Inquisiteur - Moldu - ft. Sung Kang

Le prisonnier voit la liberté plus belle qu'elle n'est en réalité.

Yong est né un matin d'avril en 1992. Lors des terribles catastrophes de 1999, le petit garçon n'avait que sept ans mais il découvrit alors ce qu'il dira être le plus beau métier du monde : pompier. Les deux sorciers pouvaient faire ce qu'ils voulaient avec un bout de bois, soulever les décombres et trouver les survivants pendant quelques jours. Les pompiers, eux, en avaient fait leur métier. Mais eux n'utilisaient pas de magie.
L'adolescent grandissant admirait encore plus ces hommes de feu, courant dans le building que tout le monde fuyait, alors qu'il était témoin du fait que ses parents n'étaient pas heureux et épanouis dans le métier qu'ils exerçaient. Tout deux fonctionnaires enfants d'immigrés, pensaient clairement avoir raté leur vie. Cette découverte terrifia le jeune homme qui, à seize ans, s'engagea chez les pompiers. Il servit sa caserne pendant presque sept ans avant de prendre un tournant dans sa carrière et de changer d'uniforme.
A  23 ans donc, il prit la décision qu'un collègue n'osait pas prendre : il irait défendre la population contre ces barbares de sorciers. De part son métier, il avait été aux premières lignes pour voir les horreurs inutiles commises par des magiciens sans scrupules : le feu était leur premier ami et bien souvent, ils oubliaient que ceux qu'ils appelaient "moldus" n'avaient aucune défense contre ce genre d'attaque. Le combat était inégal : désormais, Yong fera partie des attaquants et non plus de ceux essayant de sauver ce qui pouvait encore l'être des flammes.

Il estimait beaucoup Septimus et encore plus la mère de Camila qui était une véritable meneuse de troupe. Lorsque celle ci fut lâchement assassiné, il déplaça toute sa confiance dans sa fille avec qui il partageait une amitié sans équivoque.
Néanmoins il n'appréciait pas plus que ça Hasting, son garde du corps qu'il jugeait "sans humour". Le rire était en effet pour lui son arme fatale pour séduire les demoiselles.

Camila était leur leader depuis un an déjà lorsqu'elle décida une conquête de territoire qu'il avait jugé risquée mais faisable.
Il suivait sa meilleure amie dans cette ville aux mains des Mages Fondateurs. Les Inquisiteurs avançaient plus vite que prévu et Yong appréciait qu'ils n'aient pas encore dû tuer beaucoup de sorciers. Il n'aimait simplement pas ça. C'était surement la mentalité de pompier qu'il avait gardé en lui : lui, il sauvait les victimes mais il n'en créait pas plus que nécessaire.
Tout à coup, les sortilèges se mirent à pleuvoir dans une petite cour d'immeubles. Faisant de son corps un bouclier pour son amie, il en reçu pas moins de sept sur tout son corps et tomba sur les gravats.
A son réveil, un visage familier était penché sur lui : une infirmière de leur côté le regardait avec une drôle d'expression. Pas de joie ni même du soulagement en le voyant revenir à lui. Yong n'oubliera jamais son regard sombre et déterminé lorsqu'elle lui injecta un produit le renvoyant directement dans les bras de Morphée.
Il ne comprit que plus tard ce qui c'était joué dans ce regard terrible, alors qu'il s'était déjà accoutumé à l'obscurité de sa prison.

***

La douleur aujourd'hui dépassait le seuil du supportable. Ce seuil était dépassé quand son esprit ne pouvait plus fonctionner; à ce moment là alors, il ne pouvait revoir la douce image de sa mère lui expliquant pourquoi il était important de garder un semblant de tradition dans les noms qu'il donnerait à ses enfants, ni le visage de Camila ou de tout ceux qui avaient un jour fait partie de ce qu'il nommait "ma famille". Ses yeux partaient déjà alors que ses jambes tremblantes ne pouvaient plus le soutenir. Régina venait de infliger un nouveau Doloris et regardait son corps secoué de spasmes avec un plaisir évident. Il lisait dans ses yeux que son corps lui appartenait et, dans le brouillard se dessina bientôt ces terribles pinces dont on se servait pour aplatir ses doigts.
Heureusement qu'il n'avait plus ni larmes ni force car il aurait réellement pu pleurer en voyant son bourreau s'approcher dangereusement de lui.

***

Assit contre le mur de sa cellule, Yong revivait sa première vie. C'est ainsi qu'il pensait à tout ce qu'il avait vécu avant d'avoir été vendu, tel un vulgaire bout de tissus, aux Mages Fondateurs. Prisonnier, il regrettait amèrement de ne pas avoir plus profité des jouissances d'un homme libre : faire l'amour souvent, la chaleur du soleil sur ses joues, les herbes qu'on frôlait de la main quand on s'asseyait dans un parc, la joie d'une course folle sans but, comme lorsqu'on était encore gamin...
Ce manque était comme un manque d'oxygène et chaque jour,Yong devait se battre contre lui-même pour continuer à rire de sa situation.
Son esprit continuait de fonctionner sans relâche. Il ne croyait en rien, si ce n'est peut-être au hasard ... Depuis tout petit, il avait refusé le premier prénom que ses parents lui avaient donné : Dai. Parce que si celà signifiait "grand" en asiatique, en anglais, c'était la même phonétique que "die"... Ainsi, ce choix de jeunesse prouvait qu'il n'allait mourir ici, sur le territoire ennemi.
Oui, un jour, il s'enfuira. Et après, il se vengera.