L

a jeune femme avala la capsule anti-magie que Merlin lui avait donnée si sa magie devenait trop dangereuse… Elle n’en avait pas pris une seule, voulant faire totalement confiance au traitement que Merlin lui proposait. Elle en avait également passé une à Ernie… Il était au courant de son véritable statut sanguin de sorcière et du fait qu’elle ne pratiquait pas la magie. Il valait mieux pour elle de prendre une capsule, sinon sa magie aurait été beaucoup trop fluctuante à cause de son angoisse. Zach… Que faire ? Plus les heures passaient, plus elle s’inquiétait… Hérès lui avait plus ou moins fait comprendre au téléphone que lorsqu’ils découvriraient la vérité sur Zachary… Il ne le garderait pas en vie. Livie ferma les yeux un instant. Non… Elle ne devait pas penser à ça. Zachary lui voyait toujours tout avec optimisme… Elle se devait de faire de même. Il n’était pas mort… Quelque chose au fond d’elle-même lui hurlait qu’il n’était pas mort. De toute façon, elle ne voulait pas croire que quelque chose de grave lui soit arrivé… Et pourtant. Les Inquisiteurs n’étaient pas réputés pour être les plus tendre. Elle pensait sans arrêt à lui… Est-ce que lui pensait à elle ? Elle l’espérait, car ça voudrait dire qu’il est en vie, et ça c’est tout ce dont elle rêvait actuellement. Retrouver Zachary, l’enlacer, comme si tout était absolument normal. Lui dire qu’elle l’aimait… Elle aurait tout donné en ce moment même pour lui dire encore une fois. La vie a un côté cruel, elle nous donne une chose et nous le reprend sans crier gare. La jeune femme retenait pourtant ses larmes depuis la veille, pour la bonne raison que à côté d’elle, il y avait Ernie. Ils étaient dans un train, les menant vers la ville de Lake Charles, à la frontière de l’Etat de la Louisiane. Tous les deux, ils s’étaient mis d’accord, aller à Bâton Rouge aurait été un simple suicide de leur part, commencer leur recherche ailleurs était une bien meilleure idée. Lake Charles était assez loin de Bâton Rouge, mais au moins la ville était dans le même Etat.

Livie se tourna vers le siège à côté d’elle où se trouvait Ernie. Elle se souvenait de la conversation qu’elle avait eu la veille de son enlèvement, avec Zachary… Il lui demandait de rencontrer Ernie. Au fond, Ernie et elle était la seule véritable famille de Zachary… Mais surtout, Ernie était le seul qui avait bien voulu l’aider pour le retrouver… Et de même pour elle, elle supposait. Rien qu’en repensant à l’altercation avec Ben la jeune femme sentit la colère monter.

« On devait venir vous voir vous savez ? Avec Zach… Il m’avait demandé si… Je voulais vous rencontrer. Je ne pensais pas que ça arriverait dans ces conditions-là… » dit-elle sincèrement à Ernie.

Le train se secoua légèrement, les rails étant beaucoup moins fluide une fois sur le territoire des Inquisiteurs. Le train qu’il prenait était tout sauf magique…. Ce qui dans un sens rassurait la jeune femme. Plusieurs fois elle s’était demandé si elle arriverait à vivre parmi les inquisiteurs… De toute façon, s’il arrivait la moindre chose à Zachary, elle s’exilerait sûrement dans un endroit reculé des Etats Unis. Livie chassa ces pensées sombres de sa tête. Encore une fois, elle pensait toujours au pire… Comme d’habitude. Mais la jeune femme se devait d’être forte… Juste pour lui. Ernie avait l’air tout autant bouleversé qu’elle, et pourtant, elle voyait juste de la détermination dans son attitude générale et même dans son regard. Elle ne le connaissait pas énormément, mais elle le respectait beaucoup. Déjà car cet homme était son aîné, et de plus car il était le seul lien direct de Zach avec sa véritable famille, et elle savait qu’il comptait énormément pour lui. Le café qu’Ernie et elle avait partagé, lui avait permis de découvrir un homme très impulsif dans ces décisions mais également très doux avec les gens - Benjamin mis à part.

La jeune femme sentis le train freiner subitement. A travers la vitre, elle vit le nom de la gare, Lake Charles. Ils étaient arrivés. Très bien, il devait absolument commencer à recueillir des informations… Bien qu’Ernie ait sans doute beaucoup plus de pouvoir de persuasion qu’elle.  Ils descendirent du train et sortirent de la gare. Si Livie était amplement à l’aise parmi les moldus, elle sentait Ernie derrière elle qui était tendu au maximum. Elle se doutait que pour quelqu’un qui pratiquait la magie depuis l’enfance sans retenue, c’était compliqué de se retrouver bloqué, sans pouvoir, parmi des millier de personnes. Livie elle avait l’habitude, vu qu’elle allait souvent en vacances chez Maggie, sa tante à Miami.

« Détendez vous. Ils ne peuvent pas vous sonder pour voir ce que ce que vous êtes. Il n’y aucune raison qu’on se fasse découvrir. Bon on commence par où ? »

Lui poser cette question le ramènerait peut-être un environnement qu’il connait mieux. Livie ne savait pas vraiment comment s’y prendre… Ernie lui avait l’expérience de l’âge, et peut-être plus, elle n’en avait aucune idée.


« ... »

I

ls avaient un plan. Un plan qui s’étalerait sans doute au fil des jours et de leurs découvertes. Mais ils se devaient d’être convainquant, elle devait jouer la fille d’Ernie au mieux possible. C’était le seul plan qu’ils avaient réussi à mettre au point quand ils avaient été boire un café. Elle se doutait que de l’extérieur ça avait l’air ridicule. Deux amateurs en train de chercher quelqu’un qui avait été enlevé par les Inquisiteurs et qui était sans doute mort parce qu’inutile à leurs yeux. Non ! Il fallait qu’elle arrête de penser ça… Pourtant, cette possibilité la hantait. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à lui, à ce qu’il pouvait vivre là-bas… A ce qu’ils avaient vécus ensemble. Ils s’étaient donc retrouver pour se séparer de cette manière ? Non, c’était impossible dans tous les cas. Ils avaient été séparés tellement longtemps, le destin ne pouvait pas leur faire un coup aussi insupportable à nouveau. Et puis… Il aurait forcément trouvé un moyen de rester en vie, c’était une obligation et il était malin… Pourtant Livie se rappelait des discours de son petit ami sur les Inquisiteurs et elle eut soudain une angoisse. Elle connaissait bien Zachary… Assez pour savoir qu’il était capable de leur montrer qu’ils avaient tort. Hors on ne dit pas à un Inquisiteurs qu’il a tort, et en particulier sur des sujets aussi sensibles que les derniers évènements. Live espérait juste qu’il ait su tenir sa langue pour une fois et qu’il ne se soit pas attirer trop d’ennuie…

Ernie voulait absolument qu’elle le tutoie. Livie avait rougis à la réflexion. Elle tutoyait rarement les gens pour qui elle avait du respect car ils avaient souvent plus d’expérience qu’elle. Ernie faisait partie de ces gens qui, quand vous les voyez, vous vous dites qu’il a vécu beaucoup de choses mais surtout qu’il faut le respecter. Sa mère lui avait enseigné ça, faire la différence entre une personne qui a vécu dignement et qu’il faut respecter et les personnes elles-mêmes peu respectueuses qu’il fallait ignorer. Ernie était typiquement le genre d’homme qu’elle se devait de respecter, et c’est pour ça qu’elle eut du mal à le tutoyer et qu’elle eut le droit à une deuxième remarque de sa part.

Une fois sortie de la gare, Ernie lui proposa de faire un tour dans le centre-ville pour ouvrir l’œil sur quelconque conversation qui leur paraissait intéressante. La jeune femme avait le cœur qui battait à mille à l’heure et l’estomac noué. Ils marchaient dans les rues à la recherche d’un restaurant pour manger, bien que Livie n’ait toujours pas faim. Comment penser à manger quand Zach était peut-être en train de mourir quelque part ? Elle ne pouvait pas y penser… Soudain, un homme les accosta pour leur demander l’heure. Livie, toujours souriante et serviable, entreprit de répondre à l’homme en question.

« 17h22, Monsieur. »

Alors que l’homme la remercia, Ernie lui posa une question. Livie s’accrocha à son bras comme une fille aimante à celle de son papa. Elle avait un grand sourire sur le visage en regardant Ernie. Pourtant, elle sentit au fond d’elle-même que son sourire n’était pas sincère… Derrière, elle n’arrêtait pas de penser à Zach… Son inquiétude augmentait et elle ne pouvait rien y faire malgré sa façade naturelle et souriante. Elle jouait son rôle à merveille, mais elle pensait toujours à la même chose… L’interlocuteur d’Ernie lui parla d’un restaurant qui s’appelait les « Grillades de Gilou ». Les… Grillades de Gilou ? Il y avait vraiment des restaurants de nos jours qui avaient des noms aussi… Typiques ? Elle connaissait les origines françaises de la région, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être surprise de voir ce nom.

« Merci Monsieur ! » Rajouta-t-elle après Ernie.

Ils partirent, bras dessus, bras dessous, vers le restaurant. Elle se perdit par la suite dans ses pensées… Elle se demandait ce qu’il ne fallait pas qu’il fasse pour se faire repérer. Elle seule, elle s’en serait sortie, elle connaissait suffisamment le monde moldu pour ça, mais Ernie n’y connaissait pas grand-chose, il était fabriquant de baguette magique et ne travaillait pas du tout parmi les moldus. Livie avait appris pas mal de chose depuis qu’elle se comportait comme les moldus, et aujourd’hui elle en prouvait l’utilité. Ernie l’interpella alors et Livie rigola à la tentative de l’oncle de Zach de s’adapter à la technologie moldue.

« C’est un téléphone portable Ernie, et oui je vais appeler un hôtel, ne t’inquiète pas. »

La jeune femme prit son téléphone et entreprit de chercher un numéro de téléphone d’un hotêl dans le coin. Livie choisi un des hôtels les moins cher du secteur mais qui offrait quand même un minimum de confort et appela le Howard Johnson Express à Lake Charles même pour réserver une chambre. C’était Livie qui payait, bien entendu. Elle ne laisserait pas Ernie payer à sa place… Zachary lui avait parlé un peu des problèmes financiers qu’avait eu Ernie et elle ne supporterait pas de savoir qu’il paye. Une fois l’hôtel appelé, la jeune femme pris la carte bleu qui se trouvait dans son sac à main et la tendit à Ernie.

« Ca fera plus crédible si c’est toi qui paye, surtout avec une carte bleu. »

Ils arrivèrent ensuite au « Grillades de Gilou » comme prévu et rentrèrent dans le bâtiment. Livie ne s’attendait pas à ça… Le restaurant était rempli de personnes qui avaient un uniforme du bleu Inquisitorial. Bon… Et bien il fallait juste qu’ils ne se fassent pas repérer ou qu’ils n’aient pas l’air trop suspect. C’est alors que Livie eu une idée pour les rendre plus crédible.

« Oh papa ! S’il te plaît je veux manger ici ! C’est ma licence que j’ai eu quand même c’est pas rien ! On s’en fiche qu’il y ait du monde. » Dit-elle à Ernie en lui faisant une mine adorable avec des yeux de chiens battues.

Le mieux pour eux, c’était de faire en sorte de passer pour des gens normaux et simple. Elle espérait ne pas en faire trop, mais surtout, elle espérait que ce soit une bonne idée et qu’Ernie comprendrait ce qu’elle était en train de faire. C’était le meilleur endroit possible pour trouver des informations… Peu importe le risque…



« ... »

L

e coeur de Livie battait à tout rompre dans sa poitrine. Comment avait il pu se mettre dans une telle situation ? C'était comme se jeter dans la gueule du loup, tous ces gens à l'intérieur ne ferait qu'une boucher de deux sorciers en quête d'informations... Sur eux. C'était risqué mais c'était surtout le seul moyen pour retrouver Zachary. C'est pour cela qu'elle montra son plus beau sourire au serveur et à son "père". Ça lui faisait bizarre d'appeler Ernie "papa" alors que durant des années elle avait appelé le sien "père". Elle se rendait compte qu'elle aurait préféré être la fille d'Ernie plutôt que celle du sien... Ernie avait beaucoup plus la carrure d'un père, et ça lui faisait plaisir d'avoir Ernie comme tel, même pour de faux.

Ernie et Livie s'assirent là où le serveur les installa. Un peu trop près de la petite compagnie aux yeux de Livie. La jeune femme commençait à ressentir les effets du stress sur son corps, une goutte de sueur perla sur son front. Elle devait rester calme... Pour leur bien à tous les deux et pour leur couverture. C'était le mieux à faire et le mieux qu'elle pouvait faire. Alors qu'elle avait empoigné le menu pour trouver un plat quelconque à manger ici, Ernie lui fit remarquer qu'elle avait bon nombre de touche présente ici. Livre regarda les tables des fêtards et en effet, le mot "matter" correspondait assez à la situation. Pourtant ça ne lui faisait rien. Ça ne la faisait pas se sentir belle ou séduisante, ce sentiment elle ne l'avait qu'avec Zach. Zachary... C'était lui qui la regardait amoureusement avec un air béa... Elle voulait qu'il n'y ait que lui, personne d'autre... Quand le soldat approcha, Livie avait compris ce que Ernie attendait d'elle. La jeune femme lui envoya un sourire, complètement factice, mais un sourire quand même. Elle avait dû mal à faire ça, elle avait l'impression de trahir Zach et même de ne pas être sincère envers le soldat. Le mensonge… C’était une chose compliqué pour Livie et qu’elle avait beaucoup de mal à gérer. Mais elle faisait ça pour Zach… Parce qu’il était l’être le plus cher au monde qu’elle avait. Le soldat la félicita pour l’obtention de sa licence avec une espèce de gêne non contenue, comme s’il avait du mal à rester zen devant elle. Il se mordillait presque les lèvres.

« Merci ! » dit-elle avec son petit sourire adorable dont elle avait le secret.

Le soldat lui proposa de venir boire un verre avec eux, mais elle n’eut même pas le temps de répondre que son « père » lui pris la main et lui proposa de se joindre à eux. La jeune femme opina de la tête, acquiesçant à la demande d’Ernie. Oui, c’était le meilleur moyen de savoir quelque chose et de s’infiltrer parmi eux. De toute façon, il n’avait pas d’autres choix, et utiliser la magie était hors de question. Dans un sens, le fait de ne pas avoir recours à la magie la soulageait. Elle n’en avait pas besoin, que ce soit aujourd’hui ou dans plusieurs années, son utilisation la rongeait de l’intérieur. Ernie la présenta sous le prénom d’Erika, et ils trinquèrent tous ensemble dans une ambiance et fête et d’amitié. Dans un sens, Livie était surprise… Elle sentait la cohésion du groupe, même quand il n’était pas à la bataille. Mais ce n’était qu’une façade… Derrière ils étaient sans doute en train de torturer Zach… Autour d’elle, ces soldats la regardaient pourtant avec une envie non cachée, et Livie s’en sentait gênée… Elle essayait d’ailleurs de ne pas le montrer, principalement quand tous insistèrent pour qu’ils restent à leur table avec eux. Mais Ernie régla le problème en leur disant qu’il viendrait juste pour le dessert. Ernie plaça une main dans son dos et la ramena vers la table. La jeune femme tourna la tête vers eux et leur fit un signe de la main qui eut l’effet escompter, ils la regardaient presque tous. Elle se rassit avec un soulagement évident sur son visage.

« Oui, ça va… C’est juste un peu éprouvant. »

Ernie continua de parler à propos de leur couverture et la jeune sorcière acquiesça à ses paroles pour lui faire comprendre qu’elle avait bien compris. Le fabricant de baguette lui demanda alors comment ils pouvaient faire pour en savoir plus.

« On peut venter leur mérite durant le kidnapping de New Phoenix ? On fait comme si on était admiratif, qu’on se sent moins en danger avec eux, avec des gens qui sont prêt à se sacrifier pour nous. Si on les flatte, ils nous diront ce qu’on veut, regarder les, ils sont tous jeunes et sans doute têtu, ils vont chercher à se vanter d’être les meilleurs auprès de nous. »

Ils commandèrent leur menu quand le serveur arriva vers eux et Livie regarda vers la foule de soldats. Parmi eux, un homme, peut-être la trentaine, la regardait fixement. La jeune femme se renfrogna et tourna la tête, elle n’aimait pas vraiment qu’on la dévisage de la sorte. Il avait d’ailleurs dû le sentir car il commença à s’approcher de leur table. Grand, blond, le visage pourtant encore enfantin était marqué par la vie qu’il avait dû avoir… Il arriva à leur table et la jeune femme et Ernie le regardèrent.


« ... »

Spoiler:

L

’homme en question passa devant eux sans vraiment faire attention. Il leur souhaita juste un bon appétit. Il rejoignait quelqu’un au bar. Quelque chose en lui ne lui donnait pas un air de confiance… Le fait que ce soit un inquisiteur ? Soit, mais ils étaient entouré d’inquisiteurs, alors un de plus ou un de moins… Peu importait. Non, il y avait quelque chose en lui… Quelque chose d’étrange qu’elle ne pouvait pas qualifier… Livie avait une mauvaise intuition. Puis Ernie et elle se regardèrent avec inquiétude… Ils entendaient la conversation de la dénommée Laura et du soldat. La gorge de la jeune femme se serra et elle commença à manger son plat avec une retenue non cachée. Quels idiots ils faisaient ! Et si quelqu’un les avait entendus ! « Calme-toi Livie… S’ils nous avaient entendus, on serait déjà dans un camion de soldat en direction de leur QG. Alors il n’y a rien à craindre, il faut juste être plus prudent… » Pensa-t-elle pour se rassurer. Mais elle ne l’était pas… Et ça ne s’arranger pas. Alors qu’elle mangeait comme une bonne fille à son papa, elle entendait les mots des deux soldats… Ils parlaient d’une femme, morte durant l’attaque de New-Phoenix… Puis de celui qui l’avait tué. Et là, Livie sentit son cœur mourir. « Ce fils de salaud »… Elle se doutait de qui il parlait. Zachary. Son Zachary. Son amour… Qu’ils étaient en train d’insulter juste à côté d’elle. La pression autour de sa fourchette augmenta. Elle sentait les larmes monter, mais elle se retenait. Oh oui elle se retenait de ne pas aller mettre un coup de poing à un de ses soldats.

Le regard de la jeune femme se posa sur Ernie. Il était crispé, même s’il prouvait le contraire… Il avait compris que c’était la conversation qu’ils avaient attendue, mais ils la redoutaient aussi. La suite de la conversation arriva. Livie sentit la main d’Ernie sur la sienne. Elle lui sourit doucement comme pour faire croire qu’elle était attendrie. Evidemment elle l’était, mais la peur et la colère en elle ne l’aidait pas vraiment à être totalement sincère. Mais dans le fond, un grand soulagement la gagnait. Zachary n’était pas mort… Il était vivant. Elle avait encore une chance de le revoir, de le serrer dans ses bras, de lui dire je t’ai… « Mais si ça peut te rassurer, comme dit Hopkins lui-même, "il y a des châtiments bien plus horribles que la mort" et crois-moi, je n’aimerais pas être à sa place et encore moins à celle de Yaxley. » Le cœur de Livie se serra si fort dans sa poitrine qu’elle crut mourir sur place. La main d’Ernie serra fort la sienne, mais elle ne la sentait pas. Ils allaient le torturer… C’était des monstres. La jeune femme était impassible, elle le devait, mais à l’intérieur elle avait l’impression qu’une tornade venait de ravager tous ses espoirs. Livie n’avait qu’une envie, se lever et… Le tuer. Cette pulsion était si forte en elle, si destructrice, si imposante. Jamais elle n’avait eu cette pensée, pourtant elle était bien présente… Elle voulait venger les blessures qu’ils allaient et qu’ils avaient imposés à Zachary.

Le soldat revint vers eux, s’excusant du caractère envahissant de ses compagnons. Livie sourit avec charme. Elle l’écoutait en acquiesçant, laissant Ernie parler à sa place, parce que si elle parlait, un flot d’injures sortait de sa bouche sans qu’elle ne le contrôle. Quand il repartit, le sourire de Livie s’en alla aussitôt. « Bla bla bla bla bla ». Voilà ce qu’elle avait entendu dans sa bouche de cafard. Ernie la sortit de sa torpeur en lui affirmant qu’il était bien vivant et en lui souriant. Oui il était vivant… Mais à quel prix ? Devaient-ils vraiment s’en réjouir ? Qu’est-ce qui était le pire, mourir ou se voir mourir ? La torture finissait généralement par un seul but… La mort de la personne, même si ce n’est pas physiquement, ça peut l’être mentalement.

« A quel prix ? » dit-elle dans un souffle.

Elle ne savait pas si Ernie comprendrait son raisonnement. Mais le savoir dans un sort bien pire que la mort elle-même ne la rassurait pas vraiment. Elle crut qu’Ernie allait vomir. Livie prit son « père » par l’épaule, inquiète. Il lui assura qu’il fallait finir… Oui pour ne pas finir suspect en retour.

« Prend ton temps… On n’est pas pressé dans l’immédiat. » Dit-elle pour tenter de le rassurer à son tour.

Le temps pressait pour Zachary, mais pour eux non, ils devaient recueillir plus d’information, et aller vite pour manger ne ferait que les rendre plus suspect. Elle continua de manger, sans pour autant avoir d’appétit, comme les derniers jours qu’ils avaient eu. Elle avait du mal à finir, son appétit de moineau ne l’aidait pas vraiment. Ernie lui demanda si elle était prête à y retourner.

« On a vraiment le choix ? » Dit-elle en souriant.

C’est alors qu’Ernie leur commanda à boire. Livie arqua un sourcil surprise. Bah oui hein, c’est bien connu, l’alcool résout tous les problèmes ! Ou du moins, il donne du courage… Enfin un peu. Le problème c’est que Livie n’avait jamais vraiment tenu l’alcool. Bon, un digestif ne devrait pas lui faire de mal, mais quand même. Quand la commande arriva, ils trinquèrent, ému par l’évènement… Et pas forcément par son diplôme imaginaire. Livie leva son verre, le cogna contre celui de son « père ».

« Merci papa. » Dit-elle avec une petite voix émue.

Elle se força à penser à autre chose… A penser à quelque chose d’autre que la situation de Zachary. Mais c’était dur. Il hantait ses pensées… Et entre se douter de quelque chose et le savoir, c’était différent. Savoir que Zach était danger… Peut-être mourant. Elle ne savait pas, mais la colère la submergeait. La colère contre tous ces gens autour d’elle. D’ailleurs, le garçon de tout à l’heure les rappela, leur disant que le gâteau allait être servit. Livie prit un air faussement joyeux et ils le suivirent. Ils les installèrent et Livie vit qu’Ernie se trouvait à côté du soldat qui avait parlé de Zachary. Livie les regarda tandis qu’Ernie commença à parler de la soldate morte au combat au soldat blond.

« Oui, c’est vraiment horrible ce qui est arrivé. Je sais que ce sont les risques mais sans ces… Gens, ce ne serait jamais arrivé, et ça me met hors de moi. »

Elle avait compris. En rajouter sur les sorciers. Livie avait bien insister avec dégoût sur le mot "gens" pour enfoncer le clou... Pour prendre à parti la peine de ces hommes pour leur soldat mort au combat. C’était dur car elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle disait, mais sa mine un peu désolée pour lui fonctionnerait à merveille.


« ... »

P

artager un sentiment de communauté semblait être le meilleur moyen de parvenir à leurs fins. Leur montrer qu’ils partageaient les mêmes convictions, les mêmes envies qu’eux. C’était leur but au final, se faire accepter comme étant des Inquisiteurs et fiers de l’être. Pourtant elle sentait au fond d’elle que quelque chose était vrai dans ce qu’elle disait… Sa haine pour sa magie. Pas forcément pour la magie en générale, Livie était convaincue qu’il fallait de la magie dans ce monde, c’était une question d’équilibre de la planète. Il vivait ainsi depuis plusieurs siècles et même sans doute depuis la naissance de l’homme, pourquoi cela changerait à cause d’un groupe extrémiste ? Mais elle ne se sentait pas née du bon côté de la balance, elle ne se sentait pas sorcière et n’avait pas envie d’en être une. Ce n’était évident que pour elle, personne ne la comprenait. Elle avait bien vu les regards interrogateurs se poser sur elle dans les labos Yaxley. Comment peut-elle penser ne serait-ce qu’un instant à se débarrasser de ce don ? Ses raisons étaient les siennes, bien que souvent incomprises. Zach avait beau essayer de la soutenir, elle savait qu’il ne comprenait pas et qu’il ferait tout pour qu’elle reste comme elle est. Il était convaincu qu’elle faisait une erreur et pas un seul instant elle s’était remise en question. Elle avait accepté d’abandonner juste pour Zach… Mais maintenant qu’elle n’était même plus sûre de le revoir un jour... Elle ne voyait pas ce qui la retenait de sauter le pas. Ces gens l’avaient dit eux-mêmes, ils ne donnaient pas cher de la peau de Zach… Et elle se demandait si elle avait vraiment une chance de le revoir un jour.

Soudainement, le débat entre les soldats s’envenima. Livie regarda l’altercation, essayant de suivre qui disait quoi sans réellement réussir. Mais la pluparts des propos tenu par les soldats étaient relativement les mêmes. Parmi tous les gens qui parlaient, Livie ressentait la même peur au fond de leur voix. La peur de la magie. Elle le savait parce qu’elle ressentait la même chose, elle avait peur de la magie, de ses conséquences, de l’utiliser… Cette peur elle la connaissait mais jamais elle ne s’était mise à la place d’un moldu vis-à-vis d’eux. Elle vivait comme eux mais ne pensait pas comme eux. Dans son appartement il n’y avait rien de magique… Elle n’utilisait pas la magie/technologie de Yaxley et encore moins la magie. Livie en avait trop peur.

La gorge de Livie se serra au nom de Heel. Elle garda pourtant son calme face à eux, bouillonnant intérieurement. Pour garder son sang-froid, elle faisait semblant de s’intéresser, regardant avec de grands yeux chaque personne qui prenait la parole. Comment pouvait-il parler de lui ainsi sans le connaître ? Ils se basaient uniquement sur le fait que ce soit un sorcier et que Ben soit son frère. S’ils savaient que Ben avait juste abandonné son frère à leur main, ils… Non en fait ils réagiraient pareil et même se réjouiraient. Pourtant Zach n’avait rien en commun avec son frère, du moins plus aujourd’hui. Ben était juste devenu un idiot égocentrique et agressif. Livie avait été énormément déçu par cet homme qui se croyait tout permis. Puis ils arrivèrent au cœur du problème : la magie. Si juste avant Livie avait des doutes sur leurs pensées, ce n’était plus le cas désormais. « On s’en servirait pour faire le bien autour de nous. » Il y en a qui le font… Sinon les sorciers n’auraient pas d’infirmières, d’associations contre la précarité magique ou toute autre fondation d’aide, c’est juste qu’on n’en entend pas parler. Il ne se rende pas compte… Mais les hommes sont tous les mêmes. On entend parler que de ceux qui sont mauvais, jamais des gentils… Et la même la magie à ses limites, elle n’est pas un miracle, elle n’est qu’un outil comme un autre. Et comme chaque outil, elle est dangereuse. C’est comme ce servir d’une tronçonneuse, c’est un outil, on s’en sert pour couper du bois, et pourtant on peut en faire une arme et elle peut être dangereuse quand on ne sait pas s’en servir. Livie se plaçait d’ailleurs dans la dernière catégorie, elle n’utilisait pas la magie car elle avait peur de s’en servir, peur que ça déborde. Ce n’était juste pas un outil pour elle… « Il faut les éliminer, un par un. » Mais ils se rendent compte qu’ils parlent de tuer des hommes ? Avoir une idéologie politique était une chose, vouloir éradiquer tout un peuple en était une autre. Jusqu’à preuve du contraire, c’est ce que l’histoire moldu à prouver à tout le monde. Les dictateurs veulent se sentir supérieur, l’histoire l’a dit et l’histoire sera répétée, de toute évidence. L’homme ne tirera donc jamais de leçon de ses erreurs ? Tout le monde approuva les propos du soldat. Livie acquiesça la tête machinalement, tout en restant dans ses pensées. L’homme leva son verre à Natalia, la soldate, au lieu de le lever en son honneur. Malgré tout leur propos, Livie fut toucher de ce geste et leva son verre avec lui, lui envoyant un sourire réconfortant. Être en guerre était une chose, mais Livie avait toujours respecté les morts… Et elle n’oubliait pas que sa tante faisait partie des Inquisiteurs, comme certains de ses amis qui la prenait pour une moldue. Même sa tante ne le savait pas… Au moins s’il se faisait découvrir, elle aurait l’excuse qu’elle avait sa tante parmi eux… Maggie était charmante, ça se trouve elle était connue.

Alors que les gens revenaient à leur discussion initiale, le débat étant désormais clos, un jeune soldat vint poser des questions à Ernie. Elle vit l’œil méfiant de son père vis-à-vis du soldat et bien qu’elle comprenne, elle espérait qu’il ne fasse pas de bêtise en racontant leur histoire. Livie s’intéressait à la conversation avec ses yeux de filles adorables. Le coude sur la table et sa main sous son menton, elle regardait Ernie et le soldat discuter. Elle acquiesçait au dire de son père quand Al, surement le diminutif d’Alan, lui posa une question sur son « petit ami ». La jeune femme lui envoya un sourire gênée, cherchant quoi lui dire d’assez crédible.

« Oh… Je n’en ai pas, enfin je n’en ai plus. Il m’a quitté il y a quelques semaines maintenant, pour… Une sorcière. » dit-elle avec un goût amer dans la bouche.

Son expression de dégoût était tel qu’il comprendrait qu’elle avait une opinion très tranchée sur les rapports avec les sorciers. Pourtant, le petit cœur de Livie se serra devant la tristesse de la situation. Zach lui manquait… C’était indéniable. Elle se souvenait de la veille de son enlèvement… Ils s’étaient dit qu’ils vivraient ensemble, qu’ils trouveraient leur chez eux. Elle entendait encore le rire de Zach résonner dans son appartement, elle sentait encore les caresses contre sa peau. Livie n’en pouvait plus… Non seulement elle devait faire semblant, mais en plus elle donnait de faux espoirs à ce pauvre soldat qui, en soit, ne lui avait absolument rien fait. Mais cette question avait réveillé en elle une inquiétude profonde qu’elle dissimulait depuis leur arrivée dans la ville : Zach allait-il bien ou pas. C’était la question qu’elle se posait à chaque seconde, à chaque minute, à chaque heure depuis qu’elle avait appris qu’il était disparu. Du coup elle lui avait fait une moue un peu gênée mais mignonne quand même, histoire de dire, ben de toute façon il est pas là et tu te gêneras pas pour draguer même si j’avais un copain. Ernie lui demanda si elle allait bien. Livie n’avait absolument pas fait attention à la conversation de son « père », mais elle apprécia qu’il pose la question.

« Oui ça va papa, ne t’inquiète pas. »

Simuler la tristesse de la rupture. Bon ça ce n’était pas compliqué vu qu’elle avait vraiment perdu son petit ami dans les méandres de l’Inquisition et non pas dans les bras d’une sorcière comme elle le prétendait.

« De toute façon, je trouverais toujours mieux que quelqu’un qui préfère une sorcière à moi. » dit-elle avec une certaine fierté mal cachée.

Tout ça était évidemment fait exprès et c’est vrai, Livie était plutôt fière d’elle et de sa tenue au restaurant qu’elle arrivait à gérer malgré la douleur de la perte de Zach.



« ... »