Sujet: Juste la famille entre nous (Héres) 06.07.14 1:06
Juste la famille entre nous
avec HERES & PRISCUS
La date fatidique de la convention se profilait à l'horizon comme un avenir dont il avait à la fois envie... mais également envie d'envoyer se faire voir. L'impatience le rongeait, non pas parce qu'il savait que son rôle serait important, ni même parce que son père avait finalement obtenu ce qu'il voulait parce qu'il avait su user de la meilleure monnaie d'échange au monde, mais tout simplement parce qu'il finirait par apprendre des informations sur sa mère. C'était cela qui l'avait convaincu d'accéder à la requête de son paternel, uniquement... ou presque, cela. Et bien évidemment, il n'allait pas y aller seul. Certes, comme son paternel avait jugé bon de lui indiquer, d'autres ambassadeurs plus aguerris en politique seraient à ses côtés, mais justement, il présageait que ces journées seraient tout simplement interminables, entre les discours, les ronds de jambes et autres cérémonials à la noix, une migraine semblait presque déjà pulser à l'arrière de son crâne comme une sourde menace. Cela ne présageait rien de bon à l'horizon en gros. Car s'il savait qu'il était en mesure de relever ce défi, ce dernier risquait de le rendre fou avant la fin s'il n'amenait pas une personne digne d'un plus grand intérêt que le reste du monde à ses côtés.
Un seul prénom semblait répondre à ses exigences... Livie. Cette muse intemporelle et délicieuse qui avait éveillé un intérêt grandissant en lui, alors qu'elle était si délicate, si cultivée, si... une autre sorte de défi qu'il désirait gagner pour une obscure raison plus insidieuse que celle qui guidait habituellement son être lorsque cela concernait la gente féminine. D'autant plus qu'ils n'auraient jamais dû se revoir, qu'elle n'aurait dû rester que cette muse d'une nuit pas assez longue... mais le destin avait voulu qu'elle se trouve dans cette tour, qu'elle y travaille ; pour son père. Et à présent, elle savait que François et Priscus ne faisaient qu'un, puisqu'un tel secret était difficilement durable dans un lieu portant votre nom de famille. Sans oublier bien sûr, qu'en tant qu'ambassadeur, les félicitations étaient tombées comme des mouches.
Ainsi, il pensait à elle car il aimait sa compagnie, et plus encore... sans oublier, qu'en l'état actuel des choses, ce choix de cavalière serait on ne peut plus approprié. Après tout, elle était moldue, et il la respectait et l'appréciait suffisamment pour que cela joue positivement en faveur des partisans du nouveau monde. Il ne s'agissait pas là d'un mariage arrangé, décidé sur le pouce ou autre, mais bel et bien de deux adultes s'appréciant allant à une convention ensemble. Décidé, ayant trouvé une autre justification que le fait tellement simple qu'elle lui plaisait, tout simplement, il se détacha de la fenêtre à travers laquelle il regardait pour prendre la direction de la sortie des appartements, et celle de la bibliothèque où la jolie brune travaillait encore à cette heure-ci, il le savait.
Sauf qu'au lieu d'atteindre la porte, il se retrouva face à Héres, son frère, celui qui normalement, aurait dû se rendre à cette convention à sa place. Il pensait même que son père l'aurait tout de même inscrit, au cas où son plan ne fonctionnerait pas, mais cela n'avait tout simplement pas été le cas. Il gardait son héritier en sécurité et exposait son cadet parce qu'il n'avait, à priori, rien de l'émissaire classique qui faisait ce que son père lui dicterait, et que cela le préparerait à apprendre la vérité. A vrai dire, hormis d'éviter la guerre, et d'au moins écouter les personnes à ses côtés, il ferait comme bon lui semblerait.
"Tu me cherchais ?" demanda-t-il simplement, sachant qu'il n'y avait personne d'autre dans les appartements à cette heure-ci. Leur père était en réunion, Lyra s'occupait d'autres affaires, il ne restait donc plus qu'eux d'importants à l'intérieur de ces murs.
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Sujet: Re: Juste la famille entre nous (Héres) 06.07.14 20:12
Héres avait fait les cent pas dans ses appartements avant de se décider enfin. Suite à la conversation avec son père, il avait apprit qu’il ne ferait pas partie de la délégation du Nouveau Monde à Washington, mais que ce serait plutôt son frère qui allait prendre sa place. Même s’il avait compris les raisons de son paternel, il ne pouvait effacer un reste de jalousie au creux de son ventre. Ses rêves s'envolaient au plus loins de lui comme une pluie d'étoiles filantes. C’est donc pour cette raison qu’il eut tant de mal à se diriger vers le salon que préférait Priscus. Si, comme son père l’espérait, ces conventions allaient beaucoup apprendre à ce dernier, et donc le changer pour le meilleur, il était bon que son grand frère lui ait donné quelques encouragements avant le départ. Ne serait-ce que pour mettre leurs relations futures de travail au beau fixe.
Ils tombèrent nez-à-nez l’un l’autre et faillirent de peu se rentrer dedans. Lorsque son frère lui demanda avec simplicité s’il le cherchait, la réponse de son ainé fut tout aussi simple.
-Oui.
Il se racla la gorge et l’entraina en douceur vers l’endroit d’où il venait.
-Viens par là, il faut que je te parle.
Une fois revenu dans le salon, Héres détailla son frangin. Avec ses nombreux caprices, l’héritier oubliait souvent à quel point il avait grandit ces dernières années. Aujourd’hui, Priscus était un homme de dix-huit ans. Il avait toujours ressenti leur grande différence d’âge (six ans tout de même !) en plongeant simplement son regard dans le sien. Pourtant, lorsqu’il le fit à ce moment précis, il sentait que le jeune homme avait déjà mûrit. Son père avait du le remarquer bien avant lui et une vague de remords et de culpabilité s’empara de lui lorsqu’il se demanda quand était-ce la dernière fois qu’ils avaient seulement échangé un regard. Héres prit une grande inspiration mais il ne put directement dire ce qu’il aurait voulu. Et à la place d’un « félicitations » sincère, il lança
-Alors Père t’a donc choisi pour aller à Washington…
L’héritier fit une petite moue. Il espérait avoir plus de sang-froid pour le féliciter plus tard.
-Il m’a chargé de rester ici…Expliqua t’il avec un petit sourire forcé.
Il savait combien sa tâche serait importante. Cruciale même si quelque chose devait se passer à Washington. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher d’envier Priscus : face à lui se présenteront toutes les personnes importantes des Etats-Unis ! De plus, les mondanités étaient quelque chose de précieux pour entrevoir l’âme de votre ennemi. S’il voulait un jour diriger le Nouveau Monde, comment pourrait-il prétendre au titre s’il n’avait aucune idée de ce qui tramait dans la tête des Inquisiteurs et même des foutus Mages Fondateurs à l’esprit retardé ?
Mais son père en avait décidé autrement, et au fond de lui, il savait qu’il avait raison. C’est pourquoi il était fondamental de rétabli les liens avec son petit frère pour qu’il puisse lui livrer ses impressions une fois de retour au bercail.
« Bravo », « Félicitations », « Je suis content pour toi »… Pourquoi était-ce si dur à dire devant ce visage qui semblait le narguer avec sa tête de lama?
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Sujet: Re: Juste la famille entre nous (Héres) 06.07.14 21:11
Juste la famille entre nous
avec HERES & PRISCUS
Il le cherchait bel et bien, mais pour lui dire quoi ? Priscus n'en savait strictement rien, mais c'était une vérité, puisqu'il l'entraînait déjà à nouveau à l'intérieur de la pièce qu'il s'apprêtait à quitter, avec une douceur qui laissa l'adolescent obtempérer par curiosité, sans vraiment savoir ce qu'Héres pouvait bien avoir à lui dire. Après tout, il avait l'impression qu'il désirait aborder un sujet qui lui paraissait sans doute important. Restait à savoir dans quelle catégorie le cadet pourrait ranger cette conversation, alors qu'il était déjà assez impatient avec ce qui lui tombait sur le nez, ces nouvelles responsabilités dont il se serait volontiers bien passé. Et s'il n'y avait eu cette vérité au bout de tant d'années à batailler pour l'obtenir, sans doute aurait-il ricané face à la proposition de son père et répliqué non. Sauf que la réalité était autre, tellement fardée de ces petits morceaux de pain qui ne pouvaient que le pousser à les ramasser pour parvenir à rentrer... chez lui. Ainsi avait-il déjà réfléchi aux avantages de celui qu'il était, de la réputation qu'il se traînait et qui pourraient jouer en sa faveur. Tout comme le choix de Livie dépassait le stade du plaisir de passer plusieurs jours en sa compagnie, même si la principale raison était purement égoïste.
Attendant que son aîné se décide à parler, Priscus croisa son regard, tout en s'enfonçant dans le silence, ses doigts se glissant dans les poches de son costume avec cette désinvolture agaçante qui donnait l'impression qu'il s'ennuyait déjà. Mais ce n'était qu'apparence, car il attendait simplement qu'il prenne la parole, ce qu'Héres ne tarda pas à faire. Un sourire sarcastique étira presque immédiatement ses lèvres, face à la remarque qui venait de tomber... Comme par hasard, il venait lui parler de la décision du paternel. Décision qui était purement surprenante, et pour preuve, si Priscus avait été en train de boire, il se serait étouffé lorsqu'il l'avait appris. Mais quelque chose lui soufflait que son frère avait tout simplement du mal à l'encaisser. Dommage... La suite de ses paroles, le petit sourire forcé, tout lui confirmait ce qu'il avait supposé et qui laissa Priscus rire avec ironie, tel le gamin insolent et agaçant qu'il adorait être, plus encore avec sa famille.
"Ben tiens, j'aurais dû m'en douter. L'héritier est froissé de ne pas être récompensé pour ses efforts ?" se moqua-t-il en lui lançant ce pic avec naturel. Car cette jalousie, il la devinait par son attitude, il la sentait dans le simple fait qu'il soit venu jusqu'ici pour lui parler. Il n'avait pas tord, il était le fils parfait quand Priscus n'était que le gamin ingrat et capricieux qui ne trouvait rien d'autre à faire que de fuguer pour s'opposer à son paternel. A ceci près que le jeune adulte qu'il était, notamment grâce à Cyrius, s'était déjà mêlé à du beau monde. Sa rencontre avec Régina Andropova en était bel et bien la preuve. "Pauvre de toi qui va échapper à des journées entières avec tout un tas de personnes qui ne feront que parler politique, souriront pour faire bonne figure et s’ennuieront autant que moi lorsqu'il faudra rester assis à écouter un énième discours sur je ne sais pas quoi. Comme Hopkins par exemple." déclara avec sarcasme le jeune homme, qui ne pouvait comprendre ce que l'on pouvait trouver d'amusant à passer autant de temps avec des personnes qui ne partageaient aucune de ses convictions, voir même qui avait une attitude qui le révulsait. N'allait-il pas épouser sa propre petite fille ? "Et ça c'est si personne ne s'entretue." conclut-il en s'adossant à l'un des murs, sans le perdre des yeux, croisant simplement les bras sur son torse. "Crois-moi, ce n'était sûrement pas mon idée de m'y rendre." Sauf qu'à présent, il n'y renoncerait pas. Il ferait ce qu'il avait accepté de faire lorsqu'il avait serré la main de son père pour conclure le contrat d'obtenir finalement des vérités sur sa mère, dont son identité.
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Sujet: Re: Juste la famille entre nous (Héres) 06.07.14 23:48
C’était plus fort que lui. Dès que les mots franchirent ses lèvres, Priscus afficha un horrible petit sourire sarcastique. Une sourde colère s’empara de son ainé, qui se félicita de ne pas avoir eu le cran de dire le pourquoi il était venu le voir. Qu’aurait-il donc fait à ce moment là ? Hurler de rire et se taper les pieds et les poings par terre ? Son pic termina de mettre sa patience à rude épreuve et Héres, furieux de voir que son frère ne grandirait probablement jamais, lâcha d’un ton froid.
-Exactement. Je m’étonne d’ailleurs que le mot « effort » fasse partie de ton vocabulaire. Tu sais ce qu’il veut dire ? Fit-il semblant de s’étonner.
Il se détourna de lui d’un mouvement brusque pour essayer de se calmer. Peine perdue, son genou heurta de plein fouet une table basse. La douleur lui fit monter les larmes aux yeux et il sauta quelque temps sur sa jambe valide, tenant celle qui venait d’entrer trop brusquement en contact avec le bois polis et ho combien dur de cette foutue petite table dans ses mains. Tournant sur lui-même il se maudit d’avoir été si stupide. Pas seulement pour son pauvre genou, mais également au sujet de Priscus. Car ce dernier, railleur, attendit la fin de sa petite danse de douleur avant de lancer une énième remarque qui le fit sortir de ses gonds. Était-ce la douleur qui lui fit complètement perdre son sang froid ? En tout cas, cela ne l’aida pas vraiment et c’est en haussant la voix qu’il lui répondit.
-Comment est ce que tu peux encore penser comme ca ? S’insurgea-t-il, tout bonnement furieux. Comment peux-tu seulement croire que tu vas t’ennuyer à une série de conférences si cruciales pour notre monde ?!
Certes, ses petits mouvements face à sa douleur (toujours cruellement présente, signalons le) venait sans doute de lui faire perdre le peu de crédibilité qu’il avait face à son jeune frère. Néanmoins, il essaya de la retrouver en se redressant de toute sa hauteur. Priscus avait quasi sa taille, mais il avait à présent finit de grandir et Héres garderait pour toujours ces quelques centimètres de plus que lui. Il souffla pour essayer de reprendre un semblant de calme et lança d’une voix claire.
-Hopkins est un vieux pervers dégoutant. Mais il serait tout à fait stupide de ta part que de ne pas écouter chaque mot qui sortira de sa bouche. Quiconque niera l’importance de cet homme en le ramenant à ces travers court à sa perte. Mais bon…
Il ne cru pas bon de continuer sa phrase. Il savait que son frère comprendrait la nuance dans son regard : « toi pas assez intelligent que pour comprendre cela. »
Il inspira profondément en regardant avec dédain Priscus croiser les bras lorsqu’il mentionna l’éventualité que ce joli beau monde s’entre-tue. La douleur était calmée et cette minuscule phrase traduisant peut-être une peur le calma rapidement. Si l’éventualité d’une guerre était à craindre pour le petit frère, peut-être que tout n’était pas perdu pour ce dernier.
-Je sais Priscus. Je sais que c’est la décision de Père. Et j’espère que tu le rendras fier.
Malgré lui, il sentit que son ton était légèrement menaçant dans sa dernière réplique. Du genre « sinon tu auras affaire à moi sale gosse ! ». Mais le fait est qu’il aurait plutôt d’abord affaire au paternel. Pourquoi alors, lui qui se foutait royalement de tout cela avait accepté cette mission face à une si grande responsabilité dont il ne voulait clairement pas ? Perplexe, Héres fronça les sourcils.
-Dès lors…pourquoi as-tu décidé d’y aller ? Pas seulement pour pavaner je présume…
Et voilà, il n’avait pas su s’en empêcher. Ce n’était pas sa faute, les pics entre les deux hommes avaient été leur seul moyen de communication depuis trop longtemps.
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Sujet: Re: Juste la famille entre nous (Héres) 12.07.14 8:01
Juste la famille entre nous
avec HERES & PRISCUS
"Bien sûr. La différence entre nous c'est que je n'en fais pas pour n'importe quoi." N'importe quoi... il en faisait pour rassurer Lyra en rentrant au bercail. Il en faisait à cet instant même en ayant promis d'aller à la convention... mais tout avait une raison, et pas une en papier mâché. Puis son frère se détourna et se prit le genou dans la table basse. Décidément... un petit sourire esquissa ses lèvres devant la maladresse de son aîné. Ils étaient tellement différents que c'en était presque troublant. Chacun avait sans douté hérité de leurs propres mères... mais malgré le fait qu'il aime tendrement Lyra et qu'il regrette de lui faire du mal, il retrouvait des traits de son paternel en son frère qui le poussait inévitablement à ces pics et ces railleries. C'était presque inévitable. Peut-être que si Héres s'était réellement blessé... mais ce n'était qu'un bleue, il en verrait d'autres, ce n'était rien ça. Prendre une dérouillée avec des poings ou en duel, victorieux ou non, échapper à la police... Tout ça poussait à avoir un entraînement plus poussé et à savoir se débrouiller. Priscus avait vécu ces choses, et aujourd'hui, après ces années à fuguer dans la rue, c'était à un autre entraînement qu'il avait eu accès, une autre vie moins princière à laquelle il avait eu accès. Une autre... qui lui prédisait qu'il allait s'ennuyer comme un rat mort, ce que son frère ne compris pas.
"Parce que c'est la vérité. La destruction du monde pourrait bien se jouer que les petits jeux de la politique resteraient aussi soporifiques que jamais !" s'exclama posément le cadet, qui pensait que les personnes d’intérêts étaient rares. Mais déjà son frère reprenait... laissant le regard de Priscus se plisser à la fin de sa réplique. "J'ai dit que je n'écouterais pas ?" demanda-t-il de cette petite pic qui lui demandait presque s'il savait écouter et comprendre le sens des paroles. "Mais bon..." reprit-il en perroquet, comme un "on se demande qui est le plus crétin de nous deux." Mais à la place, il se contenta d'ajouter : "Et ça c'est si personne ne s'entretue." Si cette constatation sembla apaiser son aîné, son petit discours sur le fait de faire plaisir à papa agaça le cadet. "Je ne fais pas ça pour le rendre fier, je n'ai pas besoin qu'il me félicite pour que je sache de quoi je suis capable." railla-t-il son frère, qui ne le comprendrait sans doute pas, tout comme Priscus ne parvenait pas à comprendre pourquoi il avait tant besoin de la reconnaissance de leur paternel. Ne savait-il pas ce qu'il valait en dehors de l'ombre de la famille Yaxley ? Non, sûrement que non. Il n'en était jamais sorti après tout.
"Pavaner ?" questionna-t-il en ironisant, tout en faisant apparaître un verre rempli d'une liqueur ambrée entre ses mains qu'il fit tourner en inclinant le récipient. "Si ça peut te rassurer sur nos points communs, je me pavane tout comme toi." railla-t-il avant de boire une gorgée de la liqueur agressive dont il avait l'habitude malgré ses dix-huit ans. "Mais en réalité je suis tel l'âne à qui l'on balance une carotte devant le museau." Il aurait presque pu ajouter qu'il se moquait bel et bien de la politique. Certes, il reconnaissait ce qu'il pouvait peut-être faire, justement parce que c'était bien le cas, mais il aurait mille fois préféré retourner parcourir les rues, croiser à nouveau sa jolie bibliothécaire, ou lui proposer une soirée dans un autre piano-bar, plutôt que de se rendre à cette assommante convention... qui si elle ne l'était pas, risquait d'être un affrontement ouvert ou des assassinats couverts. Mais il préféra ne pas s'interrompre plus de deux secondes et poursuivre. "Père m'a promis des réponses si je réussis." Aussi comptait-il bel et bien réussir à le rendre fier de ses performances. Non pas pour obtenir sa reconnaissance dont le cadet se moquait comme de sa chemise, mais plutôt pour avoir enfin la vérité au creux de sa main. Celle-là même qu'il ne l'avait pas jugé à même de recevoir sans une confrontation avec le milieu politique qui l'y préparerait, tant elle était... Un sourire sarcastique fardait ses lèvres. "Tu voulais un verre peut-être ? Ou bébé Yaxley a peur de déplaire à son papa ?"
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Sujet: Re: Juste la famille entre nous (Héres) 12.07.14 16:28
-Tu penses vraiment que mes efforts sont dirigés vers « n’importe quoi » ? Grandis un peu Priscus.
Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait jamais à admettre qu’obtenir la reconnaissance de leur père n’était pas si horrible ? Héres savait très bien ce que son petit frère pensait de lui : le pantin du leader. Il n’était peiné par cette idée que lorsqu’il se rappelait du premier regard que le bébé qu’il était avait jeté sur lui.
Très calme à présent, l’héritier plongea les yeux dans ceux de son frère pour demander simplement :
-Mais pourquoi ? Pourquoi ca ne t’intéresse donc pas ? Qu’est ce que tu veux dans la vie ?
Quelle carrière envisageait-il ? Une vie de débauches ou avait-il un projet en tête ? Qu’est ce qu’il aimait faire ? Son frère n’en avait pas la moindre idée.
Il mentionna leur père et le fait qu’il n’avait pas besoin d’avoir ses félicitations pour savoir de quoi il était capable. Héres aurait bien voulut répliquer un « moi non plus » mais lui le premier savait à quel point ce serait hypocrite de sa part. Si Priscus avait toujours semblé être un électron libre ne demandant l’approbation de personne, Héres était tout le contraire. Il aimait les choses ordonnées, il aimait le regard confiant et satisfait de son père sur lui…C’était le signe, la preuve de son affection que tout fils a besoin. L’héritier restait persuadé que Priscus ne dérogeait pas à la règle : lui aussi cherchait probablement la satisfaction de son père inconsciemment et d’une autre manière. Quand aux choses dont il se savait capable…C’est vrai qu’Héres avait plus facilement confiance en lui lorsque son père lui demandait d’effectuer une tâche. Après tout ce dernier ne le lui aurait pas demandé s’il ne l’avait pas cru capable de le faire… Pour toute réponse à cette raillerie, il ne fit donc qu’hausser les épaules. Il n’y avait rien d’autre à dire, le petit avait raison sur ce point. Mais au moins Héres l’acceptait.
Malgré l’ironie perçue dans sa dernière réplique, Héres ne put s’empêcher de sourire. C’est vrai qu’en tant que Yaxley, les deux jeunes garçons avaient apprit dès leur plus jeune âge à marcher la tête bien haute. Mais la douce Lyra leur avait aussi enseigné « l’art d’être humble quand on a tout ». Héres avait apprit la leçon mais Priscus…C’était différent. En effet, il affichait bien trop souvent du mépris quand il parlait avec leur père. Une des possibles raisons, que l’héritier avait presque oublié, lui revint en pleine face comme un boomerang : l’identité de la véritable mère de son frangin.
Les deux garçons n’en avaient jamais réellement parlé directement. Un pic par ci et par là, enfonçant parfois un peu méchamment Priscus dans la définition de bâtard, mais jamais de réelles discussions sur le sujet entre eux. Après tout, ce n’est pas l’héritier qui allait les débuter et son frère n’avait jamais prit l’initiative non plus. Pourtant aujourd’hui, c’était différent, même si encore une fois, ca n’aurait pas semblé évidemment pour quelqu’un de l’extérieur. Peut-être parce que Priscus sentait que le moment de connaitre enfin l’identité de sa mère approchait…
-C’est bien. Père ne rompt jamais ses promesses.
Sentant la porte entrouverte sur le sujet, Héres y glissa avec précautions un pied.
-Je me demande…qui elle est.
Lorsqu’il lui proposa, au détour d’une moquerie, un verre, Héres lança
-Je trinquais avec lui alors que tu portais encore tes couches !
Pour lui prouver sa « supériorité dû à l’âge », il se servit lui-même son verre et le leva en l’air.
-A ces choses qui changeront ta vie !
Il parlait de sa mère évidemment mais principalement des conventions. Il croyait toujours que l’évènement allait pouvoir changer au mieux son frère. Avant d’avaler une gorgée, il attendit de voir si son frère lui aussi, allait lâcher une phrase.
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