Objet : RE Demande d'avis

Cher Amour,

Jamais je n'ai reçu de lettre qui m'a fait autant plaisir que la votre. J'ai beau connaître votre retenue, vos paroles m'ont touchées au delà de tout ce que je pouvais imaginer. Je vous aime sincèrement, et savoir que mes sentiments trouvent un écho, est le plus grand des bonheurs.

Ce matin j'ai senti votre énergie alors que j'étais terrifié. Je vous savais à mes côtés et cela a suffit pour que je reprenne courage. Si vous m'aviez vu à ce moment là je suis certain que vous seriez tombé immédiatement amoureux de moi. Nous sommes tout les deux des hommes de nature timide, mais il y a parfois des instants où nous sommes capables de nous transcender et de révéler le meilleur de nous. J'ai été éloquent, pertinent, sublime, élégant dans la construction de mes arguments. Les mots ont une puissance magique qui va au delà de tout ce qui existe. J'en ai toujours eu la conviction de façon empirique, et dès qu'on m'en a donné l'occasion j'ai cherché à le démontrer. Aujourd'hui j'ai utilisé ce savoir pour être un Magicien, mais sans vous jamais je n'aurais eu le courage d'accomplir ce tour de force. Vous êtes l'ami qui me rend meilleur, et pour cela je ne sais pas comment vous remercier. Cela est bien peu, mais si vous le désirez je vous apprendrais ce que je sais sur la magie des mots.

Je suis extrêmement ému que vous me fassiez des confidences aussi intimes, et croyez bien que je mesure avec un grand respect tout les efforts que vous faites pour moi. Comme vous j'éprouve plus de facilitées à me confier par écrit. Je me sent moins maladroit et moins imbécile que quand je suis face à vous, et que je me retrouve incapable de faire autre chose que de vous sourire bêtement. Je doute que vous puissiez avoir conscience de l'attraction à laquelle vous me soumettez malgré vous. De même que je serais bien gêné de parler de ça de vive voix, ici je me sent libre de vous faire cette confidence. Je vous trouve très mignon quand vous souriez.

Si cela peut vous rassurez un peu, sachez que moi non plus je n'ai pas eu une vie sentimentale très facile. Le fait d'être entré dans les Ordres très jeune aurait du m'aider à me mettre au pas, mais malgré tout mes efforts je n'ai jamais été capable de contrôler mes élans amoureux. Personne ne peut se vanter d'avoir vécu uniquement des histoires parfaites. Mais je crois que vous comme moi savons très bien ce qu'est une peine de cœur. D'ailleurs je comprend votre réserve à mon égard, mais sachez que je suis honnête, et que jamais je ne vous ferais souffrir. A plusieurs reprises je me suis retrouvé face à des personnes mal intentionnées qui m'ont menti sur leurs sentiments, dans le simple but d'obtenir des faveurs de ma part. J'admets avoir été naïf, et je m'en repend encore aujourd'hui. Mais pour dire vrai je ne comprend toujours pas une telle cruauté. Je ne suis pas de ceux qui dupent ou mentent, j'espère que vous vous en rendrez compte avec le temps.

Je vous en prie, ne dites pas que vous n'êtes pas doué en relations humaines. Vous êtes simplement un homme qui a besoin de prendre son temps pour se construire. Je le comprend et je l'accepte. Je saurais me montrer patient car je sais que ce n'est absolument pas un caprice de votre part, mais que vous en avez réellement besoin. Mon affection pour vous n'est pas « incroyable », elle est tout simplement évidente. Je ne vois pas comment j'aurai pu vous croiser sans me retourner sur votre passage. C'est difficile à expliquer, parce que je le ressent comme une vérité au delà des mots. La Goutte du Diable ne vous apportait rien de bon, je me sent irresponsable de ne pas avoir essayé de vous en protéger. Je vous en prie restez près de moi.

J'ai également hâte de vous revoir vendredi. Pourtant je ne suis pas effrayé, alors que vous avez raison je devrais l'être aussi un peu. Je crois que j'ai cessé de réfléchir, et je me laisse porter par le courant. C'est compliqué d'en arriver là, mais il me semble que la prière et la méditation m'y ont aidées. Je n'essaye pas de m'empêcher de réfléchir. D'ordinaire je serais déjà en train de prévoir trop de choses dans ma tête et mes pensées ne seraient qu'un brouhaha. Non, je n'en ressent plus le besoin. Il y a cette force qui me pousse à aller vers vous, sans rien de spécial à l'esprit, juste pour être à vos côtés. Si vous ne voulez pas parler je me tairai, si vous ne voulez pas que je vous embrasse je ne vous toucherai pas, si vous ne voulez pas que je vous regarde je baisserai les yeux. Tout ce qui compte pour moi c'est de savoir que vous êtes là, et de veillez continuellement à votre bonheur.

J'ignore si cela vous plaira, mais j'ai rédigé un autre poème. Il provient d'un rêve qui m'est venu il y a longtemps, et j'ai peur que mon état d'esprit actuel l'ai rendu mélancolique. Je dois avoir le cerveau trop embrouillé pour réussi à écrire quelque chose de correct, alors je m'attend à vous décevoir. Meborack est le monde de l’Équilibre, j'aimerais tant vous le montrer autrement qu'à travers mes mots maladroits.

Merci encore de me soutenir comme vous le faites, j'espère réussir à vous le rendre un jour.

A très vite.


Raphaël
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1 pièce jointe « Troisième Poème : Meborack »


Meborack

Porte moi Messager voilé, sur les ailes de ma Conscience,
Et offre moi la gloire de toucher du doigt la puissante et insondable perfection,
Contempler l'Empire cyclique, et comprendre le secret de la Majestueuse Symétrie.

Les cinq lunes pâles dansent silencieusement sur l'azur leur ballet immuable,
Et mon cœur alanguit contemple leur exceptionnelle beauté.
La pluie des dix jours gorge d'eau la terre rouge des vignobles des plateaux de Sylène.
Le fracas de l'averse réveille la tristesse carnassière qui ronge le fond de mon âme.

Douloureuse souffrance que la contemplation froide de la plus sensible perfection.
Ô Cassandre l'implorante, apprend moi à vivre avec cette crevasse déchirante dans mon cœur.
Guide moi, désigne moi qui saura m'accompagner dans mon immense solitude,
Qui pourra soutenir la vu de Meborack et continuer à percevoir en moi quelque chose de bon.

Hors du temps, derrière les murailles émaillés de bleu du Palais des Sublimes,
Se trouve ce qui est Pur et Vrai, la Balance Cosmique qui soutient l'équilibre des Mondes.
Délicat mécanisme assemblé par les Anges, le cuivre et l'airain chantent une mélodie insondable.
Tel est le Trésor de Meborack, l'instrument rationnel et constant de toute la Création.

Soudain résonne le chant des flûtes qui mènent le cortège solennel de la Prêtresse pourpre.
Leur antique mélodie s'élance à travers les astres jusqu'aux ténébreux dédales du labyrinthe oublié.
La Bête y réclame vengeance, et ses pleurs se perdent dans le silence des énigmes indicibles,
Bourdonne le souffle subtile sur les parois de pierres, l’écho étouffé des égarés à jamais ensevelis.

Jamais mes yeux n'oublieront la somptueuse beauté des jardins suspendus de Meborack.
Et toi puisses tu t'en détourner, puisses tu trouver le courage d'interroger Celui qui veille.
Craint son bâton de buis, incline toi devant ses sabots d'or plus brillants que le soleil à son zénith.
Vois ce point qui te guide à l'horizon, qui scintille sous les cinq lunes au delà des mers azuréennes.
La clave que tu cherche est près de toi, posée sur le plateau d'airain de l'équilibre sublime.