1747 : un bébé tout potelé vient au monde quelque part au sud de l’Ecosse. Deux mains puissantes – ô combien puissantes ! – le déposent dans un panier en osier. Quelques heures plus tard, Sam et Nelly Padick trouvent un charmant petit panier en osier devant la porte de leur moulin. Ils appellent leur nouvel enfant Walter.
1766: le jeune Walter Padick a 19 ans. Alors qu’il coupe du bois dans la forêt un jour de forte chaleur, il s’évanouit et est pris d’une vision. Son vrai père n’est pas Sam Padick. Son vrai père est ailleurs, il s’appelle Maerlyn et c’est un sorcier. Walter rentre au village, qu’il brûle avant de s’enfuir en emportant un baluchon de vivres et quelques vêtements.
1767 : sur la route de Glasgow, Walter se fait violer par un vagabond. Seul et perdu, il renie pour la première fois son identité. Il s’appellera désormais Ralph Faded.
1769 : après un an à enchainer des petits boulots à Glasgow, Ralph prend la direction de Portpatrick où un bateau l’emmène sur l’Île de Man. Là, il intègre le couvent de Sainte-Bénédicte où l’Abbé Matthew le forme à l’éveil spirituel. Ralph se fait maintenant appeler Frère Walter.
1770 : l’abbé prend Walter son sous aile et sent en lui une destinée et des capacités inouïes. Il lui enseigne l’alchimie.
1771 : sur son lit de mort, l’Abbé Matthew révèle à son jeune protégé que son père, Maerlyn est toujours en vie et qu’il le connaissait. Il remet à Frère Walter une enveloppe. A l’intérieur, une carte pointant un village d’Ecosse et au dos, l’inscription en pleine page : « 19 ».
1773 : Frère Walter reste un peu plus d’un an encore sur l’Île de Man où il parfait son art alchimique et se constitue un laboratoire. Dans la nuit du 22 novembre, une violente explosion retentit. Le lendemain matin, celui qu’on appellera désormais Walter o’Dim n’est plus là. Dans son laboratoire, des moines trouvent la dépouille affreusement mutilée d’un autre moine, le frère Anthony. Walter rejoint le village de Hogsmeade qu’indiquait la carte remise par Matthew. Il parvint intégrer l’école de Poudlard en prononçant le seul mot « 19 ».
1774 : dès son arrivée à Poudlard, le directeur de la Maison de Serpentard le prend en charge. Bien qu’il soit apparemment de sang-mêlé, le co-fondateur de Poudlard décèle en lui des traces d’une magie très ancienne et puissante.
1775 : Walter comprend que le Serpentard se sert de lui comme un outil. Il l’accepte. Il apprend l'existence de la Chambre des Secrets et y voit mourir plusieurs moldus. Le directeur de Serpentard lui révèle que Maerlyn était un des plus grands sorciers mais s’est retiré de ce monde il y a bien longtemps. Il conseille à Walter d’abandonner sa recherche futile et de se concentrer sur son apprentissage. Il lui remet une baguette noir d’ébène finement ciselée de motifs ressemblant aux créneaux d’une tour. Serpentard refuse de lui indiquer quel est l’élément magique qu’elle renferme. Plongé dans le désespoir, Walter commence à sombrer dans la folie et parfait sa connaissance des sorts interdits. Il choisit le nom de Richard Fannin.
1779 : Richard quitte Poudlard sous la pression des trois autres Maisons. Il fuit vers l’Irlande et établit son laboratoire à Dungannon, sombrant toujours un peu plus dans la mégalomanie et la folie. Il y pratique une forme bâtarde de magie, mélange d’alchimie, d’astronomie et de sorcellerie interdite. Il prend petit à petit la mesure du temps qui passe et devient obsédé par sa jeunesse. Il réveille plusieurs cadavres fraîchement récupérés au cimetière mais doit rapidement mettre fin à leurs "ré-existences" : ces expériences sont des échecs cuisants mais qui lui permettront de gagner en connaissance par la suite.
1781 : Richard passe jour et nuit à tenter de communiquer par l’esprit avec Maerlyn mais en vain. Il parvint néanmoins, par des méthodes peu orthodoxes, à se procurer des documents lui donnant des renseignements sur son prétendu père. A l’apothéose de sa « carrière », Maerlyn a façonné douze artefacts d’une puissance inimaginable permettant la voyance, l’oracle, la télépathie… Mais difficile de distinguer le mythe de la réalité car aujourd’hui il n’y a aucune trace de telles objets. Et toujours ce temps qui passe !!!
1785 : après de nombreuses tentatives ratées, il réussit enfin le sort innommable qu’il a mis au point : celui de se donner la « jeunesse » éternelle (il a déjà 38 ans !). Mais le sacrifice en contrepartie est lourd : si son enveloppe physique se maintiendra dans le temps, c’est son esprit qui subira les affres du temps. Le point de départ de cette folie est la vision qui l’assaille lorsqu’il jette le sort qu’il a baptisé Tempus Bellum. Il y voit sa vie passée, sa vie actuelle et sa vie future. Même s’il ne vieilli pas, il n’est pas pour autant immortel. Il voit également son but (eh oui, s’il doit vivre indéfiniment, il faut bien qu’il serve à quelque chose !), son but qui le répugne : une personne et un endroit très particuliers n’attendent que lui. Mais il voit surtout quand, où et comment il va mourir et cette vision ne le quittera pas jusqu’à ce moment précis. Voilà ce qu’il apprend. Walter Padick, Ralph Faded, Frère Walter, Walter o’Dim et Richard Fannin sont morts. Randall Flagg est né. Son sacrifice, c’est aussi d’oublier toute cette magie interdite, de l’enterrer dans un coin reculé de son cerveau, derrière un verrou solidement fermé. Sa torture ? Avoir la clé de ce verrou, la clé qui lui rendra tout ce savoir impie qui le rendra fou à en mourir. Et cette clé, c’est
1786 : Randall arrive à New-York après un long et pénible voyage depuis Dublin. Il va devoir entretenir ce sortilège et ce corps qui ne vieilli pas. Le procédé est lourd et complexe, mais il garde espoir en la science dans le futur pour corriger ce léger problème. Pour le moment, il décide d’abandonner la magie et de développer ses capacités naturelles pour se « faire un nom », dans l’espoir vain d’enlever l’épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa tête. Pendant toutes les années qui suivront, il cachera avec soin sa baguette.
1789 : par le dupe et la ruse, Randall se place tout près des plus grands généraux de la Guerre d’Indépendance. Il fait pencher le Collège Electoral en faveur de George Washington dont il sera le confident et un conseiller dans l’ombre.
1837 : changeant régulièrement de nom, Randall a participé de près ou de loin à l’établissement de l’état américain à travers sa succession de présidents en tant que conseiller ou mécène grâce à la puissante industrie papetière qu’il a créé quelques années auparavant : « American Cellucotton ».
1933 : il s’appelle désormais Robert Fulmore et devient le médecin de Franklin Roosevelt.
1963 : le 22 novembre, Richard Feather assassine John Fitzgerald Kennedy et fait accuser Lee Harvey Oswald.
1964 : bien qu’il ignore pourquoi, certains anciens membres du Ku Klux Klan le poursuivent à Dallas en le traitant de sorcier. Il fuit à travers le Texas, le Nouveau-Mexique et l’Arizona.
1965 : il s’installe à Flagstaff, en Arizona et devient médecin de campagne sous le nom de William Dawn. Il épouse Mary K. White et ils ont deux enfants : Edward et Timothy.
1998 : Mary décède. Timothy étudie à Oxford et Edward sombre dans l’alcool et décède deux ans plus tard au Memorial Hospital de Flagstaff d’une cirrhose.
1999 : 1er décembre. Séisme.
2000 : le Fléau. William reprend la magie et ressort sa baguette. Sa peur et ses cauchemars reviennent. Le verrou mental est toujours en place. Il tient bon malgré quelques idées noires qu’il a eu après l’éclatement de sa famille, auprès de son amant de toujours : le whisky. Plusieurs fois, il songea de ramener à la vie sa femme et son fils, mais à quoi bon ? Après tout, elle ne serait qu’une loque humaine comme tous ses cobayes précédents, d’il y a bien bien long. Il valait mieux que ça désormais.
2004 : il s’installe à New Phoenix. Sur le registre d’état civil, il inscrit Marten Largecape. Il retrouve une vie de magicien et en souffre parfois – souvent même. Lui reviennent à l’esprit les images folles de sa scolarité à Poudlard et renie complètement l’idéologie extrémiste des anti-moldus, anti-Mary, Eddie et Tim. Le projet de New Phoenix est son nouvel idéal : une société hybride de magie et de technologie.
2008 : Marten a vent de la construction des Tours Yaxley. Il y voit un signe.
Janvier 2030 : assassinat de H.J. Roosevelt. Marten a peur.
Juin 2030 : il travaille dans les laboratoires des Yaxley en tant que chercheur en nanomagie depuis une quinzaine d’années. Cela lui a notamment permis de miniaturise en une pilule a prendre quotidiennement le mécanisme qui maintient sa jeunesse - gare à l'oubli ! Il retrouve le bonheur et le sommeil, convaincu qu’il œuvre pour le bien de l’humanité : quel plus beau cadeau que d’offrir aux non-sorciers des pouvoirs ? Cette nouvelle vie lui plaît. Pourvu qu’elle dure. Pitié, pourvu qu’elle dure jusqu’à…