Pour faire taire sa panique, Raphaël lui effleura doucement les lèvres avec les siennes ce qui eu pour effet immédiat d'accélérer son rythme cardiaque déjà élevé. Certes, ça lui coupait le sifflet, mais ça ne le calmait pas le moins du monde !
Et Thomas se détesta de ne pas oser continuer à parler, à le supplier de ne pas se lancer dans une vendetta sans espoir, quitte à l'énerver. Il avait tellement peur des conflits, qu'il était capable d'en éviter même si son interlocuteur allait risquer sa vie. Et certainement mourir face à Monsieur Andropov.
Cependant, l'éditeur essayait de se convaincre que Raphaël, bien que sincèrement agacé par les vampires, n'allait pas aller frapper à leur porte pour réclamer justice. Il pourrait essayer de lui en reparler plus tard, oui...
Alors, il continua à se taire, une boule au ventre en l'observant du coin de l'oeil marmonner des incantations magiques pour le protéger.

Puis, il revint vers lui et lui dit de ne pas hésiter à faire un petit ramdam pour qu'il puisse revenir. Mal à l'aise, Tom avoua qu'il préférait ne pas trop faire d'histoire. Lui, il était plutôt du genre à raser les murs et non à taper dessus. Même si cela signifiait parfois ne pas obtenir ce qu'il désirait. Bien qu'en cet instant alors qu'une sournoise migraine revenait, il ne savait plus trop ce qu'il voulait vraiment. Le revoir ? Ici ? Pas ici ? Ne plus jamais le croiser ? L'embrasser ? Fuir son regard ? Grand Dieu pourquoi tout était si compliqué lorsque son coeur refusait de reprendre un rythme normal ? Serait-il un jour capable d'affronter la vie sans un petit coup de pouce ?
Ses idées étaient en train de se mélanger à nouveau et pour une fois, il fut heureux d'être couché dans son lit.
Alors qu'il s'attendait à vexer Raphaël - sans se souvenir véritablement comment il s'y était pris - son interlocuteur le rassura et l'encouragea.
Il lui prit sa main et commença à la frictionner. A présent, l'éditeur se sentait de nouveau complètement abattu par une fatigue douloureuse. Raphaël lui demanda alors ce qu'était que la petite sculpture de bois posé sur sa table de chevet. Le flou dans son regard se dissipa alors que le visage de sa petite soeur apparu. Un peu mieux, il lui parla un peu de Coco.

C'est alors qu'une infirmière les interrompit et son visiteur surprise lui demanda de lui accorder encore une petite minute. Un peu perdu et terriblement conscient de la situation sociale délicate dans laquelle il se trouvait à présent - devoir lui dire au revoir, oui mais comment? - il observa Raphaël s'ouvrir le col pour en retirer une petite chaine d'argent avec une croix. Il la lui placa dans sa paume et lui demanda de la garder pour lui le temps de guérir et que c'était très important pour lui.
L'infirmière revint avant que Tom n'ait pu lui répondre quoique ce soit. Qu'est ce qu'il se détestait de ne jamais savoir dire les choses au bon moment !
Bien plus vite qu'il ne put l'enregistrer, son visiteur avait quitté sa chambre.
Soupirant, Thomas ferma les yeux, tenant fermement dans sa main la croix de Raphaël, seule chose ici qui lui permettait d'affirmer qu'il n'avait pas rêvé.