Le coup de la panne
L'inquisitrice et le loup

A écouter en fond:

Rien.

Pas une voiture, pas un camion, pas un putain de passant. Il n'y avait rien.

Le dos appuyé contre cette salope de moto, Khaaleb attendait.

Même si l'été n'était pas encore tout à fait installé et que la journée tirait à sa fin, il faisait chaud, étouffant même, dans cette partie de la route.
Comme chaque année, il avait pris le chemin. D'ordinaire, il partait toujours avec Anahia. Quelques jours de road trip sur la 66, avec rien d'autre que le bitume qui défilait, rien d'autre que le son du vent dans leurs oreilles, un pèlerinage, une renaissance. Mais cette fois sa sœur avait trop de chose à faire, trop de choses à prévoir avant la venue du ptit chez elle. Dix ans qu'elle attendait ça, il ne pouvait pas lui en vouloir de le faire passer avant lui.
Il avait d'abord hésité à prendre la route, partir seul n'était pas sans charme mais ça manquerait cruellement de divertissement sans son insupportable aînée.
Il était parti, malgré tout, faire un bout de la route. C'était ou ça ou passer sa seule vraie semaine de vacances annuelles seul à la maison à se faire chier, et il avait cruellement besoin de sortir, de partir.
Mais rien ne s'était passé comme prévu.

Relevant la petite flasque en métal argenté, il but une petite gorgée du tord boyaux qu'elle contenait et ne pu s'empêcher de faire une grimace. Il aurait pu transplaner pour aller cherche de l'eau, mais c'était de la triche, et Khaaleb était bon joueur. La route le testait.

Levant les yeux vers le paysage qui s'étendait devant lui, il me pu que reconnaître qu'il y avait pire comme endroit pour bomber en panne.
La bande grise que constituait la route s'étendait comme une règle jusqu'à l'horizon, ponctuée de traits blancs qui se voyaient à peine. Longeant cette ligne, des pilonnes en bois sombre et sec étaient plantés, droit comme des i, portant des câbles dont les systèmes d'attache aurait fait pâlir n'importe quel homme qui s'y connaissait un minimum en normes électriques. Quelques oiseaux y étaient perchés un peu plus loin.  
De chaque côté de la route, il y avait des grands dégagements couverts d'herbe brune, rôtie par le soleil qui ne quittait presque jamais ses régions. La terre était dure, sèche, poussiéreuse. Chaque pas soulevait dans l'air un nuage qui collait à la peau, aux vêtements et s'infiltrait dans les poumons. Encadrant le chemin, des barrières marquaient de début de champs où rien de poussaient à part quelques buissons secs. Frontières de propriétés immenses où quelques bêtes broutaient le peu de plantes comestibles qu'elles pouvaient bien y trouver.
Tout était plat, lissé par l'absence d'arbre, mais au loin, à plusieurs dizaine de kilomètres, on pouvait apercevoir des collines qui se dressaient, rouge et pointues, telles des dents de quelques démons vers le ciel. La couleur qu'elles prenaient en cette fin de journée avaient un petit quelque chose de sanglant.
Le ciel quant à lui était couvert. La journée qui avait été d'un bleu azur avait fini par amener d'abord quelques nuages, puis davantage. Maintenant, un voile cotonneux couvrait l'immensité du ciel, masquant presque le soleil qui descendait à l'horizon. Par moment, l'astre solaire arrivait à percer la barrière et irradiait des rayons oranges et rouges dans toute la campagne, tintant toutes choses des couleurs de l'enfer.
Khaaleb n'avait jamais rien eut d'un homme de foi, mais il fallait reconnaître qu'il y avait quelque chose d'assez mystique dans ce paysage.

"Aller faut s'y remettre..."

Refermant la flasque et la glissant dans la poche arrière de son pantalon, le jeune homme se redressa et se tourna vers cette immonde salope mécanique qui l'avait honteusement trahit, ici, au milieu de nul part. Il fallait s'y remettre, ou il serait contraint de passer la nuit ici.
Tendant le bras, il rapprocha la sacoche en cuir qui contenait quelques outils et s'accroupit afin d'être au niveau du moteur.

Il adorait cette moto. C'était la première qu'il avait acheté, en cachette de ses parents qui étaient plus que réfractaires à l'idée que leur fils s'adonne à une passion pour les engins moldus. Petit déjà, il partait en dehors de la réserve pour aller voir ses "monstres de métal" comme on les appelait. Et tout petit déjà, il était fasciné par la puissance de ces machines, par le bruit sourd qu'elles emmenaient. Plusieurs fois, il était parti chez le vieux Ben Kenoki avec sa sœur pour jouer sur l'antiquité qui se trouvait dans sa grange. Ils se battaient toujours pour savoir qui allait conduire.
Un jour, après avoir travaillé quelques étés pour économiser, il avait enfin pu acheté un de ces engins, et il avait passé la plupart de ses jours de congé à la retaper. C'était une vieille Harley de 68, un modèle sublime, unique.
Mais malgré les années d'entretiens et de soins, elle avait gardé un sacré caractère de merde. C'était comme les chevaux de courses, rapides, racés, mais fragiles et colériques. Khaaleb ne comptait plus les heures passées sur sa mécanique, si bien qu'il la connaissait par cœur.

Et là, ça sentait pas bon, pas bon du tout. La chaîne avait cassé, entraînant avec elle un certain nombre d'autres complications (et comme je suis une grosse feignasse et que j'y connais que dal en moto, on va s'en tenir à ça comme explication). En tout cas, impossible de réparer ça ici, pas avec le peu d'outils dont il disposait. S'il n'allait pas chercher de nouvelles pièces, il était bon pour rentrer à pieds...et Boston n'était pas la porte à côté.
Les sourcils froncés, les mâchoires serrées, en colère contre lui-même de s'être lancé tête baissé dans ce trip du mec solitaire sur sa moto à travers la pampa, il balança au loin la clef de dix qu'il avait en main, pestant contre cette maudite technologie moldue. Il ne lui restait plus qu'une solution, sortir sa baguette et s'avouer vaincu. Ce sentiment d'impuissance le faisait bouillir. Utiliser la magie, c'était recourir à la facilité, et ça ne plaisait pas à son égo. Mais il fallait être sport, et reconnaître ici la limite de ses capacités. Il n'y avait rien d'autre à faire.

"Merde."

Se relevant, il attrapa une vieille chemise qui lui servait de torchon et essuya le cambouis qui maculait ses mains. Après avoir laissé le chiffon pendre à l'un des manches du guidon, il sortit un paquet de clopes d'une de ses poches et s'en alluma une. Puis se tournant vers l'arrière de la moto, il se pencha afin de fouiller dans une des sacoches à la recherche de sa baguette. Il ne la gardait jamais sur lui lorsqu'il conduisait. Déjà parce que ce n'était pas des plus pratique lorsqu'on était en selle, mais aussi parce qu'on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber dans ses régions. Il était là pour rouler, non pour se battre. Et s'il fallait se battre, il préférait la jouer réglo et défoncer qui le voulait à la loyale, à arme égale, poing contre chaire.

Alors qu'il venait enfin de trouver le manche en bois de sapin de sa baguette, quelque chose changea dans l'air. Une vibration. Tout d'abord lointaine, puis de plus en plus proche.
Le silence totale s'emplit d'un bourdonnement qui allait crescendo, de plus en plus fort. Instantanément, Khaaleb l'identifia comme un bruit de moteur. Alors il n'était pas seul dans ce putain de désert. S'éloignant de sa moto qu'il avait installé sur le bas côté juste après l'incident, il se rapprocha de la route où il pouvait distinguer, encore loin à l'horizon, un petit point noir qui se rapprochait, soulevant une grande quantité de poussière dans son sillage.
Aspirant une profonde bouffée de fumée, le jeune homme releva la main pour la mettre en visière devant ses yeux. Le véhicule arrivait de l'ouest, il était donc à contre jour et se détachait comme une ombre mouvante du soleil qui se rapprochait toujours plus de la ligne d'horizon.
Mais au bout d'un moment qui lui sembla bien trop long, Khaaleb réussit à identifier la voiture comme étant un gros pick up. Rien de plus cliché dans un décors comme celui dans lequel il se trouvait, mais après tout, se retrouver en panne sur la route 66 au milieu de la champagne déserte, ça aussi c'était un peu cliché.

Levant la main afin que le conducteur puisse le voir, et peut être même s'arrêter, le loup espéra ne pas tomber sur l'un de ces putains de cul terreux d'amerloques moldus. Enfin c'était un peu trop demander vu l'endroit où il se trouvait. La région grouillait de non-mages mais peut être que le conducteur accepterait de le conduire à la prochaine ville, là il trouverait peut être les pièces qu'il lui fallait pour réparer sa moto et il pourrait repartir pour encore un petit bout de route.
Enfin peut être qu'il ne s'arrêterait même pas, le connard de cul terreux.

EDIT (parce que l'équipe de rédaction l'a très fortement réclamé...) :

:

Middle of nowhere
Khaaleb & Thalya

La route 66, affectueusement surnommée The Mother Road de part son histoire ou le Main Street USA fait parti de ces lieux quasi mythiques de l'Amérique, au même titre que Las Vegas ou le très regretté Hollywood que Thalya, née deux ans après la grande catastrophe n'avait jamais eut la chance de connaître. Tant d'histoires et de légendes urbaines étaient associés à cette route qui s'étirait vers l'infini sur plus de 2278 miles...
Son père adorait emprunter cette route dès qu'il en avait l'opportunité, et il ne ratait jamais l'occasion de raconter à sa fille toutes les histoires qu'il connaissait à son sujet, que cela concernait sa création et son Histoire avec un grand H ou toutes les légendes plus au moins effrayantes qui y étaient associés tout en écoutant, en fond sonore, les nombreuses chansons que cette route mythique avait pu inspirer comme la très célèbre (Get your kicks on) Route 66.
C'était probablement dû à tous ces moments, à toutes ces histoires que lui racontait que son père que lui est venu son goût pour les oeuvres décalées de grands cinéastes comme David Lynch, les histoires inquiétante d'American Horror Stories ou encore de tous ces films d'horreurs qu'ils soient vieux ou récents, cultes ou ridicules.
Son père ne cessait de lui dire qu'elle ressemblait énormément à sa mère mais elle ne trouvait pas. Physiquement elle ne pouvait nier qu'elle était son portrait craché même si elle avait hérité du teint doré de son père mais pour ce qui était du caractère personne ne pouvait nier qu'elle était sa copie conforme. C'était lui qui lui avait transmis son goût et sa passion concernant la mécanique, c'était encore lui qui lui avait fait découvrir et aimer Johnny Cash. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en songeant à la période rebelle de son adolescence lorsqu'elle n'en pouvait plus d'entendre en boucle toutes ces chansons et qu'elle avait osé cataloguer Johnny Cash de ringard lui préférant des groupes de rock beaucoup plus actuels dont le nom avait tant marqué les mémoires qu’on n'entendait plus parlé aujourd'hui. Qu'elle jeune impertinente était-elle.
Johnny Cash était un dieu, c'est son père qui avait raison.
De lui, elle avait également hérité son goût pour la mécanique mais également... la vitesse.

La musique de la radio à fond, la décapotable roulait à tombeau ouvert, sans se préoccuper le moins du monde des limitations vitesse, en soulevant dans son sillage une tonne de poussière. Les cheveux aux vents, les lunettes de soleil vissés sur le nez, un bras sur la portière, Thalya roulait comme une forcenée. La vitesse, les voitures, elle avait toujours aimé ça, à vrai dire, elle avait ça dans le sang. Elle tenait ça de son père. Combien d'heures n'avait-elle pas passé à ses cotés à réparer de vieilles caisses ? Combien de fois n'avaient-ils pas ensemble amélioré leurs capacités ? Combien de fois n'étaient-ils pas partis ensemble sur les routes accompagné parfois de sa cousine ? C'était le bon vieux temps, le temps de l'insouciance.
Dire qu'auparavant cette même route desservait Santa Fe, mais depuis son remaniement, la route 66 avait fait quelques infidélités à la capitale du Nouveau-Mexique, lui préférant de loin Albuquerque, comme si elle savait que dans le futur, Santa Fe serait la ville maudite à éviter à tout prix. Le Nouveau-Mexique, c'était si loin de Boston, que venait faire Andropova ici ? Ça lui paraissait totalement absurde de l'imaginer venir poser un seul doigt de pied dans les environs, si loin de ses chers territoires sorciers. Septimus ne faisait-il pas erreur ? Sa source était-elle vraiment fiable ? Il fallait l'espérer, coincer cette sorcière serait ainsi beaucoup plus simple que d’aller la chercher à Boston même. Cette garce allait payer pour une partie du mal qu'elle avait fait à l'un des leurs. Une partie seulement car jamais rien ne pourrait remplacer ces cinq années que cette salope avait volé à Yong. Elle comptait bien en tous cas lui faire amèrement regretté son geste. Ils étaient une famille et quand on touchait à l'un d'entre eux, il fallait s'attendre à voir débarquer tous les autres pour le venger.

La route était désertée de toute vie, elle n'avait pas croisé la moindre voiture sur cette interminable route goudronnée jusqu'à ce que son regard ne l'aperçoive, ce vieux pick-up qui tressautait en soulevant derrière lui un nuage de poussière. Pratiquement à la hauteur de ce premier véhicule elle aperçu une silhouette sur le bord de route. N'apercevant aucune voiture sur le bas coté elle en déduisit qu'il s'agissait d'un de ces nombreux touristes qui parcourait la route 66 en faisant du stop. Si ce type avait le physique de Brad Pitt elle ne se ferait pas prier pour jouer les Thelma, mais il ne fallait pas rêver. Quelle chance avait-elle de croiser un Brad Pitt dans ce trou perdu ? La probabilité était proche de zéro. Donnant un coup d'accélérateur, elle doubla le pick-up tout en levant son bras pour saluer le vieux fermier en le doublant avant de reprendre à tue-tête la chanson entraînante de Richie Valens en tapotant le volant de ses doigts en suivant le rythme effréné

Para bailar la bamba
Para bailar la bamba
Se necesita una poca de gracia
Una poca de gracia pa mi pa ti
Y arriba y arriba
Ay arriba y arriba
Por ti sere, por ti sere, por ti sere

Yo no soy marinero
Yo no soy marinero, soy capitan
Soy capitan, soy capitan

Bamba, bamba
Bamba, bamba
Bamba, bamba

Doublant le type qui se trouvait sur le bas côté, elle ne l'aperçu vraiment qu'une fois qu'elle l'eut doublé et pour le peu qu'elle venait d'en voir c'était un homme bien appétissant. Ce n'était peut-être pas Brad Pitt mais il avait des pectoraux à faire baver d'envie n'importe quelle femme normalement constituée. Derrière, sur le bas coté, bien éloigné de la route dans les hautes fougères asséchés par le soleil se trouvait une moto... Ce type ne se contentait donc pas de faire du stop dans ce coin paumé comme un abruti ? Il s’agirait en réalité d’un motard en difficulté ? Là, ça changeait tout ! Freinant brusquement, elle fit marche arrière alors que le vieux pick-up qui avançait toujours la dépassait sans se retourner, ignorant superbement ce pauvre gars. Une fois à la hauteur de l’auto-stoppeur, elle ne se gêna pas de détailler à loisir, après tout, elle avait des yeux, et ils étaient fait pour regarder.
L’homme, comme elle avait déjà pu le remarquer était très bien bâtit. Il portait un pantalon sombre qui de toute évidence savait parfaitement bien mettre en valeur ses cuisses fermes. Un sportif ? En tout cas, il pourrait aisément poser en tenu d’Adam aux cotés de certains joueurs de Rugby. Pour avoir cette carrure il devait pratiquer du sport c’était une évidence on n’était pas bâtit ainsi en restant le cul enfoncé dans son canapé ou… sur sa moto. Avec gourmandise, son regard remonta le long de son torse aux pectoraux bien dessinés à se faire pâlir d’envie même un Calvin Hasting. La sueur qui brillait sur sa peau faisait tourner son imagination de manière bien indécente puisque lorsque son regard s’attarda sur ses mains puissantes et viriles, elle ne pu s’empêcher de se demander quel effet cela faisait lorsque l’on se retrouvait entre ses mains. Sa barbe bien taillée, ses cheveux mi-long, ses yeux rieurs et son petit sourire achevèrent se portrait sexy en diable. Au final, elle retirait ce qu’elle venait de dire, elle était tombée sur beaucoup mieux que Brad Pitt

- Salut. Belle bécane, c'est une 68 ? Demanda-t-elle en désignant la Harley d'un signe de tête. Qu’est-ce qu’elle a ?

Elle écouta l’homme lui résumer brièvement ses soucis mécaniques, visiblement il semblait s’y connaître, mais au vu de ce qu’il disait il ne lui paraissait pas impossible de lui venir en aide. Faisant la moue, elle jeta un œil sur l’heure qui s’affichait sur sa montre. Elle aurait un peu de retard si elle l’aidait mais rien de bien tragique

- Tu me laisses jeter un oeil ?

Reculant légèrement son véhicule derrière le deux roues, elle se fit la promesse que si "canon de la route 66" aussi sexy soit-il avait le malheur de lui balancer une remarque machiste, sur la mécanique et les femmes, elle repartirait en le laissant en plan sans le moindre scrupule. Après s’être garée, elle coupa le moteur de sa voiture et la musique cessa aussitôt de retentir, les plongeant tous deux dans un silence assourdissant. Ouvrant sa portière, elle sortie de sa voiture. Vêtue d’un débardeur blanc qui s’arrêtait au-dessus de son nombril, d’une longue jupe blanche ondoyante et de sandales, sa veste en jeans gisait à l’arrière avec son sac. Remontant ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête, elle se dirigea vers la moto en faisant flotter derrière elle, la longue jupe blanche qui tombait jusqu’à ses chevilles. Dès qu'elle aperçut l'état de la chaîne elle grimaça pour lâcher une réflexion douloureuse. Après une rapide inspection, elle lui demanda de s’installer sur sa moto et de faire ronronner le moteur avant de lui faire signe d’arrêter d’un simple geste de la main. Se relevant pour faire face au motard, elle plaça l’une de ses longues mèches brune derrière son oreille tout en plissant légèrement les yeux que la lumière du soleil encore bien vive agressait légèrement

- Ta courroie secondaire est en parfait état mais tu as une fuite d’huile au niveau des joints de poussoirs, je dois avoir de quoi te les changer dans ma caisse à outils. Je vérifierais encore ton régulateur, parfois avec la surconsommation de la batterie du fait des vibrations allié à la chaleur du bac à huile ça te flingue le moteur. Allez viens, on va rendre utile ces biceps bien dessinés, lui dit-elle mutine en l’invitant à la suivre. Ma caisse à outils n’attends que toi

S’en retournant en direction de sa voiture, elle ouvrit le coffre arrière depuis le tableau de bord, et fit signe à l’inconnu "sexy de la route 66" de prendre la caisse à outil. Puis, ils s’en retournèrent en direction de la moto et travaillèrent ensemble de concert pour la réparer. Son aide était précieuse, il comprenait vite, était très réactif à la moindre de ses demandes allant même parfois jusqu’à les devancer, preuve qu’il s’y connaissait, et surtout, il ne lui faisait jamais répéter. Le sable qui se soulevait de temps à autre pour leur piquer les yeux ne leur facilitait pas la tâche mais le plus dur à supporter était cette chaleur étouffante dont les rayons du soleil tapaient sur eux sans la moindre pitié. Pourtant aucun d’eux ne se plaignit même lorsque la dernière bouteille d’eau qui restait à Thalya et qu’ils avaient partager se mit à rouler sur le bas coté, poussé par le vent, complètement vide.

- Mon père avait un garage, lui expliqua-t-elle sans lever le regard de la moto. J'adorais le regarder retaper des vieilles caisses ou de vieilles motos si bien que j’ai fini par en faire mon métier. Ma cousine est une passionnée de motos, perso j’en conduit occasionnellement, j’aime ça mais j’ai une petite préférence pour les gros bolides. Cela fait longtemps que tu en fais ? En tout cas, c'est un beau bijou que tu as là, on voit que tu la bichonnes sans quoi ce ne serait pas aussi... simple, grogna-t-elle en ayant affaire à un écrou récalcitrant. Elle te fait juste un petit caprice pour que tu t'occupes d'elle, un peu comme toutes les femmes, lui fit-elle remarquer en levant les yeux sur lui d'un petit air espiègle. Voilà, essais maintenant

Se relevant, elle passa son bras sur son front humide tout en se reculant pour laisser la place à sexy 66 avant de s’emparer du reste de chemise qui avait le droit à une seconde renaissance en tant que chiffon pour s’essuyer les mains. Un sourire victorieux se dessina sur ses lèvres en constatant que la belle semblait prête à reprendre la route.

- Youhouuuu ! Fit-elle en tapant sa main dans celle de celui qu’elle venait de dépanner. t’as vu la bête, plaisanta-t-elle joyeusement avant de lui tendre sa main. Je m'appelle Thalya et toi ? Alors dis-moi, fit-elle en prenant appui contra sa voiture, mise à part tomber en panne et autre sauvé par une jolie fille, qu'est-ce que tu fais dans le coin ?

Le coup de la panne
L'inquisitrice et le loup

Le bras levé, Khaaleb voyait le vieux pick up sale approcher de plus en plus, sans que ce dernier ne montre le moindre signe de décélération. Peut être aurait-il du remettre une chemise, peut être que les pecnot du coin avait peur des grands bruns motards. Enfin, avec tout ce qu'on rencontrait sur les routes ces derniers temps, c'était assez compréhensif.

Ce fut au moment précis où le véhicule le dépassait, dans un bruit à réveiller les morts, qu'une sublime voiture décapotable les dépassa. La vitesse hallucinante à laquelle elle roulait l'empêcha de voir qui pouvait bien être au volant de ce bolide, mais une chose était sure, l'aide dont il avait besoin ne viendrait pas non plus de son conducteur. Il en avait déjà croisé, des connards qui foncent à toute allure sur la Mother Road, afin de sentir comme lui le frisson des grands espaces. Mais à la différence du trip en moto, il avait toujours trouvé que ce genre de véhicule retirait tout le plaisir au voyage, toute sa saveur et son authenticité.
Jurant, il quitta le bord de la route pour s'en retourner tout penaud vers sa bécane, il stoppa ses pas lorsque retentit dans le désert un crissement de pneus digne des plus grands bruiteurs de série B.
Ne sachant pas lequel des deux conducteurs avaient été pris de remord en le voyant tout seul sur ce pauvre bas côté de route tout pourri et poussiéreux, il fut surpris en voyant que c'était la décapotable qui avait finalement eut pitié. Et il du bien reconnaître être encore plus surpris lorsqu'il vit le visage du conducteur.

C'était une charmante jeune femme brune qui le regardait intrigué derrière ses lunettes de soleil. Khaaleb ravala immédiatement ses a priori sur les conducteurs de décapotables. Malgré le soleil qui l'empêchait de voir les détails de son visage, il la vit attendre quelques secondes avant de prendre la parole. Peut être essayait-elle de jauger la personne qu'elle avait en face d'elle. La musique que diffusait son auto-radio couvrait presque le son de sa voix, mais les loups ont l'ouïe fine et il acquiesça sans dire un mot lorsque la belle lui demanda si c'était une harley de 68. Le fait qu'elle puisse reconnaître l'année de la moto à cette distance l’impressionna, soit elle avait des pouvoirs magiques, soit elle s'y connaissait en belle cylindrée.

"Un problème dans la tension de la chaîne..."

Il n'eut pas le temps d'en dire plus que déjà elle voulait jeter un coup d’œil. Levant un sourcil d'un air à la fois surpris et intrigué, il attrapa la fin de cigarette qui se consumait encore entre ses lèvres, le jeta par terre et l'écrasa du bout de la chaussure. Puis il écarta le bras vers la moto.

"Après toi..."

Cette nana s'arrêtait, et en plus elle voulait jeter un coup d’œil à sa bécane. C'était bien trop beau pour être vrai. C'était le soleil qui lui tapait sur la tête, une hallucination. Et pourtant non, elle était bien là.
La laissant garer son bolide sur le bas côté de la route juste derrière sa harley, il se rapprocha de sa moto et attrapa la bouteille d'eau où il restait encore quelques gorgées. N'en buvant qu'une, il tourna la tête vers la voiture lorsque la jeune femme coupa le contact, éteignant par là même la musique assourdissante qui sortait des hauts-parleurs. Le silence revint dans ce petite coin de désert. Quittant son véhicule, il vit la femme fermer la portière et se diriger vers lui. Elle était encore plus belle quand on la voyait en entier. Ses longs cheveux bruns encadraient un visage aux traits fins, son corps avait un côté élancé et sportif et à la fois extrêmement sensuel que ses vêtements mettaient indubitablement en valeur. Lorsqu'elle releva ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête, il pu même voir qu'elle possédait des yeux marrons pétillants et rieurs. Un canon, ni plus ni moins.

Restant debout pendant qu'elle auscultait le moteur grippé de sa harley, il ne pu s'empêcher de laisser son regard se poser sur les courbes délicates de son corps. Se reprenant et fronçant les sourcils, il détourna son regard et se concentra davantage sur ce qu'elle était en train de faire plutôt que sur ses formes. Elle s'arrêtait pour l'aider, ça ne voulait pas dire qu'il avait le droit de la reluquer comme un vulgaire morceau de viande, malgré la tentation. C'était dur parfois, de combattre son instinct de loup.
Laissant là ses considérations foireuses, il fut définitivement sur le cul lorsqu'elle lui sortit un diagnostic précis et surtout très juste de l'état de son moteur. Il avait vraiment eu de la chance, une chance de fou de tomber sur une femme qui était aussi belle que douée en mécanique. Les déesses du RP veillaient donc sur lui ??
La suivant vers sa voiture, il récupéra la caisse à outils de la belle dans son coffre et l'apporta vers la moto, (à une seule main et sans effort bien sur !!) près à mettre la main à la patte pour l'aider à réparer le moteur.
Silencieux la majorité du temps alors qu'ils travaillaient de concert, il ne fit pas la moindre remarque pendant qu'elle lui donnait des instructions. Cette fille en savait plus long que lui sur les subtilités des pistons et autres courroies de distribution et il n'eut aucun problème pour ravaler sa fierté masculine. Après tout, il avait grandit parmi les sorciers, et trouver quelqu'un pour l'aider à comprendre les bases de cette technologie moldue n'avait jamais été simple. Il lui avait fallut se mettre en contact avec quelques bikers, assister à des meeting, mais il savait très bien qu'il était encore loin d'être un expert. Mais c'était une passion depuis toujours, et jamais il n'y aurait renoncé à cause d'une quelconque appartenance au monde de la magie.

Discrètement, alors qu'il revissait un boulon, il jeta un coup d’œil à cette mystérieuse sauveuse. Qu'est ce qui l'avait bien poussé à l'aider et à perdre son temps pour lui ? La compassion ? La solidarité entre motard ?
Il laissa ses yeux se poser sur son visage. C'était difficile de ne pas la regarder, il y avait quelque chose de captivant dans son regard. Il fallait rompre le silence, sinon elle allait finir par croire qu'il ne savait pas parler...

"Et sinon, comment est-ce qu'on devient un as de la mécanique de nos jours ?"

Sans sourciller, elle lui répondit, lui parlant de son père, de sa cousine, du garage. Il fut étonné de la voir ainsi s'ouvrir à un parfait inconnu. Peut être était-ce un signe qu'elle était en confiance, qu'elle n'avait pas peur de lui. C'était fondé bien sur, jamais il n'aurait pensé à mal la concernant, mais c'était tout de même étrange. Peut être qu'elle pensait n'avoir rien à craindre de lui, parce qu'elle se pensait assez forte pour pouvoir lui résister en cas de problème. Peut être avait-elle raison. Ou peut être pas. On ne sait jamais qui on va croiser lorsqu'on emprunte la route du diable...

L'un et l'autre séparé par la moto, ils se parlaient sans se regarder, ou alors part de brefs coup d’œil. Le soleil descendait de plus en plus vers la ligne d'horizon, mais la chaleur ne diminuait toujours pas. L'eau qu'ils avaient s'était envolée, et il hésitait à sortir sa baguette pour en créée, mais même s'il essayait toujours de se battre contre les préjugés, les connaissances de cette femme sur la mécanique la rangeant immédiatement dans la catégorie moldue, et il ne voulait pas lui donner une raison de fuir. Lorsque la jeune femme évoqua les bons soins qu'avait reçu la bécane, il ne pu s'empêcher de sourire et de laisser ses doigts glisser sur l'assise en cuir du siège avec une certaine tendresse. C'est vraie qu'elle lui en avait fait baver, mais c'était la première des motos qu'il avait eu, sa préférée.

"Nous entretenons une relation conflictuelle depuis plus de quinze piges...mais c'est vrai que j'ai eu tendance à la délaisser un peu dernièrement..."

C'est vrai qu'entre le travail au ministère et sa charge au sein de la meute, ça ne lui laissait pas beaucoup de temps de la bichonner, mais il arrivait toujours à trouver un peu de temps. C'était l'avantage d'avoir très peu besoin de sommeil...on trouve toujours une minute ou deux.

Lorsque la belle inconnue sembla enfin satisfaite de leur travail, elle le laissa enfourcher la harley et la démarrer, ce qu'elle fit dans un ronronnement qu'il ne lui connaissait plus depuis longtemps. Titine était remise, et c'était grâce à cette beauté que la route lui avait apporté comme un miracle, ou un mirage ? Au fond de lui, il ne pouvait pas s'empêcher de penser que tout ce qu'il venait de vivre n'était que le fruit de son imagination. Mais ce qui l'inquiétait bien plus que l'idée d'être en train de tout rêver, c'était que cette hallucination prenne fin, et que cette charmante apparition disparaisse aussi vite qu'elle était arrivée dans son paysage.

Coupant le contact, il attrapa la main qu'elle lui tendait et la serra doucement mais fermement, plongeant son regard de lover dans le sien.

"Khaaleb..."

Sortant son paquet de clope de la poche arrière de son pantalon, il en plaça une entre ses lèvres et l'alluma, toujours à califourchon sur la selle de sa moto. Il fallait trouver un truc, une excuse pour rester encore un peu. C'était un canon qui par dessus le marché était une reine de la mécanique, une fille comme ça, on en trouvait pas à tous les coins de rues.

"Mmmm...et bien je cherche un bar pour pouvoir payer un coup à la jolie fille qui est venue à mon secours pour la remercier..."

C'était un peu con, surtout que l'hypothèse de trouver un bar dans le coin était assez foireuse, mais tout le poussait à essayer de connaitre un peu plus cette Thalya qui venait si généreusement de lui accorder quelques heures de son temps et de le sortir d'une belle galère. Lui payer un coup était la moindre des choses, et si ça lui permettait de faire un peu plus sa connaissance, c'était d'une pierre deux coups. Et puis, au fond de lui, il en avait un peu mare de faire la route tout seul. On a beau être un loup solitaire, au bout d'un moment, on a envie de causer à quelqu'un d'autre qu'à sa bécane. Un peu de compagnie, même pour deux heures de plus, lui ferait du bien. Après tout, il était en vacances.


"Qu'est ce que t'en dis ? Tu connais un endroit simpa dans le coin ?"dit-il en lui offrant le plus beau de ses sourires.

Middle of nowhere
Khaaleb & Thalya

Si de part le garage de son père elle avait été souvent amené à en fréquenter, c'était à Camila qu'elle devait d'avoir apprit à apprécier la compagnie des Bikers et à vrai dire, elle n'avait jamais vu de communauté plus soudée et solidaire que cette communauté là. Dès que l'un des leurs était dans la panade vous pouviez être sur que tous les autres allaient s'arrêter pour l'aider, ce qui n'était pas forcément le cas des automobilistes, d'ailleurs son observation s'était une fois de plus vu confirmée puisque le vieux pick-up avait continué son chemin sans se retourner alors qu'elle-même avait fini par s'arrêter et à vrai dire, jusqu'à présent, elle ne regrettait absolument pas sa décision. Elle ne le connaissait pas encore et bien que son physique diablement sexy avec ses pectoraux à se faire trémousser en pâmoison une vierge effarouchée jouait en sa faveur, c'était surtout sa présence qui avait interpellé Thalya. Il se dégageait de cet homme une force tranquille, en outre, il était d'une compagnie très agréable. Il ne parlait pas pour ne rien dire, ne cherchait pas à rouler des mécanique et surtout il ne lui faisait pas du rentre dedans même si elle pouvait parfois sentir son regard se poser sur elle. S'il y avait bien une chose que Thalya avait en horreur s'était bien d'être reluqué comme un vulgaire morceau de viande par des mâles en ruts mais être regardé comme il le faisait ne la gênait absolument pas après tout elle même ne se gênait pas pour admirer le paysage qu'il lui offrait. Et à vrai dire, elle aurait même été offensé qu'il n'en fasse rien ou se serait interrogé sur ses préférences sexuelles. En outre elle appréciait beaucoup sa voix qui était à la fois douce et caverneuse, on sentait dans sa manière de s'exprimer que c'était un homme qui avait de l'éducation et pas un sombre crétin qui cherchait absolument à l'impressionner comme elle avait l'habitude d'en rencontrer bien trop souvent à son goût.
Elle ne le connaissait pas encore et bien qu'elle se préservait de trop parler d'elle, préférant rester dans les généralités, elle n'avait aucun mal à lui parler de son père ou du garage dans lequel elle avait tout appris. Les réparations apportées à la moto furent plus long que prévu car la vérification de son régulateur ne s'était pas fait sans mal, heureusement l'aide apporté par son propriétaire s'était avérée des plus appréciables, et au moins, à présent, la belle était à nouveau disposée à faire rugir son moteur.
L'inquisitrice n'avait pu s'empêcher de sourire en voyant cette main virile caresser avec douceur le cuir de son assise, et lorsqu'elle le voyait ainsi cajoler sa moto elle était quasi certaine qu'une femme devait se sentir très aimé entre ses mains. Son sourire se transforma en un petit rire léger lorsqu'il l'entendit admettre qu'il l'avait quelque peu délaissé ces derniers temps

- Et ben voilà, la petite scène de ménage est terminée vous êtes reparti pour vivre de belles années de vies communes ensemble.

Satisfaite de son travail qu'elle valida en entendant le ronronnement de la Harley, elle constata avec plaisir qu'elle n'était pas la seule à s'en réjouir si elle en jugeait par l'expression qui se peignait sur le visage du motard. Lorsqu'il coupa le contact, elle dissimula sa déception derrière un sourire car elle savait qu'il allait la remercier, et ensuite ils se salueraient avant de repartir chacun de leur côté. C'était décidément très mal tombé, Thalya adorait faire se genre de rencontre, se faire de nouvelles connaissances, elle était loin d'être farouche avec les gens qui lui faisait bonne impression et en général elle se trompait rarement, même si ça lui arrivait. Mais aujourd'hui, elle n'était pas là pour s'amuser, et elle n'était pas en vacances, si elle se trouvait au Nouveau-Mexique c'était pour une raison bien précise qui laissait peu de place au divertissement...
Tendant sa main vers lui, elle se présenta alors qu'il lui rendait la politesse. Hausser un sourcil, Thalya ne pu cependant s'empêcher de tiquer en entendant son prénom.

- Caleb ? J'ai connu un Caleb dans le passé qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Tu vas avoir la lourde tâche de rendre à ce prénom ses lettres de noblesse, ce qui, pour l'instant... est plutôt ben parti, lui apprit-elle dans un sourire amusé alors qu'il était entrain de s'allumer une cigarette.

Thalya pensait à l'un de ses ex, une de ces aventures d'un soir qui avait très mal tourné et qui avait fini dans son panthéon de ses plus grosses erreur bien après ce sale parasite de Rivers ! Lui était indétrônable dans son genre !
Caleb, de son nom Caleb Caldwell, PDG de l'entreprise d'armement Caldwell & son, fournisseur attitré des Inquisiteurs. Ses armes étaient toujours innovantes et d'une précision remarquable mais c'était à son équipe d'ingénieurs et des personnes brillantes comme BI ou Withney, qu'il devait ce succès et certainement pas à ses compétences qui se limitait à jouer les petits chef et les play-boy de bas étage. Chassant cet imbécile de son esprit, son regard malicieux se posa sur Khaaleb qui était entrain d'user d'un charmant stratagème pour lui faire comprendre qu'il souhaiterait lui offrir un verre. Sa question lui fit réaliser que lui non plus n'était pas du coin, sans quoi il ne lui aurait pas demandé si elle connaissait un bar sympa dans les environs.

- J'en pense que cette fille serait folle de refuser une telle invitation, lui sourit-elle. Un bar sympa ? Le meilleur que je connaisse s'appelle le Blackstone Irish, un pur pub irlandais, malheureusement il se trouve à Nashville et c'est pas du tout dans ma direction. Si tu en as l'occasion, je te le recommande.

Le pub d'Ewan, qui avait mystérieusement disparu du jour ou lendemain sans donner la moindre explication, avait le don de vous transporter dans ces contrées lointaine qu'elle n'avait jamais connu mais qui lui paraissait si familière. En apprenant qu'il avait confié la gérance de son bar à une femme, Thalya avait aussitôt pensé à Cinder mais tout portait à croire, selon les commérages de certaines employés qui spéculaient beaucoup en son absence, qu'ils seraient partis ensemble. Elle ignorait quand Ewan réapparaitrait voir même s'il réapparaitrait un jour, mais Thalya était au moins sûre d'une chose, la personne à qui il avait remis les clés du Blackstone était une personne digne de confiance, qui saurait préserver l'ambiance de son pub, sans quoi, jamais il ne lui aurait confié son bine le plus précieux. Se penchant vers son sac qui se trouvait à l'arrière de sa voiture, Thalya farfouilla dans ce dernier avant d'en sortir une tablette dernier cri. Sans avoir à taper quoique ce soit, elle formula sa demande à haute voix et l'ordinateur lui sélectionna quelques bar qui se trouvaient à proximité. Le plus sympathique se situait à 40 bornes de là où ils se trouvaient actuellement mais c'était pile dans sa direction. Ouvrant la portière de sa voiture, elle balança sa tablette sur le coté passager, puis pris place du côté conducteur. Remettant ses lunettes de soleil, elle se tourna vers Khaaleb.

- J'ouvre la voie, tiens la distance si tu arrives à suivre, le défia-t-elle dans un sourire avant de mettre le contact et de démarrer en trombe en soulevant un nuage de poussière derrière elle.

Ils roulèrent ainsi pendant 20 bonnes minutes. Thalya avait profité du trajet pour prévenir Camila qu'elle n'arriverait pas dans la soirée comme convenu mais le lendemain, de toute manière il n'y avait pas urgence et elle était prête à parier que cela ne dérangerait en rien sa cousine qui allait probablement profiter de ce sursis supplémentaire de paix pour le passer en tête à tête avec son garde du corps préféré. Pour sa part, elle avait finalement décidé de savourer sa soirée également avant de se consacrer entièrement à la mission qui l'amenait ici : Capturer cette putain et lui faire amèrement regretter ses actes ! On ne s'en prenait pas impunément à l'un des leurs sans en payer le prix et ça, elle allait vite l'apprendre à ses dépends !!
Mais ça, elle aurait tout le temps d'y penser demain, ce soir elle comptait bien se vider la tête et s'amuser un peu, et pour se faire, la compagnie de Khaaleb semblait tout attitrée.

A première vu, le bar qu'elle avait sélectionné en se référant aux avis émis par les internautes, ne ressemblait en rien aux autres bars que l'on pouvait trouver dans le coin. Thalya avait même repéré un petit patio qui donnait du coté de la 66, et qu'il sur lequel il devait être agréable de s'alanguir lorsque les nuits n'étaient pas trop fraîche. Une fois à l'intérieur, la brune fut surprise de constater qu'il n'y avait pas beaucoup de place, ce qui lui conférait un certain attrait. Une familière odeur de tabac envahissait doucement les lieux et quelques discussions s'élevaient ici et là mais il était encore trop tôt pour juger de l'ambiance général. Ensemble, ils se dirigèrent vers le bar où ils prirent place sur les tabouret. Le barman, qui semblait presque aussi costaud que Khaaleb, se montra immédiatement avenant envers ces nouveaux visages et après avoir prit leur commande leur offrit quelques apéritifs, à savoir des cacahuètes salé présenté dans une petite soucoupe. L'endroit n'étant pas encore trop bondé, le barman qui s'appelait Jerry et qui semblait être un inépuisable bavard, entama avec eux une conversation des plus intéressantes. Thalya apprécia la compagnie de cet homme qui, à n'en pas douter était fait pour ce métier. Le contact passa si bien avec Jerry que le barman leur offrit à chacun une bière avant de s'en aller vaquer à ses devoirs envers ses autres clients qui commençaient doucement à affluer. Et à la vu de la petitesse du bar, il ne tarderait pas à être vite remplis. Enfin seuls, Thalya se tourna en direction de Khaaleb un sourire resplendissant aux lèvres.

- Je crois que je viens de trouver mon deuxième bar et barman préféré ! Je regrette pas du tout d'être venu ici !! Alors, dis-moi, c'est plutôt rare de rencontrer des motards qui voyagent seuls. Tu rejoins des amis quelques part ?

La jeune femme avait compris que tout comme elle, Khaaleb n'était pas du coin. Plusieurs raisons pouvaient expliquer sa présence en ces lieux : une réunion de motard, un road trip, des vacances, ou tout simplement un déménagement... qui sait. Ce n'était pas si important dans le fond, ce qui était bien plus intéressant à savoir par contre c'était sa destination, savoir s'il n'était que de passage ou s'il comptait rester dans le coin, qui il comptait rejoindre...
Levant sa bière en direction de Khaaleb elle trinqua à leur rencontre.

- A cette soirée qui ne fait que commencer

Elle but une gorgée de cet excellent breuvage avant de reposer sa bière devant elle. Son regard s'arrêta derrière un jeu de fléchette qui se trouvait derrière Khaaleb et le regard rieur le reposa sur celui qui l'accompagnait.

- Tu joues aux fléchettes ? Lui demanda-t-elle espiègle. J'ai un petit jeu à te proposer à base d'alcool bien entendu. On joue l'un contre l'autre, celui qui a fait le plus mauvais score boit un shoot. Ensuite on recommence etc.. etc... jusqu'à ce que l'un déclare forfait ou... s'écroule, mais je te préviens, ne t'attends pas à gagner, je suis une tueuse à ce jeu-là, lui susurra-t-elle en se penchant vers lui le regard rieur avant de se lever de son tabouret pour se diriger vers la cible jaune et noir

Le coup de la panne
L'inquisitrice et le loup

Un peu de musique:

Lorsque la jeune femme évoqua un autre homme qui portait semble-t-il le même nom que lui, Khaaleb leva un sourcil légèrement interrogateur. Qui était cette mystérieuse personne qui osait discréditer son propre prénom aux yeux d'une si charmante créature qui en plus était un as de la mécanique ? Mais après tout, ce prénom était très courant, et était même un des plus donné au Canada, en tout cas pour les garçons de sa génération, bien que l'orthographe en était souvent différente. Sur les quatre frères et sœurs qui étaient né de l'union de ses deux parents, c'était son père qui avait eu la charge de choisir les noms des garçons, sa mère ayant d'office imposé celui de ses deux filles. Mais l'écriture particulière du sien avait été une décision commune, influencé par cette mode qui était en cours trente ans plus tôt de créer des prénoms "originaux".
Pourtant Khaaleb avait toujours remercié ses parents d'avoir eu si bon goût, car il aimait particulièrement son prénom qu'il trouvait bien plus facile à porter que celui de ses sœurs. Déjà qu'ils avaient un nom de famille imprononçable...
Alors que certains viennent détruire l'image virile de tous les "caleb" du monde en jouant au con, je dis non non non !!
Haussant les épaules, il lança donc à la charmante jeune femme un petit clin d’œil, le sourire au bord des lèvres lorsqu'elle lui demanda de lui faire oublier celui qu'il voyait à présent comme un sombre crétin.

"Je ferai tout pour..."

Et c'est bien ce qu'il pensait. Il n'avait aucune sorte d'envie de laisser partir une fille comme ça, en tout cas pas avant d'avoir passé un peu plus de temps avec elle. C'était indubitablement la chance, ou le dieu des motard qui l'avait mis sur sa route, et il n'était pas homme à rejeter les messages divins, surtout ceux qui sont envoyés par les dieux de la route 66. Lorsqu'il comprit qu'elle était partante pour un verre, il ne pu donc s'empêcher de sourire. Cette soirée serait peut être plus sympa que prévu. Non seulement il n'aurait pas à dormir à la belle étoile avec une moto en rade, mais en plus il allait potentiellement la passer avec un canon. En espérant qu'ils trouvent quelque chose dans ce trou perdu.
La laissant lui décrire un bar irlandais à Nashville, il faillit lui faire remarquer que ce n'était pas tout à faire ce qu'il sous-entendait lorsqu'il lui demandait si elle connaissait un bar dans le coin, mais il préféra se taire, après tout c'était toujours bon de récolter quelques adresses de bars, on ne pouvait jamais savoir si la vie ne le conduirait pas un jour dans cette ville. Au moins aurait-il un endroit où aller boire une bonne petite Guinness sur fond de flutio irlandais.

La voyant sortir de sa voiture une tablette tactile, il la laissa chercher un endroit sympa à proximité et entreprit de ranger les quelques outils qui traînaient encore sur le sol près de la moto. Après avoir remis la boite à outils de la jeune femme dans son coffre, il retourna vers sa bécane pour refermer avec soin les sangles de ses sacoches. Il aurait pu sortir son téléphone pour regarder lui-même, mais ça faisait belle lurette qu'il n'avait plus de batterie, et puis de toute façon, elle semblait très bien s'en sortir toute seule. Il n'avait jamais eu aucun problème avec ces technologies moldues, mais moins il les utilisait mieux il se portait quand même.
La voyant remettre la tablette dans sa voiture et y prendre place, il enfourcha sa moto et mis le contact en lui lançant un sourire. Même s'ils venaient de redonner à sa Harley une seconde jeunesse, c'était impossible pour lui de rivaliser avec un moteur comme celui que possédait le bolide de Thalya. Mais heureusement pour lui, la belle ne lui faussa pas compagnie et maintenu une allure raisonnable qui ne le força pas à pousser la moto.

Le soleil était à présent de plus en plus bas dans le ciel. Tout autour de la route, le paysage poussiéreux se tintait de couleurs rouge et orange. Cette lumière rasante avait beau apporter au décors un quelque chose d'encore plus beau et quasi spirituel, elle était également terriblement aveuglante. Ayant bêtement laissé ses lunettes de soleil dans une des sacoches, il plissa les yeux, laissant son regard s'accrocher à la voiture devant lui plutôt que sur la route qui renvoyait les dernier rayons du soleil estival. De là où il était, il pouvait voir les cheveux de la conductrice voler dans le vent se découper dans la lumière. Il y avait quelque chose de très cinématographique dans cette image.

Quelques vingt minutes plus tard, ils arrivèrent en vue de quelques habitations qui se trouvaient le long de la route. Se rapprochant de plus en plus, ils purent voir qu'il s'agissait en réalité d'un petit village qui comptait une vingtaine de baraques, et notamment un bar devant lequel on pouvait trouver un grand espace de parking. Quelques voitures s'y trouvaient déjà, ainsi que deux poids lourd. Voyant le clignotant de la voiture de Thalya s'activer, il comprit qu'ils venaient enfin d'arriver à destination. C'était une bonne nouvelle, car il sentait à sa gorge sèche qu'il avait grand besoin d'une bonne bière bien fraîche. Ralentissant, il approcha sa moto au plus près du bar afin de pouvoir conserver un œil dessus et éteignit le contact. Aussitôt, il entendit un air bien connu des ZZTop sortir des portes grandes ouvertes du bar, et il su aussitôt qu'elle les avait conduit dans un endroit de qualité. Une fois que la jeune femme l'eut rejoint, ils entrèrent ensemble dans le pub qui était encore calme à cette heure du début de soirée. L'espace n'était pas bien grand, mais la décoration et l'ambiance en faisait un endroit où on se sentait immédiatement comme à la maison. Et le patron de la gargote en était pour beaucoup. A peine les premiers mots échangés, Khaaleb su immédiatement qu'il avait en face de lui un type avec qui il allait s'entendre. C'était ce genre de personnage un peu bourru mais qui avait un cœur aussi grand que la gueule qui l'avait attiré vers le monde des bikers, même si tous n'étaient pas aussi avenant. Le bonhomme était aussi d'une taille tout à fait honorable, et c'était agréable de ne pas avoir à baisser les yeux pour parler à quelqu'un, ce que Khaaleb devait faire au quotidien avec ses 1m95.
Le bar commença progressivement à se remplir ce qui força Jerry à aller s'occuper de sa clientèle principalement constituée d'habitués, les laissant enfin seul à seul. Buvant une gorgée de la bière qu'il avait devant lui, il s'essuya la bouche du revers de la main avant de répondre à la question que la jeune femme venait de lui poser.

"Non...je fais juste un bout de chemin. Je fais ça tous les ans, ça me permet de respirer un peu. Et puis j'aime bien faire la route seul, c'est plus facile de faire des rencontres comme ça."

Il lui lança un clin d’œil entendu. C'est vrai que s'il n'avait pas été seul, il aurait été bien plus compliqué de la suivre ainsi jusqu'à ce bar pour passer la soirée et peut être même la nuit avec elle. D'autant plus qu'il avait d'ordinaire l'habitude de faire la route avec Anahia, ce qui aurait rendu la chose encore plus impossible. Il l'imaginait déjà lui crier aux oreilles des "mais c'est n'importe quoi !! Tu vas pas m'abandonner au milieu de nul part pour cette grognasse que tu connais même pas !! Tu préfères cette petite moldue à ta sœur juste parce qu'elle a des belles fesses !! Si c'est comme ça je viens avec!!" Non c'était vraiment une bonne chose que sa sœur ne soit pas venu avec lui cette année. Au moins pouvait-il pleinement profiter de cette rencontre inopinée.  
Levant sa bière à cette soirée qui comme le disait Thalya, ne faisait que commencer, il bu une nouvelle gorgée sans parvenir à détacher ses yeux d'elle. Plus il passait du temps avec cette jeune et belle inconnue, plus il se disait qu'il n'avait encore jamais rencontré de femme comme elle. C'est pourquoi il redoutait de lui poser trop de questions sur elle comme il évitait de trop en dire sur lui. L'instant était trop parfait pour venir le briser.

Un coude appuyé sur le comptoir, il la laissa lui expliquer le jeu auquel elle voulait le faire jouer. Les fléchettes ? ça faisait des années qu'il n'en avait pas lancé une. Il y avait bien une cible dans le bar où il avait l'habitude d'aller près de chez lui au Canada, mais ça faisait longtemps qu'on n'y lançait plus de fléchettes, leur préférant des objets légèrement plus...massif.

"Pourquoi pas." Dit-il dans un sourire avant de se tourner vers le patron pour lui commander deux shooter et une bouteille de scotch.
Bouteille et verre en main, il se rapprocha d'une table qui se trouvait juste à côté de l'espace de lancé face à la cible et versa dans les deux petits verres un liquide ambré au fort parfum d'alcool. Ce tord-boyau était exactement ce qu'il leur fallait pour le genre d'exercice auquel ils allaient s'adonner. Quelques personnes qui se trouvaient autour d'eux avaient cessé leurs conversations et regardaient avec curiosité ces deux étrangers qui allaient sans aucun doute leur offrir quelques minutes de divertissement.
Prenant les fléchettes que la jeune femme lui tendait, il lui fit un signe de la tête.

"A toi l'honneur tueuse..."

La jeune femme ne se fit pas attendre et lança le premier projectile dont la tête alla immédiatement se planter dans la zone "20" de la cible, ce qui déclencha immédiatement des applaudissements des spectateurs. Prenant à son tour place, le jeune homme se concentra. Il avait fait ça des années durant, et il savait que le plus difficile ne serait pas les premiers lancés mais plutôt les derniers, quand ils auraient bien entamé la bouteille. Sans trop perdre de temps à viser, il lança et vit la pointe se planter avec force dans la zone "17" de la cible. Ce score déclencha un nouveau concert de cris de la part des personnes autour d'eux qui étaient de plus en plus nombreux à délaisser leurs affaires pour les regarder s'affronter. Prenant son verre, il ne pu que constater le sourire victorieux de la jeune femme. La manœuvre avait réussi.

Levant son verre vers elle, il lui sourit et le vida cul-sec avant de le poser sur la table et de retourner à la zone de lancé.

"Aller c'est mon tour..."

***

Khaaleb regardait le crétin qui était assis en face de lui de l'autre côté d'une des table du bar. Il y avait du mépris et de la suffisance dans son regard, mais surtout beaucoup trop d'alcool. Se penchant en avant, il posa son coude sur le bois vernis de la table et attrapa la main que cet imbécile lui tendait. Ils étaient les seuls assis, les autres clients les entouraient et encourageaient celui qui avait leur préférence. L'autre était un habitué, mais ça n'empêchait pas la plupart des types présents de soutenir l'étranger qu'il était. Le mec n'était pas une crevette, au contraire, c'était le type de gars habitué à soulever de la fonte mais la confiance qu'il avait dans ses biceps gonflés serait sa perte. On ne prononçait pas ce genre de phrase sans en subir les conséquences, il avait un honneur à laver. Serrant avec force les doigts de son adversaire, il tourna la tête vers Thalya qui se trouvait juste à côté d'eux et qui avait les mains posées sur les leur afin de donner le top départ de leur bras de fer. Malgré l'importance du combat, il ne pu s'empêcher de penser qu'elle avait les mains bien douces pour une mécanicienne.

"Tu vas mordre la poussière mon ptit pote...
-Tu peux toujours essayer..."

Reportant son attention sur son adversaire, il entendit la voix de la jeune femme faire le décompte, puis il sentit la pression de l'autre main appuyer contre la sienne. Mais aussi musclé que pouvait être l'autre crétin, il ne pouvait pas rivaliser avec lui. Après tout, il n'était pas un humain tout à fait comme les autres, et même chez les loups il était considéré comme une force de la nature. Dès la première seconde, il comprit qu'il allait pouvoir faire ce qu'il voulait de ce petit combat, et préféra donc dans un premier temps feindre la difficulté, lui laissant gagner un peu de terrain. Autour d'eux, la foule des clients se déchaînait pour les encourager et il regretta un instant de ne pas avoir fait de pari. Au bout de quelques secondes, alors que l'autre donnait tout ce qu'il lui restait pour le finir, croyant déjà avoir gagné, il changea d'expression et afficha un grand sourire carnassier. Le pauvre con le remarqua et le regarda avec interrogation.

"Mais qu'est ce qu...
-Désolé mon ptit pote, mais j'en ai déjà mare..."

Profitant de l'effet de surprise, Khaaleb utilisa enfin sa force et en une seconde inversa le combat. La main de l'autre vint s'exploser contre la table dans un grand bruit de craquement accompagné d'un cri de son adversaire. Avant que le public ait le temps de réagir, il se leva de la chaise en levant le poing au dessus de sa tête.

"EST CE QUE QUELQUES D'AUTRE PENSE QUE LES CANADIENS DE MONTREAL* SONT UNE EQUIPE DE MERDE ??"

(*équipe de hockey sur glace de Montréal)

Le grand "NOOOON" général et les rires et acclamations qui suivirent vinrent clore le débat qui avait été lancé quelques minutes plus tôt. Après avoir serré quelques mains et tapé virilement dans le dos de certains des mecs qui l'avaient soutenu, il alla voir le crétin qui avait osé le défier et lui tendit une main.

"Aller mec, sans rancune..."

Après une seconde d'hésitation, le type lui rendit sa poignée de main et éclata un rire tonitruant.

"Tu m'as donné une bonne leçon ce soir mon pote, aller viens jt'offre un verre...
-C'est cool, mais jt'avoue j'ai bien envie d'aller fêter cette petite victoire avec la charmante jeune femme qui est là bas."

Après avoir jeté un regard vers la jeune femme en question, l'autre con fit un clin d’œil et une grimace un peu salace, lui donna un coup de coude entendu et le laissa aller seul au comptoir pour commander deux nouvelles bières. Jerry le félicita et le remercia d'avoir remit à sa place ce gros balourd qu'il n'acceptait que parce que c'était un cousin éloigné en lui donnant deux bouteilles bien fraîches.

"Dis patron, il commence à se faire tard, tu sais pas où on pourrait crécher dans le coin ?
- Il y a un motel au bout de la rue, c'est mon beau-frère qui le tient. La déco est à chier mais les draps sont proches...dites que vous venez de ma part, on vous fera un prix. Mais tarder pas trop, je vais pas tarder à fermer, faut y aller avant les autres, comme ça vous serez sur d'avoir une chambre..."

Khaaleb remercia la barman et attrapant une bière dans chaque main, se dirigea vers Thalya qui avait regagné une table où ils s'étaient installé plus tôt dans la soirée et qui portait les restes de leurs nombreuses consommations. Le jeune loup remerciait d'ailleurs intérieurement son patrimoine génétique paternel qui lui avait donné une résistance plus que convenable à l'alcool, sans quoi il aurait déjà été en train de vomir tripes et boyaux vu les quantités qu'ils avaient engloutis au cours de la soirée. Déposant une des bouteilles devant la jeune femme, il s'installa en face d'elle et bu une longue gorgée. Le bras de fer l'avait laissé assoiffé et il savourait avec plaisir cette boisson de la victoire. Reposant la bouteille sur le bois de la table, il laissa son regard balayer la salle.

"Il faudra vraiment revenir, ce spot est génial...t'as eu du flair en nous amenant ici..."

Derrière son comptoir, Jerry sonna une cloche, appelant les clients à venir chercher leurs dernières consommations avant la fermeture du bar. La plupart étaient fin bourré, mais tous tenaient encore parfaitement debout. Délaissant sa contemplation des poivreaux du coin, il se tourna à nouveau vers la jeune femme qui avouons le était bien plus sexe à regarder et inspira longuement.

"Ça a été une putain de soirée en tout cas...il passa la main dans sa barbe...je me demande bien ce qu'on pourrait faire pour la rendre encore plus géniale..."


Le dos calé sur la chaise sur laquelle il était assit, il plongea son regard dans le sien. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire malicieux. Il avait eu envie d'elle dès qu'il l'avait vu sur le bord de la route sortir de sa voiture, et cette envie n'avait fait que croître au fur et à mesure de la soirée. Le moment était venu de voir si la belle brune partageait son désir et si elle avait comme lui envie de foncer vers ce motel pour profiter ensemble des dernières heures de la nuit.
Sans rompre le contact visuel, il fit un mouvement de tête vers la sortie du bar.

"On y va ?"

Middle of nowhere
Khaaleb & Thalya

La soirée allait bon train et à dire vrai, cela faisait bien longtemps que Thalya ne s'était pas autant amusée ! Elle ne se rappelait même plus de la dernière fois où elle avait passé une aussi bonne soirée. Elle comprenait pourquoi ce bar avait autant de recommandations positives, tout y était absolument parfait : Le décors, l'ambiance, l'alcool, la musique, le personnel et même les habitués. Ni Khaaleb ni elle n'étaient du coin, et pourtant on les avait si bien intégré qu'elle avait l'impression d'avoir toujours vécu ici. Elle avait écouté les confidences indiscrètes de Jerry qui connaissait absolument tout sur tout le monde, rit de bon coeur avec Spencer et Chuck qui s'étaient amusés à la draguer plus pour s'amuser que pour tenter réellement leur chance étant donné que tout le monde les croyait en couple avec Khaaleb. Une rumeur qu'aucun des deux ne s'étaient d'ailleurs amusés à démentir. Jennifer et Penny pour leur part, lui avaient parlé sans tabou des plus beaux spécimens du coin, quand à Randall il n'avait pas taris d'éloges sur sa voiture ce qui l'avait positionné directement en meilleur pote du coin. Khaaleb n'était pas en reste, lui aussi s'était énormément amusé et parfaitement intégré, elle avait d'ailleurs pu voir ses biceps à l'oeuvre lors d'une partie de bras de fer bourré de testostérone, aussi sexy que mémorable. Une partie dont elle avait eut l'immense privilège de lancer le top départ en y mettant le feu, comme à son habitude. La foule était en liasse et au comble de l'ivresse. Tout le monde suivait l'affrontement avec excitation et Thalya n'était pas en reste encourageant Khaaleb avec force et conviction dans sa langue paternelle. Quelques téméraires osèrent même glisser de jolis billets le temps d'un pari. Le challenger locale semblait donner du fil à retordre à Khaaleb et alors que Thalya s'indignait de voir Khaaleb courber l'échine l'expression de ce dernier changea du tout au tout et à la surprise général, la situation connu un revirement inattendue. Sans prêter plus d'attention à sa victoire le grand vainqueur défia quiconque d'oser critiquer son équipe favorite ce que personne ne se risqua plus à faire avant de repartir dans un immense éclat de rire générale suivit d'acclamation. Tout le monde désirait offrir une bière au grand vainqueur du jour mais ce dernier déclina les invitations pour venir la rejoindre. Ils avaient déjà bu pas mal d'alcool mais plus de la moitié avait été consommé par son compagnon. Pour sa part Thalya avait une bonne endurance à l'alcool et ce, grâce aux nombreuses soirées bien arrosées auquel elle avait participé sans oublier les toutes aussi nombreuses gueules de bois qui les accompagnaient. Fort heureusement elle avait appris à connaître ses limites. Elle aurait pu boire à s'en rouler sur le plancher mais elle avait d'autres projets en tête pour cette soirée et si elle était effectivement très gaie, elle restait encore parfaitement maitresse de ses actes et de ses actions. S'emparant de la bouteille qu'il venait de lui apporter, Thalya cogna légèrement sa bouteille contre la sienne pour trinquer avec lui

- A la tienne et à cette victoire bien mérité !

Portant le goulot de sa bouteille à ses lèvres, son sourire s'agrandit en l'entendant la féliciter pour le choix de ce bar. Portant son index sur le bout de son nez elle lui lança un regard sulfureux

- J'ai toujours du flaire pour les bonnes choses

Le son de la clochette de Jerry se mit à retentir annonçant la fermeture prochaine du bar, mais Thalya ne décrocha pas son regard de celui de Khaaleb. Un sourire coquin apparut sur son visage répondant à celui malicieux de son partenaire. Se levant de sa chaise, elle se dirigea vers lui et s'installa sur ses genoux tout en passant ses bras autour de son cou

- Et bien moi j'ai quelques idées ? Comme par exemple ça...

Lentement elle se pencha vers l'oreille droite de Khaaleb. Il pouvait sentir l''odeur de son parfum qui était à son image, sauvage et piquant, ainsi que la pointe de ses long cheveux bruns caressant son bras alors qu'elle lui murmurait dans un souffle quelques propositions indécentes. Puis se reculant lentement pour capter son regard, elle passa l'une de ses longues mèches derrière son oreille

- Et puis, je pourrais aussi....

Thalya s'interrompit et se pencha cette fois en direction de l'oreille gauche de Khaaleb. A nouveau il pouvait sentir son souffle chaud caresser la peau de sa nuque alors qu'elle lui faisait miroiter la promesse de monts et merveilles. A nouveau, elle se recula, un peu plus légèrement et elle pouvait lire dans son regard exactement le même désir qui était entrain de l'embraser. S'emparant de son visage, elle l'attira à elle avant de l'embrasser fougueusement. Dès qu'elle s'était arrêté et qu'elle l'avait vu plus en détail, elle avait trouvé cet homme absolument sexy et désirable, et si elle n'avait vu de prime à bord qu'un bel étalon avec lequel passer un moment des plus sulfureux, à présent et bien qu'elle le pensait toujours et qu'elle tenait à sa partie de jambe en l'air, son partenaire, celui qu'elle avait choisit, n'était pas seulement un bellâtre à qui elle demandait d'être un bon coup, c'était quelqu'un qu'elle avait appris à apprécier sincrement, ce qui n'avait fait qu'attiser son désir pour lui.

Sans perdre un instant, comme si le désir qui était entrain de les consumer était devenu incontrôlable, ils se levèrent de la chaise et quittèrent le bar, bras dessus bras dessous. Légèrement grisé, elle était heureuse de sentir le bras de Khaaleb autour de sa taille, car cela lui évita une chute monumentale en ratant les quelques petites marches du perron, ce qui eut pour effet de la faire s'esclaffer avant de lâcher Khaaleb. Marchant légèrement devant lui à reculont, elle souleva ses cheveux tout en ondulant légèrement devant lui sous une musique imaginaire avant de lui faire signe de venir la rejoindre avec son index.



Sans la moindre difficulté, ils trouvèrent le motel du cousin de Jerry, à moins que ce ne fut son frère, elle ne se rappelait plus vraiment, et pendant que Khaaleb était occupé à leur prendre une chambre, derrière le comptoir, Thalya faisait discrètement glisser sa main sur les fesses bien ferme de ce dernier, tout en se mordillant la lèvre inférieure. Ça n'allait pas assez vite à son goût et elle se chargea de la faire comprendre à son bel étalon.
Dès qu'il eut les clés en main, ils montèrent à l'étage. A peine la porte s'ouvrit-elle que d'un mouvement rapide il l'attrapa et qu'elle se sentit plaquer contre le mur alors qu'il s'emparait à nouveau de ses lèvres. Dès lors, la température de la chambre se mit subitement à augmenter...
Elle glissa ses mains autour de son cou tendit qu'il la serrait toujours plus contre lui, partageant un baiser beaucoup plus passionné que le premier au cours duquel un duel de langues commença à s'affronter, réveillant par là-même leurs instincts primaire…Avec empressement, il remonta une de ses mains qu’il avait glissé sur ses hanches et la déposa sur son cou qu’il entreprit de dévorer de baisers. Tout aussi avide de désire que lui, Thalya ne prit pas la peine de déboutonner les boutons de sa chemise un par un, préférant les faire sauter en écartant vigoureusement les deux pans du vêtement pour dévoiler à nouveau à sa vu, ce torse parfaitement musclé qu'elle s'empressa de couvrir de baisers mouillés avant de le mordiller sensuellement. Puis, se détachant légèrement, elle leva les bras au-dessus de sa tête pour le laissa lui retirer son débardeur avant de capturer à nouveau sa bouche.

Gorgé de désir l'un pour l'autre ils commencèrent à marcher à reculons en direction du lit alors qu'elle s'attaquait déjà à déboucler sa ceinture. Se cognant contre le rebord du lit, elle tomba sur le matelas en entrainant son amant avec elle ce qui ne manqua pas de la faire rire alors que sa longue chevelure indiscipliné s'étalaient sur le lit tandis que quelques mèches rebelles tombaient sur son visage, lui conférant un aspect encore plus sensuel et sauvage.
Le regard enfiévré qu'ils avaient l'un l'autre exprimait à lui seul le désir qui les animaient. Elle s'arqua de plaisir en sentant sa langue courir sur sa poitrine alors que ses mains viriles enrobaient l'un de ses seins à travers son soutient-gorge qui la fit gémir de plaisir. Remontant vers elle, ils partagèrent un baiser fougueux alors qu'elle s'agrippait à son cou avec fougue. Profitant de sa positions et de sa prise, la brunette en profita pour le faire basculer et se retrouva à califourchon au-dessus de lui, le laissant à la merci de ses mains expertes alors que les mains puissantes et viriles de Khaaleb se posèrent sur sa taille svelte puis délicieusement, elle les sentit glisser tranquillement sous sa jupe pour accéder à ses cuisses qu'il caressa langoureusement alors qu'elle le stimulait, profitant avec ardeur du corps alanguis qui se trouvait sous elle. Mettant fin à son supplice, et désireux de la combler à son tour, dans un habile jeu de jambes Khaaleb la fit basculer sur le dos et emprisonna ses mains dans la sienne. A sa merci, elle sentit sa langue glisser sur sa peau dorée, alors que sa main libre la tortura avec plaisir. Son amant était un maitre dans les préliminaires, à un tel point qu'il pouvait la sentir vibrer de tout son être. Son dos et ses fesses bien musclés dans lesquels elle avait enfoncé ses ongles allaient s'en souvenir pendant quelques temps.
Ils n'en n'étaient encore qu'au début, qu'au préliminaires,... la nuit promettait d'être aussi longue qu'intense....

****

Le corps délicieusement endoloris, Thalya ouvrit doucement les yeux. A en juger par la lumière qui filtrait à travers les rideaux de leurs petite chambre du motel, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. La tête reposant sur le torse bien dessiné de son amant leurs deux corps enlacés étaient à peine recouvert par leur draps. Elle était bien décidé de ne pas bouger d'un seul millimètre et de se reposer encore un peu, surtout après la nuit intense qu'ils venaient de passer tous les deux mais le vibreur de son téléphone la fit gémir de contrariété. Essayant d'attraper son téléphone qui se trouvait sur sa table de nuit à tâtons, elle fut contrainte de lever légèrement sa tête et de s'extirper le plus discrètement possible des bras de Khaaleb pour s'en emparer. Encore à moitié endormi le message de Camila et surtout l'heure qui s'y affichait, eurent tôt fait de la réveiller totalement.

- Putain de merde ! Lâcha-t-elle en se redressant d'un bond.

Sentant son amant bouger, elle se tourna dans sa direction et lui adressa un sourire navré

- Désolée, je voulais pas te réveiller. Je vais m'en vouloir à vie, tu es si mignon quand tu ronfles légèrement, le taquina-t-elle en l'embrassant tendrement avant de se lever du lit tout en s'enroulant de moitié autour du drap blanc qui laissait entrevoir une chute de rein vertigineuse. Je vais prendre une douche et ensuite je dois absolument me sauver, fit-elle dans une moue navré avant de lui jeter un regard aguicheur. Tu peux toujours m'y rejoindre si tu n'es pas trop épuisé par ta nuit et que tu penses pouvoir suivre la cadence, le défia-t-elle le sourire taquin affiché aux lèvres avant de disparaître dans la salle d'eau en faisant tomber le drap à l'entrée de la pièce

Camila et les autres l'attendaient, elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir s'attarder plus longtemps, mais cette nuit avait été merveilleuse et elle ne comptait pas s'enfuir comme une voleuse. Elle ignorait si elle aurait l'occasion de revoir Khaaleb ou si leurs routes s'arrêteraient définitivement à la sortie de ce motel, mais si c'était le cas, s'ils étaient amenés à ne plus se revoir, elle n'était pas opposée à profiter une dernière fois de ce corps merveilleusement musclé et attirant sous la douche. Après tout, il n'y avait pas que dans un lit que l'on pouvait s'amuser, certains jeux d'eau pouvait être tout aussi intenses si tant est que l'on sait se montrer quelque peu imaginatif ..

Le coup de la panne
L'inquisitrice et le loup

Cette fois un peu de Lez Zeppelin:

A l'extérieur de la chambre, il y eut soudain un bruit de moteur, sourd, vibrant. Puis le véhicule quitta la cours du motel et le silence revint.

Khaaleb ouvrit les yeux avec difficulté, légèrement éblouit par la lumière du soleil levant qui filtrait par les rideaux fins  qui n'obstruaient absolument pas les fenêtres. Au dehors, le ciel était encore d'un bleu pâle, signe qu'il devait encore être très tôt et qu'il n'avait donc pas du dormir plus d'une heure. La nuit avait été courte, alcoolisée et surtout particulièrement physique. Même s'il n'était pas étranger à ce genre d'exercice, il devait bien reconnaître qu'à cette heure bien trop matinale, il avait encore grave la gueule dans le cul.
Laissant ses yeux quitter la contemplation passive d'un panneau publicitaire pour une marque de bière locale qu'il pouvait voir de là où il se trouvait, il regarda plus en détail la pièce dans laquelle ils venaient de passer les dernières heures. Lorsqu'ils étaient arrivés la veille au soir, il est vrai qu'il n'avait pas tout à fait pris le temps de faire le tour du propriétaire, préférant se ruer sur l'incroyable brune qui l'accompagnait.
Après un rapide coup d’œil, il en vint à la conclusion qu'il avait bien fait de ne pas perdre de temps à inspecter les lieux. La décoration était datée et d'un goût relativement douteux, mais la pièce semblait néanmoins assez propre et entretenue, ce qu'y n'en faisait pas un des motels les plus miteux où il avait pu séjourner sur la route 66.

Il sentit Thalya bouger dans son sommeil. Le visage de la jeune femme était posée sur son épaule, une main sur son torse, son corps nu langoureusement lové contre le sien. Ils s'étaient endormi comme ça, sans échanger un mot, éreintés, ivre de sexe plus que d'alcool. Baissant les yeux, Khaaleb ne pu s'empêcher de sourire en la voyant si sereine. Rien à voir avec la tigresse avec qui il avait quitté le bar. Sa respiration était lente, profonde, apaisée.
Du bout des doigts, il caressa doucement sa joue, son cou, descendant jusqu'à l’arrondit de son épaule, essayant de ne pas troubler son sommeil même s'il mourrait d'envie de la réveiller pour la prendre à nouveau.
La regarder ainsi lui ramenait les images de la folle nuit qu'ils venaient de passer ensemble.
Il la revoyait s'asseoir sur ses genoux pour lui susurrer à l'oreille tout ce qu'elle comptait  lui faire. Il sentait encore dans sa bouche le goût enivrant de ses lèvres lorsqu'elle l'avait embrassé et le regard brûlant qu'ils avaient échangé ensuite. Il ressentait encore le désir qui l'avait envahit en la voyant onduler son corps devant le bar de Jerry alors qu'ils marchaient vers le motel.
Il avait eu tout le mal du monde à attendre d'être enfin arrivé à cette maudite chambre pour enfin assouvir l'envie qui le consumait depuis le début de la soirée. Il avait faim d'elle et elle de lui et ils n'avaient pas attendu que la porte de la chambre se referme sur eux pour le jeter l'un sur l'autre dans une frénésie de baisers et de caresses de plus en plus chaudes.
Sans avoir besoin de fermer les yeux, il la revoyait se cambrer lorsqu'il passait ses mains sur sa peau brûlante, remontant le long de ses cuisses, la torturant avec appétit. La jouissance de la sentir ainsi satisfaite n'avait d'égale que celle qu'il éprouvait lui-même. Elle lui donnait du plaisir autant qu'il lui en donnait lui-même,  et elle mettait dans chacun de ses gestes une passion qui à aucun moment ne permettait à la fureur qui les animait de redescendre.
Mais plus le temps passait, moins il arrivait à se rassasier d'elle, comme si l'ivresse qu'il ressentait allait grandissante au lieu de s'éteindre. Il voulait la sentir frémir sous sa langue, trembler sous ses doigts, l'entendre gémir lorsqu'il la pénétrait, encore et encore.

Mais à la voir aussi calme et paisible qu'elle pouvait l'être à cet instant, et malgré le désir intense qu'il sentait à nouveau monter en lui, il décida de ne pas bouger. Il y a des tableaux qui même avec la plus grande envie de baise du monde ne doivent pas être brisés. Et puis,  ils auraient tout le temps de remettre ça lorsqu'elle se réveillerait.
Souriant à cette perspective plus qu'aguichante, le jeune homme ferma les yeux et sombra presque aussitôt dans une nouvelle phase de sommeil.


Bien plus tard, alors que le soleil du Nouveau Mexique arrivait presque à son zénith, ce ne fut pas une nouvelle fois un moteur de voiture qui le réveilla mais bien le langage doux et fleurit de sa charmante amante qui s'agitait à côté de lui. Ouvrant les yeux, il les referma aussitôt, trop éblouit par la lumière qui entrait dans la chambre. Sentant la jeune femme s'activer en jurant, il se passa une main sur le visage et se força à se réveiller. Se tournant sur le côté, il prit appui sur son coude pour se redresser légèrement. Il la vit se tourner vers lui, l'embrasser avec plus de tendresse qu'elle ne l'avait encore fait, et lui annoncer qu'elle devait...PARTIR !!

"C'est une tragédie..."dit-il d'une voix encore légèrement enraillé et terriblement grave.

Il savait pertinemment qu'elle allait bien devoir partir, à un moment ou à un autre. Cette perspective leur pendait au nez depuis qu'ils s'étaient rencontré la veille. Ils étaient deux étrangers qui allaient chacun vers des directions opposées. Mais maintenant qu'ils avaient passé ces quelques heures ensembles, il n'avait plus aucune envie de la laisser partir, surtout pas après une nuit pareille et surtout pas comme ça au réveil, sans des adieux digne de ce nom !!
Fort heureusement, la belle devait être du même avis que lui car elle l'enjoint de la retrouver sous la douche sans laisser de doute quant à ses intentions. Remerciant encore une fois les dieux de la Route et les déesses du RP d'avoir mis cette bombe sur son chemin, Khaaleb regarda la jeune femme se lever à peine couverte du drap dans lequel ils avaient si peu dormi, ce qui eut pour effet de le découvrir lui. Se retrouvant nu dans le lit, il la regarda se diriger vers la salle d'eau d'un pas alanguit, laissant tomber derrière elle le long morceau de tissu blanc dans un geste plus que calculé, révélant les courbes sensuelles de son corps.

"Je te rejoins..."

Thalya disparue dans la petite pièce attenante et presque aussitôt il pu entendre le son de l'eau couler dans la douche. Doucement, Khaaleb se leva et se dirigea à son tour vers la salle de bain. Prenant appui contre le chambranle de la porte, il croisa les bras, un sourire aux lèvres et  resta quelques minutes à la regarder pendant qu'elle se douchait. Même s'il n'avait eu de cesse de la dévorer des yeux la veille au soir, c'était la première fois qu'il prenait vraiment le temps de la regarder. Elle avait de longues jambes qu'on pouvait deviner musclées, des fesses rondes et galbées en forme de cœur, une taille fine et marquée, des seins...parfaits. Tout ce qu'on pouvait imaginer quand on la voyait habillé était bien en dessous de la réalité.
Avançant sans faire un bruit, Khaaleb entra dans la douche qui fort heureusement était moins petite qu'il ne l'avait imaginé. Thalya lui tournait les dos, et il en profita pour entourer son corps de ses bras puissants, laissant ses mains courir sur sa peau mouillée. Courbant le dos pour venir l'embrasser dans le cou et lui mordre le lobe de l'oreille, il sentit le souffle de la jeune femme se couper lorsqu'il glissa ses doigts jusqu'entre ses cuisses.
Au moins cette fois, le bruit de l'eau couvrirait un peu leurs cris.

***

D'un geste de la main, Khaaleb essuya la buée qui recouvrait le miroir de la salle de bain. Attachant ses cheveux encore mouillés en chignon, il pu constater la présence de marques dans son cou. La tigresse avait laissé ses marques. Il sourit, balançant la serviette de bain sur son épaule.
Quittant la petite pièce d'eau, le jeune homme s'en alla à la recherche de ses affaires qui étaient répandu un peu partout sur le sol de la chambre pendant que Thalya finissait de se sécher. Enfilant son caleçon et son jean, il ne pu que constater que plus d'un bouton manquait à sa chemise, résultat de l'empressement qu'avait eut la jeune femme à lui enlever. La balançant sur le lit, il se rapprocha d'un des seuls meubles que contenait la chambre, à savoir une petite commode en bois sur lequel il trouva un petit bloc de papier ainsi qu'un stylo.
Lorsque la jeune femme revint et entreprit de se r'habiller, il s'approcha d'elle doucement, tendant les mains pour saisir sa taille. La jeune femme se stoppa dans son mouvement, lui laissant refermer la fermeture éclair de sa longue jupe blanche. Puis, comme il l'avait fait sous la douche, il l'embrassa dans le cou, respirant profondément son odeur, comme s'il avait voulu la garder en mémoire. Puis il lui glissa un morceau de papier dans la main.

"Tiens, c'est mon numéro...et mon adresse, au cas où tu as un moment de libre et que t'as envie de... prendre un peu l'air disons."

La laissant se retourner et lui faire face, il prit son visage entre ses mains et l'attira vers lui pour l'embrasser une nouvelle fois avec ardeur. Puis glissant une main dans son dos, une autre sur l'une des ses fesses, il savoura ce qui devait être l'un de leurs derniers baisers. Rien ne permettait de savoir s'ils allaient un jour se revoir. Les vacances n'avaient que trop durées, bientôt, il devrait retrouver son fauteuil au ministère, et avec lui les heures et les heures de travail et toutes les responsabilités que ça impliquait. Mais peut être que c'était pour ça que cette nuit avait été aussi mémorable, ils savaient l'un comme l'autre que tout ça aurait une fin.
Mais tout de même, Khaaleb ressentait au fond de lui une frustration de ne pas avoir pu plus en savoir sur cette femme incroyable qu'il venait à peine de rencontrer et que déjà il allait devoir laisser filer. Peut être était-ce mieux ainsi. On ne gagnait pas forcément à trop connaître les gens.
Rompant leur baiser, il se redressa et regarda la jeune femme dans les yeux. C'était la fin de la route. Comme il aurait aimé à cet instant être en possession d'un retourneur de temps.

"Tu devrais y aller...avant que je décide de t'emmener avec moi..."

Ils se regardèrent encore un moment, sans rien dire, conscient de leur bêtise. Leurs lèvres se trouvèrent une dernière fois, puis il la laissa récupérer ses affaires et partir. Il n'y avait rien à faire, rien à dire, il n'était personne pour elle, rien qu'un mec qui lui avait fait le coup de la panne, quelque part sur la route 66 une chaude soirée d'été. Ils n'avaient aucun lien, aucune chance de se recroiser par hasard.

La porte de la chambre claqua et il s'avança lentement vers la fenêtre afin de la regarder partir. La silhouette ondulante de la jeune femme rapetissait à mesure qu'elle avançait le long de la route qui menait au bar où elle retrouverait sa voiture pour aller vers une destination inconnue. Le soleil brûlant du début d'après-midi faisait trembler l'horizon, écrasant tout de sa lumière cuisante. Il cligna des yeux, et elle avait disparu. Comme un mirage. Mais n'était-ce pas ce qu'il venait de vivre, une longue et torride hallucination. Tout n'était peut être que le fruit de son imagination. Peut être avait-il chopé une insolation sur le bord de la route et avait-il rêvé tout ça ?

Enfilant sa chemise et ses chaussures, Khaaleb jeta un dernier coup d’œil à la chambre avant de la quitter. Un truc noir roulé en boule sur un des fauteuils attira son attention. Se rapprochant, il vit qu'il s'agissait d'un soutien gorge en dentelles noir...Ce n'était peut être pas un mirage enfin de compte...

...mais peut être aurait-il mieux valu...