Je donnais encore régulièrement des meetings pour rappeler au monde ce que je pensais. Je ne voulais en aucun cas que mes propos soient déformés et c'était d'ailleurs pour cela que je tenais toujours des conférences en présence des chefs des meutes composants l'entente. Je pesais toujours mes mots dans ces moments là. Il fallait que j'impose mon avis tout en leur permettant de donner de leur. Je n'étais pas devenu le chef des grandes meutes américaines grâce à la force des poings. J'avais parlé, j'avais convaincu et j'arrivais à convaincre encore et encore. Aujourd'hui le sujet était particulièrement délicat. « Les coutumes doivent-elles régir le monde ? » Ceci était une question que nous nous étions toujours posés mon grand-père et moi même. J'avais bâti l'entente sur le respect des traditions de chaque meute tout en instaurant de nouvelles coutumes communes à toutes les meutes. Dans mon costume trois pièces sur mesure, je montais sur l'estrade et je me mis à parler toujours avec la même éloquence et l'assurance dont je faisais preuve à chaque conférence. Je parlais pendant près de trois heures. Je répondais aux questions de mes interlocuteurs et une fois qu'ils n'avaient plus de questionnement, je leur proposais de prendre place dans la salle du buffet. Il y avait de quoi restaurer les trois cents personnes présentes.

Je descendais de l'estrade et je me rendais dans la salle de réception. Je souriais à plusieurs personnes et j'allais voir des chefs de meute pour les remercier de leur présence ici. J'avais pris le soin de choisir une date aussi lointaine de la pleine lune que possible. Je saluais de nombreuses personnes avant de me rendre moi même auprès de mon conseiller le plus proche. John était en plus d'être mon conseiller, un véritable ami. Nous discutions un moment avant que je ne me rende compte qu'il y avait une personne que je ne connaissais pas. Je m'excusais auprès de mon ami avant de me rendre aux côtés de la demoiselle. Je n'aimais pas les invités surprises surtout lors de mes conférences. Je fronçais les sourcils quand Julie présente une nouvelle fois s'approcha de moi.

« Très joli discours. »
« Je ne te crois pas. »
« Tu as raison. »
« Ne fais pas d'esclandre Julie. En tant qu'ami je te demande de rester tranquille. »
« Et en tant que supérieur ? »
« Ne t'approche pas de lui. »

Et je parlais bien entendu du chef de la meute sibérienne. Julie leva les yeux au ciel et prit un verre de vin avant de s'éloigner à l'opposé de son ennemi. Je me demandais bien d'ailleurs s'il savait qu'il avait pour ennemie une très vaillante louve. Je souriais en coin avant de finir de m'approcher de la jeune femme qui m'intriguait tant. Je portais ma main au buffet pour saisir une assiette et la remplir de mets. Je me penchais alors vers la demoiselle pour lui parler assez bas pour qu'on ne nous entende pas.

« Mademoiselle... Il ne me semble pas vous connaître ni vous avoir vu lors de la conférence. Je m'appelle Cécil De Cormontaigne. Dites moi que vous n'êtes pas une journaliste qui veut une interview exclusive. »

Je souriais en coin tout en portant mon index sur mes lèvres. Il y avait toujours une certaine séduction quand je parlais à une femme qui plus est à une sublime jeune femme. Je ne pouvais pas aller contre mon moi profond. J'étais un grand séducteur et tout le monde le savait dans mon entourage. Il n'était donc choquant pour aucunes des personnes présentes dans cette salle que j'aborde une jeune femme. Je ne cachais à personne que j'étais un séducteur. De plus mon statut aide parfois les jeunes femmes à venir vers moi pour mon plus grand plaisir je dois l'avouer. Pour couronner le tout, j'aurais remarqué une chevelure aussi flamboyante si elle avait été à ma conférence. Non décidément, cette jeune fille était intrigante. J'espérais seulement qu'elle ne soit pas une journaliste.

J'avais eu des déboires avec une journaliste il y avait quelques années de cela. J'avais craqué sur la beauté de cette belle blonde et elle avait essayé de me soutirer des informations sur mon clan pour les publier dans son journal ou pour les vendre au plus offrant. Je n'avais pas plus tolérer tout cela et j'avais dû m'occuper de ce problème en la diffamant trouvant des affaires sordides sur elle pour la discréditer aux yeux de tous. Si j'avais pour habitude de me montrer pacifiste, je pouvais me montrer quand même par moment conservateur. Je ne voulais pas que nos secrets soient dévoilés, pas avant qu'on soit sûr de nous.

Malgré cette désinvolture j'avais rencontré d'autres journalistes tous et toutes plus ou moins fiables. Pour moi Miss Sloane était la plus compétente. Elle travaillait à New-York et j'avais fait beaucoup d'interview avec elle. Elle arrivait toujours à faire un bon portrait mettant de côté mes mauvais aspects. Elle avait notamment oublié de préciser que je l'avais draguer lors de notre première entrevue. Enfin, tout cela pour dire que cette jeune femme ne ressemblait pas vraiment à une journaliste mais dans le doute, il fallait que je me méfie des apparences. Cependant si elle était vraiment une journaliste, autant joindre l'utile à l'agréable.

« Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? »

Je faisais signe à un des serveurs pour qu'il s'approche de nous et j'attrapais un verre de vin pour la demoiselle et un whisky pour moi. Je levais mon verre devant la jeune femme et je trinquais avec elle. Je lui souriais avant de lui tendre mon bras pour que nous puissions faire quelques pas tous les deux.

« Et bien Mademoiselle Barnett expliquez moi la raison de votre présence et comment avez-vous pu vous perdre ici ? »

Je lui souriais à nouveau. Il était bien étrange que quelqu'un se perde pour arriver à l'une de mes conférences. De ce fait je devais en savoir plus sur elle : après tout je voulais comprendre comment elle avait réussi à rentrer dans cette salle d'après conférence.

Une jolie jeune femme perdue ? Je ne pouvais que voler à son secours. J'avais toujours ressenti ce besoin d'aller vers les demoiselles en détresse et à vrai dire elle était clairement perdue. Je lui avais tendu une main à voir si elle la saisissait. Si elle le faisait, elle tomberait un jour ou l'autre dans mes filets. Si elle ne le faisait pas, je ramerai pour l'avoir mais tant pis je pensais quand même y arriver. Regard de braise, tête légèrement penché vers elle, doigts sur mes lèvres, j'étais prêt à me la jouer lover.

« Barnett. Sybil Barnett. Et non, je ne suis pas une journaliste monsieur De Cormontaigne. La presse vous court donc tant que cela après que vous pensiez que je puisse faire partie de ce cercle ? »

Non elle est juste assez jolie pour être une journaliste. Je souriais en coin, réfléchissant à ma réponse. Il fallait que je lui réponde rapidement tout de même.

« Quand on est un homme politique on nous court après... Et en plus je leur donne toujours de quoi les alimenter. Je ne suis pas forcément un gentil garçon si on en croit certain tabloïd. Et puis il faut avouer que vous êtes très jolie donc vous pourriez être une journaliste. »

Il est vrai que je change souvent de femme à mon bras. J'avais clairement une réputation de Don Juan.

« J’étais à une autre conférence. Elle porte sur l’ADN des sorciers… Étant infirmière, ça m’intéressait. Seulement, à un moment, j’ai eu … J’ai dû sortir de la salle et en revenant, je me suis perdue. Tout simplement. »

Et elle s'est retrouvée dans une salle remplie de loup et je l'ai vu. Dommage pour elle, elle est tombée dans mes filets ou du moins elle y tomberait.

« Et vous vous retrouvez au milieu de loups affamés. »

Je souriais en coin la dévorant littéralement des yeux.

« Je plaisantais... Enfin pas totalement. Mais si l'ADN vous intéresse il y a une conférence à Santa Fe. Ce serait un plaisir de vous inviter. »

Je la mettrais au premier rang à la place de Julie comme cela tous les autres loups penseront qu'elle est mienne et comme on le dit on ne touche pas à la femme du chef. Même si elle n'est pas encore ma petite amie – elle le deviendra j'y travaillerai – les loups sauront qu'elle est « chasse gardée ».

« Ça ne vous arrive jamais de vous perdre, j’imagine. En tout cas, vous avez un remarquable sens de l’observation pour avoir deviné que j’étais une intruse dans cette réception. Soit vous connaissez tout le monde, soit je fais tache dans le paysage. Les deux sont exactes je dirai. »

Non j'avais un bon sens de l'orientation en effet déjà parce que j'étais un homme mais surtout parce que je suis un loup garou. Sans cela je ne savais pas ce que je vaudrais. Je haussais les épaules et je répondais d'un air totalement blasé comme si ça m'arrivait tous les jours de rencontrer une brebis égarée.

« C'est plus votre parfum qui m'a fait comprendre que vous n'étiez pas un loup garou contrairement à tous les autres membres de cette assemblée. »

Moi y comprit d'ailleurs. Je lui souriais laissant apparaître mes canines, signe que j'étais vraiment heureux. Faire de nouvelles rencontres était quelque chose qui me plaisait toujours énormément.

« Ne vous inquiétez pas on a à manger donc on ne devrait pas vouloir vous manger vous. »

Je riais à ma blague. Elle était peut être nulle pour une non mage mais moi je la trouvais trop classe. Enfin je demanderais l'avis de mon bras droit tout à l'heure. Je suis certain que ça lui plaira. J'écoutais avec attention quand elle me parla à nouveau.

« Puis-je vous demander sur quoi porter votre conférence ? Je peux vous assurer qu’ensuite, je partirais si tel est votre désir. »

Partir ? Pourquoi la ferais-je partir ? J'étais en bonne compagnie. J'arrivais à emmerder Julie par la même occasion. Non ça serait trop beau que je lui demande de partir. Je comptais qu'elle reste un long moment avec moi. Il ne lui manquait que la cape pour être le parfait petit chaperon rouge. Je souriais en coin tout en lui répondant d'un air suave.

« Elle portait sur les coutumes des meutes. Je pense qu'il faut des coutumes communes tout en conservant les leurs. D'où le débat du jour. Je voulais l'avis de mes frères. »

L'avis de la meute était très important pour moi. Je ne voulais laisser personne de côté bien au contraire. Je n'étais pas devenu chef par les armes mais en écoutant tout le monde et en faisant en sorte que le plus grand nombre soit heureux. Je restais un instant pensif avant de plonger mon regard dans le sien. Je me perdais quand même dans le vert de ses yeux.

« Mon désir n'est absolument pas que vous partiez très chère Mademoiselle Barnett. Si vous souhaitez rester ici vous le pouvez... Si vous préférez retourner à votre conférence, je vous y conduirais avec plaisir. Je ne voudrais pas que vous tombiez sur le grand méchant loup. »

J'étais lourd. Très lourd mais quand on me connaissait on savait très bien que j'étais un homme qui ne savait pas draguer du tout. J'ai du succès dans mes affaires, dans mes amours – je change souvent de secrétaire d'ailleurs ! - mais je n'ai jamais su ce qui provoquait ces succès. Je lui souriais et je prenais même sa main pour lui faire un baise-main. Je pouvais être très vieux jeu par moment. Tiens j'entendais dans ma tête une petite voix me disant que je n'étais qu'un bourge. Il fallait vraiment que j'arrête de vouloir me rapprocher des vampires. Je souriais en coin à la jolie rousse. Elle m'intriguait vraiment de plus en plus.

« Vous êtes vous même sorcière pour vouloir en savoir plus sur l'ADN ou bien vous êtes une non mage ? »

Je souriais et je faisais quelques pas en sa compagnie. Je sentais sur mes épaules le regard de Julie mais je me fichais de ce qu'elle pensait de ma compagnie. Ce soir je n'avais pas envie de l'entendre se plaindre du chef de meute sibérienne ou du fait que je regarde les autres femmes et plus elle. Je ne voulais pas du tout l'entendre. Par contre je croisais le regard de mon bras droit et il leva les pouces vers moi d'un air de dire bien jouer mon grand ! Je riais légèrement tout en reportant mon attention sur la jolie jeune femme que j'avais à mon bras.

Je voulais vraiment savoir ce qu’elle savait de moi. D’un côté si elle ne connaissait rien de moi il sera plus facile de la séduire car elle n’aura aucun à priori. De plus, elle ne saurait rien de ma condition de loup ce qui me donnait un avantage considérable bien que je ne laissais jamais quelqu’un bien longtemps dans l’ignorance me concernant. Je relevais les yeux un instant avant de voir mon ami avoir un regard lourd de sens pour moi. Je pense que si nous avions été adolescent il aurait pu lever les pouces en l’air comme pour me dire « vas y bro t’es le meilleur ».

« Je n’ai jamais lu le moindre article vous concernant. Cela me permettra de me faire ma propre opinion de vous. Quant au compliment, je vous remercie bien que je doute que toutes les journalistes soient jolies, désolée pour elles. »

Je souriais en coin. Elle avait du répondant cette petite et ça me plaisait. Bien. Je haussais les épaules. Ça pouvait être vrai comme faux. Je ne pouvais pas juger réellement mais je trouvais son aplomb intrigant.

« Oh vous savez c’est comme partout. »

Je souriais un peu quand même. J’avais eu la chance de n’avoir que de jolie femme pour des interviews et à vrai dire je n’allais pas m’en plaindre loin de là même. J’apprécie toujours être en charmante compagnie. C’est d’ailleurs pour cela que je lui proposais de venir à une autre de mes conférences. Après tout, si elle était intriguée par le sang des sorciers cette conférence devrait lui plaire.  

« Vraiment ? Vous m’invitez alors que l’on vient à peine de se rencontrer. C’est tout de même bien gentil de votre part. J’accepterai sûrement. »

Je balayais ses remerciements d’un mouvement de main. C’était tout à fait normal et puis ça me permettrait de la revoir donc je ne vais pas dire non plus, en tout bien tout honneur bien entendu je vous vois déjà vous dire elle va passer à la casserole. Non on sait se tenir nous les loups… Enfin parfois !

« Qui vous dit que j’ai bon gout de toute façon ? »

J’explosais de rire. Effectivement elle avait de l’audace et j’appréciais cela chez une femme. Julie passa devant moi et me foudroya du regard. Je lui faisais un petit sourire avant de reporter mon regard sur la jolie rousse.

« Vous savez une odeur qui fait pressentir que vous avez bon goût mais je vous assure qu’on ne mange pas d’humain. Nous ne sommes pas comme les buveurs de sang. »

D’ailleurs les vampires m’agaçaient. Je n’avais toujours aucun rendez-vous avec le roi et ma patience commençait à s’effriter. Heureusement pour moi, j’avais une sublime créature à mes côtés ce soir donc je ne penserais pas à mes soucis politiques.

« Et puis, je n’ai guère beaucoup de muscles, ma chair ne suffirait pas à tous vous rassasier. »

Je riais une nouvelle fois. Elle avait de l’humour en plus. Où pouvait donc se cacher son ami ?

« Et si c’était vous le grand méchant loup ? »

Je souriais en coin, lui lançant un regard intense.

« Je ne suis pas que le grand méchant loup, je suis le chef des grands méchants loups. »

Je souriais en coin amusé d’avance de sa réaction. On ne rencontre pas un alpha tous les jours après tout. Je nous faisais faire quelques pas. Je n’aimais pas particulièrement resté en position statique. Je trouvais cela un peu idiot alors que la marche donnait une fluidité au corps et aux conversations naturellement. Je lui demandais alors si elle était une sorcière.

« Aucune magie ne coule dans mes veines si vous voulez tout savoir. Je suis juste curieuse d’en apprendre plus. Je ne pense pas que cela puisse être un tort. »

Je souriais. Non ce n’était pas un tord bien au contraire d’ailleurs !

« Je n’ai rien contre la magie et tout ce qui va avec. Mon père s’étoufferait encore avant d’hurler s’il m’entendait dire une chose pareille. Heureusement, il est loin d'ici. »

Je riais.

« Il s’étoufferait encore plus vous croyez s’il savait que vous êtes en train de parler à loup garou. »

Le moment de rire passé, je me concentrais sur ce qu’elle venait de me dire. Visiblement elle ne semblait pas en bon terme avec son père chose que je trouvais fortement regrettable. D’autre n’avait pas la chance de connaitre leur parent après tout.

« Votre père si je vous comprends bien est anti-magie ? Quel dommage d’être heurté à des esprits fermés n’est-ce pas ? Je me demande bien comment mon père aurait réagi face à ce manque d’ouverture d’esprit n’est-ce pas ? »

Je lui souriais à nouveau.

« Vous travaillez dans le médical non ? »

Bon d’accord je n’avais aucun mérite je savais sur quoi se portait les autres conférences qui avaient lieu en même temps que la mienne.

Les sens étaient décupler quand on est un loup-garou et me concernant c'était plus le son et l'odorat. J'avais toujours préféré ses deux sens de toutes les façons. On pouvait vivre sans yeux. On ferait confiance à nos oreilles et notre nez. C'était à mon sens plus difficile de vivre sans oreilles ou sans nez. Je serais totalement perdue si je perdais l'un de ses sens. Enfin ce n'était pas le cas et j'en rendais grâce au Seigneur. Mon attention était toute acquise à la jolie jeune femme qui était à mes côtés. Elle me troublait et m'intéressait. Peut être qu'elle serait une conquête de plus. Peut être qu'elle serait plus. Seul l'avenir nous le dira.

« Les vampires... »

Je souriais à la demoiselle tout en lui prenant la main pour lui faire un baise-main. J'avais par moment des attitudes de vieux mais j'assumais totalement. Mon grand-père m'a toujours appris à être galant avec les femmes et encore plus quand on voyait qu'une femme n'était pas à l'aise et clairement Sybil ne l'était plus du tout.

« Pas de vampire dans les parages rassurez-vous Miss Barnett. Ils ont une odeur spéciale très reconnaissable pour nous les loups... Ils sentent très mauvais. »

Je riais avant de prendre sur un des plateaux qui tournaient autour de nous quelque chose à manger. La conférence m'avait creusé l'appétit et cette conversation des plus délicieuses avait également réussi à me mettre en appétit. Elle me demanda si j'étais le grand méchant loup.... Oui je l'étais bien mais pas que.

« Vous êtes donc le leader, le chef... Comment vous dites déjà ? »

Je souriais et j'acquiesçais.

« L'Alpha. »

Oui c'était ça. J'étais l'Alpha des meutes réunifiées. Je faisais la loi pour le moment. Je comptais bien continuer à imposer mon style de loi même s'il y avait des réfractaires à mes côtés. Julie la première me trouvait trop laxiste mais elle me trouvait quand même juste. Enfin, je ne devais pas penser à Julie en ce moment. J'avais une sublime créature sous mes yeux et il fallait que je pense à elle et non pas à Julie. Je lui demandais alors si son père était un de ceux qui jugeait sans connaître. Visiblement je ne me trompais pas.

« Mon père... Oui, en effet. Mais il le cache. Il joue juste un jeu pour ses intérêts. Financiers, bien entendu. Je doute que votre père puisse s'entendre avec le mien mais, de toute façon, cela m'importe peu. Je suis venue ici dans le but de couper les ponts avec lui, de m'en éloigner. »

Comment un homme aussi peu ouvert d'esprit a pu engendrer une créature aussi sublime et intelligente ? Je ne comprenais pas comment on ne pouvait pas vivre avec son temps. Moi même je pensais de plus en plus à m'allier aux vampires alors...

« Oh nous ne le saurons jamais malheureusement mon père est décédé il y a de nombreuses années. Votre père semble avoir des idées très arrêtés sur la magie. C'est dommage, surtout pour lui. »

Je lui souriais. Je n'avais aucun mal à parler de la mort de mes parents. J'avais fait mon deuil depuis longtemps contrairement à Julie. Julie. Elle revenait toujours dans mon esprit même en charmante compagnie. Enfin elle avait de moins en moins de place. La petite rouquine arrivant à me faire tourner la tête vers elle. Je lui demandais si elle travaillait dans le médical. Pour moi c'était évident mais je voulais quand même une confirmation.

« En effet. Je suis infirmière. Je travaille à l'hôpital de la ville pour le moment. »
« Vous voulez changer d'endroit où travailler ? »

J'avais posé cette question rapidement. Si elle voulait changer de travail peut être que je pourrais la faire venir dans ma ville... Okay Julie avait définitivement perdu sa place dans ma tête.

« En tout cas, si un jour vous êtes blessés dans le coin – chose que je ne vous souhaite quand même pas – ça sera peut-être moi votre infirmière si vous êtes hospitalisé... »

Je souriais. Il était vrai que j'aurai pu me blesser exprès pour la revoir mais j'avais peut être une autre idée.

« Je penserais à vous si je suis blessé dans le coin. »

Je lui souriais et je lui lançais un regard charmeur. Je passais mes doigts sur mes lèvres avant de lui dire :

« Mais quitte à choisir, je préfère vous revoir dans d'autres circonstances. »

Comme un dîner par exemple en tête à tête elle et moi.

Je ne savais pas pourquoi nous nous étions mis à parler des dents pointus mais voilà le sujet était sur la table. Je parlais de l'odeur de mes ennemis naturels. Malgré tout cela, je voulais quand même créer une alliance avec Jaroslav. C'était quelque chose d'assez étrange que beaucoup de mes frères ne comprenaient pas. Mais j'avais foi en mes idées et je continuerais toujours à les appliquer.

« Un peu comme de la nourriture avariée? »

J'éclatais d'un rire franc. Alors là elle me surprenait ! Je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle me demande cela. Elle me prenait de cours mais j'aimais beaucoup cela.

« Oui on peut dire cela. C'est quelque chose qui ne nous plait pas à nous les loups-garous mais c'est réciproque. Les dents pointus ne nous aiment pas. »

Je souriais en coin. Le sujet dériva sur nos familles respectives. On se serait presque cru dans un premier rendez-vous romantique.

« Oui, il a toujours êté très têtu quand il a une idée en tête. »

Ah les parents. Ce n'était pas forcément quelque chose de positif. Je ne savais pas ce que je serais devenu si j'avais eu mes parents à mes côtés. Leur perte avait été une force pour moi contrairement à d'autres personnes que je connaissais.

« Heureusement que vous êtes moins obstinée que lui. »

Oui heureusement sinon elle ne serait jamais restée avec moi au milieu de tous ces loups.

« Je ne sais pas... Si une bonne place se présentait, oui sans doute. Enfin, il me faudrait trouver une maison avant d'accepter une telle offre si elle venait à se présenter. »
« Effectivement. Il vaut mieux être prévoyant. »

Elle semblait être une femme très organisée. Je souriais. Elle avait beaucoup de qualités qui me plaisaient. Oui elle me plaisait de plus en plus.

« Ca pourrait se faire. Il suffira juste de trouver un moment de libre dans nos agendas surchargés. »

Je riais légèrement. Oui c'était vrai que j'avais un agenda monstre mais je ne doutais pas qu'elle en ait un chargé également après tout elle était infirmière et elle devait avoir des gardes et beaucoup de choses à faire avec ses malades. Je ne connaissais pas le milieu hospitalier donc je ne pouvais pas en juger réellement.

« Nous trouverons bien cela surtout si c'est pour un dîner... Il faut bien qu'on mange pour survivre non. »

Je souriais en coin. Ce n'était pas une blague mais il fallait bien meubler quand on n'avait pas grand chose à dire de plus. Je lui souriais une nouvelle fois avant de finir mon verre de vin blanc. C'était une bonne soirée. Une vraie bonne soirée.

« Nous n'avons qu'à échanger nos numéros de portable et s'arranger par message. Ca sera plus simple car je pense que vos amis vont finir par s'impatienter de ne pas vous voir leur parler un peu. Et puis, il faudrait que je retourne à la conférence qui m'intéressait... »

Je souriais. C'était le jackpot. J'allais avoir le numéro de cette fille et je pourrais la recontacter. La prochaine fois que nous nous verrons j'espérais que nous ne serions que tous les deux et non pas comme là à nous faire épier par les autres membres de ma meute.

« Je vais vous le noter quelque part et je vous raccompagne si vous voulez. »

J'attendais qu'elle acquiesce avant de sortir un stylo plume de ma veste de costume ainsi qu'un papier afin de lui noter dessus mon numéro de téléphone. Je lui tendais le papier et quand elle le saisait je lui tendais mon bras. Nous marchions tous les deux dans les couloirs en parlant encore de tout et rien. Je lui faisais un baise-main quand je la quittais en lui faisant promettre qu'elle me contacterait. Quand je retournais auprès de mes frères, Khaleeb tapa dans mon dos en souriant en coin. Je savais très bien ce qu'il pensait et je n'allais pas lui dire qu'il avait tord parce que c'était comme cela. Julie quant à elle ne tarda pas à me rejoindre. Je voyais qu'elle était en colère après moi mais comme toujours elle restait.