code by Silver Lungs

Lochlan avait profité de l'absence de son compagnon pour faire un petit somme. Confortablement installé dans son lit, à l'intérieur de la chambre soigneusement calfeutrée qu'ils partageaient depuis une trentaine d'années maintenant, il avait lu quelques pages d'un bouquin plutôt ennuyeux avant de s'assoupir.

Au début de son existence de vampire, il semblait avoir complètement perdu la capacité de rêver ce qui l'avait attristé mais lui avait semblé normal puisque certains prétendaient que les vampires n'avaient pas d'âme. Depuis sa rencontre avec son âme sœur toutefois, et de plus en plus souvent à mesure que les années passaient, il lui arrivait de recommencer.

Il rêvait, donc, lorsque le bruit de la sonnette lui avait brusquement fait relever la tête. Qui était donc le crétin qui venait le déranger ?! Maussade, il avait paresseusement descendu les escaliers qui menaient au rez de chaussé avant d'ouvrir la porte, en prenant bien soin de ne pas s'exposer à la lumière du jour.

- C'est pour quoi ?

Il avait rapidement reconnu son voisin mais, même s'il le savait issu d'une famille de sorciers influents, il n'avait pas pris la peine de remettre de l'ordre dans ses cheveux en bataille. Lorsqu'un feulement de mécontentement s'était échappé de la boîte que tenait Yaxley, il avait laissé échapper un soupir machinal.

- Ah, je vois... y'a-t-il un mort à déplorer ?

La dernière fois que quelqu'un s'était présenté à leur domicile pour se plaindre de leur chat, c'était pour leur signaler qu'il venait d'étriper un jeune hibou en cassant un ou deux vases dans le feu de l'action...

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Lochlan avait râlé lorsque son compagnon lui avait ramené l'ignoble boule de poils qu'il avait trouvé affamée dans la rue et qui terrorisait désormais le voisinage. A l'époque déjà, alors qu'il n'était encore qu'un chaton, il avait ce regard sournois qui en disait long sur sa personnalité et qui ne présageait rien de bon pour l'avenir...

- Vous direz à votre chienne de ne pas le prendre pour elle, il n'aime personne.

Il avait récupéré la boîte lorsque Yaxley la lui avait tendu mais il avait préféré ne pas l'ouvrir dans l'immédiat pour que son occupant ne soit pas tenté de se venger de l'affront qui venait de lui être fait. Il s'était donc contenté de la poser dans un coin de l'entrée.

- Désolé pour votre vaisselle.

Il s'était interrompu durant quelques instants pour réfléchir à ce que son âme-sœur aurait fait dans une telle situation avant de reprendre, sans grand enthousiasme.

- Je vais vous dédommager. Entrez.

Il détestait voir des inconnus pénétrer sur son territoire mais puisqu'il était en tort, il se disait qu'il pouvait bien faire un petit effort...

- Nous ne buvons pas de thé mais nos tasses sont indemnes et il me semble que nous avons au fond d'un placard. Ça vous tente ?

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Lochlan avait jeté un œil à la boite qui contenait toujours son chat lorsque Yaxley lui avait demandé de le tenir à l'écart de chez lui à l'avenir. A moins de le garder enfermé, de l'hypnotiser ou de lui jeter un sort, cela risquait de s'avérer difficile...

- Je ferai mon possible pour que vous ne le revoyez plus.

Il n'avait eu le temps que de refermer soigneusement la porte quand son interlocuteur l'avait questionné au sujet de son compagnon.

- Non, en effet. Il est parti avant les premières lueurs de l'aube et, je suppose que vous imaginez pourquoi, il ne rentrera pas avant la tombée de la nuit.

Comme souvent. Lochlan ne savait pas exactement où il se trouvait car chacun se laissait un minimum de liberté mais il se doutait qu'il s'était une fois de plus mêlé aux Hommes qu'il appréciait tant.

Son regard s'était quelque peu assombri au moment où Victor s'était intéressé au journal qui était resté ouvert sur la table qui se trouvait non loin de là. Il n'était pas en colère contre lui mais contre les individus qui minimisaient honteusement la gravité et l'ampleur de l'affaire qui concernait ses semblables.

- Je ne connaissais personnellement aucune des victimes mais au rythme où les choses vont, tout le monde risque d'être menacé.

Il s'était interrompu durant un court instant avant de reprendre :

- J'ai entendu dire que vous participiez à l'enquête. Savez vous quelque chose que ce torchon ne dit pas ?

En attendant une réponse, il l'avait invité à s'asseoir...

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Les vampires étaient pour la plupart des créatures fières et indépendantes. Si certains des plus influents d'entre eux s'étaient abaissés à demander de l'aide à un sorcier, c'était que la situation devait être encore plus grave qu'elle y paraissait.

- Pourquoi avoir accepté ? Vous n'avez pas peur des représailles ?

Ordinairement, c'était les immortels qui traquaient les autres et non le contraire. Même s'il n'avait pas tué d'humain depuis fort longtemps, Lochlan n'appréciait guère de passer du statut de prédateur à celui de proie potentielle. Après avoir vécu 500 ans, il n'avait pas vraiment peur de mourir. Ce qui le terrifiait, c'était que son compagnon, bien trop gentil et naïf à son goût, pourrait facilement tomber dans un guet-apens et être massacré par des individus peu scrupuleux...

- Je l'ignorais, même si mes sens sont en alerte depuis quelque temps.

Il avait pris le temps de mettre de l'eau à chauffer pour servir à son invité le thé qu'il lui avait promis avant qu'il entre puis il avait repris :

- N'y a-t-il aucun moyen de rentre notre sang impropre à la consommation pour contrarier ceux qui s'en servent comme d'une drogue ? A ce que j'ai compris, c'est tout ce qui les intéresse...

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Ah l'argent ! Il pouvait faire faire des folies aux Hommes. Cependant, son voisin n'en manquait à priori pas, il devait donc avoir une autre raison d'avoir choisi de se mêler à l'enquête... La justice... C'était noble. Sa déclaration venait de le faire monter dans l'estime de Lochlan, qui le connaissait surtout au travers de la description que son compagnon lui avait faite de lui.

- Je vois.

Il avait versé de l'eau chaude dans la très vieille tasse qu'il avait posé devant lui avant de le questionner, en désignant une petite boîte en métal.

- Earl Grey, fruits des bois ou miel ?

Visiblement, son amant n'avait pas su se décider pour un seul parfum de thé. Issu d'une famille aisée, il avait peut-être eu l'occasion d'en consommer de son vivant mais très peu et cela remontait à loin, ce qui avait du rendre le choix un tantinet difficile pour lui qui souhaitait toujours faire plaisir à ses invités.

L'immortel s'était assis en face de son interlocuteur, par politesse, pendant qu'il se désaltérait.

- Non, je n'ai rien remarqué de particulier dans le coin. Avez vous surpris des agissements suspects de votre côté ?

Le premier qui oserait venir rôder un peu trop près de leur maison avec de mauvaises intentions risquait de se retrouver avec ses tripes enroulées autour du cou...

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