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Another Chapter

Aurelia avait vainement tenté de prévenir Zachary de sa venue, mais il semblait ne jamais être à l’autre bout du miroir à double sens. Elle ne comprenait pas ce qui pouvait l’empêcher de répondre, mais il était possible qu’il soit tout simplement trop occupé.  Dans un mois à peine, la jeune femme allait fêter son vingt-deuxième anniversaire et son mariage approchait trop rapidement. Elle ne pourrait plus reculer l’échéance. En vérité, elle ne se sentait pas prête à épouser son grand frère. Elle l’aimait c’était certain, mais pas au point de l’épouser et d’assumer un quelconque devoir conjugale avec lui. Pourtant, depuis quelque temps, elle avait dû se prêter à ce qui ressemblait de plus en plus à une mascarade à ses yeux. Sa mère et Faith l’avait amené chez une des plus renommés couturière du petit Salem pour qu’elle essaie, ce qui lui avait paru, une centaine de robes de mariée, toutes plus belles les unes que les autres. Elle était passée devant leurs yeux embués de larmes de joies dans de jolies robes avant qu’elles ne se décident pour un bustier chargé de dentelles dans un modèle sirène. Faith lui avait offert un petit diadème brillant à rajouter à sa coiffure le jour du mariage, qui aurait appartenu à une de leur lointaine ancêtre. Ses seuls bijoux seraient des perles aux oreilles pour ne garder le regard figé que sur sa robe. Tout cela était très beau et Aurelia avait fait de son mieux pour faire bonne figure, alors qu’au fond d’elle-même, elle avait envie de hurler.

Mais il n’y avait pas été question que de choisir une robe et les accessoires qui iraient avec, elle avait dû décider avec sa sœur et sa mère de cartons d’invitations, de gâteaux et de repas de mariages, des décorations de la salle et de tout un tas d’autres choses. La liste semblait interminable et à chaque choix, Aurelia avait l’impression de fermer une chaine autour de ses poignets et de devenir prisonnière de cette situation. Faith avait bien tenté de lui présenter tout cet affairement sous un bon jour pour qu’elle ne s’affole pas, mais c’était peine perdue. Elle était affolée bien sûr. Son destin allait changer entièrement après ce mariage. Ulrich était plutôt coulant avec elle, mais il avait aussi des idées bien arrêtées sur certains points. Aurelia doutait qu’après qu’elle soit devenue sa femme, elle puisse continuer à fréquenter Zach et qu’elle puisse voir le monde. Elle resterait prisonnière à jamais du territoire des Mages Fondateurs. Le monde était plus vaste que cela et elle était curieuse de le découvrir. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne souhaitait pas rentrer à nouveau à Boston, une fois le pays parcouru. Elle aimait sa famille plus que tout et cette ville resterait très précieuse à ses yeux. Elle lui aimait son charme et sa magie toujours en éveil. Cependant, rester ici, c’était se marier avec Ulrich et fermer les portes de ses rêves. La jeune femme ne savait plus que faire. C’était des nuits d’insomnies qui la prenaient et des crises d’angoisses. Cela avait eu pour effet de laisser la porte ouverte à ses personnalités multiples.

Heureusement pour elle, depuis qu’Elizabeth avait pris la main sur son corps une fois, Cecily semblait avoir plus de mal qu’à l’accoutumé de prendre le dessus. Elle n’avait donc pas pu faire part de ses projets à sa famille. Shin Ho restait celui qui avait réussi le plus souvent ses derniers temps. Ce dernier ne voyait pas le mal à partir. Il aimait découvrir de nouveaux horizons encore peu explorés. C’était un scientifique dans l’âme, un chercheur toujours infatigable et prêt à voir de nouvelles découvertes. Dans les rares moments, où elle était seule et sans la présence de ses personnalités, Aurelia avait pu mettre la main sur la recette de la potion qui lui garantissait des instants sans leur venue. Elle avait dû apprendre à la déchiffrer et à la maitriser. Les potions n’étaient pas son fort, mais elle se devait de savoir comment faire celle-là. Dans ses scénarios catastrophes, elle avait établi un plan : celui de quitter Boston. Si elle restait ici, elle n’aurait plus le choix, elle devrait épouser Ulrich. C’était trop tôt, trop vite. Elle avait donc décidé de fuir vers les terres des Partisans du Nouveau Monde et de demander l’aide de son ami Zachary. Aurelia savait qu’il ne refuserait pas. Il avait toujours été là pour elle quand elle avait eu besoin. Ca ne serait pas simple. Chaque fois qu’elle avait été avec lui, elle s’était rendu compte que le monde des sorciers partisans était bien compliqué.

Après quelques temps, elle avait fini par réussir à faire cette potion correctement, tout cela dans le plus grand secret. Oh, il était certain que sa mère, comme sa sœur, se doutait que la docilité de la benjamine de la famille était en partie feinte. Elles la connaissaient bien. Ce n’était encore une fois, pas parce qu’elle avait peur d’Ulrich ou qu’elle le détestait, mais embrasser son frère et partager son lit, lui semblait une épreuve impossible. Ce dernier ne l’avait pas habitué à ce qu’elle se sente à l’aise avec cela. Elle ne voyait pas de meilleur moyen que de fuir. Il lui faudrait être rusé, car elle doutait que sa famille accepte qu’elle parte comme cela, sans rien dire. Elle espérait qu’il ne ferait pas appel à nouveau à Tabatha Sanders. Elle se sentait mal vis à vos de Juliet et Ilaria, qu’elle tenait éloigné de ces plans. La sorcière avait trop peur que ces dernières, en croyant lui venir en aide, ne finissent par mettre ses parents au courant ou un autre membre de sa famille. Ce serait une telle mortification si Ulrich venait à l’apprendre. Elle savait qu’il ne voyait aucun problème à ce mariage. Il avait cependant un certain égo et nul doute qu’il ne serait pas ravi de voir qu’elle fuyait leur mariage. Mieux valait qu’ils croient tous qu’elle avait fui à cause de son handicap. Pour une fois, ce dernier, servirait ses plans. A ce niveau-là, il faudrait aussi qu’elle fasse bien attention à pratiquer ses exercices respiratoires et de relaxation. Son esprit avait tendance à lui jouer des mauvais coups et elle ne devait pas perdre la main sur son corps, si elle voulait y arriver.

Elle avait mis de côté quelques petites choses pour préparer son départ : un sac sans fond, son miroir à deux faces, du papier, de l’encre, des plumes, quelques vêtements, une carte de New Phoenix qui était plutôt vieille, les ingrédients pour faire sa potion, des fioles déjà pleines du précieux liquide, de l’argent et de quoi se nourrir un peu. Elle hésita à garder la petite chaine avec le signe de sa famille, mais elle ne pouvait se résoudre à le laisser là. Le dernier jour avant son départ, elle se sentait sur les chardons ardents. Elle avait partagé son souper avec toute la famille au grand complet. Aurelia les avait écoutés avec attention comme si elle essayait de graver ses souvenirs dans son esprit. Elle avait peur, mais elle sentait qu’il n’y avait pas d’autres solutions. C’était maintenant ou jamais. Peut-être que sa famille ne pourrait jamais lui pardonner, mais elle ne pouvait pas rester. Elle espérait cependant que dans leur cœur, ils trouveraient le moyen de lui pardonner. Avant que Faith et Ulrich ne retournent dans leur logis, elle les avait serrés chacun contre son cœur. Ulrich avait ri comme s’il s’agissait d’une lubie d’une petite sœur. Elle ne l’avait pas détrompé. Ils avaient échangésun baiser chaste sur les lèvres qui avait fait frissonner Aurelia. Faith n’avait pas compris ce geste d’affection, mais elle lui avait rendu son étreinte. Puis il avait fallu dire bonne nuit à ses parents. Aurelia les contempla un dernier instant avant de rejoindre sa chambre et d’attendre que toutes la maison s’endorme.

Alors que tout le monde était dans les bras de Morphée, elle avait pris son sac, s’était habillé et avait quitté la maison. Un dernier regard pour eux avant qu’elle ne prenne le chemin qui la mènerait vers une petite chaumière où elle avait caché son balai. Elle avait posé le sac sur le manche et s’était envolé. Une petite boussole l’avait aidé à se repérer. La sorcière avait appris les coordonnés par cœur. Il lui faudrait quand même un moment avant d’atteindre la ville de New Phoenix. Elle ne se voyait pas descendre de son balai en plein cœur du centre.  La journée était bien avancée quand elle finit par arriver dans la ville principale du territoire des Partisans du Nouveau Monde. Il n’y avait aucune comparaison avec New York. On y voyait vraiment ce côté hybride entre la magie et la technologie des moldus.  Aurelia s’arrêta dans une petite rue au tout début de la ville, où il y avait peu de monde. Elle déposa son balai dans son sac sans fond pour ne pas se faire remarquer. Elle n’oubliait pas sa rencontre avec ses deux agresseurs à New York. Même de là où elle était, elle pouvait apercevoir les tours Yaxley qui s’élevaient dans le ciel fièrement.

Elle avait pensé à tout… sauf bien entendu à vérifier où habitait Zachary. Quelle idiote ! Comment allait-elle le retrouver dans l’immensité de la ville ? Il lui semblait que cela allait être une tâche vraiment ardue. La sorcière ne savait même pas par où commencer. Alors qu’elle allait arrêter un passant, elle reconnut une silhouette qu’elle avait déjà aperçue à Boston, une fois…

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New Phoenix était immense. Une grande ville comme on n'en faisait plus chez les Mages Fondateurs. Il y avait un tas de choses qui apparaissaient comme des aberrations aux yeux peu habitués à de telles choses. C'était le cas d'Aurelia qui malgré sa courte visite à New York, n'arrivait pas encore à se faire à tout ce qui était différent dans les villes des Partisans du nouveau Monde. Il y avait trop de choses qui lui semblaient incompréhensibles, tant dont elle ne connaissait même pas le nom et d'autres qui ne lui serait jamais venu à l'esprit. Elle s'était pourtant promis, d'être mieux préparée pour sa fuite, mais en vérité, à chaque fois, elle se rendait compte qu'il lui manquait certaines armes. Il faut dire, à sa décharge, qu'on ne lui avait jamais appris à connaître les us et coutumes des Partisans du Nouveau Monde. Pour de nombreux sorciers chez les Mages Fondateurs, les pratiques des Partisans du Nouveau Monde étaient contre-nature. Les sorciers purs et durs ne pouvaient admettre qu'on puisse vouloir lier magie et électricité. Les moldus n'étaient pas acceptés comme des égaux, mais plutôt comme des êtres à craindre et à détruire, dans le pire des cas. Aurelia n'était pas aussi extrême dans ses pensées, mais parfois, elle devait se l'avouer, toute cette hybridation était assez déconcertante.

Le plus embêtant dans toute cette histoire, c’est que même si elle arrivait à combattre sa peur de demander son chemin, elle ne saurait pas comment le demander puisqu’elle ignorait la véritable adresse de son ami. Il était d’autant plus difficile, de la découvrir, du fait que Zachary ne semblait pas être de l’autre côté du miroir à deux faces. C’était toujours son problème : chaque fois qu’elle quittait le domicile familial, elle se retrouvait à chaque fois perdu. Parfois Aurelia était fatiguée d’être toujours d’être un peu perdu dès qu’elle osait sortir de sa cage dorée. Elle n’en voulait pas à ses parents de l’avoir mise sous verre, en quelque sorte, mais elle se sentait comme un oisillon qui quitte le nid et c’était loin d’être un sentiment agréable. Elle eut une pensée pour sa famille justement, qui devait s’être levé maintenant et qui avait dû se rendre compte qu’elle n’était plus à la maison. Ils devaient certainement être inquiets pour plusieurs raisons. Peut-être même, avait-il déjà vérifié qu’elle ne se trouvait pas chez Faith ou chez Ulrich. Ensuite, il penserait à Ilaria et Juliet, avant de se rendre compte qu’elle n’avait fait part de son départ, à personne. Aurelia savait que ça leur prendrait du temps et qu’il ne penserait pas tout de suite à New Phoenix.

Elle s’apprêtait à arrêter un passant quand une silhouette familière apparu devant elle : Olivia Strauss, la célèbre héritière de la famille Strauss. Aurelia l’avait vaguement rencontrée à Boston, une des rares fois où elle était sortie en société. Elles avaient peut-être même échangé quelques mots, sous le regard contrarié de sa mère. Cette dernière voyait toute relation, en dehors du cercle des Mages Fondateurs, comme répréhensible. Elle avait peur que les idées des autres factions puissent influencer Aurelia et lui donner envie de voir ailleurs. En quelque sorte, elle avait raison. Cependant, cette remise en question n’était pas venue d’Olivia Strauss, mais de la rencontre et de l’amitié qu’elle avait eue avec Zachary Heel. Celle-ci avait apprécié les choses que lui avait montrées, Zachary. Il avait été un professeur patient et un ami fidèle. C’était aussi son premier ami qui n’était pas une femme. Cela c’était encore une action de sa mère qui ne souhaitait pas qu’elle puisse remettre en question son mariage avec son frère. Aurelia n’avait eu besoin de personne pour avoir à le faire. Elle se sentait à chaque fois qu’elle pensait à Ulrich et leurs épousailles. C’était difficile à admettre, mais elle avait préféré fuir que d’accepter, sans rien dire.

Olivia vint la saluer avec un visage franc et avenant, un sourire amical sur le visage. Bien qu’elle ne la connaisse pas vraiment, la jeune sorcière était ravie de voir un visage familier dans une foule aussi dense et parmi toutes les choses inconnues de la ville.

« Enchanté ! Mademoiselle Strauss… c’est un plaisir de vous voir. Je dirai même plus que c’est un soulagement. Je crois en effet que je suis perdu et tomber sur quelqu’un de familier, ce n’est pas plus mal. » Répondit Aurelia aux premiers mots que lui adressa Olivia.

Aurelia ne savait pas trop comment s’y prendre, mais elle n’y guère le temps de s’appesantir sur le sujet, car Olivia l’attrapa par le bras pour la guider on ne sait où. La sorcière eut le temps d’imaginer mille et un scénarios, plus horribles les uns que les autres, avant de comprendre, où la menait l’héritière des Strauss. Finalement, il n’était question que de s’assoir dans un commerce qui semblait vendre des glaces. La sorcière regarda la carte en cherchant son parfum favori : pastèque-soju. Elle ne le trouva pas et décida de se rabattre sur une glace saveur patacitrouille. Elle ne savait pas si l’argent qu’elle avait, allait lui permettre de payer pour sa consommation, mais Olivia contra le problème en lui annonçant tout de go qu’elle allait lui offrir sa glace. Aurelia fut soulagé ! Elle allait vraiment devoir trouver un moyen de combattre ce souci. Elle avait compté sur l’aide de Zachary, mais il apparaissait de plus en plus qu’elle allait devoir se débrouiller toute seule. C’était à la fois exaltant et assez effrayant. Aurelia n’était pas prête pour cela, mais il fallait qu’elle le soit. Rentrer à la maison n’était pas une option. Elle ne pourrait pas supporter les disputes avec ces parents et enfiler à nouveau cette robe de mariée. Ce serait trop difficile à vivre.

« Merci pour la glace. » Dit la sorcière sincèrement reconnaissante envers Olivia pour sa gentilesse. « C’est très aimable. »

Olivia était finalement passé à un tutoiement plus familier, mais Aurelia ne se sentait pas de la tutoyer tant que cette dernière ne lui en donnerait pas l’occasion en le lui disant clairement. Un vieux reste des cours de maintien et de politesse que sa mère lui avait donné, quand elle était plus jeune. Des habitudes dont il était difficile de se défaire. On leur servit leurs glaces et Aurelia goûta la sienne. C’était une glace plutôt quelconque, la jeune femme avait déjà eu l’occasion d’en goûter de bien meilleur, chez Maggie Tasty. Cependant, elle ne savait pas si Olivia se rendait souvent chez ce glacier et elle ne se voyait pas lui dire qu’elle avait déjà mangé mieux. C’est le moment que choisi son interlocutrice pour l’interroger. Aurelia hésita sur ce qu’elle pouvait lui dire. C’était difficile de savoir si elle pouvait faire confiance à Olivia, sachant qu’elle la connaissait à peine. De l’autre côté, peut-être que cette dernière pourrait lui être utile. La jeune femme ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche. Il était possible qu’elle n’arrive pas à contacter Zachary à temps et il allait falloir qu’elle trouve où se loger, où manger et si possible, comment rester sur place. Aurelia n’avait pas beaucoup de talent… mise à part avec les plantes. Ca risquait de ne pas être simple. Elle prit donc la décision de s’ouvrir à Olivia.

« Je suis partie de chez moi… Disons qu’il y a des choses que je voulais éviter et j’ai un ami qui réside ici. Je pensais lui demander de m’héberge le temps que je trouve quoi faire. Je doute que ma famille soit très heureuse de ma… disparition. Malheureusement, je n’arrive pas à joindre mon ami et je me sentais un peu perdu dans cette grande ville si… différente de Boston. » Fini par répondre Aurelia à Olivia.

Oui, New Phoenix était si différente qu’elle ne savait pas si elle parviendrait à adopter la ville dans son cœur. Boston était un magnifique endroit. Il serait difficile de dire adieu à tout ce qu’elle avait connu dans toute sa vie. Qu’allait-elle devenir ? N’avait-elle pas été trop vite en besogne ?