En ce jour fatidique, Virginia avait bien eut envie de passer celui qui avait dit que la nuit portait conseil par la fenêtre. La jeune femme avait profité d'un sommeil à la fois heureux et reposant mais, paradoxalement, chargé d'angoisse. Le sentiment qui lui enserrait le coeur l'avait poursuivit tout au long de ses rêves et, au réveil, il ne l'avait pas quitté. La demoiselle tentait de ne pas afficher son trouble face à son nouvel époux, mais ses yeux se perdait, tous seuls, dans le vide, à la recherche du scenario catastrophe qui viendrait briser leur bonheur tout récent en mille morceau. Malgré sa conversation avec Héres, Virginia ne parvenait à oublier cette idée de punition divine qui semblait s'acharner sur eux - ou du moins sur leur couple - depuis qu'ils étaient enfant. Tout d'abord, il y avait eut l'annonce de leur fiançailles, que Virginia n'avait pas accepté; ensuite, alors qu'ils avaient trouvé une certaine stabilité dans leur relation - on ne parlait pas d'amour à ce moment là mais bien d'une amitié timide avec quelques bénéfices non négligeables - elle avait découvert qu'elle était enceinte et, quand enfin elle avait accepté cette grossesse, on lui avait retiré son enfant. Aujourd'hui, alors qu'elle retrouvait un semblant de normalité - si tant est qu'on puisse parler de normalité dans le monde qui l'avait vu grandir - ce trop plein de bonheur ressentit la veille lui faisait craindre le pire. Et si on annulait son mariage avec Héres ? Et s'il lui arrivait quelque chose ? Et si ... ? Un tas de questions plus angoissantes les unes que les autres se bousculaient dans son esprit, la chamboulant et la laissant sur le qui-vive, en quête d'un danger imminent. Mais, pour l'heure, le seul danger à ses yeux se tenait en la personne d'Héra Rookwood, sa mère, à qui elle allait devoir annoncer son mariage. Virginia avait toujours eut de ses parents tout ce qu'elle désirait: elle était l'enfant gâtée -bien que non capricieuse- par excellence et cela, sans nul doute, en raison de son statut d'enfant unique. Héra Rookwood n'avait jamais voulut d'autre enfant, traitant sa fille comme la perfection incarnée et ce refus de nouvelle grossesse avait incité Invictus Rookwood a voir sa fille comme sa petite princesse. La rousse s'était toujours fortement réjouit de cet état de fait: même si cela impliquait de perdre un peu de sa liberté, elle ne s'imaginait pas vivre autrement que dans le luxe auquel les Rookwood étaient habitués. Mais aujourd'hui, les choses semblaient différentes: son union avec Héres était un coup de poker politique, orchestré par leurs parents pour solidifier les liens entre les familles Rookwood et Yaxley, les rendre officiels et leur offrir la légitimité de continuer à faire main basse sur le pouvoir dans la région. Virginia s'était toujours vu, dès lors que ses fiançailles lui avait été annoncé, comme une sorte d'objet que l'on se passait et elle avait eut beau protester et tempêter, pour une fois, son père n'avait rien voulut entendre. Lorsqu'elle s'était fait à l'idée, qu'elle avait accepté ce petit brun qui avait l'âge d'être son petit frère, elle s'y était attachée ... Sa fausse couche avait, pourtant, remis en cause beaucoup de chose. Si Virgnia était persuadée que Saevus et Héra se doutaient de quelque chose - voir, concernant cette dernière, avait eut la preuve lors de leur petit "calin" dans la bibliothèque - le simple fait qu'elle soit enceinte officialisait beaucoup de choses sur la complicité qu'elle avait avec son fiancé: ils se voyaient bien plus qu'ils ne le laissaient croire et Héres s'était montré plus qu'attentif à son égard, durant son hospitalisation. C'était à ce moment que la rousse avait eut des doutes. Face à une telle preuve d'attachement, n'importe quel parent auraient été heureux ... Et pourtant, Virginia ne parvenait pas à oublier l'étincelle dans le regard de sa mère, sa façon de lui annoncer qu'elle l'envoyait loins de New-Phoenix ... C'était ce petit doute qui l'angoissait: malgré la logique d'Héres - ils voulaient qu'on se marie, maintenant c'est fait - Virginia avait un mauvais pressentiment. Elle se demandait si le désappointement d'Héra se limiterait à ce mariage loin de tout ce qui avait été prévu, à cette union à laquelle elle n'avait pas été convié ... Ou si cela cachait des desseins plus profond.

Elle avait passé une bonne partie de la matinée à s'assurer que tout soit parfait: tant pour le lieu de rendez vous que pour elle même. Si elle s'était fait à l'idée de décevoir sa mère, Virginia voulait, néanmoins, que sa belle-mère n'ait pas trop mauvaise opinion d'elle. Elle avait toujours apprécié Lyra Yaxley: elle l'admirait presque autant que sa propre mère. La où elle était impressionné par la force et la confiance qui se dégagea d'Héra Rookwood, imposant à l'assistance une certaine forme de grandeur et de pouvoir, Lyra Yaxley était douce et toujours souriante. Le rôle qu'elle occupait dans la hiérarchie du Nouveau-Monde ne semblait pas l'affecter et elle n'avait jamais put cacher sa surprise -agréable surprise précisons-le- face aux démonstrations maternelles qu'elle pouvait avoir envers son fils ou, en quelques occasions, envers elle. « Ça va ? » La voix de son mari la tira de ses pensées. Il venait de terminer de placer les fauteuils selon ses directives: Virginia ayant insister pour qu'ils annoncent la nouvelle dans un lieu plus intime que le bureau dans lequel Héres semblait passer l'intégralité de son existence. Leur mariage était une chose privée: c'était la raison pour laquelle ils avaient fait tout cela et Virginia était persuadée que la pilule passerait mieux s'ils gardaient cette volonté de détacher vie privée et vie publique. Lorsqu'ils s'étaient levés, la rousse avait, une fois de plus, formulé son désir de ne pas voir sa mère, de ne rien lui dire et d'attendre que chose se passe ... Mais Héres avait raison: ils devaient le leur dire eux même. Premièrement parce que la bonne conduite l'exigeait. Ensuite parce qu'ils ne pouvaient pas fuir éternellement la responsabilité de leur choix. Et enfin parce que cela leur permettrait de s'affirmer en tant qu'adultes responsables. Virginia était d'accord: ils étaient restés bien trop longtemps dans le cocon protecteur formés par leurs parents. La disparition de Saevus forçait Héres à prendre une position forte dans la vie politique et Virginia savait que pour donner de la légitimité à son mari, il fallait que cette même position soit tout aussi forte face à leurs familles. « J'ai connu des jours meilleurs ... » railla-t-elle tout en entrelaçant ses doigts avec ceux de son époux. Malgré son appréhension, elle ne regrettait en rien ses choix. Elle aimait Héres de tout son coeur et il lui avait prouvé, à sa manière, qu'il l'aimait également. « J'essaie de me dire que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. » finit-elle par admettre en voyant que le jeune homme était aussi tendu qu'elle. Lorsque des coups furent porté à la porte, Virginia serra la main de son mari: ils y étaient. Le point de non retour.

Happy Wedding

   Héra travaillait sur les dernières données que Merlin lui avait fourni depuis des heures, mais à force de fixer les chiffres et les courbes, les écris commençaient à danser devant ses yeux. Retirant ses lunettes de vues dont elle n'avait absolument pas besoin mais qui lui donnait un certain style qui n’était pas pour lui déplaire quand elle travaillait, elle se pinça le haut du nez tout en fermant les yeux. C'était là, elle le sentait, ils se rapprochaient inexorablement de leur but et pourtant les résultats n'étaient toujours pas concluant sans parler que leur précieux cobaye qui s'était engagé volontairement dans leur projet, allant même jusqu’à trouver Merlin, avait décidé de se rétracter aussi soudainement qu'inexplicablement au bout d'une première séance d’essai. Refusant de voir disparaître leur si précieux cobaye, Héra avait demandé au jeune Ryan Jagger, l'assistant le plus prometteur de Merlin, de s'entretenir avec la jeune indécise. Merlin était bien trop impliqué émotionnellement dans cette entreprise pour parvenir à trouver des arguments qui pourraient peser en leur faveur et qui perceraient les défenses de la jeune femme. Pour cette entrevue il fallait un homme fiable, intelligent, et froid, un homme qui était capable de vous démonter vos arguments les uns après les autres sans sourciller, un homme capable de vous démontrer que vos craintes n'étaient pas fondés, un homme pour qui le projet avant tout autant d’importance que pour elle ou Merlin mais qui contrairement à ce dernier, ne se laisserait pas dicter par ses émotions, un homme comme Ryan.
Cependant, depuis cet entretien et surtout depuis l'attaque des inquisiteurs à la Tour Yaxley, l'oiseau s'était envolé, la belle Livie Adams avait littéralement disparu ! En se rendant à la bibliothèque de la Tour Yaxley où la jeune femme travaillait pour lui parler en personne, on lui avait appris que la jeune femme avait posé un congé et qu'on ignorait quand elle reviendrait. Effrayée par l'attaque des Inquisiteurs aurait-elle quitté la ville pour se mettre à l'abri ? Elle ne voyait pas d'autres explications et Livie Adams n'était ni la première ni la dernière à fuir devant le danger. « Petite sotte » songeait pour elle-même la sorcière, comme si à l’heure actuelle il existait encore un seul lieu où l’on ne risquait rien ! Excepté bien sur si la demoiselle avait quitté définitivement le pays, ce qui n'allait certainement pas aider leurs recherches. En parlant de quitter le pays, Héra jeta un oeil sur son portable, il était pratiquement l'heure. Virginia lui avait demandé de passer la voir dans les appartements d'Hères. Ce message avait laissé Héra perplexe, tout d'abord elle ignorait que Virginia était revenue en ville, ni depuis quand. Mais dans le fond, c'était un mal pour un bien. Cet état de fait avait beau l’avoir hautement contrarié il fallait reconnaître que ça l'arrangeait de la savoir ici, ça allait lui permettre de l'informer des projets que son père et elle-même avaient décidé pour elle. Mais ce n’était pas tant sa présence à New-Phoenix qui l’intriguait le plus, non ce qui l'intriguait vraiment c'était de connaitre les raisons qui avait poussé sa fille à lui donner rendez-vous dans les appartements de Hères plutôt que dans le leur. Non seulement ça la travaillait mais surtout elle avait un mauvais pressentiment. Retirant sa blouse de chercheur qui dévoila un tailleur gris et une chemise assortie, elle détacha ses cheveux qui étaient retenus en chignon par une pince. A son cou de cygne pendait un pendentif orné d'une pierre d'améthyste auquel Héra tenait beaucoup car c’était un cadeau qu’Invictus lui avait offert à la naissance de leur fille.

Quittant son bureau, qui se verrouilla par électromagie dès que la porte fut fermée, elle se dirigea vers l'ascenseur où une surprise de taille l'attendit. A l'intérieur, flanqué de son garde du corps personnel qui la suivait comme une ombre se trouvait Lyra Yaxley, toujours impeccable dans un magnifique tailleur blanc. Aussi surprenant que cela puisse paraitre malgré les récents événements, la femme de l’otage le plus célèbre d’Amérique semblait se porter divinement bien, elle paraissait même radieuse, bien qu’un peu nerveuse. A croire que la disparition de son mari ne la peinait pas plus que ça, la colombe ne serait-elle pas aussi blanche qu'elle voulait le faire croire ? Sans Saevus elle pouvait prétendre au siège de la mairie ou l'offrir à son fils. Etait-elle plus vénale et ambitieuse qu'elle ne voulait bien le laisser paraitre ? Intéressant...  Voilà bien un trait de caractère qu’Héra n'aurait jamais soupçonné chez elle, et pourtant les deux femmes se connaissaient depuis des années à présent. De plus, avec les préparatifs du mariage de leurs deux enfants, elles en étaient même venues à beaucoup se fréquenter et contrairement à ce qu’avait craint Héra ce fut loin d’être une corvée. Lyra était une femme raffinée et de gout et préparer ce mariage en sa compagnie avait était bien plus plaisant qu’elle ne l’aurait cru. La saluant d’un sourire aimable Héra monta à son tour dans l’ascenseur qui se dirigeait vers les appartements privé de Hères. Etait-ce un hasard ou avait-elle elle aussi convoqué ? Héra ne croyait pas une seule minute aux hasards, et elle aimait de moins en moins ce qui était en train de se tramer. Chassant ses appréhensions elle rendit la politesse à Lyra

- Bonjour, il semblerait en effet. J'avoue que cette convocation m'intrigue au plus haut point, et à ce que je constate tu n'en sais pas beaucoup plus que moi, cela attise encore plus ma curiosité. Et toi ? Comment te portes-tu ? Ce n'est pas trop éprouvant dans ta situation ?

Lyra eut tout juste le temps de lui répondre que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le dernier étage. D’un même pas, les deux femmes en sortirent, suivit du chien de garde de Lyra. Héra lui jeta un regard agacé, il n’avait quand même l’intention de les suivre jusque dans les appartements d’Hères ?! Comme s’il avait répondu à ses attentes, l’homme resta posté sur le pavillon devant la porte d’entrée tandis que les deux femmes pénétrèrent dans le luxueux appartement après qu’une domestique leur eut ouvert.

- Comment fais-tu pour supporter ça H24, je crois que ce serait au-dessus de mes forces et de patience, glissa-t-elle à Lyra en jetant un regard mauvais par-dessus de son épaule alors que la silhouette du garde du corps disparaissait derrière la porte.

Les deux femmes s’avancèrent à travers le magnifique couloir richement ornée avant d’atterrir dans le grand salon où les attendaient les deux jeunes gens. Le regard perçant, Héra remarqua immédiatement que sa fille n'était pas à son aise, comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Elle connaissait son enfant par coeur, Virginia ne pouvait absolument rien lui cacher et actuellement elle avait tout de la petite fille qui venait de faire une énorme bêtise,... Une bêtise à deux de toute évidence, sans quoi Hères ne se tiendrait pas à ses côtés. Décidément ça ne lui disait rien de bon et à ce qu'elle pouvait en juger, Lyra ne semblait guère plus rassurée qu'elle, même si elle le dissimulait bien mieux. Continuant de s'avancer tout en balayant la pièce du regard, elle reconnue immédiatement la patte de sa fille. Cette manière d'agencer la pièce, et le bon goût dont elle avait preuve dans le choix de la nappe, des fleurs et...

- Du champagne ? S'étrangla-t-elle tout en retira la bouteille de son seau à glace

Et pas n'importe lequel...

- Nous fêtons quelque chose ? Demanda-t-elle soupçonneuse à son tour avant de porter son regard sur sa fille. J'ignorais que tu étais de retour à la maison, dit-elle tout en la serrant dans ses bras, mais c’est une très bonne chose. Comment vas-tu ? S’enquit-elle sincèrement. Tu m'as tellement manqué, je compte bien profiter de ma petite fille avant que tu ne t'envoles demain pour le Canada.

Prenant place sur le canapé aux cotés de Lyra elle expliqua cette décision à la mère d’Hères comme si la discussion était clause et que Virginia n’était qu’une enfant qui n’avait pas son mot à dire dans cette discussion entre adulte

- Avec Invectus et au vu des derniers événements, nous avons jugé préférable qu’elle quitte nos frontières pour quelques temps, et le Canada nous a paru être une bonne option. Je suppose que tu es d’accord avec cela Hères, fit-elle se tournant vers le jeune homme persuadé qu’il se rangerait de leur avis. Je sais que la sécurité de Virginia te tient à cœur autant qu’à nous tous, rajouta-t-elle dans un sourire histoire de bien influencer sa bonne réponse.

La présence d'Héres l'apaisait un peu mais Virginia ressentait toujours la piqure de l'angoisse au fond de son coeur. Elle observa l'entrée des deux femmes dans la pièce, persuadée qu'elles allaient comprendre avant même qu'ils n'aient le temps de dire un mot: leurs alliances étaient les seules choses que Virginia voyait et elle fut surprise de constater que ces détails échappaient encore, pour le moment, à Héra Rookwood et Lyra Yaxley. «Bonjour les enfants. Les petits plats ont été mis dans les grands à ce que je vois, c’est splendide Virginia. Que nous vaut un tel honneur ? » Virginia ne put s'empêcher de sourire, sentant une vague de soulagement l'envahir alors que la blonde était la première à prendre la parole. Rougissante sous le compliments, elle la remercia d'un petit hochement de tête: la rousse n'arrivaient pas à dire un mot, c'était comme si ouvrir la bouche lui ferait crier son vilain secret à tout le monde. Elle se tourna vers Héres, puisant dans son sourire rassurant, la force de ne pas s'enfuir pour aller se cacher quelque part. Elle n'avait jamais vraiment rien caché à ses parents, elle n'avait jamais prit de grandes décisions et s'était contenté de vivre sa petite vie en suivant les instructions qu'on lui donnait. Même si son mariage avec Héres était programmé depuis longtemps, Virginia vivait mal toutes les cachotteries qu'elle avait fait: elle ne regrettait en aucune cas son choix, mais faire face à sa mère était pire que ce qu'elle avait imaginé. «Du champagne ? Nous fêtons quelque chose ? » L'air suspicieux d'Héra Rookwood annonçait la couleur: là où Lyra semblait enjouée de les voir et de découvrir ce qui se tramait, Héra, elle, était à des kilomètres d'apprécier le spectacle et Virginia eut l'impression d'avoir cinq ans de nouveau. «Mais c’est une très bonne chose. Comment vas-tu ? Tu m'as tellement manqué, je compte bien profiter de ma petite fille avant que tu ne t'envoles demain pour le Canada. » Cela faisait un peu moins de vingt-quatre heures qu'elle était revenue et son premier geste avait été de se rendre chez Héres pour avoir de ses nouvelles. Alors que tous s'installait, elle bredouilla un vague « Ça va ...» avant de comprendre la fin de la phrase. C'était quoi cette histoire de Canada ? Depuis quand elle devait partir ? Elle refoula l'envie de rappeler à sa mère qu'elle était parfaitement capable de décider toute seule, de lui remémorer qu'elle avait vingt-six ans et non dix. Elle avait à peine ouvert la bouche pour protester que les explications vinrent.  « Avec Invictus et au vu des derniers événements, nous avons jugé préférable qu’elle quitte nos frontières pour quelques temps, et le Canada nous a paru être une bonne option. Je suppose que tu es d’accord avec cela Hères. » La rousse blêmit et jeta un regard paniqué à son compagnon, espérant de tout coeur qu'il témoigne la même surprise et déconvenue. Quand elle avait été éloignée de New-Phoenix suite à sa fausse couche, elle avait crut que ce serait une bonne idée: qu'elle s'en remettrait car après tout, sa relation avec lui n'était pas particulièrement claire ... Mais tout était différent aujourd'hui: ils étaient mariés et Virginia ne se voyait pas le quitter pour partir on-ne-sait où. Elle lui avait promis de rester avec lui quoi qu'il arrive, et cette décision des Rookwood était son premier défi: elle devait leur prouver sa capacité à être autonome et surtout imposer son choix car, que cela leur plaise, ou non, elle ne bougerait pas d'ici.   « Je sais que la sécurité de Virginia te tient à cœur autant qu’à nous tous.» La stupeur laissa place à la colère alors qu'Héra prenait Héres à partit, tout en s'installant plus confortablement dans son fauteuil. La jeune femme comprenait parfaitement ce que sa mère tentait de faire: en s'adressant ainsi à lui, elle lui imposait une réponse qui n'était pas forcément aussi nuancé qu'il l'aurait voulut mais qu'il serait forcé d'accepter. Virginia aurait voulut fondre en larme: tout était en train de tourner à la catastrophe et l'idée d'être prochainement séparée d'Héres lui faisait perdre tout ses moyens. Elle sentait ses jambes trembler alors que la sensation d'impuissance qu'elle n'avait pas ressentie depuis sa sortie de l'hôpital, refaisait surface.

Alors que la panique s'insinuait dans chaque part de son être, son regard se porta sur le brun qui avait reprit son attitude distante: Virginia avait l'impression de le voir lorsqu'il travaillait et la seule chose que cela lui inspira était un champ de bataille. Ils étaient en guerre ouverte contre la femme qui leur faisait face ... La rousse observait l'ensemble de la scène avec plus ou moins d'appréhension: une lutte silencieuse opposait Héra Rookwood à son gendre tandis qu'elle même semblait sur le point de fondre en larme. Et, au milieu de tout ce petit monde, Lyra Yaxley. La mère d'Héres était d'un calme olympien qui impressionna la jeune femme et, pour la première fois depuis son arrivée, Virginia s'attarda sur la silhouette de la blonde. Son compagnon avait beau l'avoir prévenu, la sorcière avait du mal avec la grossesse de sa belle-mère: pas qu'elle ne soit pas heureuse pour le couple Yaxley, mais cela déclenchait chez elle une vague de nostalgie et de tristesse à laquelle sa mère, trop occupée à leur exposer son plan pour lui faire quitter le pays, semblait insensible. Néanmoins, Lyra devait sans doute s'inquiéter: elle avait été conviée ici sans qu'on ne lui expliquer le but de cette visite, et assistait à un monologue dans une ambiance des plus tendue. « Évidemment, sa sécurité m'importe énormément. Je pense néanmoins que...que ce n'est pas une bonne solution en vue de ce que nous voulions vous annoncer.  » Un nouvel apaisement la prit alors que la main d'Héres trouvait la sienne. Rassurée par les mots de son compagnon, Virginia se remit à sourire. Elle avait craint, pendant un instant, qu'il cède face à la détermination d'Héra, qu'il regrette leur union de la veille et qu'il la laisse repartir ... «Sauf si cela est ton désir» Les yeux sombres du jeune homme la fixèrent et elle sentit ses joues rosirent sous cette attention, oubliant les personnes avec qui ils étaient. Associés à l'étreinte de leurs mains, c'était tout ce qu'il fallait à la sorcière pour reprendre du poil de la bête. Elle secoua la tête négativement et se fit nettement plus froide en tournant le visage vers sa mère. « Non, maman. Héres a raison, je ne partirais pas.» Elle était surprise de n'entendre aucun tremblement dans sa voix: elle qui, d'ordinaire, la craignait comme un Détraqueur. Son regard clair ne quitta pas Héra Rookwood pendant quelques secondes puis, finalement, elle retrouva son sourire d'usage pour balancer sa bombe. « Je suis très heureuse de te revoir et, avec Père, vous m'avez manqué pendant ces semaines loin de New Phoenix ... Et je suis touchée de voir que vous vous inquiétez tous deux pour moi au point de vouloir m'envoyer si loin mais ... Mais je ne partirais pas parce que je n'en ai pas la moindre envie et parce que ...» Elle avait beau tenter de mettre les formes pour éviter de potentielles crises cardiaques, cela ne changerait rien aux conséquences ... Ses yeux croisèrent ceux du brun, encourageants, et une petite pression sur sa main lui donna confiance. Soutenue par Héres et désireuse de mettre fin à cet ascenseur émotionnel qui venait à bout de sa patience, elle ferma les yeux et inspira un grand coup « ... Parce que ... Je n'irais nul part sans mon mari.» Gardant la tête haute, elle rouvrit les yeux pour affronter les réactions.