La jeune doctoresse était plongée dans ses papiers. Elle tapotait rapidement le bout de son stylo tout en se mordant la lèvre de concentration. Mélange de stress et d'attention, elle lisait de façon très pointilleuse les moindre détails du dossier qu'elle était en train de monter pour son projet. Le projet d'une vie ? Peut-être. C'était un bout de sa carrière qui était en jeu en ce moment-même.

Elle avait été voir Camila, peu de temps après les attentats au Nouveau Mexique, pour lui parler de son projet : un dispensaire. Il fallait que les Inquisiteurs interviennent auprès de la population pour le fournir autant d'aide possible, que ce soit au niveau des soins physique qu'au niveau des soins psychologique. Ces gens avaient été choqué de cette attaque et il fallait leur prouver qu'ils étaient là pour les soutenir. C'était à la fois un plan stratégique et en même temps un moyen pour elle de faire autre chose. Non pas qu'elle n'aimait pas travailler au Bastion, mais elle voulait voir autre chose, changer de décor, aller plus loin pour revenir et re découvrir quelque chose. Au Bastion les blessures étaient au final assez souvent les mêmes : un bras cassé par-là, une jambe cassée par-ci et une épaule déboîtée là-bas. Et le pire dans tout ça, c'était que ces blessures étaient dû à leur bagarre pour la plupart. Au final, sa vie de médecin n'avait eu de sens ces temps-ci qu'avec Saevus Yaxley, un homme horrible dont elle n'avait eu aucun scrupule à donner le traitement pour lui retirer ses pouvoirs, et Zachary Heel, un petit imbécile plus idiot que méchant qui, selon elle, n'avait plus rien à faire là. Après tout, Yaxley était relâché, à quoi bon le laisser pourrir dans sa cellule ? Mais bon, elle avait confiance en Camila. S'il restait ici, c'est qu'elle avait une bonne raison pour le garder, elle n'en doutait pas une seconde.

Arizona se replongea dans sa lecture. Elle avait dû demander à un comptable qu'elle connaissait bien de l'aider à définir un budget pour son dossier, c'était lui qui l'aidait à mettre en place le budget de son service normalement. Ce dossier allait être envoyé directement au gouvernement quand il aurait l'aval de Camila. D'après elle, ça ne devrait pas trop leur poser de problème vu leur position qu'il voulait "pacifiste" en ce moment. Les closes du dossier étaient basées sur tellement de point précis qu'elle avait du mal à tout assimiler, mais elle faisait un effort, c'était son avenir qui était en jeu ici.

Son portable se mit à vibrer sur son bureau. Arizona le regarda et leva les yeux au ciel quand elle vie le nom de "Jamie" apparaître sur l'écran. James... Ca faisait peut être son cinquantième appel cette semaine, depuis la fête pour Yong. Elle avait refusé de lui répondre au téléphone, que ce soit à son bureau qu'à son portable. La doctoresse avait tout sauf envie de lui parler. Non seulement parce qu'elle devait rester concentrée sur sa mission mais aussi parce qu'elle pensait toujours ce qu'elle lui avait dit la semaine passée. Sa colère était loin d'être passée. Elle pensait toujours que c'était un gamin immature, inconscient et irrespectueusement con. Non, décidément elle n'était pas prête pour le revoir. Il lui avait fait honte ce jour-là et il avait été contre tout ce qu'elle jugeait nécessaire au bon savoir vivre. On peut dire ce qu'on pense, mais au bon moment et au bon endroit.

Le téléphone de son bureau sonna et Arizona décrocha. Sa secrétaire lui parla d'une urgence dans la salle de consultation numéro 8, le patient avait demandé à la voir elle et pas un autre. Une infirmière l'avait même qualifié de fou furieux. Arizona lui dit qu'elle arrivait de suite. La jeune femme se leva, enfila sa blouse, ferma son dossier et sortit de son bureau en direction de la salle de consultation.

La doctoresse mis ses lunettes et entra dans la salle, munie d'une tablette électronique. A peine eut elle vu son patient qu'elle soupira d'exaspération. Franchement, elle avait envie de lui mettre une. James était assis sur le fauteuil de consultation, l'attendant patiemment.

- Qu'est-ce que vous voulez, soldat Wilkerson ?

La question qu'Arizona se posait en ce moment-même, c'était de savoir si un gamin de trente ans pouvait vraiment se remettre en question ou pas. James avait beau être son cousin, un bout de sa vie passé et à venir, il n'arrivait pas à se remettre en cause. Il ne comprenait pas qu'il pouvait très bien avoir tort, et c'est ce que Arizona lui reprochait. Après tout, à son âge on est pas sensé faire des crises et des caprices devant ses supérieurs comme il l'avait fait. Parce que mine de rien, avant toute chose, Camila était leur chef et ça James semblait l'oublier ou du moins vouloir le remettre en cause. Vouloir quelqu'un d'autre au pouvoir est une chose, mais c'est une chose qui mérite d'avoir de bons arguments. Qu'avait James à part le fait que l'opposant principal de Camila parmi les Inquisiteurs était son père ? Elle ne doutait pas des convictions de son cousin, mais les autres eux ne le voyaient pas comme ça. Rearden assumait son statut d'opposant politique, il n'avait pas besoin que son fils enfonce le clou auprès des partisans de Camila, bien au contraire. Arizona se fichait bien de savoir qui gouvernait leur faction, tant qu'il le faisait bien. De toute façon... Elle allait s'éloigner un moment de tout ça.

L'ironie de son cousin avait le don de l'agacer au plus haut point, mais Arie était assez forte pour montrer une grande indifférence aux personnes face à elle quand elle était énervée... Elle savait que l'indifférence était le pire de tous les maux, la preuve, James était en face d'elle.

- Tu veux qu'on en parle ? Très bien, on va en parler. Tu as agis comme un idiot la semaine dernière. Et encore, je pèse mes mots, commença la doctoresse.

Le problème avec Arizona c'était que quand on la lançait sur un sujet et bien... Elle ne s'arrêtait pas, surtout dans un conflit. Elle connaissait cette facette de sa personnalité et c'était une des raisons qui faisait qu'elle avait voulu éviter l’altercation avec James au maximum.

- Je vais être franche, j'ai eu honte. Oui, tu m'as bien entendu. Tu ne comprends donc pas que ce que tu as fais était complètement idiot et hors propos ? C'était irrespectueux envers Camila, Yong et tous ses proches. C'était un moment qui était sensé être un instant de repos pour eux. Son retour était une chance inespéré pour chacun de ses amis. Alors qui es-tu, toi, pour contrarier ce moment ? Ce que je veux dire c'est que si ça avait été un ami proche de toi ou même ton père, comment aurais-tu réagis à la place de Camila ? Et bien moi je t'en aurais foutu une, parce que clairement, voir un soldat agir de la sorte alors qu'on l'a convié à une fête amicale, et bien ça me fou hors de moi ! S'il y avait bien un jour où tu aurais pu éviter de donner ton avis, c'était ce jour-là ? Tu veux poser des questions à Camila ? Convoque une assemblée générale de la faction ! C'est fait pour ça non ? Fait circuler des tracts, va lui parler dans son bureau, mais ne gâche pas un des rares moments où la politique n'était pas sensée intervenir ! Alors oui je t'en veux d'avoir était aussi... Immature ! C'est indigne de toi et de n'importe qui d'autre d'ailleurs !

Il avait voulu une confrontation, il allait l'avoir, et à la hauteur du Docteur Drewel comme elle savait si bien le faire. Arizona était plutôt du genre spontanée et incapable de ne pas dire ce qu'elle pense des gens et des actes, alors quand c'était la famille, c'était encore pire. Ne pas lui répondre était donc pour Arizona le meilleur moyen de l'épargner, parce que là elle faisait ressortir sa colère sur James.

- Tu comprends ce que je veux dire ou pas ? Parce que ce n'est pas une question de conviction mais de respect. Si tout le monde agissait comme tu l'a fais, ce serait juste le chaos total dans le Bastion et parmi les inquisiteurs en général. C'est totalement normal de ne pas être d'accord avec quelqu'un, mais il y a d'autres méthodes que l'humiliation public pour y parvenir. Voilà. Des questions peut-être ?

La doctoresse croisa les bras et regarda James d'un air réprobateur. Elle n'en pouvait plus, ça faisait quelques jours que son dossier lui prenait un temps monstre, elle avait des poches sous les yeux qu'elle essayait de cacher avec le peu de maquillage qu'elle mettait. Alors oui, elle avait craquer un peu plus que si ça avait été une semaine normale. Mais bon, c'était bientôt finis et le dossier partirait sous peu pour Washington...  


...

Si les yeux d'Arizona pouvaient lancer des éclairs, ils le feraient là tout de suite. C'était son truc à elle. Se montrer froide quand elle était en colère. Il y avait des fois où elle l'avait regretté après et d'autres pas. Là elle ne savait pas encore si elle allait regretter d'avoir été si violente dans ses mots avec James, après tout, il restait son cousin, une partie de sa vie et de ce qu'elle était. Elle ne se voyait pas être en froid avec lui pendant trop longtemps. Mais aujourd'hui la colère l'aveuglait et il l'a rendait folle. Quand elle allait mal elle passait pas mal de temps dans la salle de sport à faire du kick boxing. Ça la détendait de se défouler. Elle y avait pas mal été d'ailleurs cette semaine, entre deux dossiers et six appels manqués de son cousin. D'ailleurs, quand elle eut finis de parler, elle sentis ses poings se serrer. C'était rare de voir un signe apparant sur son physique de ses émotions. Son métier l'avait forgé dans ce sens. Elle avait appris à prendre du recul sur ce qui la blessait ou ce qui la touchait. En fait, c'était ce qu'Arizona faisait de mieux. Prendre de la distance. Encore maintenant c'était ce qu'elle faisait. Elle partait ailleurs pour voir de nouveaux horizons et regarder cette guerre d'un oeil nouveau et plus proche de la réalité. C'était ce qu'elle voulait en ce moment. Partir pour être au plus proche des gens et les aider du mieux qu'elle pouvait.

James commença à lui répondre sur un ton insolant et les sourcils d'Arizona se froncèrent avec sévérité. Si elle avait des raisons d'être en colère, lui n'en avait aucune. Puis la jeune femme eu presque un rire jaune en entendant ces aberrations sortir de sa bouche de petit blondinet impertinent. En même temps c'était un peu ce que tout le monde avait pensé sur le coup en l'entendant parler. Pourtant il insistait sur le fait que les Inquisiteurs devaient savoir la vérité, qu'ils devaient être au courant et qu'il avait eu raison d'en parler à ce moment là. La doctoresse leva les yeux au ciel avec une exaspération non cachée. Et plus il parla, plus elle avait envie qu'il se taise. Ça l'énervait d'autant plus qu'il ne savait pas de quoi il parlait. Comme de Yaxley par exemple. C'était un connard à n'en plus finir, certes, elle était d'accord, mais c'était surtout un connard mort à l'intérieur. Il ne l'avait pas vu lui devenir presque un légume sans sa magie. Ce n'était pas lui qui lui avait inséré le fameux produit qui lui avait retiré sa magie. Il ne l'avait pas vu devenir une loque de plus en plus, au fil des jours. Ari en était même assez fière. L'image de cette homme était détruite à jamais, elle en avait la conviction. Il n'était plus rien. Il était descendu à un étage plus bas que terre et jamais il ne se relèverait, elle en était convaincu. Cet homme tenait beaucoup trop à sa magie pour devenir quelque chose sans elle. James se trompait. Il ne reviendrait jamais de venger d'eux. Il pouvait le considérer comme pire que mort. D'ailleurs, après son échange, il n'avait plus entendu parler de lui, les Mages avaient du récupérer une sorte de légume impossible à manger et périmé. Plus jamais il ne serait le même homme. Cependant ce qui énervait Ari par dessus le reste, c'était la façon de James arrangeait ses propos à sa façon. Quand il parla de sa mère qui était morte lors de cette catastrophe qu'avait déclenché Yaxley père, Arizona pensa à ses propres parents, mort par la faute d'un autre que Yaxley. James avait toujours son père. Elle sa seule famille c'était son frère, envers qui elle avait plus eu le rôle de mère que de soeur. Et ce n'était pas normal. Lilian méritait bien mieux que ça et il n'y avait pas eu le droit. Il n'avait pas eu de figure paternel et une soeur qui avait essayé d'être sa mère du mieux qu'elle le pouvait. Alors oui elle trouvait la réaction de James égoïste. Il n'y avait pas QUE lui et il n'y avait pas QUE Yaxley.

Soudain, les yeux de Arizona s'ecarquillèrent de surprise. Qu'avait-il dit ? Elle et Septimus ? Où avait-il bien pu trouver ça ? Arizona et Septimus s'étaient vu à plusieurs reprise, mais il n'y avait jamais rien eu entre eux. La plus part du temps c'était pour le travail, pour Yaxley et Heel principalement. Même au restaurant elle avait préféré en rester là avec lui, parce qu'elle ne se voyait pas avec son supérieur... Et puis c'était beaucoup trop précipité. La doctoresse était attiré physiquement par Hopkins mais jamais il n'y avait eu plus qu'une relation professionnelle entre eux. Comment diable avait-il eu vent de leur rapprochement ? Et encore, il ne s'était rien passé.

- Mais pour qui tu te prends James ? Pour mon père ? Désolée, je n'en ai plus. Je n'ai plus de parent. Alors ne fait pas l'orgueilleux à dire que tu as vécu sans mère, parce que j'ai du élever Lilian du mieux que je le pouvais. Ne vient pas me dire que les sorciers comme Yaxley sont mauvais, tu n'es pas le seul à avoir été abusé par eux. Tu as une vengeance personnelle à régler ? Vas y va le trouver et tue le. Mais tu verras que le sort que lui a infligé Camila est pire que la mort James. Cet homme ne se vengera jamais, il n'a plus rien et plus aucun moyen de se venger, plus aucun soutiens. Sa propre famille ne veut plus de lui, il n'est même pas rentré chez lui. Alors non, je suis contente du choix de Camila, même si c'était peut être irréfléchi, l'homme apprend de ses erreurs. Camila a eu du coeur et des sentiments, c'est ce qui la différencie des sorciers. C'est ce qui nous différencie d'eux. L'erreur est humaine James, ne l'oublie pas. Dans tous les cas, Camila porte un fardeau que je ne voudrais pas porter et je la respecte pour ça. Alors oui j'apprécie Camila, et je la respecte comme chef et comme femme. Je persiste à dire que ce que tu as fais était tout sauf respectueux. Comment veux tu qu'on te respecte si toi même tu ne respectes pas les gens autour de toi ? Tu es un adulte, comporte toi comme tel ! Et pour ce qui est d'Hopkins, je ne sais pas où est-ce que tu as entendu ses bêtises mais même si elles étaient vrai je n'ai aucun ordre à recevoir de toi. Je vois qui je veux et quand je veux, finis la jeune femme sur une note de voix plus ferme.

Non mais ce n'était quand même pas lui qui allait lui dire ce qu'elle avait à faire quand même. Incroyable mais vrai. Elle n'en revenait pas du culot qu'avait James de se montrer là et lui demander ca. Est-ce qu'elle allait lui demander s'il se passait quelque chose avec Blue Ivy hein ? Non. Pourtant ils en passaient du temps ensemble selon les rumeurs. Mais elle respectait sa vie privée.  

- De toute façon je m'en vais. J'ai demandé une mutation, dit-elle sur un ton un peu plus doux. Je serais mieux ailleurs et cette conversation n'a fait que me le confirmer.

Non pas qu'elle ne voulait plus voir James, mais elle n'aimait pas vraiment s'engueuler avec lui non plus. Partir la tiendrait au moins éloignée des conflits .


...

Arizona sentait bien que James était agacé. Ils n’étaient pas de la même famille pour rien en fait. Ils avaient le sang chaud et démarrait au quart de tour tous les deux, mais la différence entre Ari et James résidait dans le fait qu’elle savait gérer ses sentiments et ses émotions tandis que lui non. Il était impulsif et franc alors qu’Ari était franche mais impassible. Cette facette de sa personnalité avait le donc d’en énerver plus d’un et lui avait donné au Bastion une réputation de femme froide voir même frigide et fermée d’esprit. Cette réputation ne la gênait pas en fait, au moins, personne ne venait l’embêtait et les rares fois où les médecins et infirmières de son service lui demandaient un service, elle était assez impassible pour être distante et en même temps assez raisonnée pour accepter de les aider quand elle le pouvait. Elle savait que le travail d’équipe était avant tout une question de confiance plus que d’autorité, et elle avait besoin de gens de confiance dans son travail. Tout ça pour dire qu’Ari était un médecin très doué dans sa branche mais pas vraiment avec les gens. Son expérience de la vie l’avait rendu comme ça et peu de personne la voyait sourire. Septimus avait fait partis de ces personnes… Mais elle le chassa vite de ses pensées.

D’ailleurs, quand Arizona lâcha à James qu’elle voulait partir du Bastion, l’air énervé de ce dernier fut très vite remplacé par un visage surpris et surtout remplis d’incompréhension. La doctoresse regretta d’avoir été aussi froide avec son cousin en lui lâchant ça comme ça… Elle baissa les yeux un instant. Sans doute la seule preuve du regret de cette dispute depuis le début de leur conversation. James lui posa tout un tas de questions sur la raison de son départ mais ce qui peina le plus la jeune femme et ce qui lui serra le cœur c’était Lilian. Comment allait réagir son petit frère à son départ ? Il était la personne la plus importante à ses yeux et son avis comptait, évidemment. Mais elle ne savait pas s’il accepterait sa décision ou s’il allait l’accepter juste pour lui faire plaisir. Elle connaissait déjà sa réponse : « C’est ce que tu veux faire ? Fais-le. », mais elle n’aurait jamais le véritable fond de sa pensée. De même qu’elle, Lilian s’était renfermé, sans doute parce qu’elle lui avait montré cet exemple. Quitter Lilian était sans doute la chose la plus compliqué qu’elle aurait à faire si elle partait, mais elle en avait besoin. Depuis que Camila avait accepté, elle ne pensait plus qu’à ça.

« C’est une mutation un peu spéciale. C’est plus un projet d’ailleurs. Je pars pour le Nouveau Mexique, je vais créer un dispensaire là-bas pour aider les personnes victimes des attentats. Je pense qu’ils en ont plus que besoin et c’est le moment ou jamais de montrer que les Inquisiteurs sont là pour eux et qu’ils ne sont pas abandonnés. J’attends la réponse du gouvernement pour valider le projet mais c’est en bonne voie. J’ai vraiment besoin de me sentir utile à quelque chose et c’est pour ça que je veux aller sur le terrain. Dès que j’ai l’accord du gouvernement, j’engage des infirmières pour m’accompagner et peut-être quelques médecins en plus, trier sur le volet évidemment, je ne veux pas d’incompétent avec moi. Je compte énormément sur ce projet et je suis sûre que Lilian me soutiendra et le Bastion soutient le projet. »

Elle avait dit le Bastion et pas Camila pour que James ne lui rejette pas la faute dessus. La doctoresse releva les yeux vers James en souriant doucement.

« Je ne pars pas à cause de toi. Ça fait déjà un bon moment que j’y pense et que je prépare mon dossier. Ce genre de projet ne se fait en une semaine, même si j’ai énormément travailler dessus cette semaine. C’est vital pour moi de partir et de faire autre chose que de soigner les bobos des soldats. J’aime le Bastion, mais ma carrière ne se fera pas ici et il y a des gens qui ont réellement besoin d’être aidé. C’est ce qui me motive le plus. Alors soit je ne serais plus ici, mais je servirais toujours la juste cause dans un endroit qui a beaucoup plus besoin de moi. »

Arizona était beaucoup plus calme désormais, maintenant qu’elle avait vidé son sac à James et qu’elle lui avait parlé de ses projets. Jusqu’à ce que Camila valide, elle ne pouvait pas vraiment en parler, mais maintenant elle pouvait le dire à James et à Lilian surtout. La jeune femme regardait son cousin avec un air beaucoup plus clément et doux désormais.



...

James était une des personnes les plus importantes à ses yeux. Sa famille. Elle ne jurait que par ça depuis des années maintenant. Que ce soit Lilian, James ou même son oncle. Ils étaient la seule famille qui lui restait et c'était eux qui la faisaient continuer et avancer dans ce qu'elle faisait tous les jours. Mais n'était-ce pas pour eux aussi qu'elle avait fait ce choix ? Pour leur prouver que les convictions de la famille allaient plus loin que des armes et des soldats. Ils avaient trouvé leur voie dans l'armée. La sienne était dans la médecine, dans l'aide. Elle qui avait l'air si austère au premier abord et qui était si renfermé avait sans doute plus d'empathie que toute sa famille réunie. Elle aimait aider. Elle voulait aider. Et elle le ferait, quoi qu'il lui en coûte.

Face à elle, son cousin la regardait les yeux de plus en plus remplie d'une surprise non cachée mais surtout d'une peur grandissante. Arizona était surprise de cette réaction et elle arqua un sourcil quand il prit la parole parce qu'elle sentie que quelque chose n'allait pas dans ce qu'il disait. Un timbre de voix trop haut pour James qui le trahissait.

« Oui. Pourquoi ? Ça te gêne ? demanda-t-elle sur la défensive. »

Le regard d'Ari se durcit. La doctoresse n'aimait pas vraiment qu'on la contredise à moins d'avoir une bonne raison... Et la plupart du temps, les gens n'en avaient pas d'assez bonne pour Arizona. Elle avait plutôt tendance à protéger son avis, en particulier quand il s'agissait d'un projet comme celui-ci, qui consistait à aider énormément de personnes de la précarité et de la maladie. Quand elle écoutait James elle avait l'impression que seul elle comptait à ses yeux, mais leur cause s'étendait tellement plus loin que ça. Elle avait évidemment conscience du danger de la situation et de ce qui l'attendait là-bas, mais elle s'en fichait. Le but du dispensaire était d'aider mais aussi de prouver que les Inquisiteurs n'avaient pas peur du Cercle. Arizona y avait pensé, au fait que son dispensaire pouvait être une cible simple, mais elle ne partait pas qu'avec des infirmières et des médecins. Elles en avaient discuté avec Camila et elles en étaient arrivées à la conclusion que des militaires devaient les accompagner. Arizona avait inclus une partie militaire dans son projet, même si cette partie avait été sous-traitée à Camila. Elle avait pensé à tout. Ari en était sûre et certaine. Personne ne l'empêcherait de faire ce qu'elle voulait. Même James avec toute la bonne volonté du monde n'y parviendrait pas. Pire que bornée, elle était presque inconsciente.

Ce projet comptait énormément pour elle, James avait dû le sentir à la façon dont elle en parlait... Mais non. Il pensait à sa sécurité avant tout. Encore une fois ça allait sans doute être un sujet de discorde entre eux. Même si les tensions étaient présentes ces derniers temps entre eux, ce n’était pourtant pas une habitude. C’est pour ça que malgré l’énervement qu’elle sentait poindre en elle à nouveau, elle ne le montra pas à James. La doctoresse entreprit d’abord une approche pour essayer de le convaincre.

« Jusqu’à preuve du contraire James, je suis assez grande pour savoir ce que je fais. Je suis totalement consciente des risques qu’il y a à aller au Nouveau Mexique en ce moment et c’est en connaissance de cause que je pars. Le projet inclue évidemment une manœuvre militaire ! Le dispensaire sera protéger par des soldats Inquisiteurs, de plus, je ne pense pas que le gouvernement nous laisse entrer dans le Nouveau Mexique sans moyen de nous défendre contre une possible attaque. Ces gens ont besoins d’aide James ! Si je n’y vais pas qui ira ? Hein ? Je ne peux pas rester ici les bras croisés. A leur place j’aimerais qu’on mette en place assez rapidement un projet comme celui-ci. On est leur seul espoir. Ces gens croient en nous et en ce qu’on fait ici au Bastion, alors prouvons-leur qu’on ne sert pas à rien. Tu trouves que relâcher Yaxley dans la nature était une mauvaise idée parce que ça entache la réputation des inquisiteurs ? Et bien ne me retiens pas de partir James, parce que ça leur prouverait qu’on ne fait pas que de la politique. Les manœuvres humanitaires comme celle-ci ont une importance capitale dans la vision que les gens ont de notre groupe. Et tu le sais très bien. »

La jeune femme s’avança vers James et posa sa main sur son bras.

« Je sais que tu es inquiet, mais ne laisse pas nos liens familiaux interférer dans cette bonne cause. De toute façon, je ne ferais pas demi-tour, je suis déjà beaucoup trop impliquer dans le projet Jamie. »

La doctoresse retira son bras et recula d’un pas. Elle ne voulait pas se battre avec son cousin, mais elle ne voulait pas non plus abandonner ce pourquoi elle se battait ces derniers temps. Ce projet lui avait donné un regain d’énergie qu’elle ne pouvait pas ignorer.  



...

La jeune femme regarda son cousin avec tendresse. Ils avaient des liens très forts, au delà de simples cousins, ils se soutenaient peu importe ce qui se passait, peu importe si l'un ou l'autre faisait des bêtises. Même si sur le coup leurs mots pouvaient être dur à entendre, ce n'était jamais dans le but de faire mal à l'autre, c'était toujours pour être franc et faire avancer les choses. Bien que le projet d'Arizona soit un sujet sensible entre eux, elle savait que quoi qu'il arrive, il montrait juste son inquiétude pour elle, ce qui était naturel.

L'inquiétude. C'était un sentiment qu'Arizona connaissait et même qu'elle avait toujours connu. Evidemment avec toute sa famille dans l'armée, c'était quelque chose de quotidien et aujourd'hui, même si elle savait les risques, elle n'avait plus la même appréhension des choses, c'était devenu plus modéré. Mais ça n'avait pas toujours été le cas... Quand Lilian a commencé à se battre à l'école, quand il a décidé de partir, quand il a eu son plâtre... Elle s'inquiétait sans arrêt pour lui. Son frère était sa moitié et ça personne ne le changerait. Sa plus grande inquiétude c'était Lilian... Bien qu'elle ait appris à se canaliser et à ne plus se comporter comme une mère pour lui, elle avait des instinct en elle qui la poussait à s'inquiéter.

Arizona s'était toujours demandé comme elle gérerait se genre de chose quand elle aurait un enfant... Avoir un enfant. Jusqu'à récemment cette idée était hors de sa tête parce que Lilian était, selon elle, la seule famille dont elle avait besoin. Pourtant, à trente six ans, elle commençait à ressentir ce manque. Elle chassa cette idée de sa tête. De toute façon, le jour elle trouverait l'homme idéal, elle trouverait le remède contre Alzheimer en même temps !

Soudainement, James la pris dans ses bras. La doctoresse fit dans un premier temps surprise. Elle n'était pas vraiment démonstrative envers les gens. Cependant, très vite, elle rendis l'étreinte de James avec affection. Elle sentait que c'était le bon moment pour être proche de son cousin, elle préférait avoir son soutien plutôt que sa contre-indication sur son projet. Et puis... Un câlin de temps en temps n'a jamais tué personne, surtout avec une personne dont on est aussi proche. Même si James et elle était souvent opposé et que les dîners familiaux étaient assez souvent mouvement avec eux deux, ils s'adoraient. Elle recula et leva les yeux au ciel quand il lui demanda de faire attention.

« Evidemment. Si je n'avais pas confiance dans la partie sécurité de mon projet, je ne risquerait pas autant de vie d'infirmière, de médecin et de soldat Jamie. Ne t'en fais pas ! » répondit-elle dans un premier temps, « Je pars dans deux semaines si tout va bien, le dossier va être envoyer à la sécurité du gouvernement en priorité pour être traité dans les plus bref délai, ce genre de projet ne peut pas vraiment attendre. Et j'espère bien que tu vas venir me voir ! Sinon je vais être très rancunière James ! »

Elle ria, moqueuse face à James. Ce dernier la repris dans ses bras avec une émotion non contenu. Personne ne savait dire au revoir dans la famille... Ils n'aimaient pas ça et c'était contre productif selon chacun d'eux. Elle leva les yeux ciel quand James lui murmura qu'il avait quand même raison à l'oreille.

« Oui bien sûr, »commença t-elle, « quand les poules auront des dents Jamie » Elle se retira de son étreinte et lui balança avec une moue moquese : « Ah pardon, quand tu es était petit tu pensais qu'elle en avait. Je m'en souviens encore. "Papa ! Papa ! La poule elle m'a mordu ! Regarde les marques là ! Tu m'as mentis ça a des dents !" »

La jeune femme ria aux éclats en se moquant de son cousins et de ses déboires d'enfance. C'était souvent ça entre eux... Se chamailler, se réconcilier, se moquer. Souvent dans cet ordre là d'ailleurs.


...