Mauvaise idée. Les mots tournaient en boucle dans mon cerveau alors que je me dirigeais vers son logement. Mauvaise idée. J’étais morte, techniquement j’étais morte et je devais laisser croire au monde entier que tel était le cas. Cependant, je ne pouvais plus ignorer le besoin obsessionnel que j’avais de la revoir. Elle me manquait, tout me manquait en elle et j’avais besoin de retrouver, aussi minime soit-il se lien humain que j’avais par le passé. Je n’étais pas sans danger, je le savais. Tout était un obstacle dans ma vie, cependant j’avais besoin de me persuader que j’avançais, que les choses s’amélioraient pour moi. J’avais besoin de l’entendre, de la voir, de me rassurer aussi. Elle était tellement plus jeune que moi et je ne savais pas dans quel monde elle avait pu évoluer, qui elle fréquentait, si tout allait bien. Je repensais à toutes les horreurs qui m’étaient arrivés à cause d’un homme et j’étais une fois encore hors de moi. Cela ne devait pas se produire, se reproduire. Je cherchais à calmer la pulsion assassine qui m’envahissait, pensant à quelque chose de moins douloureux, me gavant de sang qu’avait obtenu Richard pour moi et j’avais marché longuement, une fois la nuit tombée pour la retrouver. Mon cœur si j’en avais eu un, s’il battait encore se serait tordu de douloureux. Les vampires ressentent tous décuplés et je pouvais le ressentir. LA folle envie d’égorger mon ex mari, l’envie d’être apaisé par les bras de Richard, la soif, cette soif insatiable et le désir de revoir ma petite sœur après tant d’année. J’étais instable, encore je le savais je le sentais mais l’envie de la revoir ce soir-là fut plus fort que tout le reste et je devais la rencontrer. J’en avais besoin. Une fois devant chez elle, je l’ai suivi pendant des nuits entières, pour me persuader qu’elle allait bien sans moi, j’attendais sans rien dire. Fixant la sonnette me quémandant si une fois, encore ce n’était pas égoïste de ma part de vouloir la voir, alors que je risquais de lui sauter à la gorge pour la vider de son sang. Le fait d’être nourri, et le travail parcouru avec Richard, rassura mes craintes un instant. Je pouvais y arriver, il suffisait de l’espérer. Mon doigt appuya sur la sonnette, ce geste ô combien mortel me tira un rictus, je ne l’étais plus mais j’arrivais encore à feindre l’illusion. J’entendis ses pas de l’autre côté de la porte et j’osais espérer qu’elle ne parte pas à cent à l’heure, dans la direction opposée ou mieux me jette un sors. Je pouvais vaincre plein de chose désormais mais l’indifférence de ma sœur ou sa colère, non clairement pas. La porte s’ouvrit.
« Bonsoir. »
Le mot sortit de ma bouche, donnait à cette scène un côté surréaliste que je n’étais pas encore prête à assumer. Clairement non.
La journée avait été longue mais intense. Rory et Anya avaient passé la journée à me gâter que ça soit en sortie comme par exemple le restaurant ou même la sortie traditionnelle au zoo. Mon beau-frère et ma nièce m'avaient offerts de nombreux cadeaux notamment une petite peluche mammouth que je trouvais juste trop mignonne. Mais maintenant que la soirée allait commencer, je me retrouvais seule dans mon appartement histoire de souffler un peu. Je lançais un DVD de Doctor Who et je m'installais dans mon canapé une tasse de thé à la main quand j'entendis quelqu'un sonner à ma porte. Qui pouvait-il venir à cette heure-ci ? Si c'était Chris qui voulait du gâteau il allait m'entendre. Je me levais et je m'approchais de la porte pour ouvrir et quelle fut ma surprise...
« Bonsoir. »
Cette voix. Cette silhouette. C'était comme dans mes rêves. Comme un songe au milieu de mes rêves. Je ne me sentais tout à coup pas bien du tout. J'avais la tête qui tournait légèrement et je dus poser la main sur l'encadrure de la porte pour ne pas tomber.
« C'est impossible. »
Elle ne pouvait pas être ici. Je n'arrivais pas à accepter le fait qu'elle était là. Je me demandais si ce n'était pas une mauvaise blague mais je ne parlais jamais de ma sœur. Jamais. Je n'arrivais pas à dire que j'avais perdu un être aussi cher, que j'avais perdu toute ma famille et que maintenant je n'avais plus que ma nièce et mon beau-frère dans ma vie... Ma sœur.... Darya... Elle était là devant moi... Impossible. Irréel.
« Darya... »
Je regardais droit devant moi cette femme qui semblait être exactement le portrait de ma sœur. Mais ma sœur était morte et puis elle n'avait pas vieilli et... Ce n'était tout simplement pas possible. C'était une illusion. Une idée saugrenu de mon esprit pour mon anniversaire. Mon vœux ne pouvait pas s'être réalisé après tant d'années. Mon niffleur s'approcha de mon et me grimpa sur l'épaule ce qui me prouva que ce que je voyais n'était pas irréel. Je cédais alors à l'impulsion.
« Oh mon Dieu Darya ! »
Je passais le pas de ma porte pour la serrer dans mes bras, les larmes aux yeux n'osant croire à ma chance.
Elle était surprise. Qu’est ce qu’elle était belle. Très belle et elle avait trop grandie durant tout ce temps. C’était une belle femme et j’avais envie de hurler en sachant qu’il avait profité d’elle alors que moi je luttais contre le monstre assoiffée que j’étais devenue. Je tentais de ravaler ma rancœur même si elle était tenace et terrifiante. Volubile également et elle n’attendait qu’une occasion pour lui bondir dessus. Je l’observais. Elle me regardait comme si elle avait vu un fantôme mais je ne pouvais pas lui en vouloir, j’étais devenue un fantôme. Un mort vivant, un monstre. Je pouvais la tuer en plantant juste mes crocs dans sa peau. Je devais me contrôler, être forte. Tu parles, comme si j’étais forte.
« Darya… » « Sasha… »
Me contentais-je juste de lui répondre alors que je la voyais, écarquiller les yeux se demandant où j’étais passée tout ce temps ? Je combattais la mort et l’horreur. Je tentais en tous les cas de reconstruire ma vie mais je ne pouvais plus vivre sans mes proches. La prochaine étape : revoir ma fille, même si encore une fois ce serait quelque chose de très compliqué à réaliser. Elle m’avait vu attaquer son père, elle allait surement me prendre pour un monstre. tu es un monstre. Une créature vint délicatement se poser sur son épaule et je reconnaissais immédiatement quelle créature il s’agissait, elle avait construite sa vie, j’avais tant de choses à rattraper que cela en devenait douloureux. La peine ne devait pas m’envahir sinon je risquais de fuir cet endroit sans lui donner la moindre explication. J’allais lui dire la vérité, elle méritait de savoir. Je voulais qu’elle le sache en tous les cas.
« Oh mon Dieu Darya ! »
Impulsive, Sasha se jeta à mon cou pour me serrer dans ses bras, une volonté de m’avoir près d’elle, surement pour se persuader que tout cela était vrai. C’était le cas, j’étais bien là devant elle. Je humais son parfum familier et je laissais échapper quelques secondes, appréciant la sensation d’un retour en arrière, d’un retour à la maison quand j’étais encore une humaine ayant la capacité de mourir, de sauver des gens et pas celle de prendre la vie. Mais très rapidement la soif de sang se fit plus violent et je devais lutter contre mes vieux démons. Pas si vieux que cela d’ailleurs. Je devais la repousser avant que le sang qui naviguait dans son cou ne soit trop tentant et que je ne vienne à la mordre et à la vider immédiatement. J’en serais dévastée, je ne voulais pas la perdre. Cette peur fut plus forte que le reste.
« Joyeux anniversaire petite sœur. »
Soufflais-je contre son oreille alors que je m’éloignais précipitamment de son corps, prenant une bonne distance, sécurité qui m’empêcherai de la bouffer toute crue. Je l’observais cependant une lueur d’émotion dans le regard en la voyant devant moi. Je remarquais ses larmes et je mourais d’envie de les effacer et lui rappeler que les Roening étaient faites pour se trouver et se retrouver malgré les épreuves de la vie. Je passais rapidement une main sur ses joues pour les effacer.
« Je suis tellement heureuse de te voir. Tu es magnifique. Une magnifique femme. »
La dernière fois que je lui avais adressé la parole, elle était en pleine adolescente et tout cela ne devait être bien différent de maintenant. Comment lui dire que l’homme qui fut mon mari m’avait tout pris, ma fille. Je voulais savoir comment elle allait. Comment Anya allait mais plus encore je voulais savoir comment elle allait. Je la regardais, je ne pouvais pas rester sur le pas de la porte, à moins qu’elle m’y invite mais une angoisse fulgurante m’étreigne. Elle pouvait m’en vouloir, elle en avait tous les droits, j’étais partie, j’étais morte… J’étais désormais là.
« Comment vas-tu ? »
Tentais-je de lui demander le plus naturellement possible, dans l’espoir que tout aille pour le mieux pour elle. Je voulais que les choses se passent mieux, c’était important. Oui plus que tout.
Je ne comprenais plus rien. J'avais l'impression que tout était un rêve et je ne voulais surtout pas en sortir. Avoir ma sœur dans mes bras. Pouvoir lui parler. J'en avais rêvé pendant des années et des années et des années. Je faisais toujours le même souhait chaque année : retrouver ma sœur. Mais maintenant que je l'avais devant moi je ne savais pas réagir. Je croyais bien sur en la magie mais je ne croyais pas dans les miracles et ça s'en était juste un.
« Mon anniversaire ? Ah ouiiii c'est vrai ! Te voir c'est tellement irréel... »
Oui c'était le mot... Irréel. C'était incroyable et en même temps j'avais pu constater qu'elle était réelle parce que je l'avais tenu dans mes bras. Le pire était que Darya me parlait comme si on s'était vu il y a trois jours. Je restais sur le cul. Oui c'était la seule expression possible.
« Ca va ! Je... »
Je ne savais plus quoi dire. Je m'appuyais contre la porte et je passais une main sur mon cou. C'était étonnant et je ne savais pas comment réagir. J'avais encore les yeux grands ouverts quand une idée frappa mon esprit.
« Mais qu'attends-tu pour rentrer ? Je t'en prie ! »
Je la laissais passer devant moi. Si c'était un rêve je voulais qu'il dure le plus longtemps possible.
« Voilà mon appartement. Ce n'est pas aussi grand que chez Rory mais je suis bien ici. »
Je lui souriais et je la laissais prendre place dans mon canapé tout en m'enfuyant dans la cuisine. Je restais un moment interdite, cachée des yeux de ma sœur. Je voulais y croire mais en même temps c'était compliqué de me dire qu'elle était bien là. Puis au bout de quelques secondes, je m'activais pour mettre dans un plateau le reste de gâteau que j'avais fait et aussi des boissons fraiches et chaudes. Je me pinçais aussi à plusieurs reprises avant de me rendre de nouveau dans le salon et de déposer le plateau sur la table. Mes animaux étaient tous rassemblés dans un coin comme s'il avait peur de quelque chose mais je me disais juste que c'était parce qu'ils ne connaissaient pas encore ma sœur.
« Où étais-tu passé pendant toutes ces années ? »
Je regardais ma sœur tout en mettant une mèche de mes cheveux dans ma bouche comme je le faisais toujours quand je réfléchissais intensément et là c'était le cas. Je voulais juste comprendre pourquoi elle ne m'avait pas contacté depuis tant d'années et aussi pourquoi elle avait laissé Anya toute seule. Je connaissais ma sœur, enfin je pensais la connaître assez pour savoir qu'elle n'aurait jamais fait cela. Puis tout à coup une idée me traversa l'esprit. Mais qu'allait dire Rory du retour de ma sœur dans ma vie et dans la vie de sa fille ?
Je me demandais encore si c'était une erreur de venir la voir. Me croire morte était surement une bonne façon de la protéger du monstre que j'étais désormais. Mais je devais avouer, qu'elle me manquait énormément. Plus que de raisons d'ailleurs et je voulais la retrouver, j'avais besoin de retrouver ma petite soeur, de passer du temps avec elle, aussi court fut-il d'ailleurs. Je pensais à elle, son anniversaire, ma petite soeur...
« Mon anniversaire ? Ah ouiiii c'est vrai ! Te voir c'est tellement irréel... » « Je me doute… »
ça l'était pour moi aussi. Je ne savais pas trop comment me comporter, j'essayais de mettre une certaine distance entre nous, à tout moment je pouvais venir, céder et la tuer. L'idée de tuer une personne qui m'était chère était douloureuse, cependant je n'arrivais pas toujours à me contrôler, jamais d'ailleurs en repensant à tous les exercices que j'ai pu faire. En repensant au corps de Rory et au regard de ma fille.
« Ca va ! Je... »
La discussion est tellement irréel. Elle a raison c'est surprenant, de se dire que je suis en face d'elle depuis tout ce temps. Je suis perdue personnellement, je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire. Je me demande même ce que je fais là, au fond, je le sais. C'est une très mauvaise idée. Je ne peux pas bouger, je dois attendre qu'elle m'invite à rentrer et d'une certaine manière, je ne veux pas qu'elle le fasse. Je suis la menace, je suis le danger. Je suis sa menace de mort.
« Mais qu'attends-tu pour rentrer ? Je t'en prie ! » « Sasha… »
Je souris et j'entre chez elle. J'hésite un moment certes, mais je meurs d'envie de savoir ce qu'elle est devenue, comment est sa vie, je veux rattraper le temps perdu même si au plus profond de mon être je sais que c'est impossible, que je suis moi même bien différente de la soeur qu'elle connait. Je m'en veux terriblement d'avoir perdu tout ce temps mais nous devons faire avec n'est-ce pas ?
« Voilà mon appartement. Ce n'est pas aussi grand que chez Rory mais je suis bien ici. »
Tu y es en sécurité... Marmonnais-je pour moi même, incapable de le lui dire à voix haute. Elle refuserait surement de l'entendre j'imagine. En tous les cas je fais en sorte de fermer ma colère contre Rory loin de ma petite soeur, je ne veux pas de débordement. J'entre et je la laisse s'occuper de tout un tas de choses, je regarde la pièce, incapable de trop bouger, son odeur est partout, fort et délicieusement bon. J'ai envie de planter mes crocs dans son cou, mais l'image de ma soeur morte surgit dans mon esprit. Non, je ne veux pas de ça. Jamais. Je me contente juste de rester immobile et me félicite de m'être gavé à l'excès de sang en poche. Ses animaux me fuient et ils ont bien raison, je suis le danger. Je tourne la tête vers elle doucement. Elle est magnifique, plus femme, plus belle encore que dans mes souvenirs.
« Où étais-tu passé pendant toutes ces années ? »
Comment le lui dire au juste ? Je ne peux pas lui avouer que Rory m'a éloigné de ma famille, m'a forcé à me tuer, et que je suis devenue un vampire. Je ne peux concrètement faire ce genre de révélation à ma petite soeur. Je tente de rester la plus naturelle possible cherchant le mensonge le plus adapté à la situation.
« J'ai voyagé, et ce fut des années sombres, j'aurai tout le temps de t'en parler avec précisions. Toi, comment tu vas ? Tu es heureuse ? »
Comme si après tout ce temps, son bonheur suffisait. Au fond de moi je connaissais la réponse, son bonheur me suffisait simplement, malheureusement je ne connaissais rien de sa vie, rien de tout cela.
« Rory n'a rien fait de mal te concernant ? Anya va bien ? »
Prononcer son nom m'était compliqué mais je devais être forte, si j'étais là désormais c'était pour ma famille. Loin de Rory et de ses fausses promesses, je voulais protéger ma fille et ma petite soeur et j'allais mener cette mission autant que je puisse le faire, quitte à le tuer par mes propres soins. Je n'avais plus rien à craindre et à perdre.
Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Mon anniversaire commençait très voir même trop bien.
« Oui je suis heureuse… Je… »
Je n'avais jamais été plus heureuse qu'aujourd'hui. Je retrouvais l'ensemble de ma famille.
« Je fais le boulot de mes rêves. J’ai un appartement, pleins d’animaux et je voyage beaucoup. »
J'étais heureuse. Tellement heureuse. Et encore plus maintenant que ma sœur était de retour dans ma vie. Cependant je fus surprise quand elle me parla de Rory. Je portais machinalement ma main sur le collier qu'il m'avait fait livrer ce matin même.
« Non pourquoi Rory me ferait-il du mal ? »
Rory avait toujours été gentil avec moi. Il était bienveillant et même très cool.
« C'est lui qui m'a offert cet appartement. »
Et je savais très bien qu'il était capable de tout faire pour moi. Il suffisait que je lui demande pour qu'il agisse. J'aimais beaucoup mon beau-frère que je considérai beaucoup plus comme un frère au final.
« Anya va bien… Elle devrait venir à la maison dans trois jours, il parait qu’elle en fait voir de toutes les couleurs à Rory. Il n’en peut plus d’elle. »
Je souriais. Anya était un ange comme un démon d'ailleurs. Elle savait très bien comment manier son père et aussi je lui avais donné quelques conseils. Rory pouvait être rigide parfois mais il était quand même relativement juste. Je voulais croire que Anya une fois l'adolescence passée verrait tout ce que je pouvais voir dans son père.
« Pourquoi…. Pourquoi tu n’es pas revenue plus tôt ? »
ça me démangeais de lui poser la question depuis qu'elle avait passé le pas de la porte. J'avais cru pendant des années qu'elle était morte et j'aurai eu besoin de ma sœur. Elle était une partie de mon âme et pourtant elle n'était pas revenue me voir. Elle m'avait laissé des années seule mais pire elle avait laissé Anastasia seule... Comment ma nièce allait-elle prendre cette nouvelle ?
Le choc, je reste silencieuse, devant elle. Elle semble heureuse effectivement mais je reste sur la défensive, la crainte que tout cela ne mène vers une interminable tromperie. Je suis dangereuse pour elle, et elle ne sait pas à quel point je peux l’être. Je tente de rester calme, même si au fond je sais que cela reste compliqué. Je peux le faire, il me suffit d’écouter la petite voix sur mon épaule, souvent celle de Richard, me répétant que je suis assez forte pour ne pas lui sauter dessus. J’en doute fort, mais je tente d’être à la hauteur.
« Je fais le boulot de mes rêves. J’ai un appartement, pleins d’animaux et je voyage beaucoup. »
Je laisse échapper un sourire, heureuse pour elle, heureuse d’entendre que sa vie se profile comme elle l’avait imaginé. J’ai perdu tant de temps et je refuse de faire encore cette erreur. Je sais que je ne pourrais pas revenir en arrière mais je fais en sorte que ce soit moi désagréable.
« Je suis heureuse de te l’entendre dire. »
Et j’étais curieuse de connaître l’exactitude de ses relations avec Rory. Je voulais le mettre loin de ma sœur et ensuite loin de ma fille. Même si tout ça me demandait du temps je me savais capable de régler cela. Je n’avais pas le choix, il m’avait tout prix, je devais désormais tout lui prendre qu’ils le désirent ou non.
« Non pourquoi Rory me ferait-il du mal ? » Je grognais. « Pour rien… »
Mensonge. Elle n’avait donc pas vu la vraie nature de Rory. J’en étais rassurée, elle ne courrait pas de danger. Pas encore en tous les cas. Je me promettais de faire attention à cela, je ne voulais pas la perdre. Je refusais de la perdre. Elle m’était trop chère et ça il le savait. C’était étonnant qu’il ne l’ait pas retourné contre moi. Il était capable de faire ce genre de choses.
« C’est lui qui m’a offert cet appartement. » « C’est très généreux de sa part. »
Malgré moi je laissais échapper un rire, un rire sarcastique. Parce que je savais qu’il ne faisait rien par hasard et je m’en voulais d’avoir cru en lui, avant qu’il ne se montre aussi détestable. Je lui en voulais, cette colère n’était pas vaine et elle n’allait surement pas s’atténuer. Loin de là, j’avais besoin de me calmer, pas devant ma sœur… Jamais.
« Anya va bien… Elle devrait venir à la maison dans trois jours, il paraît qu’elle en fait voir de toutes les couleurs à Rory. Il n’en peut plus d’elle. »
Une immense fierté gonfla ma poitrine. Qu’elle se montre « chiante » auprès de Rory me plaisait énormément. J’étais même fière d’elle, elle pouvait l’être en tous les cas. Je doutais que ce soir vraiment le cas, mais en tous les cas elle avait le caractère qu’il fallait et ça c’était une bonne chose. Je fronçais les yeux à ces derniers mots.
« [color:c8af=#rosybrown]Pourquoi… Pourquoi tu n’es pas revenue plus tôt ? »
Comment lui expliquer ? J’étais un danger pour tout le monde. Je ne savais pas si je devais lui dire la vérité. Pour sa sécurité, non. Elle allait surement prendre peur, même si elle m’adorait, même si parfois elle pouvait se montrer un peu naïve. Je ne voulais pas la mettre en danger même si d’une certaine manière j’étais en train de le faire. Je tentais d’être la plus neutre possible et raconter une idiotie… N’importe laquelle.
« Je ne pouvais pas le faire sans vous mettre en danger… Les dernières années ont été compliquées pour moi, et je n’étais pas en état. »
Que rajouter de plus, je ne le savais pas. Mentir encore plus, cela me semblait tout de même compliqué. Difficilement réalisable et pourtant la vérité, pouvait être plus simple. Je devais à tout prix la mettre en garde.
« Fait bien attention à Rory, il cache bien son jeu. » Je me pinçais les lèvres. « Je voudrais pouvoir tout t’expliquer. » si j’en avais la force ou bien même le courage je le ferais sas aucune hésitation.
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Mauvaise idée. Les mots tournaient en boucle dans mon cerveau alors que je me dirigeais vers son logement. Mauvaise idée. J’étais morte, techniquement j’étais morte et je devais laisser croire au monde entier que tel était le cas. Cependant, je ne pouvais plus ignorer le besoin obsessionnel que j’avais de la revoir. Elle me manquait, tout me manquait en elle et j’avais besoin de retrouver, aussi minime soit-il se lien humain que j’avais par le passé. Je n’étais pas sans danger, je le savais. Tout était un obstacle dans ma vie, cependant j’avais besoin de me persuader que j’avançais, que les choses s’amélioraient pour moi. J’avais besoin de l’entendre, de la voir, de me rassurer aussi. Elle était tellement plus jeune que moi et je ne savais pas dans quel monde elle avait pu évoluer, qui elle fréquentait, si tout allait bien. Je repensais à toutes les horreurs qui m’étaient arrivés à cause d’un homme et j’étais une fois encore hors de moi. Cela ne devait pas se produire, se reproduire. Je cherchais à calmer la pulsion assassine qui m’envahissait, pensant à quelque chose de moins douloureux, me gavant de sang qu’avait obtenu Richard pour moi et j’avais marché longuement, une fois la nuit tombée pour la retrouver. Mon cœur si j’en avais eu un, s’il battait encore se serait tordu de douloureux. Les vampires ressentent tous décuplés et je pouvais le ressentir. LA folle envie d’égorger mon ex mari, l’envie d’être apaisé par les bras de Richard, la soif, cette soif insatiable et le désir de revoir ma petite sœur après tant d’année. J’étais instable, encore je le savais je le sentais mais l’envie de la revoir ce soir-là fut plus fort que tout le reste et je devais la rencontrer. J’en avais besoin. Une fois devant chez elle, je l’ai suivi pendant des nuits entières, pour me persuader qu’elle allait bien sans moi, j’attendais sans rien dire. Fixant la sonnette me quémandant si une fois, encore ce n’était pas égoïste de ma part de vouloir la voir, alors que je risquais de lui sauter à la gorge pour la vider de son sang. Le fait d’être nourri, et le travail parcouru avec Richard, rassura mes craintes un instant. Je pouvais y arriver, il suffisait de l’espérer. Mon doigt appuya sur la sonnette, ce geste ô combien mortel me tira un rictus, je ne l’étais plus mais j’arrivais encore à feindre l’illusion. J’entendis ses pas de l’autre côté de la porte et j’osais espérer qu’elle ne parte pas à cent à l’heure, dans la direction opposée ou mieux me jette un sors. Je pouvais vaincre plein de chose désormais mais l’indifférence de ma sœur ou sa colère, non clairement pas. La porte s’ouvrit.