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Marten & Brady

Depuis qu'il avait quitté le pénitencier de Santa Fe, Bradley se sentait encore plus nerveusement éprouvé qu'il ne l'était déjà depuis son arrestation. Des passages à tabac ce n'était jamais agréable, surtout lorsque c'était vous qui receviez les coups et ça faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas pris une telle raclée, il ne se rappelait même plus de quand datait la dernière.  Après tout, les blessures physiques, on finissait toujours par s'en remettre, il était là pour le prouver... personne, non personne n'avait autant morflé que lui et certainement pas ce sale petit pleurnicheur de Tyler ! Combien de fois n'avait-il pas pris des torgnoles  à cause de lui ? Parce qu'au lieu de rester sagement dans son lit, il avait lancé son pitoyable doudou à travers la pièce dans laquelle leur vieux battait leur trainée de mère. S'il n'avait pas attiré son attention en faisant cela ils ne se seraient pas pris une rouste ! Ou encore parce qu'avec sa fâcheuse manie de grimper où il ne fallait pas il avait fait tomber le pack de bières sur le carrelage de la cuisine... C'était jamais Ty qui prenait, c'était toujours lui, parce qu'il ne l'avait pas surveillé, parce qu'il était trop petit pour se prendre la raclée qu'il méritait ou tout simplement parce qu'il assumait comme un con les conneries de son frère parce qu'il ne voulait surtout pas qu'il subisse la même chose que lui, parce qu'il cherchait à le protéger du monstre
Bon Dieu, ce qu'il l'avait aimé ce p'tit frère qui était constamment dans ses pattes, qui cherchait à l'imiter pour faire exactement tout comme lui, comme si lui, pouvait être un modèle pour quelqu’un... et pourtant aux yeux de Ty c'était exactement ce qu'il était. Il n'aurait peut-être pas été jusqu'à donner sa vie pour lui, il ne fallait pas exagérer non plus, il n'était pas un héros, mais pour Tyler il était prêt à faire beaucoup de choses, bien plus que pour n'importe qui d'autres. Au départ, jeune et naïf, il avait pensé qu'ils pourraient s'en sortir, que lorsqu'il aurait un travail, il pourrait prendre Tyler avec lui mais rien ne s'était passé comme il l'avait voulu. Les Lennox étaient de la merde et comble de malchance, ils étaient poisseux et ils le resteraient toute leur vie. Même en essayant de donner toutes les chances de son côté à Tyler, son frère était comme lui, il ne s'en était pas sorti, du moins, c'est ce qu'il avait longtemps cru.

Toutes ces années, pendant toutes ces années, ce petit salopard lui avait menti. Lui, il était prêt à beaucoup de chose pour Ty, il avait toujours été là pour lui, il lui avait même sauvé la vie, en devenant un assassin, et lui comment il le remerciait ? En lui mentant, en le manipulant et en l'envoyant en taule et pire que tout, il n'assumait rien, il n'était même pas désolé, et ne c'était même pas excusé ! Non tout ce qu'il trouvait à dire c'est que c'était de sa faute à lui seul s'il se trouvait là ! Espèce de sale petit bâtard !
Pendant que Monsieur était dehors à siroter des bières, à mener la grande vie et à baiser des starlettes lui était ici dans ce petit de lit de merde !  Et comme si cette situation n'était déjà pas suffisamment difficile à supporter voilà qu'il se mettait à voir des fantômes du passé.  Pendant tout le trajet qu'avait duré son transfert entre la prison de Santa Fe et celle de New-Phoenix, Bradley avait cru devenir fou. Il était là, le monstre était là, avec ses yeux exorbités de haine, et sa chemise teinté de sang. Tout ce sang provenant des différents coups de couteaux qu'il lui avait infligé alors qu'il pensait être arrivé trop tard, alors qu'il croyait qu'il avait battu Tyler à mort.
Il se souvenait parfaitement de l'état de la cuisine, de tout ce sang qui jonchait le carrelage froid, de son corps chétif et martyrisé et bon sang,... il lui avait même tiré dessus avec sa putain de vieille carabine de chasse. Bradley avait vu la petite Anna Fowler être paralysé à vie dès l'âge de 3 ans à cause de la maltraitance que lui avait infligé ses parents, ou du jeune Filippo DiTuri qui avait succombé à ses blessures après avoir été battu à mort par son beau-père alors qu’il n’avait que 9 ans... Tyler et lui avaient eu de la chance, beaucoup de chance de s'en être aussi bien sorti. Il pensait stupidement que quoi qu'il arriverait à l'avenir, ils seraient toujours proche, que rien ne les séparerait, il se trompait. Ce sale petit ingrat l'avait littéralement poignardé dans le dos, et à présent leur père revenait le hanter.

Depuis qu'il était arrivé à New-Phoenix, le spectre menaçant avait à nouveau disparu, et il espérait bien ne jamais plus le revoir, mais à vrai dire, maintenant c'était ses cauchemars qu'il venait hanter. Bradley détestait être dans ce lit d'hôpital où il se sentait faible et à la merci de n'importe qui, et plus que tout, il détestait être enfermé dans cette prison, que ce fut celle de Santa Fe ou de New-Phoenix il s'en contre-foutait c'était du pareil au même pour lui, tout ce qu'il savait, c'est qu'il allait finir par devenir complétement dingue s'il restait enfermé ici une minute de plus et tout ça c'était à ce foutu Judas qui lui servait de frère qu'il le devait.  
Sentant les larmes de colère et de peine lui monter aux yeux, il se pinça l'arête du nez avec sa main valide, pour se reprendre lorsque le rideau s'ouvrit pour faire place à la doctoresse Paladine qui s'occupait déjà de lui à Santa Fe. Bien sur la première fois qu'il l'avait vu apparaître dans ces locaux il s'était encore cru bon pour une nouvelle hallucination, mais elle était belle ou du moins il avait parfaitement senti la piqure qu’elle lui avait administré. A sa seconde visite, il n'avait pu s'empêcher de lui demander si c'était parce qu'elle ne pouvait déjà plus se passer de lui qu'elle l'avait suivi jusqu'ici. Aujourd'hui toutefois, elle n'était pas toute seule, un homme qu'il n'avait encore jamais vu, mais qui lui, semblait le connaître, l'accompagnait. L’homme était de taille moyenne, blond, il avait les oreilles décollés qui vous observait avec de grands yeux bleus curieux et paraissait un peu plus jeune que lui. Le Dr Largecape ? Un Docteur, lui ? Il ne devait pas être particulièrement brillant pour atterrir dans ce trou à rat. Toujours est-il que les entendre roucouler devant lui le fit grimacer de dégoût. « Appelez-moi Marten. » « oh et moi Marsha… » et pourquoi pas plein de bisous bisous tant qu’ils y étaient ! S’en était écoeurant ! Ils pouvaient pas faire ça ailleurs que devant un infirme ?! Et puis quoi, il se trouvait drôle de lui rappeler qu’il devait avoir une sale gueule en ce moment ? Bon dieu, qu’il regrettait de pas savoir dans quel état son frangin avait mis ces deux pourritures si toutefois il l’avait vraiment fait,… c’est que maintenant il commençait à douter de tout ce qui pouvait sortir de sa bouche

- Ouais, ça c’est parce que ma maquilleuse particulière est pas encore passé ! Largecape ? Comme une cape large à la superman ? Et tu la caches où ? Se moqua-t-il en se marrant tout seul devant sa boutade dans une grimace douloureuse

Ces salopard d’enfoirés ne l’avait pas raté et sa mâchoire était encore douloureuse mais rien ni personne n’aurait pu le contraindre à la boucler et puis il allait suffisamment mieux pour être parfaitement audible. Bradley vit l’homme lui tendre la main tout en affichant un certain sourire. D’abord surprit par son geste, il se surprit a en faire autant et à lever sa main gauche valide pour serrer la main tendue. En tout cas il se foutait pas de sa gueule, il savait vraiment qui il était mais de là à prétendre qu’il était ravi de le rencontrer, il fallait peut-être pas exagérer, m’enfin pour une fois il avait décidé de le prendre au mot et de jouer aux imbéciles

- Ben ouais c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de rencontrer une célébrité, j’comprends. Pour c’qui est de la dédicace, j’veux bien la faire sur la p’tite culotte de Marsha, fit-il en glissant un regard torve sur la doctoresse avant de se tourner à nouveau vers Marten. Alors Docteur Superman, vous êtes le toubib de cet hôtel VIP ? Vous pensez quoi ? Que j’vais bientôt pouvoir retourner dans ma suite personnelle ou que j’suis bon pour bénéficier encore quelques temps du privilège de vot’ compagnie et celle de Marsha ? Fit-il en levant les sourcils tout en lui tapant sur ses fesses bien rebondit alors qu’elle passait à proximité de sa main

Bradley n’était pas sans ignorer que le procès des pro-moldus n’allait plus tarder à commencer et franchement, même s’il détestait se retrouver ici, il aimait autant rester un peu plus longtemps dans cette infirmerie pour ne pas avoir à passer tout de suite en jugement. Il ne savait pas si le chauve avait pu faire quoi que ce soit pour lui mais depuis son agression il ne l’avait pas revu, ce qui les avait fatalement fait prendre du retard dans sa possible libération…
Une possible libération…. Autant lorsqu’il discutait avec Abe il voulait essayer d’y croire, autant lorsqu’il se retrouvait seul ici, il ne pouvait s’empêcher de penser que tout était foutu, et qu’on lui avait fait miroiter une promesse qui n’arriverait jamais… comme toujours.

- Dites, vous voulez bien me rendre un service ? Demanda-t-il à l’adresse de Marten. On s'fait grave chier ici, y a rien à faire alors si vous pouviez m’apporter une ou deux revues avec quelques sirènes dévêtues, si vous voyez s’que j’veux dire, fit-il sur le ton de la confidence, ça s’rait très apprécié

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Marten & Brady

La prison, y avait rien de pire ,du moins c'est ce que pensait Bradley jusqu'à ce qu'il ait la chance de côtoyer les locaux de l'infirmerie. Autant, il ne s'en était pas réellement rendu compte lorsqu'il se trouvait dans la souricière de Santa Fe, autant ici, il avait eu tout le temps de s'en apercevoir. L'infirmerie n'était qu'une grande pièce, vide composé de deux rangés de lits parfaitement alignés qui se faisaient face, tête au mur. Afin de préserver une certaine intimité lors des soins, il suffisait de tirer les rideaux suspendus aux murs et cela encadrait votre lit vous donnant un semblant de tranquillité et vous épargnant de voir les sales trognes présentes venus profiter du séjour plus au moins long avec vu sur plafond blanc.
Il avait beau se plaindre de la vie réglé comme une horloge de la prison, au moins il y avait un peu plus d'activité et il ne se faisait pas mortellement chier comme c'était le cas ici, ce qui rendait les journées encore plus longues qu'elles ne l'étaient déjà. Aussi, dès qu'il y avait un peu d'activité autour de lui, Bradley sautait sur l'occasion pour s'occuper. Aujourd'hui était un jour faste car la doctoresse bombasse avait emmené avec elle un compagnon de jeu, un type aux oreilles de choux fleurs qui avait pour nom un truc avec « cape » ou « carpe », de quoi s’amuser un peu. Ça bouille de bébé lui donnait la trentaine à peine entamé, ce qui laissait sous-entendre qu'il était fraichement diplômé, pourtant il y avait quelque chose dans son regard qui le dérangeait, quelque chose qui n’avait absolument rien de naïf. Il était incapable de définir très clairement ce dont il s'agissait mais il y avait quelque chose qui lui échappait.

Il avait bien tenté de le provoquer en se moquant de son nom de famille mais le blondinet n'avait pas moufté un seul mot à ce sujet, et lorsqu'il avait commencé à s'intéresser à la demoiselle qui s'occupait de lui, l'échange de regard contrarié qu'il lui avait adressé ne lui avait pas échappé, ce qui lui tira un sourire jusqu'aux oreilles, un sourire qui s'agrandit encore en entendant la femme répondre à ses allusions scabreuses avec beaucoup de réactivité sans se laisser le moins du monde impressionner. Dévoilant une femme de tête, qui ne se laissait pas faire et surtout qui avait l'habitude d'être harcelé par tous les mâles en ruts de l'établissement. Rien à voir avec mademoiselle scribouillard qui fondait en larmes à la moindre allusion alors qui venait juste se dandiner sous leurs yeux pour se faire mâter

Il aurait bien sifflé avec admiration face à sa remarque mais il en était encore incapable à cause de ces deux enculés. Savoir que son frangin s'était occupé de ces deux enflures lui apportait un certain réconfort. Bien sur, ce n’était pas parce qu'il le lui avait promis que Brad savait qu’il s’en était chargé et encore moins parce qu'il lui faisait confiance, loin de là, il n’était plus aussi naïf, mais bien parce qu'il en avait entendu parler en surprenant une conversation entre le toubib de Santa Fe et un des matons. Evidemment personne ne semblait soupçonner leur implication dans cette affaire, étant donné que pour une fois il avait eu l’intelligence de fermer sa grande gueule.

Toutefois, si la dame avait réussis à susciter son enthousiasme, en essayant de le rembarrer au sujet de l’état de ses draps, son amusement s’étiola très rapidement lorsqu’elle répondit à la question de Docteur Super carpe au sujet de son état de santé. Bradley était ce qu’il était mais s’il y avait bien une chose qu’il détestait s’était de voir deux trous du cul se foutre ouvertement de lui, comme s’il n'existait pas ou beaucoup trop con pour le comprendre. Putain de bonne femme ! Toujours la gueule grande ouverte même quand ça devrait la boucler

- J’peux savoir c’qui vous fait marrer ?! Demanda-t-il sur un ton agressif tout en esquivant sa tentative de le badigeonner avec son coton en reculant son visage pour ne pas perdre le contact visuel avec elle

Le ton employé et son regard noir étaient sans équivoque, et après un léger flottement, faisant comme s’ils ne l’avaient pas entendu, le blondinet s’adressa à lui. La seule réaction que Docteur Strange obtint en l'entendant lui proposer de travailler pour lui fut du dédain. Comme si lui allait travailler alors qu'il n'avait jamais fait ça de sa vie ! Ce type s'imaginait vraiment qu'il allait s'y mettre maintenant alors qu'il était dans ce trou à rat ? Il parvint malgré tout à attirer son attention en lui affirmant pouvoir lui offrir des jours meilleurs ?

- Ah oui et comment ? En la rendant muette ? Demanda-t-il tout en jetant un regard assassin sur doctoresse bombasse

Il eut un ricanement lorsqu’il l’entendit lui assurer que ce qu’il lui proposait était sans danger et très bien payé. C'est cela-même. Voici deux éléments associés ensemble dans une même phrase qui pourtant était des plus contradictoires. Il n’était peut-être pas le génie de la famille mais il n’était pas complétement stupide non plus. En général les affirmations « sans danger » et « bien payé » n’étaient pas le genre d'allégation qui allaient ensemble. D'ordinaire lorsque quelque chose était bien payé, c'est qu'il y avait anguille sous roches.

- C'est ça, prenez-moi pour un con. T'insistes beaucoup trop sur les termes « pas dangereux » et « bien payé », que s'en est suspect ! Et pis qu'est-ce que t'en sais toi de la vie en prison, d'abord ?

Rien, il ne devait probablement rien y connaître, avec sa tronche d'intello totu droit sorti des grandes écoles. Malgré tout, Bradley devait bien reconnaître que ce médecin était parvenu à éveiller sa curiosité, il se demandait bien ce qu'attendait au juste ce drôle d'énergumène

- Et comment j'ferais pour l'dépenser tout ce fric gros malin ? Au cas où ça vous aurait échappé j'suis ici pour perpét' sauf si on m'offre un allé simple pour le cimetière et franchement, j'préfère crever pauvre et endetté plutôt que riche et d'voir refiler mon fric à l'un de ces charognard qui dépensera mon pognon à ma place, donc non chuis pas intéressé ! Par contre t'entends quoi par « privilèges » ?

Avoir de l'alcool ? Des clopes ? Des femmes ? Oui... fallait reconnaître que cela pouvait avoir son intérêt et à vrai dire Bradley était bien curieux d'entendre ce qu'il avait à lui proposer, même si bien évidemment, pour le moment, il n'était pas prêt à complétement abandonner tout espoir de se tirer d'ici. Selon Abe, il avait encore toutes ses chances,. Lui n'y croyait pas réellement et même s'il en avait très envie, il se l'interdisait histoire de pas se faire de faux espoirs, mais pour l'heure le chauve était sa dernière carte. Lorsque ça capoterait, il serait toujours temps de contacter Mr Large Cape.

- Et ça consiste en quoi ton truc « pas dangereux et bien payé » ?

Au moment où le professeur blondinet s'apprêtait à lui répondre son téléphone se mit à sonner, les interrompant pile au mauvais moment

- Ces gens collé à leur portable, maugréa-t-il, est-ce que j'en ai moi ?! C'est bobonne qui téléphone pour savoir à quelle heure tu rentres à la maison ? Demanda-t-il sur un ton légèrement moqueur et joueur