Lorsqu'il avait ouvert les yeux il s'était réveillé dans ce lit qui n'était pas le sien, dans cette cellule froide et impersonnel. Il n'avait pas bougé, se contentant d'écouter les bruits alentours, mais tout était calme. Il entendait de temps à autre les bruits de portes se refermer, des bruits de pas, et puis plus rien. Il avait ensuite refermé les yeux, en priant pour que la prochaine fois qu'il les ouvrirait, il se réveillerait de ce cauchemars...

Combien de temps s'était-il écoulé depuis son enlèvement ? Il avait perdu la notion du temps, seuls sa barbe naissante et ses cheveux qui commençaient à prendre une longueur inhabituelle, l'aidaient à se repérer un peu. Et maintenant ? Qu'allait-il se passer ? Que comptaient-ils faire de lui ? L'abandonner à son sort ? Et... et son père dans tout ça ? Pourquoi ne venait-il pas le voir ? Se fichait-il comme d'une guigne de lui ? N'était-il vraiment qu'une erreur ? Un... bâtard comme disait Ben ? Au fond de lui, même s'il était en colère contre ce père qu'il venait de se découvrir, même s'il ignorait ce qu'ils pourraient bien se dire, il ne pouvait s'empêcher de jeter de temps en temps un coup d'oeil en direction de la porte de sa cellule lorsqu'il entendait des bruits de pas résonner dans le couloir. Au début c'était de crainte, redoutant ce qu'on pourrait encore lui faire mais à force, constatant qu'on ne lui faisait plus rien, il s'était rendu compte qu'il avait fini par attendre sa venue,... qui ne venait pas.

Ses pensées vagabondaient souvent auprès des personnes qu'il aimait et qui devaient être mortes d'inquiétudes pour lui. Ne pas pouvoir les prévenir, leur dire qu'il allait bien, le rendait fou, parce qu'involontairement il était la cause de leurs tourments. Livie occupait le plus clair de ses pensées. Il ne rêvait qu'une d'une chose, pouvoir la serrer à nouveau dans ses bras et ne plus la quitter. Comment allait-elle ? Que faisait-elle en ce moment ? Le croyait-elle mort ou essayait-elle avec l'aide d'Hères de le sortir d'ici ? Hères... ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, pourtant Saevus avait eut raison de favoriser leur rencontre. Il lavait sentit dès le début qu'ils pourraient devenir amis et il avait eut raison. Il ne le connaissait pas encore très bien, mais suffisamment en tout cas pour deviner que le jeune héritier devait terriblement culpabiliser de cette situation alors qu'il n'y était pour rien. C'était sa décision de le suivre pour l'aider à libérer Saevus. C'était encore sa décision de prendre son apparence. Il était le seul et unique responsable de cette situation, et pas un instant il n'avait regretté sa décision. Si Hères avait été fait prisonnier, nul doute qu'ils auraient fini par le tuer, au moins, grace à lui, Hères avait eut une chance de s'en sortir et de reprendre les territoires du Nouveau-Monde entre ses mains, il n'avait pas fait tout cela pour rien. Et puis Hères n'était pas tout seul, sa famille et surtout Virginia étaient à ses cotés en cet instant.
Et enfin il y avait Ernie. Il n'osait même pas imaginer dans quel état il devait actuellement se trouver, à nouveau seul à se ronger les sangs. Il espérait qu'il n'allait pas faire une nouvelle folie, son oncle lui avait prouvé à plus d'une reprise qu'il était capable de braver tous les dangers pour lui. Affronter un dragon en colère, pénétrer dans le No Man's Land... il avait faillit perdre la vie par sa faute à cause de son inconscience et il espérait de tout coeur qu'il n'allait pas faire quelque chose de stupide aujourd'hui.

Il lui arrivait de penser à Saevus Yaxley également, qui était ici lui aussi, quelque part, pas très loin de lui. Après avoir eut un aperçut de ce que les Inquisiteurs étaient capables de faire, il n'osait même pas imaginer le traitement qu'ils étaient en train de lui faire endurer. Etait-il seulement toujours vivant ? Que lui voulaient-ils ? Personne n'avait répondu à ses questions le concernant. Pourquoi ? Rester dans l'ignorance, il n'y avait décidément rien de pire.

Au fil des jours, Zachary sentait ses forces lui revenir. Ses blessures se résorbaient quand à son bras, il pouvait enfin bouger la main sans grimacer. Malgré des méthodes qu'il avait jugé archaïques et barbare, le Dr Drewel avait fait du bon travail et lui avait probablement sauvé son bras, si ce n'était plus. Restait sa magie... Elle était son essence même, une part vitale de son être, pourtant, il ne parvenait plus à en faire usage. Toutefois, il pouvait encore la sentir en lui, elle était toujours là, tapis au fond de lui, elle n'avait pas disparu. Alors qu'il n'état encore un gamin et qu'il s'était inquiété des particules anti-magie des Inquisiteurs, Victor Heel lui avait un jour dit que les sorciers naissaient et mourraient avec leur magie, nul ne pouvait les en priver. Sa magie n'avait pas disparu, elle était juste temporairement endormit par les rayonnements émis par ce maudit Bastion. Chaque jour, il essayait de faire usage de la magie et chaque fois, il essuyait un échec, mais il n'abandonnait pas pour autant, tout comme il n'abandonnait pas l'idée de finir par s'échapper un jour d'ici et de retrouver les siens, même s'il ne savait pas encore comment il allait s'y prendre.

En plus de ses forces, sa confiance en lui était revenu, et bien qu'il en ignorait la raison puisque son père semblait se désintéresser totalement de lui, il avait également compris qu'il était sous la protection de Septimus. Ses soupçons commencèrent lorsqu'on avait voulu l'interroger sur les Chimères. Ces créatures avaient beaux être dangereuses, il n'osait imaginer ce que ces hommes pourraient faire des informations qu'ils pourraient obtenir. Après les sorciers, la prochaine étape était-il les créatures magiques ? S'il parlait, s'il leur donnait la moindre information, n'était-ce pas tout le monde magique qui risquait de se retrouver en péril ? Aussi avait-il choisi de garder le silence tout en se préparant mentalement au pire, si tant est que l'on pouvait se préparer à endurer la douleur, pourtant, à sa plus grande surprise aucun mal ne lui fut fait et on ne l'interrogea plus. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que, bien que toujours prisonnier, il était désormais sous la protection de Septimus. Comme pour s'en assurer, Zachary avait testé ses geoliers, encore et encore, et pourtant bien qu'ils en mourraient d'envie, il pouvait le lire dans leurs regards, aucun ne leva la main sur lui. Alors,... son père se souciait donc bien de lui ? Dans ce cas pourquoi ne venait-il pas lui-même ?! Il ne voulait pas venir ? Alors il allait l'y contraindre, s'il se souciait un tant soi peu de lui, il finirait par venir. Zachary mit tout son art à se montrer particulièrement casse-pieds (pour rester poli) envers ses geoliers, mettant leur patience à rude épreuve, mais comme il l'avait comprit aucun d'entre eux n'étaient autorisé à lui faire le moindre mal. Comme cela ne semblait visiblement pas décider Septimus à se déplacer il refusa d'avaler quoique ce soit tant que son père ne serait pas venu le voir. Cela faisait 3 jours à présent qu'il n'avait rien avalé et que son estomac criait famine, mais Zach était bien plus borné qu'une mule et il refuserait de se nourrir tant que Septimus ne serait pas venu le voir. S'il s'inquiétait vraiment pour lui, s'il ne voulait vraiment pas le voir mourir, alors il viendrait,... n'est-ce pas ?

Assis sur son lit, dos au mur, une jambe replié vers lui-même, il fut tiré de ses pensées par des bruits de pas qui s'arrêtèrent devant sa porte. Intrigué, il tourna son regard vers cette dernière. Ce n'était pourtant pas l'heure du repas, avait-il rêvé ? Le cliquetis de la serrure et la porte qui s'ouvre lui fit réaliser que non. Sa bouche et ses yeux s'ouvrirent de surprise lorsqu'il reconnu la personne qui se tenait devant lui à l'entrée. Alors qu'il ne l'attendait plus vraiment, son père, Septimus Hopkins daignait enfin lui faire l'honneur de sa visite et se tenait là devant lui. Malgré toutes les questions qui tourbillonnaient dans son esprit et l'angoisse qui lui nouait les entrailles, le jeune homme avait décidé de garder le silence. Faisant mine de l'ignorer, il tourna son visage contre le mur sur lequel il avait pris appui et attendit que Septimus prenne la parole.

Bloody Storm

   Zachary avait d'abord fait preuve de patience en espérant voir son père venir de lui-même dans cette prison. Mais plus le temps passait, plus il comprenait qu'il espérait une chose qui ne se produirait jamais. Une foule de question l'avait alors assaillit, il essayait d'en trouver les réponses mais aucune ne le satisfaisait réellement. Puis la colère à l'égard de cet homme avait fait son chemin. Pourquoi lui avoir révélé qu'il était son père s'il se fichait complétement de son sort ? A quoi devait-il s'attendre de sa part ? A dire vrai, le second de l'inquisition ne lui avait donné aucune de raison de croire en lui. Il s'était servit de sa mère pour atteindre ses objectifs sans la moindre état d'âme, il le lui avait d'ailleurs avoué sans détour. Ils appartenaient tous deux à des camps opposés, lui était un Inquisiteur froid et implacable qui n'avait aucune valeur pour la vie humaine, alors que lui ne désirait qu'une chose : vivre en paix quitte à se battre pour que le rêve deviennent enfin une réalité. Pourtant, derrière ce portrait peu flatteur et détestable il devait reconnaître que Septimus lui avait paru gêné de lui révéler la manière dont il s'était honteusement servi de sa mère. Avait-il éprouvé une once de remords ? Même si c'était le cas, il s'en fichait parce qu'il n'était pas prêt de lui pardonner sa trahison. Septimus avait bien faillit l'exécuter froidement en le poignardant pourtant il avait retenu son geste à la dernière seconde non pas en se rappelant qu'il lui avait sauvé la vie il y avait deux ans de cela mais parce qu'ils partageaient exactement la même tâche de naissance. L'homme impassible qu'il avait toujours connu avait perdu ses moyens  et semblait tout aussi bouleversé que lui de découvrir qu'il avait un fils, sorcier de surcroit. Probablement son pire cauchemar. Il l'avait fait soigner et depuis, on ne l'avait plus touché ni fait le moindre mal. Zachary s'en était rendu compte lorsqu'on était venu l'interroger sur les chimères et qu'il avait refusé de répondre. Il s'attendait à ce que les Inquisiteurs venus l'interroger emploient la manière forte avec lui, mais ce ne fut pas le cas, à son grand soulagement, il ne s'était rien passé. Il avait alors commencé à se demander si Septimus ne se trouvait pas derrière tout ça. Pour en avoir le coeur net, il s'était mis à tester ses geôliers, à les provoquer en les poussant à bout, pourtant, bien qu'ils en mourraient d'envie, aucun d'eux ne lui fit le moindre mal. Cela ne fit que confirmer ce qu'il en avait déduit, Septimus à qui l'on ne désobéissait pas, veillait sur lui, de loin, à sa manière. Est-ce que cela signifiait qu'il se souciait un tant soi peu de lui ? Mais dans ce cas, pourquoi ne venait-il pas le voir ? Plus il y réfléchissait, et moins il comprenait. Cela n'avait aucun sens...

Comme Septimus avait de toute évidence décidé de ne pas venir le voir et Zachary désirait sincèrement avoir une chance de s'entretenir avec lui, car nul ne savait s'ils en aurait à nouveau l'occasion, il avait choisi de l'y contraindre. Le jeune sorcier avait fait des pieds et des mains pour l'obliger à réagir, en provoquant les gardes et en les poussant dans leur dernier retranchement, mais cette tactique n'eut pas l'effet escompté. Alors il avait opté pour une autre option, en choisissant de cesser de se nourrir. Etait-ce la meilleure solution ? Peut-être pas, mais limité dans ses actions comme il l'était en se retrouvant ainsi enfermé et isolé, il n'en voyait pas d'autres en tout cas. Cela dura trois jours. Trois jours qu'il n'avait rien avalé et que Septimus ne daignait toujours pas se déplacer. Alors qu'il commençait à ne plus croire en sa venue, son père avait fini par apparaître et entrer dans sa cellule.
C'était le but de tous ces derniers agissements, et ce qu'il avait espéré, faute de mieux car il n'était pas assez naif pour penser que l'on exaucerait son véritable souhait, et qu'on le laisse rentrer chez pour y retrouver Livie. Pourtant, et bien que c'était le but de toutes ses manoeuvres, il n'en retira aucune joie, il était même plutôt amer de constater qu'il avait du forcer la main à son père pour qu'il daigne se déplacer, c'est pourquoi il avait choisi de l'ignorer, et de garder le silence ce qui ne tarda pas à faire réagir le second de l'inquisition. Plus que le silence, il sembla que ce soit le fait qu'il l'ignorait qui agaçait le plus son père lorsque sa voix se mit à retentir dans la petite pièce exiguë.

Immobile, sans esquisser le moindre geste, Zachary avait glisser son regard sur lui alors qu'il prenait la parole. Ses sourcils se froncèrent à l'évocation d'un certain Bobby Sands dont il n'avait jamais entendu parler, mais il n'était pas difficile de comprendre que cet homme avait probablement fait parler de lui en faisant la grève de la faim. Est-ce que cet homme était parvenu à obtenir ce qu'il désirait en agissant de la sorte ? Il l'ignorait et à la rigueur, il s'en fichait presque. Il se moquait de savoir qui était cet homme, ou même ce qu'il voulait, la cause qu'il défendait, en cet instant présent ce n'était pas lui qui l'intéressait. Ses épais sourcils se froncèrent davantage lorsqu'il vit Septimus croiser les bras devant lui en signe de défense avant de le réprimander. Il avait l'impression d'être retombé en enfance, d'être un enfant qui se retrouvait face à un père venu le disputer parce qu'il venait de le déranger dans son travail à cause d'un caprice. Son regard s'était durcit, et il retira la main contre laquelle il avait appuyé son visage pour se tourner vers son père et le regarder bien droit dans les yeux.

- Alors c'est ce que je suis pour toi ? Une perte de temps ? Un problème ?

Il n'avait pas élevé la voix, il n'y avait même aucune agressivité dans le son de sa voix, mais son regard trahissait le fond de ses pensées et de ses tourments. Qui était-il ? Qui était ce père qu'il mourrait d'envie de rencontrer dès qu'il eut découvert que l'homme qu'il avait toujours considéré comme tel n'était pas son véritable père. Qui était cet homme dont sa véritable mère s'était éprise ? Lui ressemblait-il ? Pourquoi avait-elle fuit New-Phoenix ? Il pensait que cet homme pourrait répondre à toutes ses questions et il l'avait fait, en partie. Cet homme était un inquisiteur et lui un sorcier, il n'était pas surprenant que sa mère ait tout fait pour qu'on ne découvre jamais l'identité de son véritable père. Etaient-ils donc voués à se détester, à se haïr et à se combattre ?

- J'aurais préféré que tu viennes me voir sans que j'ai à t'y contraindre. Je n'arrive pas à savoir si tu me détestes parce que j'ai ruiné vos plans concernant l'enlèvement de Hères Yaxley, ou si tu me détestes parce que je suis ton fils et que je suis un sorcier

Il s'asseya correctement sur son lit pour lui faire face, les deux pieds bien encrés sur le sol.

- Pourquoi m'avoir dit la vérité, si tu me détestes tant que ça ? Pourquoi m'avoir dit que tu étais mon père ? Après tout, je ne l'aurais jamais découvert. Tu n'étais pas obligé de le faire, comme tu n'étais pas obligé de me parler de ta mission, alors pourquoi l'avoir fait ? Qu'attends-tu de moi ?

Comptait-il l'ignorer jusqu'à la fin des temps ? Que comptait-il faire de lui ? Que voulait-il ? Qu'il le déteste ? Qui était-il vraiment ?

Bloody Storm

  Que représentait-il pour son père ? Un problème ? Une perte de temps ? C'était la première question qu'il lui avait posé lorsque ce dernier, face à son silence obstiné, l'avait invité à lui dire ce qu'il voulait avant qu’il ne se décide à repartir. Zachary s'était repassé plusieurs fois ce moment dans sa tête. Cet instant où il se retrouverait face à face avec son père, et autant dire que rien ne se passait comme il l'avait imaginé. Etait-ce pire ou mieux ? Ni l'un ni l'autre. La scène qu’il s’imaginait variait tous les jours, en fonction de son humeur et de ses attentes, mais il savait qu'il aurait eu beau tourner le film de ce moment des centaines de fois, la réalité elle, serait en tout point irrémédiablement différente. Il ne s'agissait pas ici de lire une simple partition de musique dans laquelle chaque note devait être jouée au bon moment pour former un ensemble cohérent et harmonieux. Il ne s'agissait pas non plus d'une pièce de théâtre dans laquelle chacun des protagonistes n'avaient plus qu'à réciter son dialogue pour aboutir à un final magistrale. Rien n'était écrit à l'avance, il n'y avait ni filet, ni répétition générale, seul prédominait la sincérité de l'instant.

Après qu'il eut répondu à sa question par une autre question qui n’attendait aucune réponse, Zachary jeta à son père un regard qui se passait de tout commentaire. Il doutait fort que ce dernier soit le genre d’homme à arrondir les angles. Il avait pu constater et faire l'expérience par lui-même, que lorsqu’il avait quelque chose à dire Septimus Hopkins ne s'embarrassait pas de scrupules inutiles, il le disait franchement et sans détour sans se soucier de savoir si la pilule était amère ou non. De toute manière, Zachary ne se faisait aucune illusion quand à ce que son père pouvait bien penser de lui, aussi se sentait-il capable d’encaisser n’importe quelle vérité, après tout, ça ne pourrait jamais être pire que ce qu'il s'était mis en tête. De toute manière, Zach avait toujours préféré qu'on lui dise la vérité crue à un mensonge, même si cette vérité était blessante. C’était parfois dur à encaisser, comme lorsque Ben lui avait dit ce qu’il pensait sincèrement de lui à l’anniversaire de Tamara, mais au moins maintenant les choses étaient clairs et il ne se bercerait plus de la moindre illusion le concernant. Septimus ne pourrait jamais faire pire que son frère. Il était peut-être son père, mais ils ne se connaissaient pas, de ce fait, Zachary n’avait aucune attente le concernant, alors que son frère c’était différent. Il avait grandi à ses côtés, sa trahison était beaucoup plus difficile à supporter. Toutefois, étonnement la réponse que lui formula Septimus était loin d'être celle qu'il s'était imaginé. Il s'attendait à un rejet sans appel de sa part, pourtant c’était loin d’être le cas. Zachary était même le premier à reconnaitre qu'il ne pouvait pas lui donner tort, vu la manière dont il s'était comporté avec les soldats chargés de le surveiller ces derniers jours. Il n’avait cependant aucun scrupule à avoir agi comme il l’avait fait, après tout, c’était eux qui le gardaient ici contre sa volonté mais surtout, ses agissements avaient fini par porter ses fruits. Septimus avait fini par venir et Zachary avait compris qu’il était placé sous sa protection. De plus, provoquer des Inquisiteurs et semer la pagaille sans craindre le moindre retour de bâton avait été assez gratifiant, même s’il avait bien conscience qu’à présent qu’il avait obtenu ce qu’il désirait, il allait devoir se tenir à carreau. Les provoquer inutilement en se croyant invulnérable pourrait finir par se retourner contre lui, qu’il soit ou non sous la protection de son père.
Septimus aurait eu toutes les raisons d’être en colère, il n'y avait cependant, à sa grande surprise, aucun rejet, ni même de mépris dans son attitude. Pourtant, il le détestait non ? Septimus semblait surprit lui aussi qu'il ait pu penser cela. Il le prit même au dépourvu lorsqu'il lui demanda d'où lui venait cette idée. Avait-il vraiment besoin de poser la question ? Cela lui paraissait pourtant évident, mais visiblement Septimus ne partageait pas son point de vue

- Et bien pour commencer je suis un sorcier et toi un inquisiteur, ce qui ne favorise pas franchement nos rapports. Nos rencontres ne se sont jamais bien passés et pour finir, je suis enfermé ici depuis des semaines, sans savoir ce qui m’attend. Le fait que tu ne te sois pas déplacé pour venir me voir, m’ont naturellement fait déduire que tu te désintéressais totalement de mon sort et que tu me détestais

Mais il avait tort. Son père reconnu sans aucune difficulté qu'il avait été furieux contre lui en découvrant qu'il avait permis à Hères de s'échapper. Le nier aurait de toute manière été inutile, on lisait en Septimus comme dans un livre ouvert, comme lui. Ses émotions se peignaient clairement sur son visage, et il ne doutait pas un seul instant qu'il l'aurait tué s'il n'avait pas aperçu sa tâche de naissance. C'était à cette tâche qu’il devait encore la vie, c’était elle qui avait retenu son geste, il s'en était fallu de peu. C'était la seconde fois de son existence qu'il frôlait la mort d'aussi prêt. La première fois, c'était il y a 6 ans, alors qu’il était tombé sous les griffes du wendigo et la seconde, lorsque Septimus avait compris qu'il s'était joué de lui. Pourtant ni l’un ni l’autre ne l'avaient tué, il était toujours là.
La fureur de Septimus était passée à présent. Mieux encore, il lui avouait avec sincérité, qu'il ne le détestait pas. Zachary avait bien du mal à dissimuler sa surprise, car il ne s'attendait vraiment pas à un tel aveu de sa part. Il se sentait pris à dépourvu, et pour la première fois depuis longtemps ne savait pas comment réagir, ni même quoi dire. Y avait-il seulement quelque chose à dire ? Les deux hommes se fixèrent durant un instant, et Septimus érigea à nouveau ce barrage entre eux, en lui affirmant qu'il n'attendait rien de sa part comme s'il craignait de s'impliquer émotionnellement.

- Et bien, nous avons au moins ça en commun, lâcha-t-il lorsque Septimus lui avoua avoir toujours agit avec un minimum de franchise

Prenant appui contre le mur qui se trouvait face à lui Septimus se mit à farfouiller dans la poche de son uniforme. Intrigué, Zach l'observa faire en silence tout en se demandant ce qu'il pouvait bien chercher. La réponse ne se fit pas attendre lorsqu’il le vit en extraire un paquet de cigarette pratiquement vide. Il glissa une cigarette entre ses lèvres et au moment où il s'apprêtait à ranger son bien il se ravisa et tendit son bras dans sa direction. Surprit, Zachary leva son regard sur lui alors que son père lui expliquait que c'était une mauvaise habitude mais que cela avait l'avantage de lui calmer les nerfs. Avait-il en cet instant besoin de calmer ses nerfs ? Lui en tout cas n’en n’éprouvait pas le besoin, mais jugea préférable de ne pas relever. Zachary observa le paquet tendu devant lui et alors qu’il s'apprêtait à refuser sa proposition, se ravisa. Il plongea sa main dans le paquet de cigarette et en retira une. Pour quelle raison avait-il fait ça, lui qui n'était pourtant pas fumeur ? Il l’ignorait lui-même, probablement parce que c’était surement la première et dernière fois que son père lui offrait quelque chose et qu’il ne désirait pas refuser l'occasion de partager ce moment avec lui.
Son père adoptif ne fumait pas, mais Joey lui, fumait beaucoup, sans oublier certains de ses amis, et Ben, il était habitué aux odeurs de tabac. Lui-même s’y était essayé à 15 ans, pour faire comme tout le monde, mais le résultat n'avait pas été probant, il avait détesté ça et n'y avait plus jamais retouché.

Dès la première bouffée, Zachary se souvint pourquoi il n’avait jamais récidiver dans cette addiction, ne pouvant s’empêcher de tousser en grimaçant face à cette sensation désagréable qui emplissait ses poumons et lui piquait la gorge. Quel plaisir fumer pouvait-il procurer ? Pour sa part, il n'en voyait aucun, néanmoins, bien que toujours désagréable, il devait reconnaitre que la deuxième bouffée passait déjà mieux. Il posa son regard sur son père tandis que ce dernier évoquait Charlotte, sa première épouse, ainsi que les projets d'avenir qu'ils avaient. Des projets qu'ils n'eurent jamais l'occasion de concrétiser car la vie semblait lui avoir arraché cette femme qu'il avait aimé, beaucoup trop tôt. C’était la première fois que Septimus laissait exprimer un autre sentiment que la colère en sa présence. Zachary parvenait à déceler une certaine douleur dans son regard, qui lui faisait de la peine. Encore aujourd'hui, Septimus souffrait de l'absence de cette femme. Que lui était-il arrivé ? Avait-elle été la victime d'un accident ? Quoi que ce fut, il lui paraissait évident que le responsable de sa mort était un sorcier. Etait-ce une raison suffisante pour s’engager auprès des Inquisiteurs ? En toute logique non, mais lui-même ne saurait pas comment il réagirait si on faisait du mal à Livie. Il voudrait se venger ça c’était certain, mais de là à mettre dans le même sac toute une catégorie de personne, il en doutait fortement. Bien qu’il mourrait d’envie de lui poser des questions, il s'abstint, préférant rester silencieux et respectueux, plutôt que curieux et indiscret. C’est ainsi que Septimus enchaina en lui parlant de sa foi envers Dieu. S’il ne s’était pas douté le moins du monde que son père ait pu un jour être marié, jamais Zachary n'aurait pas davantage soupçonné que cet homme redoutable auquel il avait été confronté à deux reprises était un homme aussi pieu. Cela lui paraissait complétement paradoxale qu’un homme comme lui soit autant attaché à la religion. Dès qu’il pensait le cerner, il découvrait un nouvel aspect de sa personnalité qui le détrompait totalement. Zachary avait toujours cru que son père n'attachait aucun respect à la vie humaine, aujourd'hui, et bien qu'il ne cautionnait pas ses actes, il commençait à comprendre que les choses n’étaient pas aussi évidente qu’elles en avaient l’air.

- Je ne sais pas si je suis croyant ou non, répondit-il finalement en regardant la fumée qu’il venait de recracher s’estomper devant lui. Je crois en un Créateur, mais de là à l’appeler Dieu… Il m’arrive aussi de prier, mais uniquement lorsque je me retrouve dans une situation désespérée comme beaucoup de monde je pense, ou que je pleure un être cher, mais je ne vais jamais à l’église. Lorsque comme toi, j’ai besoin de m’isoler et que je souhaite être tranquille avec mes pensées je vais faire de longues balades en forêt.

La forêt, c'était son domaine, c’était là qu’il se sentait le mieux. Parcourir ces vastes étendues de terre, empli de verdure, avait le don de l’apaiser, de canaliser toutes ses angoisses, mais là encore, il ne s’y rendait pas pour prier.

- Je suppose que la foi est une question d’éducation

Sa famille n’était pas particulièrement croyante. Comme l’avait dit Septimus lui-même, les sorciers ne comptaient pas parmi les plus fervents pratiquants contrairement aux moldus, dont Zach pensait Septimus issu. Aussi quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que Septimus était en réalité originaire d’une famille de sorcier. Son visage s’était décomposé à cette nouvelle. Il n’était pas très au fait concernant la vie privé des politiques et à vrai dire ça ne l'intéressait pas de connaître les origines de tel ou tel politicien ou de savoir qui ils fréquentaient. Lui ce qui l'intéressait c'était les idées que ces hommes et ces femmes partageaient, où ce qu’ils faisaient pour améliorer leur quotidien. Tout ce qu'il savait de lui se limitait à l’essentiel, à savoir qu'il était le second de l’Inquisition, qu'il se trouvait juste derrière la Grande Inquisitrice dans la hiérarchie des Inquisiteurs, que c'était un homme important et sans pitié. Mais il l’avait toujours pensé moldu et non sorcier. Alors que ses yeux s'agrandirent de stupeur, sa bouche s’ouvrit en un O silencieux lorsqu’il découvrit que Septimus était le fils ainé de Charles Hopkins, ce qui induisait par conséquent qu’il était également le frère ainé de Régina Hopkins Andropova, l’amie de son oncle. Ainsi, Charles Hopkins qui avait défrayé la chronique avec ses récentes fiançailles avec sa petite-fille Ilaria Andropova… sa cousine…, était son grand-père ? Même lui, qui ne s’intéressait pourtant pas le moins du monde du monde à la vie privée d’Hopkins avait entendu parler de ces fiançailles qui étaient loin de faire l’unanimité. Lui-même n’avait pu s’empêcher de grimacer en regardant non seulement leur différence d’âge mais aussi et surtout leur filiation. Ce même Charles Hopkins qui avait été lâchement assassiné dans une chambre d’hôtel à Washington mais que peu semblait pleurer. Ils portaient le même nom cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille pourtant jamais il n’aurait imaginé que le second de l'inquisition puisse être d'origine sorcière. Mais dans ce cas... il ne comprenait pas. Que faisait un sorcier parmi les Inquisiteurs ?!! Se battre contre les siens, c'était renier ce qu'il était... La réponse à sa question ne se fit pas attendre, l’homme n'était pas réellement un sorcier, il était un cracmol. Ni tout à fait sorcier, ni tout à fait moldu, ils étaient très souvent hait par les sorciers, et les enfants étaient probablement les plus cruels. Cracmol. Ce seul mot suffisait à Zachary pour imaginer toutes les brimades dont son père avait dû être la victime tout au long de son existence. Rejeté par les siens, chassé par son propre père, il n'osait imaginer ce qu'avait dû être sa vie au sein d'une des 7 familles fondatrices. Etait-il pour autant plus accepté ici, avec les Inquisiteurs ? Cela lui paraissait surprenant.

Un frisson le parcouru lorsque Septimus le fixa droit dans les yeux en lui annonçant que les Hopkins étaient des assassins et des tortionnaires de père en fils. Des prédateurs selon ses propres termes. Une réalité effrayante, mais une affirmation qu'il ne pouvait ni ne voulait accepter. Et puis, il se trompait, Régina en était la preuve. Même s’il ne l’avait jamais rencontré elle était la preuve vivante que tous les Hopkins n’étaient pas ainsi, sans quoi, jamais son oncle n’aurait pu la compter parmi ses amies

- Non. Répondit-il avec le maximum d’assurance dont il pouvait faire preuve. Je ne suis pas comme ça.

Son père lui avait appris canaliser ses colères, si bien qu’il s’énervait rarement mais jamais encore il n’avait délibérément fait de mal à qui que ce soit même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait, alors tuer quelqu’un était un acte qu’il ne pouvait même pas concevoir

- Tu vas peut-être me trouver naïf ou idéaliste mais je n'agirais jamais ainsi, sous prétexte que c'est ce qu'ont toujours fait les Hopkins. lui répondit-il calmement sans élever la voix. Je ne compte pas oublier tout ce que m'a appris Victor Heel. Je suis moi, et certainement pas le reflet ou la pâle copie de ce qu'on put être mes ancêtres. Je ne pense pas que ce soit une question de sang mais une affaire de volonté, et de la personne que l’on désire être.

Aurait-il tenu ce même discours s’il avait grandi comme un Hopkins ? Quel genre d'homme aurait-il été ? Comment Septimus aurait-il réagit si Sam ne s’était pas enfui et lui avait dit la vérité ? Aurait-elle pu accoucher dans un hôpital entouré des meilleurs soins médicaux ? Aurait-elle survécu ? Tout ceci resterait à jamais des questions sans réponses. Il ne le saurait jamais et à vrai dire ça ne l'intéressait pas, sa vie lui convenait telle qu'elle était. Il avait eu la chance d’avoir été élevé par un couple exceptionnel qui lui avait inculqué de nombreuses valeurs et qui l’avaient modelé à leur image avec beaucoup d’amour. Une chance que son propre père n'avait pas connu de toute évidence.

- J’ai croisé Charles Hopkins, une fois. C’était lors de la nomination de mon frère en tant qu’ambassadeur à New-Phoenix. On avait tous été cordialement invité, autant dire que refuser d'être présent était exclu. Je crois qu’il ne m’a même pas adressé une seule fois la parole si ce n’était pour nous saluer et nous souhaiter une bonne soirée à notre arrivée. Ben était très proche de lui, il l’admirait beaucoup, moi, il me faisait froid dans le dos. Après je n'étais pas forcément très objectif, j'ai toujours eut l'esprit de contradiction, j'avais généralement des aprioris négatifs sur les personnes que mon frère fréquentait et appréciait, davantage encore lorsqu’ils appartenaient à la sphère politique des Mages Fondateurs. Je ne savais pas qui il était, je ne savais pas qu’il s’agissait de mon grand-père, lui non plus du reste... enfin je pense

Et si Ben en aurait surement éprouvé une immense fierté, ce n’était pas son cas. Quelle ironie du sort. Lui avait été bien plus proche du père de Ben que Benjamin lui-même et son frère avait connu son grand-père qu'il tenait en grande estime, alors que lui non. En fin de compte, le véritable Hopkins c'était Ben, pas lui. Ernie lui avait dit que sa mère était une femme qui aimait les hommes de pouvoir et Seavus Yaxley que la famille de son père devait appartenir à une ancienne famille de sorcier,... ils n'imaginaient pas à quel point ils avaient raison. Que penseraient-ils de tout ça s’ils venaient à le découvrir ? Il n’était pas certain d’avoir envie de le savoir. En découvrant l’identité de son père, Zachary avait cru que sa mère s'était cachée de Septimus parce qu'il était un Inquisiteurs et que craignant pour la vie de son enfant, elle ne voulait surtout pas qu’il découvre la vérité, mais à présent, il en doutait fortement. Septimus n'était pas celui qu'elle redoutait, il s'avançait peut-être mais il ne le pensait pas capable de leur faire le moindre mal, sans quoi, il l'aurait déjà fait depuis longtemps. Ben lui avait dit que sa mère fuyait la famille du père de son enfant, pas le père de son enfant. Etait-ce de lui que sa mère avait si peur ? Etait-ce de Charles Hopkins ? Que serait-il arrivé s’il avait eu connaissance de son existence ?

- C’est pour ça que tu as rejoints les Inquisiteurs ? Parce que tu es un cracmol et que tu en veux au monde des sorciers ? Cela lui paraissait en tout cas beaucoup plus logique que l’hypothèse de l’accident dans lequel avait péri sa première épouse.

Songer à Charlotte lui fit se rappeler qu'il ignorait toujours comment la première épouse de son père était décédée. Craignant de remuer le couteau dans la plaie, Zachary plongea son regard désolé sur son père et se décida à lui poser la question.

- Tu ne m'as pas dit comment est morte ta première épouse... que lui est-il arrivé ?

Bloody Storm

  La mâchoire contracté par la contrariété, Zachary ne rétorqua cependant rien, préférant garder le silence mais son regard parlait pour lui. Septimus se trompait. Même s'ils partageaient le même sang, les mêmes gênes, même s'il était un Hopkins, il n'était ni comme son père, ni comme son grand-père. Il avait probablement hérité de certains traits de leurs caractères, au même titre que ceux de sa mère, mais ça ne faisait pas tout. Victor Heel l'avait élevé et lui avait inculqué des valeurs qu'il ne renierait jamais. Il ne pouvait pas concevoir d'agir de la sorte sous prétexte qu'il était un Hopkins. Etait-ce là l'excuse que s'était trouvée son père pour justifier ses actes ? Je suis ainsi parce que le sang des Hopkins coule dans mes veines ? Pour sa part c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas accepter et qu'il rejetait en bloc.

La question qu'il lui avait posé sur les raisons qui avaient poussés Septimus à rejoindre les Inquisiteurs sembla l'amuser, comme si Zach n'était qu'un gamin qui se questionnait innocemment sur le monde qui l'entourait. Une attitude qui le renfrogna et qui lui donna la sensation d'être encore plus bête qu'il ne l'était déjà. Les choses n'étaient jamais simples, jamais aussi évidentes, il aurait du le savoir et réfléchir avant de poser cette question.
Une fois encore, Zach préféra garder le silence, écoutant religieusement son père se défendre d’être un fanatique sans le quitter du regard. Le second de l'Inquisition se défendait d'agir de la sorte pourtant il se comportait comme tel. De ce qu'il avait pu en voir, Septimus n'avait aucune limite quand il s'agissait de défendre ou d'agir pour la cause à laquelle il s'était entièrement dévoué, et lorsqu'il lui révéla que le destin lui avait confié une mission, un frisson imperceptible lui parcouru l'échine du dos. Zachary n'était pas d'accord avec sa façon de penser mais pour l'heure, il ne tenait pas à le braquer ou à s'opposer ouvertement à lui, tout ce qu'il souhaitait pour le moment, c'était en apprendre un peu plus sur cet homme, et les personnes qu'il avait aimé, comme sa première épouse...

Lorsque Zach lui avait demandé comment cette dernière était morte, l'homme resta un instant silencieux, la tête baissé en direction du sol, perdu dans une espèce de recueillement douloureux que Zach respecta sans le quitter du regard. La souffrance de Septimus était palpable, les années avaient beaux être passés, la douleur elle, était toujours bien présente. En le voyant écraser son mégot contre le mur de sa cellule, Zachary releva la tête avec anxiété. Son père n'allait pas lui répondre, il était évident que ce sujet était encore bien trop douloureux pour lui, mais ce qui l'inquiétait bien plus, c'était de le voir mettre un terme à cet entretien alors qu'il avait encore plein de choses à lui dire. Alors qu'il s'apprêtait à se lever de son lit et à lui demander de ne pas partir, Septimus le coupa dans son élan en lui révélant que sa première épouse avait été assassiné. La douleur et l'horreur d'une telle déclaration se peignit presque aussitôt sur le visage de Zach alors que Septimus lui révélait dans les grandes lignes tout ce dont sa femme avait été la victime.

- Je suis désolé, fut tout ce que Zachary, qui ne s’était pas attendu à un tel aveu, se sentit capable de murmurer.

Que dire de plus ? Dans ce genre de situation les mots étaient inutiles. Il ne connaissait pas cette femme mais personne ne méritait de connaître une telle fin. Ses sourcils se froncèrent alors lorsque Septimus accusa ouvertement les Mages Fondateurs d'avoir protégé son assassin de la justice

- Mais... je croyais que tu parlais de ce tueur en série dont l'arrestation avait engendré les 5 sanglantes...

Cela c'était produit durant l'été 2004, à l'époque Zachary n'était même pas né mais comme tout le monde il en avait bien sur entendu parler de cette macabre histoire, notamment à cause de ces 5 sanglantes qu'il avait étudié en « Histoire de la magie ». Outre l'aspect scolaire de ce triste événement qui avait contribué à scellé un peu plus le schisme entre sorciers et moldus, il était des criminels dont le récit parcourait les siècles sans prendre une seule ride. Leur simple évocation suscitait bien des passions notamment lorsque l'affaire n'était pas résolut, comme ce fut le cas pour Jack l'éventreur, ou Lee Harvey Oswald.
Dans leur cas la situation était légèrement différente car le criminel en question était un sorcier qui avait été accusé d'avoir assassinée 28 jeunes femmes, toutes d'origines moldues. Leurs cadavres avaient été retrouvé dans une cave en Louisiane qui contenait également plusieurs objets utilisés pour des rites sataniques. Un suspect avait été arrêté le jour même, mais il avait été clairement reconnu coupable ou alors serait-ce qu'il s'agissait d'une autre histoire...

- Pourquoi penses-tu que les Mages Fondateurs l'ont protégé et le couvre encore ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Zachary voulait savoir, il voulait comprendre d'où lui venait cette conviction et si Septimus avait raison, alors il devait tout mettre en oeuvre pour faire rouvrir l'enquête, au vu de sa position actuelle cela ne devrait pas être impossible. Au lieu de lui répondre, Septimus garda le silence un long moment sans le quitter du regard. A quoi pensait-il en l'observant ainsi ? Le jugeait-il responsable lui aussi, au même titre que les autres sorciers ? La réponse à sa question silencieuse ne se fit pas attendre longtemps...

Zach soutint silencieusement le regard de son père. Il avait raison, il s’était montré méprisant à l’égard de la médecine moldu. A sa décharge, il se trouvait en territoire ennemi, entouré de personnes qui lui avait ouvertement affiché leur mépris. Il venait de se faire torturer et se retrouvait dépendant de leur bon vouloir. Ils auraient pu faire de lui absolument tout ce qu’ils voulaient, il aurait été incapable de leur opposer la moindre résistance. De plus, il n’était pas habitué à la médecine des moldus, il n'y avait jamais été confronté jusqu'alors, et leur façon de faire lui paraissait complétement obsolète, il avait donc toutes les raisons de se montrer méfiant. Un moldu soigné par un médicomage ne devait pas etre beaucoup plus rassuré qu’il ne l’avait été. Néanmoins, cela n'excusait pas le fait qu'il se soit montré dédaigneux, il avait eut tort d'agir ainsi. Meme s’il aurait préféré être soigné de manière magique, et malgré son antipathie évidente à son égard, cette doctoresse avait fait de l’excellent travail

- Tu as raison, je suis prétentieux, mais pas seulement. Je suis aussi arrogant, coléreux, désordonné, égoïste et impatient. J’ai un tas de défauts mais ce ne sont pas des tares propre aux sorciers. Des moldus sont tout aussi prétentieux que je peux l’être, et à l’inverse contrairement à ce que tu prétends, je connais des sorciers qui sont dépourvus de prétention.

Il pensait à Livie bien sur mais également à Ernie et à Aurélia. Tous les trois étaient des sorciers et tous les 3 étaient bien plus humbles qu’il ne le serait jamais.

- Tu prétends que les sorciers veulent réduire les moldus à l’état de subalternes, mais tu fais une grossière erreur, tu généralises, nous ne sommes pas tous comme ça. Et lorsque tu dis qu’on devrait laisser les élus diriger le pays, à qui penses-tu, parce que je doute très fortement que tu fasses référence aux Yaxley en disant ça ?

Repenser à la manière dont les Inquisiteurs avaient investit la Tour Yaxley, à la façon qu'ils avaient eut de manipuler la foule venue écouter le Leader des Partisans du Nouveau-Monde en se servant de leur peine et de leur douleur, aux combats que cela avait provoqué, à l'enlèvement de Saevus et à ce qu'ils avaient prévu de faire endurer à Hères,... le mettait en colère. Il ignorait même si Livie se portait bien.

- Pourquoi vous avez fait ça ? Pourquoi avoir agit comme vous l'avez fait à la Tour Yaxley ? Vous avez provoqué des émeutes, je te rappelle que des gens innocents travaillent dans ces tours, par votre faute des personnes ont été blessé et l'une des vôtres est morte, est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Pourquoi avoir voulu enlever à la fois Saevus et Hères Yaxley ? C'est ça la mission dont tu te sens investit ? Torturer et tuer des sorciers ? Ne put-il s’empêcher de lui demander une lueur d'incompréhension dans le regard. Je suis un profane mais je croyais que Dieu n’était que bonté. N'y a-t-il pas un passage dans la bible qui dit approximativement que si on te gifle tu dois tendre l’autre joue ? Tu  prétends être un fervent croyant mais tes actions ne vont-ils pas à l’encontre de ce en quoi tu crois ? Tu ne réalises pas que vos agissements ne sont pas une solution et qu'ils ne font qu'engendrer davantage la haine ? Tu n'en n'as donc pas assez de tous ces combats, de toutes ces tueries et de tous ces mensonges ? Lui demanda-t-il en passant sa main dans les cheveux

C'était un geste qu'il faisait souvent inconsciemment lorsqu'il était embarrassé ou que quelque chose n'allait pas et le contrariait. Lâchant un soupir il leva à nouveau son regard sur Septimus.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Qu'est-ce que vous avez fait à Saevus ?

En toute franchise, Zachary ne se faisait aucune illusion, il redoutait la réponse que son père allait lui donner, mais rester dans l'ignorance était encore pire. Il ne s'attendait pas à des miracles, Saevus avait probablement du etre torturé, peut-etre même avait-il été exécuté.... Comment pourrait-il à nouveau oser regarder à nouveau Saevus, s'il était toujours en vie, et Hères Yaxley dans les yeux, en sachant que l'homme qui était responsable de tout leur malheur était son propre père ? Plongeant son regard dans le sien, il déglutit avant de lui poser une question qui avait à ses yeux toute son importance

- Qu'est-ce que ça te fait de savoir que ton propre fils est un sorcier ? Qu'il fait parti de ses individus que tu combats avec acharnement depuis tant d'années ?

Bloody Storm

 Zachary ne sut que dire devant cette révélation inattendue. Depuis toujours on leur avait enseigné que cet assassin avait été arrêté et puni pour ses crimes odieux, mais voilà qu'un homme, un Inquisiteur qui plus est, venait affirmer le contraire. Pourtant, à aucun moment, Zachary ne mit sa parole en doute. Il n'était pas Legilimens, ni télépathe et il ne savait toujours pas lorsqu'on lui mentait ou non, pourtant en cet instant, il n'avait aucun doute quand à la véracité des propos tenus par son père. Ses émotions parlaient pour lui et le trahissait totalement. Il y avait beaucoup de colère contenue, un sentiment d’injuste flagrant et de frustration, mais aussi et surtout beaucoup de peine et de douleur. Comment les Mages Fondateurs pouvaient-ils protéger un monstre pareil et pourquoi ? Il n’aimait déjà pas beaucoup leurs idées très sectaire et rétrograde mais cette information supplémentaire ne faisait que confirmer que jamais il ne pourrait partager leurs idéaux.

- Tu devrais faire jour de cette histoire. Tu as un certain poids en politique, tu n’es pas n’importe qui, tu es le second de l'Inquisition et je suis persuadé que même si ce n’était pas le cas à l’époque les choses sont désormais différentes et l'on t’écouterait aujourd'hui. Je suis convaincu que tu as la possibilité de faire bouger les choses. Ces crimes ne doivent pas rester impunis. Tu te le dois à toi-même, à ta femme et toutes ces familles. Et moi, je suis prêt à te soutenir

En cet instant, il n’y avait plus ni sorcier, ni Inquisiteur, juste deux personnes révoltés par la même injustice. Son père voudrait-il de son aide aussi infime soit-elle ? Il n’en n’était pas certain mais il était sincère lorsqu’il disait qu’il le soutiendrait et pour faire jour sur cette histoire il était prêt à se servir de l’influence de son frère sans le moindre scrupule… encore faudrait-il qu’il puisse sortir d’ici. Ce qui ne semblait pas gagner pour le moment. Son père, comme la plupart des Inquisiteurs redoutait la magie, mais contrairement aux autres c'était pour la simple et bonne raison qu’il la connaissait très bien. Il y avait été confronté depuis sa plus tendre enfance, mais à ce qu’il en avait compris pas de manière positive. Lui aussi avait grandi entouré de magie mais contrairement à son père on ne lui en avait montré que les vertus. Les mains posées sur ses hanches, Zach secoua la tête négativement lorsqu’il entendit son père prétendre qu’un sorcier était bien plus dangereux qu’un homme ordinaire.

- Je ne suis pas d’accord avec toi, dit-il simplement sans une once d’agressivité. Ce que Yaxley et Rookwood ont fait est abominable et il est clair que sans la magie ils n’auraient jamais pu être les auteurs d’un tel massacre, mais qui dit qu’ils n’auraient pas pu faire pire même sans magie ? Non, je sais ça te parait stupide dis comme ça, le devança-t-il avant qu’il n’ai le temps de protester, mais écoute moi une seconde. Regardes les massacres abominables qu’on fait Hitler, Staline, Mao,… et ils n’avaient pas besoin de magie pour se montrer inventif en matière de cruauté. L’un n’est pas moins dangereux que l’autre tout est une affaire de personnalité et de croyance. La magie n’est pas négative en soi, il n’y a rien de manichéen en elle. Que l'on soit sorcier, cracmol ou moldu ne devrait pas compter, mais je sais bien que c'est loin d'être le cas dans la réalité. Je ne peux qu'imaginer tout ce que ta condition de cracmol a du te faire endurer, et il faut beaucoup de force de caractère pour l'assumer comme tu le fais. Mais tu vois, cela nous fait un point commun, parce que moi aussi je suis fier de ce que je suis. Moi non plus je n'échangerais ma vie pour rien au monde. La magie ne détermine pas la nature d'un individu, elle n'est qu'une compétence, un outil, mis à sa disposition, mais ce n'est pas elle qui détermine ce que l'on n'est. Seul l'usage que l'on décide d'en avoir peut-être qualifié de bon ou de mauvais, regarde, je t’ai sauvé la vie grâce à elle. Tous les sorciers ne sont pas des monstres et tous les moldus ne sont pas des saints. Tu te fourvoies complétement si tu penses que ce que tu fais va aider les choses à s’arranger. C’est la peur de l’autre qui engendre la haine puis la guerre. Je sais bien qu’on ne peut pas vivre dans un monde idéal mais si on apprenait déjà à s’accepter mutuellement ce serait un énorme pas en avant, et vous, les Inquisiteurs, avez le pouvoir de changer les choses. Pas en terrorisant la moitié de la population sorcière, mais en les acceptant parce que tu ne peux nier que l’on soit sorcier ou non, on reste avant tout des êtres humains. Et tu es bien placé pour savoir que la magie est nécessaire à l’équilibre du monde. Vous avez besoin de nous autant que nous avons besoin de vous.

C’était décidément plus fort que lui. Il n’avait pas souhaité faire venir Septimus pour débattre de leurs idéologies respectives mais il ne pouvait pas s’empêcher de dire ce qu’il pensait, surtout lorsqu’il n’était pas d’accord avec des propos tenus. Il voulait bien reconnaitre qu’être sorcier pouvait susciter des sentiments très différents allant de la crainte à la jalousie de la part de celui qui était dépourvu de magie, il admettait aussi qu’aucun des partis qui défendait si farouchement ses valeurs comme les Inquisiteurs, les mages Fondateurs et même les Partisans, n’avaient totalement tort ou raison, mais il ne pouvait laisser dire que la magie était dangereuse. Elle ne l’était qu’en fonction de l’utilisation que l’on en faisait. Lui qui était issu d’une famille de sorcier, qui était soldat et croyant devait être pourtant le mieux placé pour le comprendre, non ?
Le rire de Septimus, qui n’avait strictement rien de rassurant le fit frissonner imperceptiblement. Il y avait quelque chose de sinistre dans sa manière de rire, et de guère rassurant, même pour lui. Déglutissant, il écouta son père lui citer des versets de la Bible qu’il connaissait par cœur et dont le contenu effrayait totalement Zachary. Plus son père déversait ses proses en se rapprochant de lui, et plus Zachary se reculait. Fronçant les sourcils d’incompréhension, son visage reflétait clairement l’horreur que ces versets lui inspiraient. Il se sentit bien naïf lorsqu’il découvrit toutes les horreurs et l’intolérance dont ce livre, censé véhiculer des messages d’amour et de paix à ce qu’on lui avait dit, faisait preuve. Comment pouvait-on suivre aveuglément tous ces préceptes ridicules ? Loin d’accepter les différences de l’autre, sa liberté de pensée et de vivre, il se montrait dictatorial, homophobe, et haineux. Pas étonnant qu’il y ait autant d’incompréhensions entre chaque individus surtout quand on connaissait le nombre de fidèles. Son père devrait vraiment changer ses lectures…

- Non, inutile, réussit-il à marmonner en essayant de ne pas baisser les yeux lorsque son père lui demanda s’il devait poursuivre. Je crois que je déteste ta bible.

Non pas que Zach dénigrait les croyances de son père, mais ce n’était pas les siennes. Comment pourrait-il adhérer à ce genre de propos ? Comme s’il préférait ne pas insister sur ce sujet, Septimus revint sur la détention de Saevus, sur laquelle il ne lui révéla absolument rien si ce n’était qu’il subissait un juste châtiment pour son inaction dans cette tragédie qu’avait été la Californie. Alors que Zach ouvrit la bouche pour protester et lui rappeler qu’il y avait une justice dans ce pays pour ça, il en fut empêché par son père qui le devança en lui intimant de se taire et de ne rien rajouter de plus. Et bien qu’il avait très envie de protester, il jugea plus sage de lui obéir pour cette fois, c’est pourquoi il embraya sur une question plus personnelle, qui lui tenait à coeur. Qu’est-ce que Septimus éprouvait à découvrir qu’il avait un fils sorcier. Zachary devait reconnaitre qu’il attendait beaucoup de sa réponse autant qu’il la redoutait, mais il avait besoin de savoir, jouer les autruches n’avait jamais été son fort.

L’homme demeura silencieux pendant un long moment, se contentant de le dévisager comme s’il cherchait à reconnaitre des traits familiers à travers lui. Puis, au bout d’un long moment il fini par prononcer une phrase qui atteignit Zachary en plein cœur. Bien plus qu’il n’aurait pu l’imaginer. Il n’y avait pas que sa manière de le dire, mais aussi la façon qu’il avait de le regarder. Il n’aurait su le décrire avec des mots avec exactitude, mais il sentit son cœur se fondre lorsqu’il l’entendit répéter qu'il avait « un fils », l’émotion était palpable autant chez l’un que chez l’autre. On parlait des liens indéfectibles du sang, mais jusqu’à aujourd’hui, Zachary n’avait jamais pu expérimenter cette émotion. Aujourd’hui il comprenait véritablement le sens de ses mots, il y avait une véritable connexion qui s'était établit entre eux. Durant ce moment si intense en émotion, il s’était sentit plus proche de Septimus qu’il ne l’avait jamais été jusqu’à présent. Les yeux vitreux, étreint par l’émotion, Zach voulu ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais son père détourna les yeux et prit la parole avant qu’il n’en n’ait eu le temps, et ce qu’il dit, le glaça instantanément. Quoi qu’il advienne à l’avenir, quoi qu’il puisse se passer entre eux, la cause que défendait Septimus passerait toujours avant lui. S’était blessant et douloureux d’entendre ceci, surtout lorsqu’il comprenait que son père aurait préféré que les choses soient différentes. La gorge nouée, il voulut protester mais en était incapable. Comme pour le réduire au silence, Septimus lui répéta qu’il était un soldat avant de rajuster sa veste, désirant par ce geste, mettre fin à leur échange.

Zachary le regarda faire avec désarroi. Il avait l'impression de redevenir ce petit garçon qui ne désirait pas voir s’éloigner de lui ceux qu'il aimait. A l’époque il s’agissait de Benjamin qui partait étudier à Salem tandis que lui, trop jeune encore, devait se résoudre à rester à la maison. Ou lorsque son père adoptif le laissait seul avec sa mère parce qu’il devait s’absenter pendant quelques jours pour le travail. Zachary détestait être séparé de ses proches et le tenir loin de Livie et Ernie était une véritable torture. Il n’éprouvait bien sur pas ce même élan d’affection à l’égard de Septimus, mais il n’en demeurait pas moins qu’il s’agissait de son père et qu’ils venaient à peine de se retrouver. Ils avaient encore tant de choses à se dire, il n’avait aucune envie de le voir s’en aller maintenant.

- Attends ! Papa attends ! Le supplia-t-il

"Papa".
C'était la première fois, depuis qu’il connaissait la vérité, que Zachary appelait Septimus de la sorte. Il ne se pensait pas capable d’appeler ainsi un autre que Victor Heel, mais c’était sorti tout seul, sans même qu’il ne s’en rende compte. Zach avait un véritable père, qu'il venait tout juste de retrouver, et à vrai dire il ne désirait pas le laisser partir tout de suite. L'émotion était entrain de l'étreindre et le regard suppliant le pria de rester encore un peu.

- Tu ne veux pas savoir comment elle est morte ? Tu ne m’as posé aucune question, cela ne t’intéresse pas un peu ? D’une certaine manière tu tenais à elle malgré tout…

Etait-ce le petit garçon qui était en lui qui espérait une approbation, ou avait-il vu juste ? Sans lui laisser le temps de confirmer ou d’infirmer, il poursuivit.

- Tu m'as dit qu'elle n'avait pas éprouvé de sentiment amoureux à ton égard, juste de l'affection... Moi, je pense que ça t’arrange de le croire. Je ne l'ai jamais connu, elle est morte après m'avoir mis au monde, mais de ce que m'ont en dit ses proches, dit-il sans nommer Saevus ou Ernie, c'était quelqu'un d'entier et je pense qu'elle avait des sentiments pour toi. Sinon, pourquoi ne pas avoir donné l'alerte en découvrant que qui tu étais réellement ? Pour ne pas être impliqué ? Admettons, mais dans ce cas rien ne l'obligeait à garder votre enfant, pourtant c'est ce qu'elle a fait. Je n’ai appris que très récemment que je n’étais pas un Heel, c’est Ben qui m'a tout raconté... il m’a dit qu’elle avait quitté New Phoenix pour que la famille du père de son enfant ne découvre pas qu'elle était enceinte. Je pensais qu'elle avait vécu une histoire extraconjugal... pas qu'elle fréquentait un inquisiteur. Elle a trouvé refuge chez les Heel, elle y est restée quelques mois, et tout se passait très bien, jusqu’à ce qu’une tempête de neige comme on n’en n’avait plus vu depuis longtemps ne s’abatte sur la région et ne les surprenne. Un très mauvais moment pour accoucher lorsque l’on est loin et coupé de tout… je suis venu au monde avec 3 semaines d'avance.... un 23 janvier. Il était impossible pour elle de transplaner dans son état alors elle a accouché dans le chalet. Malheureusement, ça s'est mal passé... ils n'ont rien pu faire pour elle. Est-ce que… tu as d'autres enfants ? Une famille ?

Septimus avait-il refait sa vie ? Son premier mariage avec sa défunte épouse remontait à des années et bien qu’il lui paraissait tout à fait être le genre d’homme à rester seul, il se disait qu’il avait forcément connu d’autres femmes à un moment ou à un autre, et qui sait, peut-être avait-il de véritables frères et sœurs ? Devait-il s’en réjouir ? Il n’en n’était pas certain, mais il voulait savoir, tout comme il voulait savoir autre chose…

- Qu'est-ce qui va m'arriver ? Et si… hésita-t-il avant de prendre son courage à deux mains et de se lancer, et si jamais j’avais envie que tu fasses parti de ma vie ?

Est-ce que c’était possible . Est-ce qu'il accepterait ou est-ce qu’il allait le rejeter en bloc ?

- Qu'est-ce qui nous attend ?

Bloody Storm

Zachary se doutait bien que faire entendre raison à une personne qui ne voulait pas vous écouter, même si ça relevait du bon sens, n'était pas une chose aisée. Il en avait déjà eut l'expérience plusieurs fois avec Ben pour commencer, ou plus récemment avec Livie, lorsque cette dernière lui avait finalement avoué qu'elle avait commencé un traitement dans son dos qui avait pour but de lui retirer sa magie. Elle s'était littéralement jetée dans cette expérience les yeux fermés, sans s'inquiéter une seule minute des conséquences que cela pourrait engendrer sur elle par la suite. Il comprenait ses raisons, pourtant il ne pouvait l'accepter. Il avait essayé de la convaincre qu'elle était entrain de faire une grossière erreur et bien que son argumentation se tenait parfaitement, il n'était pas parvenu à lui faire entendre raison. Il avait été incapable de trouver les mots pour lui faire comprendre l'erreur qu'elle s'apprêtait à commettre. La seule et unique raison qui l'avait poussé à renoncer à cette expérience était son amour pour lui. Il aurait du s'en réjouir, et en un certain sens cela avait été le cas, mais il savait très bien que cela ne résoudrait pas le problème de Livie qui se sacrifiait pour lui. En parler des heures durant ne lui aurait nullement fait voir les choses autrement. Aujourd'hui, il avait l'impression de revivre exactement la même chose avec son père. Il avait beau argumenter du mieux qu'il pouvait en essayant de lui ouvrir les yeux sur l'erreur qu'était de prôner un monde sans magie et sur les conséquences néfastes qu'un tel projet engendrerait, il n'était pas parvenu à lui faire entendre raison. L'attitude de son père avait même été pire que Livie puisqu'il ne s'était même pas donné la peine de lui répondre, préférant se contenter d'ignorer complétement ses remarques. S'en était presque décourageant. Bien sur il n'était pas aussi intelligent que Benjamin ou Hères, et il ne possédait pas cette verve propres aux hommes politiques pourtant il savait qu'il avait raison, il savait que son raisonnement et ses exemples étaient les bons, malgré tout, il était incapable de l'atteindre, mais du reste, que s'imaginait-il ? Cela faisait plus de deux décennies que son père était endoctriné par cette apologie anti-sorcier si pleine de violence et de rancoeur, il ne devait pas s'attendre au moindre résultat le temps d'un si court échange. S'il voulait lui ouvrir les yeux, s'il y arrivait un jour, il allait devoir s'armer de patience

Lorsqu'il comprit que son père cherchait à couper court à leur discussion et qu'il s'apprêtait à partir Zachary tenta de le retenir en lui parlant non plus de leurs idéologies respectives mais de lui. Il avait encore tant de choses à lui dire, tant de chose qu'il voulait comprendre... il ne voulait pas le voir partir, pas maintenant, pas tant qu'il ne lui aurait pas dit tout ce qu'il avait sur le coeur. Et puis, il ne pouvait nier que la solitude lui pesait lourdement. Le seul moyen que Zach trouva pour le retenir fut de lui demander de rester. Il aurait pu se contenter de lui demander d'attendre, mais à sa plus grande surprise, il avait rajouté « papa », ce qu'il était du reste. Il ne pensait pas appeler un jour un autre homme que Victor Heel de la sorte et pourtant s'était sorti tout seul. Probablement aussi surprit que lui, Septimus s'était arrêté et sans se retourner attendit que Zach dise ce qu'il avait à lui dire. Conscient de l'opportunité qui s'offrait à lui, et ne voulant pas la perdre, Zachary ne se fit pas prier et aborda un sujet qui lui tenait particulièrement à coeur : sa mère. Durant tout son récit, Zachary n'avait pas pu voir le visage de son père qui lui tournait toujours le dos, mais cela ne l'intimidait pas, bien au contraire, ne pas croiser son regard de glace simplifiait en un sens les choses, même s'il regrettait de ne pas pouvoir voir si ses paroles l'atteignait ou le plongeait dans la plus profonde indifférence. Mais tout au fond de lui, Zachary espérait secrètement parvenir à l'atteindre.

Ce ne fut que lorsque son discours fut terminé, et qu'il fut certain qu'il ne rajouterait plus rien, que son père se retourna pour lui faire à nouveau face. C'était désormais à lui de prendre la parole et de répondre à ses questions. Septimus avait effectivement une famille, mais pas une famille dans le sens qu'il l'entendait, une famille au sens plus générale et peut-etre plus noble du terme. Une famille composée d'hommes et de femmes qui n'étaient pas liés par le sang mais par une même cause, un même combat, de mêmes souffrances. Se voyait-il comme le père de toutes ces personnes qui étaient sous sa responsabilité, sous son commandement ? Il y avait quelque chose de dérangeant pour lui dans cette image que son esprit associa presque aussitôt à la Bible. Ce livre dont les écrits l'avait complètement refroidit. Mais ce qui l'interpella surtout c'était la mention particulière à la Grande Inquisitrice que Septimus semblait considérer à part. Il ne s'agissait pas d'un simple respect envers leur Leader, cela paraissait être quelque chose de beaucoup plus... affectif. Et puis, il avait utilisé le terme "surtout" qui soulignait particulièrement cette différence. Il la mettait en évidence et soulignait l'importance particulière qu'elle revêtait à ses yeux... était-elle... sa fille ? En tout cas il lui paru presque comme une évidence qu'elle comptait comme une fille. Une fille qui elle avait l'avantage de ne pas être née sorcière

- Je vois... se contenta-t-il de répondre

Aurait-il lui aussi le droit de faire partie de sa vie ou n'était-il qu'une erreur envers laquelle il ne savait pas comment réagir ? Et lui-même avait-il véritablement envie qu'il fasse partie de sa vie ? Avait-il envie de le présenter à Livie, de l'inclure dans leur vie ? N'était-il pas un danger pour elle, ou ses futurs enfants ? Un avenir leur était-il seulement possible ? Il l'ignorait et visiblement Septimus n'était pas plus avancé que lui à ce sujet, mais ce qu'il rajouta lui fit l'effet d'une douche froide.
L'homme était sous le choc et le gardien de Dragon pouvait parfaitement le comprendre, après tout, il avait voué sa vie à se battre contre ceux qui étaient comme lui durant une bonne partie de sa vie, et voilà qu'il découvrait de but en blanc qu'il avait eut un fils sorcier avec une femme qu'il n'avait jamais aimé et qu'il s'était contenté de fréquenter et séduire uniquement pour réussir une mission d'infiltration. Zach avait essayé de se convaincre que Septimus se mentait à lui-même, qu'il essayait de se cacher la vérité et qu'il avait beau prétendre le contraire, au fond de lui, il avait quand même aimé un peu sa mère. Pendant un instant, Zachary avait même cru qu'ils commençaient à se rapprocher mais en réalité il n'en n'était rien, et il comprit que celui qui se voilait la face jusqu'à présent ce n'était pas Septimus, mais lui. Notamment lorsque le second de l'Inquisition lui rappela encore une fois qu'il était un soldat tout dévoué à sa cause et qu'il n'hésiterait pas à le tuer si on lui en donnait l'ordre

- Tu le feras sans hésiter, compléta-t-il d'une voix froide les yeux vitreux mais le regard dur.

L'homme n'avait pas été au bout de sa phrase. Pour quelle raison ? Par manque de courage ? Parce qu'il était inutile d'en dire plus ? Pourtant Zachary voulait qu'il entende, qu'il prenne conscience de ce qu'il venait de dire, c'est pourquoi s'était-il chargé de terminer cette phrase à sa place. Il venait de dire qu'il était prêt à le tuer, lui, son propre fils ? Pour une cause qui n'était pas même pas noble et encore moins défendable ?! Réalisait-il seulement la portée de ses propos ?!! Comme s'il tenait à se justifier, l'homme lui assura qu'il ne souhaitait pas voir une telle chose se produire, rajoutant cependant qu'il n'espérait pas voir Zach le comprendre

- Tant mieux, parce que c'est hors de ma porté, lui répondit-il sévèrement. Alors dis-moi c'est ça ton éternelle excuse ? Tu n'approuvais pas ton père alors c'est normal qu'on ne se comprenne pas ? Les Hopkins sont des assassins de génération en génération alors on ne peut pas y échapper ? Désolé mais je ne fonctionne pas comme ça. Tu veux que je te dise, tu te caches derrière tes peurs au lieu de les affronter ! Tu te complets dans ton malheur au lieu d'avancer ! Cracha-t-il furieux. Et pire que tout tu me juges en fonction de ma nature et non en fonction de l'homme que je suis ! Tu ne cherches même pas à me connaître ! Tu as de sérieux progrès à faire en ce qui concerne les relations humaines « papa » !

Pas une seule fois, pas un seul instant il ne lui avait posé la moindre question sur lui ou sur sa mère. Il avait un fils certes, mais Zachary avait plutôt la sensation d'être une regrettable erreur avec lequel il devait vivre. Il était loin de ce père idéal qu'il avait fantasmé, il était si différent d'Ernie. Ernie qui l'avait accueillit dans sa famille les bras ouvert, sans la moindre condition avec ses défauts et ses qualités sans le juger mais avec tout son amour.

- Tu sais quoi ? J'ai fait la connaissance d'un homme récemment qui appartient à la famille de ma mère. Tous les deux, on n'est pas d'accord sur tout, on s'est déjà disputé de nombreuses fois et je me suis même déjà fait sévèrement remonter les bretelles par lui, mais en un si court laps de temps, il a été plus un père pour moi que tu ne le seras jamais.

Ces paroles malheureuses, qu'il regrettait déjà, guidées par la colère, l'amertume et la déception étaient sorties toutes seules avant même qu'il ne s'en rende compte. Ernie lui manquait et il aurait tellement aimé trouver un peu de lui en Septimus mais ce dernier semblait complétement fermé comme s'il avait du mal à leur accorder la moindre chance de peur... de s'attacher à lui ? Un sorcier... Ou bien est-ce qu'il se faisait encore des illusions ? L'assurance d'une visite prochaine promise par son père l'aurait peut-être réjouit un peu plus tôt mais là, en l'occurrence, sa colère n'était pas totalement retombée

- Fais comme tu veux. Tu sais où me trouver, lui dit-il amer avant de rajouter d'une voix plus calme. Tu es le second de l'inquisition, et moi... comme tu l'as si bien fait remarquer, je suis un sorcier mais que cela te plaise ou non, on se ressemble sur un autre point. Tout comme toi, je n'ai pas honte de ce que je suis. Si je sors d'ici, je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, je me battrais toujours pour mes idéaux, ma famille et mes amis. Je crois à ce qu'offre le Nouveau-Monde, et bien que je n'ai pas envie de me battre contre toi, ni contre quiconque d'ailleurs, sache que je n'hésiterais pas à recommencer si toi ou... "ta famille" vous en prenez encore à ceux que j'aime

Bloody Storm