La politique de la maison d'édition Witsel où travaillait Tom était simple : on jugeait en lisant, peu importe la personnalité catastrophique avec laquelle on devra jouer par la suite.
Malheureusement pour l'éditeur, c'est lui qui avait validé le premier manuscrit de Stan Cooperlee. Tom, raide dingue des romans futuristes, s'était laissé emporter par sa vision d'un monde en l'an 3030. Il était certain du succès et du talent de l'auteur et ses collaborateurs n'hésitaient plus à lui faire confiance.
Cependant, CooperLee était le genre de personnes imbues d'elles-même, celles qui, d'un seul coup d’œil, exigeaient de traiter avec quelqu'un de plus dynamique que Thomas Pea. Mortifié, celui-ci avait accepté en s'excusant, mais avait tout de même dû croiser l'énergumène plusieurs fois durant tout le processus de publication.
Ses collègues félicitaient Tom de ne pas avoir à traiter avec un homme aussi insupportable,  mais la vérité, c'était que Tom était déçu qu'un mec comme lui puisse avoir une si jolie plume.

Alors, quand ce dernier avait annoncé sa visite, le personnel avait décidé de réunir plusieurs personnes pour le recevoir - traitement de faveur pour un auteur dépassant x copies vendues - dont le malheureux Thomas.
CooperLee avait fait une entrée théâtrale et Tom aurait pu jurer que son patron avait levé les yeux au ciel. L'auteur avait en effet un projet "exceptionnel" sur lequel il travaillait, un projet "d'envergure" dont il leur réservait l'exclusivité. Il voulait écrire un livre sur les événements actuels, en se focalisant sur les héros réels : les enquêteurs des différentes factions.
Aussitôt, son patron s'était tourné vers Thomas.

-Tu connais Devenay non ?

-Oui...

-Parfait. Tu seras donc notre lien entre eux et Stan. Fais en sorte qu'ils soient pour ce roman.

Souriant mais n'en pensant pas moins, Tom avait hoché la tête sous la moue déçue de CooperLee. Comment dire ce qu'il pensait réellement ? Le projet était stupide tant que l'enquête n'était pas terminée !
L'après-midi même, il avait téléphoné à Ethan, le coeur battant, ressentant un mélange d'excitation à le revoir, et de honte à lui proposer une tellle suggestion.
Ce dernier pouvait se libérer en début  de soirée et Tom avait  donc décidé de l'attendre dans les bureaux, stressé comme toujours avant chaque rencontre. Il aurait bien aimé repasser par chez lui se prendre un dose de la goutte du diable pour se détendre. Mais Ethan ne savait rien de ses addictions, et Tom ne voulait pas le "décevoir".

Il avait rencontré Ethan il y a plusieurs années, lors d'une enquête impliquant de loin Thomas comme témoin. Si toute l'affaire avait profondément chamboulé l'éditeur, elle lui avait permise de rencontrer Monsieur Devaney. C'est sans le vouloir que Tom était tombé sous son charme. D'abord parce qu'il était incroyablement sexy mais également inaccessible puisque complètement hétéro. Ensuite, parce qu'Ethan avait été d'une extrême gentillesse avec lui. Poli et courtois. Et s'il valorisait des qualités, c'étaient bien celles-là. Aujourd'hui encore, il lui avait prouvé sa gentillesse à venir le voir pour écouter plus de détails sur l'ambitieux Stan CooperLee.
Peu à peu, les deux hommes s'étaient liés d'amitié et les sentiments de Tom envers lui n'avaient jamais complètement disparus.
En comptant Charles, c'était peut-être un de seuls amis de Thomas.

Assis dans son petit bureau, Tom tapotait distraitement son petit cahier à spiral où il prenait notes de tout ce qu'il ne devait pas oublier. Les yeux dans le vide, il aurait pu bosser en lisant une partie des nombreux manuscrits qui l'attendait mais la vérité, c'était qu'il était incapable de se concentrer en sachant qu'Ethan allait arriver.

Et si les mots étaient fait pour jouer avec ?

   Depuis qu'ils s'étaient répartis les tâches et que les factions s'étaient divisées en équipe de 3 et non de deux comme préalablement convenu puisque les moldus semblaient incapables de travailler sans l’aide d'un partenaire, ils avaient convenu de se réunir régulièrement pour mettre en commun l'avancée de leurs enquêtes respectives. Alors qu'ils étaient tous réunis dans leur salle de réunion et qu'Ethan écoutait d'un air distrait Grayson pérorer comme à son habitude devant son auditoire, la sonnerie d'un téléphone se mit à retentir, coupant par là-même la parole au principal intéressé. Alors que tous les regards convergèrent vers lui, Ethan leur adressa un innocent sourire avant de décrocher. Même si ce n'était pas une habitude, ce n'était la première fois que son téléphone sonnait lors de ses réunions, pourtant cette fois, le nom qui s'affichait sur son écran l'intrigua. Pourquoi Thomas Pea le contactait-il ? Ce n'était absolument pas dans ses habitudes

Se levant de sa chaise, il décrocha prêt à quitter la salle pour parler plus tranquillement s'il jugeait que cela s'avérait nécessaire. Alors qu'il le saluait, la voix chevrotante et mal assurée de Thomas tenta de lui expliquer quelque chose de nébuleux tout en bafouillant d'innombrables excuses. De ce qu'il avait pu en comprendre il était question d'un livre, d'un auteur à succès et de lui. Jetant un regard par-dessus de son épaule en direction de ses partenaires qui attendaient visiblement que sa conversation soit terminée, Ethan expliqua qu'il ne pourrait pas se libérer avant le début de soirée mais que si ça lui convenait il se ferait un plaisir de venir le voir pour qu'ils en discutent plus tranquillement. Le rendez-vous une fois convenu Ethan raccrocha et retourna à sa place...

La journée avait été longue et fastidieuse mais elle était encore loin d'être terminée. Sans s'attarder et une fois de plus sans ses chiens de gardes, Ethan avait transplané dans la ville de Dakota où se trouvaient les bureaux de la maison d'édition pour laquelle travaillait Thomas. Thomas était un moldus qu'il avait rencontré au cours d'une enquête, il y a quelques années déjà alors qu'il n’était encore qu’un jeune Auror. Thomas Pea avait tout de la personne insignifiante et manipulable pourtant, Ethan l'avait gardé dans ses contacts, avait gagné sa confiance et son amitié et aujourd'hui, il s'en félicitait.
Lorsqu'il pénétra dans les bureaux d'éditions, Ethan eut la surprise de constater que les lieux étaient pratiquement désert, seul Thomas se trouvait là, assis à son bureau, le seul d'éclairé dans cet immense open-space, rêvassant en tapotant distraitement un petit cahier en spirale avec son stylo. Armé de son plus beau sourire, Ethan se dirigea vers celui qui l'attendait plongé dans ses réflexions si intense qu'il ne l'avait même pas entendu arriver.

- Je suis vraiment désolé, s'excusa-t-il dans un sourire désarmant, je n'ai pas pu me libérer plus tôt et pour le coup je te fais faire des heures supplémentaires... Je me suis dit que tu n'avais pas du manger non plus alors j'en ai profité pour m'arrêter chez le chinois qu'il y a juste en face. J'espère que tu aimes les rouleaux de printemps, je ne sais pas toi mais moi je meurs de faim

Ouvrant le sachet blanc en papier qui contenait leur diner, Ethan réparti équitablement les plats à emporter qu’il avait choisi avant de tendre une paire de baguette à Thomas.

- Est-ce que tu aurais des verres ? Lui demanda-t-il en agitant la bouteille de vin sous son nez pour accompagner le tout.

Il doutait fortement qu’une maison d’édition comme celle de Thomas n’ait pas de verres à vin ou des flûtes à champagne pour fêter certains succès. Au pire des cas il se contenterait de tasses même si à ses yeux c’était un sacrilège mais pas autant que de boire du bon vin dans des gobelets en plastique.

- Je sais que tu ne m’as pas fait venir ici pour parler de choses et d’autres, le devança-t-il en servant le vin, mais profitons d’abord du repas, on en parlera après

Outre le fait qu’Ethan n’avait rien avalé depuis le déjeuner et qu’il avait réellement faim, il savait que Thomas devait se détendre un peu avant de lui expliquer de manière posée la raison qui l’avait poussé à le contacter. A en juger par son attitude confuse et encore plus embarrassé que d’accoutumé il allait de soit qu’il s’agissait de quelque chose qui le gênait, c’est pourquoi il comptait sur ce repas et sur cet excellent vin pour le décontracter un peu.

- Et bien dis-moi, fit-il en posant son regard sur une pile de manuscrit soigneusement entassé sur le bureau, les écrivains ne sont pas en panne d’inspiration. Tu as trouvé de nouvelles pépites ? Lui demanda-t-il tout en portant son verre de vin à ses lèvres sans quitter Thomas du regard. D’ailleurs, en parlant de pépite, j’ai fini le livre que tu m’avais recommandé, tu avais raison, il était excellent. J’aime énormément la plume de cet auteur à la fois cynique et provocateur, mais en tant qu’amateur d’art je n’ai pas pu m’empêcher de grimacer devant un manque flagrant de recherche concernant le passage où le criminel restaure une fresque murale dans une église. Lorsque l’on restaure une œuvre d’art aussi ancienne, on n’utilise pas l’acrylique mais de l’aquarelle, cela permet de rattraper les éventuelles erreurs que l’on pourrait commettre au cours de sa restauration. Avec de l’acrylique c’est mort, on ne peut plus rien corriger.

Ils discutèrent ainsi tranquillement, Ethan écoutant avec intérêt ce que Thomas avait à lui dire, non pas que ça l’intéressait particulièrement, mais lui prêter une oreille attentive ne pouvait que l’encourager à lui parler sans la moindre réserve et à lui faire confiance.

- Allez donne-moi l’un des biscuits chinois, l’invita Ethan en se frottant les mains visiblement aussi ravi qu’un enfant impatient.

C’était le moment qu’Ethan préférait, celui du dessert où l’on s’attaquait à la petite confiserie qui venait clore le repas. Non pas pour la confiserie en elle-même mais bien pour ce qu’elle contenait, pour ce petit morceau de papier inséré à l’intérieur et sur laquelle était inscrit une prédiction ou une maxime, souvent humoristique.

- Toi d’abord, l’invita-t-il à lire en premier, alors qu’il brisait déjà de son coté le gâteau pour en extraire sa prédiction sur laquelle il était écrit : "La fortune sourit aux audacieux sous les draps", ah, ça, il ne pouvait qu'être d'accord

Perdu dans ses pensées, Thomas sursauta violemment lorsqu'une voix familière le tira de ses rêveries. Ethan venait d'arriver non seulement en s'excusant de l'avoir fait attendre - alors que ce dernier lui rendait service et non l'inverse - mais également en apportant du chinois !
L'éditeur était toujours touché face à la gentillesse et la prévenance des gens l'entourant, mais quand la bonté provenait d'un personne aussi sexy que l'enquêteur, Tom craquait carrément.
Aussitôt, il s'ordonna de se calmer alors que dans sa tête, des images d'un homme hétéro acceptant de tenter de nouvelles expériences avec nulle autre qui lui-même, mélangés à des scènes de tendresse aussi simples que des calins durant un film où leur intimité permettait pour la première fois de sa vie à Thomas de se sentir à l'aise, apparaissaient dans son esprit dérangé.

-Oh, ne t'excuse pas ! S'empressa-t-il de répliquer avec un petit sourire timide, en le regardant partager équitablement les plats.

Tom fut heureux qu'Ethan lui demande s'il y avait des verres ici car le malaise s'intensifiait en lui en le regardant faire tant devant un éditeur complètement immobile et donc carrément impoli de se faire servir sans donner le moindre coup de main. C'était comme ça, Tom ne savait jamais quoi faire de ses deux mains et se sentait constamment inutile et mal élevé.
S'empressant donc d'aller dans l'armoire où les flûtes à champagne étaient gardées à quelques pas de son bureau, pour les grandes occasions - la dernière avait été les soixante ans de Betty - il se précipita sûrement un peu trop vite vers son invité.
Ils s'installèrent face à face et trinquèrent avant qu'Ethan se mette à le fixer de manière beaucoup trop intense pour qu'il ne puisse pas baisser la tête, tout en le questionnant sur son métier et en commentant sa dernière lecture.

Tom adorait recommander ses derniers coups de coeur à ses proches, quand une histoire l'emportait loin du quotidien, il désirait profondément partager ce cadeau avec d'autres.
Cependant, la petite remarque d'Ethan concernant une erreur artistique le plongea dans le plus grand effroi.
La bourde lui paraissait monumentale. Comment est-ce que l'ensemble de ses collaborateurs étaient passés à côté de ça ? L'auteur avait assuré qu'il s'était suffisamment documenté et, idiots (mais aussi débordés)  comme ils étaient, ils n'avaient pas vérifié chaque détail.

-Grand Dieu...marmonna Tom, horrifié. Le livre marche bien en ce moment, tu fais bien de m'en faire part, une seconde impression est prévue fin septembre, je ferai corriger cette erreur... Merci beaucoup... Dit-il en relevant ses yeux vers lui, honteux.

Perturbé par cette aberration, il eut du mal à partager son enthousiasme sur son tout dernier coup de coeur.

-Je viens de finir de lire le manuscrit d'un de mes auteurs préférés. Tu sais, Adam Andrea ? C'est son quatrième roman chez nous et il vient de nous offrir une histoire comme je les aime. Ca se passe en dehors du dôme et raconte ce qui pourrait éventuellement se passer là bas alors que nous sommes coupés d'eux. Il m'a confié qu'il s'est beaucoup inspiré des histoires de familles séparées par le mur de Berlin au siècle dernier. Dans sa fiction, les européens sont persuadés que nous nous en sortons bien mieux qu'eux et que tout va bien dans le meilleur des mondes alors qu'ils sont en train de sombrer dans des guerres civiles.

L'explication de l'intrigue lui permit de se détendre ne serait-ce qu'un tantinet. Il se permit de boire une grande gorgée de vin tant sa bouche était devenue sèche.

-Et toi comment vas-tu ? Pas trop de pressions là bas avec toutes tes responsabilités?

Tom détestait ce qui allait suivre : il était effrayé qu'Ethan puisse penser qu'il s'en foutait de sa vie car sa vie était en réalité devenue un business pour sa boite.
Pourtant, il n'osa pas encore aborder le sujet, peureux comme il était et la conversation dévia sur diverses autres sujets. Toujours embarrassé par l'erreur laissé dans une publication, il était profondément mal à l'aise de manger devant Ethan qui parvenait à s'alimenter bien plus proprement que lui. Tom vérifiait la vitesse d'ingurgitation de son interlocuteur et se mettait à son rythme pour ne pas se retrouver dans la situation embarrassante de devoir mastiquer la fin du repas dans le silence d'un bureau.
Arrivé ensemble (l'éditeur s'en félicitait mentalement) aux biscuits chinois, Tom lui donna un tout en en prenant un pour lui.
Suite à l'invitation d'Ethan, il ouvrit le sien et lu à haute voix.

-"Servir un prince, c'est comme dormir avec un tigre." ...ce n'est pas complètement faux ! Je t'ai d'ailleurs fais venir pour ça, une exigence sotte d'un de nos auteurs à succès... mais dis moi le tien avant que je n'en dise plus.

Ethan s'exécuta et le proverbe fit rougir Thomas. Se raclant la gorge, l'éditeur saisit l'occasion de le remercier pour chasser son trouble.

-En tout cas, merci pour le repas. Combien est-ce je te dois ?

Alors qu'Ethan protestait, le moment fatidique arrivait peu à peu. Mais le ventre rempli et deux verres de vin étaient entre temps passés, permettant à l'homme stressé qu'il était de se détendre un peu.
Ce n'était cependant qu'un leurre car Tom sentit la désagréable boule au ventre revenir alors qu'il reprenait la parole courageusement pour lui expliquer la raison de sa venue dans les murs de la maison d'édition.

-Stan CooperLee, un de nos auteurs qui a fait un carton avec son précédant bouquin s'est mis une...idée en tête. Il aimerait...il aimerait écrire sur vous. Les enquêteurs des quatre factions...

Jouant avec le petit papier où était inscrit le proverbe, il releva enfin la tête vers Ethan et dit très vite, sans même respirer, tout en en fixant un point invisible deux centimètres à gauche de son regard.

-Je-pense-que-ce-n'est-pas-une-excellente-idée-surtout-lorsque-l'enquête-est-toujours-en-cours-mais-il-tient-à-faire-des-recherches-personnelles-sur-chacun-d'entre-vous-et-si-vous-lui-donnez-le-feu-vert-ce-que-je-vous-déconseille-je-ne-devrais-pas-te-le-dire-mais-il-est-insupportable-vous-accompagner-il-me-semble-que-ce-n'est-pas-possible-et-c'est-pourquoi-je-suis-désolé-de-t'en-parler.  

Il inspira après cette petite tirade et l'air emplissant ses poumons lui fit un bien fou.

Et si les mots étaient fait pour jouer avec ?

  Thomas avait beau être un moldu, si Ethan avait avant tout gardé contact avec lui par intérêt, car il était toujours intéressant d'avoir des contacts dans le monde de l'édition, fut-il moldu ou sorcier, il devait avouer qu'en toute franchise, il ne détestait pas Thomas. Bien au contraire l'homme l'amusait, même si c'était souvent à ses dépends, comme en cet instant où son visage se décomposa avant de se liquéfier sur place après qu'Ethan lui eut fait part d'une erreur qui s'était glissé dans l'ouvrage qu'il lui avait conseillé. Comme il fallait s'en douter Thomas en fut catastrophé. On lui aurait annoncé que c'était la fin du monde sa réaction n'aurait pas été bien différente. Le yeux rieurs et le petit sourire en coin, Ethan essaya de ne pas se moquer de son ami, mais c'était bien trop difficile de ne retenir ne serait-ce qu'un sourire.

- Thomas, tu n'as pas à te sentir gêné, surtout pas avec moi, après tout ce n'est pas toi qui a écrit cet ouvrage... Il s'interrompit alors en lui jetant un regard suspicieux. Ce n'est pas toi, n'est-ce pas ?

Encore une fois il n'avait pas résisté à le taquiner, c'était tellement simple avec Thomas qui sautait à pieds joint à chaque fois, qu'il ne s'en lassait. Mais s'était connu, les meilleurs plaisanteries étaient les plus courtes

- Je plaisante détends-toi, tu n'as rien à te reprocher, ce n'est pas moi qui vais te juger. Et puis en toute franchise ce que je viens de te dire peut tout à fait ne pas être perçu comme une erreur. Pour moi, mais également d'autres artistes amoureux des arts, travailler à l'acrylique sur la restauration d'une fresque murale aussi ancienne que celle dépeinte dans le livre serait un manque de respect flagrante pour l'oeuvre originale parce que la moindre erreur équivaudrait à donner un grand coup de pinceau sur le nez de la Joconde pour te donner une idée. C'est pour ça que dans ce cas de figure, nombre de restaurateurs préféraient privilégier l'aquarelle. Toutefois, il existe quelques grossiers personnages à l'égo si surdimensionné  que faire ce genre de restauration à l'acrylique ne leur pose aucun problème. Ce n'est pas qu'ils soient plus talentueux que les autres qu'ils s'estiment à l'abri d'une erreur, c'est juste qu'ils ont un orgueil si démesuré que cela passe avant l'oeuvre d'art elle-même. Ce genre de personnes ont incontestablement du génie, mais ce ne sont pas des amoureux d'arts, seul l'argent et leur prétention les motives et je n'avais pas l'impression que le personnage entrait dans cette catégorie de personnes. A voir ce qu'en pense l'auteur.

Ethan avait beau avoir démontré à Thomas qu'au finale ce n'était pas une véritable bourde il sentait que cette révélation le perturbait encore malgré tout. Toutefois, il parvint à lui parler de son dernier coup de coeur et Ethan hocha la tête en signe d'approbation tout en passant son index sur ses lèvres lorsque Thomas fit référence à l'auteur Adam Andrea. Qui connaissait Thomas un tant soi peu, avait pertinemment déjà entendu le nom d'Adam Andréa, cet auteur à succès qui construisait des univers fictifs parfaitement crédibles. L'écrivain s'inspirait toujours du réels dont il s'amusait à préserver certains éléments afin de pouvoir en détourner les codes pour plonger son lectorat dans un univers fictif très fouillé, en innovant continuellement tout en restant totalement crédible. Andrea n'était pas le seul ni même le premier à user de ce stratagème mais il avait un style unique et était probablement l'un des auteurs les plus doués de sa génération. Ethan n'était pas vraiment surpris de découvrir que l'histoire du Dôme et de ce qui pouvait se passer à l'extérieur avait inspiré l'homme, après tout l'inconnu était une véritable mine d'inspiration qui permettait à nos fantasmes et nos peurs les plus profondes d'être exploité. A vrai dire, le Dôme était un sujet assez casse-gueule qui avait déjà eut droit à quelques adaptations cinématographiques pour des films d'action à gros budget aussitôt consommé aussitôt oublié, quand aux livres sur le sujet, qu'ils soient romancés ou à titres documentaires, c'était un sujet très à la mode, il y en avait à foison dans toutes les bonnes librairies, le dixième anniversaire du Dôme n'y étant pas étranger

- Oh tu me connais, la pression a toujours été un facteur stimulant, lui répondit-il avec amusement sur un ton badin alors que le jeune éditeur prenait de ses nouvelles

Une manière détournée et charmante de répondre sans réellement apporter de réponses. Il ne pouvait pas parler de l'enquête, ni même aborder ses relations avec les représentants, ou de quoi que ce soit d'autres reliant à l'enquête de prêt ou de loin. Absolument rien ne devait filtrer. Bien sur, Ethan n'en faisait rien puisqu'il était une taupe au service du Cercle infiltré dans le gouvernement mais de toute manière il était presque sur qu'excepté Fernandes et Thémis, dont il ne remettait absolument pas en cause l'intégrité et ce, même s'ils étaient proche du gratte-papier, les autres agissaient de la même manière que lui. Sean ne cachait rien à sa femme quand à Grayson c'était un haut-parleur sur pattes qui devait se montrer encore plus bavard sur l'oreiller...

Cependant, si Ethan n'avait pas l'ombre d'un remord à tout divulguer au Cercle dont il servait les intérêts, il n'était cependant pas stupide au point d'en parler avec qui que ce soit d'autres, et ce, même s'il s'agissait d'une personne aussi inoffensif que Thomas Pea.
Les discussions et les échanges allèrent bon train durant tout le repas et Ethan devait admettre qu'il passait un moment sympathique et ce, même s'il se trouvait en compagnie d'un moldu. Rien dans son attitude ne pouvait le laisser deviner et pourtant il avait ce genre humain en horreur. Il détestait les moldus qui enviaient leurs pouvoirs et étaient prêt à tous pour les exterminer sous prétexte qu'ils étaient différents à cause de leur magie. Il n'y avait pas plus mesquin, destructeur, et détestable que ces êtres-là qui les voyaient comme des monstres. Pourtant, malgré lui, à force de se fondre dans la masse pour être encore plus proche de ses ennemis, Ethan devait reconnaître que parmi ces êtres dépourvus de magie, il y avait quelques gens bien. Dans le fond, Barry Marshall était un homme bien, malheureusement il n'était pas fait pour exercer la fonction qu'était la sienne, il était beaucoup trop honnête, altruiste et manipulable. Jewel De Silva était également une femme bien, intelligente,  qui avait des principes et s'y tenait. Elle baignait dans un milieu corrompu sans pour autant avoir été pervertie et ce malgré son erreur de jeunesse d'avoir épousé un inquisiteur. Thomas quand à lui était la naïveté incarné qui aimait la littérature et la culture, un homme discret dont les discussions lorsqu'il se sentait à l'aise en votre compagnie étaient toujours très intéressantes et constructives.
Bien sur sa gaucherie et sa timidité maladive étaient très jouissif pour quelqu'un comme Ethan qui était tout son contraire. D'ailleurs le moment où ils lurent à voix haute leurs prédictions ne fit que lui confirmer que certaines choses ne changeraient jamais... pour son plus grand bonheur.
S'il fut très intrigué par la remarque de Thomas concernant sa prédiction et qu'il ne s'en cacha pas en haussant un sourcil, il obtempéra à la demande de Thomas qui l'invita à son tour à lire sa prédiction avant de lui parler de la raison qui l'avait poussé à l'inviter ce soir. Evidemment, il n'était pas sans ignorer la réaction qu'aurait Thomas à la lecture de cette dernière mais à vrai dire la réalité était encore mieux que ce qu'il s'était imaginé et le petit sourire au coin, le regard pétillant, il se délecta de la gêne et de l'embarras de son ami qui se racla la gorge pour enchainer sans perdre un instant sur un autre sujet histoire, d'oublier rapidement ce qui venait d'être dit.

- Tu cherches à me vexer là ? Lui demanda Ethan en lui faisant de gros yeux alors que Thomas lui demandait combien il lui devait pour le repas. Et si tu me disais à présent pourquoi je suis ici, outre le fait que cela fait bien longtemps qu'on ne s'est vu au lieu de dire des bêtises plus grosses que toi.

Ethan voyait bien que Thomas redoutait ce moment ce qui ne pouvait l'intriguer davantage. Leur resservant du vin pour l'aider à se détendre, il levant son regard sur lui, attendant patiemment que le jeune éditeur se sente enfin prêt à lui révéler les raisons de sa présence entre ces murs. Confortablement assis dans son fauteuil, son verre de vin en main et la jambe droite croisée sur celle de gauche, Ethan fixa l'homme qui lui faisait face sans baisser le regard une seule minute. La voix hésitante de Thomas se mit alors à résonner doucement dans le bureau. Il était question d'un écrivain, et pas n'importe lequel, Stan CooperLee la bête noir de Thomas, ou plutôt son « tigre » pour faire référence à la prédiction qu'il avait trouvé dans son gâteau chinois, désirait écrire un livre sur les enquêteurs des quatre factions. C'était donc ça....
Ethan se doutait bien que ce genre d'initiative finirait par arriver et c'était dans ce genre de situation qu'il se félicitait d'avoir un contact tel que Thomas dans le domaine de l'édition. Ethan avait choisit d'entrer en politique tout en sachant pertinemment les risques que cela comportait. En tant que témoin protégé, jamais, il n'aurait du faire une carrière dans laquelle il s'exposait autant mais ne rien faire comme les autres, jouer avec le feu avait toujours été dans sa nature et se cacher n'en faisait pas parti. Cependant, il n'était pas inconscient non plus et avait besoin de tout contrôler, jusqu'à ces quelques biographies interdites qui se contentaient de dresser la liste de ses maîtresses avérées et supposées. Rien n'était publié qui n'échappait à son contrôle. Ethan détestait que l'on fouille dans sa vie privée et que l'on écrive sur lui, mais cela faisait parti du jeu et ceux qui lui avait créé une nouvelle identité avaient très bien fait leur boulot. Il était impossible remonter jusqu'à Ethan Foster surtout depuis que le Dôme existait et que plus personne ne pouvait se rendre en Angleterre pour vérifier ses dires, enquêter sur sa famille ou ses proches, mais ce n'était pas pour autant qu'il comptait laisser n'importe qui écrire sur lui et surtout pas en ce moment, même s'il se doutait que Grayson, lui en serait surement ravi.
Un sourire doux et amicale se dessina sur les lèvres d'Ethan lorsque Thomas prit sur lui pour lui révéler d'une traite ce qu'il pensait réellement de toute cette histoire qu'il trouvait ridicule et grotesque. Se levant de son fauteuil, il se pencha vers lui et posa une main rassurante sur son épaule

- Je te remercie de m'en avoir parlé, et mais également de m'avoir fait part sans détour de ton opinion à ce sujet, maintenant détends-toi et respire.

Lui obéissant, Thomas respira à plein poumon et paru l'air un peu moins angoissé. Toujours bienveillant et rassurant, Ethan l'encouragea du regard à se détendre et lorsqu'il fut assuré que Thomas était enfin apaisé, il retourna à sa place pour s'y assoir confortablement en croisant les mains devant lui.

- Ce Stan CooperLee, c'est bien cet auteur que tu avais découvert et qui t'a remercié en te faisant des misères ? C'est bien lui qui a refusé de travailler avec toi ?

Attendant la confirmation de Thomas, Ethan approuva d'un signe de tête avant de poser un regard espiègle  sur le jeune éditeur

- Dans ce cas, dis-lui que moi aussi que je refuse de travailler avec lui, et qu'il n'y a aucune négociation de possible à ce sujet. N'hésite pas non plus à lui faire savoir que si jamais l'envie nous prenait d'accepter ce genre de demande, ce qui n'est évidemment pas le cas durant le cours de cette enquête, ce ne serait surement pas à lui qu'on ferait appel, cela dit, si c'est trop délicat pour toi, je peux m'en charger moi-même si tu veux

Ethan était assez fidèle en amitié et rendre la monnaie de sa pièce à un crétin suffisant qui se pensait au-dessus d'une personne que lui estimait, était un plaisir dont il ne se lasserait jamais.

- J'espère que ça ne te posera pas de problème. Tu peux la jouer plus diplomate avec ton patron si tu veux. De toute manière vu l'état actuelle des choses, l'importance et les dangers que cette enquête comporte, on ne peut pas se permettre d'autoriser le moindre accès à un civil dut-il s'appeler Harry Potter en personne. Mais je tiens quand même à ce qu'il sache que même plus tard, que ce soit de prêt ou de loin, je refuserais toujours toute collaboration avec ce personnage, que ce n'est pas lui qui obtiendra la moindre autorisation pour écrire à ce sujet, et enfin qu'il est préférable pour lui de ne pas s'obstiner dans cette voie ou de me contrarier

Bien que dit gentiment, le regard d'Ethan était on ne peut plus explicite, sa mise en garde n'était pas à prendre à la légère. Ethan Devaney était un homme puissant et il n'était pas bon de s'en faire un ennemi...

Comme toujours, Ethan faisait en sorte de prendre tout à la légère. Rien de se qui préoccupait Thomas ne préoccupait son ami.
Ami oui. Ethan avait été la première personne qu'il pouvait considéré de la sorte. Et c'est comme si celui-ci lui avait porté chance car il avait par la suite rencontré Charles. Chacun de deux lui procurait un sensation différente mais réconfortante : Ethan lui donnait l'impression que tout était possible avec un sourire au coin. Charles quant à lui, partageait son plus grand secret, sa dépendance sans jamais le juger vu que ce dernier n'avait pas rien à se reprocher à ce sujet.
Jamais enfant il ne se serait vu en l'homme qu'il était devenu. Il avait cru qu'il allait réussir à changer, à être mieux dans sa peau mais rien n'avait changé. En réalisant, jeune adulte, qu'il resterait le même, jamais il n'aurait osé imaginer qu'il aille deux véritables amis avec qui il pouvait partager ses craintes mais également ses passions.

-Non, non ce n'est pas moi ! Mais c'est bien moi qui l'ai édité.

Mal à l'aise, l'éditeur rougit. D'abord, toujours suite aux conséquences de son incompétence mais également suite aux trop nombreux "moi" qui avait jalonné sa phrase. Il détestait dire "moi" et encore pire le "moi je". C'était comme s'il se vantait, comme s'il exigeait qu'un projecteur l'éclaire. Et les personnes autour de lui pouvaient alors penser qu'il était un hypocrite, un idiot qui ne voyait pas plus loin que son nombril et c'était horrible si les gens le jugeaient de la sorte.

Ethan tenta de le rassurer en argumentant l'erreur commise. Aussitôt, une vague de soulagement envahi l'éditeur : l'auteur ne s'était peut-être pas trompé mais avait sûrement poussé la recherche assez loin à propos de son personnage.
Et pourtant...une boule restait logé dans son estomac, ce désagréable sentiment familier.
Car en y réfléchissant plus attentivement, il n'avait pas trouvé que le personnage peintre avait un égo surdimensionné. Bien que l'auteur pourrait dès lors se défendre de cette erreur (même si elle restait une erreur) quelque chose n'était pas agréable dans cette histoire et il se promit d'appeler l'auteur dès les premières heures du lendemain, tout en sachant que cette histoire le tiendrait douloureusement éveillé toute la nuit.

Il parvint néanmoins à changer de sujet en mentionnant son dernier coup de coeur. Adam Andrea, son écrivain favori, venait de pondre une nouvelle petite merveille. Il y avait eu énormément de fictions ratés au sujet de l'extérieur du Dôme, aussi, Tom avait eu une petite crainte en lisant le résumé. Cependant Andrea n'avait pas perdu son talent et c'était la première fiction réussie (aux yeux de Thomas) sur le sujet.
Ca allait faire un carton, il en était certain.

Le dîner alla bon train, ils discutèrent de choses et d'autres et, le deuxième verre de vin aidant, Thomas se sentait de plus ne plus à l'aise, dans la mesure de son possible.
S'il en était venu à devenir accro à la goutte du diable c'était parce que, en buvant de l'alcool, il n'avait jamais connu la certitude de savoir qu'il pourrait aller mieux. Les verres lui faisaient peu à peu perdre sa gaucherie (du moins il parvenait à oublier sa constance maladresse) mais au fond de lui, il savait très bien que tout allait revenir comme avant une fois que l'alcool serait évacué de son système. Et même s'il était saoul, dans un clignement de paupières, tout pouvait revenir à lui : son mal-être profond qui lui fermait alors le bec. Alors la tristesse devenait détresse.
Le sang de vampire, c'était différent. Il gagnait plus de confiance mais surtout, il parvenait à s'imaginer comme une personne normale. Tout devenait possible. A porté de main. Il pouvait changer. Et ce sentiment doux, il avait l'impression que ca lui guérissait ses plaies. Alors qu'en réalité, cela en créait des nouvelles.

L'heure des vérités était arrivée après les biscuits chinois et, prenant son courage à deux mains, Tom du avouer la raison de sa présence dans son bureau : la stupide idée de Stan Cooperlee.
Il laissa tout échapper d'une traite et il fut heureux qu'Ethan ne lui demande pas de répéter une nouvelle fois ses dires. Le faire répéter, c'était pointer le fait qu'il n'articulait pas assez bien. C'était donc prouver, preuve à l'appui, un nouveau déficit chez lui.
Ethan n'était pas comme ça pourtant. Il avait comprit directement et s'était levé pour poser sa main sur son épaule ce qui donna une autre sensation - bien plus agréable - dans son ventre. Comme s'il le connaissait par coeur, Ethan empêcha une crise de panique d'arriver et l'obligea à se calmer. Une fois chose faite, il retourna à sa place.
Cependant, une vague de honte l'envahit lorsque son ami demanda la confirmation de l'identité de l'auteur.
Oui c'était bien celui qui avait refusé de travailler avec lui.
Baissant la tête, Tom ne put cacher son embarras et murmura très vite sur un ton un peu amère.

-Oui, c'est celui là.

Et  comme toujours, la bonté d'Ethan lui sauta aux yeux, au point de maudire le ciel que cet homme ne partageait pas ses préférences sexuelles.
Son ami était le genre de personne qui avait détesté Cooperlee pour la simple et bonne raison de ce qu'il lui avait fait subir. Ses paroles firent dès lors un bien fou à l'éditeur. Sur un ton catégorique, il l'informa qu'il était hors de question qu'il ne bosse avec lui. Et même, si jamais un ouvrage se faisait sur ce thème, l'enquêteur ne se tournerait absolument pas vers lui. Il proposait même de lui parler lui-même. Bien que tout ceci était extrêmement tentant, il savait que c'était plus que son rôle, son métier qui exigeait que ce soit lui qui passe la nouvelle.
Rougissant face à une preuve si ferme de son affection pour lui - du moins c'est ce dont il avait l'impression en l'écoutant dénigrer le désagréable personnage - Tom, en rougissant comme une tomate, sourit timidement.

-Merci. C'est très gentil à toi. Je pense de plus la même chose que toi : il est inutile d'espérer des informations concernant l'enquête alors que cette dernière est encore en cours. L'idée elle-même est stupide et pourtant, Cooperlee a une belle plume et a déjà écrit un chef d'oeuvre. C'est juste que l'homme...

Tom se tû, honteux. Il n'aimait pas dire du mal des gens, ne fut-ce un crétin aussi imbu de lui-même que Stan.

-...l'homme derrière est décevant, termina-t-il en tentant de rester diplomate bien que le terme décevant semblait encore bien méchant aux oreilles gentilles de l'éditeur.

C'était bien connu que Thomas Pea et Stan Cooperlee avait eut des différents et Tom avait dès lors l'impression que dire du mal de lui, ce n'était pas son rôle car il était trop impartial.
Mais plus encore. Il détestait critiquer négativement une personne car il savait que si c'était lui qu'on critiquait et que ca finissait par revenir à lui, cela le blesserait profondément. Et de nature extrêmement bonne, Tom se refusait à faire subir cela à un autre humain.

Le coeur toujours battant suite à la déclaration d'Ethan - qui, aux oreilles de Tom équivalait presque à une déclaration d'amour - l'éditeur continua, sincère.

-Je ne peux pas cacher à quel point ton avis me fait plaisir. Le pire dans tout ça, c'est qu'il pourrait écrire quelque chose de bien. Il s'y prend simplement très mal...

Toujours chercher des excuses aux pus idiots. Tom n'avait cessé de le faire durant toute son enfance. Si Tyler, son voisin, avait toujours eu grâce à ses yeux car au fond Tom ne le pensait pas idiot, Brad son grand frère grotesquement débile, avait également été la cible d'excuse. C'était leur père qui les avait détraqués. Ce n'était pas de leur faute. Les êtres brutaux avaient tous subit de graves traumatismes. Les inquisiteurs les premiers. Les mages fondateurs également. Leur haine réciproque prenait racine dans un malentendu, un malaise entre les deux communautés, trop vieille pour être réellement comprise et donc, éradiquée. Ce n'était pas de leur faute. Leur quotidien et lieu de vie ne les avait juste pas donné d'autres choix.

-Je crois qu'il serait préférable que je lui annonce la nouvelle.

Tom visualisait déjà la scène : une humiliation cuisante de plus lorsque, lors de la prochaine réunion éditoriale, Cooperlee s'insurge face à ce refus, dont la source ne pouvait provenir que de son incompétence à être un bon éditeur... Il allait perdre ses mots, devenir tout rouge, suer et se recroquevillé. C'était couru d'avance et il fallait donc, avant toute chose, mettre les choses au clair avec son patron qui, dès lors, pourrait continuer à expliquer les raisons du pourquoi à l'excité furieux.

-Tu sais, dit-il d'une petite voix, il n'est vraiment pas mauvais. Il est même plutôt bon. Je pense que tu ne devrais pas retirer cette opportunité simplement parce que tu ne veux pas travailler avec un homme qui a refusé de travailler avec moi. Son timing est juste...mal ajusté. Mais ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. Je suis très honoré que tu penses comme ça. Je veux dire, heureux. Content. Enfin tu vois ?

Gêné, Tom venait encore de s'embrouiller avec les mots. Décidément il était aussi mauvais par oral qu'il était bon par écrit.  Mais il ne voulait pas laisser l'impression à Ethan que ce qu'il venait de lui dire ne l'avait pas profondément touché.

Et si les mots étaient fait pour jouer avec ?

  Il y avait beaucoup de personne qu'Ethan détestait mais c'était très rare qu'il l'affiche ouvertement, en général il s'arrangeant pour faire perdre leurs moyens à ceux qu'il n'appréciait pas pour les pousser à la faute à son égard et se montrer irréprochable aux yeux du monde entier. Tout juste était qu'on pouvait le voir moucher ces mêmes personnes avec un peu plus de plaisir qu'une personne qu'il appréciait réellement, comme il l'avait fait e offrant des brassards de soutient à la libération de Zachary Heel à Ezekiel Grayson et son nouveau chiot de garde. De la pure provocation, gratuite et qui avait fait mouche.

Thomas lui était très différent. Au plus profond de lui-même il y avait des personnes qu'il aimait et d'autres qu'il n'aimait pas, comme tout le monde, à la différence prêt qu'il ne pouvait tolérer cette part sombre de lui-même, comme s'il craignait d'aller directement en enfer pour avoir eut ces sombres pensées à l'égard de personnes qui lui avait fait du mal. Nul doute que s'il venait à rencontrer une telle personne Raphael serait aux anges. Son ami verrait sûrement Thomas comme l'incarnation même de la bonté, lui y voyait plutôt de la bêtise. Plus on était faible et plus cela donnait envie à des personnes comme Cooperlee d’asseoir encore plus leur ascendant dominateur et de se montrer cruel envers des personnes comme Thomas, incapables de se défendre. Légèrement penché vers la droite, accoudé contre l'accoudoir de son fauteuil, l'index droit devant ses lèvres  sans le quitter du regard, il vit Thomas rougir violemment face à sa position très arrêté concernant ce fameux auteur. Il pouvait deviner que l'homme était heureux et flatté d'une telle attention et d'ailleurs, tout en gigotant nerveusement de plaisir sur son fauteuil, l'éditeur approuva sa remarque concernant l'impossibilité pour un auteur quel qu'il soit, de suivre les enquêteurs durant l'enquête en cours. Il fallait être stupide ou terriblement arrogant pour s'imaginer qu'ils avaient du temps à perdre avec de telles bagatelles.  Bien sur Thomas ne pu s'empêcher de mettre en avant la qualité d'écriture de cet écrivain qui vraisemblablement ne devait pas avoir d'autres qualités avant d'oser le qualifier humainement de "décevant", ce qui ft sourire Ethan.

Décevant était un mot bien gentil pour qualifier un être comme Cooperlee. Comme s'il éprouvait le besoin de racheter sa conduite et le défendit avec une sincérité désarmante en lui expliquant combien cet homme pourrait faire quelque chose de bien, s'il s'y prenait autrement. Ethan ne pu s'empêcher de tiquer à cette remarque en haussant les sourcils. Cet homme était tellement imbus de sa personne qu'il ne se remettra jamais en question. Pour ce genre d'individus tous lui était du et il ne lui viendrait même pas à l'esprit que qui que ce soit puisse refuser l'immense honneur qu'il leur faisait à vouloir collaborer avec lui et si c'était le cas, c'était forcément la faute d'un tiers, de Thomas en l'occurrence puisqu'il était leur intermédiaire. C'était la raison pour laquelle Ethan avait proposé de contacter directement ce monsieur  afin de lui mettre les points sur les « i » lui-même mais Thomas préféra s'en charger de lui-même

- Comme tu voudras, consentit Ethan, mais si jamais il te fait encore des misères n'hésites pas à me le faire savoir, je lui expliquerai de vive voix les raisons qui m'ont poussé à décliner son offre

En réalité, Ethan mourrait d'envie de le faire et avait décidé d'avoir un petit entrevu avec cet écrivain avant qu'il n'ai l'occasion de tomber sur Thomas. Après lui avoir dit ce qu'il comptait lui dire, même s'il désirait couvrir Thomas de reproche il savait par avance qu'il n'en ferait plus jamais rien. La voix de Thomas le tira de ses pensées et un petit sourire amusé apparu sur ses lèvre alors que ce dernier essayer de défendre cet homme avant de se confondre en excuse, embarrassé à l'idée qu'Ethan puisse s'imaginer un seul instant qu'il ne soit pas touché par sa prise de position.
Se penchant en avant, mains jointes devant lui, Ethan qui ne s'était pas départi de son sourire compatissant attendit que Thomas se taise avant de reprendre la parole.

- J'ai très bien compris ne t'en fais pas. J'ai une question à te poser. Aimerais-tu me voir côtoyer pendant une durée indéterminée un homme imbu de sa personne, caractériel et égoïste, qui s'imagine tout permis sous prétexte qu'il a une bonne plume ? Un homme qui n'hésite pas à écraser les autres pour servir ses propres intérêts ? Un homme qui ne respectera mes décisions si je venais à lui demander de garder certaines choses privés ?

Ethan ne quittait pas Thomas du regard et patienta quelques minutes pour lui laisser le temps de digérer ses questions et de lui laisser l'occasion d'y répondre même si tous deux savaient qu'il était parfaitement inutile pour l'un comme pour l'autre qu'il prenne cette peine

- Que cet homme pourrait avoir le prix Goncourt ou littéraire de l'année, jamais je ne travaillerais avec quelqu'un qui se pense au-dessus des autres et en particulier d'un ami à moi. Je te l'ai dis, ce n'est pas négociable. Si je devais laisser quelqu'un écrire ma biographie ou un livre sur cette enquête qui réuni les quatre factions je préférais avoir à faire à une personne qui m'inspire confiance, même s'il s'agit d'un illustre inconnu qui n'a jamais rien publié plutôt qu'à un homme dont la réputation n'est plus à faire dans le milieu mais qui s'avère être une personne tel que Cooperlee. D'ailleurs, tu sais tu devrais apprendre à te lâcher, il n'y a aucun mal à appeler un chat un chat. Cooperlee aurait grand besoin d'apprendre l'humilité mais toi… tu devrais apprendre à ne plus trouver d'excuses à des crétins fini

Ses yeux étaient rieurs et nullement accusateur. Levant la main vers lui il rajouta

- Allez, vas-y, l'encouragea-t-il, essais pour voir. Je te promet que cela restera entre nous, et ne pèse pas tes mots.

Constatant qu'il semblait hésiter, Ethan devina que Thomas n'était pas dans de bonnes dispositions pour se lâcher. Il avait tellement l'habitude de tout intérioriser qu'il lui était impossible de partager le véritable fond de ses pensées lorsqu'il s'agissait de dire du mal de quelqu'un. Si Ethan était dans le contrôle de sa personne pour garder une image lisse et parfaite aux yeux du monde, Thomas s'était différent. Il n'osait pas dire ce qu'il pensait et gardait tout pour lui, ce qui n'était pas une attitude très sereine.

- Bon on va y aller doucement. Je te propose un jeu. Je vais te dire des mots et je veux que tu les associes à un autre mot qui te viens spontanément à l'esprit sans réfléchir. Prêt ?
Livre
Edition
Passion
Argent
travail
Cinéma
Gâteau chinois
Khloe Pea
Adam Andrea
Ethan Devaney
Stan Cooperlee

Cet exercice il l'avait lui-même pratiqué de nombreuses fois chez les psy lorsqu'il devait s'y rendre dans l'exercice de ses fonctions. C'était un moyen qui permettait au psychologue de cerner la personnalité du sujet, qui détendu était dans de bonnes dispositions pour se laisser aller à dire ce qu'il pensait réellement. Pour sa part, Ethan aimait croire qu'il était toujours parvenu à contrôler chacune de ses réponses de manière satisfaisante. Le contrôle de soi était quelque chose qu'il pratiquait depuis des années, depuis son adolescence, ce qui lui avait conféré une assez bonne maîtrise dans ce domaine même s'il n'était bien évidemment pas infaillible. La preuve, il avait complètement perdu ses moyens devant Thémis qui était parvenue à le pousser à bout et qui avait réussi l'exploit à le contraindre de lui faire avouer une partie de la vérité et dans le fond, il en était heureux. Elle avait changé, il y a deux ans jamais elle n'aurait eut le courage de le pousser dans ses derniers retranchement mais aujourd'hui elle était devenue plus forte qu'elle ne l'était déjà dans ses souvenirs, plus déterminée aussi… Il ne l'en aimait que davantage.
S'il y avait bien quelqu'un capable de faire tomber son masque c'était elle et si cela devait arriver, il aimait autant que ce soit le cas. Secouant légèrement la tête pour chasser la jeune femme de ses pensées il releva son visage en direction de Thomas

- Alors comment tu te sens ? Lui demanda-t-il sincèrement curieux de savoir si cela avait porté ses fruits. Tu pourras toujours tout me dire sans craindre d'être jugé, par contre évite de parler tout haut tout seul en général, tiqua-t-il c'est là qu'on se fait surprendre, bon moi je le fais exprès j'aime bien titiller les gens qui m'agacent mais je ne suis pas un exemple à suivre, en tout cas dans ce domaine, plaisanta-t-il en riant. Ma sœur et comme moi, et la tienne, elle te ressemble ?

Thomas n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. Ethan était un ami très loyal envers la pauvre personne perdue qu'il était. Cependant, pour faire passer ses idées, il n'y allait pas par quatre chemins et malgré lui, l'éditeur ne put s'empêcher de voir dans ces remarques une critique de ce qu'il était : un être faible.
Il aurait aimé être capable d'exprimer ce qu'il ressentait au plus profonde de lui : il préférait être la victime gentille et naïve, que le vainqueur aveugle aux problèmes des autres. Mais comment dire des choses aussi profondes sans avoir l'air complètement stupide ?
Et puis, Tom n'était pas dupe. Il savait très bien que ses interlocuteurs, suite à cette justification, ne verrait qu'en plus grand sa faiblesse d'esprit. Là était pour Tom l'astuce. Car il voulait être une bonne personne. La gentillesse, pour lui, n'était pas une tare. Ou un défaut. Ou une faiblesse.
De toute façon, cette explication ne pouvait pas réellement coller avec sa personnalité. Car c'était comme s'il disait qu'il avait le choix. Qu'il était capable de retourner sa veste mais qu'il avait choisi volontairement de ne pas le faire. Qu'il choisissait cette voie là, celle de la gentillesse envers son opposée. La bonne blague. Comme si la vie avait donné à l'éditeur les outils nécessaires pour faire des choix.

Rhétoriquement, le discours de son ami était imparable. Il faisait réaliser à son auditoire ce qui se passait réellement sous le nez de l'éditeur et pour se faire, en changeant simplement le personnage principal. Non, Tom détesterait qu'Ethan soit la cible de ce genre de personne détestable. Mais Ethan ne le méritait pas. Lui ? Peut-être bien que oui... Peut-être que c'était le prix à payer lorsqu'on était forcé d'être gentil.

Alors que son ami tentait de lui faire dire le fond de ses pensées, Tom hésitait et dit d'une voix fluette.

-...ce n'est pas trouver des excuses...mais plutôt tenter de...trouver l'objectivité absolue...

Sa voix était presque devenue inaudible sur la fin. Même s'il le pensait sincèrement, son argument ne tenait pas la route dit à haute et intelligible voix.
Voyant ses difficultés, Ethan lui proposa un petit jeu. Amusé plus qu'il ne l'aurait cru, Tom écouta attentivement les consignes et se prépara à être le plus sincère possible.

- Livre?

-Maison.

- Edition ?

- Bonheur.

- Passion?

- Livres.

- Argent ?

- Obligatoire.

-Travail?

- Manuscrits


- Cinéma?

- Images.

- Gâteau chinois?

-Proverbes.

- Khloe Pea ?

-Fierté.

- Adam Andrea ?

-Talent.

- Ethan Devaney ?

-Se...ami.

- Stan Cooperlee ?

Ethan n'aurait jamais dû s'inclure dans la liste. Prit au jeu, Tom avait faillit lâcher un "sexy" mais s'était rapidement reprit. Malheureusement, il avait perdu l'étincelle du moment et le mot qui vint pour Cooperlee n'était pas aussi sincère que les autres. Il se força néanmoins à dire ce que son ami attendait plus ou moins.

-...casse-pied.

Tom lui offrit un sourire embarrassé. Avait-il senti son hésitation lorsque son propre nom était apparu ? Qu'allait-il penser ? Le rouge lui montant aux joues, Ethan le remit plus ou moins à l'aise en enchaînant, prouvant qu'il n'avait soit pas remarqué son trouble, soit qu'il avait la délicatesse de le lui faire croire cela.

- Amusé, avoua-t-il.

Et c'était bien vrai. Il aurait presque voulu que ce petit jeu continue plus longtemps.
D'ailleurs, la remarque suivante de son ami, sur le fait de parler en public tout seul lui fit échapper un petit rire.
Il imaginait très bien Ethan dans ce genre de situation, amusé d'embêter les gens autour de lui.

-Khloé ? Dieu merci, non. C'est la plus forte de la famille qui sait ce qu'elle veut et comment l'obtenir, tout en douceur. Tu ne l'as jamais rencontré ? S'étonna-t-il en cherchant dans ses souvenirs une éventuelle rencontre entre eux.

Sa petite soeur était sa plus grande fierté. Celle grâce à qui Tom avait gardé foi en l'humanité. Et en Dieu aussi. En la voyant dépasser ses peurs ainsi que la "malédiction des Pea", décidée à ne pas être catégoriser par un mal-être, Tom avait été rassuré de voir que des bonnes choses arrivaient aux meilleurs. A ceux qui le méritaient le plus. Car Khloé était la personne la plus méritante à ses yeux. Il n'y avait rien de plus satisfaisant que de la voir évoluer et grandir sur la bonne voie et pas celle que son grand frère ou ses parents.
Certes, une Pea reste une Pea. Elle gardait cette extrême gentillesse et une certaine forme de timidité. Mais elle allait bien.

-Quel âge à la tienne encore ? Elle recherche toujours un emploi ? Demanda t-il, en réalité curieux de le voir parler d'elle.

Il aurait aimé être un meilleur grand frère et était sur qu'il n'y avait pas meilleur exemple qu'Ethan avec sa soeur.

Et si les mots étaient fait pour jouer avec ?

Il y avait un petit jeu dont les psychologues raffolaient et qui consistait à inciter leur patient à faire des associations de mots ou d'idées . Le but étant qu'ils se lâchent et s'expriment sans faux semblant, plus on se détendait, plus on se laissait prendre au jeu, et moins on était sur ses gardes. L'expérience avait été des plus concluantes avec Thomas qui se détendait de plus en plus porté par cette petite expérience qu'il lui avait proposé. L'amusement pouvait se lire sur ce visage d'ordinaire si sérieux et timide, pourtant Ethan se rendit bien vite compte qu'il avait commis une erreur en s'incluant dans cette fameuse liste. Thomas avait buté sur un mot avant de se reprendre et d'en prononcer un autre totalement différent au lieu de celui auquel il avait réellement pensé . Sé... Sé... quoi ? Serviable ? Sérieux ? Non pour qu'il n'ose prononcer le mot cela devait être un peu plus gênant. Séducteur ? Séduisant ? Thomas qui n'était clairement pas un dissimulateur né, rectifia du mieux qu'il pu son tir mais c'était bien évidement trop tard. Faisant cependant comme s'il n'avait rien remarqué, afin de ne pas en accentuer son embarras, Ethan termina avec le nom de l'auteur en question qui s'amusait à prendre Thomas pour son souffre-douleur personnel mais le charme était rompue. Néanmoins Thomas lâcha malgré lui un « casse-pied » qui était loin d'être naturel et sincère mais le sourire gêné qu'il lui offrait semblait vouloir s'en excuser. Au moins il était parvenu à prononcer un qualificatif qui se voulait négatif sur cet homme, c'était déjà ça. Lui offrant un sourire compatissant, Ethan décroisa ses jambes et lui demanda comment il avait trouvé l'expérience. La gêne de Thomas se dissipa presque aussitôt et avec la spontanéité et la sincérité déconcertante d'un enfant, il lui confia que l'expérience lui avait beaucoup plu ce qui se devinait rien qu'en l'observant.

- Lorsque j'étais Auror, mais cela vaut pour tous les agents de police qu'ils soient sorciers ou non-sorciers, j'étais tenu de prendre rendez-vous entre une à deux fois par an avec la psychologue qui officiait dans nos locaux afin qu'elle puisse juger de nos aptitudes, et s'assurer que l'on n'avait pas été traumatisé par une enquête qui pouvait s'avérer particulièrement éprouvante. C'est elle qui donnait son aval pour que l'on puisse ou non travailler. La plupart des officiers détestaient se rendre dans son bureau parce qu'ils savaient qu'elle avait tout pouvoir sur eux et qu'elle allait mettre leur vulnérabilité à nu qu'ils le veuillent ou non. Moi, ça ne m'a jamais dérangé, au contraire, j'ai toujours trouvé ces échanges très intéressant

Pour Ethan tout était sujet d'amusement, et lorsqu'il s'agissait de confronter son intelligence à celle d'un médecin bardé de diplôme qui était fièrement affiché sur le mur de son cabinet comme autant de trophée c'était encore plus gratifiant. Se confronter à ce genre de personnes qui pensait tout savoir et tout connaître de vous, lui permettait d'affiner son travail de perception des autres à réagir selon lui. Depuis Poudlard et le fameux club des mots-croisés qu'on l'avait quelque peu forcé à intégrer Ethan avait découvert qu'il aimait s'entourer de personnes brillantes car leur présence le stimulait et faisait naître en lui ce besoin permanent de toujours être la personne la plus intelligente de la pièce et c'était en parti pour cette raison qu'avec Sheldon ça passait aussi mal parce que ce dernier était doté d'un orgueil démesuré qui n'admettait pas la concurrence.

Les psychologues cherchaient à vous renvoyer d'eux, l'image d'une personne omnisciente qui avait tout pouvoir sur vous. Il n'y avait rien de plus faux et les prendre à leur propre jeu, les manipuler, leur faire croire ce que vous aviez décidé sans avoir recours à l'imperium était une belle leçon qu'il se plaisait à leur donner sans qu'ils n'en n'aient conscience malheureusement, mais lui savait et c'était ça le plus important. Toutefois ce petit jeu avait bien faillit se retourner contre lui, lorsque deux ans plus tôt, suite à l'affaire du Boucher une psychologue bien plus futée que les autres, avait vu clair dans son jeu. Cela avait bien faillit mettre un terme définitif à sa carrière…
Revenant sur un sujet bien plus plaisant, Ethan lui sourit aimablement tout en croisant ses doigts devant lui alors que Thomas s'étonnait que depuis le temps qu'ils se connaissaient Ethan n'avait encore jamais rencontré sa jeune sœur

- Non, je n'ai jamais eut se privilège, même si j'ai l'impression de la connaître depuis tout ce temps, quoique ce n'est pas tout à fait exact, tiqua-t-il finalement. On a échangé quelques mots lors d'une exposition qui avait eut lieu à New-York, il y a deux ans. Elle avait exposé en tant que jeune artiste et on a un peu discuté sans que je sache qui elle était à ce moment précis. Ce n'est que lorsque tu m'en as parlé et que tu m'as dit qu'elle y était également mais en tant qu'exposante, qu'on a fait le lien. Il y avait beaucoup de monde et beaucoup d'exposants aussi d'ailleurs, mais j'ai bien aimé ce qu'elle faisait. Elle arrive à vivre de sa passion, c'est l'essentiel, d'autant que ce n'est pas donné à tout le monde, vous êtes chanceux dans votre famille, lui sourit-il. Après tout, toi aussi tu fais un travail que tu aimes et tu excelles dans ce domaine. Ce n'était pas donné à tout le monde de découvrir un Adam Andréa, ou un Stan Coperlee. Certains éditeurs travailleront toute une vie sans parvenir à faire connaître un seul auteur, toi tu es un découvreur de talents et ne me dis pas le contraire, tu as déjà plusieurs grands noms à ton actif et leur succès ne se dément pas avec le temps. « Faits de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité » dit l'adage, grâce à toi, qui leur en offre l'opportunité, beaucoup d'auteurs talentueux ont la chance de faire de leur rêve une réalité, et ça ce n'est pas rien. Chez les Devaney on n'a pas à se plaindre non plus, lui sourit-il le regard brillant tout en lissant sa cravate. Ma sœur se porte très bien également, je te remercie. Elle a eut 27 ans en mars, Allison ne cherche pas vraiment de travail, elle saisit les opportunités et va là où le vent la porte. Ally n'est pas le genre de femme a rester en place au même endroit trop longtemps, elle a besoin de bouger et je la comprends parfaitement. Le monde lui appartient, du moins ce qu'il en reste, mais on ne reste jamais très longtemps éloigné l'un de l'autre et on se voit quasiment tous les jours ou on se téléphone, on est très proche tous les deux. Je pense pouvoir dire sans me tromper que je suis aussi fier d'elle que tu l'es de Khloé. Et sinon, parles-moi de toi. Que se passe-t-il dans ta vie actuellement ?