jeune femme allongée à ses côtés avaient conscience des enjeux et du mal que cela devait lui faire.
Il voulut répliquer mais elle continua sur sa lancée et il la laissa faire car il sentait qu'elle se laissait aller à des confidences profondes.
Il avait toujours su que dans leur monde de privilégiés, être une femme était quelque chose de beaucoup plus lourd à porter. Mais l'entendre de sa bouche rendait les choses beaucoup plus concrètes et il était loin de les prendre à la légère. Elle semblait presque s'excuser lorsqu'elle lui dit que ce poids sur ses épaules était ridicule à côté du sien mais il n'était pas d'accord. En acceptant que leurs familles s'unissent par eux deux, elle avait également pris sur ses épaules, surement inconsciemment, le poids de l'héritier qu'il était.

La gorge d'Héres se serra quand elle murmura pour la première fois depuis son hospitalisation leur perte et ce que cela avait engendré chez elle : une part d'elle-même était morte dans cet accident et il
détesta ce hasard qui l'avait tant blessée.
L'émotion lui clouait le bec, il était incapable de faire autre chose que de la fixer, les yeux brillants. Elle désirait toujours un enfant avec lui, mais pas parce que c'était ce qu'ils étaient supposé faire...
Écoutant jusqu'au bout ce qu'elle avait à lui dire, il lui offrit un sourire ému avant de se faire couvrir de baiser par la jeune femme.
Doucement, il l'écarta avec tendresse car il voulait lui dire tant de choses.

-Je veux cet enfant moi aussi et...je veux que tu retrouves cette paix intérieure. J'espère que le poids sur tes épaules s'est un peu relâché lorsque nous avons compris tous les deux que...qu'on s'aimait.

Les mots sortaient difficilement alors qu'Héres était habitué à être un orateur parfait. La pudeur rendait les choses bien plus compliquées. Il n'avait pas l'habitude de s'épancher sur ses sentiments, même avec elle.

-Ce futur...je te le donnerai. Je te le promets Virginia. Nous aurons une famille. Tu seras heureuse. Quoiqu'il ne se passe au niveau de la politique, ton bonheur est ma priorité.

Les émotions le faisaient parler avec son coeur et non sa raison. Il savait qu'il serait peut-être amené dans le futur à prendre des décisions qui pourraient l'affecter. Mais il se jura en lui-même de toujours tout lui confier, de toujours en parler avec elle. Elle allait compter. Elle allait jouer un rôle dans sa vie.
Il s'empara alors de ses lèvres et ferma les yeux.