Plainte contre X
Themis & Nathan

Pour une raison que Nathan ignorait encore, quelqu’un avait voulu le tuer. Avant de le mentionner à Flora (cela ne pouvait pas être une coïncidence… leur quête de l’ancienne magie par delà le Dôme avait dû s’ébruiter et faire des jaloux), il voulait être certain de ce qu’il allait lui avancer. Et pour ça, il voulait tout d’abord impliquer la police et retrouver le coupable qui avait tenté de l’étrangler. A Sainte Pervenche, on lui avait expliqué qu’on l’avait retrouvé déambulant sur un toit, en état de choc. Il avait des marques claires de strangulation sur le cou et trois côtes cassés. La brigade de la police magique était venue l’interroger, bien sûr, et enquêtait sur son agression avec sérieux, mais ce n’était pas avec sa mémoire défaillante qu’ils allaient pouvoir avancer. Le peu dont il se souvenait restait terriblement vague : il se rappelait avoir été violemment jeté au sol. Il se souvenait d’une poigne puissante sur lui. De son effroi. Comment s’était-il retrouvé sur le toit ? En toute logique, il avait dû se transformer, il ne voyait que cette solution, mais il n’en avait plus aucun souvenir et n’en avait de toute façon pas informé les policiers car il était un Animagus non déclaré et comptait bien le rester. Il avait une confiance totale dans le département de la justice magique. Cependant, un sentiment d’urgence avait saisi Nate. Il se sentait en danger et voulait mettre toutes les chances de son côté. Et puis, enquêter sur une tentative de meurtre le concernant, lui permettait également de penser à autre chose qu’à Rosie.  
De plus, son épouse avait profondément été choquée par l’événement. Alors que la pensée de rejoindre sa petite fille dans le monde des morts ne l’avait peut-être pas tellement dérangé, la détresse de sa femme, confrontée à cette idée, l’avait ébranlé. Entre eux, ça restait compliqué. Ils se disputaient constamment, se pardonnaient mutuellement puis recommençaient à se hurler dessus. La regarder faisait profondément souffrir Nate, qui voyait dans ses traits leur enfant. Mais lorsqu’elle s’était précipitée à l’hôpital de Boston, tous deux avaient ressenti l’amour qu’ils avaient encore l’un envers l’autre. Rester ensemble était douloureux mais elle sans lui, ou lui sans elle, faisaient d’eux des êtres complètement perdus. Ensemble, ils souffraient mais au moins, ils n’étaient pas seuls.

Ainsi, Nathan avait décidé de se rendre dans les bureaux du FBI à New-Phoenix, pour y rencontrer nulle autre que l’inspectrice ayant fait tomber Marshall : Thémis Baldwin, la cracmole qui était parvenue à feindre sa mort pour réussir le plus joli coup de filet des Etats-Unis.
Le sous directeur du département des transports magiques quittait rarement Boston. Il avait toujours trouvé ridicule l’idée de vouloir mélanger la magie et la technologie et avait profondément méprisé Saevus Yaxley. Mais il avait bien été obligé de se déplacer sur les territoires des partisans pour se rendre à son rendez-vous avec Mlle Baldwin. Un peu inquiet de se balader seul dans une ville inconnue, il ne cessait de jeter des regards par dessus son épaule. Il se sentait traqué, épié, et avait été très heureux d’arriver devant les locaux du FBI. Le bâtiment moderne était presque entièrement constitué de larges baies vitrées, donnant une fausse impression de sérénité. La lumière pénétrant à l’intérieur devait donner un apaisement certain au personnel et aux visiteurs mais pour lui, il voyait surtout (sûrement à tort, le sorcier se doutait qu’il devait y avoir des protections infaillibles) la fragilité d’une telle construction. Nathan traversa le hall et se dirigea d’un pas rapide vers la réception. Il indiqua avoir un rendez-vous avec Mlle Baldwin et alla docilement s’installer dans une petite salle d’attente. A peine assis cependant, une jeune femme vint à sa rencontre avec un petit sourire charmant. Mal à l’aise, Nate se releva et la suivit pour enfin être face à face avec l’inspectrice. Les nombreuses photos ayant circulé dans la presse ne lui rendaient pas justice : elle était bien plus jolie en vrai.  
Fort de son habitude de serrer les mains en tant que sous-directeur, il lui tendit la sienne pour se présenter.

-Bonjour Mlle. Nathan Stanic. Merci de me recevoir.

Il relâcha sa main et continua, un peu hésitant.

-Je... je viens donc porter plainte. On a voulu m'assassiner.