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 Ain't no grave

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Khaaleb Tal'ahjon
Khaaleb Tal'ahjon

We are one

ϟ Métier : Directeur du Département de Régulation et de Protection des créatures magiques - Nouvellement nommé Marrok de la Grande Meute Américaine ϟ Âge : 36 ans ϟ Race et sang : Sorcier Mohawks ϟ Particularité : Loup garou ϟ Statut civil : Compliqué

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ϟ Messages : 1098 ϟ Date d'inscription : 21/12/2016 ϟ Disponibilité RP : 1x par semaine ϟ Célébrité : Jason Momoa ϟ Crédits : perso/la magie de google

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MessageSujet: Ain't no grave   Ain't no grave Empty30.12.18 19:53


Ain't no grave
can hold my body down


Un crac sonore se fit entendre dans la nuit. Le bruit caractéristique du transplanage résonna entre les arbres sur la neige fraîche qui recouvrait tout, puis le silence revint, comme si ici rien ne bougeait, comme si rien n'était vivant. Tout était figé dans la glace, dans l'éternité gelée de l'hiver Canadien.
Il n'y avait que sa respiration, lente, régulière, pour marquer la mesure par des nuages de vapeurs qui sortaient de sa bouche entrouverte. Chaque respiration lui piquait les poumons comme autant d'aiguilles acérées pénétrant dans ses chairs. La différence de température entre ici et le lieu qu'il venait de quitter était terrible, pourtant, elle lui faisait du bien, elle le rassurait, le gardait éveillée, lui faisant se rappeler qu'il était toujours en vie.
Relevant la tête, Khaaleb aperçu sa maison dans l'obscurité quasi totale. Le loup n'avait pas besoin de lumière pour y voir dans les ténèbres, et il connaissait chaque pierre de sa propriété. Pourtant, le jeune homme resta encore quelques minutes les pieds dans la neige, immobile comme une statue de givre parmi les silhouettes des arbres fantomatiques.
Après des heures passées dans le bruit et la fête, il avait besoin de se recentrer, de rassembler ses idées, de faire le point. Même s'il avait encore dans la bouche le goût de l'alcool, le sorcier se rendit compte qu'il ne s'était jamais senti aussi sobre, comme si désormais son corps refusait de se soumettre à l'ébriété.  Depuis plus de 24h, il sentait un poids supplémentaire peser sur lui. Et il était lourd ce poids, lourd de toutes les conséquences qu'il amenait. Tellement de choses s'étaient passées en si peu de temps, tellement de choses allaient encore se passer. Il restait tant à faire.

Alors sans que rien ne déclencha ce changement, Khaaleb bougea, se dirigeant soudain à grandes enjambées vers le perron du chalet dont il ouvrit la porte qui n'était jamais verrouillée. D'un geste habituel et si souvent répété, il alluma la lumière et balaya la pièce principale du regard pour la trouver comme elle était toujours, vide, hormis les objets et les souvenirs qui l'habillaient. Poussant un soupir, le jeune homme ferma le bâtant de la porte derrière lui, et entrepris de retirer veste et cravate qui lui serrait le cou comme une corde de pendu. Jetant l'une et l'autre sans aucun ménagement sur le canapé, il se dirigea sans un bruit vers la cheminé où ne restait que des cendres froides et volatiles.
Après avoir remonté les manches de sa chemise, le loup arracha des pages de vieux journaux qu'il chiffonna, puis il tendit le bras et saisit dans un panier en osier des bûches et du petit bois qu'il installa dans l'âtre. Récupérant un briquet dans la poche arrière de son pantalon, il en actionna la pierre et alluma le papier. La flamme, tout d'abord timide et minuscule, se propagea doucement, faisant se tordre les pages froissées couvertes de lettres imprimées et les petites branches maigres dans des craquements sinistres. Remplissant ses poumons d'air, il le souffla doucement, projetant ainsi des petites flammèches dans la cheminée qui grimpèrent vers le conduit d'aération. Très vite, les flammes grandirent, mordant et léchant les bûches sèches. Silencieux, Khaaleb resta quelques nouvelles minutes à regarder le feu croître, à savourer sa chaleur, à sentir ces picotements sur sa peau. Il aurait pu utiliser la magie bien sur, mais le sorcier aimait aussi faire les choses ainsi, sans avoir en permanence recourt à sa baguette, sans se laisser aller à la facilité.
Mais rien ne serait plus facile désormais.

Alors qu'il contemplait le feu, le loup se rendit compte qu'il se sentait terriblement fatigué. Cependant, ce n'était pas la fatigue du sommeil, non, c'était celle de la lassitude qui le rongeait. Mais il n'aurait plus le temps ni le loisir d'être ni las ni fatigué à présent.
Rassemblant ses forces, le jeune homme posa sa main gauche sur la tablette de la cheminée et se hissa difficilement afin de se remettre debout. Dans le mouvement, il sentit une douleur dans son épaule, comme un tiraillement, une gène sournoise. Fronçant les sourcils, grimaçant, il se détourna de l'âtre et alla se chercher une bière dans son frigo qui ne contenait pas grand chose de plus et s'installa à son bureau qui se trouvait dans un angle de la pièce. Par habitude, il avait voulu mettre un disque sur sa platine vinyle, Khaaleb écoutait de la musique en permanence lorsqu'il était chez lui, mais cette nuit il avait besoin du silence.
Après avoir décapsulé sa bière, le loup en bu une longue gorgée (c'est-à-dire une bonne moitié) et la posa sur le bois du meuble sur lequel il trouva un paquet de cigarettes entamé. En glissant une entre ses lèvres, il l'alluma avec le même briquet qui lui avait servit à faire partir le feu et dans un nuage de fumée blanchâtre, il ouvrit le rabat de son ordinateur portable qu'il alluma. L'écran produisit une lumière malade qui éclaira son visage aux traits tirés lui donnant l'air d'un fantôme. Une minute plus tard, le bureau apparu et il ouvrit un nouveau document texte. Posant la cigarette fumante dans un cendrier déjà bien rempli, le sorcier resta interdit quelques instants, tournant et retournant des phrases dans sa tête. Ses doigts, en suspend au-dessus des touches du clavier, étaient comme paralysées devant la page blanche devant ses yeux. Il savait ce qu'il devait écrire, il avait eu toute une journée pour penser aux mots qu'il utiliserait, pourtant, il avait peur de les écrire. Écrire ces mots les rendraient vrais, ça leur donnerait une réalité fataliste qu'il aurait souhaité éviter. Mais il fallait le faire, c'était son rôle, sa tâche, le fardeau qui lui était dévolu.

Le mariage de Cécil et de Sibylle avait été une réussite. Tous le monde, famille, amis, invités, avaient semblé comblé par l'événement qu'ils avaient préparés sans relâche ces dernières semaines. Il fallait avouer qu'on ne célébrait pas tous les jours l'union du leader des clans et de sa compagne. Certains avaient été surpris par la rapidité avec laquelle les choses s'étaient faites, entre la rencontre des époux, la transformation de la jeune femme et le mariage, mais les commérages s'étaient vite calmés devant l’idylle que les deux jeunes gens vivaient. Cet histoire avait l'espace de quelques mois occupés les esprits des membres des meutes, détournant certains des doutes et des retenues qu'ils pouvaient émettre sur la politique des têtes dirigeantes de leur communauté. Il n'y avait pas mieux que d'offrir du spectacle pour contenir un peuple en colère. Malgré cela, Khaaleb savait que les loups n'oubliaient pas. Il savait aussi qu'ils y en avaient qui se plaignaient de voir leur Marrok passer plus de temps auprès de sa fiancée à préparer leur mariage qu'à se battre pour leur cause. Il savait aussi que de sombres affaires se préparaient dans l'ombre.
Tyler lui avait fait des révélations des plus inquiétantes, révélations qu'il avait décidé de cacher à son supérieur. Dans un premier temps, il avait essayé de se justifier en se disant que c'était pour ne pas déranger Cécil, pour ne pas venir gâcher les plus beaux moments de sa vie. C'est vrai que le Marrok n'avait jamais semblé si heureux que ces derniers temps. Mais aujourd'hui, Le Géri savait que la vrai raison qui l'avait poussé à ne pas lui en parler était que lui aussi avait fini par douter de l'efficacité de son ami d'enfance.
Le poison de Sofia avait fini par se rependre.

La fête avait été grandiose, magique même. Tous étaient là, tous les alphas et leurs familles, tous leurs proches, tous riant, discutant, mangeant les mets raffinés qui avaient été préparés pour l'occasion, dansant jusqu'au bout de la nuit. Mais malgré tout cela, Khaaleb n'avait que bien peu goûté aux festivités, lui qui d'ordinaire aimait par dessus tout profiter de ce genre d'occasion pour s'amuser. Il était resté à sa place, souriant lorsqu'il fallait sourire, prononçant son discours de témoin avec son énergie habituelle, il avait tenu le rôle qu'on attendait de lui, mais pourtant le cœur n'y était pas. Tout avait changé depuis la veille, depuis que, en plein milieu de la soirée de répétition qu'il donnait chez lui, Cécil lui avait demandé de le rejoindre dans son bureau.

Brisant soudain le silence, le jeune homme commença à écrire « Communiqué de presse » deux points.

Ses yeux, fixés sur l'écran, suivirent le curseur lorsqu'il tapa :

« ...démission de Cécil de Cormontaigne ».


Appuyant deux fois sur la touche Entrée afin de revenir  la ligne, Khaaleb se stoppa à nouveau, respirant profondément, regardant chacune des lettres qu'il venait de taper comme si elles le narguaient. Puis il recommença à écrire.
Même si une part de lui s'y était préparé, il n'arrivait cependant toujours pas à croire ce qui s'était passé quelques heures avant le mariage.
A ce moment là il était loin d'imaginer ce que son vieil ami avait dans la tête. Il s'était retrouvé dans le bureau du Marrok, pensant qu'il serait question d'un point concernant le mariage. Voyant le visage décomposé de Cécil, il avait dans un premier temps cru que son ami allait émettre des doutes quant à cette union, et alors qu'il se préparait déjà à le rassurer comme tout bon témoin, alors... alors la bombe fut lâchée.

Cécil voulait démissionner.

Interdit, immobilisé par la stupeur, Khaaleb était resté à écouter son vieux camarade se démener avec ses arguments. Il était mal à l'aise ça se voyait, il savait ce que cette décision impliquait. Il savait et pourtant il le faisait quand même.
Pour s'occuper de sa famille avait-il énoncé. Oui, oui c'était une bonne raison. Sibylle et lui voulaient profiter de la vie ensemble, il voulait avoir des enfants, et il ne voulait pas rater de les voir grandir. Oui, ça se comprenait. Et c'était légitime après tout ! Après avoir donné dix ans de sa vie à la Grande Meute Américaine, il avait le droit de vouloir profiter de sa vie. Khaaleb savait tout ça, il l'acceptait, mais alors pourquoi était-il si en colère ?
Car oui c'était bien de la colère que le Géri éprouvait pour le Marrok, et sans doute pour la première fois de sa vie. Une colère triste, silencieuse, une colère née du sentiment d'abandon que cette situation lui faisait éprouver.
Le loup était resté à écouter son supérieur, silencieux, attentif, spectateur de ce qui était en train de se passer, voyant la situation lui échapper totalement. Cécil voulait l'annoncer rapidement, quelques jours après le mariage. Il voulait se retirer totalement de la vie politique, ne plus prendre part aux assemblées. Il avait « assez donné » selon ses termes. Le sorcier avait acquiescé, que pouvait-il faire d'autre ? Ils avaient discuté ensemble de ce qui serait le mieux et ils avaient convenu d'une conférence de presse qui serait donnée au domicile de l'ancien Marrok suivi d'un communiqué de presse qui serait diffusé sur les réseaux sociaux. Comme dans un état second, Khaaleb s'était à un moment entendu lui demander s'il n'allait pas regretter cette décision, un jour, mais Cécil avait dit non, il avait dit que c'était une décision murement réfléchie, il savait que c'était ce qu'il avait à faire.
Il n'y avait rien eu d'autre à dire.
Les deux hommes étaient retournés à la soirée, faisant comme si la conversation n'avait jamais eu lieu. Pourtant, elle avait bien eu lieu, il était désormais impossible de le nier. Les heures qui avait suivies, la soirée de répétition, les derniers préparatifs, le mariage, la cérémonie, la fête, tout avait créée une bulle de coton dont le Géri était désormais sorti, et il sentait le froid sur lui. Car si Cécil ce soir était libre, lui découvrait une nouvelle chaîne à son poignet.

Le mégot s'était éteint dans le cendrier, mais une légère fumée à l'odeur forte et entêtante voletait encore dans l'air. Mettant un point final à son texte, le sorcier le parcouru des yeux pour se relire, une fois, deux fois. Avait-il trouvé le ton juste ?
Se rallumant une cigarette, le loup croisa les bras et laissa son regard tomber sur la fenêtre qui se trouvait juste devant lui. Au dehors, une lumière faible commençait à poindre. Un rapide coup d’œil dans l'angle droit de son ordinateur lui appris qu'il était plus de 8h du matin. Déverrouillant son téléphone portable, le loup glissa son doigt sur la surface lisse de l'écran, relisant les derniers messages envoyés. De la musique principalement. Il avait envie de l'appeler, de lui parler... mais quelque chose le retint.

Repoussant l'appareil, Khaaleb se pris la tête dans les mains, frottant ses paumes contre la peau de son visage pour en chasser la fatigue.
Qu'allait-il se passer ? Qu'allait-il advenir des loups et de tout ce qu'ils avaient essayé de construire en dix ans. Que se passerait-il pour les réformes qu'ils étaient en train de mener ? Et que se passerait-il pour lui ? C'était normalement au Géri ou à la Fréki de reprendre la place du Marrok en cas de décès ou de démission... Mais la Fréki n'était plus la même depuis les fiançailles de Cécil, et lui-même ne voulait pas du pouvoir qu'il n'avait d'ailleurs jamais convoité.
Il serait toujours possible de changer les règles. Après tout, la GMA n'avait encore jamais connue une telle situation. Peut être que des élections pourraient être organisées, ainsi quelqu'un de plus légitime pourrait être élu. Il lui incombait cependant de gérer la période de transition, mais étrangement cela ne l'inquiétait pas. Lui aussi avait donné les dix dernières années de sa vie pour la Grande Meute américaine, pour ses idées et pour ses valeurs, pour leurs droits civiques, à eux, les loups. Et aujourd'hui, malgré le choc de l'annonce et la fatigue, il se sentait prêt plus que jamais à assumer ses choix et son rôle. Il était décidé à mener sa tâche à bien, et à faire en sorte de laisser la GMA dans les meilleures conditions possibles à celui ou celle qui en prendrait la tête le moment venu.


Adossé contre le dossier de son fauteuil, les yeux fermés, Khaaleb écoutait le feu crépiter dans la cheminée, il écoutait le bruit du ventilateur de l'ordinateur sur le bureau, le chant espiègle d'un oiseau qui bravait le froid.
Le loup resta ainsi un long moment, faisant dans son esprit l'étalage des images de ces dernières 24h, des dernières semaines, des derniers mois. Il revoyait tous les événements qui l'avaient menés à ce moment précis.
Puis il ouvrit les yeux, et se remit au travail.

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