You've gotta dance like there's nobody watching,Hadès & Némésis
Némésis avait arrêté de compter à combien de reprises elle avait répété sa chorégraphie jazz. Son corps était déjà légèrement endolori vu l'effort que demandaient plusieurs de ces mouvements. C'était sans aucun doute son style favoris, celui qu'elle maîtrisait le mieux. Elle savait qu'elle devrait encore la pratiquer si elle voulait être satisfaite lors du spectacle qui aurait lieu dans deux jours. En plus de ce numéro en solo, Némésis avait également une danse en duo avec son meilleur ami. Pour plusieurs, la danse de salon était quelque chose de simple et d'ennuyante, mais Némésis avait beaucoup d'affection pour ce style qu'elle trouvait délicat et gracieux. Elle restait encore une dizaine de minutes assise à boire un peu d'eau lorsqu'elle vit l'homme apparaître sur la scène et compris qu'il était temps pour elle de recommencer.
Quelques spectateurs se trouvaient dans la salle. Les répétitions n'étaient pas fermées au public, après tout, ils avaient beau donner une représentation de leur spectacle à New York, ils n'étaient pas sur Broadway. Némésis gardait encore en elle le rêve de pouvoir s'y produire, elle savait pourtant que pour y arriver elle devrait se concentrer davantage sur cette passion et donc mettre de côté les potions et ça... elle n'était pas certaine d'y arriver. Une fois en position pour le début de la chorégraphie, sa tête se vida entière de toutes pensées. Quand elle dansait, Némésis oubliait complètement le monde qui l'entourait. Le moment présent et son partenaire devenaient les seules choses qui existaient. La musique se mit alors à jouer et son corps se laissa entrainer par elle. La grâce de ses mouvements et sa souplesse avaient toujours été naturelles chez elle et représentait ainsi l'une de ses plus grandes forces. Ses pas semblaient être uniquement guidés par la musique et pourtant chacun d'entre eux avait été planifié par elle et cet homme en qui elle avait une grande confiance alors qu'elle se laissait transporter par ses bras. Quand ils dansaient, ils formaient un tout, un duo parfaitement complémentaire où l'attirance et l'amour semblaient régner et pourtant, lorsque la musique s'arrêtait, l'amitié sincère était la seule émotion existant réellement entre eux. Némésis avait mis beaucoup de temps avant de trouver un partenaire aussi fusionnel et l'homme comptait parmi ses rares proches amis, tout comme le fiancé de ce dernier. Elle se retrouvait à nouveau contre le sol alors que la chanson prenait fin et doucement elle reprenait contact avec la réalité du moment présent.
Se relevant avec l'aide de son ami, elle se dirigea vers l'arrière-scène afin de se chercher un nouveau rafraichissement. La répétition était terminée, mais elle prenait toujours son temps avant de quitter afin de retourner à l'hôtel qu'elle habitait jusqu'au lendemain de leur spectacle. Une présence se dirigeant vers elle attira son attention et elle se retourna en direction de l'homme qu'elle reconnut facilement pour l'avoir aperçu plusieurs fois dans l'actualité. « bonsoir » Némésis le salua naturellement et ce même si elle devait s'avouer surprise de le voir ici.
You've gotta dance like there's nobody watching ○ ft. Némésis & Hadès
Pour les hommes en général, le plus grand bonheur personnel qui soit réside dans l'accomplissement professionnel. C'est souvent la forme la plus difficile à obtenir qu'elle soit faite d'honnêteté ou de corruption. Un homme se sent toujours plus puissant lorsqu'il a atteint son but carriériste. Cela lui permet de se sentir important aux yeux du monde. Hadès ne déroge pas à cela, bien qu'il n'ait jamais vraiment pris en considération ce que l'on pouvait bien penser de lui. Le sorcier s'était laissé engloutir par ses entreprises pour sa satisfaction personnelle et accessoirement pour l'image de sa famille. Il respectait ainsi son rôle de patriarche. Avec les années et après toutes ses réussites, Hadès avait pourtant réalisé qu'il avait omis de travailler sur un point majeur de sa vie. Il n'avait pas entrepris l'un de ses devoirs les plus simples. Il avait toujours remis cela à plus tard, pensant qu'il avait encore beaucoup de temps devant lui. Mais il fallait bien se l'avouer, Hadès n'avançait pas en rajeunissant. Il avait déjà 48 ans. 48 années qui s'étaient envolées sans qu'il ne s'en aperçoive. C'est lors de son dernier anniversaire qu'il s'était comme retrouvé devant le fait accompli. Si avant il ne ressentait rien en observant ses proches au bras d'une femme ou d'un mari accompagné d'enfants, aujourd'hui s'était différent. Hadès ne se sentait pas seul, bien au contraire, mais il éprouvait comme le sentiment d'une défaite personnelle. Personne ne partageait sa vie intime, hormis quelques jeunes femmes de passages. Il n'avait pas d'enfant à qui apprendre son métier et peut être un jour légué tout son empire. Il se rendait compte qu'il ne pourrait pas mourir aussi serein que son père. A l'inverse de lui, il ne partirait pas avec la conviction que sa progéniture saurait reprendre avec force le flambeau.
Le bilan des 48 ans d'Hadès était mitigé. Sa vie professionnelle était plus qu'un triomphe. Sa vie privée, si on lui enlevait ses frères et sa sœur, un désastre.
Comme à son habitude, Hadès avait décidé de s'investir et cette fois-ci dans sa vie sentimentale. Il avait mis de côté l'idée de tomber amoureux, mais il était bien décider à prendre épouse et à avoir des enfants. L'amour lui semblait dérisoire au vu du nombre de couples qu'il savait sans la moindre passion amoureuse. Hadès souhaitait simplement trouver une femme qui saurait remplir ses critères et avec laquelle il s'entendrait à merveille. Il était loin de chercher l'amour avec un grand A, mais plutôt l'amour avec un grand E comme entente. Pour ce faire, avec sa déformation d'homme d'affaires, Hadès avait tout simplement fait appel à une chasseuse de têtes. En quelque sorte, une traqueuse de pedigree qui avait la sympathique charge de trouver la femme correspondant à toutes les attentes du sorcier. Physiquement, Hadès n'avait aucune demande particulière. La candidate devait simplement prendre soin d'elle en plus d'avoir un charme naturel. Quel fusse brune, blonde, rousse, grande, petite, noire, blanche, Hadès s'en moquait éperdument. En revanche, l'homme était d'avantage pointilleux sur l'existence même de la demoiselle. Il voulait une femme qui bien évidemment serait apte à avoir des enfants. Pas un, mais au minimum deux. Il fallait donc qu'elle ait au grand maximum 35 ans. Hadès souhaitait également ne pas se retrouver au bras d'une femme beaucoup trop jeune et il fixa un âge minimum de 27 ans bien qu'il craignait qu'à cet age, les jeunes femmes ne puisses lui paraître assez mur. Hormis cette question d'âge, Hadès avait stipulé qu'il préférerait une femme de sang pur. Cela en mémoire de ses parents. Sa future femme devait également être intelligente, ne pas être simplement une poupée, avoir une occupation que ce soit professionnel, sportif ou culturel. Il voulait une femme qui saurait renvoyé un minimum de ce que lui-même était, sans tomber dans sa propre caricature féminine. Sa femme devait être surprenante par ses talents quel qu'ils soient et imposé un certain respect. Point important également, sa femme devait venir d'un endroit ou milieu que personne n'aurait pu envisager et qui saurait surprendre son entourage. Hadès ne cherchait pas à épouser la fille ou soeur d'un proche qui l'obligerait à avoir une quelconque sympathie forcée. Son mariage ne rimerait pas avec alliance stratégique, un point sur lequel il avait été plus que clair.
C’est dans cet optique qu’Hadès avait pu sélectionner plusieurs candidates. Parmi elle, une jeune femme avec attirée d’avantage son attention. Elle s’appelait Némésis Sutzo. De sang pur, elle était d’origine grecque. Elle avait fait des études en potion, travaillait pour sainte pervenche et était même danseuse. Tout cela plaisait à Hadès, en plus de son charme que laissaient paraître les photographies. Le sorcier n’avait ainsi pas attendu longtemps pour contacter la demoiselle afin de lui faire par de ses intentions. Il l’informait qu’il cherchait une femme et qu’à cette raison, il espérait la voir prochainement. Hadès n’avait pas été plus loin dans son papier, laissant surement imaginer à Némésis que tôt ou tard, il se présenterait à elle. Et c’est ce jour qu’il avait choisi pour la rencontrer. Sa chasseuse de têtes lui avait fourni les points importants de l’emploi du temps de la danseuse et justement, il comptait la voir dans ce milieu. Hadès c’était alors rendu à New-York. Une ville qu’il appréciait bien qu’il ne s’y rendait que peut souvent. Chose étonnante, il s’y était rendu seul et en voiture, voulant apprécier pour une foi la conduite d’une de ses nombreuses automobiles.
Il était alors rentré dans une salle de spectacle qui laissait le loisir aux spectateurs d’observer les répétitions. Lorsqu’il était arrivé, il reconnut tout de suite Némésis qui débutait alors une chorégraphie en duo. Allant s’asseoir sur un siège, il fut tout d’abord attentif à la musique, ne connaissant rien à la danse. Mais au fil des notes et des mouvements, il se surprit à presque oublier le fond sonore. Son regard restait accrocher sur ce duo qui enchaînait les pas et qui faisaient de leurs membres de véritables œuvres. Les corps se frôlaient, bougeaient avec grâce comme s’ils étaient seuls au monde. Hadès en profita bien évidemment pour observer en détail la morphologie de Némésis. L’on voyait tout de suite qu’en bonne danseuse, elle prenait soin de son corps. Ses courbes étaient comme faites pour la danse, sans que l’on puisse y voir une once de vulgarité. Pour Hadès, cela était déjà un très bon point.
Lorsque la danse se termina, le sorcier se dirigeait tranquillement vers la scène et suivait le chemin emprunté par Némésis. Croisant quelques danseurs, il se sentit être reconnu, mais il affichait pour chacun un sourire jusqu’à ce qu’il arrive à la hauteur de la danseuse qui l’intéressait. Elle aussi l’avait visiblement reconnu, mais Hadès n’en prit pas compte. Lorsqu’elle le saluait, il le faisait à son tour en tendant une main délicate.
« Bonsoir, mademoiselle Sutzo, je suis Hadès Travers. J’espère que ma présence ici ne vous dérange pas ? J’étais impatient de vous observer dans votre milieu artistique et une chose est certaine, vous m’avez agréablement surpris. »
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