Zeus & Merlin

Il était encore assez tôt, mais Merlin décida de quitter le laboratoire Yaxley après y avoir passé des heures à travailler. Le moldu était rarement l'un des premiers à quitter la tour, mais cette fois-ci, il se le permettait. Et puis, il n'arrêtait pas complètement son travail. Il devait se rendre à l'Institut Harmony pour récupérer quelques échantillons qu'il avait demandé. Bien sûr, il aurait très bien pu lui demander qu'on le lui envoie mais se dégourdir les jambes ne lui ferait pas de mal.
En passant devant l'accueil de la Tour Yaxley, Merlin lança un clin d'oeil charmeur à l'employée en charge de réceptionner les visiteurs. Avec amusement, il remarqua que les joues de la jeune femme se teintèrent de rouge. Depuis qu'il travaillait dan l'entreprise, l'intérêt que lui portait la demoiselle avait fini par lui sauter aux yeux. Il n'était pas le plus doué pour voir ce genre de choses, et à vrai dire, il ignorait s'il n'y avait que pour lui qu'elle rougissait ainsi, mais c'était toujours plaisant de savoir que le charme fonctionne toujours. Est-ce que la pauvre fille savait seulement qu'elle n'aurait aucune chance avec lui ? Mystère...
Oui c'était méchant ce qu'il faisait, mais Merlin avait bien le droit de s'amuser de temps en temps nan ? Et puis, au vue des regards qu'elle lui lançait dès qu'elle le croisait, finalement il lui faisait plaisir en ne l'ignorant pas. Elle finirait bien par se rendre compte que quelque chose clochait entre eux. Ce jour-là, il improviserait.

Enfin dehors, il sortit son téléphone portable. Souvent, il le posait dans un coin du labo et l'oubliait pour le restant de la journée. Sur l'écran tactile du smartphone, deux appels en absence brillaient d'impatience. Un coup d’œil dans son répertoire lui apprit que ce n'était autre que sa mère. Un soupir blasé déchira ses lèvres tandis qu'il s'apprêtait à la contacter tout en se mettant en marche vers l'institut Harmony. Les tonalités du téléphone ne durèrent guère longtemps. Très vite, une voix de femme fragile retentit dans le combiné.

« Salut M'man, tu vas bien ?, demanda Merlin à sa mère. »

Même si leur relation n'était pas des plus calme, il essayait toujours de se montrer comme un bon fils avec ses parents. Il avait conscience qu'il avait fait des erreurs dans sa jeunesse. Des erreurs terribles même ! Qui avait coûté la vie de son petit frère. Des dizaines d'années étaient passées depuis ce lugubre jour, mais personne chez les Adams ne semblait vraiment avoir supporter cet événement. Bien souvent, il y avait des moments gênants entre Merlin et ses parents. Plus le fait que ces derniers s'impatientaient du petit enfant qu'il n'aurait jamais... Merlin se sentait bien plus à l'aise loin de la pression familiale. Malgré tout, il ne voulait pas couper le lien définitivement.
Sa mère lui parla pendant quasiment tout le trajet – qui comprenait les transports en commun. Grâce à elle, Merlin était maintenant au courant de toutes les actualités familiales parmi ses cousins et cousines, ce dont il se serait très bien passé. Puis, elle finit pas lâcher la bombe : une réunion familiale était prévue dans un peu moins de deux semaines. Merlin avait bien essayé de l'éviter, prenant comme prétexte son travail et d'autres obligations dans le genre. Mais au fil de la conversation, il comprit que sa présence était obligatoire. Merlin n'avait pas le choix, mais il n'avait pas dit le dernier mot.

« Écoute, on en reparlera plus tard, je suis occupé là... Oui je te rappellerai. Bonne journée »,  fit-il en coupant court à la conversation alors qu'il venait d'arriver à Harmony. 

D'un mouvement sec, il raccrocha et se dirigea vers les portes d'entrée. Il se dirigea ensuite directement vers l'accueil.

« Bonjour, Mr Travers est-il là ?, demanda-t-il à l'employée.
- Oui, il est dans son bureau, qui le demande ?
- Mr Adams, répondit Merlin avec un sourire. »

Elle lui montra le chemin à suivre qu'il connaissait déjà et s'empressa de prendre les escaliers. Il espérait ne pas déranger son ami en plein travail, mais tant qu'à être à Harmony, autant lui rendre visite par la même occasion. Et Merlin appréciait les moments passés avec Zeus. Peut-être que le jeune Travers avait une solution contre les réunions de famille ?
Avec engouement, il frappa à la porte du bureau de son ami. Il attendit qu'on lui dise d'entrer avant d'ouvrir la porte et de saluer Zeus à sa manière.

« Hello Sweety !, lança-t-il avec un sourire taquin qu'il réservait généralement à Zeus, juste pour l'énerver. J'espère que je ne te dérange pas en plein travail. Comme je devais chercher quelques échantillons, je me suis dit que j'allais venir te saluer par la même occasion. »

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Visite surprise

ft. Merlin

Zeus & Merlin

La remarque de Zeus ne laissa pas Merlin indifférent. Le moldu lança à son ami un regard faussement dédaigneux et emprunt de méprises. Bien sûr, ce n'était qu'un jeu. Depuis le temps, Merlin avait l'habitude de telle remarque sur son nom. Ouais, Merlin pour un moldu, ce n'était pas banal. Et à vrai dire, ce simple prénom résumé ni plus ni moins l'histoire de sa vie. Le moldu qui voulait être sorcier. Aux débuts, ça l'avait blessé. Il avait vécu ces remarques comme des insultes. Ce n'était plus le cas maintenant, surtout quand ça sortait de la bouche de Zeus. Il savait qu'il n'y avait pas de mépris de la part de l'homme du directeur, en tout cas, s'il y avait mépris, ce n'était pas sur ce sujet.

« Tu peux parler, répliqua Merlin alors qu'il prenait place dans le siège face au bureau. Ce n'est pas un peu mégalo Zeus comme prénom ? »

Sur ces mots, il lui lança un regard entendu. Merlin adorait tirer dans les pattes de Travers pour le taquiner. Ça restait toujours amical et sans ambiguïté. Un sourire amusé ne s'effaçait pas des lèvres de Merlin. Néanmoins, il n'eut pu ignorer les traits tirés de son ami. Être à la tête d'une entreprise comme Harmony, ça devait être loin d'être évident tous les jours. C'était dans des cas comme ça que Merlin était bien content d'être un simple employé. Simple employé ? Non pas tant que ça quand on y réfléchissait. Il avait des responsabilités, un projet d'envergure - Renaissance tout de même – à porter et des heures supplémentaires au compteur. Mais la viabilité entière de l'entreprise ne reposait pas sur ses épaules, et c'était assez rassurant. Néanmoins, pour une fois, ce n'était pas lui qui avait une gueule de déterré.

« Avec plaisir, répondit Merlin à sa proposition. Quelque chose de fort, si t'en as. Du Whisky pourquoi pas ? Dis moi, ça va toi ? , demanda alors Merlin à Zeus. »

Un whisky à cette heure-ci pouvait ne pas sembler raisonnable à la majorité de la population mondiale – ou de New Phoenix plutôt – mais pour Merlin ce n'était pas grand chose. Il était habitué à se prendre des verres les uns après les autres, surtout en soirée. Ce n'était pas une larmichette d'alcool qui allait l'embrouiller pour le restant de la journée. Son corps avait connu bien pire. Merlin ne s'en ventait pas, mais la tentation de l'alcool était toujours plus forte. On ne pouvait pas dire de lui qu'il était un vrai alcoolique. Il consommait rarement chez lui en étant seul. Le souci était qu'il était rarement chez lui en dehors du travail... Par contre, pour la drogue, il ne se privait jamais...

Éjectant de ses pensées l'arôme sucré, il reposa son attention sur Zeus. De ses yeux bleus, il ne lâchait pas son ami. Depuis quelque temps, les attaques les entreprises œuvrant pour le Nouveau Monde étaient de plus en plus sévères. Harmony et la Tour Yaxley n'étaient pas tout blancs aux yeux des journalistes. D'habitude, Merlin n'y attachait que très peu d'importance. Il était persuadé de travailler pour l'entreprise la plus humaine et la plus seine du continent. Un jour, ses recherches révolutionneront la face de la planète, et c'était le plus important. Mais là, il se demandait si les hostilités de plus en plus flagrantes n'intervenaient pas dans l'état de fatigue de Zeus.

« J'ai lu pas mal de trucs ces derniers temps, sur Harmony entre autres. Des torchons, ces journaux ! Au lieu de passer leur temps à cracher sur des gens honnêtes, les journalistes devraient plutôt pointer du doigt la discrimination qui sévit encore à l'heure actuelle. Si ce n'est pas malheureux à cette époque...»

Si Merlin mettait ce sujet sur le tapis, ce n'était ni plus ni moins pour montrer à Zeus qu'il était de son côté. Le moldu était naïf et donnait sa confiance trop facilement, d'ailleurs, il avait une notion très particulière de l'honnêteté. Mais l'idéologie du Nouveau Monde dépassait bien tous ces petits couacs.

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Visite surprise

ft. Merlin

Zeus & Merlin

Merlin roula des yeux à la réplique de son ami. Puis il ricana, amusé. Zeus avait toujours le mot qu'il fallait. Prétentieux ? Ouais, et pas qu'un peu. Mais selon Merlin, ça faisait aussi partie de son charme. Et puis, si Zeus savait le reconnaître, c'était qu'il n'était pas si mauvais que ça. En tout cas, tant que ça l'amusait, Merlin s'en fichait un peu. Sincèrement, si une personne avait le droit d'être prétentieux, c'était bien Zeus. Quand Merlin voyait tout ce qu'il avait réussi à construire, il en avait la tête qui tournait. Lui en serait bien incapable. Il préférait de loin travailler dans l'ombre que d'être sous les feux des projecteurs que Zeus. Dans un certain sens, ça avait même quelque chose de courageux.

« Je rectifie : Zeus, ça te va très bien finalement, se moqua-t-il toujours aussi amicalement. »

Il attrapa le verre d'alcool que lui servi son ami et le porta à ses lèvres après l'avoir remercié. L'arôme qui s'en échappait lui apprit tout de suite que ce n'était pas du simple whisky. Il aurait dû s'en douter... C'était loin d'être la première fois que Merlin goûtait au whisky pur feu, mais à chaque, ça lui faisait une sensation étrange sur le palais. Cette boisson, elle n'était pas pour les chochottes. Le liquide lui brûlait agréablement l'œsophage tandis qu'il l'ingurgitait. Sa ténacité face à cet alcool était un des mystères de la nature. Il ne savait pas si sorcier et moldu avait une réaction différente au contact des boissons dîtes sorcières. Tiens, ce serait un bon objet de recherche, se dit-il, tout en observant la couleur dorée du liquide. Zeus lui prêterait peut-être ses papilles gustatives. Rien que l'idée l'amusait, mais ça ne resterait pour l'instant qu'une idée saugrenue de son cerveau en ébullition.

« Tant mieux alors, répondit Merlin. Mais tu devrais prendre un peu de repos de temps en temps. Tu sais, dormir, cette activité indispensable à l'être humain pour pouvoir vivre vieux et sénile. Tu devrais essayer. »

Sous la boutade, il y avait une réelle inquiétude. Toutefois, c'était un peu ironique de sa part. Il lui arrivait souvent de faire heures supplémentaires sur heures supplémentaires, mais allez savoir pourquoi, le boulot de Zeus lui semblait bien plus stressant et fatiguant. Sûrement dû aux responsabilités. À vrai dire, Merlin n'aurait même pas su résumer l'activité de Zeus, ni de Saevus d'ailleurs. L'intégralité de leur journée de travail lui semblait bien obscure, tout ce qu'il pouvait dire était qu'ils bossaient, encore et toujours.

« Je te reconnais bien là, lui sourit Merlin quant à l'utilisation du terme « trop bon ». Laisse les parler, ils finiront bien pas se fatiguer à force de creuser sans rien trouver. C'est quand même dingue d'être aussi acharné. Mais de toute façon, j'ai décidé d'arrêter de comprendre l'ensemble de l'humanité. Plus tu trimes pour elle, plus elle te crache dessus... »

À ces mots, il avala une nouvelle gorgée de whisky, puis pianota distraitement du bout des doigts sur le verre. Merlin remporterait haut la main le concours du garçon le plus naïf de New Phoenix s'il existait un tel prix. Il était sûr d'être dans le bon camp et qu'autour de lui, tous étaient investis dans une bonne cause.

« Un jour, toi et moi, on fera la une des magazines entant que héros du siècle, rigola-t-il pour casser le ton trop sérieux qu'il avait pris juste avant. »

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Zeus & Merlin

À la réponse de Zeus sur son propre état de santé, Merlin roula des yeux. Il le reconnaissait bien là. Zeus dans sa splendeur. Même si l'inquiétude n'était pas feinte, Merlin s'autorisa à y sourire. Il aurait réellement adoré forcer Zeus à s'étendre sur un lit pour se reposer – il n'espérait plus rien d'une autre potentielle activité – ou même à le clouer sur une chaise sans avoir le nez dans la paperasse. Mais de toute évidence, avec Zeus, ça ne servait à rien. Et puis, depuis que le moldu était rentré dans la pièce, l'homme d'affaires n'avait pas une seule fois tenté de retourner à son labeur. Ce qui n'était plutôt pas mal. Rien qu'à cette pensée, Merlin eut un sourire que Zeus ne pouvait pas comprendre son fouiller dans la matière grise d'Adams.

« Ouais, fit tout simplement Merlin alors qu'il prenait ses aises sur ce siège si confortable. À se demander si Zeus n'avait pas le goût du luxe. T'as bien raison. Tâchons juste de les ignorer. De toute manière, ils ne trouveront jamais rien. »

Ils ne trouveront rien parce qu'il n'y avait rien à trouver. Merlin en était persuadé. Et il se mettait le doigt dans l'œil. Même si quelqu'un lui apprenait tous les méfaits de son ami et même de son employeur, le moldu n'y croirait pas. Il penserait que ce ne serait que d'énormes diffamations de personnes jalouses de la réussite et du génie de ces deux hommes. Non, pour qu'il en prenne conscience, il faudrait le mettre devant le fait accompli. Et encore, même-là, il pouvait trouver une explication rationnelle qui les mettrait hors d'attente. Prions pour qu'il ne sache jamais rien...

« Oh, oui, cette perspective d'avenir me plaît bien ! Et il y aurait des tas de filles à nos pieds, continua-t-il noyé par ses fantasmes ridicules de célébrité. Enfin, je dis ça pour toi, hein, elles seront toutes à toi ! »

Il rit une dernière fois et son sourire sembla s'afficher éternellement sur son visage. D'un geste mécanique, il apporta le verre à ses lèvres et en rebut une gorgée. Maintenant qu'ils avaient bien ri, il fallait qu'ils passent aux affaires sérieuses... Même si l'une des raisons principales qui avaient poussé Merlin à aller dans le bureau de Zeus était de lui rendre une visite de courtoisie, il y en avait bien une deuxième. Rien qu'en y réfléchissant, le sourire de Merlin se fit plus fade et il déglutit alors que son regard se perdit dans le liquide doré. Il le reposa alors soudainement et pencha légèrement le haut de son corps vers le bureau.

« Au fait... J'aurais un petit service à te demander, commença-t-il en espérant paraître le moins nerveux possible. Tu vois, ton frère, au casino... Eh bien, je me suis un peu ramassé la dernière fois aux jeux, et je suis un peu à sec en ce moment. L'ennui, c'est que je dois quelques billets par-ci par-là et j'aurais aimé éponger un peu mes dettes. Surtout que ce ne sont pas des mecs forcément sympas, tu vois... Je dois aussi payer mon loyer aussi si je ne veux pas que mon propriétaire me tombe sur le dos. Tu pourrais... enfin... tu vois... me dépanner un peu ? C'est juste une question de temps pour que tout rendre dans l'ordre. Je te les rendrais dès que possible, dès ma paye, tu peux en être sûre. »

Merlin se retint de mordre ses lèvres. Ce n'était pas l'entière vérité qu'il venait de lui délivrer. Il n'y avait pas que les dettes aux jeux, y avaient aussi la drogue. Et ce n'était pas de quelques billets dont il avait besoin... ça aurait été trop beau pour être vrai. Il avait choisi de prendre la technique du pied dans la porte : commencer par quelques choses de petit pour demander ensuite une plus grande faveur. Mais il ignorait complètement comment réagirait Zeus à sa demande. Il n'en avait aucune idée, avec lui, on pouvait s'attendre à tout. S'il ne le foutait pas à la porte furax, c'était déjà ça.

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Visite surprise

ft. Merlin