Le jeune homme se leva de la souche lorsqu’il lui apprit que ses parents n’étaient plus de ce monde depuis un mois. Ernie se mordit la lèvre, choqué et désolé pour le gamin. Désolé pour Martha et son mari aussi, qu’il avait aimé à distance pour s’occuper du fils de sa cousine adorée.

-Mes condoléances… Murmura le fabricant, véritablement désolé.

Il ne demanda rien d’autre sur le sujet, respectant la volonté de Zach qui ne voulait pas en parler. Ennuyé d’avoir cassé l’ambiance, il fut rassuré de voir son neveu se retourner un sourire étant revenu sur ses lèvres. Lorsqu’il lui parla des nuages, Ernie le regarda, interdit.

-Des nuages ?...

S’en suit une longue explication de Zach, prouvant au fabricant qu’il avait retrouvé sa joie de vivre qui le caractérisait même de loin. Il écouta avec soin l’histoire du fou et fut tout heureux de partager une anecdote de l’enfant qu’il avait un jour été.
Il ria avec lui du drôle de personnage et à la fin de son histoire, il releva immédiatement la tête. Le ciel de janvier était froid et aucun nuage ne se profilait correctement aux yeux d’Ernie.

-Et quand il n’y avait pas de nuage il faisait quoi ton devin ? Demanda-t-il, se prêtant au jeu.

Le sujet « papa » clôtura cette petite parenthèse ayant permit aux deux hommes de se remettre de leurs émotions. Pourquoi est ce que Sam ne lui avait jamais révélé le nom ?... Au bout de toutes ces années, Ernie avait lentement construit une hypothèse qui à présent, faute de contresens, était pour lui une vérité vraie.

-Je pense que…qu’elle avait honte. Et par la suite, qu’elle a voulu te protéger de lui. Peut-être se protéger elle-même. Elle savait pertinemment que j’aurai été rendre visite à ce fameux père s’il n’était pas correct envers elle. Sa fuite…

Ernie soupira. Était-ce vraiment la personne idéale avec qui partager ses tristes pensées sur Sam ? Malgré ses interrogations, Ernie continua. Mine de rien, il était heureux de parler à voix haute de sa cousine.

-Sa fuite prouve qu’il ne devait pas être tendre avec elle.

Il releva la tête vers le jeune homme dont les yeux brillaient de mille et une questions.

-Tu sais, à cette époque, j’étais toujours à Salem. Je ne la voyais que pendant les vacances, sinon on conversait par lettre.

La suite de la conversation se dirigea vers le continu du Parc naturel. Et plus particulièrement, vers le contenu qu’Ernie était venu chercher aujourd’hui.

-C’est vrai, admit-il en souriant, quand Zachary devina qu’il reviendrait également pour les réserves.

Mais pour lui prouver qu’il avait un véritable intérêt pour le gamin, il lui proposa directement un resto pour mieux se connaitre. La réponse affirmative de ce dernier lui arracha un énième sourire.

-Crois moi, j’ai bien envie de connaitre la vie entière du fils de Samantha ! Dit-il sur un ton léger. Mais je ne sais pas si je te laisserai payer… Je t’assure que Sam me taperait sur les doigts si elle savait que tu m’entretenais… Plaisanta le fabricant.

Ernie affirma que « Le grill » était un endroit parfait pour lui tandis que Zach faisait parvenir son balai. Le fabricant, qui avait toujours le sien à ses pieds, imita le jeune homme en l’enfourchant, et le suivit avec plaisir vers le troupeau de licornes. Ainsi, il voulait voir comment les Beller travaillaient ? A son ton, Ernie devina qu’il n’était pas convaincu qu’il réussisse à les approcher. Il allait bien voir ! Il n’y avait pas que les gardiens de dragons qui savaient s’y prendre avec les animaux !

Dans la clairière, les deux hommes se posèrent en douceur, veillant à ne pas déranger les licornes qui broutaient tranquillement. Elles étaient à une quinzaine mètres d’eux ce qui fit qu’elles ne furent pas déranger par le murmure de Zach. « A toi de jouer ! » Il ne croyait pas si bien dire… Le fabricant avança de quelques pas et fit apparaitre une grande harpe à l’aide de sa baguette et fit en sorte qu’elle joue toute seule un air relaxant. Ce n’est pas lui qui vint à elles mais elles qui vinrent à lui. Ou plutôt, vers la musique. Elles se remirent à brouter l’herbe au plus proche de l’instrument, qu’elles avaient d’abord reniflé avec curiosité. Ernie avança doucement sa main et en caressa une avec tendresse. Cette dernière ne fit aucun geste de recul et le fabricant, tout en continuant de la caresser, se dirigea lentement vers la queue de l’animal. Là, en douceur, il préleva trois crins. Il fit de même avec quatre autres créatures. L’une d’elle, plus prudente et anxieuse, ne se laissa approcher seulement que quand Ernie se mit à fredonner (juste) pour accompagner la musique.

Fier de sa récolte (d’habitude, il ne trouvait jamais plus de trois licornes ensemble), il recula de quelques pas en arrière pour ne pas les effrayer, puis se retourna pour retrouver Zach qui n’avait pas quitté la scène des yeux.

-Et voilà ! S’exclama-t-il d’une voix basse. La musique… Chaque personne s’occupant d’animaux a appris que les créatures étaient sensibles à elle. Mais elle ne fait pas tout, c’est ça que beaucoup de personnes ne comprennent pas. Tu vois, quand je me suis approché, je les ai touchés d’une certaine manière. Je peux t’assurer qu’elles n’ont presque pas senti que je leur prenais des crins !

Satisfait, il rangea religieusement sa récolte dans un petit sac de toile conservé dans une poche intérieur, qu’il remit par la suite à sa place.

-Merci de m’avoir amené au troupeau. Je ne me suis jamais trouvé aussi près de tant de licornes. Lança-t-il en se retournant vers les animaux pour en admirer encore une fois le sublime spectacle.

Accoudé contre la branche basse d'un arbre, camouflé dans les bois, Zachary observa Ernie s'avancer prudemment vers la clairière. Puis, avant de s'engager plus en avant vers le troupeau de licorne, il le vit faire apparaître une harpe qui se mit à jouer un air que Zachary trouva apaisant. Intrigué par sa manière d'agir, le gardien l'observa avec beaucoup d'intérêt.

Etrangement, comme envouté, les licornes s'approchèrent doucement d'Ernie ou pour être plus juste de la harpe. Ernie qui n'avait pas bougé les laissa venir vers lui, et lorsqu'elles furent assez proche, il tendit sa main sans brusquerie vers celle qui avait osé s'aventurer suffisamment prêt du marchand de baguette. Un petit sourire s'afficha sur le visage du plus jeune qui observait le sorcier s'y prendre avec les animaux. Nul doute qu'il se serait parfaitement bien entendu avec le vieil Hopkrik. D'ailleurs, il l'avait fait rire lorsqu'il lui avait demandé comment il s'y prenait pour interroger les nuages lorsqu'il n'y en avait pas. C'était la première fois que quelqu'un lui posait cette question lorsqu'il racontait cette anecdote. D'abord surprit, il avait rit face à la remarque d'Ernie, avant de lever les bras et hausser les épaules dans un signe d'ignorance

- Il demandait surement à ses poules, lui avait-il répondu

Zach secoua la tête avec amusement en y repensant, toutefois, la suite de leur échange lui revint en mémoire, et cette fois son sourire s'effaça pour laisser place à la gravité. Le regard perdu au loin, il n'observait plus Ernie caressant les licornes qui était désormais à mille lieux des préoccupation du jeune sorcier

La réponse que Ernie lui avait formulé concernant son ignorance au sujet de l'identité de son père et le mystère qui l'entourait n'étaient pas réellement celles que Zachary escomptait. Personne ne savait qui Samantha Fairchild fréquentait pour cultiver ainsi un tel secret Zachary s'était persuadé que sa mère était en réalité la maitresse d'un homme marié, mais Ernie avait une toute autre opinion à ce sujet.

-Je pense que…qu’elle avait honte. Et par la suite, qu’elle a voulu te protéger de lui. Peut-être se protéger elle-même. Elle savait pertinemment que j’aurai été rendre visite à ce fameux père s’il n’était pas correct envers elle. Sa fuite… prouve qu’il ne devait pas être tendre avec elle.

Ces paroles prononcées avec sincérités et le soucis d'être parfaitement honnête avec lui, eurent l'équivaut d'une douche froide pour Zachary. Etre le fils d'un homme violent... ? Il ne pouvait pas l'accepter, c'était quelque chose de parfaitement inconcevable pour lui. Il ne la connaissait pas, mais il ne pouvait pas croire qu'elle aurait gardé un enfant issu d'une relation malheureuse. Un enfant qui lui aurait forcément rappelé son père chaque jour qui passait.
Benjamin lui avait raconté que ceux qu'elle fuyait c'était la famille de cet homme dont elle craignait l'emprise... Zachary fronça les sourcils... Après tout, peut-être que Ernie n'avait pas tort. Peut-être était-elle tombée amoureuse d'un homme qui ne le méritait pas, peut-être l'avait-elle réalisé tardivement....

Rester ainsi dans l'expectative lui donnait encore plus envie de connaître la vérité et de percer le secret de ses origines, et le seul à pouvoir l'aider, était Ernie. Il releva la tête en direction de ce dernier qui à sa grande surprise revenait vers lui visiblement heureux de sa récolte. Zach se força à sourire lorsqu'il réalisa qu'Ernie était entrain de lui parler. Puis lorsqu'il comprit qu'il lui parlait de sa méthode pour approcher les animaux, son sourire crispé disparut pour laisser place à un sourire beaucoup plus chaleureux et naturel.

- Merci à toi, jamais encore je n'avais assisté à un tel spectacle, répondit-il sincèrement.

C'était la première fois de sa vie qu'il voyait quelqu'un se servir de la musique pour s'approcher d'animaux aussi craintif que pouvait l'être les licornes. Lui-même n'y avait jamais pensé. Vu la manière dont Ernie s'y était prit, il était indéniable que Ernie aimait les animaux, ils avaient ça en commun, probablement que cela venait du coté de Samantha

- Allez, si tu as tout ce qu'il te faut, on va chez moi, je me change et on va manger

Ernie et Zack quittèrent la réserve sur leur balai. Zachary n'habitait pas très loin de cette dernière. Il louait un studio meublé dans un petit immeuble, en face duquel se trouvait le fameux grill. Le studio de Zach était petit mais chaleureux. Une Kitchenette qu'un bar séparait de la pièce principal qui comportait un canapé-lit pliable encore défait, une table basse et un bureau. Il y avait un écran plat, une tablette et une liseuse. Sur les murs se trouvait un fanion de son équipe de Quidditch préférée, et un tableau sur lequel était placardé plusieurs photos animés d'hier et d'aujourd'hui. On pouvait le voir à plusieurs périodes de sa vie avec sa famille, ses amis, ses anciens collègues,...
Il retira sa chemise dévoilant un torse bien fait, bronzé et une cicatrice sur le flan gauche laissé par le Wendigo. Il ouvrit l'armoire mural, en retira de quoi se changer et tout en se dirigeant vers la salle de bain invita Ernie à faire comme chez lui.

Après avoir prit une rapide douche, Zach revint fin prêt pour aller manger. Il avait troqué ses vêtements de gardien pour un jeans et une chemise blanche.
Ils descendirent les escaliers, traversèrent la rue et entrèrent dans le restaurant d'où émanait une délicieuse odeur de viande grillé. Ils prirent place, et Zach expliqua qu'ils faisaient la meilleurs viande du coin.  Une serveuse ne tarda pas à venir vers eux pour prendre commande.

- Tu nous emmènes du monde ce soir Zach. Qu'est-ce que vous prendrez ?

- Bonsoir Betty. Une bière, avec le repas du jour pour moi

Le stylo prenait note tout seul sur le carnet, tandis qu'elle posa son regard sur Ernie qui passa à son tour commande. C'est alors qu'une main virile vint frapper les fesses de la serveuse

- Et ma jolie, c'est pas sympa de faire les yeux doux à des petits minets qui sont encore en couche culotte, nous aussi on voudrait bénéficier de tes services, et même plus, rajouta-t-il dans un rire gras.

Zach leva les yeux aux ciels avant de se tourner vers l'irrespectueux

- Mitchell, ça fait longtemps que je voulais te le dire mais, quand on mettra les cons en orbite, tu n'auras pas fini de tourner !

Un silence glacial se mit à régner entre les occupants des deux tables, la tension était palpable. Le dit Mitchell se leva de sa chaise, aussitôt imité par le jeune provocateur. Les deux hommes se firent face, et même s'il ne le voyait pas, Zach pouvait aisément imaginer le visage d'Ernie se décomposer
L'homme, qui faisait bien deux têtes de plus que Zach, claqua alors son épaule dans une étreinte chaleureuse

- Gardien de mes deux !! Tu nous présentes ?

Zachary se mit à rire, puis se décala en tendant la main en direction d'Ernie.

- Mitchell, je te présente mon oncle Ernie. Ernie, voici Mitch, c'est un ancien gardien de dragon, qui nous aide toujours à la réserve à titre gracieux parce qu'il n'a absolument rien d'autre à faire de ses journées

- Torturer les petits cons comme lui à la langue bien pendu est toujours un plaisir, fit-il à l'adresse d'Ernie

- Vous voulez vous joindre à nous ? Proposa Zach.

- Non on a fini, on fait parti de l'équipe de nuit, on va y aller, à la revoilure oncle de Zach

Les hommes se levèrent, saluèrent Ernie puis quittèrent le restaurant pendant que Betty, lors apportait les boissons. Zach leva sa bière en direction du verre d'Ernie pour trinquer

- A la notre

Comme prévu, Zachary emmena Ernie chez lui pour lui permettre de se changer avant d’aller manger. Le jeune homme l’abandonna une petite dizaine de minutes, le temps de prendre une douche amplement mérité. Pendant ce temps, Ernie observait la tanière de son neveu : c’était plutôt petit mais douillet. Son lit défait laissait présager qu’il ne partageait pas sa vie avec quelqu’un. Ernie se promit d’en savoir plus sur sa situation amoureuse au cours du repas. Les photos attirèrent immédiatement son regard. Il analysa chaque cliché avec émotion, réalisant qu’il n’avait gardé aucun souvenir du visage joviale de l’enfant qu’il avait été et qu’il avait un jour rencontré. C’était quoi, il y a presque vingt ans ? Le jeune homme avait de toute façon bien changé et plus il grandissait, plus il ressemblait à Sam.

Il croisa son reflet dans un miroir juste à côté du tableau rempli de photos. Peu satisfait de ce qu’il lui renvoyait, il sortit sa baguette et utilisa la magie pour se coiffer un peu mieux. Leur vol en balai leur avait offrit des cheveux en bataille. Regardant par-dessus son épaule et entendant toujours le filet d’eau couler de la douche il se renifla de manière peu glamour mais fut heureux de ne pas estimer qu’il puait. Après tout, contrairement au gamin, il n’avait pas travaillé toute la journée. Enfin, techniquement si, mais en tout cas, il n’avait pas fait des efforts physiques si ce n’est dans la dernière heure en sauvant la peau de Zach.

Baladant son regard sur le reste de son espace de vie, Ernie s’approcha avec curiosité vers des appareils technologiques. Prudent, il prit un objet rectangulaire entre ses mains et fut surpris de sa légèreté. Perplexe, il tourna la chose plusieurs fois mais rien de palpitant de se produisit. Se moquant silencieusement de ces fameuses technologies hybrides promettant de révolutionner la magie, il la remit à sa place.

Enfin, son neveu revint à lui, habillé d’un jeans et d’une chemise blanche.

-Je vais me sentir bien laid à tes côtés ! Plaisanta-t-il en jetant un pauvre regard à ce qui l’habillait : sa vieille robe de sorcier, entouré de sa cape toute rapiécée.

Zach l’emmena dans ce fameux grill où il semblait avoir ses habitudes puisque la serveuse l’appela par son prénom. Ernie commanda exactement la même chose que son neveu, lui faisant déjà confiance. Mais c’est à ce moment là qu’un homme vint frapper irrespectueusement les fesses de la jeune femme. Outré, Ernie ouvrit la bouche mais l’énergumène parla avant lui

-Et ma jolie, c'est pas sympa de faire les yeux doux à des petits minets qui sont encore en couche culotte, nous aussi on voudrait bénéficier de tes services, et même plus.

Si Ernie n’avait pas été extrêmement mal à l’aise par cette situation, il aurait apprécié être associé à
un minet « en couche culotte ». IL était clair que le pic était d’abord adressé à Zach mais Ernie ne se priva pas de se rajeunir un peu aux yeux des autres. Il avait presque quarante ans après tout !
Le visage d’Ernie se décomposa face à la réplique du gamin. Le silence était palpable et les deux bagarreurs s’étaient levés. « C’est pas vrai… » Pensait Ernie en sortant discrètement sa baguette de sa poche et la pointant sous la table vers l’impoli.

Mais le malaise se dissipa par un rire partagé entre les deux hommes et Ernie écarquilla les yeux, ne comprenant absolument plus ce qui se déroulait sous ses yeux : comment étaient-ils passé d’ennemis à meilleurs potes ? Le fait qu’ils se connaissaient avant heurta le cerveau du fabricant que lorsque Zach l’introduisit sous un nom qu’il ne retint pas.

-Enchanté, répliqua t’il, un peu penaud, rangeant encore plus discrètement sa baguette.

Encore un peu remué par ce qu’il avait cru devenir un boxon général, Ernie leva son verre, riant de lui-même.

-A la notre ! Et la prochaine fois, essaye de me prévenir par un signe discret que tu connais ton assaillant ! J’étais en train de le viser sous la table !

Ils burent une gorgée tous les deux puis reposèrent d’un même mouvement le verre sur la table.

-Alors Zachary… Tu as quelqu’un dans ta vie ?

Oui c’était la meilleure entrée pour commencer une conversation qui promettait de devenir riche: demander une banalité qui au fond, était loin d’en être une…

Lorsqu'il était sorti de la douche fin prêt, et que Ernie lui avait fait remarquer qu'il allait se sentir bien laid à coté de lui, Zachary se sentit un peu penaud et proposa à Ernie de se changer s'il le désirait, ils trouveraient surement quelque chose à lui mettre s'il le voulait. Il était vrai qu'il n'avait absolument pas pensé que son oncle aurait peut-etre souhaité se changer et se doucher lui aussi. Puis réalisant seulement qu'il n'avait pas fait son lit, s'excusa et tira la couette pour l'arranger un peu, ce qui eut pour effet de faire voltiger quelques croquis de paysages et de dragons qu'il avait gribouillé la veille au soir avant de s'endormir. Il les attrapa et les entassa ensemble avant de les poser sur son bureau

-Je suis désolé, fit-il confus je ne m'attendais pas à recevoir de la visite XD

Après avoir quitté la garçonnière de Zach les deux hommes s'étaient tranquillement installés à une table du restaurant où ils passèrent commande. L'ambiance était chaleureuse et conviviale et les clients, des habitués pour la plupart, se connaissaient, preuve en était avec Zach et Mitchell. Lorsque Zach reprit place face à Ernie il fut amusé par sa réaction. Le pauvre reprenait à peine des couleurs. Zachary ne put s'empêcher de s'esclaffer lorsque Ernie lui avoua qu'il s'était tenu prêt à attaquer Mitchell .

- J'aurai adoré le voir voler, se moqua-t-il. Désolé pour la frayeur, Mitchell aime beaucoup tester la réaction des gens. La première fois que je suis arrivé ici je me suis fait avoir aussi. J'ai rien capté à ce qui m'arrivait surtout quand il m'a rit au nez, je devais probablement faire la même tête que toi, ria-t-il. Tant que ce peu, je préfère éviter les conflits et privilégier la discussion mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas me battre.

La dernière fois que Zach s'était réellement battu, il était encore à Salem. Ça remontait déjà mine de rien. Ernie voulu savoir où en était sa vie amoureuse ce qui le fit sourire timidement. Faisant légèrement danser sa bouteille entre ses mains, Zach leva son regard sur lui

- Il n'y a personne pour le moment. Je me suis séparé de ma dernière petite amie il y a un peu moins de trois mois à peine. Cela faisait plus d'un an qu'on était ensemble. Lui révéla-t-il en fixant sa bouteille

Il n'avait parlé de Selena et de tout ce qui s'était passé à personne en dehors de son frère. Pour une fois, Benjamin c'était vraiment sentit impliqué et avait cherché à aider la jeune femme. Zachary ne s'était pas attendu à autant de sollicitude de la part de son frère qui prenait généralement tout ce qui le concernait par-dessus la jambe mais au final, c'était dans ce genre d'épreuve que Zachary se disait que malgré tout ce qui pouvait les opposer, il pouvait compter sur son frère en cas de coup dur. Ses parents quand à eux, avaient été très déçu d'apprendre leur rupture car ils les imaginaient déjà marié et parents de plusieurs enfants...

- Elle s'appelait Selena, et était médicomage. On s'est connu à une crémaillère d'amis commun. C'était une fille intelligente, belle, et pleine de vie, sourit-il avec nostalgie. Tout se passait très bien entre nous, on parlait même de s'installer ensemble, vu qu'on squattait continuellement l'un chez l'autre les derniers mois. Et puis, un jour tout à basculer. Ça s'est produit un peu après la soirée où mon frère à fêté sa victoire au sein du parti des fondateurs. Il n'y avait que des gens ennuyant, j'y suis allé par obligation familiale mais avec Selena on n'avait pas l'intention de s'éterniser. C'était juste le temps d'être là, de dire bonjour, de féliciter Ben et de repartir. Dès le lendemain Selena à commencé à changé et au fil des jours ça n'a fait qu'empirer. Elle me mentait, devenait agressive, ne dormait quasiment plus était tout le temps euphorique n'avait plus la moindre inhibition. Elle était devenu insupportable j'ai essayé de comprendre ce qui n'allait pas, j'ai voulu l'aider, mais je n'y suis pas arrivé alors j'ai fini par rompre. Avec le recul je sais que je m'y étais mal prit parce que je ne savais pas ce qu'elle avait. J'ai jeté l'éponge beaucoup trop vite. Si j'avais su j'aurais agis différemment. C'est en lisant un article sur la Goutte du diable que j'ai réalisé Selena avait également les mêmes symptômes. Je suis allé à son lieu de travail mais on m'a dit qu'on ne l'avait pas vu depuis 48h. Comme j'avais gardé le double de ses clés je me suis rendu à son appartement... il était trop tard, elle avait fait une overdose.

Zachary garda un instant le silence, se remémorant la scène dans les moindres détails. Puis, lâchant un soupir, il releva son regard sur Ernie

- Parfois on croit connaître les gens mais on se trompe. Je n'ai jamais compris pourquoi elle avait fait ça. Elle connaissait les dangers de cette drogue et je la croyais équilibrée, elle n'avait pas besoin de ça pour être heureuse.

Réalisant qu'entre le décès de ses parents, de sa petite amie, et ces problèmes existentiels, Ernie allait finir par le prendre pour le dépressif de service

- Mais je te rassure toutes mes histoires ne sont pas aussi déprimentes, tenta-t-il de le rassurer sur un ton qui se voulait un peu plus léger pour chasser cette atmosphère lourde qu'il détestait tant lorsque Betty revint avec les deux plats du jours. J'avoue que j'ai eut une année difficile, mais en temps normal ma vie est plutôt banale, équilibrée et heureuse.

Et il aspirait sincèrement à retrouver cette vie tranquille au plus vite en laissant derrière lui toutes les tragédies. Il en avait eut pour son compte cette année, et il espérait bien que New Phoenix lui offrirait ce nouveau départ plein de promesse, ce qui semblait être le cas pour le moment.

- Puisque tu as lancé le sujet que sais-tu des amours de ma mère. Tu as du en rencontrer non ? Quel genre d'homme aimait-elle ? Et toi d'ailleurs ? Tu n'es pas marié, constat-t-il en posant son regard sur son annulaire. Divorcé ? Des enfants peut-être ?

Si on pouvait trouver Zachary indiscret lui ne percevait pas les choses de la même manière. Il avait tout une vie a rattraper, une nouvelle famille à découvrir et à connaître, dont il désirait savoir le plus de choses. Alors c'était vrai, en temps normal, il n'aurait peut-être pas posé ce genre de question quelques heures à peine après avoir fait la connaissance d'une personne, mais cette fois, les choses était différente, et puis lui-même avait accepté de jouer le jeu en se dévoilant bien plus qu'il ne l'aurait fait d'ordinaire, et il savait qu'Ernie ne s'en formaliserait pas et en ferait tout autant

-Ne t’excuse pas ! Un lieu sans désordre est un lieu sans vie ! Dit-il avec un sourire en voyant ses maigres efforts pour cacher son lit défait et des croquis plutôt réussis.

Il voulu les mentionner pour y jeter un regard de plus près, néanmoins, il ne se sentait pas encore suffisamment proche du gamin que pour pouvoir le faire dévoiler des dessins dans lesquels il avait de toute évidence mit du cœur.

Ils quittèrent son petit studio pour le grill en face. Suite à sa rencontre plutôt explosive avec un dénommé Mitchell, les explications de son neveu le fit rire. Il imaginait très bien Zachary faire exactement la même tête que lui avait fait il y a quelques instants seulement.

-Je n’ai jamais prétendu le contraire, lança Ernie avec un sourire quand Zach précisa que s’il préférait éviter les conflits, il savait tout de même se battre. Néanmoins mon ami, il est plus utile de savoir se défendre plutôt que de savoir se battre. Ce n’est pas pareil. Il faut faire attention aux termes qu’on utilise. Bien que je vois très bien que tu n’es pas du genre à venir embêter les gens pour rien ! Dit-il en lui lançant un clin d’œil.

Malgré sa déconcertation affichée, Ernie se maudissait. Un leçon! Est-ce qu'il venait vraiment de lui faire une leçon ? Pour qui se prenait-il?! Le gosse allait le trouver barbant...Mais ca avait été plus fort que lui. En tant qu'artisan, le fabricant adorait les choses précises, exactes. Après tout, un seul centimètre de plus et une baguette magique pouvait perdre ou gagner de la puissance !

Par la suite de la conversation, son jeune interlocuteur lui expliqua sa dernière mésaventure amoureuse. Ou plutôt son dernier drame amoureux ! La vie du jeune homme semblait horriblement n'être faite que de deuils précoces et de malheurs douloureux.

-Oui, j’ai déjà entendu parler de la goutte du diable…C’est…dévastateur.

Un de ses rares amis avait lui aussi connu une overdose dans son entourage. Pour ce cas ci, ils avaient vu le danger et l’addiction du malade, malheureusement, cela n’avait rien changé à l’affaire…L'ami en question avait disparu de la surface terrestre après l'enterrement. La goutte du diable détruisait le corps de l'accro mais également les proches de ce dernier...Pauvre Zach.

-Ca va plus vite qu’on ne peut le croire tu sais. Je veux dire, devenir accro à quelque chose, dit-il à mi-voix. Il ne suffit pas toujours d’être équilibré que pour éviter ces choses là.

Il soupira et continua sur le même ton grave et bas

-On ne sait jamais ce que les gens ont dans leur tête. Jamais.

Il pensait à Sonia, sa seule longue relation, qui l’avait pourtant larguée après trois ans. Sans véritable raison. Il pensait aussi à sa grand-mère qu’il avait surpris le jour de ses treize ans en train d’embrasser un de ses camarades de Salem. De cinq ans son ainé, peut-être mais tout de même ! Et puis surtout, il pensait à Sam (comment ne pas pensé à elle face à ce visage si semblable au sien et qu’il avait cru oublier) qui avait fuit un inconnu dont elle avait tait le nom. Pourquoi ? On ne saura jamais.

-C’est donc normal que tu ne puisses pas le comprendre. Beaucoup de choses sont incompréhensibles.

Comme toujours quand il se sentait gêné, il passa une main dans ses cheveux, défaisant sans le réaliser la modeste coiffure qu’il avait effectuée dans le studio.

-Je suis désolé pour cette terrible année. Je suis très mauvais pour réconforter les gens, mais… sache que j’aurai aimé être à tes côtés durant ces épreuves.

C’était vrai. Il ne connaissait le gamin que depuis quoi…trois heures ? Et pourtant, un lien s’était tissé entre eux. Il l’avait devant lui et il ne le lâcherait pas de si tôt ! A présent, le savoir seul au monde face à l’avalanche de souffrances de l’année dernière rendait Ernie mal à l’aise. Pourquoi ne s’étaient-ils pas rencontrés l’année dernière ? Encore une question sans réponse…

-Tu me rassures ! Déclara Ernie avec un ton plus léger. Mais ne vient pas me faire croire en la banalité de ta vie quand tu es gardien de dragon ! Après tout, aujourd’hui fut une journée particulièrement normale…Se moqua t’il en riant.

Ensuite, évidement le sujet des amours de sa mère arriva sur la table tandis que le fabricant prit une première bouchée du plat du jour. Il sourit en se remémorant les repas de famille en été, où Sam avait déjà amené quelques prétendants… Ca n’avait jamais été bien sérieux (hrpg : son premier amour ayant été Saevus, exact ?) car après tout, le jeune Ernie ne revoyait jamais deux fois les mêmes. Dans ses souvenirs c’était toujours des gars charismatiques, qui savaient parler. En tout cas, c’était toujours le genre de types qui impressionnait grandement le petit cousin.

-Tu sais, on ne parlait pas vraiment de nos vies sentimentales dans le détail… J’ai vu quelques de ses prétendants à des diners de famille… Ils ne se ressemblaient en rien : petit, grand, baraqué ou trop maigre…Ils ne se ressemblaient en rien, non, si ce n’est peut-être ce côté…

Ernie réfléchissait tout en parlant, cherchant les bons mots pour qualifier les jeunes garçons qu’avaient fréquentés Samy.

-…ambitieux. Oui, ambitieux. Mais je suis désolé, je ne me rappelle d’aucun noms ou de prénoms. Si ce n’est celui de Pierre-Henri-Charles, un français je crois…Sam ne m’a plus parlé pendant trois jours tellement j’avais rit quand il s’était présenté…

Des souvenirs revenaient en flash, mais se mélangeaient dans sa tête… C’était il y a près de vingt cinq ans tout ça… Et puis, Ernie avait, en grandissant, toujours douté s’il y avait ou non une vraie relation entre Sam et ces garçons. N’était-ce pas que des trophées pour montrer à tout le monde qu’elle n’était plus une petite fille ? Parce qu’en y réfléchissant, Ernie ne se souvenait pas de gestes doux ou de baisers volés… Ou alors, Sam était juste quelqu’un de très pudique.

-Quant-à-moi tu as bien remarqué… Non, non je ne suis pas marié. Ni divorcé d'ailleurs. Et je n’ai pas d’enfant, malheureusement ! Mais j’espère ne pas encore être trop vieux que pour un jour être papa ! Dit-il avec un grand sourire.

En se remémorant le petit speech que Zach lui avait donné sur sa vie sentimentale, il se dit que le petit méritait tout autant de détails. C’est juste que…il n’y avait pas grand-chose à dire.

-J’ai eu quelques relations, plus ou moins longues, qui ont toutes été des échecs assez durs. C’est toujours le même problème tu sais…Je travaille trop, voyage trop…Je ne vis que pour « mes baguettes ». C’est un tue l’amour et c’est dommage… C’est comme si on ne pouvait jamais avoir et le job de nos rêves et la femme de nos rêves.

Il haussa les épaules, en gardant son petit sourire. Il n’aimait pas trop parler de ses amours inexistants car cela lui rappelait sa famille qui n’avait pas connu un éventuel enfant…

-Enfin je dis « on », mais je suis sur que cette généralité ne s’appliquera pas à toi ! Et j’espère qu’on me prouvera tors à moi aussi !

Avec Ernie Beller, la conversation n'était jamais compliqué: il aimait les choses simples et disait les choses comme il le pensait, avec simplicité. C'est sans doute pour celà que ses interlocuteurs aimaient parler avec lui : le franc parlé et les sourires faisaient son charme sans qu'il ne le réalise.

Ernie le reprit gentiment en lui expliquant qu'il était plus sage de savoir se défendre que de se battre. Voilà un conseil que son père n'aurait certainement pas renié. Sur le principe, Zachary était assez d'accord avec eux, mais dans le fond, il savait que parfois, se battre était un mal nécessaire, même pour un pacifiste. Zachary émit alors un sourire.

- Tu aurais beaucoup plu à mon père, vous avez un peu le même genre de pensée et je comprends ce que tu veux dire, approuva-t-il. Par contre, je regrette que tu n'ai pas connu plus ma mère, j'aurais adoré que tu lui expliques qu'un lieu sans désordre était un lieu sans vie, ça m'aurait évité bien des remontrances

Ernie fit preuve de beaucoup de compassion à son égard et Zachary ne pu qu'être d'accord lorsque ce dernier lui expliqua qu'on ne pouvait jamais savoir ce qu'il y avait dans la tête des gens. C'était tellement vrai, pourtant parfois il aimerait tant savoir. Pas pour faire preuve d'indiscrétion mais pour mieux comprendre les gens qu'il aimait. Lorsque le sorcier lui confia qu'il regrettait de ne pas avoir été là pour l'aider à surmonter toutes ces épreuves, Zachary savait que Ernie était sincère et l'en remercia

- Je te remercie, mais tu n'as pas à t'en faire, ça va

La mort de Selena, bien que triste et tragique il s'y etait fait, mais celle de ses parents restait beaucoup plus douloureuse, peut-etre parce qu'elle était récente, qu'il s'agissait de ses parents, qu'il avait assisté à leur fin avec impuissance et qu'ils avaient laissé un grand vide derrière eux surtout après que la vérité lui eut été révélé... Mais ça Ernie n'avait pas besoin de le savoir. Il ne voulait pas qu'il s'inquiète pour lui, et puis ce n'était pas dans sa nature de s'appitoyer sur son sort.
Il rit discrétement, mais de bon cœur, lorsque Ernie lui fit remarquer que sa banalité était toute relative au vu du métier qu'il pratiquait surtout quand on voyait comment s'était terminé cette journée

- Je t'assure, je ne vole pas sur un dragon tous les jours, ce que je regrette d'ailleurs parce que c'était une expérience fabuleuse. Mais je crois que le truc le plus dingue que j'ai fait c'est d'avoir sauté dans le vide.

Il releva son regard sur Ernie avec un étrange sérieux

- J'aurais pas su l'expliquer sur le moment mais je savais que tu me rattraperais, que tu ne me laisserais pas tomber. Maintenant, je sais pourquoi. D'ailleurs bravo pour l'idée de l'illusion et du chien, je ne sais pas comment t'es venu cet éclair de génie mais c'était brillant !

La conversation dévia ensuite tout naturellement sur sa mère et Zach fut amusé de découvrir que la jeune femme collectionnait les prétendants. De toute évidence, elle avait un faible pour les hommes forts et ambitieux, et il ne pu s'empêcher de s'esclaffer lorsqu'Ernie évoqua le prénom à rallonge d'un de ses prétendants français.

- Heureusement qu'elle n'a pas pensé à lui quand à elle choisit mon prénom ria-t-il. Je me demande si mon prénom a une signification particulière.

Lorsque la discussion revint sur Ernie, Zachary cru déceler un certain regret dans le ton de la voix de celui qu'il considérait désormais comme son oncle

- Bien sur que non tu n'es pas vieux, tu as encore toute la vie devant toi, lui assura-t-il en le soutenant du regard. Tu feras un père formidable, j'en suis certain.

Puis, s'adossant contre le dos de sa chaise, un sourire polisson s'afficha sur son visage.

- Si les bostoniennes sont trop bêtes pour ne pas t'avoir déjà mis le grapin dessus peut-etre serait-il temps de changer d'air, et venir t'installer, je sais pas moi... pourquoi pas ici ? Proposa-t-il innocement en joignant ses deux mains devant lui tout en se penchant vers Ernie. Je suis sur que je pourrais te présenter à des filles très bien qui seront heureuses de faire ton bonheur. Regarde, elle là-bas, elle s'appelle Janet, elle est célibataire, fit-il en lui jetant un regard insistant. Sinon, si tu préfères les blondes, il y a Barbara, la fille au comptoire, elle a un certain franc parlé mais elle est gentille. Elle vient de rompre avec son copain. Bon bien sur si tu t'installes ici il faudra que tu te reconvertisses parce que je ne suis pas sur que tu ai beaucoup de succès dans le coin, grimaça-t-il.

Bien sur, Zach plaisantait et taquinait Ernie. Il avait bien comprit qu'il n'accepterait jamais de venir s'installer ici et qu'il renoncerait encore moins au travail de ses rêves, même si tout au fond de lui, il espérait bien que Ernie se laisse tenter par cette perspective.

Ernie et lui abordèrent de nombreux sujets comme le quidditch, leurs exploits sportifs respectifs, Salem, ils trouvèrent même le moyen de se chamailler sur l'identité du plus grand joueur de Quidditch de tout les temps, chacun d'eux ayant son propre champion et ne voulant pas en démordre. Zachary lui parla de sa vie dans le Montana, de son frère avec qui il était en conflit permanant, de ses neveux et nièces qu'il adorait, de Solas et Aeris ses amis centaures, de ses nombreuses bêtises et même du Wendigo qu'il s'était mis en tête de chasser et qui avait bien faillit lui couter la vie à lui et Livie. De son côté, Ernie lui parla de son chien, Salem, qu'il semblait adorer, de ses différents voyages qui faisaient rêver Zach qui, pour le coup, n'arrêtait pas de l'interrompre pour en savoir toujours plus. Ernie lui évoqua également les différentes créatures qu'il avait rencontré ou affronté pour confectionner ses baguettes et bien sur de sa passion à confectionner les dites baguettes. Une passion qu'il avait longtemps partagé avec son père.
Zach imaginait très bien le genre de relation qui avait pu unir Ernie et son père, lui-même aurait pu se dire qu'elle était probablement comparable à celle qui l'avait unis à Victor, son père. Il avait toujours cru que son père et lui se ressemblaient bien plus que leur père et Benjamin... mais il avait tort puisqu'il n'était pas son fils.

- Et après tu oses me dire que ma vie à moi et tout sauf banale ? Mais tu as vu la tienne ? Tu as vécu et vu des tas de choses, je suis admiratif ! Et ce n'était pas des paroles prononcés en l'air

Il était presque minuit, le restaurant était presque vide à présent, et Zachary terminait son café noir tout en jetant un regard vers la fenêtre

- Il se fait tard, tu veux rester ici pour la nuit ? Tu vas pas rentrer maintenant ?

Zachary n'avait pas changé, depuis qu'il était enfant, dire au revoir aux gens qu'il aimait était une chose qu'il détestait. D'ailleurs, le parrain de Ben en avait fait les frais. Pour l'empêcher de partir il avait été même jusqu'à cacher son balai dans une grotte. Un balai qui avait été mis en pièce par l'occupant de la grotte, le petit garçon en avait été mortifié. Et Livie ? Combien de fois retardait-il le moment où elle devait rentrer chez elle ?
Aujourd'hui c'était autour d'Ernie. Il venait à peine de faire sa connaissance mais déjà, il n'avait aucune envie de le voir partir. Après tout, c'était un membre de sa famille qu'il venait à peine de retrouver.
Une lueur malicieuse passa dans son regard, et tout son visage se mit à respirer l'espièglerie d'un sale gosse qui s'apprêtait à dire une bêtise

- Ernie, je peux t'appeler "tonton" ?

Ernie avait toujours du mal lorsque Zach parlait de son père et de sa mère. Il devait à chaque fois réfléchir pour savoir de qui parlait le gamin. Mais le contexte replaçait très vite le personnage concerné.

-C’était donc un homme de gout et de bon sens…Lança le fabricant sur un ton léger. Quand à ta mère… Je dois dire que je ne sais pas de quoi tu parles, j’avais moi-même que des désordonnés dans ma famille.

Lorsque le jeune homme le remercia pour sa compassion, Ernie ferma les yeux en hochant humblement la tête. Il n’avait pas à le remercier pour ça. Son « ca va » pour la suite lui fit comprendre qu’il ne fallait plus insister sur ce sujet. Et puis de toute façon qu’y avait-il de plus à dire à présent ?

-Tu avais fier allure ! Affirma l’artisan avec un grand sourire en parlant de son vol sur le dragon (ou plutôt par).

Lorsque le jeune homme expliqua qu’il savait qu’Ernie serait là pour le rattraper, ce dernier se sentit flatté au plus profond de lui. C’était ce qu’il espérait donner comme sentiment à ses enfants futurs et voilà que son neveu éloigné qu’il ne connaissait que depuis quelques heures (et au moment dont il parlait encore moins !) formulait cela avec simplicité.

-Ton inconscient devait savoir qu’Ernie Beller ne laisse pas tomber les gens sympathiques…Plaisanta t’il pour effacer son émotion. Merci pour le chien ! Je t’avoue que cela ne vient pas de moi… J’ai reprit une feinte d’un participant au Tournoi des Trois Sorciers en 94…Tu vois ce que c’est ? C’était il y a longtemps mais…c’est ta mère qui était fan de ce jeune homme là et de ses stratégies. C’était donc elle la vraie main providentielle.

Ensuite la conversation détourna sur les prétendants de Sam et Ernie rit de bon cœur à la remarque de Zach.

-Mais pourquoi ? Fit-il semblant de s’étonner. Pierre-Henri-Charles t’irait comme un gant ! Ou bien était-ce Charles-Henri-Pierre ? Lança-t-il avec un petit sourire moqueur.

Aujourd’hui encore les noms à rallonge le faisaient hurler de rire.

-Sam m’avait dit qu’elle adorait ce prénom. Zachary je veux dire.

Ensuite ce fut à son tour de se retrouver au centre de la conversation. Ernie éclata de rire en entendant la remarque du jeune homme. « Tu n’es pas vieux » c’était bien la réplique d’un jeunot ! Mais ses compliments sur sa capacité à faire un bon père l’ému de nouveau. Décidément !

-Merci Zach… Je vois donc que j’ai un bon prétendant pour un futur parrain… S’amusa Ernie, usant comme toujours de l’humour pour dévier ses émotions.

Par la suite, Ernie fit semblant de réfléchir à la proposition de son neveu : les yeux levés, la main sur le menton. Tout en parlant il faisait des gestes exagérés pour montrer qu’il soupesait les différentes propositions

-Boston…Jolies filles célibataires…Ou simplement célibataires remarque. Mais dis moi…toutes celles que tu me montres sont des minettes ! Je ne dis pas non mais bon, évidemment je préfère quelqu’un de ma génération…

Il ne répondu donc pas à la question. Tous deux savaient parfaitement qu’Ernie ne changerait jamais ses convictions. Divers sujets arrivèrent sur la table comme le Quidditch, sa vie au Montana, ses voyages et sa passion…

-Merci ! Mais il faut dire que j’ai quelques années de plus que toi, tu me rattraperas vite va… Les voyages, retiens ca, c’est la santé !

Lorsque Zach mentionna l’heure, Ernie baissa les yeux sur sa montre. C’est vrai qu’il était tard. Il voyait dans les yeux du gamin qu’il aurait aimé le voir dormir chez lui mais il devait se lever tôt demain…

-Tu crains donc pour la vie de ton… « tonton » ? Plaisanta-t-il. Ecoute je vais devoir retourner chez moi. Je me lève tôt demain mais…Que dirais tu d’un petit diner tous les mois ? Pour se donner de nos nouvelles ?

Ernie souriait, attendant la réponse de son neveu et sortant son portefeuille pour payer l’addition. Il allait catégoriquement refuser que le gamin paye.

Zach avait eut le sourire jusqu'aux oreilles lorsque Ernie avait qualifié le seul père qu'il n'ait jamais connu, Victor Heel, comme étant un homme de goût et de bon sens. C'était tellement vrai. Zachary avait toujours adoré son père de qui il s'était toujours senti très proche. Par contre la remarque d'Ernie concernant le désordre le fit s'esclaffer. Au moins à présent il savait de quel coté de sa branche il tenait ce trait caractéristique.
Néanmoins lorsqu'Ernie lui affirma qu'il avait eut fier allure sur le dragon Zach affiche une moue dubitative guère convaincu par ses propos. Tenu entre les serres de l'animal, essayant de se contorsionné pour être dans une position un peu plus confortable, tout en cherchant à s'accrocher comme il le pouvait aux serres de l'animal si jamais l'idée lui était venu de relâcher sa proie pour lui faire faire un plonger de plusieurs mètre, il n'était pas certain d'avoir eut si fier allure que ça.
Toutefois il afficha bien vite une moue amusé par la remarque de Ernie sur le fait qu'il avait du sentir qu'Ernie Beller ne laissait jamais tomber les gens sympathiques

- Bien sur que je le savais, approuva Zach en désignant son front du doigt. Tu as un panneau indicateur clignotant sur le front qui l'indique on ne peut pas le louper, se moqua-t-il.

Puis, reprenant son sérieux il se mit à réfléchir en fronçant les sourcils. Le tournoi des Trois Sorciers de 94. Il s'était passé quelque chose cette année là ? Non il ne voyait pas, mais savoir que sa mère était fan d'un des participant lui donna envie de faire des recherches sur le net, ce qu'il ferait surement en rentrant.

- C'est pas de ma génération, c'est trop vieux pour moi, le taquina-t-il, mais je me renseignerais. En tout cas j'aime l'idée de la main providentielle, mais il n'empêche que la personne qui était là à ce moment-là, c'était toi, pas elle. C'était toi la main providentielle, et personne d'autre.

A nouveau Zach se mit à rire lorsqu'Ernie le désigna comme un bon prétendant pour le rôle de parrain

- Trouve déjà la femme qui portera ton enfant, parce qu'à ce que j'en ai vu, Monsieur est très sélectif, jugea-t-il en glissant rapidement son regard de Janet à Barbara qui, ni l'une ni l'autre, n'avaient visiblement convaincu son oncle de leur potentiel. Et puis, rajouta-t-il en affichant son air filou, tu ferais bien d'y réfléchir à deux fois, car je lui enseignerait plein de bêtises à faire.

La soirée défila à une vitesse aberrante. Alors qu'il avait la sensation qu'une heure à peine était passé, c'était trois heures malheureusement qui s'affichait au compteur. Vu l'heure tardive, Zach espérait que Ernie accepterait de passer la nuit chez lui mais ce ne fut pas le cas, ce dernier préférant rentrer. Comme les enfants, Zach était incapable de cacher ses émotions et on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, en cet instant c'était la déception qui se lisait sur son visage. Mais il fut encore plus dépité à l'idée de ne revoir Ernie qu'une fois par mois. Il avait été élevé dans une famille très unis ou chacun de ses membres essayait de se voir au minimum une fois par semaine, aussi n'avait-il pas l'habitude d'une si longue attente avant de retrouver quelqu'un. Une personne qu'il venait à peine de retrouver et qui pourtant semblait avoir toujours fait parti de sa vie. Le contact était passé si facilement avec Ernie, et il avait encore tant de choses à découvrir, non décidément il n'avait aucune envie de le voir rentrer et encore moins d'être contraint d'attendre un mois avant de le revoir. Mais, même s'il répugnait à l'admettre, Zachary devait reconnaître que Ernie avait raison. La distance qui les séparait l'un de l'autre et leur travail respectif ne leur permettait pas de faire mieux que ça....
Faisant bon gré, mal gré, Zachary fit de mauvaise fortune bon coeur et s'obligea à un sourire vaincu

- Très bien, se rendit le plus jeune, mais la prochaine fois, c'est moi qui viendrais à Boston. Je n'ai jamais quitté le Montana et le plus loin que je sois allé c'est... New Phoenix. Mon oncle m'a dit que les voyages formaient la jeunesse, alors allons-y, et puis j'ai très envie de voir où tu vis, rencontrer Salem et visiter ta boutique de baguettes magiques. Dans un mois, c'est moi qui viendrait te rendre visite. Et maintenant tu ranges ça immédiatement, fit-il en prenant un air sévère tout en désignant le portefeuille avant de se retourner vers la serveuse. Je te réglerais tout demain, tu peux le mettre sur mon compte ? Et ne laisse surtout pas ce type régler quoi que ce soit

La jeune femme approuva en levant son pouce en direction de Zachary, pour lui faire comprendre que c'était bien noté. Tel un sale gosse fier de son coup, Zachary se tourna en direction d'Ernie, et voilà le travail. Lui aussi pouvait se montrer très têtu lorsqu'il le voulait.
Ils quittèrent le grill ensemble, au dehors, la fraicheur de la nuit les accueillit, l'heure des au revoir avait sonné. L'un en face de l'autre, debout sur le trottoir, Zach prit un air soudainement sérieux.

- Tout à l'heure tu as plaisanté en me demandant si je craignais pour ta vie,... J'ai perdu assez de proche, et tu es désormais ma seule famille, alors bien sur que je m'inquiète pour toi. Fais attention à toi en rentrant, et évite de te perdre, plaisanta-t-il

Après une chaleureuse accolade, les deux se séparèrent et Zach observa Ernie volant sur son balai dans l'horizon, jusqu'à ce qu'il disparaisse totalement de sa vue. Puis, il regagna son appartement et se laissa tomber sur le lit, allongé sur le ventre en passant ses bras sous ses coussins. Il s'endormit aussitôt, heureux de cette journée si riche en événements