Nashville... Ca faisait un moment que Cinder n'y avait plus posé les pieds. Elle avait évité cette ville pendant tout ce temps, elle se sentait pas prête à y retourner, toujours fuir était la seule solution qu'elle connaissait. Arriver quelque part, faire sa petite vie puis repartir et recommencer ailleurs, sans s'attacher à qui que se soit, c'était tellement simple et elle n'avait jamais eu de problème à le faire mais quelque chose était différent ici.
Ce quelque chose était plutôt un quelqu'un : Ewan. Elle avait évité Nashville pour l'éviter lui . Il ne lui avait rien fait, il ne s'était rien passé entre eux mais on ne pouvait pas dire qu'il n'y avait absolument rien non plus. C'était ambiguë et confus. Le poids de son passé avait l'air si léger lorsqu'elle était avec Ewan, elle ne se sentait plus obligé de mentir constamment mais il ne fallait pas qu'elle s'y habitue ; les gens finissaient toujours par se trahir et s'abandonner tôt ou tard. Cinder n'avait pas eu le courage de prendre le risque d'une nouvelle déception. Elle se consolait en se disant qu'elle avait fait le bon choix en partant, rien de bon serait sortit d'une telle « relation » mais aujourd'hui qu'elle était à Nashville, Cinder espérait l'apercevoir. Elle l'espérait sans réellement le vouloir, qu'est ce qu'elle pouvait bien lui dire après autant de temps ? Mais d'un autre côté, elle espérait qu'il lui en voudrait pas d'être partit du jour au lendemain...
Toutes ces pensées confuses ne l'aidaient pas, Cinder commençait même à se désespérait elle-même. Elle n'avait sûrement pas été importante pour lui, pourquoi elle se retrouvait comme ça ? En avait-elle le droit, elle qui était partit ? Elle finit par prendre une grande inspiration et sortit de son hôtel.
Elle passait que quelque jours à Nashville, elle avait été appeler pour servir de traductrice envers un groupe d'immigrant chinois. Elle avait passé toute la journée à traduire leurs identités et chercher à comprendre d'où ils venaient, etc... Puis elle était rentré à l'hôtel sur les coups de 18h mais elle supportait plus d'être enfermer, le lendemain matin elle préféra donc errer sans but dans les rues, jusqu'à qu'une odeur familière se fît sentir.
Cinder arrêta de regarder ces pieds l'air absente et releva la tête mais il n'y avait rien : pas d'Ewan. Pourtant elle était sûre que c'était l'odeur de ces cigarettes. Elle finit par soupirer de nouveau et fît demie-tour et tomba nez à nez avec l'irlandais ! Cinder se contenta de le regarder avec des yeux ronds pendant quelques secondes avant qu'elle lui sourisse timidement :


-Tu as l'air d'aller bien, je suis contente de te revoir.


Et elle voulut aller s'enfuir dans un trou de sourie le plus vite possible mais elle était planté là complètement rigide, se demandant bien comment Nashville pouvait être si petite et qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ? Ewan savait que Cinder était du genre timide et maladroite. Elle l'avait toujours été, peu importe à quel point elle était proche de quelqu'un, ça finissait toujours par ressortir au pire moment. Exactement comme maintenant, elle devrait sûrement dire quelque chose, sortir une petite blague pour alléger l'atmosphère ou poser une question, n'importe quoi tant que ça remplissait le blanc mais elle en était incapable.
Cinder releva les yeux et croisa ceux de Ewan et elle se rendit compte qu'il lui avait manqué. Si seulement leur relation n'était pas la leur, elle l'aurait pris dans ces bras mais non, pas maintenant, elle se contenta de sourire encore, attendant de voir la réaction de Ewan parce qu'elle n'avait aucune idée de quoi faire, entre ce qu'elle voulait et ce qu'elle devrait faire.

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  C’était une journée comme une autre à Nashville, le berceau de la musique country. Il était toujours vivifiant de vivre dans une grande ville qui bouge à plus de cent  à l’heure. C’est le parfait endroit pour quelqu’un qui ne cherche pas à trop se faire remarquer, à vivre à fond et surtout qui souhaitait qu’on le laisse en paix. Ce n’était pas forcément la première ville où il aurait pensé s’installer. Les choses s’était fait comme ça. Quand il avait débarqué aux États-Unis quelques années auparavant, il n’avait pas réussis à se poser. Il n’y avait pas d’endroit pour lui où il se sentait de vivre. Il avait quitté précipitamment son île si petite pour finir sur un continent bien plus vaste que son esprit avait pu l’imaginer. Il avait baroudé un peu partout, ne s’installant pas plus de quelques semaines à certain endroit et puis il ait fini par manquer d’argent et c’était à Nashville qu’il s’était arrêté. Ses pas l’avaient mené au Blackstone Irish pub. Quand on en sait plus où on en ait, rien de mieux qu’un endroit qui vous rappelle la maison. Bien qu’il soit toujours vécu en Angleterre son cœur et son âme étaient irlandais.  Et c’était un peu comme ça qu’il avait fini à Nashville. Depuis ce temps-là pas mal de choses était arrivés.

L’apparente normalité de cette journée allait trouver une fin rapide avec n événement inattendu.  Parfois vous  vous leviez en pensant que rien ne se passerait et puis vous vous rendiez compte que c’était qu’une impression. Aujourd’hui c’était ainsi. Il avait quitté son domicile du sud de la ville pour rejoindre son lieu de travail après avoir bu en vitesse un café corsé et avaler un beignet. Il aimait marcher jusque là-bas pour profiter de la matinée avant une longue journée à servir. Il sortit de son paquet de cigarette et l’alluma. La première bouffée de la première cigarette de la journée est toujours la meilleure.  C’est alors qu’il la vit : Cinder Park. Elle était telle qu’elle était dans ses souvenirs si ce n’est plus belle. Il ne l’avait pas vu depuis un moment. En fait, plus précisément, depuis qu’elle était partie de la même manière subite qu’elle était arrivée. Ils se regardèrent sans rien dire jusqu’à ce qu’elle sourît et brise le silence. Il avait imaginé parfois ce que ça serait de la revoir mais ce qu’on croit n’est que rarement la vérité. Il lui sourit sans même s’en rendre compte. C’était l’effet qu’elle avait sur lui : elle avait toujours était la petite ouverture, la faiblesse dans l’armure de son flegme habituel.  Le silence s’éternisait et aucune d’entre eux n’étaient prêt à le rompre. Peut-être était-ce les non-dits ou la peur de dire quelque chose de stupide. Ewan fini par reprendre les paroles pour répondre à sa salutation :

« C’est un plaisir partagé Cid. »

Bien qu’il est été assez affecté par son départ, beaucoup plus qu’il n’aurait pu l’imaginer, Cinder faisait partie des rares personnes pour qui il avait une réelle affection. Le genre d'affection vraiment compliqué et complexe.  Ils avaient toujours eut cette relation pour le moins spécial. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Lui qui se fichait de pas de choses dans la vie se trouvait plus affecté par sa timidité charmante et ses maladresses que par des nombreuses autres réactions venant d'autres personnes. Pourquoi ? Comment ? Il ne l'expliquait. Il avait compris, il y a longtemps, que ça ne servait parfois à rien de chercher à comprendre à tout prix les tenants et les aboutissements de quelque chose.

« Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? Ça faisait longtemps que tu n’étais pas revenu… »

Peut-être pas la meilleure entrée en la matière (probablement la plus basique et la plus bateau certes) mais elle lui faisait faire perdre ses moyens. Pour quelqu’un qui ne connaissait que sa personnalité « public », le visage qu’il offrait au reste du monde, il aurait semblé devenir un peu étrange. On ne l'aurait pas reconnu. Mais en face de Cinder, il n’était que lui-même. Elle lui avait manqué. Ne jamais être soi-même devant les gens c’est finir par se perdre dans ce qu’on montre aux autres. Revoir Cinder lui faisait penser à cela. Il tira une nouvelle bouffée de cigarette pour se redonner constance. Ils étaient si sérieux. Ils auraient pu se serrer dans leurs bras respectifs, heureux de se retrouver mais ils semblaient, tous deux, être aussi décontenancé l’un que l’autre par le fait de se revoir comme ça de manière si inattendue. La ville était immense. Combien il y avait de chances pour qu’ils se croisent ? Ewan se doutait qu’elle n’était pas revenue vivre à Nashville pour de bon. Elle était de passage comme la première fois qu’elle s’était arrêtée ici, aussi fuite que lui pour des tas de raisons. Qu’est-ce qui le retenait de la serrer dans ses bras ? Les mêmes raisons qui l’avaient retenue auparavant. C’était tous le mystère et la beauté de leur relation. Ils étaient toujours sur le fil, en attente, sans jamais savoir ce qui pourrait arriver.

« Tu verras la ville n’a pas vraiment changé. Tu pourrais passer au pub. Ca ferrait plaisir à tout le monde de te revoir…»

Voilà qu’il babillait sans s’arrêter. C’était vraiment n’importe quoi. Il perdait complètement constance et ses moyens. Cela était terriblement gênant. Il préféra s’arrêter avant de dire des  choses stupides comme finir par parler de la pluie et du beau temps.

« C’est un plaisir partagé Cid. », ça faisait longtemps que Cinder n'avait pas entendu ce surnom. Elle en avait des tonnes donnés par des gens plus ou moins proches mais Ewan était le seul à l'appeler ainsi. « Cid » avait beaucoup plus d'importance que n'importe quel autre surnom, c'était un peu comme le fait que tout le monde vous appeliez par votre prénom mais seulement une personne le faisait sonner spécial. Ces trois lettres l'avaient ramené à son arrivée à Nashville, sa rencontre avec Ewan... Tout semblait beaucoup plus simple à l'époque, puis doucement les choses sont devenues plus compliquées, plus ils se rapprochaient, plus il y avait à perdre. Cinder n'avait pas envie d'être de nouveau briser et de devoir se reconstruire elle-même mais aussi de se construire une nouvelle vie.
C'était très facile de dire des paroles dures à quelqu'un, dire au revoir et partir mais ce qui était difficile c'était de rester là, d'apprendre à vivre sans eux, de devoir remplir le vide qu'ils avaient laissé et Cinder n'avait pas voulu donné l'occasion à une telle chose de se reproduire.
Elle avait été éduquer pour sourire et prétendre que tout aller bien, peu importe les circonstances, elle avait beau fuir, cela faisait partit intégrante de sa personnalité maintenant. Plusieurs fois elle avait commencé à développer des sentiments pour des hommes mais à l'instant où ils se rendaient compte que Cinder n'était pas si « blanche » et heureuse qu'elle le prétendait, ils partaient. « Je serais toujours là pour toi, tu peux tout me dire, je te soutiendrais » tout cela était des mensonges. Mais lorsqu'elle avait rencontré Ewan, elle avait eu l'impression qu'il pouvait être une des rares personnes à l'accepter telle qu'elle était, avec ces blessures et ces erreurs passées. L'idée même d'un tel bonheur était enivrante, tellement qu'elle en devenait effrayante.
En écoutant parler Ewan, Cinder se rendit compte qu'elle allait finir par avoir des regrets si elle continuait comme cela. Elle n'allait pas rester longtemps à Nashville, elle ne savait pas quand elle serait capable de revoir Ewan mais pour une fois, elle espérait être capable de vivre sans avoir peur des conséquences. Elle voulait juste profiter de ce qui se passait maintenant, après tout elle n'était même pas sûre qu'elle serait encore de ce monde le lendemain alors pourquoi se posait autant de question sur un futur si incertain ?
L'atmosphère était lourde et il était évident qu'aucun d'eux étaient à l'aise. Cinder se sentait un peu coupable, si elle était moins timide et maladroite, la discussion serait sûrement plus facile mais il fallait se faire violence parfois. Elle décida de prendre le bras de Ewan et de l'entraîner avec elle en direction du pub.

-Je veux bien venir avec toi. Au fait Rob s'est remis de sa rupture avec Rose ?

Rob était un client récurrent lorsque Cinder travaillait au pub. Elle ne se rappelait même plus le nombre de fois où il était resté jusqu'à la fermeture, lui racontant à quel point il aimait Rose et qu'il voulait qu'elle revienne. Elle s'était toujours demandé comment ces deux là avaient finit, tout le monde avait l'habitude de dire qu'ils étaient « destinés » l'un à l'autre et finiraient par se retrouver. Cinder aimait bien l'idée que quelqu'un, quelque part, vous étiez destiné mais étrangement détestait l'idée de destin, ce n'était peut-être qu'une croyance pour se dire qu'elle finirait pas seule entourée de chat.
A ce moment là , Cinder se rendit compte que son sujet de discussion n'était pas forcément le plus intéressant mais parler des autres était toujours moins gênant que de parler de soit-même. De plus les pensées de Cinder étaient bien trop confuses pour qu'elle puisse les formuler en mot, elle ne ferait qu'empirer son cas. Elle espérait qu'en marchant, ils verraient des choses intéressantes et finiraient par avoir une conversation normale sans gêne mais il était aussi possible qu'ils voient d'anciennes connaissances. Cinder ne se sentait pas le courage d'affronter d'autres retrouvailles, elle aurait bien voulu passer la journée tranquillement avec Ewan, loin de tout et tout le monde mais...
Si elle avait lâché son bras c'était aussi parce qu'elle s'était rendu compte que c'était trop confortable, ça semblait trop naturel et l'envie de le serrer dans ces bras était de plus en plus forte. Cinder n'était vraiment pas le genre de fille à être démonstrative, les longues déclarations n'étaient vraiment pas pour elle mais elle se rendait compte qu'elle avait besoin de faire quelque chose. Si elle n'était pas assez courageuse pour le prendre dans ces bras et faire des excuses à la façon des films de cinéma (ce que tout le monde réussissait très bien à faire), elle pouvait toujours tenter de s'excuser à la façon Cinder soit maladroite mais en essayant d'être mignonne tout de même.
Elle arrêta de marcher et se plaça devant Ewan, l'air déterminée... A regarder ces chaussures! Définitivement on ne la referait pas mais elle prit soin de parler très clairement pour être sûre que Ewan ne s'amuse pas à la faire répéter sous prétexte de ne pas avoir compris.

-Je suis désolée d'être partit comme ça.

Cinder lança un regard en biais à Ewan, remplit de défis, « demande moi de répéter et je t'explose la tête » résumait plutôt bien le genre de regard qu'elle venait de faire. Cinder le faisait pas pour énerver Ewan, elle voulait juste s'excuser et faire en sorte que l'atmosphère soit moins lourde entre eux-deux. Elle avait sûrement mal choisit le moment mais Cinder n'allait pas être aussi courageuse avant le prochain siècle, probablement, alors elle se contenta de regarder Ewan l'air fière d'elle et amusée en même temps. Ces excuses étaient peut-être étranges mais elles étaient sincères. 
Ewan la connaissait, Cinder Park ne s'excusait jamais, alors si elle le faisait ça prouvait réellement à quel point il était important pour elle. C'était beaucoup plus révélateur qu'un million de phrase pré-faites même avec toutes ces maladresses.

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Toute sa vie on avance et on rencontre des gens. C’est à nous de décider si on les laisse entrer dans notre monde et pour quelles raisons. D’aucun dirait que sa propension à ne laisser personne entrer dans son cœur était dû au fait qu’il est été un enfant abandonné par son père alors qu’il était jeune. Mais il vous répliquerait que ce n’était que des conneries de psy et que la vérité c’est que c’est plus simple de vivre libre quand votre cœur n’est pas prisonnier de quelqu’un ou de quelque chose. S’attacher c’est offrir la possibilité à celui à qui vous vous êtes enchaîné de remuer les fers autour de votre cœur, et par là même de vous blesser plus profondément qu’une arme blanche ne le ferait.  Mais rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force, ni sa faiblesse ni son cœur  disait Aragon et Ewan comprenait le bien-fondé de ces paroles plus que jamais. Revoir Cinder c’était se rappeler que malgré son envie de ne jamais se préoccuper de rien ni personne et de se concentrer sur lui-même il échouait à tenir sa ligne directrice. C’est comme ça, on n’y pouvait rien. Il ne pouvait pas maîtriser plus que ça les élans de ce que son esprit et son cœur décidaient. Parfois l’esprit n’est pas d’accord avec le cœur mais ce dernier avait un pouvoir de décision plus puissant que l’esprit. Ewan l’avait accepté. Cinder serait une de ces chaines qu’on enfile avec plaisir. La seule chose qui faisait que tout restait toujours en suspens, c’était ce jeu de chat et de souris en équilibre meurtrier sur le fil de l’attente. Si ce n’était pas elle qui était partie qui sait, cela aurait pu être lui. Et ce alors même qu’il se plaisait à Nashville et même si elle lui importait plus que quiconque.

Voilà pourquoi il réagissait comme un idiot balbutiant des paroles sans grand intérêt en face de la principale intéressé alors que cela faisait un sacré moment qu’il ne s’était pas vu. Mais que dire ? Lui dire qu’elle lui avait manqué semblait manquer d’à-propos. Cependant lui avouer que cela l’avait meurtrie plus qu’il ne l’aurait pensé, serait avouer être plus faible et moins fort qu’il voulait bien le faire paraître aux yeux de tous.  Franchement, il n’avait pas décidé de ne jamais se lier à quelqu’un pour ne pas avoir à vivre ce genre d’incertitude face à l’avenir ? Se poser tant de question et être incapable de vivre l’instant présent alors que vous pouviez disparaître en un rien de temps étaient absurde à ces yeux. Oui, mais alors pourquoi craindre de mourir seul alors qu’on a décidé en son for intérieur de ne jamais se lier à personne ? Lui-même ne pouvait pas répondre. C’était comme ça. Il ne pouvait pas toujours avoir réponse à tout et l’absurdité est l’essence même de l’existence humaine. Il était plein de contradictions. Ses limites n’étaient pas les mêmes que pour les autres. Alors que son esprit filait sur des hauteurs de réflexions vertigineuses, la cigarette se consumait doucement tandis que le malaise restait palpable entre Ewan et Cinder. Ils en étaient vraiment à discuter de sujets banals comme s’ils avaient vraiment peur de dire les paroles qui comptaient le plus.

« Je ne suis pas sûr que Rob s’en remette assez. Il ne l’oubliera jamais. On n’oublie jamais personne, on a juste parfois du mal à s’en rappeler mais ils sont toujours là dans les méandres de notre esprit… »

Et c’était encore plus vrai pour Rob qui venait plus que jamais au pub. Il cherchait son salut dans l’alcool alors même que l’on ne trouve jamais rien de-dans que le vide et il était bien placé pour le savoir. Durant les deux dernières années qu’il avait passé en Angleterre, il avait bu plus que de raison et souvent à la recherche de solutions qui n’apparaissent pas dans le liquide ambré du whisky aussi pu soit-il. Alors qu’il allait essayer de s’expliquer sans paraitre aussi amer que ces paroles semblaient le laisser penser, Cinder lui attrapa le bras pour l’inciter à se remettre en marche. C’était un geste anodin, auquel elle n’avait peut-être même pas pensé mais pour quelqu’un qui ne se laisse pas toucher par n’importe qui le contact était à la fois aussi rafraichissant qu’une brise et aussi chaud que le fer poser sur la peau. C’était dire, l’effet qu’elle lui faisait. Rien ne servait à le nier. Il était humain, et il avait besoin comme tous ses semblables, de toucher et de se faire toucher, c’est crucial pour la survie de n’importe quel être vivant. Mais ce fut très court car elle lâcha son bras aussi soudainement que lorsqu’elle le lui avait pris. A croire qu’elle-même avait ressentie le même genre de frisson qui lui avait aussi parcouru le corps alors même que ce simple toucher les relier plus que les mots sans saveurs qu’ils avaient prononcés entre eux depuis leurs retrouvailles. Elle s’arrêta et vint se placer devant lui. Elle ne s’en rendait pas compte, mais sa maladresse et ses prises de positions aussi soudaines, en faisait son charme si particulier auquel il était plus que sensible. Il tira une dernière bouffé de cigarette, la jeta à terre et l’écrasa sous son talon. C’est alors qu’elle lui dit la phrase auquel il ne serait jamais attendu et qui le ramena quelque temps auparavant quand il avait découvert qu’elle était partie et qu’il avait dû encaisser le coup. Il encaissait encore mais pour une raison totalement différente. Il la fixa, surpris. Il ne dit rien pendant un temps alors même qu’elle le fusillait du regard, le mettant au défi de re-demander qu’elle confirme ce qu’elle venait de dire. Elle était désolée. Ces mots résonnaient en échos dans son esprit. Il aurait pu s’énerver. Rien ne l’en empêcher mais il se demander si ça ne la ferrait pas fuir plus qu’autre chose et pour dire la vérité il n’avait pas vraiment envie qu’elle le fuit. Il fit alors la chose qu’il aurait dû faire depuis le début au lieu de se comporter comme un lâche. Il parcourut la distance qui les séparer et la pris dans ses bras. Il la sera comme on tient un objet qu’on a peur de casser. Ce n’était pas parce qu’elle avait l’air fragile mais plutôt parce qu’il voulait lui donner la chance de partir à nouveau si tel était sa décision.

« Cid, il n’y a rien à pardonner. Entre nous il n’y a pas d’excuses nécessaires. Jamais.» Il murmura ses mots parce que parfois les mots ont trop de pouvoir et les prononcer à haute voix brise leurs magies et les rends incontrôlables.

Il aurait pu dire un tas d’autres choses comme « tu m’as manqué » ou bien « J’ignore ce que je ressens pour toi mais c’est quelque chose de fort » ou encore « est-ce que tu sais que les gens se rappelle encore lorsque tu es partie ? Probablement parce que je suis devenue un peu dingue».  Ça aurait pu être des mots de joie ou des mots de colère mais en fait ce qui comptait vraiment il l’avait dit. Pour quelqu’un auquel il avait donné sa loyauté et son affection il n’y avait pas besoin d’excuse. Il prenait Cinder pour ce qu’elle était : une énigme la plus profonde. Tout le monde sait que les mystères sont excitants et qu’ils contribuent à l’existence même de la vie.

« Je ne vais pas te demander d’explication maintenant. Tu es ce que tu es. Je l’ai compris dès le début. Je n’ai pas besoin de savoir ou que tu me le dises pour comprendre. Je le sens c’est tout.»

Tout ne nécessite pas d’explication et encore moins d’excuse lorsqu’on a décidé d’être lié à quelqu’un, qu’importe quel lien il y a entre les deux parties.

En s'excusant Cinder n'avait aucune idée de comment Ewan allait réagir. C'était un peu léger de s'excuser comme ça après être partie comme elle l'avait fait et déserter pendant des années. Néanmoins elle ne pensait pas qu'il s'énerverait, elle craignait juste qu'il ignore ces excuses, qu'il dise « ho ce n'est pas grave » ou quelque chose dans le même style mais la réaction de Ewan fut complètement différente.
Il l'avait pris dans ces bras. C'était un geste que tout le monde faisait, ce n'était définitivement pas la première fois que quelqu'un prenait Cinder dans ces bras mais c'était différent. Tout semblait différent, nouveau et décuplé dès qu'il s'agissait d'Ewan, peut-être était-ce parce qu'ils ne mentaient plus et se montraient tels qu'ils étaient ? Mais ça avait l'air si fragile. Aucun des deux n'étaient ce qu'on pouvait appelé « stable », tout pouvait changer à n'importe quel moment et Cinder pouvait le sentir dans la façon avec laquelle Ewan la tenait, c'était léger, comme s'il lui laissait le choix de partir si elle le voulait mais aujourd'hui, c'était bien la dernière chose qu'elle voulait faire. Cinder passa ces bras autour de Ewan et lui rendit son étreinte. Ca n'allait pas duré longtemps mais elle avait l'intention d'en profiter le plus possible. Elle ferma les yeux, se blottissant, respirant l'odeur familière des cigarettes d'Ewan, tout semblait si apaisant.
Les paroles qu'il murmura après résonnèrent exactement comme ce que Cinder avait besoin d'entendre. Il n'avait pas fait une des ces promesses que tout le monde disaient, ni une des ces phrases bateaux mais ça avait bien plus de valeur. Cinder ne s'était jamais rendu compte que Ewan la connaissait autant. Elle avait été proche de pleins de gens dans sa vie mais jamais personne ne l'avait réellement comprise. En seulement quelques paroles Ewan avait dit bien plus que ce que d'autres avaient dit à Cinder en plusieurs années.
Normalement elle serait partit en courant en entendant ce qu'il venait de dire. Elle voulait que les gens la comprennent mais Cinder devenait effrayée dès que c'était le cas, c'était contradictoire mais elle avait finit par se faire à l'idée que ça n'avait pas d'importance, personne ne resterait et la supporterait assez longtemps pour que cela arrive. Mais Ewan était différent, elle allait devoir se faire à l'idée qu'il avait une place importante dans sa vie, elle n'allait plus être capable de fuir comme elle l'avait fait avant.
Cinder n'avait aucune envie de rompre ce moment avec une de ces maladresses alors elle finit par lâcher Ewan, se hissa sur la pointe des pieds et déposa un léger bisou sur la joue de l'Irlandais. C'était innocent. Cinder n'avait aucune intention de charmer Ewan et même si elle l'aurait voulu, il s'agissait de quelque chose qu'elle ne savait pas faire. Elle avait fait ça juste parce qu'elle en avait envie. Il était évident qu'elle était incapable de formuler ces pensées correctement et ce simple geste était une façon de remercier Ewan, de lui montrer qu'elle lui était reconnaissante mais aussi de passer à autre chose. Maintenant, Cinder ne se sentait plus mal à l'aise. Elle lui fît un énorme sourire, tellement énorme que ces yeux s'en fermèrent presque et elle se mit à tournoyer sur elle-même telle une enfant, absolument digne de Cinder, avant de lancer joyeusement :

-J'ai raté d'autres choses ? Que je n'arrive pas en disant des choses qu'il ne faudrait pas.

Cinder parlait essentiellement des clients, il n'y avait rien de plus déprimant, frustrant et énervant que quelqu'un qui arrivait tout joyeusement en disant « et ta copine va bien ? » quand les gens avaient rompu ou pire qu'ils étaient décédé... C'était déjà arrivé plusieurs fois à Cinder alors elle essayait de se renseigner avant de refaire une énième bêtise.
Mais sous son énorme sourire et son comportement enfantin, Cinder demandait aussi par rapport à l'autre activité de Ewan. Elle n'avait jamais réellement su ce qu'il faisait. Elle avait essentiellement entendu des rumeurs et n'avait jamais osé en parler à Ewan mais il devait se doutait que Cinder savait quelque chose. Evidemment ça ne la regardait pas, elle comprendrait très bien si Ewan préférait ignoré cette partie là de sa question, c'était même la raison pourquoi elle n'avait pas demandé cela de façon explicite.

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Il était proche d’elle comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. C’était un sentiment de bien-être. Il ressentait une plénitude. Des années s’étaient passé depuis le départ de Cinder et ni l’un ni l’autre ne s’était particulièrement entretenu. Mais les sentiments se fichent comme d’une guigne des ravages que le temps et l’absence peut faire. Ils sont plus forts que ça et lorsque vint le moment où vous retrouvez un être cher, leurs dégâts disparaissent comme par enchantement. C »’était dans cet état de fait qu’Ewan se retrouvait. Les choses avaient été mises à plat et entendu. Il l’étreignait comme il aurait dû le faire lorsqu’il s’était revu. Au lieu de perdre son temps à raconter des banalités. Quand vous revoyez quelqu’un que vous apprécier, il est bon de leur faire savoir plutôt que de se contenter de paroles vaines. On dit bien qu’une seule action est bien plus puissante que milles mots. Cinder fut la première à rompre leur étreinte mais Ewan ne se sentit pas un instant lésé. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds et il sentit son baiser léger sur sa joue. Il n’y avait pas lieu de s’éteindre davantage sur le sujet. Les choses allaient pour le mieux entre eux.

Cinder sourit alors et c’était comme s’il était sorti par un jour de nuages noirs et que soudainement le soleil était sorti de derrière eux, brillant et éclatant. Il resta là, immobile, et il la regarda tournoyer sur elle-même. Elle était aussi libre que le vent comme toujours. C’était Cinder, un véritable mystère qui pouvait passer de la femme à l’enfant sans jamais dénaturer sa véritable nature. C’était un beau spectacle et même si cela ne durait qu’un instant, c’était ce genre de souvenir qui restait graver dans son esprit. Cela lui rappelait sa propre enfance dans les multiples rue de Birmingham à courir avec les autres enfants de son quartier après une dernière bêtise où chaque éclat de rire valait son pesant d’or. Il pouvait presque sentit la douce odeur de la bruyère et les sons énergiques de la musique celtique qu’on pouvait entendre depuis les fenêtres de la chambre de sa mère. Il avait cette liberté de croire que tout était possible. Cinder lui demanda alors, avec de la joie dans sa voix, des nouvelles de ce qui avait pu arriver au pub depuis son départ.

« Cela prendrait me prendrait bien du temps de tout te décrire alors nous nous contenterons d’un résumer rapide » plaisanta Ewan.

En effet, de nombreuses choses étaient arrivées. Certaines personnes partent, d’autres restent mais il y a aussi les quelques âmes de passage, qui ne restent pas assez longtemps pour être des habitués mais qui laissait une empreinte importante.

« Des anciennes serveuses tu ne retrouveras que Sorcha. Jessica et Gabrielle sont toutes deux parties une fois leurs études terminées. Elles écrivent de temps en temps. Elles semblent bien aller. Les filles de Declan entre au lycée et il devient encore plus papa poule qu’il ne l’a jamais été. Il va probablement t'en parler pendant des heures. Tu n'as même pas besoin de lui répondre sinon il te retiendras jusqu'à ce qu'il n'est plus de souffle pour parler... »

Et il continua pendant quelques temps à parler des personnes que Cinder avait pu coutoyer du temps où elle travaillait au peuple, jusqu’à ce qu’il pense à une chose qui lui fit perdre son sourire et assombrit un instant sa bonne humeur. Il préféra le mentionner, de sorte que Cinder comprennent les mots plus profonds derrière la simple indication :

« Sinon Oegus a perdu des doigts, évite de trop le regarder. Ca le mets méchamment de mauvaise humeur. »

Et il n’y avait pas qu’à lui. Mais c’était le problème avec le genre son autre travail. On tombait parfois sur des choses qui pouvaient s’avérer dangereuse. Ewan tenait suffisamment à part les gens qui travaillaient pour lui, à part de son autre monde. Oeugus, cependant, avait toujours été là et il savait presque tout. Il faisait partie des rares personnes qui comptaient pour Ewan. C’était un allié sûr dans la tourmente et le fait qu’il ne soit pas vraiment loquace, était un atout précieux. Les gens du bar, le prenait pour un simple videur mais ceux qui travaillaient depuis un moment pour Ewan, se doutaient de quelques chose. Cependant personne ne parlait jamais de ça. La dernière affaire qu’ils avaient traité ne c’était pas vraiment bien passé. Ewan ne faisait pas vraiment affaire avec des enfants de cœurs et certains d’entre eux pensaient pouvoir le rouler et s’en tirer à bon coup. Cette fois-là, il devait pourtant avouer que le dernier client avait été plus malin que lui. Mais il ne tarderait pas à remettre la main sur lui pour lui montrer que le crime commis contre un de ses gens, ne resterait pas impuni. Il savait que Cinder ne poserait pas vraiment de questions sur le pourquoi du comment. Il avait toute confiance en elle mais il ne lui imposerait jamais son deuxième monde.

« On y va ? »

Il se tourna vers elle et lui offrit son bras. Il était temps d’aller retrouver de vieilles connaissances et de renouer certaines amitiés. Le temps n’avait pas effacé l’amitié que certains portaient à Cinder. Ils seraient autant heureux que lui de la retrouver même si ce n’était que pour un court instant.