Rachel & Abraham

Abraham avait l'impression de passer son temps à voyager entre Santa-Fe et New-Phoenix depuis quelques temps et cela était bien loin de lui déplaire. Ses journées passaient à une vitesse folle et il avait clairement décidé de couper dans ses heures de sommeil afin de pouvoir tout faire, mais cela ne le dérangeait pas vraiment. Après tout, il allait avoir tout le temps du monde pour se reposer quand il serait mort... Il arrivait près de son bureau lorsque son téléphone se mit à vibrer dans la poche de son costume, l'attrapant afin de voir de qui provenait se message, il l'ouvrit rapidement en apercevant le nom et la photo d'Imane.

Coucou Abe ! Je reçois ma famille dans deux jours et j'ai envie de profiter de l'occasion pour surprendre Tyler. Ça te dérangerait de venir le chercher et de le distraire pendant quelques heures le temps que je prépare tout ça ? Si tu acceptes, je te promet de te garder quelques plats de côté. Surtout essaie d'être discret, ça me tient beaucoup à coeur. Bisous xxx

Un sourire amusé sur le visage, Abraham dut relire plusieurs fois pour s'assurer qu'il n'avait pas halluciné. Il le savait déjà, mais cette demande lui prouvait une fois de plus à quel point sa protégé était follement amoureuse et même s'il trouvait ça adorable, il savait aussi que cela signifiait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur avec le frère de l'homme en question. Heureusement pour lui... Il n'échouait pratiquement jamais et il était bien décidé à ce Bradley ne soit pas une exception. Il allait seulement devoir y accorder d'avantage de temps afin de perfectionner ses théories.

Grimpant les escaliers qui le menait à son cabinet, la première chose qu'il vu fut l'absence de leur réceptionniste. Il était rare que Mme Lovewitt prenne congé et il espérait que rien de grave n'était arrivé. Approchant du bureau, son air inquiet se transforma en grimace en découvrant une enveloppe au ton de beige qu'il aurait pu reconnaître même à des milles de distance. Regardant sur l'horaire, il sourit de satisfaction en découvrant que sa charmante associée n'était présentement pas avec un client et il ne perdit pas d'avantage de temps avant de cogner quelques coups contre la porte, l'ouvrant dès qu'elle lui donna l'occasion.

« Rachel chérie. Oh cette tenue te vas à ravir, je suis content de te voir. »

Déposant son chapeau contre une petite table près de la porte, il s'approchait d'elle et appuya sa main droite au milieu de son dos, prenant le temps de lui faire la bise comme il le faisait toujours avant de s'éloigner et de prendre place dans l'un des fauteuils dans une position qui entrait en parfait contraste avec le chic de ses vêtements et de ses précédentes manières.

« J'ai cru voir que Serena est venue ici ? S'il-te-plait dis moi que c'est toi qui lui a répondu et que tu t'es fait passé pour ma nouvelle et scandaleusement jeune et séduisante fiancée ? »

Avouons le... Les choses étaient plutôt difficiles avec son ex-femme, mais il était un homme honnête et surtout terriblement immature par moment et l'idée de provoquer chez elle ne serait-ce qu'un soupçon de jalousie l'amusait comme un gamin. Conscient que pour se libérer le temps nécessaire afin d'aller visiter Bradley dans la prison de Santa-Fe il avait dû refiler une cliente peu dangereuse, mais complètement délurée à son adorable collègue, il ne put patienter d'avantage avant de se renseigner sur le déroulement de la séance.

« Annie n'a pas été trop pénible ? Désolé d'avoir du te la refiler, j'espère pour toi qu'elle n'avait pas prit sa médication, c'est tellement plus drôle ! Elle t'a encore parlé de tes gencives ? »

Oui.... Son boulot était de l'encourager à ne jamais négliger la posologie de ses médicaments car ils étaient d'une importance capitale chez elle... mais en même temps, c'était tellement divertissant quand elle ne les prenait pas et qu'elle lui racontait l'une de ses histoires horriblement tirée par les cheveux... Il adorait ça et d'ailleurs s'il n'avait pas été lié par le secret professionnel, il aurait très probablement volé ses idées afin d'en faire des romans. Elle était la reine des histoires d'amour complètement dingue ! Et elle avait une obsession pour les gencives dont il n'était pas encore parvenu à comprendre la provenance...

The Valley Of Unrest

Au début Rachel avait eu des difficultés à revenir à New Phoenix. Elle n'avait jamais pu envisager qu'elle remettrait les pieds dans la ville-état des Partisans du Nouveau Monde après ce qui s'était passé avec Silas. Rien n'aurait dû la ramener ici et pourtant cela faisait maintenant quelques mois qu'elle travaillait à New Phoenix. Elle avait cru que les agents du service des témoins protégés lui refuseraient de repartir sur le lien de sa naissance, mais elle avait obtenu une dispense spéciale. Elle soupçonnait son protecteur et parrain d'y être pour quelque chose. Il avait le bras long et depuis qu'il l'avait prise sous son aile, elle n'avait jamais rencontré de problèmes particuliers. Ce dernier lui avait assuré que personne ne reconnaîtrait Tallin sous les traits de Rachel. Il faut dire qu'elle avait beaucoup changé depuis toutes ses années. Elle avait donc repoussé ses peurs et avait décidé d'accepter la proposition d'Abraham Royce de rejoindre son cabinet et de devenir son associée. C'était une décision qu'elle ne regrettait aucunement. Elle avait tout de suite apprécié Abraham et avait le plus grand respect pour lui. C'était un brillant psychologue et elle était fière de pouvoir travailler à ses côtés. En vérité, si son parrain avait été un temps ravi de l'attention que lui avait porté son collègue, il avait de plus en plus de mal à admettre qu'il ait pu prendre une si grande place dans la vie de sa protégée. Rachel n'avait pas compris pourquoi, ce dernier le prenait aussi mal. Il avait toujours été un homme aux multiples secrets et elle n'avait jamais vraiment tenté de les percer. Si son parrain ne le disait jamais à haute voix, elle sentait qu'il se hérissait d'une certaine manière quand elle lui téléphonait pour lui donner des nouvelles. Rachel avait peut-être appris à revêtir à agir comme une grande dame du monde, mais elle n'avait pas oublié tout ce qui faisait l'enfant d'autre fois. Qu'importe que son parrain ne soit pas du même avis, elle était contente de son choix et estimait grandement Abraham. Il était le seul qu'elle considérait comme étant un véritable ami depuis qu'elle était devenue Rachel.

La psychologue était présentement dans son bureau. On était vendredi et Mme Lovewitt n'était pas là aujourd'hui. D'après ce que Rachel avait compris, sa fille venait d'accoucher et elle avait décidé de prendre congé pour aller la voir à l'hôpital. C'était tellement rare que leur secrétaire prenne congé que Rachel n'avait pas pu lui refuser cela, d'autant plus que c'était pour une bonne raison.Pour sa part, elle avait rendez-vous avec sa colocatrice, ce soir, pour aller dans un de ces bars branchés de New Phoenix qui poussaient comme des champignons et qui vendaient des boissons à un prix exorbitant. Rachel s'y sentait toujours comme un éléphant au milieu d'une boutique de porcelaine. Elle ne se ferait jamais à l'idée que les gens se faisaient de Rachel. Parfois, elle avait la désagréable impression d'être deux personnes dans un seul corps. Pourtant, elle n'avait pas pu refuser (encore une fois) la demande de sa colocataire, de sortir un peu de leur appartement pour voir du monde. Rachel avait donc fait l'effort de mettre une belle tenue pour l'occasion. Puisque Mme Lovewitt n'était pas là et qu'elle même n'avait pas de client, elle avait décidé de faire un peu de rangement et de classer les dossiers des patients de la journée ainsi que de les compléter avec les notes prises pendant la séance. Malgré l'absence de son collègue et ami, la journée avait été bien remplie. Elle avait repris une de ses patientes et Serena était, une fois n'est pas coutume (tels étaient les mots de Mme Lovewitt), venue faire un petit esclandre avant d'abandonner une de ces lettres de couleur beige, qu'elle semblait semer dans le cabinet comme de petits cailloux. Rachel le surnommait intérieurement le petit poucet. Elle ne la connaissait que depuis peu, mais elle avait très vite compris les rapports conflictuelles qu'il y avait entre Abraham et son ex-épouse. Alors qu'elle venait de refermer le dossier de monsieur Elucard, elle entendit quelqu'un frapper à sa porte. Elle fut moyennement surprise de voir son collègue entrer une fois qu'elle lui permit de le faire. Il portait son éternel chapeau et la salua tout en la complimentant pour sa tenue.

« Toujours aussi charmeur, mais je ne vais pas m'en plaindre. » Dit-elle heureuse de le voir « Merci. C'est un cadeau de mon parrain lorsque j'ai enfin obtenu mon diplôme. Je dois sortir ce soir avec ma colocataire qui me presse de mieux apprécier la vie nocturne de New Phoenix. »

Au contact d'Abraham, Rachel avait bien du mal à garder l'image de la jeune femme sans histoire, ayant grandi dans une bonne famille et d'un tempérament posé, qu'elle était censé être depuis qu'elle était devenue Rachel NightStar. Il faisait toujours ressortir la Tallin en elle. Peut-être était-ce la raison pour laquelle son parrain semblait jaloux de l'affection qu'elle lui portait ? C'était ce qui parfois lui venait à l'esprit. Au bureau chargé des témoins protégés, on lui avait dit de faire attention à ce que personne ne se doute de son identité. Ainsi, elle avait dû modifier son apparence: fini les cheveux courts, les allures de garçon manqué et elle portait quotidiennement des lentilles de couleurs. Son parrain qui avait prit très à coeur les informations du bureau fédéral l'avait convaincu de faire en sorte de n'éveiller aucun soupçon en travaillant davantage son image, mais aussi sa personnalité. Ainsi, elle avait apprit tout un tas de choses à ses côté,s qui selon son protecteur, lui permettrait de ne jamais être découverte par ceux qu'elle avait envoyé en prison par son témoignage. Ainsi elle avait eu des cours de diction, de maintien et de nombreux professeurs dans tout un tas de domaines divers et variés pour qu'elle puisse passer pour la jeune femme qu'elle était à présent aux yeux de tous. Ce n'était pas tous les jours faciles, mais elle avait acquis de l'expérience au fil des années, si bien que quelqu'un qui l'aurait connu plus jeune, aurait beaucoup de mal à voir en Rachel la petite gamine des rues Tallin. De toute manière, il ne lui restait aucun amis de son enfance avec qui elle avait des contacts, puisque le service des témoins protégés préconisait de n'avoir aucun contacts avec des personnes ayant un lien avec son ancienne identité. C'était pour sa sécurité, disaient-ils. Personne n'envisageait qu'elle puisse à mal sa nouvelle identité après toutes ses années, pas même elle. Abraham avait posé son chapeau sur la petite table à l'entrée de son bureau et lui avait fait la bise avant de s'installer dans un des fauteuils. Il fut alors question de la lettre laissée par Serena son ex-femme.

« En effet, elle est venue. » Avoua Rachel « Je doute qu'elle puisse croire un mensonge pareil avec la plaque à l'entrée de notre cabinet et le manque de bague de fiançailles, mais je pourrais toujours le lui dire la prochaine fois qu'elle viendra. Ca donnera un sujet de conversation à la bonne population Phoenixoise dans laquelle elle évolue. Tu risques, par contre, de la faire passer pour une femme trahie. Je pense qu'elle a toujours du mal à admettre que vous n'êtes plus mariés. On pourrait s'y tromper à voir combien de fois elle est là. » Plaisanta la psychologue.

La conversation fut détourné pour en venir à parler d'Annie, la patiente qu'elle avait dû rencontrer à la place d'Abraham. Ils avaient eu une discussion à son sujet peu de temps avant qu'il ne parte, mais elle n'avait pas compris l'ampleur de la chose avant de rencontrer cette fameuse Annie en personne. Au cours de ses années d'études et depuis qu'elle avait son cabinet, Rachel avait rencontré toute sorte de personnes et il y avait toujours des cas assez particuliers. Certaines pathologies se retrouvaient plus souvent que d'autres, mais les formes qu'elle prenait évoluait à chaque fois et dépendait grandement de l'individu dont il était question. Deux personnes ayant les mêmes pathologies ne les exprimaient pas du tout de la même manière. C'était toujours beaucoup de travail d'amener une personne à vivre avec ou à dépasser les pathologies qui lui étaient propres. La Annie dont il parlait était une personne qui avait tendance à vivre dans son propre monde fantasmé et distordu. Il s'y passait toujours des événements incroyables et elle semblait faire une obsession étrange pour les gencives. C'était probablement dû à une forme de traumatisme, mais elle n'était pas certaine de savoir encore laquelle. C'était la première fois qu'elle prenait cette patiente en charge. Le peu qu'elle en avait vu, lui avait donné l'impression qu'il serait difficile de le savoir. Ce qu'elle avait entendu durant la séance lui avait paru assez fouillis. Annie semblait parfois se perdre dans ses histoires ou les réécrire aussi vite qu'elle les débitait. Par ailleurs, elle n'avait pas du tout été choqué d'avoir rendez-vous avec un autre praticien que celui qu'elle avait l'habitude de voir. De nombreux patients se sentaient perdus ou abandonnés quand ils n'avaient pas face à eux, les personnes qu'ils avaient l'habitude de voir. Certains pouvaient même devenir violent envers leur nouveau praticien ou bien envers eux-mêmes. Ce n'était clairement pas le cas d'Annie qui s'était installée sans problème dans le fauteuil comme si elle avait rendez-vous au café du coin avec une de ses amies et elle s'était mise à déballer toutes ses histoires fantasques teintés de romantisme.

« C'est une femme aussi étrange que tu me l'avais dit. Par ailleurs, je pense qu'elle ne prend pas correctement les médicaments que tu lui prescris. Elle me semble un peu perdu à ce niveau-là. J'ai bien eu droit à de nombreuses histoires et si tu t'ennuies j'en ai fait la transcription sur papier, puisque j'étais assez libre jusqu'à présent. » Répondit Rachel à la question de son collègue. « Et toi comment cela s'est passé ? Est-ce que le vol depuis Santa Fe jusqu'ici s'est bien déroulé ? »

Rachel avait une vague idée de la raison pour laquelle il se déplaçait sans cesse entre les deux villes. Elle ne voulait pas trop insister, car elle savait qu'il y avait un certain secret professionnel à respecter. Cela ne l'empêchait pas d'avoir un peu de curiosité à ce sujet.

Rachel & Abraham

Un simple sourire des plus éloquant fut sa seule réponse lorsqu'elle le qualifiait de charmeur. Abraham pouvait être surprenant, dure et avouons le grossier lors de certaines de ses prises de parole, mais il était avant tout un charmeur adorant couvrir de compliment les hommes et les femmes le méritant. Son sourire devint rapidement mutin lorsqu'elle lui avoua avoir une sortie de prévue ce soir.

« Je trouve que votre colocataire est d'excellent conseil ! »

Rachel était véritablement une jeune femme merveilleuse et il espérait que sa colocataire saurait lui donner goût multiples avantages de New-Phoenix et lui en faire profiter pleinement. Sa nouvelle partenaire d'affaire avait eu un passé difficile, il en était certain bien qu'ils n'en parlaient pas vraiment. Il savait que si un jour le besoin de se confier lui venait, elle savait qu'il serait présent pour elle et ce peu importe le moment. Prenant place dans le fauteuil face à elle, Abraham ne résista pas longtemps avant de parler de la lettre laissée par son ex-femme. S'il ne réagit que peu en l'entendant lui confirmer ce que la lettre lui avait fait comprendre, il ne pu s'empêcher de faire une fausse grimace de déception en l'entendant dire qu'elle risquait de ne pas croire en leurs fiançailles et ce pour deux raisons assez réalistes il devait l'avouer.

« Tu as parfaitement raison comme toujours ! N'empêche qu'elle t'aurait surement cru... Elle est réellement un être d'exception sur plusieurs points mais.. disons qu'elle n'est pas le crayon le plus aiguisé de la boîte.  »

Comme toutes les femmes et les hommes ayant peuplé sa vie, Abraham l'avait éperdument aimé jusqu'à ce qu'elle perde son affection et qu'il développe pour elle une indifférence tout aussi sincère et puissante. Il l'avait marié parce que c'était important pour elle... puis avait divorcé parce que c'était important pour lui. Abraham pardonnait facilement, mais il n'oubliait jamais et c'est pourquoi lorsqu'une personne proche de lui  lui prouvait qu'elle ne méritait pas sa dévotion, elle ne parvenait pas à la regagner.

« Alors j'ose croire qu'elle finira pas se lasser... un jour ! »

Le tour de la question concernant Serena était déjà fait lorsqu'Abraham introduit une sujet bien plus intéressant et croustillant : Annie. Il ressentait toujours une certaine culpabilité à refiler à Rachel des clients, mais il avait une entière confiance en elle et en ses capacité. Entendre sa charmante collègue lui confirmer qu'elle avait tout noté lui tira d'ailleurs un rire enthousiaste.

« Avec plaisir ! Comme ça je saurai à quoi m'en tenir lors de sa prochaine visite. D'ici là je dois vraiment songer à un moyen de la convaincre de respecter la posologie de ses médicaments... Je n'ai jamais été particulièrement doué avec ce type de patient, tu me surpasses et de loin alors si d'ici là tu as une idée, n'hésite surtout pas !  »

Du renforcement positif ou il ne savait trop quoi, mais comme la femme vivait seule et n'était dangereuse pour personne, il ne pouvait pas la forcer en l'envoyant dans une centre spécialisé qui se chargerait de s'assurer qu'elle se soigne. L'homme ne savait d'ailleurs pas quand il aurait à nouveau l'occasion de la rencontrer, ses criminels lui prenant énormément de temps présentement. Entendre Rachel lui demander s'il avait fait bon voyage lui donnait terriblement envie de discuter des nouveautés dans la vie de sa protégée. Il tapotait d'ailleurs des doigts contre l'accoudoir du fauteuil pendant quelques secondes avant de se décider à craquer. De toute façon, Rachel n'était pas une pottineuse et elle avait son entière confiance.

« Très bien oui même si j'avoue être fatigué car comme tu peux t'en douter avec le cas d'Annie que je suis forcé de te confier, j'ai eu un patient surprise à ajouter à mon carnet et disons qu'il me demande pas mal de temps, que ce soit en prison ou à l'extérieur.  Mais bon... Tu sais comme je ne peux rien lui refuser. »

Abraham se doutait bien qu'elle devinerait aussitôt de qui il parlait. Il avait beau aller fréquemment rencontrer Imane en dehors des heures de bureau, il lui arrivait aussi de passer le voir directement et elle avait croisé Rachel a plus d'une reprise. Cette dernière avait facilement pu voir la relation privilégiée qu'ils entretenaient.

« Figure toi qu'Imane vit enfin une véritable relation ! Elle me fait pensée à une adolescente devant la star du film cucul du moment ! Ce qui est assez ironique quand on y pense. Un homme charmant à qui j'ai eu envie de foutre une raclée, mais là c'est réglé.  »

Il n'avait pu s'empêcher de se demander non pas sans nostalgie s'il aurait été encore plus protecteur si sa Naomi avait pu avoir la vie auquel elle avait droit et tomber amoureuse. Il se disait que oui. Imane vivait dans un monde à part et elle était mure pour vivre une première véritable relation, il se doutait bien que sa petite étoile elle aurait certainement commencé à craquer pour les garçons dès le début de l’adolescence et qu'il se serait fait un plaisir de les faire fuir... Pauvre enfant.... elle lui en aurait très certainement voulu. Chassant ses pensées avant qu'elles en deviennent trop sombres et déprimantes, il se concentra à nouveau sur le cas de sa fille de coeur.

« L'ironie ne s'arrête pas là, le grand-frère de cet homme, un emmerdeur comme j'en rencontre trop peu souvent, est un pro-moldu et elle veut que je l'aide en m'assurant d'abord qu'il n'est pas un danger puis mettant tout en place pour qu'il sorte de là. J'étais perplexe, mais je crois vraiment qu'il y a quelque chose à faire avec ce bougre. Par contre, j'ai encore pas mal de boulot devant moi ! »

Et ce n'était pas peu dire ! Il représentait un sacré défi ce Bradley Lennox, ce qui n'était pas pour lui déplaire il se devait de l'avouer. Abraham savait qu'elle agissait ainsi par amour pour Tyler puisqu'elle n'était pas remise de cette expérience traumatisante avec ces chiens, mais même si au départ elle l'avait fait uniquement pour lui, il croyait de plus en plus qu'elle avait bien fait. Bradley n'était pas un ange, loin de là, et il n'avait certainement pas fini de causer des emmerdes, mais Abraham était convaincu qu'il parviendrait à faire en sorte qu'il ne soit plus un danger pour les autres comme pour lui-même.

The Valley Of Unrest

Rachel avait depuis la mort de sa mère des rapports de confiance difficiles avec les gens. Il était difficile de la mettre à l'aise. Cela avait des répercussions dans ses relations sociales et plus encore amoureuses. Elle avait du mal à se maintenir. Rachel se sentait acculé par un sourire charmeur et effrayée par une relation sérieuse. Un des hommes qu'elle avait vaguement fréquenté à Santa Fe lui avait dit qu'elle ne pouvait qu'être frigide pour toujours le repousser. Sa dernière relation, Isabel Singh lui avait reproché de ne jamais être dans l'instant présent quand elles étaient ensemble. Voilà, pourquoi Rachel évitait d'être proche de quelqu'un. Ces accusations lui faisaient mal et elle ne voyait pas comment bien expliquer la situation. Après tout, Rachel NightStar n'avait aucune raison d'avoir un passé difficile. Son identité en faisait une femme ayant grandi dans le giron de la famille Roberts. Cela n'aurait aucun sens et Rachel détestait se trouver acculé par cet obstacle. Heureusement rien de tout ne venait se mettre entre Abraham et elle. Même s'il devait se douter, parfois, que quelque chose n'allait pas toujours bien avec elle, il n'en faisait jamais mention et elle lui en était reconnaissante. Il avait réussi, ce que personne, encore, n'avait pu accomplir : la mettre en confiance, devenir son ami, son mentor et presque un confident. Rachel était heureuse de pouvoir travailler avec lui. C'était un homme charmeur, sans être agaçant ou simplement lourdingue. Elle lui avait avoué que si elle était aussi bien habillée c'était parce qu'elle sortait le soir même avec sa colocataire. Cette dernière était un vrai papillon de nuit et son exubérance était contagieuse. Rachel avait accepté qu'elle lui montre ce qui lui plaisant tant dans la vie nocturne de New Phoenix afin d'arriver à dépasser ses propres barrières en matière de relation, mais aussi parce qu'elle ne pouvait pas vivre enfermé chez elle. Ce n'était pas sain. Abraham semblait penser que sa colocataire était d'excellent conseil.

« Je ne manquerai pas de lui dire. Je suis sûr que ça va la conforter dans l'idée qu'elle a toujours raison. » Avoua Rachel amusée en pensant à Keira, sa colocataire.

Ils étaient maintenant tous les deux assis et il ne fallut pas longtemps avant que le sujet de son ex-femme n'apparaisse dans la conversation. Serena avait fait partie de la vie d'Abraham et malgré leur séparation, il semblait qu'elle avait du mal à ne plus en faire partie. Elle agissait souvent comme si leur divorce n'était qu'une note de bas de page dans leur couple. Rachel ne comprenait pas ce besoin maladif de s'accrocher à quelque chose qui n'existait plus. Pourtant, elle se gardait bien de dire la moindre paroles négatives à son sujet, car elle ignorait encore ce qui pouvait lier Abraham à son ex-épouse. Ce dernier lui avait d'ailleurs demandé, si Rachel avait dit à sa femme qu'elle était sa nouvelle fiancée. La psychologue pensait que cette dernière aurait eu du mal à le croire sans la preuve formelle de la fameuse bague de fiançailles et que c'était évident maintenant qu'elle travaillait avec Abraham dans son cabinet. Elle préféra prendre la chose à la plaisanterie, même si le fait que Serena revenait toujours pouvait s'avérer beaucoup moins drôle si on se mettait à la place d'Abraham. Lui était persuadé qu'elle l'aurait cru. Il avoua a demi-mot qu'elle n'était pas la femme la plus intelligente qu'il soit. Il semblait un peu lasse de l'attitude de son ex-femme et Rachel pouvait le comprendre. Elle qui avait déjà du mal à s'engager, ne pouvait imaginer ce que ce serait si une de ses relations ne voulaient plus la laisser tranquille. Nul doute, qu'elle deviendrait complètement cinglée. Rachel ne put s'empêcher de tendre la main et de la poser sur celle d'Abraham après qu'il ait prononcé ses dernières paroles au sujet de Serena. Un tel geste de réconfort pouvait paraître anodin, mais pour Rachel c'était beaucoup. Elle n'avait pas pour habitude de toucher les gens comme cela… bien au contraire. C'était un des autres signes qui prouvaient qu'elle se sentait en confiance avec son collègue de travail.

« Elle finira par se lasser quand elle trouvera quelqu'un d'autre sur qui reporter son attention et son affection… ou bien peut-être que ça sera le cas, quand toi tu te sera trouver quelqu'un d'autre de façon stable. »

Il fut ensuite question de la patiente, Annie, dont Rachel avait eu la charge pour permettre à Abraham de revenir de son séjour à Santa Fe. La psychologue trouvait très professionnel de la part de son collègue de continuer à garder un oeil sur les patients dont il avait eu la charge et qu'elle avait dû reprendre afin de lui permettre d'alléger son calendrier. Une autre personne aurait, peut-être, trouver cela un peu trop paternaliste, mais Rachel connaissait bien Abraham et elle savait que c'était sa conscience et son éthique professionnelle qui parlaient. Il connaissait tout sur ses patients et lorsqu'il était présent au cabinet, elle préférait aller le voir pour lui demander un détail plutôt que de le lire dans le dossier. Il était capable de tout lui dire sans avoir à le lire quelque part. Abraham l'avait prévenu qu'Annie serait un peu spéciale et il n'avait pas menti. Même en sachant cela, elle avait été surprise quand elle avait entendu ses histoires rocambolesques et dignes d'un Harlequin qui avait comme dénominateur commun : les gencives. Rachel avait rencontré des gens qui faisaient un fétichisme sur des parties du corps peu communes, mais les gencives c'était vraiment particulier. Pourtant, elle avait tout retranscrit fidèlement grâce à ses notes et à l'entretien pris en audio, car il lui semblait que c'était le moins qu'elle pouvait faire, ne serait-ce que pour en discuter plus tard avec Abraham et avoir son avis sur la question. Ce dernier affirma qu'il lirait les notes avec plaisir. Il y avait le problème de la posologie qui semblait être un point récurant chez la patiente et Abraham semblait penser qu'elle pourrait trouver la bonne idée. Il la complimenta en lui affirmant qu'elle le surpassait sur cette question et cela la toucha qu'il puisse dire cela.

« Je vais y réfléchir sérieusement. Merci de ton compliment, je vais maintenant avoir la pression. » Elle fit mine de réfléchir avant de reprendre la parole « Je ne sais pas si je devrais te remercier du coup. » Conclue-t-elle avec un sourire mutin.

Rachel finit par s'enquérir de son voyage. Elle était assez curieuse du travail qu'il faisait à Santa Fe. Bien entendu, elle savait que c'était quelque chose en rapport avec les criminels, mais ces connaissances à ce sujet, s'arrêtait là. Pourtant, elle était bien curieuse à ce sujet. Abraham lui affirma que le vol de retour s'était bien passé, mais qu'il était tout de même fatigué. C'était fort compréhensible. Même si New Phoenix et Santa Fe était sur le même fuseau horaire, on ne pouvait qu'admettre qu'un voyage en avion se révélait toujours fatiguant, d'autant plus avec les récents événements la sécurité avait été renforcée dans les aéroports. Cela devait être d'autant plus le cas à Santa Fe que dans nul autre aéroport. L'état du Nouveau Mexique avait été durement frappé par les attaques des pro-moldus et du Cercle. Il ne faisait pas bon de vivre dans cet état. Abraham lui avoua que s'il avait dû lui confier Annie, c'était parce qu'il avait un nouveau patient qui semblait lui prendre beaucoup de temps. Les mots qu'il ajouta sembla laisser penser qu'il avait prit ce patient pour satisfaire à la demande d'une personne. Rachel ne douta pas un instant de l'identité de cette personne. Cela faisait un moment qu'ils travaillaient ensemble et elle savait qu'il faisait ainsi référence à Imane, la célèbre actrice. Rachel avait eu l'occasion de la croiser, mais elle ne la connaissait pas du tout aussi bien qu'Abraham qui avait avec elle une relation privilégiée. Elles n'avaient du échanger que de simples politesses. Ainsi, elle apprit que l'actrice était amoureuse et que c'était une histoire sérieuse. L'homme qui avait le coeur d'Imane semblait avoir frôlé une raclée de la part d'Abraham, mais les choses étaient maintenant réglées. Rachel était surprise de le découvrir. Elle aimait beaucoup le jeu d'actrice d'Imane et avait vu la plupart de ses films. On lui prêtait de nombreuses relations avec des hommes différents. Il semblait qu'un seul comptait pour elle, mais était-ce vraiment un de ceux dont la presse parlait ?

« Décidément, je n'aurai plus besoin de lire la presse people, grâce à toi ! J'imagine que tu ne peux pas me dire si c'est un de ceux dont parle la presse ou un célèbre inconnu ? » Lui demanda Rachel. « Ma colocataire est persuadée qu'il s'agit d'Ethan Devaney, mais j'ai quelques doutes, malgré qu'ils soient proches. »

On ne comptait plus les supposés conquêtes d'Imane et le mystère entourant le véritable père de sa fille ne cessait de faire couler de l'encre. Rachel n'était pas une fan de ragots, mais comme tout le monde ou presque dans le pays, elle lisait le USA Today et ce journal avait quelques brèves sur les célébrités. On y retrouvait souvent le nom d'Imane, car elle était l'actrice la plus en vue du moment. Ce n'était pas seulement parce qu'elle était une brillante actrice, mais aussi parce qu'elle s'impliquait énormément dans l'effort de paix afin d'apaiser les tensions qui avaient court dans le pays. De plus, elle était sur tous les réseaux sociaux et Rachel la suivait sur Instagram. Abraham continua son explication en admettant, que le nouveau patient dont il avait la charge à Santa Fe, était le frère de l'homme dont l'actrice était amoureuse. Plus important encore, c'était un membre des pro-moldus. Il avait dû être capturé peu avant ou après que les enquêteurs des quatre factions aient réussi à démanteler le réseau lors de l'événement qui avait eu lieu à Chicago. Cet événement avait presque été retranscrit en direct sur toutes les télévisions du pays. De nombreuses personnes gardaient d'ailleurs en tête la terrible agression qu'Imane avait dû subir et le sauvetage réussi d'Ethan Devaney. Cela avait presque eu des allures de films d'actions, mais cela avait été bien réelle et c'était une grande tragédie. Les pro-moldus étaient de véritables cinglés, selon Rachel. Elle n'était pas une partisane du nouveau monde, mais cela ne l'empêchait pas de croire à une bonne entente entre sorciers et moldus. Rachel avait du mal à comprendre comment Imane voulait pouvoir faire sortir cet homme de prison après ce qui lui était arrivé. Elle n'aurait pas pu faire cela, même par amour. Abraham semblait croire qu'on pourrait en tirer quelque chose. Rachel avait trainer avec trop d'ordure plus jeune pour avoir autant d'optimisme. Peut-être était-ce un tort, mais elle avait du mal à penser que quelqu'un pouvait aller contre son instinct.


« Kur... » Elle avait faillit jurer en estonien et elle s'était reprise de peu. C'était vraiment quelque chose qu'elle avait du mal à combattre. « C'est vraiment généreux et désintéressée de la part d'Imane de faire cela pour l'homme qu'elle aime. Je sais que tu es capable de faire des miracles, mais on parle quand même d'un type qui a rejoint un groupuscule de fanatiques persuadé que les sorciers n'ont pas leur place dans notre pays. Ils ont agi comme ces milices de l'autre côté de la frontière mexicaine qui abattent des sorciers à vue... Je suis perplexe. Je ne savais même pas que certains des membres des pro-moldus avaient survécus. Qu'est-ce qui te fait penser que cet homme peut être sauvé ? Est-ce que lui-même le veut ? »

Une thérapie n'avait aucune chance de marcher, si le patient en question était réticent. Il fallait qu'il soit conscient d'avoir besoin d'aide et qu'il souhaite activement s'en sortir pour pouvoir commencer la thérapie. Ce n'était pas toujours gagné. Au vu des actions des pro-moldus, Rachel avait du mal à penser qu'un des leurs puissent se remettre en question. Peut-être était-elle un peu trop dure. Par ailleurs, elle s'interrogeait grandement sur l'identité de l'homme en question, mais n'osait presser de questions Abraham, car elle doutait qu'il lui donne son nom.

Rachel & Abraham

Laissant de côté ses blagues, l'air d'Abraham devint sérieux comme il le faisait rarement lorsque la main de Rachel vint se déposer sur la sienne qu'il garde immobile levant seulement son regard vers elle. La jeune femme et lui ne se connaissaient pas depuis toujours et pourtant parfois il avait l'impression que oui, parce qu'elle savait où s'arrêtait la plaisanterie, où commençait la vérité et ce malgré qu'il n'en donnait bien souvent aucun indice. Il lui souriait avec sincérité en l'entendant lui dire qu'un jour viendrait où l'un ou l'autre se lancerait dans une histoire sérieuse et qu'enfin il serait libéré de l'attention de cette femme. Il l'espérait au fond même s'il tournait toujours la situation en bourrique. Soulevant délicatement sa main et emportant la sienne dans son mouvement, il l'approchait de ses lèvres pour y déposer un baiser des plus chastes et sans aucune intention séductrice. Un geste simple, un remerciement muet qu'elle saurait sans doute comprendre.

Tournant la conversation sur les impacts qu'avait eu son départ précipité pour Santa Fe, Abraham avait presque pitié pour Rachel qui avait eu à supporter tout ça et pourtant elle était sans aucun doute la seule personne à qui il était prêt à référer ses patients. Il espérait au moins qu'elle avait su se montrer divertissante et pas trop pénible, mais ça, il en doutait fortement ! Il avait confiance en Rachel, autant la personne qui la psychologue qu'il avait pris sous son aile alors qu'il avait pourtant toujours été un grand solitaire lorsqu'il était question de travail. Elle était particulière et il aimait lui démontrer à quel point elle l'était.  Abraham savait l'image qu'il renvoyait, il était conscient que les plus imbéciles et les plus arrêtés croiraient qu'il l'avait pris comme collègue uniquement parce qu'elle était d'une beauté renversante et que chacun des mots doux qu'il lui soufflait à elle comme aux autres étaient uniquement dans le but de l'emmener dans son lit et il assumait pleinement l'impression qu'il pouvait donner aux autres. Il les laissait se tromper, les gens qui en valait la peine eux ne se posaient jamais de question et n'associait pas la moindre flatterie à une tentative de séduction, mais comprenait bien qu'il s'agissait d'appréciation. Abraham éclatait d'un léger rire en voyant le revers de la médaille quelle s'amusait à relever. Elle avait raison, mais il n'avait aucune crainte à ce sujet. Elle y parviendrait sans doute bien avant qu'il n'en ai fini avec Santa Fe.

Oooh Bradley ! Il n'y avait pas si longtemps qu'il avait quitté cette prison et pourtant il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir hâte d'y retourner. C'est qu'il était divertissant ! Capable d'être le plus gros des connard ? Ça oui, mais Abraham était forcé de réalisé qu'il y avait bien plus derrière. Tant d'années de merdes semblaient avoir façonnées l'homme qu'il était aujourd'hui et ce n'était certainement pas quelques sourires et des flatteries qui le sortirait des profondeurs, il n'avait même aucune garanti qu'il y parvienne un jour, mais Abraham savait que c'était un défi qui était possible à réaliser s'il était patient et qu'il jouait bien ses cartes. Si l'homme mettait réellement beaucoup d'effort aujourd'hui, ce n'était donc plus uniquement pour rendre service à celle qu'il aimait comme sa propre fille. Abraham ne pouvait s'empêcher de rire à nouveau et de hausser les épaules en toute innocence lorsque Rachel lui dit qu'il était plus efficace que la presse people. S'il était vrai que par respect pour Imane il ne comptait pas dévoiler l'identité de l'homme et ce même s'il était convaincu qu'elle n'aurait aucune idée de qui il était, il ne parvint pas à résister à la tentation de répondre aux questions générales de la ravissante jeune femme.

« Devaney ? »  

Abraham ne pouvait s'empêcher de grimacer. Il avait beau ne pas aller plus loin dans son avis concernant Ethan Devaney, il était assez clair que la simple idée que sa protégée est pu développer une véritable relation avec ce Ken envers qui il n'avait aucune confiance le dérangeait.

« Je peux tout à fait te confirmer qu'il n'est pas connu ! Profites-en pour faire une gageure ce soir à ce sujet... mais fais la avant que ta colloc' soit trop bourrée pour s'en souvenir.  »

Détournant légèrement le sujet vers le patient qui retenait présentement une grande partie de son attention. L'expression qu'il pouvait lire sur le visage de sa charmante associée était loin de le surprendre beaucoup, à dire vrai, il se serait surtout surpris du contraire. Lui-même avait posé de nombreuses questions à Imane et avait tenu à la voir en face à face pour s'assurer qu'elle allait bien et que le choc post-traumatique de sa séquestration n'était pas entrain de la rendre complètement folle. Le psychologue haussait d'ailleurs un sourcil en entendant la belle vouloir prononcer un mot qui n'éveillait en lui aucun souvenir, mais il ne chercha pas à en savoir d'avantage. Il y avait de nombreux secrets cachés derrière ses deux clairs iris et il ne tentait même pas de les percer à jour. Chaque personne avait après tout droit à son jardin secret et bien qu'il pensait en avoir deviné quelques uns, il la respectait trop pour chercher à la comprendre sans qu'elle lui le demande. Abraham hochait la tête, il devait avouer que même s'il aimait les cas difficile, il n'aurait sans doute jamais accepté d'aider un de ses sales pro-moldus par lui-même. D'abord parce que le sorcier qu'il était ne leur aspirerait certainement pas confiance, mais surtout parce qu'il avait un dédain complet pour ces hommes qui avaient planifié ainsi tant de souffrance dont celle de sa protégée.

« Je sais... Au départ j'étais moi-même pas convaincu, je suis allée voir Imane avant d'accepter et j'ai rencontré l'homme qui partage désormais sa vie pour m'assurer qu'il n'était pas une menace. Je vois bien qu'elle est encore terrifiée par ce qui lui ai arrivé et qu'elle tente d'oublier quel groupe il soutenait uniquement parce qu'elle veut l'aider pour aider l'homme qu'elle aime. Elle ne me le diras jamais, mais j'en suis absolument convaincu. »

Il voulait passer plus de temps avec elle pour en parler et il attendait impatiemment ce moment où ce serait enfin possible. Abe secoua légèrement la tête, il réfléchissait tout haut d'une certaine manière, mais il ne voulait pas s'aventurer trop loin sur ce sujet. Il savait ce qu'elle risquait de lui faire endurer s'il parlait des doutes à son égards, mais c'était plus fort que lui. Avec elle il ne se sentait plus comme un psychologue depuis longtemps, ce n'était pas d'une patiente qu'il parlait, mais bien d'une personne chère à ses yeux qu'il avait failli perdre.

« S'il veut changer ? Aaaah c'est bien là la base du problème sur laquelle je travaille. Je crois qu'il ne veut pas encore, mais que c'est possible pour moi de le faire changer d'avis. Je crois que je commence à assez bien m'y pendre d'ailleurs, mais bon sens ce sera pas un cas léger. Une chose est cependant de plus en plus certaine pour moi : Je crois qu'il les a rejoint juste parce qu'il est con. »

Abe ne pouvait s'empêcher de rigoler devant sa façon qu'il avait de résumer. C'était le secret professionnel, il ne pouvait pas trop s'avancer, mais après tout ils travaillaient souvent en étroite collaboration et bien vite ses observations risquaient de devenir du domaine publique si le procès devait à attirer les curieux... ce qu'il ferait surement d'ailleurs.

« Inconscient est peut-être un meilleur terme... Je ne sais pas encore parfaitement, mais je tiens quelque chose. Tu me trouves complètement fou d'essayer ?  »

Parce que oui, il souhaitait avoir son avis. Il avait bien vu dans ses yeux qu'elle doutait de tout ça et elle avait un excellent point en disant que personne ne pouvait changer sans le vouloir. Abraham ne pouvait tout lui dire, mais il voulait savoir ce qu'elle en pensait.

The Valley Of Unrest

Santa Fe… Rachel y avait vécu avec son parrain pendant toutes les années de ses études et bien après jusqu'à ce qu'Abraham vienne lui proposer un travail et qu'elle revienne dans sa ville natale. La psychologue avait détesté le Nouveau-Mexique. Beaucoup de personnes citait l'état comme un modèle parce que depuis la grande révélation, les habitants de ses états se trouvaient à cheval sur trois des quatre grandes factions du pays. Cela semblait beau sur le papier, mais en vérité, c'était peut-être pire que de vivre dans un état qui se réclamait d'une faction en particulier. On y était moins en sécurité qu'ailleurs et il semblait que les politiciens de cet état étaient dépassés par les enjeux. Pour Rachel, qui souhaitait plus que tout se tenir loin des enjeux et conflits politique du pays, c'était le pire endroit où vivre. Elle avait des souvenirs douloureux de ses soirées universitaires où les étudiants se conspuaient pour des avis politiques différents. La psychologue avait été ravie de pouvoir partir. Bien entendu, cela n'avait pas été simple de revenir dans la ville de son enfance, mais elle se sentait davantage capable de combattre les souvenirs que l'ambiance politique difficile du Nouveau-Mexique. Cela n'avait pas dû s'arranger avec les récents incidents provoqués par les pro-moldus et le Cercle. Elle avait regardé les informations comme tout le monde et avait été choqué par la violence de ses groupes. Pourtant, elle savait ce que c'était que de voir de la violence, mais c'était à une échelle complètement différente. Il ne s'agissait pas alors de meurtres de masse. Rachel était soulagée de ne pas avoir été sur place alors que cela avait lieu. Elle avait cependant tenu à joindre son parrain pour vérifier que lui n'avait rien. Heureusement, au moment où ses incidents avaient eu lieu, il était à Washington pour une conférence. Ils n'étaient pas toujours d'accord, mais il lui avait tendu une main secourable à un moment où elle était au fond du trou, dans une situation particulièrement instable. Il lui avait offert une seconde chance et une nouvelle vie : un destin que tous n'avaient pas la chance d'avoir. C'était une chance à nulle autre pareille et elle était extrêmement reconnaissante.

Abraham était la seconde personne qui lui avait offert un nouveau chemin et elle ne l'oublierait jamais. Voilà pourquoi elle n'était jamais dérangée, quand elle devait prendre en charge ses patients lorsqu'il devait se rendre ailleurs. Ce n'était pas du tout une gêne et malgré qu'elle était parfois déstabilisé par certains cas, elle faisait le travail à accomplir avec son sérieux habituel. Il était tellement plus appréciable de travailler à ses côtés que cela ne l'avait été dans son précédent cabinet. Elle n'avait alors pas assez d'argent pour se louer un cabinet privé et le partageait avec d'autres membres du corps médical. Avec aucun d'entre eux, elle n'avait pu se lier ou même se sentir à l'aise. En vérité, ils se comptaient sur les doigts de la main, les personnes avec qui elle était bien. Ce n'était pas toujours la faute des autres, en vérité, c'était plus souvent la sienne que la leur. Depuis cette terrible nuit où sa mère avait perdu la vie, Rachel ne supportait plus qu'on la touche ou même d'être proche de quelqu'un au risque de perdre cette personne. C'était d'autant plus risible que ce genre de problème on peut le résoudre par une thérapie et qu'elle même était une psychologue. Lorsqu'elle avait été acceptée dans le programme des témoins protégées, on lui avait fait rencontrer un psychothérapeute. Il avait fait du mieux qu'il pouvait, mais c'était surtout elle qui avait laissé tomber sa thérapie. Ce n'était pas du tout parce qu'elle ne souhaitait pas guérir, bien au contraire, mais parce qu'elle avait du mal à devenir Rachel tout en continuant de parler de la vie de Tallin. L'une et l'autre était très différente. La jeune femme avait forgé Rachel de toute pièce sous les directives de son parrain et pour protéger sa vie. Rachel n'avait pas perdu sa mère dans un tragique accident, elle n'avait pas vécu dans un milieu misérable et ne souffrait pas de la peur de toucher quelqu'un. Tout cela c'était Tallin ! Parfois, quand elle y réfléchissait trop, elle avait l'impression d'être deux personnes qui n'avaient rien en commun dans un seul corps. Pourtant, avec Abraham, ces deux parties d'elle-même était apaisé et cela lui permettait d'être proche de lui, tout en effectuant pleinement son travail.

Araham lui avait expliqué la raison pour laquelle il s'était rendu à Santa Fe et pour qui il le faisait. Il s'agissait d'une demande particulière d'Imane Kazhen. Rachel avait vite compris en travaillant à ses côtés, combien l'actrice comptait pour lui. Le plus étonnant dans toute cette histoire c'était que si Imane avait fait une telle demande, c'était pour l'homme pour qui elle avait des sentiments amoureux. Rachel avait plaisanté sur le fait qu'Abraham lui apportait des infos de premières mains bien plus croustillantes que ce qu'on pouvait lire dans la presse people. Des tas de rumeurs courraient sur Imane. On lui prêtait mille relations avec des personnalités connues comme Ethan Devaney, le séduisant politicien presque aussi célèbre que JFK ou bien l'acteur Luke au charme fou. Il arrivait parfois que Rachel parle de sujets légers sur la vie romantique des stars avec sa colocataire qui semblait adorer ce genre de conversation. Cette dernière soutenait qu'Ethan était le choix le plus avisé. Rachel lui avait demandé pourquoi elle considérait forcément qu'Imane était hétérosexuelle et cette dernière lui avait répondu qu'elle sentait ces choses-à, vu qu'elle même jouait dans l'autre camp. Résultat selon Keira : l'actrice ne pouvait être qu'hétérosexuelle. Grâce à Abraham, Rachel pouvait désormais rayés de la liste du fameux prétendant de l'actrice, le nom de Devaney. La grimace qu'Abraham avait fait en prononçant le nom du politicien en disait long sur ce qu'il pensait de l'idée de sa colocataire. De toute évidence, il ne le portait pas vraiment dans son cœur. Pus inattendu encore, la célèbre actrice semblait s'être énamouré d'un homme qui n'était pas connu de la presse. Cependant, toutes ses révélations n'étaient rien par rapport à ce que souhaitait l'actrice.

En effet, cette dernière, pour l'homme qu'elle aimait, souhaitait que le frère de ce dernier, prisonnier, soit libéré. Pour ce faire, elle avait besoin de l'aide d'Abraham pour qu'il puisse juger de l'état psychologique de l'homme. Le but ultime était de prouver qu'il n'était pas un danger. Le plus gros problème c'était qu'il était un pro-moldu. C'était incroyable ! Elle avait pensé qu'ils avaient tous péri dans l'action des membres de l'enquête jointe à Chicago. Pouvait-on vraiment tirer quelque chose de ces personnes ? Il fallait quand même être bien allumé pour rejoindre un tel groupuscule. Rachel trouvait déjà bien étrange de devoir rejoindre les Inquisiteurs, mais les pro-moldu étaient encore plus extrémiste qu'eux sur les sorciers. N'oublions pas qu'Imane Kazhen était une sorcière et qu'elle avait été durement malmené et terrorisé par les pro-moldu. Cette femme devait être une sainte ou être vraiment amoureuse de son homme pour vouloir la libération d'un homme qui avait fait parti de ceux qui l'avaient kidnappé. Abraham lui avoua que lui-même n'avait pas été convaincu et que ce n'était qu'après avoir discuté avec l'homme inconnu et Imane qu'il avait décidé d'accepter. Le couple devait vraiment nager sur un petit nuage d'amour pour se soutenir à ce point-là. Malgré toute a confiance qu'elle avait dans les capacités d'Abraham de faire une thérapie excellente, elle craignait qu'il ne s'enlise dans un long chantier avec ce prisonnier. Comment un type qui pouvait soutenir les pro-moldu pourrait changer d'idéologie et être réhabilité ?! Rachel ne faisait pas confiance aux criminels. Elle en avait vu trop et avait remarqué que la plupart aimaient ce qu'ils faisaient et y prenaient même du plaisir. La psychologue eut un petit frisson en pensant à Silas et sa bande de cinglé qui tenait d'une main de fer, le bordel dans lequel sa mère avait travaillé depuis sa venue aux États-Unis. Le bordel n'avait été que la partie visible de l'iceberg, car le plus gros du trafic consistait à blanchir de l'argent sale pour le compte du chef d'une organisation criminelle basée dans tout le pays. Ils étaient rares, selon Rachel, ceux qui étaient tombés dans un engrenage sans savoir comment en sortir.

« Avec ton expérience dans le milieu carcérale, je ne doute pas que ton diagnostique soit le bon. Tu connais bien la chose maintenant, je suposse. Il est certain que ce ne sera pas facile… »

Rachel savait qu'elle était privilégiée de pouvoir avoir un aperçu de ce qu'il faisait avec ce prisonnier. En effet, il était tenu par le secret professionnel et cela devait avoir encore plus de poids quand on travaillait avec un tel individu. On ne parlait pas là d'une personne qui avait un problème de confiance en soi ou de quelqu'un qui devait apprendre à gérer une addiction. Il s'agissait là d'un homme qui avait commis un crime fédéral et qui risquait la prison à vie en fait. Bien sûr, tout se jouerait pendant son procès et il était à parier que les résultats de la psychanalyse d'Abraham aurait un impact certain sur la décision finale. Peut-être que l'homme en question avait un esprit faible ou facilement manipulable Cela pourrait expliquer qu'il puisse rejoindre un tel groupuscule. Cependant, pour le moment et d'après ce qu'elle avait pu apprendre d'Abraham, rien ne laissait présager que ce fut le cas. Il l'avait bien traité de con, mais même le pire des salopards manipulateurs pouvait être dénommé ainsi. Rien que de penser à la prison, cela faisait jaillir sa plus grande peur : que Silas et Elis reviennent dans sa vie ! Voilà pourquoi, la jeune femme ne pourrait jamais faire le travail qu'effectuait Abraham. Il avait toute son admiration pour être capable de faire ça. Il rectifia un instant sa dernière déclaration en qualifiant le prisonnier d'inconscient. Cela voulait-il signifier qu'il était stupide ? Rachel devait avouer que l'affaire semblait se compliquer. Nul doute qu'un tel patient ne devait pas être simple à aider. D'autant plus si pour le moment il était réfractaire à la psychanalyse. A côté de ça, se charger d'une patiente telle que Annie, c'était du gâteau. Abraham fini par lui demander si elle le jugeait fou de vouloir essayer de sauver cet homme. La jeune femme garda le silence un instant le temps d'essayer de formuler sa réponse.

« Je te considère pas comme fou. Tu es le plus brillant psychologue que je connaisse et je sais que tu es encore plus tenté de mener cette thérapie à bien parce qu'il s'agit d'une demande d'Imane Kazhen. Je ne sais pas vraiment quelle est votre relation, mais je sens que vous avez dépassé le simple stade de la relation praticien-patient. Je ne peux pas t'en vouloir, je m'investis aussi dans la vie de mes patients parce qu'elle finit par compter pour moi presque autant que la mienne, à force d'en parler. Ce n'est pas fou que de vouloir accomplir cela. C'est même plutôt désintéressé et incroyablement professionnel. D'autant plus que l'homme en question ne semble pas particulièrement investi pour le moment dans cette thérapie. C'est sûr que ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais si tu arrives à avoir sa confiance alors il se dévoilera plus simplement et tu pourras alors faire un miracle. » Répondit la psychologue, puis elle termina son raisonnement en ajoutant quelques mots. « Le seul soucis… c'est quand est-ce que ça arrivera ? Tu vas avoir devoir faire face à une véritable course contre la montre. »

Elle avait des réserves, mais ce n'était pas à propos de la capacité d'Abraham de faire son travail, mais plutôt vis-à-vis du criminel. Rachel ne faisait aucune confiance à ces personnes. Peut-être que c'était son enfance qui lui donnait cette réserve. Tout le monde ne méritait pas d'avoir une seconde chance, surtout si cette personne était pourrie jusqu'à la moelle.

« Je peux t'aider au maximum en allégeant ton travail ici, car j'imagine que ce prisonnier ne va pas tarder à avoir droit à son procès. Je pense que le gouvernement va vouloir frapper un grand coup en montrant qu'ils agissent vite. Dit-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » Proposa la jeune femme.

Ce n'était que de pures spéculations, mais la psychologue savait un peu comment les choses tournaient et il suffisait de lire les informations pour se rendre compte que les survivants des pro-moldus allaient être un enjeu important pour le gouvernement afin de rétablir la confiance avec les américains.

Rachel & Abraham

Abraham avait toujours aimé les défis, les cas complexes. La sensation de victoire qu'il ressentait lorsqu'il parvenait à bien analyser quelqu'un, à pouvoir prévoir ce qu'il allait faire ou ne pas faire était tout simplement addictive. Le psychologue était loin de considérer qu'il avait un don presque divin pour la chose, il lui arrivait de se tromper que ce soit en partie ou complètement sur quelqu'un, mais les années l'avait rendu de plus en plus efficace. À défaut d'être lui même d'une grande sensibilité, il l'était envers les autres. Son travail était un besoin pour lui se rapprochant de l'obsession, mais il le vivait pleinement sans même faire l'effort de tenter d’apaiser tout ça. Après tout, dans la société d'aujourd'hui, les obsessifs du travail était presque considérés comme n'ayant aucuns problèmes.

Son client du moment se démarquait néanmoins par ce qu'il représentait de tous les autres. Cette fois, il n'avait pas seulement à comprendre et à travailler afin de faire en sorte qu'il ne représente aucun danger pour la société. Non le cas présent était beaucoup plus personnel et c'était de la sécurité de l'une des personnes les plus précieuses à ses yeux qu'il devait s'assurer. D'avoir simplement appartenu à ce groupe ayant fait tant de mal aurait pu suffire à ce qu'Abraham le place sur sa liste des vilains, mais à la demande surprenante d'Imane il avait prit le temps de le rencontrer et au fond, il était ravi de l'avoir fait. Abraham était conscient que lorsqu'un tel défi se présentait à lui il avait tendance à devenir parfois déraisonnable et que plusieurs pouvait le prendre pour un fou s'attaquant à un cause perdue. C'est pourquoi il n'avait pas pu s'empêcher de demander à la magnifique jeune femme fasse à lui si elle considérait que son travail dans ce cas précis frôlait la folie. Rachel était une brillante psychologue et Abraham avait une immense confiance à ses talents et facultés à ce niveau, sans quoi jamais ne lui aurait-il offert de le suivre et de rejoindre ce bureau qu'il gérait en solitaire auparavant. Ils avaient des spécialités bien différentes tous les deux et leur pratiques en tant que tel l'était tout autant. Abraham mourrait d'envie de savoir ce que la calme et posée professionnelle pensait de tout ça. Le psychologue n'avait d'ailleurs jamais eu besoin des compliments des autres car il aimait dire qu'il connaissait sa valeur, mais il y en avait quand même certains qui trouvait le chemin jusqu'à son tour et qui lui tirait un sourire presque enfantin. Il adorait l'entendre dire qu'il était le plus brillant psychologue qu'elle connaissait et il ne s'en cachait pas. L'homme ne mettait presque jamais de mot sur la relation qu'il entretenait avec Imane, il faut dire qu'en général il ne savait que rarement mettre un titre à sa relation avec qui que ce soit, mais elle voyait juste en disant que leur lien était fort et qu'il était en grande partie responsable du début de son intérêt pour Bradley Lennox. Ce n'était pas supposé être ainsi, mais Abraham n'en ressentait aucun remord de conscience professionnel, bien loin de là, et il était heureux de constater que Rachel ne l'en tenait pas non plus rigueur. La jeune femme avait raison et elle mit le doigt directement là où ça faisait mal en devinant rapidement qui allait être son principal ennemi.

« C'est là que ça se corse... »

C'était le cours de sa vie qui avait fait de son patient l'homme qu'il était aujourd'hui. Il s'en était passé des années et des évènements marquants qu'elles avaient comptées. Abraham devait tenter de changer une façon de voir presque routinière en un temps bien trop court.

« La date des procès n'est pas encore annoncée, mais je sais d'avance qu'ils ne feront pas tarder tout ça... Je partage entièrement ton avis et je pense aussi le gouvernement va vouloir en faire un cas d'exemple pour qui compte pourrait avoir envie de recommencer. Dans le meilleur des mondes, je vais trouver un moyen pour retarder tout ça... J'ai plus de chance de faire de son cas une exception s'il ne passe pas à la chaîne avec les autres. »

Il y avait une masse de boulot et effectivement, si elle avait un peu de temps il ne dirait pas non à ce qu'elle puisse prendre en charge les quelques clients les moins problématique qu'il avait. Abraham était touché qu'elle propose et pourtant il ne pouvait s'empêcher de ne pas avoir envie de trop accaparer son temps.

« Ce serait adorable de ta part ma belle, mais je ne veux surtout pas que tu manques de temps pour ta vie en dehors de ces murs. »

Abraham la connaissait bien, il savait que ce calme parfait qu'elle dégageait n'était pas uniquement présent lorsqu'elle était derrière le bureau. Elle était d'une beauté absolument renversante qu'il n'avait aucun gène à avouer autour aux autres qu'à lui-même car il n'avait aucune arrière pensée déplacée à son encontre. Elle était en plus d'une compagnie des plus agréable et il avait du mal à cerner pourquoi elle était toujours célibataire. Le psychologue ne posait toutefois aucune question, sa vie privée lui appartenant entièrement et ne le concernant en rien sauf si bien entendu elle souhaitait en discuter avec lui.

« J'ai peut-être deux ou trois clients qui ont besoin d'un simple suivi pour s'assurer qu'ils ne partent pas en vrille alors qu'ils sont en presque guérit depuis un bon moment déjà. Les autres sauront m'attendre. Je ne t'oblige à rien, ils ont un passé criminel et je ne veux surtout pas que tu ressentes le moindres malaise. Un cleptomane, un pyromane et une meurtrière... Dis-moi si tu as une réticence fasse à l'un d'entre eux. »

Toutes ces personnes dont il lui parlait n'était nullement dangereuses pour elle, Abraham n'aurait jamais accepté de la laisser dans une mauvaise position. Le moindre petit risque était hors de question. Néanmoins, il savait que sa clientèle n'était pas des plus facile et qu'il fallait être prêt et à l'aise d'y faire face.

« J'avoue que te donnant les gros titre sur ce qui les a emmené en prison il y a plusieurs années je ne t'aide peut-être pas. Ils ont tous les trois des caractères compulsif et obsessif bien différent. Le cleptomane est celui de qui il faut le plus se méfier - enfin surtout si on veut conserver entièrement nos objets. Il travaille aujourd'hui comme illusioniste dans les rues de New-Phoenix, mais autrefois ses mains rapides lui servait à voler un peu de tout aux passants, il est resté des années à pouvoir vivre avec une certaine fortune sans travailler avant de se faire prendre. Le Pyromane est un cas intéressant, car au delà de sa fascination passée pour les incendies, il est un cas assez intense de désillusion. Entre ce qu'il dit être et ce qu'il est... il y a un monde de différence ! La meurtrière pour sa part n'aurait, à mon sens, jamais dû être emprisonnée. Victime de violence conjugale sévère, c'était de la pure défense, mais elle n'a pas pu le trouver. Avant, elle était amoureuse de l'amour et son besoin de créer des relations avec des hommes qui ne lui convenait pas l'a entrainé vers sa perte. Elle en est heureusement aujourd'hui consciente. »